Sevrage tabagique et adolescence

Sevrage tabagique et adolescence

Lettre à la rédaction Sevrage tabagique et adolescence Étude par questionnaire chez 248 lycéens J. Margery1, D. Margery2, K. Goutier2, J.M. Dot1 Su...

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Lettre à la rédaction

Sevrage tabagique et adolescence Étude par questionnaire chez 248 lycéens

J. Margery1, D. Margery2, K. Goutier2, J.M. Dot1

Suite à la parution récente d’un article consacré au tabagisme des adolescents [1], nous souhaitons présenter une enquête menée au sein d’un lycée d’enseignement général par des étudiants de première scientifique, dans le cadre d’une épreuve anticipée du baccalauréat.

Matériels et méthodes Un questionnaire individuel a été remis à tous les élèves des classes de première filière scientifique et collecté dans une urne identifiée à l’entrée du lycée Georges de La Tour de Metz. Les données étudiées portaient sur les caractéristiques de la population (âge et sexe) et dans le sous-groupe des fumeurs étaient renseignés : l’âge de début du tabagisme, le type de tabac consommé (cigarettes, tabac à rouler), le niveau de la consommation quotidienne (1 à 4 ; 5 à 10 ; > 10 cigarettes), le niveau des connaissances sur les pathologies tabacoinduites (cancer bronchique et maladies cardio-vasculaires), la fréquence et les motifs d’une éventuelle tentative de sevrage (motivation économique, incitation parentale, crainte des conséquences sanitaires, interdiction de fumer dans l’enceinte de l’établissement).

Résultats

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Service de pneumologie, Hôpital d’Instruction des Armées Legouest, Metz, France. Lycée Georges de La Tour, Metz, France.

Correspondance : J. Margery Service de pneumologie, Hôpital d’Instruction des Armées Legouest, 27 avenue de Plantières, 57000 Metz. [email protected] Réception version princeps à la Revue : 27.01.2007. Acceptation définitive : 13.03.2007.

Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 663-4 Doi : 10.1019/200720035

L’étude a porté sur 245 élèves et 238 questionnaires ont été colligés rassemblant 128 filles et 110 garçons, âgés de 16 à 18 ans (âge moyen de 17,3 ans). Les fumeurs réguliers et occasionnels représentaient 38,2 % de l’effectif, soit 91 élèves comptant 52,7 % de filles et 47,3 % de garçons. La première cigarette avait été consommée à l’âge de 13,2 ans, chez les garçons comme les filles. La consommation quotidienne variait de 1 à 4 cigarettes dans 40 % des cas, de 5 à 10 cigarettes dans 35 % des cas et était supérieure à 10 cigarettes dans 25 % des cas. L’usage du tabac à rouler était retrouvé chez 32 % des fumeurs. Le lien entre tabac et cancer bronchique était connu par 96 % des fumeurs et 75,6 % d’entre eux savaient que la cigarette majorait le risque cardio-vasculaire. © 2007 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

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Trente-six élèves fumeurs (39,5 %) déclaraient avoir tenté un sevrage tabagique et 58 % étaient des filles (21/48 fumeuses et 15/43 fumeurs). La principale motivation était économique pour 64 % d’entre eux puis venaient la crainte des conséquences sanitaires (26 %), une incitation parentale (6 %) et l’interdiction de fumer dans l’enceinte de l’établissement (4 %).

Commentaires Cette étude porte sur un effectif restreint mais présente des résultats assez proches de l’enquête Escapad réalisée en 2005 concernant la proportion des fumeurs dans la tranche d’âge des 16-17 ans, l’âge d’entrée dans le tabagisme et la répartition garçons-filles. L’originalité de notre travail tient dans le fait qu’il résulte d’une démarche initiée par des étudiants et centrée sur l’arrêt du tabac chez l’adolescent. Dans notre effectif, près d’1 lycéen sur 2 déclare avoir tenté un sevrage tabagique. Même si le questionnaire utilisé ne permet pas d’apprécier la stratégie mise en œuvre ni le niveau de dépendance, ce constat illustre les difficultés pour un jeune fumeur régulier d’arrêter par lui-même. L’augmentation du prix du tabac est la principale motivation d’un sevrage (65 %)

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mais n’est pas suffisante. L’impact de cette mesure trouve ses limites dans le recours au tabac à rouler (32 %) moins onéreux et en zone frontalière comme la Moselle, dans le développement de filières d’approvisionnement à l’étranger. Le niveau d’information sur les risques carcinogène et cardiovasculaire observé dans notre effectif est élevé et témoigne sans doute du bénéfice des avertissements apposés sur les paquets de cigarettes. Cependant, cette perception éclairée des dangers de la cigarette n’est une motivation que chez 26 % des adolescents. L’interdiction de fumer dans le lycée a pour objectif de protéger les élèves non-fumeurs mais n’incite pas davantage au sevrage car le tabac est désormais consommé devant les portes de l’établissement lors des intercours. Ces quelques éléments soulignent la nécessité de développer des protocoles spécifiques d’aide au sevrage chez les adolescents.

Référence 1

Beck F, Legleye S, Peretti-Watel P, Spilka S : Le tabagisme des adolescents : niveaux, tendances et représentations, quels enseignements pour la prévention ? Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 681-93.