Stress au travail des exploitants agricoles et risques professionnels

Stress au travail des exploitants agricoles et risques professionnels

136 SANTÉ MENTALE ET TRAVAIL ment au travail. On constate au fil des années une augmentation de la proportion des personnes restant dans leur entrep...

64KB Sizes 0 Downloads 191 Views

136

SANTÉ MENTALE ET TRAVAIL

ment au travail. On constate au fil des années une augmentation de la proportion des personnes restant dans leur entreprise, le plus souvent sans amélioration de la situation. Cela se traduit par des taux élevés d’arrêt maladie. Sur le plan médico-administratif, 13 patients ont été déclarés en accident de travail dont 4 reconnus par la sécurité sociale, 4 déclarations de maladies professionnelles sont en cours d’instruction dont une contestation de refus, 8 patients sont reconnus en qualité de travailleurs handicapés. Enfin, sur le plan juridique, 65 procédures sont en cours. Conclusion : le pronostic socio-professionnel des pathologies en rapport avec un harcèlement moral professionnel présumé est sombre. La recherche d’une solution de maintien dans l’emploi ou de transaction s’accompagne d’une proportion élevée d’arrêts maladie qui se prolongent. Il est fondamental de mener une réflexion concernant les moyens de prévention compte tenu en particulier des coûts psychiques et économiques générés.

reste souvent fort dans la profession. Une réponse au stress réside dans des stratégies de défense collective comme le déni de risque et l’exaltation du courage. L’échec professionnel ou son ressenti entraîne une diminution de l’estime de soi, une culpabilisation en particulier envers les ascendants, et une symptomatologie dépressive, une inversion des rôles familiaux, des habitudes de consommation de toxiques, de la négligence à l’égard de la sécurité et des prises de risque. Les services sociaux et SST de la MSA organisent des réunions de services où ces situations sont évoquées. Une démarche d’accompagnement pluridisciplinaire s’appuyant le cas échéant sur un partenariat avec les organisations professionnelles agricoles (chambre d’agriculture, coop...) est proposée.

L’impact d’une restructuration sur la santé des agents d’un Centre de Traitement du Courrier Stress au travail des exploitants agricoles et risques professionnels

B. MUTELET CHR de Metz Thionville, Université de Metz.

J.J. LAPLANTE, G. RICHARD HAMELIN Caisse centrale de la mutualité sociale agricole.

Objectif : le 1er avril 2002 la loi a confié à la MSA la prévention des risques professionnels des 660 000 chefs d’exploitations agricoles. Déterminer les attentes et besoins de cette population d’indépendants en matière de santé au travail et de prévention a été le premier objectif de l’équipe santé sécurité au travail (SST) de la CCMSA. Méthode : une enquête téléphonique, réalisée avec l’appui d’un laboratoire de sociologie, portant sur l’ensemble du territoire national et pour toute filière agricole a été bâtie. Des réponses spontanées à des questions ouvertes (ou.) ou fermées (fe.) auprès de 600 personnes, sur la perception du risque professionnel et sa prévention correspondant à 300 heures d’écoute téléphonique ont été analysées. Résultats : il apparaît que la préoccupation principale est la santé économique des exploitations (ou.52,3 %), que la charge de travail et les contraintes horaires (ou.37,8 %) et administratives (ou.27,5 %) sont les aspects qui leur pèsent le plus. Les risques professionnels sont majorés quand ils sont pressés (fe.38,8 %), fatigués (fe.34 %), préoccupés, soucieux (fe.25 %). Les contraintes administratives sont considérées comme la première nuisance professionnelle (fe.39 %). Les bilans de santé (fe.24,5 %) et les vacances (fe.24 %) sont perçus comme susceptibles d’améliorer la santé au travail. Le stress (fe.43 %), la fatigue (fe.36,2 %) et l’âge (fe.21,2 %) sont cités comme les premiers facteurs de risques professionnels. Discussion : le stress, les soucis, les horaires, sont au centre des préoccupations constatées au cours de ce travail d’écoute. Pour une population de non salariés, la dépendance administrative (PAC, dossiers d’aide, difficultés bancaires...) et l’isolement géographique et/ou social mériteront d’être pris en compte avant l’examen du risque machine indéniable. Cependant, le lien social

Objectif : déterminer, si en milieu de travail, la confrontation d’un individu à une situation vécue comme incontrôlable (restructuration) provoque ou non un sentiment d’impuissance acquise (Seligman, 1975) et un retrait conduisant à un rétablissement du contrôle par une reconfiguration du système de valeurs, envisagée comme un processus d’adaptation. Sujets : 7 femmes, 45 hommes. Age moyen : 41 ans (s = 12,8). Méthode : approche croisée : psychopathologie du travail et échelles : vécu au travail, impuissance et valeurs. Résultats : qualitativement : 1) Un remaniement psychologique pour faire face aux changements. 2) Un désinvestissement et un réinvestissement dans le hors travail, permettant, via une modification des valeurs, de se protéger sur le plan de la santé mentale et physique et de mettre à distance la souffrance. Quantitativement : 1) les agents les plus insatisfaits (3.74 vs 2.66) sont ceux qui manifestent l’impuissance la plus forte (t = 4,23, ddl 41, p < .001). 3) Le registre des valeurs a changé. Celles en lien avec le professionnel (conscience du travail bien fait, compétence) et un retrait social (compréhension d’autrui, engagement social, responsabilité) ont diminué, avec à l’inverse une augmentation de l’individualisme. Celles dénotant une perte de l’élan vital au travail (joie, liberté, créativité, plaisir), ainsi qu’un sentiment de perte de liberté ont perdu de leur prégnance. Discussion : ce travail porte un éclairage nouveau sur le lien entre sentiment d’impuissance et adaptation en situation de travail et rapport entre souffrance au travail et démotivation, désinvestissement. Il apparaît, à la fois dans les entretiens et les questionnaires, que les modifications importantes des conditions de travail ont généré chez les salariés un sentiment de perte de contrôle. Afin de s’adapter à cette situation particulièrement anxiogène et survivre psychiquement, la plupart des sujets ont désinvesti le