Hydratation du cavalier sportif

Hydratation du cavalier sportif

93 Science & Sports (1993) 8, 9 3 - 1 0 0 © Elsevier, Paris Nutrition et hydratation du cavalier Hydratation du cavalier sportif N Fellmann Laborat...

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Science & Sports (1993) 8, 9 3 - 1 0 0 © Elsevier, Paris

Nutrition et hydratation du cavalier

Hydratation du cavalier sportif N Fellmann Laboratoire de physiologie - biologie du sport, facultO de mddecine, 63000 Clermont-Ferrand, France

L'activit6 physique augmente considdrablement le besoin en eau et ceci d ' a u t a n t plus que l'exercice est prolong6 et la tempdrature ambiante 61evde. Une bonne hydratation sera par cons6quent indispensable aux cavaliers durant leur entralnement et au cours des competitions prolong6es. L'ingestion de fluide durant l'exercice musculaire devra r6pondre b, deux objectifs majeurs: compenser, dans la mesure du possible, la quantit6 d'eau et d'dlectrolytes perdue essentiellement par sudation; et fournir de l'6nergie pour suppldmenter les stocks limit6s en glucides. L'absence d'apport hydrique pendant l'exercice induit une rdduction du volume plasmatique avec hyperosmolarit6, une diminution du d6bit sudoral et une augmentation de la temp6rature centrale. Cette d6shydratation favorise alors les 16sions musculaires et tendineuses, accentue les troubles gastro-intestinaux, acc616re l'apparition de la fatigue en r6duisant la force musculaire et la performance physique et mentale. Une r6duction du volume plasmatique 6gale ou sup6rieure /t 10% peut aboutir au < 25°C), l'apport en eau et 61ectrolytes prime sur celui des sucres. Les solutions doivent atre moins riches en glucides (2% m a x i m u m ) et plus riches en sels (jusqu'h 2,5 g/l). R~sum~ -

d~shydratation / composition des boissons

S u m m a r y - Hydration of athletic riders. During physical activity, evaporation o f sweat is usually a very effective means o f dissipat-

ing heat released during muscle contraction and the need for water will be increased, especially if the exercise is prolonged and the ambient temperature high. Fluid replacement thus seems obvious for athletic riders during prolonged horse equestrian events and training. Hydration during exercise has" the main aim o f supplying water and electrolytes to replace sweat loss and provide a source o f carbohydrate fuel to supplement the body's limited stores. Failure to adequately replace lost fluid results in dehydration with a reduced plasma volume, a decrease in skin blood flow and sweat rate, an increased heart rate, a rise in core temperature and plasma osmolality. Dehydration increases muscle and tendon injuries, predisposes gastro-intestinal distress and impairs work capacity with reduced muscle strength. A plasma volume decrease > 10% will lead to heat stroke. The composition o f the ingested fluid as well as the volume and frequency o f drinks will depend on individual circumstances (intensity and duration o f the exercise task), on the ambient temperature and humidity, and on the physiological and biochemical characteristics o f the rider. However, general recommendations must be accepted." 0 to drink before to be thirsty; iO hyper-hydration prior to exercise by the ingestion o f 200 to 400 ml o f plain water or a mildly concentrated (5- 7%) carbohydrate solution 30 rain before the event; iii) fluid consumption at regular intervals throughout prolonged exercise in small quantities: about 100 to 200 ml every 15-20 rain; iv) sodium bicarbonate ingestion for post-exercise rehydration. During prolonged physical activity, beverages must contain low concentrations o f carbohydrate and electrolytes to encourage fluid consumption by flavoured drinks, to accelerate net absorption o f water through the small intestine membrane, to delay fatigue and to improve performance. Drink content must not exceed 5-7% for carbohydrates and 0-1% for sodium chloride. I f the exercise is prolonged, athletes should ingest a more concentrated beverage (15 to 20%) long-chain glucose polymer solution after the first 2 hours. Similarly, the same beverages are recommended when the ambient temperature is low (< IO°C). In contrast, at high ambient temperature, solutions must contain higher concentrations o f sodium chloride (2.5 g/l) but reduced levels o f carbohydrate (2%). dehydration / beverage content

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Introduction

Le besoin en eau est consid6rablement accru chez les sportifs parmi lesquels doivent &re inclus les cavaliers. En particulier seront concern6s les cavaliers soumis/t des entra~nements quotidiens durant plusieurs heures tels que les cavaliers de haut niveau ou les jockeys, ainsi que les cavaliers au cours de comp&itions prolong&s: 6preuves de concours complet ou raids d'endurance.

N~cessit~ d'une bonne hydratation

ron 37°C. Lorsque l'exercice est de forte ou tr6s forte intensit6, la temp6rature corporelle s'616ve malgr6 de forts d6bits sudoraux. L ' h y d r a t a t i o n n e permet plus de compenser les pertes d ' e a u sudorales qui peuvent atteindre par exemple 21/h chez le marathonien. Pour quantifier l'importance de la production de sueur et par cons6quent de la perte d'eau corporelle chez le cavalier, il est n&essaire d'&aluer la ddpense 6nerg6tique fl cheval en situation r6elle. Ceci est actuellement r6alisable grace fl une mesure directe de la consommation d'oxyg6ne par t616m6trie (appareil K2 de Cosmed) (figs la et b). Au cours d'une s6ance de travail de 20 min ( & h a u f f e m e n t au pas et trot, travail au galop et durant un parcours d'obstacles de faible difficult6), la consommation d'oxyg~ne a 6t6 6valu6e e n m o y e n n e fl 1,6-1,7 1 O2.min- 1. Ceci correspond pour ce cavalier fl u n e puissance m6canique externe de 130-140 W et ~ u n e intensit6 relative de 50 fl 70°7o de sa consommation maximale en oxyg6ne. Sachant que 1 1 d'oxygbne produit 5 kcal (ou 21 k J), la quantit6 d'6nergie d6pens6e fi cheval durant 4 h d'entra~nement sera d e : 4 × 5 x 1,6 x 60 = 1 920 kcal (soit 8 026 K J) Si l'on considbre que le rendement musculaire est de 23%, l'6nergie perdue sous forme de chaleur est

Au cours de l'exercice musculaire, la production de chaleur peut &re consid6rable puisque plus de 75% de l'6nergie d6pens6e est dissip& sous forme de chaleur. Le d6bit de chaleur peut &re 15 fl 20 fois sup& rieur ~ celui de repos. P o u r assurer l'6quilibre de la balance thermique, les pertes de chaleur doivent compenser la production de chaleur. Le <
0,77 x 1 920 = 1 478 kcal (6 180KJ) En admettant que la d6perdition de chaleur compense exactement la production et que cette 6nergie est perdue essentiellement par 6vaporation, la perte d'eau 6vapor& sera d e : 1 478/580 = 2,5 1 Ce calcul sous-estime la quantit6 d'eau r6ellement perdue par le cavalier. En effet la sueur qui ruisselle fl la surface de la peau n'intervient pas dans

V02, I. min -1

Fc, b. min-1

de:

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2,0. 1,5 1,0

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galop'lobstacl£1

Fig 1. Enregistrement en continu par t61dmdtrie (toutes les 15 s) de la consommation d'oxyg~ne (VO2). a. De la fr6quence cardiaque (Fc); b. D ' u n cavalier fl cheval effectuant un travail au trot, au galop puis deux encha~nements successifs d'obstacles de 0,8 fl 1 m de hauteur•

Hydratation du cavalier le processus de thermor6gulation et accentue la d6shydratation. De plus, les pertes urinaires doivent ~tre prises en compte dans le calcul des pertes hydriques de l'organisme. Ces 6valuations, bien qu'approximatives, soulignent l'importance de l ' a p p o r t quotidien, m~me chez le cavalier, d ' a u t a n t plus que celui-ci participe h des 6preuves ou entra~nements longs et intenses, durant plusieurs jours et ~ temp6rature ambiante 61ev6e.

C o n s 6 q u e n c e s et risques d ' u n e d6shydratation

Les pertes d ' e a u se font au ddpens du secteur extracellulaire et en particulier du volume plasmatique (VP), et du secteur intracellulaire dans le cas d'exercices intenses et prolong6s. En l'absence d ' a p p o r t hydrique pendant l'exercice, on observe une r6duction nette du VP (fig 2). Le volume sanguin circulant est alors r6duit et le d6bit cardiaque diminue ~t moins que la fr6quence cardiaque n'augmente. I1 VARIATION DU VOLUME PLASMATIQUE (%)

6-

Isotonique

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s'6tablit une comp6tition dans la r6partition des d6bits sanguins en faveur des territoires musculaires en activit6 pour assurer un niveau m6tabolique satisfaisant au d6pens de la peau qui 6vacue la chaleur. Le d6bit sudoral diminue et la temp6rature centrale s'616ve. Les cons6quences de la d6shydratation sont nombreuses et d ' i m p o r t a n c e variable. La d6shydratation: 1) favorise les 16sions musculaires et tendineuses; 2) accentue les troubles gastrointestinaux et ralentit la vidange gastrique; 3) acc616re l'apparition de la fatigue, r6duit la force musculaire et diminue la performance physique et mentale. Une perte de 2°70 du poids corporel (ce qui correspond pour un sujet de 70 kg/t une r6duction de 1,4 kg ou approximativement/t 1,4 1 d ' e a u 6vapor6e) est responsable d'une diminution de 20°7o de la capacit6 de travail. Une perte de poids voisine de 3 kg induit une r6duction de la performance de 40°7o (fig 3). La diminution du temps de travail et surtout la r6duction de la force musculaire observ6e apr6s d6shydratation (Burke e t al, 1989) doivent mettre en garde les jockeys contre certaines pratiques de <>. En effet ceux-ci n'h6sitent pas ~ perdre plus de 5°70 de leur poids corporel par prise de diur6tiques ou autres potions juste avant la comp6tition pour respecter le poids impos6;

Hypotonique CAPACITE DE TRAVAIL EN %

Eau pure 0

Hypertonique

DE LA VALEUR NORMALE

100

-2 80

;

Aucun fluide

-4

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I

I

I

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5

5

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10

10

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x

10 minutes

Fig 2. Variations du volume plasmatique (m +_ ES) chez cinq sujets pddalant/~environ40% de leur puissancemaximalea6robie durant 3 h entrecoupSesde p6riode de repos dans cinq situations expdrimentales d'hydratation: sans apport de boisson, avec apport d'eau pure, de solutions isotonique, hypotonique ou hypertonique. Les boissons sont ing6r6es toutes les 10 rain, la prise est de 90 h 140 ml suivant les sujets. La temp6rature ambiante est de 34°C (d'aprbs Candas et al, 1986). [] Exercice; • Repos.

20

0

0

2

I

I

I

I

4

6

8

10

PERTE HYDRIQUE EN % DU POIDS DU CORPS Fig 3. Relation entre la capacit6 de travail et la perte hydrique (d'apr~s Jenoure et al, 1988).

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N Fellmann

4) contrairement aux trois premiers risques, la ddshydratation peut avoir des cons6quences fatales lorsque la r6duction du VP atteint ou d~passe 10% : c'est <>qui sera favoris6 par un exercice prolong6 fl temp6rature ambiante 61ev6e (sup6rieure fl 25°C) et si le sujet est couvert.

Comment s'hydrater ? L'hydratation n ' a u r a un r61e fondamental que durant les exercices de type <>: activitds d'intensit6 mod6r6e durant plusieurs heures comme par exemple au cours de l'entraTnement des chevaux de courses ou d'obstacles, ou durant des comp6titions prolong6es. L ' e a u apport6e fl l'organisme peut provenir des aliments ing6r&, de l'eau mdtabolique synthdtisde in situ, de l'eau lib6r6e au cours de la ddgradation du glycogbne (1 g de glycogbne consomm6 lib6re 3 fl 4 g d'eau). Cependant l'ingestion de boisson reprdsente la source essentielle d'eau. L'ingestion de fluide durant l'exercice musculaire doit limiter les fluctuations trop importantes de l'hom6ostasie et devra r6pondre fl ce titre fl deux objectifs majeurs : - compenser, dans la mesure du possible, la quantit6 d'eau et d'61ectrolytes perdus au cours de la sudation ; - fournir de l'6nergie pour suppl6menter les stocks limit6s en particulier en glucides. Plusieurs facteurs sont fl prendre en compte pour ddfinir les conditions optimales d'hydratation.

La vidange gastrique Le ddbit maximal de la vidange gastrique est limit6 fl 900 fl 1 200 ml/h. Si le d6bit sudoral est supdrieur, le d6ficit hydrique ne pourra pas ~tre compens6 totalement durant l'exercice. Le d6bit de vidange gastrique: - est favoris6 par la distension de la paroi sous l'influence du volume de liquide ingdr6. Cependant la pratique d'activit6 physique limite l'ingestion de volume trop important. Au cours de la premi6re minute suivant l'ingestion, le volume passant dans l'intestin est relativement important (20 fl 30 ml) puis la vidange gastrique ralentit et d6pend de la composition du fluide ing~r~; - est limit6 par l'osmolarit6 ou plus vraisemblablement par le contenu calorique du liquide ingdr6. La limite se situerait fl environ 2 kcal/min soit 150 kcal/h pour des solutions contenant moins de 15 °70 de glucides. La figure 4 indique clairement q u ' a u

VOLUME

RESIDUEL GASTRIQUE

I 400

300

200

100

0 0

2,5

SOLUTIONS I N G E R E E S

5

10

DE G L U C O S E (%)

Fig 4. Effet de la concentration en glucose des solutions ing6r6es sur la vidangegastrique d'un sujet au repos. Le volume r6siduel gastrique a 6t6 6valu6 15 min apr6s l'ingestion de 400 ml de la solution test~e (m + ES) (d'apr6s Murray, 1987).

repos le volume restant dans l'estomac est d ' a u t a n t plus important que la solution est concentr6e en glucose. Cependant, fl l'exercice, l'eau pure et les solutions glucos6es diludes ( < 10%) sont vidang6es la m~me vitesse (Mc Murray, 1987; Rehrer et al, 1992) ; - est ralenti si l'intensit6 de l'exercice est 61evde (supdrieure/t 7 5 - 8 0 % VOzmax ). L ' a u g m e n t a t i o n du tonus sympathique avec lib6ration accrue des cat6cholamines rdduit la mobilit6 gastrique et le flux sanguin intestinal ; Remarque: le mouvement de course fl pied pourrait acc616rer la vidange gastrique. Q u ' e n est-il de la pratique de l'6quitation: allure, position?

L "absorption intestinale La majeure partie de l'eau est absorb6e au niveau du duod6num et du j6junum. L ' a b s o r p t i o n parai't illimit6e et ne d6pend que de la diffdrence de gradient osmotique entre la lumi+re intestinale et le

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Hydratation du cavalier ABSORPTION I N T E S T I N A L E DE L ' E A U (ml/h/30cm)

FLUX

400

D ' E A U AU N I V E A U

DU J E J U N U M

(ml/cm/h)

10 0

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I

-10

I

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-30 -40

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(~cose 4.5%

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[] []

Eau pure 17°/.

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5

C O N C E N T R A T I O N EN G L U C O S E (%)

-70 -80

Fig 5. Absorption intestinale d'eau ~ partir d'eau pure ou de solutions glucos6es et salines (d'apr~s Sladen et D a n s o n [1969] cit6 par Murray, 1987).

milieu int6rieur par voie trans- ou paracellulaire. La cr6ation de ce gradient est favoris6e par le transport actif de glucose et de sodium qui traversent la membrane intestinale grgtce h u n transporteur commun. Le Na-- peut &re r6absorb6 sans glucose mais l'absorption de glucose d6pend fortement de la pr6sence du Na +. La pr6sence de glucose est fondamentale pour l'absorption de l'eau comme en t6moigne la figure 5. In vitro, l'absorption intestinale de l'eau est pratiquement nulle en l'absence de glucose. Un optimum se situerait pour des solutions dilu6es entre 1 et 2,5°70. En r6alit6 les solutions vendues dans le commerce sont plus riches en glucose (6 ~ 7°7o) car in vivo les solutions ing6r6es sont dilu6es par les effluents gastriques et par les s6cr6tions endog6nes intestinales. Cependant des solutions trop concentr6es en glucose (par exemple; 1707o [fig 6]) induisent non pas une absorption d'eau mais au contraire une s6cr6tion nette dans la lumibre intestinale, ce qui accentue la d6shydratation et entralne des troubles intestinaux comme apr6s l'ingestion d'eau pure. En r6alit6, le facteur important semble atre l'osmolarit6 plus que la concentration en glucides de la solution ing6r6e. En effet une solution de dextro-maltose /~ 17°70 qui contient la m~me concentration d'hydrate de carbone qu'une solution/~ 17°70 de glucose mais ayant une osmolarit6 inf6rieure n'induit

Fig 6. Flux net d'absorption d ' e a u (m + ES) au niveau du j6jun u m 6valu6 au repos par la technique du triple-lumen perfusion avec de l'eau pure, des solutions glucos6es/~ 4,5 et 17% et une solution h 17% de dextromaltose. Les valeurs n6gatives repr6sentent le flux net de s6cr6tion dans le j 6 j u n u m (d'apr6s Rehrer et al, 1992).

pas le ph6nom6ne de s6cr6tion d'eau observ6e avec la solution de glucose (fig 6). Remarque: le fructose souvent additionn6 dans les solutions commercialis6es stimule moins l'absorption intestinale d'eau que ne le fait une solution de glucose ~ concentration molaire 6gale. En effet le fructose est absorb6 par simple diffusion ind6pendamment du transport actif coupl6 au Na + .

Effets mdtaboliques L'addition de glucides aux boissons permettrait 6galement d'augmenter l'endurance et la performance d'exercice de longue dur6e (Maughan, 1989; Hawley et al, 1992). L'apport exog6ne de glucides limite la baisse de la glyc6mie, fr6quemment observ6e au cours d'exercice prolong6. Par contre, l'action sur l'6pargne du glycog6ne musculaire e t / o u h6patique est controvers6e et n'est pas retrouv6e par tous les auteurs suivant le protocole utilis6. En effet de tr6s nombreux facteurs modulent la r6ponse: intensit6 et dur6e d'exercice, 6tat nutritionnel et niveau d'entra~nement des sujets, modalit6 d'hydratation et composition de la boisson, etc.

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HYDRATE

DE

CARBONE

EXOGENE

TaNeau I. Composition en sodium, potassium et chlore du plasma et de la sueur chez l'homme et chez le cheval (d'apr~s Wolter, 1987).

(g)

F-I Ingdr6 [] Vidang6 [] Oxyd6

Na + (rnmol/O

K + (retool~l)

Cl (retool~l)

140 40-60 130-190

3,5 4,5 4-5 20-50

100 30-50 160-190

150 I

i, ll, I

100

Plasma Sueur d ' h o m m e Sueur de cheval

I i

i

Eau pure

Glucose

4,5%

Glucose

17%

DerOro-mallos¢

17%

Fig 7. Quantit6s d'hydrate de carbone (m _+ ES) ing6r~es, vidang6es par l'estomac et oxyd6es durant 80 min d'exercice fi 70% de la puissance maximale a6robie (d'apr~s Rehrer et al, 1992).

N6anmoins l'utilisation de glucose marqu6 au x3C indique que les hydrates de carbone constituent une source d'6nergie non n6gligeable pour le muscle en activit6 tout au moins pour des exercices de faible intensit6 (marche). A plus forte intensit6, les r6sultats sont moins nets (Maughan et al, 1991). De plus, des travaux r6cents (Rehrer et al, 1992) montrent qu'apr6s ingestion de boisson concentr6e en glucides (17%) durant 80 rain d'exercice/l 70O/o de la puissance maximale a6robie, la quantit6 oxyd6e de glucides est peu diff6rente de celle obtenue avec des solutions dilu6es (4,5%) (fig 7). La quantit6 de sucre vidang6e par l'estomac ne semble pas atre l'6tape limitante. Le d6bit d'absorption intestinale du glucose et/ou son oxydafion au niveau nmsculaire pourraient ~tre responsables de la limitation d e l'utilisation du glucose exog6ne (Hawley et al, 1992).

FSlectrolytes Plusieurs raisons justifient l'adjonction d'61ectrolytes en particulier de chlorure de sodium'/t l'eau de boisson : - am61ioration du gofit des boissons qui favorise la prise de liquide; facilitation de l'absorption intestinale du glucose et de l'eau; - maintien de l'6quilibre hydro61ectrolytique surtout si l'exercice est prolong6 et en ambiance chaude. En effet dans la mesure off la sueur contient des 61ectrolytes, il est logique d'ajouter ces 616ments aux boissons pour compenser les pertes.

Cependant la sueur de l'homme, contrairement celle du cheval (tableau I) est pauvre en sel (teneur trois fois plus faible que celte du plasma). Par cons6quent, la quantit6 de sel perdue dans la sueur est faible par rapport aux stocks de l'organisme, on perd proportionnellement plus d'eau que de sels et le plasma a tendance & devenir hyperosmotique. Aussi est-il conseill6 d'ajouter ~ l'eau de boisson de faible quantit6 de NaCI: environ 20 mmol/1 (soit 1 g/l).

Pour des exercices prolong6s/~ la chaleur, la perte totale en 61ectrolytes devient non n6gligeable. Une consommation uniquement d'eau pure peut ~tre dangereuse et entra~ner une hyponatr6mie et aboutir au tableau de el'intoxication par l'eau >>. En conclusion, au cours d'exercices prolong6s, il faut boire des solutions additionn6es de faibles quantit6s de sucres et d'61ectrolytes: - pour am61iorer le gofit de la boisson; - pour faciliter l'absorption intestinale de l'eau; - pour assurer l'hom6ostasie : glyc6mie, 6quilibre hydro-61ectrolytique ; - pour retarder l'apparition de la fatigue et am6liorer la performance.

Considdrations

pratiques

I1 est extr~mement difficile de donner des conseils precis pour les modalit6s d'hydratation. La composition en eau, sucres et 61ectrolytes d6pendra: de l'intensit6 et de la dur~e de l'activit6; de la temperature ambiante et de l'humidit6; - des caract6ristiques physiologiques du cavalier (poids, niveau d'entra?nement physique...). En effet, il existe une grande variabilit6 interindividuelle quant aux pertes liquidiennes (le d6bit de sueur peut varier de 0,4 & 1,7 1/h pour une m~me situation standardis6e), &la vitesse de vidange gastrique et ~t l'absorption intestinale. Par cons6quent, l'hydratati0n devra ~tre adapt6e ~t chaque cavalier et ~ chaque situation particu-

Hydratation du cavalier li6re. N6anmoins, les principes de base devant ~tre respect6s aussi bien pendant l'entra~nement que durant les comp6titions prolong6es sont les suivants.

Ne pas attendre d'avoir soif Cette <> est trop tardive. Une fois l'organisme d6shydrat6, les syst+mes de r66quilibrage de la balance hydro61ectrolytique sont beaucoup moins efficaces et les troubles gastrointestinaux sont plus frdquents (Rehrer, 1991).

Volume et frOquence Bien s'hydrater avant tout entra~nement ou compdtition prolong6s. L'ingestion de 200 /~ 400 ml d'eau ou de boisson faiblement concentr6es en sucre (5 ~ 7°7o) est conseill6e 30 min avant le d6but de l'activit6. Durant l'activit6 physique, boire le plus r6gulibrement possible en petites fractions de 100 ~ 200 ml suivant l'intensit6 toutes les 15/t 20 min. Cette pr6caution permettra une bonne vidange gastrique en 6vitant une surcharge. Un apport de 10 ~t 15 m l / k g / h soit 0,7/t 1 1 d'eau par heure pour un sujet de 70 kg pr6vient la d6shydratation pour la majorit6 des athl6tes (Noakes et al, 1988). A faible et moyenne intensit6 d'exercice, ce qui est la situation la plus fr6quente pour le cavalier, il est possible de compenser 75 /t 95°70 des pertes d'eau 6vapor6e par ingestion de boisson din:ant l'activit6. Lorsque, pour un exercice tr6s intense, la perte d'eau varie de 0,75/t 1,8 I/h, seulement 50°70 du volume perdu pourront &re compens6s au cours de l'6preuve. A la r6cup6ration, la r6hydratation par des boissons alcalines bicarbonat6es sod6es faciliterait l'61imination de compos6s acides produits & l'exercice tels que l'acide lactique.

Composition de la boisson pendant l'activitd physique Les concentrations en glucides et sels min~raux varient en fonction de l'intensit6 et de la dur6e de l'exercice et des conditions ambiantes. Pour des exercices brefs et intenses, l'apport liquidien n'est pas fondamental. Par contre pour des activit6s physiques prolong~es d'intensit6 faible ou moyenne (situation la plus fr6quente du cavalier), l'hydratation est essentielle et devra atre modul6e en fonctions des conditions ambiantes et de la dur6e de l'6preuve: - lorsque la temp6rature est ~lev6e ( > 25°C),

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l'apport en eau et 61ectrolytes prime sur celui des sucres. Les boissons doivent ~tre pauvres en glucides (pour favoriser la vidange gastrique) et additionn6es de NaCI: • glucides: 2 fi 507o maximum; • sel: 30 fi 50 mmol/1 (1,5 ~ 2,5 g/l); - lorsque la temp6rature est inf6rieure/l 10°C, la perte d'eau est moindre, l'exercice sera limit6 par la r~serve 6nerg6tique. Les boissons seront plus riches en sucres jusqu'fi 15 et mame 20°70 de polym~re de glucose. Le glucose est fi proscrire car il induit une s6cr6tion d'eau au niveau intestinal qui est responsable de diarrh6es. Ce m6me type de boisson sera 6galement conseill6 apr6s la 2 e heure d ' u n exercice prolong6 pour suppl6menter les r6serves en glucides d~j/t consomm6es; - ~ temp6rature mod6r6e (entre 10 et 25°C), une concentration en glucose d'environ 5°7o et en NaC1 fi 0,1°70 est conseilt6e. Certaines boissons commercialis6es contiennent 6galement du fructose. Cette mol6cule prdsente l'avantage d'etre absorb6e moins vite que le glucose, ce qui permet un 6talement de l'apport en hydrate de carbone. Cependant, le fructose stimule moins l'absorption intestinale de l'eau que ne le fait le glucose. De plus, pour certains auteurs, des doses imp0rtantes de fructose induiraient des perturbations m&aboliques au niveau du foie, des reins et du plasma (Murray, 1987).

Conclusion L'hydratation du cavalier durant l'entraTnement ou des comp6titions prolong~es est indispensable surtout si la temp6rature ambiante est 61ev6e. I1 faut boire volontairement sans attendre la sensation de soif. L'hydratation est un 616ment capital pour limiter les pertes hydro61ectrolytiques, pour am61iorer la performance ou tout au moins 6viter sa d6tdrioration. Ignorer ou ndgliger l'hydratation, peut avoir des effets nocifs pour la sant6.

R~f~rences Burke LM, Read RS (1989) Sports nutrition - Approaching the nineties. Sports Med 8, 80-100 Candas V, Libert JP, Brandenberger G, Sagot JC, Amoros C, Kahn JM (1986) Hydration during exercise. Effects on thermal and cardiovascular adjustments. Eur J Appl Physiol 55, 113-122 Hawley J, Dennis S, Noakes T (1992) Oxidation of carbohydrate ingested during prolonged endurance exercise. Sports Med 14, 27-42

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N Fellmann

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