Jalons pour une approche de la presse de la France meridionale a l'epoque revolutionnaire

Jalons pour une approche de la presse de la France meridionale a l'epoque revolutionnaire

ff,s/ur,v of Ewopean Hem, Vol. 10, No. 4, pp. 471-478, Printed in Great Brmin 1989 0191-6599/89$3.00 + 0.00 Maxwell Pergamon Macmdlan plc JALONS P...

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ff,s/ur,v of Ewopean Hem, Vol. 10, No. 4, pp. 471-478, Printed in Great Brmin

1989

0191-6599/89$3.00 + 0.00 Maxwell Pergamon Macmdlan

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JALONS POUR UNE APPROCHE DE LA PRESSE DE LA FRANCE MERIDIONALE A L’EPOQUE REVOLUTIONNAIRE ROLAND ANDREANI*

En 1969, le doyen Godechot constatait qu’aucune recension systtmatique des journaux des departements n’avait Cte effect&e pour les annecs 1789-1792. Quinze ans plus tard, il doit encore ecrire: ‘On connait tres ma1 la presse r~volutionnaire de province’.’ A cette observation get-kale, le Midi, si I’on en exclut Bordeaux et Lyon, ne pourrait opposer que deux dementis ou plutot deux exceptions. L’une est fournie precisement par les travaux effect& sous la direction du doyen Godechot puisque deux memoires de maitrise ont exploit6 les collections de la Bibliotheque municipale de Toulouse et present6 l’activiti: journalistique de cette ville de 1789 au Consulat. L’autre concerne Marseille, objet de l’attention, voici plus de vingt ans, de Rene Gerarde3 L’obscurite ne s’est par contre pas dissipee pour les autres villes. En temoigne le mutisme a peu prts total des recentes histoires collectives consacrtes a Nice, Toulon, Aix-en-Provence, Avignon, Nimes,, Narbonne ou Albi, et la minceur des informations offertes par les ouvrages similaires sur Rodez, Tarbes ou Auch.” Certes la dernitre decennie du XVIIIe siecle ne se voit pas n~cessairement reconnaitre une place priviltgiee lorsque le champ de vision s’etend de la prehistoire au present: l’economie generale du volume, l’etat de la recherche, l’orientation des curiosites des auteurs jouent a cet egard un role determinant. 11 n’en est pas moins remarquable de constater l’absence de la presse dans les. tableaux brasses pour Nimes comme pour Aix et Toulon par les specialistes de la Revolution que sont Anne-Marie Duport ou Michel Vovelle. Dans ces deux cas au moms, il ne saurait etre question d’invoquer les lacunes de la documentation d’un collaborateur pressi: par le temps, ou trop prompt a sacrifier l’observation des rtalitb Cvenementielles a l’analyse de la “longue duke”. Silence volontaire d’historiens soumis aux contraintes dune oeuvre collective et done conduits a s’en tenir a l’essentiel? Ou bien, insuffisance des sources‘! Les observations effect&es a partir du cas montpelli~rain, objet principal de nos recherches, suggtrent quelques ekments de rtponse. La presse provinciale n’a fait que tardivement la matiere des recensements de la production imprimee. Elle n’a gutre pu retenir l’attention d’Eugtne Hatin, promoteur au XIXe siecle de la bibliographie et de l’histoire des journaux. Si l’on se fie au catalogue etabli par Gerard Walter, la Bibliotheque nationale ne possede qu’un exemplaire d’un organe montpellierain de l’tpoque revolutionnaire, le no. 4 du 5 octobre 1792 de la C’hronique gPnPmle des contrt?es m&idionales de la France.5 La Bibiiographie de la presse francaise politique et dinformation g&Prale *Section d’Histoire Moderne. Universite Paul Valery, B.P. 5043. 34032 Monrpelliet Ckdex, France. 471

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qu’elle Cdite depuis 1964 sous forme de fascicules dtpartementaux recense ses propres collections mais aussi celles des bibliothtques municipales et des depots d’archives. Toutefois le parti d’abord adopt6 de se limiter aux annees 1865-1944 &carte ceiles des feuilles anterieurement apparues qui n’ont pas reussi a atteindre la premiere de ces dates. Sauf exception, les ptriodiques du XVIIIe sitcle demeurent ainsi absents des fascicules consacres aux dtpartements de la facade mediterrantenne, presqu’entierement couverte, comme a ceux de l’interieur. Seuls jusqu’a present, le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne doivent a une publication posterieure a 1979 une presentation de tous les periodiques depuis les origines du journalisme local. Pourtant, meme lorsque les feuilles anciennes n’ont pas itte repertoriees, la consultation de ces petits volumes s’impose car I’historique succinct offert en preface remonte au deli de 1865 en exploitant et en citant des travaux intdits ou des articles difficiles d’accts6 S’il est permis d’esptrer a bref delai pour le Gard, a plus ou moins longue echtance pour le Tarn ou 1’Aude par exemple, un panorama des collections accessibles au public, il importe pourtant de ne pas se faire d’illusions: ces publications n’apporteront pas un tclairage complet sur la presse de la Revolution dans ces departements. L’exemple de Montpellier doit en ce domaine inciter a la prudence. La Bibliotheque municipale, mis a part l’organe publie a Btziers par l’imprimeur Fuzier, posskde en tout et pour tout quelques exemplaires du Journal hebdomadaire du dkpartement de I’Hirault, et pour trouver une collection pratiquement complete de cette feuille de 1791 et 1792 il faut s’adresser a la Socitte archtologique. Institution privte, celle-ci n’interdit certes pas l’accts de ses richesses aux chercheurs, encore faut-il que ces derniers en connaissent l’existence. Que dire alors des journaux qui pourraient Ctre conserves par des particuliers? Quant aux Archives dtpartementales, elles ne possedent pas de collection d’un seul periodique paru dans 1’Htrault pendant la Revolution. C’est au detour des dossiers L 1080 et L 1081 qu’il faut decouvrir de rares numeros du Journal hebdomadaire deja cite, du Mois de germinal et du Journal des dipartements du Midi, I’un et l’autre redigts successivement en 1797 par le potte Georges Beauroche pour defendre la cause contre-revolutionnaire. C’est la m2me orientation qui guide le Journal du dkpartement de I’H&ault que l’imprimeur Jean-Germain Tournel lance aprks s’2tre brouille avec Beauroche et que l’on doit chercher dans le dossier F 18/16 des Archives nationales. La maigreur de la rtcolte et la dispersion des elements ne constituent certes pas des encouragements au developpement des travaux sur les organes mtridionaux de la fin du XVIIIe sikcle. Pourtant s’affirment des facteurs favorables, tout particulitrement l’effort cntrepris autour de Jean Sgard et du Centre de recherches sur les sensibilitts de l’universite de Grenoble III pour rassembler l’information sur la presse d’ancien regime. Le dictionnaire des journalistes de 1600 a 1789 et les deux supplements qui l’ont suivi sont Cvidemment precieux pour l’historien de la periode immediatement posttrieure.7 Quant au dictionnaire des journaux en tours d’elaboration, ses notices historiques et bibliographiques apporteront, sur les periodiques dont I’existence s’est prolongee pendant la Revolution, des informations beaucoup plus fournies que celles des fascicules dtpartementaux de la Bibliothtque nationale. I1 a deja etir a l’origine de deux petits ouvrages dont les differentes tables permettent de retrouver les villes pourvues d’une ou plusieurs feuilles sous 1’Ancien Regime.*

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Pourtant l’historien de la presse rtvolutionnaire ne peut obtenir 18 la rkponse B toutes ses interrogations. Avant 1789, l’essentiel du journalisme provincial est constitut par les feuilles d’affiches. Celles-ci donnent quelques nouvelles locales, notamment en matkre de spectacles, accueillent quelques productions litttraires, rendent compte des ouvrages nouveaux, mais ne peuvent traiter de l’activitit gouvernementale. Toutes n’optrent pas l’adaptation qui permettrait leur swvie dans une phase de rkcession de l’tconomie et d’expansion du politique. Ainsi le Journal de la gtnkralitt! de Montpellier ne modifie-t-i1 gutre, aprb l’ouverture des Etats gkkraux, son contenu CtudiC: pour les annees prktdentes par Henri Michel. Les numtros conservks B la Socittt archtologique, correspondant aux mois de mai 1789 B avril 1790, et les rares exemplaires postkrieurs intkgrts au dossier L 108 1 des Archives dtpartementales demeurent fidtles B la formule traditionnelle d’un hebdomadaire vouit a la collecte des annonces sans prktendre informer le public languedocien des transformations en tours. Les chases ne changent pas lorsque l’kditeur, prenant tardivement acte de la rtforme administrative, se r&out g changer le titre vers la fin de 1790 ou le dtbut de 1791: l’unique exemplaire conservk du Journal du dkpartement de l’H&ault se place incontestablement dans la continuitt du Journal de la gkntralitt: numkrotation B la suite et m&mes rubriques.9 La carrikre de ce pttriodique s’achtve vraisemblablement courant 1791. La similitude des titres du Journal hebdomadaire du dipartement de PHkault qui apparait B l’automne de la m?me annke, comme de la feuille que publie JeanGermain Tournel en 1797, pourrait laisser croire B une filiation masqute par les lacunes des collections. En fait, une observation minutieuse permet de conclure qu’entre janvier 1793, date probable du d&part de Cizos-Duplessis, fondateur de la ‘Chronique gbtrale des contrtes mtridionales, et la naissance du Mois de germinal au priritemps 1797, la ville s’est trouvte dtpourvue de tout organe local.10 Pour la pitriode entre les coups d’Etat du 18 fructidor et du 18 brumaire, il ne s’agit plus de dkductions mais de quasi-certitude appuyke sur les rapports.du commissaire du pouvoir exkcutif prts l’administration centrale de 1’HCrault: en octobre 1797, comme en janvier 1799 et en janvier 1800, ces documents destints au ministre de la Police g&kale attestent l’absence de toute presse dtpartementale.” La discontinuitt qui caractkise l’histoire du journalisme montpellitrain pendant la Rkvolution ne serait-elle pas le lot de la plupart des villes mtridionales, exception faite de Toulouse? 11n’y a certes pas lieu de privilkgier l’exemple de Bkziers, simple chef-lieu de district.12 Mais ne doit-on pas s’interroger sur les cas du Gard et du Vaucluse, deux dkpartements totalement dtpourvus aux premiers mois de 1799?13 Avec prks de 40.000 habitants, Nimes est pourtant alors l’une des plus grosses agglomtrations de la France du Sud. Quant & l’activitt journalistique qu’avait connue Avignon sous le regime pontifical, elle n’a pas survitcu aux vicissitudes de l’tpoque rkvolutionnaire. Le pluralisme, apparu en 1789 avec le Courrier de Villeneuve-l&s-Avignon, renforck 1’annCe suivante par le Courrier du Pont du Gard, a tourn a la confusion lorsqu’en 1791 se sont opposCs deux Courrier d’Avignon reflttant les options divergentes de la proprittaire et du rkdacteur, Sabin Tournal. Redevenu seul maitre du titre aprks aoClt 1792, ce dernier n’avait plus alors qu’un concurrent, le CourrierduMidique Capon ttait venu Cditer dans la ville pour continuer le Journal des ecclksiastiques

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constitutionnels entrepris a Orange. ” Cette floraison n’allait pas empicher le XVIIIe sitcle de s’achever au chef-lieu de Vaucluse dans le silence. Pourquoi le Midi connait-il ces intermittences locales? Pour repondre a.la question, il convient d’abord de s’interroger sur les causes de la naissance et de la disparition des journaux. Sous I’Ancien Regime, les difficult& multiples oppostes a la creation d’un periodique ne pouvaient qu’inciter a la perseverance le promoteur qui avait rtussi a franchir ces obstacles prealables. 11en va de meme sous I’Empire, d’autant que s’ajoute alors le souci de ne pas perdre le profit des insertions prtvues par le code de procedure civile de 1806.15 Au contraire, en l’absence de reglementation contraignante, le fondateur d’un journal abandonne aistment une entreprise qui, ne representant qu’un investissement limit& ne peut meme pas faire l’objet d’une vente. Les disparitions du Journal hebdomadaire du dkpartement de I’HPrault ou de la Chronique g&&ale des contries mkridionales de la France ne peuvent gukre s’expliquer que par les destinees de Vendryts et de Cizos-Duplessis, I’un et I’autre journalistes d’occasion sans lien etroit avec Montpellier. A la difference de ce qui se passe sous I’Empire, les imprimeurs ne semblent guere, en effet, prendre d’initiative dans ce domaine. Avant de s’etonner de voir la profession negliger les ressources que pourrait procurer une activitt regulitre, il faut mesurer les capacites productives de la typographie locale. L’Ancien Regime avait strictement limiti: le nombre des ateliers, 20 en 1759 pour I’ensemble du Languedoc dont 10 a Toulouse. lh Or la Revolution multiplie les commandes des autorites puisque ces dernieres font afficher les textes importants. A Montpellier qui n’a obtenu sa troisikme imprimerie qu’en 1790, les artisans suffisent a peine a la demande. En temoignent les mesures prises par le conseil de departement en septembre 1793: exemption des Tournel du service militaire le 13, traduction en correctionnelle le 20 des ouvriers imprimeurs coupables du dtlit de coalition, requisition le 22 du personnel declare indispensable, soit 7 employ&s chez Picot, 6 chez Martel, 4 chez Tournel pere et fils, 4 chez Tournel neveu.” Les profits suivent, m2me s’il faut faire la part de la malveillance et done peut-etre de I’exageration dans ce rapport qui indique que Picot, incarcere en floreal an II, ‘a double sa fortune depuis la Revolution’.‘” D’ailleurs, faut-il se compromettre dans une periode troublee en lancant un journal qui fera inevitablement figure d’organe de parti? Sans meme avoir couru ce risque, les chefs des deux entreprises montpeilieraines anterieures a 1790 se retrouvent en prison comme suspects: avant Picot, Martel a ete arrete des I’automne en vertu de la loi du 17 septembre 1793, ce qui a amene I’administration departementale a prendre au plus tot les mesures propres a kiter l’interruption du fonctionnement de l’atelier.” Dans les autres villes du Languedoc, la reserve s’impose bien stir pour les memes raisons, mais a Toulouse une concurrence plus dure peut inciter a mains de prudence. Hors des limites de l’ancienne province, il en va evidemment de meme pour Avignon qui, fin 1785, comptait encore 15 imprimeurs prives depuis 1777 des profits de la contrefacon, et dans une moindre mesure pour Aix et Marseille puisque la monarchic avait autorise 5 ateliers dans la capitale de la Provence et 4 dans le grand port.‘” Quoi qu’il en soit. lorsqu’a Montpellier, sous le Directoire, Jean-Germain Tournel accepte le danger de fonder une feuille violemment contre-

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rkvolutionnaire, il ne tarde pas B 2tre inquittk Son changement d’attitude correspond peut-2tre B l’tvolution du mttier: les effets de la 1ibertC d’entreprise commencent B se faire sentir et la multiplication du nombre des ktablissements incite chacun g rechercher du travail. Mais la km&it& risque d’5tre sanctionnke par la privation des commandes des administrations, c’est Adire la perte des plus gros clients de la typographie locale.2’ A dkfaut des patrons imprimeurs, l’initiative peut venir des institutions. Le club de Castres publie en 1792 un Journal du Tarn. En 1796, le dtpartement appuie la crtation du Journal de I’Aveyron B Rodez.22 A Perpignan, c’est le commandement militaire qui est B l’origine de l’Avant-garde de I’Armke des PyrkrGes-Orientales, devenue ensuite Journal de PArmte des Pyrknies-Orientales.23 Dans le Gard, dkpourvu de tout organe local dtbut 1796, c’est le commissaire provisoire du directoire exkcutif prts l’administration municipale de Nimes, Sabonadikre, qui fonde en janvier 1797 I’hebdomadaire Journal des moeurs dont la carritre est cependant brkve. 24A Montpellier par contre, la seule initiative kmanant d’une institution, la dkcision prise par la sociktk populaire le 28 janvier 1794 de se doter d’un pkriodique, semble n’avoir pas eu d’autre suite que la constitution d’un comiti: de rkdaction dix jours plus tard.25 L’action des autoritks s’exerce plus facilement de faGon nkgative lorsqu’il s’agit de supprimer une feuille d’opposition, tel le royaliste Echo du Midi suspendu en 1798 par l’administration centrale du Gard et dkfinitivement interdit par le gouvernement aprks n’avoir fait paraitre au chef-lieu gukre plus de huit num&ros.26 Mais la presse parisienne ne peut-elle suffire g ritpondre aux besoins du Midi? Elle offre, pour reprendre la classification du doyen Godechot, pamphlets pkriodiques, organes d’information etjournaux mixtes.27 Or les temptraments de polkmiste sont attirts par la capitale, lieu privilkgii: du d&bat politique. Quant aux nouvelles, les plus importantes viennent de Paris oti se dtroulent les grands tvtnements de la Rtvolution, et les feuilles dtpartementales sont, en l’absence d’un rkseau de correspondances rapides, condamnkes g piller leurs confrkres nationaux. Elles sont done perpttuellement en retard sur ces derniers qui, g peine arrivts, sont pr2ts B ttre distribuks alors qu’elles doivent attendre d’2tre kdigtes, compostes et tirtes avant de pouvoir 2tre diffuskes. C’est sans doute la raison de l’tchec de l’expkrience du Memorial politique et litttraire. Ce quotidien montpellitrain d’information dont le Journal de la gknkralitg a reproduit le prospectus B l’automne 1789 n’a pas Ctt conservk et n’est gutre connu que par les souvenirs de Fonvielle, mais son existence semble avoir ttt courte.28 Par contre, une ptriodicitk rkduite peut permettre B l’organe local de tirer avantage d’un tarif infkrieur. L’argument n’est pas sans valeur pour les individus isol&, il ne concerne gutre les membres des clubs puisque ceux-ci prennent connaissance des nouvelles importantes dans les meilleurs dttlais g&e aux abonnements que ces socittks souscrivent aux journaux parisiens. Certes la presse locale pourrait offrir des informations que ces derniers ne sont pas en mesure de donner; Fuzier B BCziers et Vendryts B Montpellier fixent notamment g leurs hebdomadaires l’objectif de rendre compte de l’activitk des diffirentes administrations. Faut-il payer cet avantage de l’inconvtnient de devoir se contenter d’une prtsentation dkfraichie des grands faits nationaux? Le retard sur l’tvknement s’accentue encore, en effet, pour les lecteurs extkrieurs B la ville de publication, puisque se cumulent alors dklais d’tlaboration et de distribution.

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L’enumeration des obstacles rencontrts par la presse meridionale a l’epoque rtvolutionnaire permet de mesurer la fragilite des journaux alors edit&s, fragilite qui est a l’origine des discontinuites caracttristiques de la plupart des villes et qui explique aussi les lacunes de la conservation: pour des raisons tvidentes, les periodiques ephemeres khappent plus facilement a cette dernitre que les publications durables. Aussi l’indispensable effort de recensement des collections doit-il s’accompagner d’une prospection systematique des fonds des Archives nationales et departementales a la recherche de toute mention des feuilles perdues, telle cette Sentinelle du Gard dont deux numtros seulement sont attestts.29 Tache disproportionnte par rapport aux rtsultats escomptables? Non, si, conduite parallklement pour les differentes villes, elle permet d’aboutir a une typologie et a une “peste globale”, pour reprendre une expression chtre a Pierre Chaunu, du journalisme meridional a l’epoque revolutionnaire. Ainsi serait retrouvi: le chainon manquant entre la presse de 1’Ancien Regime et celle de l’Empire, l’une et l’autre maintenant beaucoup mieux connues. Ainsi pourraiton en m&me temps, dans une perspective d’histoire de la Revolution dans le Midi, tenter d’apprtcier malgre l’evidente faiblesse des tirages le role d’un moyen d’education politique. Roland

Andreani

UniversitP Paul Valhy

NOTES

Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou, Histoire tome I, (Paris, 1969), p. 496. Historiens et geographes, no. 298, fevrier-mars 1984, p. 743. Diana Escamez, La presse ptriodique a Toulouse de 1789 a 1794, maitrise d’histoire, (Toulouse, 1969). Marie-Jose Lescure, La presse periodique a Toulouse sous la Revolution (de 1794 a 1800), maitrise d’histoire, (Toulouse, 1970). C’est aussi grace a la direction du doyen Godechot que pourrait &tre apportee une autre exception par Jean-Joseph Lebon, La presse montalbanaise des origines au debut du XIXe siecle, maitrise d’histoire, (Toulouse, 1972). Rent: Gerard, Un journal de province sous la Revolution: le “Journal de Marseille” de Ferreol Beaugeard 1781-1797, (Paris, 1964). Histoire de Nice et du pays nicois, (Toulouse, 1976). Histoire de Toulon, (Toulouse, 1980). Histoire d’Aix-en-Provence, (Aix-en-Provence, 1977). Histoire d’Avignon, (Aix1979). Histoire de Nimes, (Aix-en-Provence, 1982). Histoire de en-Provence, Narbonne, (Toulouse, 1981). Histoire d’Albi, (Toulouse, 1983). Histoire de Roder, (Toulouse, 1981). Histoire de Tarbes, (Roanne, 1982). Histoire dAuch et du pays d’duch, (Roanne, 1980). Aux contins du Midi, Saint-Etienne, histoire de la ville et de ses habitants, (Roanne, 1976), et 1’Histoire de Grenoble, (Toulouse, 1976), n’intirment pas ces constatations. Eugene Hatin, Bibliographie historique et critique de la presse periodique francaise, (Paris, 1866). Andre Martin et Gerard Walter, Catalogue de I’histoiredelaRtvolution francaise, tome 5, Journaux et almanachs, (Paris, 1943), p. 153. Bibliographie de la pressefrancaisepolitique et dinformation gtntrale, Paris, fascicules

1. Claude

gentrale

2.

3. 4.

5.

6.

Bellanger,

Jacques

de la presse francaise,

La Prtwe

de la France ~~ridio~a~e

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6 (A~es-~uri~~~e~ etpri~c~aut~ de Monaco), (1972); 9 (Ari&ge), (1966); 12(Aveyron), (1966); 13 (pouches-du-R~~~e), (1974); 15 (Cantal), (1977); 20 (Gorse), (1971); 31 (~~~re-Gur~~~e), (1967); 32 (Gers), (1975); 34 (Hekuulf), (1970); 47 (Lot-et-Garonne), (1981); 48 (LozPre), (1974); 66 (PyrhPIPes-Orientales),(1979); 82 (Tarn-et-Garonne), (1982); 83 (Vor), (1978); 84 (Vauc/use), (1977). 7. Jean Sgard, Dictionnaire des journalistes (1600-1789), (Grenoble, 1978); Suppkkment Z, (1980), et Suppkment ZZ,(1983), prepares sous la direction d’Anne-Marie Chouillet et Francois Moureau. 8. Znventaire de lapresse clussique (1600-l 789), (Grenoble, 1978). Lapresseprovinciule au XVZZIe sikie, sous la direction de Jean Sgard, (Grenoble, 1983). 9. Henri Michel, Un journal de province a la fin de 1”Ancien Regime, Le “Journal de la generalit& de Montpellier”( 1780-1789), AnnaiesduMjdi, 1977, p. 191-221. Arch. dip. Herault, L 1081, (num~ros 15,17,19 et 25 des 11 et 25 aout, 8 septembre et 20 octobre 1790.Le no, 36 du JournuZ du d~purtement de I%f&auEtdu 7 janvier 179 1 est relic avec la collection du Journal de la gPndraZitCde la Societe archtologique. IO. Cette question sera developpte dans notre these en tours de redaction sur la presse montpellieraine. 11. Rapports des 24 vendtmiaire an VI, 22 nivose an VIII (Arch. dep. Herault, L 1080) et 5 pluvidse an VII (Arch. nat., F’ 3451). 12. Roland Andreani, Un chef-lieu d’arrondissement et ses journaux: BCziers de 1790 a 1858, La ville en pays hnguedocien et catalan de 1789 ir nos jours, Centre d’histoire contemporaine du Languedoc mtditerraneen et du Roussillon, (Montpellier, 1982), p. 265-279. 13. Arch. nat., F73451, rapports du 6 pluvicise pour le Gard et du 16 pluvicise an VII pour le Vaucluse. 14. Rend: Moulinas, L~imprimerie, la ~ibruirie et la presse rl Avignon au XVIZZe sitWe, (Grenoble, 1974). Paul Vaillandet, “Les debuts de la Sociitt des Amis de la liberte de la presse”, Annales ~~storiques de la Revolution frarzgaise, 1929, ~~83-84. La Bibliotheque municipale d’Avignon possede de riches collections des journaux de la ville a 1’Cpoque revolutionnaire. 15. Andre Cabanis, La presse sous Ie Consular et IEmpire (1799-1814), (Paris, 1975). 16. Madeleine Ventre, L’imprimerie et la librairie en Languedoc QU dernier sikle de Z’Ancien Rkgime, (Paris-La Haye, 1958). 17. frocks verbaux des sdances de Passemblke administrative du dkpartement de I’HtVault pendant la Rkvohtion (1790-Z 793), 4 volumes, (Montpellier, 1888-l898), tome 4 p. 22, 39 et 44. Roland Andreani, Une famille d’imprimeurs B MontpelIier de Louis XVI a Napoleon III: les Tournel, Actes du IO4e congr~snatio~a~des soci~t~ssuvantes. Section d’histoire moderne et eontempuraine, tome 2, (Perpignan, 198 l), p. 117-l 27. 18. Arch. dep. Herault, L 5773. 19. Arch. dep. HCrautt, L 5796, dossier Martel. Pro&s verbuux. . . ibidem, tome 4, p. 294. 20. Rene Moulinas, ibidem. Jacques Billioud, Le livre en Provence du XVZe QUXYIIZesitWe, (Marseille, 1962), p. 20 et 47. 2 1. Roland Andreani, Une fumiile , . . ibidem. Emile Bonnet, Les dgbuts de Pimprimerie h MontpeNier, (Montpellier, 1895), p. 195-198. 22. Max Fajn, “La diffusion de la presse revolutionnaire dam le Lot, le Tarn et I’Aveyron sous la Convention et le Directoire”, Annales du Midi, 1971, p. 299-314. 23. Marc Martin, Les origines de la presse militaire en France ci /afin de l’dncien RPgime et sous la R&o&ion (177U17991, (Vincennes, 1975). 24. Arch. nat., Fis16, rapport du 15 nivbse an IV, au ministre de l’Int&ieur, lettre de SabonadRre au ministre de l’btterieur, 12 nivose an V, et exempiaire du no. I du Journal des moeurs du mCme jour. 25. Deliberations des 9 et 19 pluviose an II (Arch. dep. Hirault, L 5502 et L 5503).

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26. Arch. nat., F’ 3450. 27. Claude Beltanger et autres, ibidem, p. 441. 28. Journal de la g&&-alit& de Mantp~~ii~r, 2X octobre 1789, p. 101 et 102. BernardFranqois-Anne de Fonvielle, Mtkoires historiques de M. le Chevalier de Fonvielle, 4 volumes, Paris, 1824, tome 2, p. 195. 29. Arch. nat.. F’ 3448’.