Prévention du risque allergique en milieu scolaire

Prévention du risque allergique en milieu scolaire

Revue française d’allergologie 50 (2010) S21–S22 Prévention du risque allergique en milieu scolaire Prevention of allergy risk in a school environmen...

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Revue française d’allergologie 50 (2010) S21–S22

Prévention du risque allergique en milieu scolaire Prevention of allergy risk in a school environment F. Trébuchon pour le réseau ALLER.GO.S. (Réseau de prise en charge des allergies graves ou sévères) 200, chemin du Fescau 34980 Montferrier-sur-Lez, France

Résumé La prévention du risque allergique en milieu scolaire nécessite une prise en charge collective qui réunit enseignants, personnels parascolaires, médecin de l’enfant et médecin scolaire. Les allergies alimentaires et les allergies de contact doivent bénéficier de mesures d’évictions personnalisées pour chaque enfant alors que les allergies respiratoires nécessitent des mesures d’éviction collectives. © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Prévention ; Éviction ; Trousse médicale d’urgence ; Projet d’accueil individualisé

Abstract The prevention of allergy risk in schools requires a collective management that combines teachers, extra-curricular personnel, children’s doctors and school doctors. There should be individual avoidance measures concerning food allergies and contact allergies for each child, while collective protective measures are needed for respiratory allergies. © 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Prevention; Avoidance; Medical kit; Individual management

L’augmentation de la prévalence de l’allergie en particulier dans la population infantile est sûrement la principale cause des changements intervenus dans la prise en charge de l’allergie en milieu scolaire. La législation concernant le Projet d’Accueil Individualisé (PAI) [1] et la médiatisation des pathologies allergiques ont poussé les enseignants et le personnel para scolaire à s’impliquer dans la prévention du risque allergique. Cependant le risque allergique reste associé dans leur esprit à un risque vital et cela explique un grand nombre des obstacles que peuvent rencontrer les parents ou les médecins de l’enfant. 1. Quels sont risques allergiques en milieu scolaire ? La majorité des PAI concernent évidemment les allergies alimentaires, mais il ne faut pas omettre le problème de certaines allergies respiratoires vis à vis des Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) [2] ou des certains eczémas de contact à des produits de toilettes.

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Enfin, le latex est un allergène souvent présent en particulier lors de moments festifs dans l’école quand fleurissent les ballons de couleurs dans les classes ou le préau. Les expositions potentiellement allergisantes dans une école ne nécessitent donc pas systématiquement des PAI, n’exposent pas forcément à un risque vital mais peuvent justifier des mesures environnementales adaptées. 2. Quelles mesures de prévention proposer en milieu scolaire ? 2.1. L’éviction allergique individuelle Il est du ressort d’un PAI comme l’indique ce document puisqu’il s’agit d’un projet individualisé. Cette notion de personnalisation de la prévention est parfois omise dans la prise en charge des allergies alimentaires au profit d’une mesure unique proposée par la municipalité : le panier repas. Le médecin de l’enfant (traitant, pédiatre, allergologue) et le médecin scolaire doivent rester les artisans du PAI afin d’élaborer le projet le plus adapté à chaque enfant. C’est à

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dire celui qui le protège avec un minimum de contrainte. Le retentissement psychologique d’une éviction draconienne est majeur. Il apparaît un sentiment de marginalisation pour l’enfant alors que l’école doit être le lieu de sa socialisation. Repli sur soi, anxiété sont souvent rencontrés chez les enfants nécessitant des mesures d’évictions strictes : panier repas, goûter personnalisé et parfois chez les plus petit repas pris à une table à part ! Aussi il est indispensable de limiter de telles mesures aux allergies alimentaires qui les justifient (lait, œuf, farine de blé...) en proposant des mesures plus souples dès que cela est possible grâce à l’éviction simple après lecture des menus (arachide, kiwi, poisson…). Les allergies de contact, bien qu’elles n’exposent à aucun risque anaphylactique, diminuent grandement le quotidien des enfants. Certains eczémas sévères en particulier du petit enfant bénéficient avec succès de l’éviction de certains composants. L’école, en tant que lieu de vie, ne doit pas être oubliée dans la prise en charge de ces pathologies. La mise en place de produits de toilette adaptés, en particulier pour le lavage des mains, est alors nécessaire. 2.2. L’éviction allergique collective Quand les pneumallergènes sont en cause c’est l’ensemble de la structure scolaire qui doit adopter des mesures d’éviction pour protéger un ou plusieurs enfants. Certains enseignants incluent dans leur programme pédagogique la présence d’un NAC (hamster, lapin, cochon d’inde, souris...). Les enfants à terrain atopique exposés quotidiennement à ces pneumallergènes peuvent développer une allergie respiratoire. C’est un motif de consultation lorsque les parents ont constaté l’aggravation des rhinites et/ou de l’asthme à l’école et l’amélioration en période de vacances. La prévention du risque allergique nécessite l’éviction pure et simple de l’animal dans les locaux scolaires, il pourra rester à l’école en extérieur. L’allergie au latex peut nécessiter également des mesures d’éviction collective si l’enfant présente des réactions respiratoires en présence de latex. Les ballons de baudruches seront alors prohibés dans tout l’espace scolaire [3].

2.3. Les trousses médicales d’urgences Elles sont prescrites dans le cadre du PAI à chaque fois qu’il existe un risque de réaction allergique immédiate. Cela concerne les allergies alimentaires, les allergies au latex, les allergies aux hyménoptères (si l’enfant a déjà présenté une réaction générale). Le médecin qui suit l’enfant est responsable de la démonstration de l’Anapen® aux parents si l’adrénaline est prescrite alors que c’est le médecin scolaire qui se chargera de la formation du personnel scolaire et parascolaire [4]. Il est indispensable de connaître le lieu de rangement des trousses médicales et de prescrire si nécessaire deux trousses : une pour la classe et une pour la cantine. 3. Conclusion Le médecin de l’enfant et le médecin scolaire sont les artisans de la prévention du risque allergique en milieu scolaire. Les mesures préventives seront personnalisées autant que possible afin de respecter au mieux la qualité de vie de l’enfant, et des mesures collectives pourront être mise en place si nécessaire. Conflits d’intérêt Aucun. Références [1] [2] [3] [4]

Bulletin officiel N °34 du 18 septembre 2003. www.education. gouv.fr. Dutau G, Rancé F. Les « NAC » : un risque allergique nouveau. Arch Pediatr 2009;16:396-401. Mavale-Manuel S, Paty E, Scheinmann P, de Blic J. Allergie au latex chez l’enfant. Arch Pediatr 2003;10:700-6. Pouessel G, Deschildre A, Castelain C, Sardet A, Sagot-Bevenot S, de Sauve-Boeuf A, et al. Parental knowledge and use of epinephrine auto-injector for children with food allergy. Pediatr Allergy Immunol 2006;17:221-6.