_RECHERCHE
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XENOGREFFES
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Douleur acide Une equipe du CNRS de Sophia-Antipolis, dirigee par Ie Pr Michel Lazdunski, vient d'identifier la molecule sensorielle qui per~oit les acidoses generatrices de douleur. Les chercheurs ontegalement isole Ie gime de cette molecule et elucide son mecanismedefonctionnement. Situee dans la membrane des neurones sensoriels, cette molecule, un canal ionique, repondrait I'aciditeen generant un signal electrique, relaye vers la moelle epiniere et Ie cerveau. (Nature [19971 386, 173-171)
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Sur la piste de la grippe espagnole
Dans les anaees 19181919, la grippe espagnoIe tuau plus devingt millions de personnes travers Ie monde. Ouatrevingtans plustard, I'lnstitut de pathologie des Forces armees, Washington, se penche surIe coupable. En anaIysant genetiquement Ie virus present dans du tissu pulmonaire preleve sur une victime et conserve, lls obtiennent un resultat inattendu : Ie virus n'appartient pas, comme on I'avail longtemps cru, un sousgroupe aviaire duvirus dela grippe. II s'agit d'unvirus inconnu lusque-Ia, proche du virus de la « grippe du pore ", une souche qui infecte communement I'homme et Ie pore. (Science [20 mars19971)
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a transplantation d'organes d'animaux a l'homme est une technologie presque mise au point. Dans quelques mois, la premiere « vraie » (avec des chances de succes non negligeables)greffe de cceur de pore chez un etre humain aurait sans doute pu avoir lieu. Pourtant, les resultats recents obtenus par I'equipe de Robin Weiss du Centre de recherche sur Ie cancer de Londres, viennent probablement de differer, l'application des xenogreffes. Ces chercheurs ont montre que certains retrovirus de pore peuvent infecter des cellules humaines in vitro. Deux souches de retrovirus porcins endogenes (PERV), issues de cellules renales, ont ete examinees. L'une d'elles, PERV-MP, a rnontre sa capacite a se repliquer dans un large eventail decellules de mammiferes, y compris des lignees cellulaires humaines telles que des lymphocytes B et T et des fibroblastes fcetaux, En outre, les auteurs ont determine que, chez Ie cochon, des genes de PERV sont presents, en un assez grand nombre de copies, aussi bien au niveau du coeur et des reins que de la rate. D'ou l'idee, pas tres agreable, que des retrovirus porcins pourraient etre transmis par des organes de pore lors d'une transplantation. Le fait que l'homrne ait ere, depuis longtemps, en contact avec des retrovirus de porc domestique sans etre infecte, ne rassure pas toralement. On peut, en effet, imaginer que jusqu'a present, ces virus n'avaient pas un acces approprie aux organes de I'homme. Les choses sont evidernrnent assez differentes lors d'une transplantation: dans ce
cas, ces petites betes seraient directement en contact avec les tissus et fluides de patients imrnunodeprimeso En soi, c'est deja inquietant, De plus, les chercheurs anglais ont rnontre qu'apres un seul passage du PERV-PK sur des cellules humaines, Ie virus infectieux n'est plus sensible a la lyse virale mediee par Ie complement. Risque infectieux, done, merne s'il est encore mal evalue, Risque aussi de cancerogenese puisque ces retrovirus, qui s'integrenr dans I'ADN des cellules de leur hote, peuvent provoquer des cancers. Pour Louis-Marie Houdebine, de l'Inra de jouy-en-josas, membre
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de l'intercomission Inserm chargee de statuer sur les risques infectieux des xenogreffes, ces resultats sont, en fait, plurot rassurants, puisqu'ils permettent de mieux cerner un probleme « qui, nous Ie savions, allait surgir ". Selon lui, il faut maintenant detecter Ie maximum de ces virus et retrovirus afin d'elever des animaux debarrasses d'agents infectieux : « un jour, la probabilite de contamination sera tres faible et les xenogreffes pourront are effectuees". (C Patience [1997] Nature Med, 3, 282-286) UdB
Et pourtant, ~a a I'air de marcher
a greffede neurones mesencephaJiques fllltaux d'origineporcinechez les malades atteints de la maladie de Parkinson semble offrir une alternative prometteuse a la transplantation de cellules nerveuses fllltaies humaines, plus rares. Uneequipe amencaine a realiseI'etude post mortem du cerveau d'un patient traite de cette facon et decede sept mois apres la xltnogreffe d'une affection autreque la maladie neurologique. Premiereconstatation encourageante, les cellulesgreffees ont survecu dans Iecerveau du patient.Desneurones dopaminergiques et d'autrescellules nerveuses porcinesont ete retrouves aux sites d'implantation et ont developpe des axonesversles autresregionscerebrales. De plus, ces neurones porcins sont presentsjusque dans unezoneeloigneede quelques millimeuesde la zone d'implantation. Prudents, les auteursrappellentcependantque la surviede telles greffes dans un cerveauadulte depend de la presencede facteurs trophiques adequats et de la preventiondes phenomenes de rejet. lis ajoutent que I'on ne connaitpas encoreIe nombre exactde neurones dopaminergiques transplantes necessaires au remplacement du systemedopaminergique intrinsequeperdudans la maladiede Parkinson. (T Deacon [1997] Nature Med, 3, 350-353)
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BIOPESTICIDES
Lsis (Bt),
es toxines de Bacillus thuringienune bacterie du sol, sont depuis longtemps utilisees en pulverisation comme biopesticides pour lutter contre les insectes pernicieux destructeurs de recoltes. Elies sont me me produites par des plantes transgeniques cultivees pour la premiere fois a grande echelle aux EtatsVnis, en 1996 (Biofutur [1997], 164, 16-18). Helas, non seulement certains insectes peuvent leur resister mais et c'est ce que viennent de decouvrir des chercheurs americains - un gene unique leur procure une tres forte resistance a quatre toxines de Bt (CrylAa, CrylAb, CrylAc et
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Cry l F}, Les scientifiques ant travaille sur la teigne de cruciferes, Plutella xylostella, seule espece capable de developper une resistance naturelle aux toxines de Bt rna is presente dans Ie
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Bacillus thuringiensis trouve
plus fort que lui.
monde entier, ou elle provoque d'importants ravages, notamment dans les cultures de choux. Les chercheurs ont aussi constate qu'une population d'insectes de laboratoire sensibles aux toxines de Bt comptait 21 % d'individus heterozygotes pour le gene de super-resistance qu'ils avaient decouvert. Petite consolation, ce gene est recessif. Des etudes cornplementaires sont, a l'evidence, necessaires pour evaluer la vitesse de diffusion du caractere dans des conditions naturelles, et la gravite du danger qu'il represente. (B E Tabashnik [1997] PNAS 94, 1640-1644) Catherine Lefrancois