Quatre cas de calcification discale coccygienne après injection de cortivazol

Quatre cas de calcification discale coccygienne après injection de cortivazol

Revue du Rhumatisme 76 (2009) 1349–1350 Fait clinique Quatre cas de calcification discale coccygienne après injection de cortivazol夽 Jean-Yves Maign...

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Revue du Rhumatisme 76 (2009) 1349–1350

Fait clinique

Quatre cas de calcification discale coccygienne après injection de cortivazol夽 Jean-Yves Maigne Service de médecine physique, CHU Hôtel-Dieu, 1, place du parvis de Notre-Dame, 75181 Paris cedex 04, France Accepté le 19 janvier 2009 Disponible sur Internet le 27 novembre 2009

Résumé La coccygodynie chronique peut être traitée par injection de corticoïde dans le disque coccygien responsable. Nous rapportons quatre cas de calcifications intradiscales coccygiennes après injection de cortivazol. Dans deux cas, la calcification était probablement source de douleurs supplémentaires. L’acétate de prednisolone doit être préféré au cortivazol pour ce type d’injection. © 2009 Société Franc¸aise de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Coccygodynie ; Coccyx ; calcification ; Disque ; Cortivazol

1. Introduction L’injection d’un corticoïde dans un disque coccygien a été décrite par l’auteur comme le traitement de première ligne des coccygodynies chroniques (plus de deux mois d’évolution) [1]. Le disque responsable, est en général déterminé par les radiographies dynamiques, plus rarement sur la palpation sous contrôle radiologique. Nous utilisons l’acétate de prednisolone à 2,5 % (Hydrocortancyl® ). Le souhait d’obtenir un résultat plus durable a pu pousser certains opérateurs, s’inspirant de notre technique, à recourir au cortivazol (Altim® ). Nous rapportons quatre cas de calcifications intra- et péridiscales apparues dans les suites d’injection de cortivazol. 2. Observations Elles concernent trois femmes et un homme d’âge moyen de 61 ans (Tableau 1) venus consulter pour persistance ou réapparition de leur coccygodynie après infiltration intradiscale coccygienne faite dans un autre centre. Tous disposaient de radiographies anciennes du coccyx sans calcification intradiscale, un compte rendu mentionnant l’injection de cortivazol dans un disque coccygien sous guidage radioscopique et des radiographies récentes démontrant la présence d’une calcification au sein du disque traité (Fig. 1 et 2, et Fig. S1 et S2 ; voir 夽

Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais sa référence anglaise dans le même volume de Joint Bone Spine. Adresse e-mail : [email protected].

le matériel complémentaire accompagnant la version en ligne de cet article). Le patient no 4 avait égaré ses radiographies anciennes, mais le compte rendu ne mentionnait pas de calcification, pourtant massive sur la radio récente (Fig. S2). La ponction de l’espace discal de la patiente no 1, sous contrôle radioscopique, ramena 1 cm3 de bouillie calcique qui n’a pu être analysée (Fig. 1). Après évacuation, la patiente observa une amélioration immédiate de la gène qu’elle avait en position debout. La calcification intradiscale du cas s4 était accompagnée d’une seconde calcification dans les tissus mous en situation rétrodiscale, volumineuse et douloureuse à la palpation. Elle semblait participer à la symptomatologie dans la mesure où son anesthésie avait supprimé une partie de la douleur en position assise. Dans les autres cas, les calcifications étaient plus dures. Ces patients ont été traités par injections intradiscales d’acétate de prednisolone à 2,5 % ou par chirurgie (coccygectomie pour les cas 1 et 2). 3. Discussion Les calcifications discales après injection d’un corticoïde sont une complication connue en ce qui concerne les disques lombaires avec l’hexacétonide de triamcinolone [2,3], ce qui a conduit à son interdiction dans cette indication, ou avec la bêtaméthasone (fréquence trouvée : 3,8 % des cas) [4]. Les cas avec cortivazol sont beaucoup plus rares [5], mais il est probable que les observations n’ont pas toutes été rapportées. De fac¸on expérimentale chez le

1169-8330/$ – see front matter © 2009 Société Franc¸aise de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.rhum.2009.01.020

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J.-Y. Maigne / Revue du Rhumatisme 76 (2009) 1349–1350

Tableau 1 Caractéristiques cliniques des patients. Sexe

Âge

F F F H

64 68 60 53

Durée d’évolution de la coccygodynie (années) 3 12 1 2

Diagnostic Luxation Luxation Hypermobilité Mobilité normale

Nos cas sont originaux puisqu’il s’agit de disques coccygiens. Nous avons montré que sur des coccyx sains, ils pouvaient avoir la structure d’un disque, d’une articulation synoviale ou d’une structure intermédiaire entre l’un et l’autre (disque parcouru d’une fente bordée de cellules synoviales) [8]. Dans le cas d’une luxation intermittente, le disque est détruit et remplacé par une néocavité. Dans notre cas 1, elle contenait une bouillie calcique d’aspect similaire à ce qui a été observé dans des cas d’arthrite microcristalline coccygienne [9]. Nous déconseillons donc l’usage du cortivazol pour les injections de coccyx. Cela ne remet pas en cause l’intérêt de ces infiltrations dans cette maladie très chronique qu’est la coccygodynie. Rappelons que dans une étude comparant manipulation et placebo [10], l’effet positif de ce dernier ne fut noté que dans 12,5 % des cas, ce qui est en faveur d’un effet thérapeutique propre des injections. L’acétate de prednisolone à 2,5 % doit rester le produit de référence. Annexe A. Matériel complémentaire Du matériel complémentaire (Fig. S1 et S2) accompagnant cet article est disponible sur http://www.sciencedirect.com, doi:10.1016/j.rhum.2009.01.020. Références

Fig. 1. Cas 1. Volumineuse calcification crayeuse dont l’aspiration soulagea partiellement la patiente.

Fig. 2. Cas 2. Calcification s’accompagnant d’une érosion osseuse postérieure.

lapin, il en a été produit avec l’acétate de méthylprednisolone [6]. Ces calcifications sont attribuées au solvant [6] et n’ont jamais été décrites avec l’acétate de prednisolone [7].

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