Résumés des présentations aux JFN de Marseille 2015 / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 222–283
271
a été réalisée sur un échantillon redressé sur certaines caractéristiques sociodémographiques (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, lieu de résidence et présence d’enfant dans le foyer). Les associations entre les différentes composantes du modèle alimentaire franc¸ais et un score composite (de 0 à 6), et l’indice de masse corporelle ont été évaluées par des modèles de régression logistique ajustés sur les caractéristiques sociodémographiques et de modes de vie. Résultats et analyse statistique Une majorité d’individus prend trois repas par jour, entre 12 h et 13 h le midi et entre 19 h et 20 h le soir. Les repas se déroulent généralement assis à une table en compagnie d’autres convives et sont un moment de plaisir pour une importante majorité. Toutefois, la durée est en moyenne de 15 à 30 minutes seulement et une structuration du repas en 2 plats est le plus souvent observée, notamment en semaine. Globalement, les individus ayant des pratiques davantage en adéquation avec le modèle franc¸ais avaient moins tendance à être en surpoids (incluant l’obésité) (odds ratio [OR] : 0,90 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] : [0,87–0,92]). En particulier, le fait de prendre trois repas par jour (0,80 [0,72–0,89]), de manger à heures fixes (0,83 [0,74–0,92]), de prendre le temps de manger (0,72 [0,67–0,78]), de prendre son repas assis (0,74 [0,63–0,86]) et de considérer le repas comme un moment de plaisir (0,56 [0,51–0,62]) étaient négativement associés au surpoids. Cependant, aucune association significative n’a été observée pour le nombre de plats consommés au cours du repas et la présence de convives. Conclusion Le modèle alimentaire franc¸ais caractérisé par des prises alimentaires structurées et une convivialité des repas est encore prépondérant au sein de la population franc¸aise. De plus, ces résultats suggèrent un bénéfice potentiel de telles pratiques pour limiter la prévalence du surpoids.
triques déclaratives ont été recueillies annuellement pendant 4 ans. Des modèles de Cox stratifiés sur le sexe et ajustés sur les données alimentaires, sociodémographiques, économiques et de mode de vie ont été utilisés afin d’estimer l’influence de l’attirance pour ces trois sensations sur le risque d’obésité. Résultats et analyse statistique Chez les hommes et les femmes, une forte attirance pour le gras (quatrième quartile) était associée à un risque d’obésité plus élevé (hommes : RRQ4vs.Q1 : 2,10 [IC95 % 1,27–3,49] ; femmes : RRQ4vs.Q1 : 1,50 [1,12–2,00]). Cette association était en partie expliquée par la consommation alimentaire avec une diminution du risque de 20 à 30 % après introduction des variables de consommation. En revanche, un score plus élevé d’attirance pour le goût sucré (quatrième quartile) était associé à une réduction du risque d’obésité (hommes : RRQ4vs.Q1 : 0,61 [0,38–0,99] ; femmes : RRQ4vs.Q1 : 0,74 [0,56–0,97]). Enfin, il n’y avait aucune association significative chez les hommes et les femmes entre le score d’attirance pour le salé et la survenue d’obésité. Conclusion Après ajustement sur de nombreux facteurs de confusion, une attirance plus élevée pour le gras est un facteur prédictif de l’obésité, alors que l’attirance pour le sucré semble associée à une réduction de ce risque. Ainsi, ces composantes du comportement alimentaire paraissent utiles à prendre en compte dans la prise en charge des personnes à risque nutritionnel.
Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Effet de l’ethnie et de l’urbanisation sur la prévalence de l’obésité et la perception du corps dans une population de Souss (Maroc)
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.09.113
Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.09.114 P236
N. Hibbi 1,∗ , A. Derouiche 1 , A. Belhouari 1 , F. Delpeuch 2 Unité mixte de nutrition humaine, laboratoire de biologie et santé, faculté des sciences Ben-M’Sik, université Hassan-II, Casablanca, Maroc 2 UMR 204 Nutripass, IRD-UM2-UM1, institut de recherche pour le développement, Montpellier, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (N. Hibbi) 1
P235
Association de l’attirance sensorielle pour le gras, le salé et le sucré avec le risque prospectif d’obésité A. Lampuré 1,∗ , K. Castetbon 2 , A. Deglaire 3 , P. Schlich 4 , S. Péneau 1 , S. Hercberg 1,2,5 , C. Méjean 1 1 Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Éren), UMR U1153 Inserm/U1125 Inra/Cnam/université Paris 13, centre de recherche en épidémiologie et statistique, Sorbonne Paris Cité, France 2 Université Paris 13, Sorbonne Paris Cité, unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (Usen), institut de veille sanitaire (InVS), département des maladies chroniques et traumatismes, Bobigny, France 3 Agrocampus Ouest–UMR1253, Inra science et technologie du lait et de l’œuf, Rennes, France 4 Centre des sciences du goût et de l’alimentation, UMR6265 CNRS/UMR1324 Inra, Dijon, France 5 Département de santé publique, hôpital Avicenne, Bobigny, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A. Lampuré) Introduction et but de l’étude Des études ont souligné que l’attirance sensorielle pour le gras, le salé et le sucré pourrait influencer les comportements alimentaires, avec une alimentation plus fréquemment défavorable à la santé chez les individus ayant une attirance plus élevée pour ces sensations. Par ailleurs, des études transversales ont montré une association positive entre l’attirance pour le gras et l’indice de masse corporelle, et des résultats contradictoires concernant l’attirance pour le salé et le sucré. La seule étude prospective sur le sujet a mis en évidence une augmentation du poids chez les individus ayant une attirance plus élevée pour le sucré mais aucune association significative concernant l’attirance pour le gras. Cependant, l’outil utilisé ne permettait pas d’appréhender la complexité de la mesure de l’attirance sensorielle. Ainsi, notre objectif était d’estimer l’association prospective entre l’attirance pour le gras, le salé et le sucré mesurée avec un questionnaire validé, et le risque d’obésité. Patients et méthodes L’étude a été réalisée sur 29 015 adultes participant à la cohorte NutriNet-Santé. Les données d’attirance sensorielle ont été récoltées à l’inclusion via un questionnaire validé, permettant le calcul des scores d’attirance pour le gras, le salé et le sucré, qui ont ensuite été divisés en quartiles afin de définir des niveaux d’attirance. Par ailleurs, les données anthropomé-
Introduction et but de l’étude Dans les pays arabes et africains, l’embonpoint a toujours été considéré synonyme de prospérité, de réussite sociale, ainsi que de bonne santé en général, et de beauté pour les femmes. L’objet de la présente étude est d’évaluer l’impact de la migration et de l’ethnie sur la variation de la prévalence de l’obésité et de la perception du corps, entre le groupe ethnique Soussi de la zone rurale d’origine (Souss) et celui de la métropole du Casablanca au Maroc. Matériel et méthodes Nous avons utilisé un échantillonnage stratifié à plusieurs degrés dont 304 participants recrutés dans la zone métropole de Casablanca (149 femmes et 155 hommes) et 309 sur la région de Souss (157 femmes et 152 hommes). Cet échantillonnage était basé sur l’appartenance ethnique (citadins et migrants Soussi de première et deuxième génération), le sexe et l’âge. Nous avons mesuré les paramètres anthropométriques (indice de masse corporelle [IMC]) et les perceptions relatives à la corpulence (perception de l’image du corps, satisfaction corporelle mesurée à partir de la différence entre la silhouette représentant le poids actuel et celle représentant la taille idéale). Résultats et analyse statistique La prévalence de l’obésité était plus élevée chez les femmes que chez les hommes (22,5 % contre 19,8 %). L’analyse ajustée des données a indiqué que, la prévalence de l’obésité était aussi plus forte chez les hommes casablancais soussis (21,3 %, OR = 0,53, 95 % IC [0,30–0,92], p < 0,05). La prévalence de l’obésité est plus élevée chez les femmes casablancaises par rapport aux soussies (31,0 %, OR = 0,54, 95 % IC [0,37–0,92], p < 0,05). Les hommes ayant un IMC normal, en surpoids ou obèse, ont choisi comme image idéale une silhouette plus basse d’un degré que leur taille actuelle (p < 0,01). Chez les femmes, les participantes ayant un IMC élevé indiquent comme image idéale, une silhouette plus basse d’un point que leur taille actuelle (p < 0,0001). La moitié de notre population d’étude (43,3 % : 42,5 % d’hommes et 44,2 % de femmes) a sous-estimé leur poids actuel. Cette dernière tendait à l’augmentation avec le niveau d’étude chez les hommes soussis (p < 0,05) ; et à la diminution avec le statut socioéconomique chez les femmes casablancaises (p < 0,05). Par ailleurs, les femmes soussies ont été moins nombreuses à être en
272
Résumés des présentations aux JFN de Marseille 2015 / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 222–283
désaccord avec l’affirmation « être gros est un signe de beauté et de bonne santé », comparativement aux casablancaises (75,6 % contre 92,2 %, respectivement). Conclusion La présente étude a montré que la perception du corps est associée au sexe (femmes) et l’éthnie (soussi), puisque la valorisation de l’embonpoint est encore persistante chez les femmes soussies en particulier. De même, les femmes de la population d’étude présente une sous-estimation de leur poids actuel. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.09.115
tous les paramètres trop élevés se sont améliorés : maintien ou diminution du poids chez 55 %, du tour de taille chez 64 % et de la catégorie d’IMC chez 91 % d’entre elles. La qualité de vie et la fatigue se sont également améliorées. La satisfaction des femmes vis-à-vis du PETP était élevée (score moyen 3,8/4). Conclusion Cette étude a montré une forte adhésion des participantes au PETP et la majorité d’entre elles ont stabilisé leurs paramètres anthropométriques. Les bénéfices attendus sont l’adoption et le maintien par ces patientes de stratégies nutritionnelles adaptées en faveur d’une alimentation équilibrée et la pratique d’une AP régulière, conformément au programme national Nutrition santé. Ils encouragent le développement d’une telle action de prévention secondaire des cancers. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.09.116
Obésité III P238 P237
Évaluation d’un programme nutritionnel d’éducation thérapeutique du patient pour la prise en charge du risque de surpoids et d’obésité chez des femmes atteintes d’un cancer du sein A.-S. Kempf-Lépine 1 , A. Mottard-Goerens 1,∗ , C. Baudinet 1 , E. Belladame 1 , M. Hureau 2 , D. Pérol 2 , P. Bachmann 3 , S. Berthouze 4 , A.-M. Foucaut 4 , J. Carretier 1 , B. Fervers 1 , M. Touillaud 1 1 Département cancer et environnement, centre Léon-Bérard, Lyon, France 2 Direction de la recherche clinique et de l’innovation, centre Léon-Bérard, Lyon, France 3 Département d’anesthésie–réanimation, Disspo-nutrition, centre Léon-Bérard, Lyon, France 4 EA647, centre de recherche et d’innovation sur le sport, université Claude-Bernard Lyon 1, Villeurbanne, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A. Mottard-Goerens) Introduction et but de l’étude Le surpoids, la prise de poids et le manque d’activité physique (AP) sont des facteurs de mauvais pronostic très fréquents après un diagnostic de cancer du sein. Face aux risques associés de comorbidités, un programme d’éducation thérapeutique du patient (PETP) a été développé dans un centre de lutte contre le cancer pour permettre à ces patientes d’acquérir de nouvelles compétences d’auto-soins et d’adaptation en lien avec l’alimentation et l’AP. Cette étude observationnelle vise à évaluer la mise en œuvre de ce PETP et ses effets sur la stabilisation du poids des femmes ayant participé au programme. Patientes et méthodes Le PETP, validé par l’agence régionale de santé en octobre 2013, s’adresse aux patientes adultes prises en charge pour un cancer du sein infiltrant, en surpoids ou à risque de l’être et sans contre-indication à l’AP. Il comporte huit séances individuelles de 1 h ou 1h30 animées par une diététicienne et un enseignant en AP adaptée. Les étapes impliquent un diagnostic éducatif avec négociation des compétences à atteindre à partir d’un contrat d’objectifs (mois 1) ; quatre séances éducatives (mois 2–4) dont une séance pratique d’AP ; l’évaluation des compétences acquises (mois 4) ; un suivi éducatif afin d’actualiser et renforcer les compétences acquises (mois 5 et 8). Des indicateurs d’anthropométrie et de données psychoaffectives et la compliance au programme ont été recueillis aux mois 1 et 4. Résultats et analyse statistique Sur une période de 15 mois, 282 patientes étaient éligibles. Le PETP a été proposé à 195 (69 %) patientes, 151 (53 %) l’ont refusé et 44 (16 %) ont été incluses dans le PETP et l’étude. Les principales raisons de refus étaient que les femmes étaient non intéressées, déjà prises en charge par une diététicienne, déjà actives physiquement ou habitaient trop loin. Parmi les 44 patientes de l’étude, 36 (82 %) ont été compliantes au nombre de séances prévues. Les raisons de non-compliance étaient l’absence à des séances éducatives (n = 7) et l’abandon (n = 1). En début de programme, les femmes étaient globalement en surpoids (indice de masse corporelle [IMC] médian : 26,6 kg/m2 ) et présentaient un excès d’adiposité abdominale (tour de taille médian : 94 cm). Parmi les 22 patientes compliantes évaluées à 4 mois,
Obésité et surpoids chez des enfants scolarisés à Constantine (Algérie) : identification de quelques facteurs de risque
H. Oulamara ∗ , W. Allam , A.-N. Agli , D. Touati , A. Bensalem , L. Dridi Laboratoire de nutrition et technologie alimentaire, Inataa, université Frères-Mentouri, Constantine, Algérie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. Oulamara) Introduction et but de l’étude L’obésité est aujourd’hui reconnue comme une réelle pathologie. Elle représente un problème de santé publique. De nombreuses études ont tenté d’estimer la part de différents facteurs de risque dans la survenue de cette pathologie. Ces facteurs permettent de distinguer des groupes de population dont le risque de développer une obésité est plus élevé. L’Algérie, comme les pays en développement, manque d’infrastructures pour prendre en charge les maladies chroniques associées à l’obésité d’une manière adéquate. Il est ainsi particulièrement important de déterminer les facteurs influenc¸ant la prévalence de l’obésité dans notre pays. Ainsi, notre travail a porté sur l’identification de quelques facteurs sociaux et comportementaux liés à l’obésité. Matériel et méthodes L’étude a porté sur 550 enfants (277 garc¸ons et 273 filles), âgés de 5 à 12 ans, scolarisés dans des écoles primaires de la région de Constantine (Algérie). Un questionnaire a été utilisé pour étudier les différents facteurs de risque de l’obésité. Les normes de l’IOTF ont été utilisées pour définir le surpoids et l’obésité. Résultats et analyse statistique Les familles ayant un revenu élevé semblaient avoir plus d’enfants en surpoids que les familles à faible revenu (25,5 % contre 16,2 %, p = 0,05). Le travail de la mère était significativement associé à l’excès pondéral (25,5 contre 19,2, p = 0,02). Les enfants avaient deux fois plus de risque d’être en surpoids lorsque les deux parents étaient en surpoids, comparés aux enfants dont les deux parents sont de poids normal (p = 0,001). À l’école, les enfants de poids normal passaient plus de temps à pratiquer du sport que les enfants en surpoids (p = 0,02). Les jours de semaine, les enfants en surpoids passaient plus de temps devant la télévision que les enfants de poids normal (p = 0,04). Le petit-déjeuner était pris plus souvent par les enfants de poids normal que ceux en surpoids (5,2 % contre 49,6 %, p = 0,02). La prévalence du surpoids semblait plus importante chez les enfants jamais allaités (22 % contre 25 %, p = 0,68). La durée moyenne d’allaitement exclusif était plus élevée chez les enfants de poids normal (p = 0,05). Conclusion Notre étude a relevé un manque d’activité physique chez la majorité des enfants en surpoids ou obèses et la place importante de la télévision. Cela indique un changement majeur de mode de vie et confirme que l’Algérie, comme d’autres pays, se trouve confrontée au problème de l’obésité. Les problèmes nutritionnels ne sont plus du seul ordre des carences mais aussi des excès et des déséquilibres. Une politique de prévention active, des investigations plus poussées et une surveillance épidémiologique sont donc désormais nécessaires. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.09.117