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Référence [1] Gueran M, Lussiez V. Intérêt de la concertation pluridisciplinaire entre un département d’évaluation de la douleur et les médecins du travail dans la prise en charge des salariés atteints de douleurs chroniques. Arch Mal Prof Environ 2012;73:20—7.
Florentin Clère Consultation pluridisciplinaire de la douleur, centre hospitalier, 216, avenue de Verdun, 36000 Châteauroux, France Adresse e-mail : fl
[email protected] Disponible sur Internet le 1er mai 2012 doi:10.1016/j.douler.2012.03.004
Douleurs provoquées par le laser : peut-on vraiment mieux faire ? Laser-induced pain: Can we do much better? Certains gestes chirurgicaux ont largement bénéficié de l’utilisation du laser. C’est notamment le cas du traitement des leucoplasies buccales, véritables lésions précancéreuses. Une équipe taiwanaise a pu récemment démontrer [1] que l’utilisation de quatre bains de bouche quotidiens de sucralfate (1 g dans 10 mL d’eau) permettait de réduire la douleur postopératoire de fac ¸on significative durant le deux premiers jours suivant la chirurgie. Dans le même ordre d’idée, une équipe chinoise [2] a pu réduire l’intensité douloureuse périopératoire des patients pris en charge pour une chirurgie réfractive au laser grâce à l’application d’un gel de lidocaïne à 2 %, en plus de l’instillation habituelle de proparacaïne dosée à 0,5 %. Dans les deux cas, il s’agit d’essais prospectifs contrôlés randomisés, regroupant respectivement 80 et 51 patients, les auteurs se réjouissant d’avoir trouvé une stratégie simple (car locale), sûre et efficace. En y regardant d’un peu plus prêt, leurs résultats sont-ils si intéressants ? Pas si sûr. En effet, chacun de ces deux articles [1,2] débute par un plaidoyer prolaser, technique connue pour provoquer moins de douleurs postopératoires (DPO) que les techniques chirurgicales classiques. Conséquence directe : les patients recrutés dans ces études présentent des intensités douloureuses moyennes
(IDM) inférieures à 5 sur une échelle visuelle analogique numérotée de 0 à 10. À titre d’exemple, dans le cas de la chirurgie buccale, l’IDM à j1 est de 3,58/10 dans le groupe sucralfate contre 4,25/10 dans le groupe contrôle. Au cours de la chirurgie ophtalmologique, l’IDM pendant la procédure est de 3,05/10 dans le groupe lidocaïne contre 4,37/10 dans le groupe contrôle. D’un point de vue purement statistique, ces différences sont significatives, mais qu’en est-il sur le plan clinique ? L’ajout de traitements locaux a-t-il un réel impact sur le vécu de la douleur ? Il reste difficile de répondre à cette question, d’autant que la consommation d’antalgiques par voie orale est restée la même dans les deux groupes de l’étude taiwanaise. Qui plus le traitement utilisé était du paracétamol, à une dose maximale de 2 g par jour, ce qui va bien dans le sens de DPO d’intensité faible à modérée. C’est un fait : le développement du laser a permis de diminuer l’intensité des DPO de certains gestes chirurgicaux buccaux ou oculaires. Faut-il donc chercher à en faire encore plus ? Ne faudrait-il pas mieux se concentrer sur les chirurgies les plus douloureuses, plutôt que de chercher à réduire des DPO déjà connues pour être d’intensité faible à modérée ? Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Référence [1] Guo CS, Chuang HC, Chien CY. Topical sucralfate for pain after oral CO2 laser surgery: a prospective, randomized, controlled trial. Am J Otolaryngol—Head Neck Med Surg 2012;33:109—12. [2] Lam DSC, Law RWK, Ng ASY, Lam PHT, Jhanji V, Lee VYW, et al. Randomized double-masked controlled trial comparing pain scores with and without the use of supplementary 2 % lidocaine gel in LASIK. Am J Ophthalmol 2011. doi:10.1016/j.ajo.2011.08.040.
Florentin Clère Consultation pluridisciplinaire de la douleur, centre hospitalier, 216, avenue de Verdun, 36000 Châteauroux, France Adresse e-mail : fl
[email protected] Disponible sur Internet le 1er mai 2012 doi:10.1016/j.douler.2012.03.005