Atteinte des artères de moyen et petit calibre au cours du syndrome hyperéosinophilique

Atteinte des artères de moyen et petit calibre au cours du syndrome hyperéosinophilique

A52 78e Congrès de médecine interne – Grenoble du 12 au 14 décembre 2018 / La Revue de médecine interne 39 (2018) A23–A102 prescription de ce test m...

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78e Congrès de médecine interne – Grenoble du 12 au 14 décembre 2018 / La Revue de médecine interne 39 (2018) A23–A102

prescription de ce test moléculaire. Le diagnostic clinique associé à la présence du gène de fusion F/P + , disponible pour 73 patients (50 %), était celui de LCE pour 71 patients et de leucémie aiguë myéloblastique pour 2 patients. L’incidence annuelle de la LCE F/P+ en France depuis 2003 variait de 0,08 à 0,29 (moyenne : 0,15) nouveaux cas par million d’habitants. Les données biologiques étaient disponibles chez 73 patients (50 %). Le taux moyen de polynucléaires éosinophiles au diagnostic était de 11,0 G/L + −9,0 (1,5–46,3). Douze patients (16 %) présentaient une polynucléose neutrophile, pouvant correspondre à un tableau biologique de leucémie myéloïde chronique Ph−. Vingt et un patients (29 %) étaient thrombopéniques, 19 (26 %) étaient anémiques, 9 (12 %) présentaient une monocytose et 16 (22 %) une basocytose. Conclusion La leucémie chronique à éosinophiles FIP1L1PDGFRA + est une pathologie rare (moins de 200 cas diagnostiqués en France métropolitaine depuis 2003), à nette prédominance masculine avec un profil clinicobiologique évocateur. La recherche du réarrangement FIP1L1-PDGFRA n’a pas lieu d’être effectuée en première intention devant toute hyperéosinophilie inexpliquée. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus Cools J, DeAngelo D.J, Gotlib J, Stover E.H, Legare R.D, Cortes J, et al. A tyrosine kinase created by fusion of the PDGFRA and FIP1L1 genes as a therapeutic target of imatinib in idiopathic hypereosinophilic syndrome. N Engl J Med. 2003 Mar 27 ;348(13) :1201–14. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.10.300 CO047

Atteinte des artères de moyen et petit calibre au cours du syndrome hyperéosinophilique J. Rohmer 1,∗ , M. Groh 2 , M. Samson 3 , J. London 4 , M. Jachiet 5 , D. Rouzaud 6 , R. Paule 7 , F. Suarez 8 , G. Lefevre 9 , L. Guillevin 10 , J.E. Kahn 11 , B. Terrier 10 1 Medecine interne, hôpital Cochin, rue du Faubourg Saint-Jacques, Paris, France 2 Medecine interne, hôpital Foch, Suresnes 3 Médecine interne et immunologie clinique, CHU de Dijon, Dijon 4 Centre de référence maladies auto-immunes et systémiques rares, Service de médecine interne, hôpital Cochin, AP-HP, Paris 5 Médecine interne, Cochin, Paris 6 Médecine interne, hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris 7 Médecine Interne, Service de médecine interne, hôpital Cochin, Paris 8 Service d’hématologie, hôpital Universitaire Necker, université René Descartes, institut Imagine, Paris 9 Medecine interne, CHU de Lille, Lille, France 10 Médecine interne, hôpital Cochin, Paris 11 Médecine interne, hôpital Foch, 40, rue Worth, Suresnes ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Rohmer) Introduction Une hyperéosinophilie peut être observée dans le cadre de vascularites systémiques primitives, en particulier la périartérite noueuse (PAN) ou la granulomatose éosinophilique avec polyangéite (GEPA, anciennement syndrome de ChurgStrauss). À l’inverse, une atteinte vasculaire peut être observée au cours des syndromes hyperéosinophiliques (SHE), et il s’agit dans ce cas essentiellement de thromboses veineuses profondes ou superficielles. Ce travail cherche à décrire le phénotype clinique et l’évolution des vasculopathies des artères de moyen et petit calibre au cours des SHE. Patients et méthodes Étude rétrospective multicentrique concernant des patients avec une vasculopathie des vaisseaux de moyen et petit calibre associé à une éosinophilie > 1000/mm3 . Les patients présentant une cardiopathie emboligène, une thrombophilie ou une vascularite systémique primitive telle que définie par la conférence de consensus de Chapel Hill de 2012 étaient exclus. Nous

avons également effectué une revue de la littérature concernant des patients avec un phénotype similaire. Résultats Nous avons inclus 12 patients présentant une vasculopathie digitale et une éosinophilie > 1000/mm3 . L’âge médian était de 41 (22,8–31,8) ans, et 11 (92 %) étaient des hommes. Les atteintes vasculaires comprenaient une ischémie digitale (n = 10,83 %), un acrosyndrome (n = 7,58 %), l’abolition d’un pouls (n = 6,50 %), ou des paresthésies (n = 4,33 %). Les atteintes cutanées comprenaient des nécroses (n = 9,75 %), des ulcères (n = 8,67 %), des hémorragies unguéales (n = 6,50 %) et du purpura (n = 3,25 %). Les autres manifestations cliniques étaient : signes généraux (n = 4, 33 %), atteinte veineuse associée (n = 3,25 %), arthralgies (n = 2), multinévrite (n = 1), coronarite (n = 1) et colite (n = 1). L’éosinophilie était découverte avant les symptômes dans la moitié des cas. Le taux médian d’éosinophiles était de 4250/mm3 (1525–8373) avec un pic médian à 7245/mm3 (2663–29250). Le bilan étiologique de l’éosinophilie et notamment la recherche du transcrit de fusion FIP1L1 PDGFRA et la recherche une hémopathie lymphoïde était négative chez tous les patients. Un bilan vasculaire comportant un doppler (±angiographie ou angioscanner) était réalisé pour 9 patients et a mis en évidence une thrombose artérielle (n = 5) ou une sténose (n = 4). Trois patients avaient une preuve histologique de vascularite des vaisseaux de petit calibre. Le traitement de première intention comprenait des corticoïdes (n = 10), des anti-agrégants plaquettaires (n = 11) des anticoagulants (n = 8), de l’ilomédine (n = 4), des immunosuppresseurs (IS) (n = 1) ou un traitement ciblant les éosinophiles (n = 1). Parmi les 9 patients qui ont atteint une rémission, 3 ont rechuté et 2 étaient corticodépendants. Les traitements de seconde ligne (n = 8) comprenaient des corticoïdes (n = 7,88 %), des IS (n = 3,38 %) et des agents ciblant les éosinophiles (n = 3,38 %). L’évolution clinique était toujours corrélée à l’évolution des éosinophiles. Six patients ont rec¸us plus de deux lignes de traitement et tous ceux-ci ont bénéficié de traitements ciblant les éosinophiles (interféron-a n = 6, ciclosporine n = 3, hydroxycarbamide n = 2 et imatinib n = 2). Au total, le dernier traitement ayant permis une rémission prolongée était les corticoïdes (n = 4), un IS (n = 2) ou surtout un traitement ciblant les éosinophiles (n = 6). Tous les patients ont obtenu une rémission complète avec la normalisation du taux d’éosinophiles, et un patient a nécessité une amputation avant la rémission. La revue de la littérature a identifié 18 cas similaires issus de 16 publications entre 1995 et 2018. Les patients étaient majoritairement des hommes (78 %) d’origine asiatique (66 %). L’atteinte vasculaire comprenait une ischémie digitale (89 %) un acrosyndrome (83 %) et l’abolition d’un pouls (72 %). Le bilan étiologique de l’éosinophilie était toujours négatif. Le traitement comprenait des corticoïdes (83 %) et des traitements symptomatiques dans moins de la moitié des cas. Onze patients (61 %) ont rec¸u une deuxième ligne comprenant des IS (n = 3), des traitements ciblant les éosinophiles (n = 3) ou des traitements interventionnels (n = 3). Tous les patients ont obtenu une rémission avec la normalisation des éosinophiles mais 5 (27 %) ont nécessité une amputation. Conclusion La vasculopathie des vaisseaux de moyen et petit calibre dans le cadre des SHE est une entité rare se manifestant fréquemment par une ischémie digitale. L’évolution semble être favorable avec la normalisation des éosinophiles. En cas d’échec de la corticothérapie il semble intéressant d’utiliser précocement un traitement ciblant les éosinophiles plutôt qu’un immunosuppresseur conventionnel. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.10.301