À propos de la revue de presse

À propos de la revue de presse

« Intérêt des manipulations cervicales en cas de cervicalgie de survenue récente » Kinésither Rev 2011;111:12. J e ne trouve pas cet article très bi...

94KB Sizes 1 Downloads 317 Views

« Intérêt des manipulations cervicales en cas de cervicalgie de survenue récente » Kinésither Rev 2011;111:12.

J

e ne trouve pas cet article très bien construit dans la mesure où tout dépend de l’analyse des causes de la cervicalgie et de la zone à manipuler. C0-C1  ? C2  ?... Dans qu’elle position  ? En rotation ou latéralité ? En uncus ou en articulaire ? Par ailleurs, on ne peut faire l’impasse d’un travail sur l’occiput et d’une réharmonisation en flexion-extension. Bref, l’ostéopathie est plus complexe qu’une simple manipulation au hasard. Donc l’étude proposée me semble bien succincte et absolument pas utilisable. » • Citation du commentaire envoyé par M. Daujon sur le blog de Kinésithérapie, la revue, le 28 mars 2011.

B

onjour Monsieur, et merci de lire la revue de presse de Kinésithérapie, la revue. Je préciserai, pour commencer, que la revue de presse de Kinésithérapie, la revue n’a pas d’autre objectif que celui d’informer ses lecteurs, sans parti pris. Continuez et continuons à lire Kinésithérapie, la revue, et notamment sa revue de presse. Plus que de répondre point par point aux affirmations que vous faites à propos de l’étude de Leaver et al., et résumée dans le numéro 111 de Kinésithérapie, la revue, je me contenterai de rapporter quelques faits qui n’apparaissaient pas dans le résumé publié. Les auteurs de cette étude sont tous des universitaires de renommée internationale. Ils sont connus du domaine de la recherche appliquée au domaine de la thérapie manuelle. La méthodologie utilisée par ces auteurs est rigoureuse et conforme à ce qui est recommandé et attendu pour faire partie des études d’un niveau de preuves élevé. Le protocole de l’étude a été approuvé par le comité d’éthique de l’université

Kinesither Rev 2011;(115-116):61

de Sydney. L’étude compare aussi objectivement que possible (semble-t-il) les résultats obtenus par la « manipulation cervicale » ou la « mobilisation répétée  » dans le traitement d’une cervicalgie dite commune et classée dans le groupe des cervicalgies non chroniques (douleur évoluant depuis une durée inférieure à 3 mois). Il s’agit d’une étude randomisée (répartition aléatoire des sujets dans l’un ou l’autre des groupes de traitement), d’une étude prospective (menée en intention de traiter). Le recueil et l’analyse des données ont été réalisés en aveugle (par un statisticien ignorant tout du diagnostic et du traitement effectué sur les patients). Les résultats de l’étude proviennent de tests statistiques valides et couramment utilisés dans ce type d’étude (régression de Cox, test t de Student et Chi2). Les 182 sujets participant à l’étude correspondaient à un échantillon suffisamment grand pour obtenir une puissance de test de 80 % (probabilité de détecter une différence de résultats entre les 2 techniques comparées si elle existe). Les résultats obtenus étaient comparés au seuil de différence de p < 0,05, et un intervalle de confiance à 95 % était utilisé pour l’analyse des résultats. L’étude se borne à mettre en évidence, de manière rigoureuse, que les résultats obtenus dans le traitement d’une cervicalgie dite commune, et classée dans le groupe des cervicalgies non chroniques, ne sont pas statistiquement différents, que l’on recourt à l’une ou l’autre des techniques utilisées et comparées dans ce travail. Les praticiens (physiothérapeutes, ostéopathes, chiropracteurs) ayant participé à l’étude étaient tous des praticiens formés (titulaires d’un diplôme universitaire dans leur discipline),

expérimentés (2 ans d’expérience minimum) et rompus à la pratique des techniques utilisées (manipulation ou mobilisation répétée). En outre, ils avaient été choisis et recommandés par des experts dans ces domaines de soins. Enfin, pour terminer, quelques remarques personnelles. • Somme toute, il ne s’agissait, dans cette étude, que de comparer l’effet de 2 techniques, pas de promouvoir ou de décrier telle ou telle profession (physiothérapie, ostéopathie, chiropraxie). • Puisqu’il s’agissait de praticiens formés et expérimentés incluant notamment des ostéopathes, il est possible de supposer qu’au moins une partie d’entre eux était rompue à la réalisation d’un diagnostic précis (quant aux étages à mobiliser), complet et compétent. Cette précision, puisque vous trouvez notamment, je vous cite «  que l’article n’est pas très bien construit [...] que l’ostéopathie est plus complexe qu’une simple manipulation et que l’on ne peut faire l’impasse d’une réharmonisation en flexionextension ». À ce propos, la question du sens concret du mot réharmonisation mériterait sans doute d’être posée. • Comme précisé au début de cette réponse, les auteurs de l’étude sont connus dans le domaine de la thérapie manuelle, et ne sauraient être soupçonnés, j’imagine, d’un intéressement quelconque aux résultats de leur étude. Tout au plus, peut-on imaginer que leur souhait est de faire progresser les connaissances quant aux meilleurs soins susceptibles d’être dispensés aux patients. • Leurs travaux ne s’inscrivent pas dans le domaine de la croyance, mais plutôt dans celui de « l’ère moderne » et qu’il est convenu d’appeler evidence-based practice, c’est-à-dire, selon McClure, « the integration of best research evidence with clinical expertise and patients value » [1]. ■ Patrick Colné RÉFÉRENCE 1. McClure P. Evidenced-based practice: worthy pursuit or passing trend? J Hand Ther 2002;15:377-8.

Kinésithérapie la revue

À propos de la revue de presse

Lettre à la rédaction

Échanges

61