Risque thrombotique veineux de la femme jeune

Risque thrombotique veineux de la femme jeune

76 La prise en charge des lymphœdèmes, primaires et secondaires, repose sur la physiothérapie complète décongestive qui comprend deux phases distincte...

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76 La prise en charge des lymphœdèmes, primaires et secondaires, repose sur la physiothérapie complète décongestive qui comprend deux phases distinctes : la première, dite intensive, destinée à réduire le volume du lymphœdème, et la seconde à maintenir le volume réduit. Les bandages peu élastiques, réalisés avec des bandes à allongement court (< 100 %), recommandés par la HAS, sont l’élément essentiel pour réduire le volume. Les bandages sont dits multicouches monotypes car ils sont composés de la superposition d’un même type de bandes. La phase d’entretien (ou de maintenance) est basée sur le port de compression élastique, du matin au soir et tous les jours. Les forces de pression doivent être élevées (classe 3 : 20—36 mmHg, classe 4 : > 36 mmHg), avec le recours fréquent à une superposition de deux compressions pour les membres inférieurs. La compression dans les lymphœdèmes a des particularités : pressions élevées (superposition), recours au sur-mesure en raison des dysmorphies des membres et la nécessité de prendre des mesures avec un orthésiste ou un pharmacien orthopédiste, la préférence de bas ou chaussettes avec des pieds fermés pour éviter l’aggravation du lymphœdème des orteils et l’apparition de vésicules lymphatiques responsables d’écoulement et de porte d’entrée infectieuse. Les compressions peuvent parfois être difficiles à enfiler. Le recours à des systèmes d’enfilage, souple ou rigide, pour le membre supérieur ou inférieur ou à une tierce personne est parfois nécessaire, pour qu’enfin les bas ne soient plus des bas de contorsion ! Mots clés Lymphœdème ; Compression Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2014.12.074 R19

Compression et troubles trophiques : l’allongement, c’est long, c’est court ? A. Stansal Service de médecine vasculaire, groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, Paris, France Adresse e-mail : [email protected] La compression fait partie intégrante du traitement des troubles trophiques de l’insuffisance veineuse chronique. En effet, plusieurs études ont démontré que la compression permettait une cicatrisation plus rapide et évitait les récidives d’ulcères d’origine veineuse. La compression diminue l’hyperpression veineuse et pourrait même augmenter le flux artériel comme cela a été récemment suggéré dans les ulcères mixtes. Plusieurs types de compressions sont disponibles : les bas qui sont toujours élastiques avec une hauteur variable suivant le modèle (bas jarret, bas—cuisse ou collant), et les bandes de compressions. Les bandes peuvent être de divers types : bandes sèches inélastiques (allongement < 10 %), bandes sèches à allongement court (10 à 100 %) ou à allongement long (> 100 %) ; bandes enduites (zinc), bandes adhésives et bandes cohésives. Un bandage multitype est composé d’au moins deux bandes de compression de caractéristiques physiques différentes superposées, alors qu’un bandage monotype est composé d’une seul type de bande. Dans une revue systématique parue dans la Cochrane Library en 2012, O’Meara et al. concluaient qu’en cas d’ulcère veineux, une compression forte par bandages multitypes (> 40 mmHg) était le meilleur traitement compressif à appliquer pour obtenir la cicatrisation. Six études randomisées ont comparé la compression par bas à la compression par bandes dans le traitement des ulcères veineux. L’une de ces études parue en 2014 dans le Lancet retrouvait une efficacité comparable entre la superposition de 2 bas de compression et un bandage multitype 4 couches dans la cicatrisation des ulcères veineux. Les auteurs admettaient que la superposition de bas de compression n’était pas toujours possible chez les patients souffrant d’un ulcère ouvert, mais que celle-ci avait l’avantage de pouvoir être posée plus facilement par le patient lui-même. Ainsi, en cas de

Rapports troubles trophiques, le système de compression à appliquer parmi les différents moyens disponibles reste un sujet de débat. Mots clés Compression ; Ulcère ; Insuffisance veineuse chronique Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2014.12.075 R20

La compression en 2046 ? J.-L. Bosson 1,2,∗ Centre d’investigation clinique et pôle santé publique CHU, Grenoble, France 2 Laboratoire TIMC Imag UMR université Grenoble Alpes/CNRS 5525, Grenoble, France ∗ Correspondance. Adresse e-mail : [email protected] 1

La compression en 2046 c’est peut-être de la science fiction ? Dans tous les cas, un exercice plus que difficile et il est souhaitable pour l’auteur de ces quelques lignes que les archives de Journal des Maladies Vasculaires ne soient plus lisibles à cette date. Néanmoins pour imaginer ce futur, nous allons nous appuyer sur quelques éléments du présent. Il s’agit d’une part de la notion de médecine 4P et du concept en plein développement de vêtements « intelligents ». La médecine 4P regroupe les notions de médecine prédictive (modèles clinico-biologiques permettant de prédire les risques à partir de données personnelles de génomique, protéomique ou métabolomique), médecine préemptive ou préventive (intervenir en amont des processus pathologiques), médecine personnalisée (le bon traitement pour la bonne personne) et médecine participative (le patient acteur de sa santé). S’agissant de la compression, on peut dire que le volet participatif est le plus avancé avec différents modules d’éducation thérapeutique validés et agréés. Les progrès à venir seraient dans l’utilisation massive d’outils ludiques d’ingénierie pédagogiques (jeux sérieux ?) pour faire bénéficier beaucoup plus de patients et de soignants à ces actions d’éducation. La recherche en sciences humaines et sociales permettra également peut-être de mieux comprendre le rôle des représentations de la santé dans l’adhésion aux comportements de santé. Les modèles prédictifs manquent cruellement pour évaluer le risque de syndrome post-thrombotique par exemple. On ne dispose que de peu d’études épidémiologiques et aucune étude avec les outils modernes de la biologie. Il est donc difficile d’imaginer des actions préemptives. Bien sûr, cela sera compensé par le fait que l’obésité, la sédentarité auront été vaincues par des actions d’éclats des politiques de santé publique. Pour la compression, il reste comme progrès possible la personnalisation. Cela passe par une bien meilleure approche des doses réellement délivrées et de l’observance. Les vêtements intelligents sont déjà une réalité. Le laboratoire TIMC a, par exemple, développé une technologie permettant d’intégrer des captures de pression dans le tissu. Les premières applications sont en cours d’évaluation clinique dans le cadre de la prévention des lésions du pied chez le diabétique (chaussettes intelligentes signalant sur le smartphone du patient une hyperpression débutante dans une chaussure inadaptée). Dans la compression du futur, ces capteurs permettant par des boucles de régulation optimisée et grâce aux nouvelles fibres auto-adaptatives de délivrer la pression prescrite sur un site anatomique donné. La principale difficulté pour les médecins sera de savoir ce qu’ils veulent comme niveau de pression, où et pourquoi. Il faudra donc encore bien des études cliniques heureusement beaucoup plus faciles à réaliser puisque basées pour l’essentiel sur des modèles in silico. Bien sûr, ces capteurs seront reliés au dossier patient et donneront des chiffres exacts à la seconde près de l’observance. La structure en charge du remboursement des dispositifs de santé (la sécurité sociale ayant disparu depuis longtemps) a bien tenté de

Rapports récupérer ces données pour conditionner le remboursement proportionnellement au temps d’utilisation mais les rebelles du net ont réussi à bloquer cette tentative. En résumé, la compression du futur sera un vrai traitement parfaitement maîtrisé (posologie personnalisée, suivi temps réel, adaptation à toutes les contraintes). Mots clés Compression ; Technologies pour la santé Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2014.12.076

Pathologie vasculaire de la femme (Vendredi 20 mars 2015 — 09h00—10h30 — Petit amphithéâtre)

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Risque thrombotique veineux de la femme jeune N. Trillot a,∗ , V. Tintillier a , B. Jude a , C. Biron-Andréani b , P.-E. Morange c , S. Susen a a Service d’hématologie transfusion, CHRU, Lille, France b Département d’hématologie biologique, CHU, Montpellier, France c Service d’hématologie biologique, CHU, Marseille, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Trillot) La maladie thromboembolique veineuse (MTEV) résulte de l’interaction de facteurs de risque (FR) environnementaux, acquis et constitutionnels. En France, 4 à 4,5 millions de femmes sont exposées chaque jour à une contraception œstroprogestative (COP) et le nombre moyen de MTEV qui leur sont attribuables par an est d’environ 2500 [1]. En l’absence de FR associé, le risque de MTEV estimé est d’environ 0,02 % par an avec les COP de 1re et 2e génération et de 0,04 % par an pour les COP de 3e (soit 4 accidents par an au lieu de 2 pour 10 000 utilisatrices) [2]. La Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé de privilégier les COP de 1re et 2e génération et décidé du déremboursement des COP de 3e [2]. Cette mesure a été accompagnée de la publication de plusieurs informations, mémos et documents d’aide à la prescription dont l’objectif est de renforcer la détection des femmes à risque par un interrogatoire standardisé prenant en compte les antécédents personnels et familiaux et l’ensemble des facteurs de risque auxquels elles sont ou peuvent être exposées [3,4]. La HAS n’a pas retenu le dépistage systématique des FR biologiques constitutionnels (déficit en antithrombine, protéine C et S, facteur V Leiden (FVL) et mutation de la prothrombine [PT20210A]) [5]. L’absence de FR biologique est insuffisante pour écarter tout risque de MTEV. L’identification des femmes à risque s’appuie sur l’interrogatoire et l’évaluation régulière des facteurs de risque associés. L’identification d’un antécédent familial, dont la définition reste cependant à préciser, peut conduire à l’utilisation en 1re intention d’une contraception progestative pure. La COP est un traitement dont les modifications de prescription, conséquences de la polémique récente, semblent positives en termes de santé publique [6]. L’amélioration des connaissances de la MTEV et de ses FR cliniques et biologiques tend vers le développement de scores pour augmenter la sensibilité des dépistages. La MTEV au cours de la grossesse est une complication grave (environ 1/1000). Le risque de MTEV au cours de la grossesse est environ 2 à 5 fois plus élevé que dans la population générale et bien supérieur dans le postpartum. Les principaux référentiels proposent une

77 stratification du risque en fonction des FR acquis ou constitutionnels [7—10]. De nombreux facteurs modulent ce risque : — antécédent thrombotique veineux personnel, antécédent familial chez un collatéral, âge > 35 ans, obésité, immobilisation, tabagisme, comorbidités (cardiaque, inflammatoire, infectieuse, syndrome néphrotique), insuffisance veineuse sévère, immobilisation > 3 jours, interventions chirurgicales, voyages ; — liés à la grossesse : grossesse gémellaire, grossesses multiples, aide médicale à la procréation ; — liés au postpartum : pré-éclampsie et retard de croissance intra-utérine, césarienne en particulier en situation d’urgence, hémorragie du postpartum > 1000 mL, chirurgie du postpartum, infection ; — biologiques acquis (SAPL) ou constitutionnels : déficits en antithrombine, protéine C ou S, FVL ou PT20210A. En cas d’antécédents de MTEV, les circonstances de survenue et/ou facteur(s) déclenchant(s) doivent être identifiés avec précision pour adapter les modalités de prévention. Une évaluation régulière des facteurs de risque associés au cours de la grossesse est préconisée. La prévention du risque thrombotique repose sur les HBPM prescrites à posologie préventive, intermédiaire ou curative, initiée précocement pour les patientes à risque thrombotique élevé et maintenue au minimum 6 semaines dans le postpartum. La gestion des anticoagulants au moment de l’accouchement doit être dans la mesure du possible anticipée par l’équipe médicale et expliquée à la patiente. Là encore, l’amélioration des connaissances permet le développement de scores pour adapter au mieux la prévention du risque thrombotique au cours de la grossesse, du péripartum et du postpartum. Le dépistage et la prise en charge des patientes à risque requièrent l’appropriation par les équipes médicales des référentiels et recommandations nationales et internationales, une concertation multidisciplinaire et la réévaluation régulière des protocoles des services. Mots clés Maladie veineuse thromboembolique ; Contraception hormonale ; grossesse ; postpartum Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Tricotel A, Raguideau F, Collin C, Zureik M. Estimate of venous thromboembolism and related-deaths attributable to the use of combined oral contraceptives in France. PLoS ONE 2014;9:e93792. [2] Fiche de bon usage du médicament : contraceptifs oraux estroprogestatifs : préférez les « pilules » de 1re ou 2e génération; 2012 http://www.has-sante.fr [3] Fiche mémo : contraception chez la femme à risque cardiovasculaire; 2013 http://www.has-sante.fr [4] Document d’aide à la prescription : contraceptifs hormonaux combinés; 2014 http://ansm.sante.fr [5] Dépistage systématique de la thrombophilie avant une primoprescription de contraception hormonale combinée; 2014 http://www.has-sante.fr [6] Étude de l’impact de la modification récente des méthodes de contraception sur la survenue d’embolies pulmonaires chez les femmes de 15 à 49 ans; 2014 http://ansm.sante.fr [7] Conférence de consensus ANAES : thrombophilie et grossesse : prévention des risques thrombotiques maternels et placentaires. Portail de la Haute Autorité de Santé; 2003 http://www.has.fr [8] Prévention de la maladie thromboembolique veineuse périopératoire et obstétricale. RPC sous l’égide de la SFAR publiées en 2005; 2005 http://www.sfar.org [9] Royal College of Obstetricians Gynaecologists. Reducing the risk of thrombosis and embolism during pregnancy and the puerperium, Green-top Guideline. RCOG 2009;37a http://www.rcog.org.uk