12e Congrès francophone d’allergologie – CFA 2017 / Revue française d’allergologie 57 (2017) 225–228 Ali-06
Anaphylaxie alimentaire à la graine de courge C. Chatain 1,∗ , I. Pin 2 , P. Pralong 1 , J.P. Jacquier 1 , M.T. Leccia 1 Clinique universitaire de dermatologie, allergologie et photobiologie, Grenoble, France 2 Clinique universitaire de pédiatrie, Grenoble, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (C. Chatain) 1
Introduction L’allergie alimentaire à la graine de courge est une allergie rarissime. Nous rapportons un cas pédiatrique d’anaphylaxie à la graine de courge. Méthodes Un garc¸on de 8 ans, aux ATCD d’asthme et d’allergies alimentaires guéries au lait de vache et à la noix de cajou et d’allergie persistante aux laits de brebis et de chèvre, a présenté une anaphylaxie de grade 3 après la consommation de pain à la graine de tournesol et de courge. L’enfant consomme sans problème les différentes cucurbitacées (différentes variétés de courge, courgette, concombre, melon et pastèque), l’arachide et tous les fruits à coque. Résultats Les prick-tests sont positifs aux graines des différentes espèces de courge mais non à la chair. Ils sont douteux pour les autres graines comestibles, mais négatifs pour les huiles de pépin de courge, de lin, de sésame, les fruits à coque, l’arachide, pour le melon, le concombre, la pastèque, ainsi que pour les différentes farines. Les IgE spécifiques sont positives à 3,75 KU/L pour la graine de citrouille, négatives pour la citrouille (chair) et pour les différentes graines. Un test de réintroduction aux graines de tournesol, de lin, de sésame et de pavot, proposé du fait d’une faible sensibilisation cutanée à ces graines, est négatif à doses significatives. Discussion Utilisée en médecine traditionnelle depuis l’antiquité, la graine de courge a trouvé une place de choix dans l’alimentation moderne avec l’avènement des régimes riches en acides gras polyinsaturés. Mis à part des profilines et des protéines de 36, 48, 69, 77 et 87 kDa, les allergènes potentiels de la graine de courge pourraient correspondre à des albumines 2S et des globulines 7S ou 11S. Leur structure compacte, leur taille importante, leur abondance dans les graines et leur résistance à la dénaturation thermique et à la digestion enzymatique seraient responsables de leurs propriétés allergéniques importantes. Conclusion L’utilisation croissante de la graine de courge dans l’alimentation moderne, liée aux effets thérapeutiques potentiels de la graine de courge dans la prévention des maladies cardiovasculaires, des tumeurs et du vieillissement risque de conduire à une augmentation d’allergie alimentaire à la graine de courge. Déclaration de liens d’intérêts liens d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels
http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2017.02.037 Ali-07
Allergie et sensibilisation aux criquets Ornithacris turbida cavroisi dans la communauté urbaine de Niamey : à propos de 27 cas T. Hamidou 1,∗ , D.A. Maizoumbou 1 , S. Laouali 2 , J.P. Jacquier 3 1 Hôpital national Lamordé, Niamey, Niger 2 Hôpital national, Niamey, Niger 3 Centre hospitalier, Chambéry, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (T. Hamidou) Introduction L’entomophagie est la consommation d’insectes comestibles. Les insectes appartiennent à l’ordre des arthropodes avec les arachnides, les crustacés et les myriapodes. Actuellement, on compte près de 2 000 insectes comestibles à travers le monde et ils présentent un apport protéique plus important que la viande bovine. Deux espèces d’insectes sont essentiellement consommées au Niger, les criquets Ornithacris turbida cavroisi et les éphémères. Le but de cette étude est d’apprécier la sensibilisation et les allergies aux criquets comestibles qui, à notre connaissance, n’ont pas été explorées à ce jour.
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Méthodes Étude prospective allant de janvier à juin 2016 portant sur 27 patients présentant une sensibilisation et/ou une allergie au criquet comestible Ornithacris turbida cavroisi sur une population de 155 patients présentant des manifestations cliniques d’allergie. Résultats Sur les 27 patients, 19 avaient une sensibilisation (soit 70,37 %) et 8 présentaient une allergie aux criquets (soit 29,62 %). Le syndrome oral était le symptôme le plus fréquent (6 patients sur 8), suivi de l’urticaire (4 patients), du vomissement (1 patient), de l’œdème du visage (1 patient) et de la dyspnée (1 patient). Un des patients a présenté une anaphylaxie de grade 3. Discussion Les protéines d’insectes sont de plus en plus intégrées à l’alimentation humaine. Cependant, la parenté des insectes avec d’autres arthropodes (crustacés acariens) suggère l’existence d’un risque allergique associé à l’entomophagie. Des cas d’anaphylaxie après ingestion d’insectes comestibles ont été rapportés dans la littérature. Un cas d’anaphylaxie de grade 4 à la pupe du ver à soie a été décrit en Chine en 2008. La chenille mopane est également impliquée dans quelques cas d’anaphylaxie au Botswana. Des pan-allergènes comme la tropomyosine et l’arginine kinase ont été incriminés dans les allergies aux insectes comestibles. Cependant, des allergènes spécifiques d’insectes doivent être recherchés et identifiés. Conclusion La consommation de criquets constitue un apport nutritif certain. Cependant, l’entomophagie comporte un risque allergique qui demande à être exploré afin de mieux connaître les substrats moléculaires à l’origine de ces réactions allergiques. Déclaration de liens d’intérêts liens d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels
http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2017.02.038 Ali-08
Allergie à la Gomme de Guar : à propos d’une observation M. Bouvier Clinique Charcot, 69110 Sainte-Foy-Lès-Lyon, France Adresse e-mail :
[email protected] Introduction La Gomme de Guar (GDG) est un polyoside hydrosoluble utilisé comme additif dans l’industrie agroalimentaire sous le code E412. On le retrouve dans les sauces et produits de boulangerie notamment. Nous présentons ici le cas d’une patiente ayant fait plusieurs réactions allergiques et la méthode diagnostic. Méthodes Cas clinique : Julie S., 20 ans consulte début 2016 pour 8 réactions survenues en post-prandial immédiat à l’automne 2015 à type de prurit buccal et d’urticaire généralisée, suivi de 4 réactions plus graves (la patiente étant sous anti-h1) entre janvier et février 2016 avec à chaque fois l’auto-injection d’adrénaline. Enquête alimentaire : régime sans gluten depuis 2 ans ; consommation de sauces de salades industrielles et de galette sans gluten (aliments contenant de la GDG). Bilan allergologique TC avec la GDG native et les solutions diluées ; 1 g de GDG mis dans 99 ml d’eau, mixage pendant 1/2 min, extrait de 11 ml constituant la solution mère (SM), prise de 1 ml de la SM mis dans 9 ml d’eau, réalisation de la solution à 10-1 et ainsi de suite pour constituer les solutions de 10-2 à 10-4 ; tests de provocations labiaux (TPL) avec les solutions diluées ; mesure des IgE spécifiques et tryptase sérique (TS). Résultats TC < 0 pour la GDG et les différentes dilutions ; TH à 8/28 ; IgE < 0,10 kU/l ; TS à 13,5 nmole/l. Septembre 2016 : TPL externe SM (prurit à 5/10) ; TPL interne solution à 101 (0,2 ml déposé sous la langue pendant 2 min puis recraché) ; prurit buccal immédiat (6/10) érythème du tronc ; prurit des mains, oppression thoracique (baisse du DEP de 25 %) ; TA constante. Conduite tenue Anti-h1 en IVD et 4 bouffées de salbutamol ; normalisation du DEP ; amendement de la scène clinique en 1 heure. Au total, TPL > 0 pour 0,2 mg de GDG. Conclusion La Gomme de Guar peux donner des accidents sévères. Il faut savoir y penser devant des réactions allergiques post-prandiales inexpliquées. Le régime sans gluten apparaît comme une voie de sensibilisation possible. L’enquête alimentaire est nécessaire. Les TC et la mesure des IgE spécifiques peuvent être pris en défaut ; les TPL aux dilutions croissantes sont alors intéressant pour assurer le diagnostic.