Perception des risques professionnels et psychosociaux au sein de l’ensemble hospitalier militaire parisien

Perception des risques professionnels et psychosociaux au sein de l’ensemble hospitalier militaire parisien

Rec¸u le : 21 juillet 2012 Accepte´ le : 11 septembre 2012 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Me´moire Perception des risques profes...

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Rec¸u le : 21 juillet 2012 Accepte´ le : 11 septembre 2012

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com



Me´moire

Perception des risques professionnels et psychosociaux au sein de l’ensemble hospitalier militaire parisien Perceived psychosocial and occupational risk factors in the Paris Military Hospital Group J.-F. Ferranda,*, J. Trichereaub, C. Verretb, J.-P. Rondierc, P. Vianced, R. Miglianib a Centre de me´decine de pre´vention des arme´es de l’ensemble hospitalier militaire parisien, ˆIlot Be´gin, 69, avenue de Paris, 94163 Saint-Mande´ cedex, France b Centre d’e´pide´miologie et de sante´ publique des arme´es, ˆIlot Be´gin, 69, avenue de Paris, 94163 Saint-Mande´ cedex, France c De´partement de psychiatrie, HIA Percy, BP 406, 101, avenue Henri-Barbusse, 92141 Clamart cedex, France d Service de me´decine de pre´vention du ministe`re de la De´fense, DCSSA/AST, Fort Neuf de Vincennes, cours des Mare´chaux, 75614 Paris cedex 12, France

Summary

Re´sume´

Purpose of the study. The aim of this study was to describe perceived occupational risks and especially psychosocial risks among staff from the Paris Military Hospital Group. We wanted to investigate the associations between psychosocial risk factors and the various types of variables collected in the questionnaire. Method. The study was cross-sectional and used an anonymous selfadministered questionnaire. The questionnaire enabled the collection of sociodemographic data, information concerning the state of health, ergonomics and organization of the work post, and used the Karasek questionnaire in order to identify psychosocial risk factors. Between February and March 2010, 3173 questionnaires were distributed to all civilian and military staff. Results. The participation rate was 54%. The majority of respondents were liable to work weekends (70%) or nights (53%), numerous respondents reported working extra hours without compensation (45%). Concerning ergonomics characteristics, the lowest satisfaction rate concerned situations in which physical or verbal aggression occurred, with only 35% of the staff reporting that they were not subjected to this type of behaviour. A higher frequency of job-strain or iso-strain situations was found among staff whose ergonomic score was unsatisfactory and within the occupational profiles specialized nurse and administrative staff.

Objectif. De´crire les risques professionnels ressentis par les personnels de l’ensemble hospitalier militaire parisien (EHMP), en analysant principalement les facteurs psychosociaux identifie´s ici par les situations de job-strain et d’iso-strain du mode`le de Karasek ; puis e´tudier les relations e´ventuelles entre ces situations a` risque pour la sante´ et les de´terminants recueillis dans le questionnaire. Me´thode. L’e´tude e´tait une enqueˆte transversale. Un auto-questionnaire permettait de recueillir de manie`re anonyme des donne´es sociode´mographiques, des informations relatives a` l’e´tat de sante´ des personnels, a` leur poste et conditions de travail, et d’identifier des facteurs de risques psychosociaux au travail graˆce au mode`le de Karasek. Au total, 3173 questionnaires ont e´te´ distribue´s aux personnels de l’EHMP en fe´vrier et mars 2010. Re´sultats. Le taux de participation e´tait de 54 %. En matie`re de conditions de travail, 70 % des re´pondants travaillaient le week-end, 53 % la nuit et 45 % effectuaient des de´passements d’horaire. Concernant l’ergonomie du poste de travail, le taux de satisfaction le plus faible e´tait obtenu pour l’item « absence d’agression physique ou verbale » (35 %). Une plus grande fre´quence des situations de jobstrain ou d’iso-strain e´tait retrouve´e parmi les personnels dont le score ergonomique e´tait non satisfaisant et au sein des profils infirmier spe´cialise´ et personnel administratif.

* Auteur correspondant. e-mail : [email protected] 1775-8785X/$ - see front matter ß 2013 Publie´ par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2012.12.016 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2013;74:16-33

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Risques professionnels dans les hoˆpitaux militaires parisiens

Conclusion. This study enabled the collection of considerable data on the feelings and perceptions of staff in their workplace and was the first on this scale in military hospital setting. It allowed to identify working situations which could have consequences on the health of staff. ß 2013 Published by Elsevier Masson SAS.

Conclusion. L’enqueˆte sur l’e´valuation des risques professionnels perc¸us au sein de l’EHMP est la premie`re enqueˆte de cette envergure au sein du milieu hospitalier militaire. Elle a permis d’identifier des situations de travail qui pourraient avoir des conse´quences sur la sante´ des personnels. ß 2013 Publie´ par Elsevier Masson SAS.

Keywords: Hospital, Psychosocial risk, Occupational risk

Mots cle´s : Hoˆpitaux, Risques psychosociaux, Risques professionnels

Introduction

Concernant le poste de travail, e´taient recueillis l’anciennete´ dans l’e´tablissement, l’emploi occupe´, le service d’appartenance, les horaires de travail et l’existence de fonctions d’encadrement. Douze questions concernaient plus particulie`rement l’ergonomie et l’organisation du poste de travail, trois questions permettaient aux personnels de donner leur ressenti sur l’exposition aux risques lie´s aux agents chimiques, aux rayonnements ionisants et sur le niveau de se´curite´ au poste. Dans une se´rie de questions, les personnels rapportaient le nombre d’accidents du travail au cours des 12 derniers mois et e´valuaient leur e´tat de sante´ ainsi que le rapport entre ce dernier et leur travail. Les donne´es sur le ve´cu par le personnel, de son travail et de la qualite´ de ses relations avec l’entourage professionnel, ont e´te´ de´crites a` partir d’un outil internationalement utilise´, le questionnaire de Karasek [5]. Les re´ponses a` ses questions permettaient d’identifier des facteurs de risques psychosociaux au travail. Le mode`le de Karasek e´tablit un lien entre le ve´cu du travail et les risques que ce travail fait courir a` la sante´. Il s’appuie sur des questions qui permettent d’e´valuer pour chaque re´pondant :  la latitude de´cisionnelle dont il dispose (marges de manœuvre dont l’agent estime disposer pour peser sur son travail, les possibilite´s d’utiliser et aussi de de´velopper ses compe´tences) ;  le soutien social qu’il rec¸oit sur son lieu de travail (aide dont peut be´ne´ficier l’agent de la part de ses supe´rieurs hie´rarchiques ou de ses colle`gues).

Les personnels qui exercent dans les hoˆpitaux d’instruction des arme´es (HIA) sont expose´s a` une grande varie´te´ de risques professionnels. Comme dans tout e´tablissement de sante´ de taille et de fonction e´quivalentes, ces personnels sont susceptibles d’eˆtre expose´s a` des risques physiques, chimiques ou biologiques. Du fait d’une confrontation permanente avec la maladie ou la mort, ces professionnels de la sante´ sont e´galement susceptibles d’eˆtre plus a` risque de de´velopper des formes d’expression de la souffrance psychique au travail, plus commune´ment de´signe´e par les termes « risques psychosociaux » ou « stress professionnel » [1–4]. Une enqueˆte a donc e´te´ mise en œuvre afin d’appre´cier les risques professionnels ressentis par les agents des HIA a` leur poste de travail et plus particulie`rement les risques psychosociaux. Cette e´tude devrait permettre d’apporter une meilleure connaissance du phe´nome`ne au sein d’un groupe hospitalier qui se distingue du milieu hospitalier civil par des contraintes spe´cifiques lie´es au contexte militaire, en particulier du fait de la disponibilite´ ope´rationnelle.

Population et me´thodes L’e´tude e´tait une enqueˆte transversale exhaustive.

Population La population cible de l’enqueˆte e´tait constitue´e des personnels de l’ensemble hospitalier militaire parisien (EHMP), qui comprend l’HIA Be´gin a` Saint-Mande´, l’HIA Percy a` Clamart et l’HIA du Val-de-Graˆce a` Paris, soit 1807 personnels militaires et 1366 agents civils au 1er janvier 2010 dont 2108 personnels fe´minins et 1065 personnels masculins.

Recueil des donne´es Questionnaire Le recueil des donne´es a e´te´ re´alise´ a` l’aide d’un auto-questionnaire anonyme (annexe). Il permettait de recueillir des informations sociode´mographiques sur l’aˆge, le sexe, le statut matrimonial et le statut civil ou militaire.

Le questionnaire utilise´ pour notre enqueˆte est la version franc¸aise valide´e [6] qui comporte 26 questions (neuf pour la demande psychologique, neuf pour la latitude de´cisionnelle et huit pour le soutien social). Mise en œuvre de l’enqueˆte Cette enqueˆte a fait l’objet d’un projet de recherche clinique soumis fin 2008 a` la direction centrale du service de sante´ des arme´es. Les me´decins-chefs des trois HIA ont donne´ leur accord pour la re´alisation de cette enqueˆte, les avis des commissions d’hygie`ne se´curite´ et conditions de travail (CHSCT) ont e´te´ recueillis avant le de´marrage de l’enqueˆte,

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les personnels des trois HIA ont e´te´ informe´s des conditions de sa mise en œuvre. Le questionnaire a ensuite e´te´ distribue´ par courrier interne a` l’EHMP, a` l’ensemble des personnels. Chaque service recevait un nombre de questionnaires e´quivalent a` son effectif. Ce questionnaire e´tait contenu dans une enveloppe ferme´e accompagne´e d’un courrier explicatif et d’une enveloppe retour pre´-adresse´e au Centre d’e´pide´miologie et de sante´ publique des arme´es (CESPA). Les enveloppes contenant les questionnaires ont e´te´ distribue´es durant les mois de fe´vrier et mars 2010 pour les trois hoˆpitaux. Au total, 3173 questionnaires ont e´te´ adresse´s. La date limite de retour des questionnaires e´tait fixe´e au 30 avril 2010. Les re´sultats de l’enqueˆte sont pre´sente´s globalement pour l’ensemble des trois hoˆpitaux.

Analyses Codage des variables Cate´gorie d’emploi : les cate´gories d’emploi initialement recueillies en 15 items, ont e´te´ regroupe´es afin de faciliter l’analyse des donne´es et de pre´server le caracte`re anonyme des re´ponses. Sept cate´gories ont e´te´ retenues :  les me´decins (regroupant me´decins, chirurgiens-dentistes, psychologues et pharmaciens) ;  les infirmiers (regroupant infirmiers non spe´cialise´s et personnels e´ducatifs ou sociaux) ;  les infirmiers spe´cialise´s (regroupant infirmiers spe´cialise´s et sages-femmes) ;  les personnels me´dicotechniques (regroupant les techniciens me´dicaux et les personnels de re´e´ducation) ;  les personnels techniques ou ouvriers (regroupant les techniciens, ouvriers et agents de service hospitalier) ;  les personnels administratifs ;  les aides-soignants. Profil de travail : une variable « profil de travail » a e´te´ cre´e´e a` partir des diffe´rentes variables relatives au poste de travail, l’anciennete´ dans l’e´tablissement, l’emploi occupe´, le service d’appartenance, les horaires de travail et l’existence de fonctions d’encadrement. Les six profils de travail identifie´s e´taient : administratif, technique-ouvrier, me´dicotechnique, infirmier spe´cialise´, me´decin, infirmier non spe´cialise´ et aidesoignant. Exposition environnementale : cette variable prenait en compte deux risques, les expositions aux produits chimiques et/ou aux rayonnements ionisants. Elle comprenait trois classes, « exposition permanente » si le sujet re´pondait « en permanence » pour au moins une des deux expositions, « exposition fre´quente » s’il re´pondait « souvent » et « exposition rare » s’il re´pondait « parfois » ou « jamais ». Ergonomie : l’ergonomie e´tait explore´e par 12 items (accessibilite´, hauteur du plan de travail, e´clairage, horaires, niveau sonore, de´placements a` pied, maniabilite´ me´canique, confort postural, tempe´rature ambiante, anticipation des moyens

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mate´riels, manutention et absence de situation d’agression physique ou verbale) a` partir desquels une variable « score ergonomique » a e´te´ cre´e´e. Pour chacun des 12 items relatifs a` l’ergonomie, la valeur ze´ro e´tait attribue´e pour toute re´ponse « sans objet », la valeur « 1 » si la re´ponse e´tait « fortement en de´saccord » ou « en de´saccord » et la valeur « 1 » e´tait attribue´e pour les re´ponses « d’accord » ou « tout a` fait d’accord ». Les re´sultats pour les 12 items e´taient ensuite additionne´s, ce qui permettait d’obtenir pour chaque individu un score refle´tant globalement son avis. Les individus e´taient conside´re´s comme non satisfaits de leurs conditions ergonomiques si le score global e´tait ne´gatif. E´tat de sante´ ressenti : pour re´pondre a` la question « Comment jugez-vous votre e´tat ge´ne´ral de sante´ ? », les personnels disposaient des possibilite´s de re´ponse suivantes « tre`s mauvais », « mauvais », « moyen », « bon » et « tre`s bon ». Pour les analyses univarie´es et multivarie´es, l’e´tat de sante´ perc¸u e´tait recode´ comme « bon » si les re´ponses e´taient « bon » ou « tre`s bon », il e´tait recode´ « moyen ou de´grade´ » pour chacune des trois autres modalite´s de re´ponse possible. Risques psychosociaux : dans le questionnaire de Karasek, les re´ponses aux questions sont cote´es de 1 a` 4. Les scores de demande psychologique, de latitude de´cisionnelle et de soutien social ont e´te´ construits suivant les recommandations faites par Karasek [7]. Pour chaque dimension, quand une valeur e´tait manquante elle e´tait remplace´e par la moyenne des autres re´ponses obtenues pour ce sujet, comme le recommandaient Bosma et al. [8]. Si plus d’une re´ponse e´tait manquante pour la dimension conside´re´e, le score n’e´tait pas calcule´. Nous avons utilise´ la me´thode des quadrants propose´e par Karasek pour distinguer les situations de jobstrain et d’iso-strain [7]. Pour chaque dimension, deux niveaux, faible et e´leve´, sont de´termine´s en fonction de la valeur de la me´diane de score dans notre e´chantillon. La situation de jobstrain e´tait de´finie par un score supe´rieur a` la me´diane pour la demande psychologique et infe´rieur a` la me´diane pour la latitude de´cisionnelle. L’iso-strain e´tait de´fini par une situation de job-strain associe´e a` un score infe´rieur a` la me´diane pour le soutien social. Me´thodes statistiques Toutes les analyses statistiques ont e´te´ re´alise´es a` l’aide du logiciel StataW 9 (Statacorp, College station, Texas, E´tatsUnis). Pour les variables quantitatives, les distributions sont donne´es en moyenne, e´cart-type (ET) et valeurs extreˆmes. Pour les variables qualitatives, les re´sultats sont donne´s en pourcentages. Les comparaisons de moyennes ont e´te´ re´alise´es a` l’aide du test de Student, les comparaisons de pourcentages par des tests du Khi2. Afin de re´aliser la variable « profil de travail », une analyse des correspondances multiples (ACM) suivie d’une classification ont e´te´ re´alise´es. L’ACM est une me´thode d’analyse des

Risques professionnels dans les hoˆpitaux militaires parisiens

donne´es adapte´e aux tableaux croisant des individus et des variables qualitatives. Elle permet de substituer aux variables d’origine de nouvelles variables synthe´tiques appele´es « facteurs ». Le principe de cette analyse est de re´sumer l’information sur les facteurs en diminuant le nombre de variables. L’objectif de la classification est de regrouper les individus proches a` partir des « facteurs » retenus lors de l’ACM. Elle permet d’obtenir un arbre hie´rarchique qui sche´matise les regroupements effectue´s. Les groupes obtenus sont ensuite de´crits selon les caracte´ristiques des individus. Les Odds ratio (OR) et leur intervalle de confiance ont e´te´ estime´s par des re´gressions logistiques non conditionnelles, ajuste´es sur l’hoˆpital.

Re´sultats Nous avons rec¸u 1728 questionnaires dont 26 n’e´taient pas exploitables du fait d’un trop grand nombre de donne´es manquantes. Le taux de participation e´tait de pre`s de 54 %. La distribution des re´pondants et des non-re´pondants selon le statut civil ou militaire e´tait significativement diffe´rente. Les militaires e´taient sur-repre´sente´s chez les re´pondants (tableau I). Selon la cate´gorie d’emploi, cette distribution e´tait aussi significativement diffe´rente, les cate´gories infirmier spe´cialise´ et personnel me´dicotechnique e´taient sur-repre´sente´es, la cate´gorie technique-ouvrier e´tait sous-repre´sente´e ainsi que dans une moindre mesure les cate´gories me´decin et aide-soignant (tableau I). L’e´chantillon e´tait constitue´ de 1095 femmes (64,3 %), de 1054 militaires (62,3 %), la majorite´ des re´pondants vivaient en couple (60,7 %, n = 1001). L’aˆge moyen des sujets participant a` l’enqueˆte e´tait de 37 ans (ET 10,1) allant de 18 a` 65 ans. L’anciennete´ dans l’e´tablissement e´tait en moyenne de 8,4 ans (ET 8,2, n = 1591), allant d’un an a` 43 ans d’anciennete´. Une majorite´ des personnels travaillaient de nuit (53,2 %) ou le week-end (69,1 %). Pre`s de la moitie´ des re´pondants de´claraient effectuer des de´passements d’horaires sans

compensation (45,5 %). Parmi les re´pondants, 574 personnels (36 %) de´claraient exercer des responsabilite´s d’encadrement. La cate´gorie de service de soins la plus fre´quente chez les re´pondants e´tait celle des spe´cialite´s me´dicales (n = 488, 31,0 %), avant celle de l’anesthe´sie-re´animation urgences (n = 240, 15,3 %) et les spe´cialite´s chirurgicales (n = 230, 14,7 %). Les laboratoires (n = 97), les de´partements de radiologie et me´decine nucle´aire (n = 95) et la pharmacie (n = 45) constituaient respectivement 6,2 %, 6,1 % et 2,9 % de l’e´chantillon. Les personnels occupant des fonctions administratives (de´partements administratifs, e´conomiques et logistiques) constituaient 23,8 % de l’e´chantillon (n = 373). Six profils de travail avaient e´te´ identifie´s a` partir des variables relatives a` l’« anciennete´ au travail », au « temps et horaires de travail » et aux « emplois et services » :  le profil administratif (n = 289), qui regroupait les personnels administratifs des de´partements e´conomique, logistique et administratif. La plupart ne travaillaient ni la nuit ni le week-end et ils n’exerc¸aient pas de fonctions d’encadrement ;  le profil technique-ouvrier (n = 161), qui regroupait des personnels techniciens ouvriers appartenant aux de´partements e´conomique et logistique qui en majorite´ ne travaillaient ni la nuit, ni le week-end. La part de ceux qui n’effectuaient pas d’astreinte, ni de de´passement d’horaires e´tait majoritaire. Ils n’exerc¸aient pas de responsabilite´ d’encadrement et leur anciennete´ dans l’e´tablissement e´tait supe´rieure a` 12 ans ;  le profil me´dicotechnique (n = 183), qui rassemblait les personnels d’emploi me´dicotechnique des services de radiologie, de pharmacie et les laboratoires qui en majorite´ n’exerc¸aient pas de responsabilite´ d’encadrement, ne travaillaient pas la nuit ou le week-end ;  le profil infirmier spe´cialise´ (n = 105), qui se composait des personnels infirmiers spe´cialise´s en service d’anesthe´siere´animation et en spe´cialite´s chirurgicales. Leurs caracte´ristiques e´taient le travail de nuit et les week-ends, avec des

Tableau I Comparaison des re´pondants et des non-re´pondants selon le statut, le sexe et la cate´gorie d’emploi. Non-re´pondants, n (%) E´chantillon, n (%)

Khi 2

Civil Militaire

637 (37,7) 1054 (62,3)

729 (49,2) 753 (50,8)

42,8

Femme Homme

1095 (67,6) 525 (32,4)

1013 (65,2) 540 (34,8)

2,0

Me´decin Infirmier non spe´cialise´ Infirmier spe´cialise´ Me´dicotechnique Technique-ouvrier Administratif Aide-soignant

211 355 110 195 206 315 198

(13,3) (22,3) (6,9) (12,3) (13,0) (19,8) (12,4)

278 313 39 54 334 294 271

(17,6) (19,7) (2,5) (3,4) (21,0) (18,6) (17,2)

167,9

p < 0,001 0,159 < 0,001

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de´passements d’horaires fre´quents. La plupart exerc¸aient des responsabilite´s d’encadrement ;  le profil me´decin (n = 205), qui comprenait tous les personnels de la cate´gorie emploi me´decin, travaillant dans les services de spe´cialite´s me´dicales, le week-end et le soir avec beaucoup d’astreintes, ils effectuaient toujours des de´passements d’horaires ;  le profil infirmier non spe´cialise´ et aide-soignant (n = 468), qui regroupait les personnels de ces deux cate´gories d’emploi, travaillant en anesthe´sie-re´animation et dans les services de spe´cialite´ me´dicales et chirurgicales. La plupart travaillaient la nuit et les week-ends. Ils n’effectuaient pas d’astreinte. Au total, 1411 personnels avaient pu eˆtre re´partis dans les six profils de travail, pour 291 personnels cela n’avait pas e´te´ possible du fait de donne´es manquantes. Plus de la moitie´ des re´pondants (55 %) de´claraient eˆtre expose´s a` des agents chimiques, dont 26 % en permanence ou souvent. Pour le risque lie´ aux rayonnements ionisants, 46 % des re´pondants de´claraient y eˆtre expose´s dont 19 % en permanence ou souvent. Concernant l’ergonomie du poste de travail, le taux de satisfaction le plus faible e´tait obtenu pour l’item « absence d’agression physique ou verbale » (35 %). L’appre´ciation globale de l’environnement ergonomique, mesure´e par la variable « score ergonomique », e´tait non satisfaisante pour 321 personnels (18,9 %) (tableau II). La plupart des personnels de l’EHMP ayant participe´ a` notre e´tude se de´claraient satisfaits de leur travail (82,6 %). Cependant, 42 % jugeaient aussi que l’influence de ce travail sur leur sante´ e´tait ne´gative. Au sein de l’e´chantillon (n = 1691), la proportion de personnels ayant de´clare´ au moins un accident de travail dans les

Tableau II Perception de l’environnement ergonomique. n (%) Caracte´ristiques ergonomiques (« ceux qui sont satisfaits ») Accessibilite´ Hauteur du plan de travail E´clairage Horaires Niveau de bruit De´placements a` pied Aides me´caniques Confort postural Tempe´rature ambiante Anticipation des moyens mate´riels Manutention Absence d’agression physique ou verbale Score ergonomique Insatisfaisant

20

1452 1270 1243 1243 1226 1086 762 1071 1083 944 757 555

(90) (83) (75) (75) (74) (69) (66) (66) (65) (61) (55) (35)

321 (18,9)

12 derniers mois e´tait de 7,8 %. La proportion d’accidents avec arreˆt e´tait de 3,5 %. A` la question « Vous sentez-vous anxieux ? », 12,5 % des personnels re´pondaient « tout a` fait d’accord », 37,2 % « d’accord », 31,4 % « pas d’accord » et 18,9 % « pas du tout d’accord » (n = 1690). C’est donc pre`s de la moitie´ des personnels qui de´claraient ressentir de l’anxie´te´ (49,7 %). A` la question « Vous sentez-vous de´prime´ ? », 3,4 % des personnels re´pondaient « tout a` fait d’accord », 20,8 % « d’accord », 39,7 % « pas d’accord » et 36,1 % « pas du tout d’accord » (n = 1684). C’est donc pre`s du quart des personnels qui de´claraient se sentir de´prime´s (24,2 %). Lorsqu’il e´tait demande´ aux personnels de juger leur e´tat ge´ne´ral de sante´, 1 % re´pondaient « tre`s mauvais », pour 3,1 % il e´tait juge´ « mauvais », pour 26,9 % « moyen », pour 53,6 % « bon » et pour 15,4 % « tre`s bon ». Pour la suite des analyses, l’e´tat de sante´ a e´te´ regroupe´ en deux cate´gories « bon » comprenant les jugements bon et tre`s bon (69 %), et « moyen ou de´grade´ » qui regroupait les jugements moyen, mauvais et tre`s mauvais (31 %). Pour chacune des dimensions du questionnaire de Karasek, les valeurs des scores sont les suivantes :  latitude de´cisionnelle, moyenne 69,3 (ET 11,1), me´diane a` 70 ;  demande psychologique, moyenne 24,7 (ET 4,7), me´diane a` 25 ;  soutien social, moyenne 23,1 (ET 4,2), me´diane a` 24. Parmi les 1622 sujets pour lesquels nous disposions des scores de latitude de´cisionnelle et de demande psychologique, 423 (26,1 %) re´pondaient a` la de´finition du job-strain. Parmi les 1593 sujets pour lesquels nous disposions des scores de latitude de´cisionnelle, de demande psychologique et de soutien social, 348 (21,9 %) re´pondaient a` la de´finition de l’isostrain. Les moyennes des scores de « demande psychologique » et de « latitude de´cisionnelle » sont repre´sente´es sur le graphique de Karasek, par service, sur la fig. 1. Ce graphique est divise´ en quatre quadrants par les me´dianes de score de latitude de´cisionnelle et de demande psychologique. Au sein des quatre quadrants « de´tendus », « actifs », « passifs » et « tendus », c’est le quadrant « tendus » (faible latitude de´cisionnelle et forte demande psychologique) qui correspond a` la situation de job-strain pour laquelle le risque d’avoir des re´percussions ne´gatives sur la sante´ est le plus fort. Selon le service, deux cate´gories e´taient situe´s dans le cadran job-strain, les « spe´cialite´s chirurgicales » et les « services d’anesthe´sie-re´animation, urgences ». Pour ces services, l’analyse de la re´partition des re´ponses sur l’e´chelle de Likert pour chacune des questions du Karasek indiquait que la demande psychologique e´tait plus particulie`rement augmente´e par le fait de devoir travailler tre`s vite et le fait que les taˆches e´taient souvent interrompues avant d’eˆtre

Risques professionnels dans les hoˆpitaux militaires parisiens

Figure 1. Moyennes des scores de latitude de´cisionnelle et de demande psychologique par service.

acheve´es. Dans la dimension latitude de´cisionnelle, c’e´tait essentiellement le fait de devoir effectuer des taˆches re´pe´titives qui abaissait le score. Le tableau III pre´sente les re´sultats de l’e´tude des de´terminants associe´s au job-strain en analyse multivarie´e. Les variables suivantes e´taient significativement associe´es a` la situation de job-strain :  l’aˆge, par rapport a` la classe d’aˆge supe´rieur a` 40 ans, la fre´quence des sujets en situation de job-strain e´tait plus importante dans la classe d’aˆge 31 a` 40 ans (OR = 1,6 [1,1–2,4]) et dans la classe d’aˆge infe´rieur a` 31 ans (OR = 1,8 [1,2–2,8]) ;  le score ergonomique non satisfaisant (OR = 2,3 [1,7–3,5]) ;  le sentiment d’anxie´te´ (OR = 1,6 [1,1–2,1]) ;  l’effet ne´gatif du travail sur la sante´ (OR = 2,0 [1,5–2,8]) ;  la non-satisfaction au travail (OR = 1,7 [1,1–2,4]) ;  le profil de travail, par rapport aux me´decins (profil de re´fe´rence), la situation de job-strain e´tait plus fre´quente dans tous les autres profils et en particulier dans les profils « infirmier spe´cialise´ » (OR = 4,3 [2,1–8,9]) et « administratif » (OR = 4,9 [2,6–9,4]). Le tableau IV pre´sente les re´sultats de l’e´tude des de´terminants associe´s a` l’iso-strain en analyse multivarie´e.

Les variables suivantes e´taient significativement associe´es a` la situation d’iso-strain :  l’aˆge, par rapport a` la classe d’aˆge supe´rieur a` 40 ans, la fre´quence des sujets en situation d’iso-strain e´tait plus importante dans la classe d’aˆge 31 a` 40 ans (OR = 1,8 [1,2– 2,8]) et dans la classe d’aˆge infe´rieur a` 31 ans (OR = 1,8 [1,1– 2,9]) ;  le score ergonomique non satisfaisant (OR = 2,9 [2,0–4,3]) ;  le mauvais e´tat de sante´ ressenti (OR = 1,6 [1,1–2,3]) ;  l’effet ne´gatif du travail sur la sante´ (OR = 2,1 [1,5–3,0]) ;  la non-satisfaction au travail (OR = 1,9 [1,3–2,9]) ;  le profil de travail, par rapport aux me´decins (profil de re´fe´rence), la situation d’iso-strain e´tait plus fre´quente dans tous les autres profils et en particulier dans les profils « infirmier spe´cialise´ » (OR = 3,6 [1,7–7,8]) et « administratif » (OR = 3,3 [1,7–6,7]).

Discussion La plupart des personnels de l’EHMP ayant participe´ a` notre e´tude se de´claraient satisfaits de leur travail (82,6 %). Cependant, 42 % jugeaient aussi que l’influence de ce travail sur leur sante´ e´tait ne´gative.

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Tableau III Facteurs associe´s au job-strain. Job-strain Oui (n = 287)

Non (n = 846)

Analyse

Analyse

univarie´e

multivarie´e

n

%

n

%

OR

IC95 %

Sexe Homme Femme

84 203

20,7 27,9

322 524

79,3 72,1

1,0 1,5

– 1,1–2,0

ˆ ge (ans) A < 31 [31–40] > 40

117 114 56

29,8 29,1 16,1

276 278 292

70,2 70,9 83,9

2,2 2,1 1,0

1,5–3,2 1,5–3,1 –

Statut matrimonial Seul En couple

124 163

28,4 23,4

312 534

71,6 76,6

1,3 1,0

1,0–1,7 –

Exposition environnementale Permanente Fre´quente Rare

57 78 152

34,5 28,7 21,8

108 194 544

65,5 71,3 78,2

1,9 1,4 1,0

1,3–2,7 1,0–2,0 –

Score ergonomique Non satisfaisant Satisfaisant

99 188

48,1 20,3

107 739

51,9 79,7

3,6 1,0

2,6–5,0 –

Accident du travail Oui Non

34 253

37 24,3

58 788

63 75,7

1,8 1,0

1,2–2,9 –

Sentiment d’anxie´te´ Oui Non

178 109

33,3 18,2

357 489

66,7 81,8

2,2 1,0

1,7–2,9 –

Sentiment de de´pression Oui Non

101 186

40,2 21,1

150 696

59,8 78,9

2,5 1,0

1,9–3,4 –

E´tat de sante´ ressenti Moyen ou de´grade´ Bon

123 164

38,2 20,2

199 647

61,8 79,8

2,4 1,0

1,8–3,2 –

Effet du travail sur la sante´ Ne´gatif Positif ou neutre

183 104

38,3 15,9

295 551

61,7 84,1

3,3 1,0

2,5–4,3 –

Satisfaction au travail Oui Non

202 85

21,4 45,2

743 103

78,6 54,8

1,0 3,0

– 2,2–4,2

15 26 32 34 116

8,4 22 21,8 37,4 29,8

163 92 115 57 273

91,6 78 78,2 62,6 70,2

1,0 3,1 3,0 6,5 4,6

64

30,5

146

69,5

4,8

Profil de travail Me´decin Technique-ouvrier Me´dicotechnique Infirmier spe´cialise´ Infirmier non spe´cialise´ et aide-soignant Administratif

22

p

OR

IC95 %

1,8 1,6 1,0

1,2–2,8 1,1–2,4 –

1,5 1,1 1,0

1,0–2,4 0,8–1,7 –

2,3 1,0

1,7–3,5 –

1,6 1,0

1,1–2,1 –

2,0 1,0

1,5–2,8 –

1,0 1,7

– 1,1–2,4

– 1,5–6,1 1,6–5,8 3,3–12,8 2,6–8,2

1,0 2,4 2,6 4,3 3,3

– 1,1–5,1 1,3–5,2 2,1–8,9 1,8–6,0

2,6–8,7

4,9

2,6–9,4

p

0,01

< 0,001

0,02

0,06

0,001

0,15

< 0,001

< 0,001

0,01

< 0,001

0,01

< 0,001

< 0,001

< 0,001

< 0,001

< 0,001

0,01

< 0,001

< 0,001

Risques professionnels dans les hoˆpitaux militaires parisiens

Tableau IV Facteurs associe´s a` l’iso-strain. Iso-strain Oui (n = 236)

Non (n = 878)

Analyse

Analyse

univarie´e

multivarie´e

n

%

n

%

OR

IC95 %

Sexe Homme Femme

74 162

18,5 22,7

325 553

81,5 77,3

1,0 1,3

– 0,9–1,7

ˆ ge (ans) A < 31 [31–40] > 40

94 99 43

24,2 25,8 12,5

294 284 300

75,8 74,2 87,5

2,2 2,4 1,0

1,5–3,3 1,6–3,6 –

Statut matrimonial Seul En couple

104 132

24,1 19,3

327 551

75,9 80,7

1,3 1,0

1,0–1,8 –

Exposition environnementale Permanente Fre´quente Rare

51 61 124

32,1 22,9 18

108 205 565

67,9 77,1 82

2,2 1,4 1,0

1,5–3,2 1,0–1,9 –

Score ergonomique Non satisfaisant Satisfaisant

90 146

45 16

110 768

55 84

4,3 1,0

3,1–6,0 –

Accident du travail Oui Non

29 207

32,6 20,2

60 818

67,4 79,8

1,9 1,0

1,2–3,1 –

Sentiment d’anxie´te´ Oui Non

146 90

27,9 15,3

378 500

72,1 84,7

2,1 1,0

1,6–2,9 –

Sentiment de de´pression Oui Non

83 153

33,7 17,6

163 715

66,3 82,4

2,4 1,0

1,7–3,3 –

E´tat de sante´ ressenti Moyen ou de´grade´ Bon

105 131

33,5 16,4

208 670

66,5 83,6

2,6 1,0

1,9–3,5 –

Effet du travail sur la sante´ Ne´gatif Positif ou neutre

155 81

33,3 12,5

311 567

66,7 87,5

3,5 1,0

2,6–4,7 –

Satisfaction au travail Oui Non

159 77

17,1 41,8

771 107

82,9 58,2

1,0 3,5

– 2,5–4,9

14 23 28 30 93

8 19,8 19,3 33,3 24,4

161 93 117 60 288

92 80,2 80,7 66,7 75,6

1,0 2,8 2,8 5,8 3,7

48

23,2

159

76,8

3,5

Profil de travail Me´decin Technique-ouvrier Me´dicotechnique Infirmier spe´cialise´ Infirmier non spe´cialise´ et aide-soignant Administratif

p

OR

IC95 %

1,0 0,7

– 0,5–1,1

1,8 1,8 1,0

1,1–2,9 1,2–2,8 –

1,7 1,0 1,0

1,0–2,6 0,6–1,5 –

2,9 1,0

2,0–4,3 –

1,6 1,0

1,1–2,3 –

2,1 1,0

1,5–3,0 –

1,0 1,9

– 1,3–2,9

– 1,4–5,8 1,4–5,5 2,9–11,6 2,1–6,7

1,0 1,7 2,2 3,6 2,3

– 0,8–3,7 1,1–4,6 1,7–7,8 1,2–4,5

1,8–6,5

3,3

1,7–6,7

0,1

p 0,1

< 0,001

0,02

0,06

< 0,001

0,06

0,001

< 0,001

0,01

< 0,001

< 0,001

< 0,001

0,001

< 0,001

< 0,001

< 0,001

0,001

< 0,001

0,01

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J.-F. Ferrand et al.

Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2013;74:16-33

En matie`re de conditions de travail, les horaires atypiques, le travail de nuit et les de´passements d’horaire sans compensatione´taient fre´quemment de´clare´s (70 % pour le travail le weekend, 53 % pour le travail de nuit et 45 % pour les de´passements d’horaire). Concernant l’ergonomie du poste de travail, les taux les plus faibles e´taient obtenus pour les items « anticipation des moyens mate´riels » (61 %), « manutention » (55 %) et « absence d’agression physique ou verbale » (35 %). Les re´sultats de l’e´valuation de l’e´tat de sante´ des personnels ont e´te´ obtenus graˆce a` des donne´es quantitatives comme la fre´quence de´clare´e des accidents du travail (7,8 %, 24 jours d’arreˆt en moyenne dans les 12 derniers mois) et a` des donne´es de perception comme le sentiment d’anxie´te´ (49,7 % des personnels), le sentiment de de´pression (24,2 % des personnels) ou l’e´tat de sante´ perc¸u par les personnels. L’e´tat de sante´ qui e´tait perc¸u moyen ou de´grade´ e´tait rapporte´ par 31 % des participants. Les risques psychosociaux ont e´te´ analyse´s a` partir des situations de job-strain (travail tendu) et d’iso-strain (travail tendu en situation d’isolement social) ve´cues par les personnels. Dans le quadrant « tendu », c’est-a`-dire en situation de jobstrain, se trouvaient 26 % de nos personnels. Les personnels des services chirurgicaux, des urgences et d’anesthe´sie-re´animation pre´sentaient la plus forte proportion de sujets en situation de job-strain. La situation d’iso-strain concernait 22 % des personnels de notre e´chantillon. Parmi les variables associe´es au job-strain ou a` l’iso-strain, certaines e´taient communes aux deux situations, il s’agissait des personnels de moins de 40 ans, de ceux qui n’e´taient pas satisfaits de leur travail, qui jugeaient ne´gative l’influence du travail sur leur sante´ et de ceux dont le score ergonomique e´tait non satisfaisant. Une plus grande fre´quence de ces situations e´tait retrouve´e principalement au sein des profils « infirmier spe´cialise´ » et « administratif ». Le sentiment d’anxie´te´ e´tait spe´cifiquement lie´ au job-strain alors que le ressenti d’un e´tat de sante´ de´grade´ l’e´tait avec l’iso-strain.

Limites et avantages de l’e´tude Le taux de participation de 54 % peut eˆtre conside´re´ comme relativement satisfaisant. Parmi les causes identifie´es de nonparticipation, on retrouvait l’absence de certains personnels (maladie, formation, missions. . .) et le refus de participer en raison d’un doute sur le caracte`re anonyme de l’enqueˆte. Ce doute s’est trouve´ renforce´, lorsque les personnels ont ouvert l’enveloppe, par la pre´sence en haut a` droite de chaque page du questionnaire d’un nume´ro d’identifiant propre a` chaque questionnaire et destine´ a` fiabiliser la saisie. Certains ont cru qu’ils pouvaient eˆtre trace´s a` partir de ce nume´ro et ont alerte´ les syndicats. Par la suite, des repre´sentants des syndicats ont e´te´ invite´s a` assister aux travaux de saisie des donne´es afin de lever le doute sur le respect de l’anonymat, cependant il est fort probable que cet e´pisode ait fait baisser le taux de

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participation et plus particulie`rement au sein des personnels civils. D’ailleurs, la comparaison des re´pondants aux nonre´pondants a montre´ que les militaires e´taient sur-repre´sente´s dans notre e´chantillon. Selon la cate´gorie d’emploi, les infirmiers spe´cialise´s et le personnel me´dicotechnique e´taient aussi sur-repre´sente´s. Au contraire, les cate´gories techniqueouvrier, me´decin et aide-soignant e´taient sous-repre´sente´es (en faveur d’un biais de se´lection). Ce type de biais a aussi e´te´ favorise´ par la pre´sence au sein des questionnaires retourne´s de donne´es manquantes en particulier sur les 26 items du Karasek, entraıˆnant une diminution de 35 % des questionnaires analysables. Le mode d’interrogatoire, par auto-questionnaire, pouvait aussi conduire a` des biais de de´claration. Les consommations de produits comme l’alcool sont en ge´ne´ral sous-de´clare´es du fait d’un biais de de´sirabilite´ sociale [9] (tendance a` re´pondre ce qui est valorise´ socialement [10]), meˆme si ce biais a e´te´ probablement limite´ du fait du caracte`re anonyme du questionnaire. D’autres re´ponses ont au contraire fait l’objet d’une sur-de´claration. Lorsque l’on compare l’exposition environnementale de´clare´e (risques chimiques et rayonnements ionisants) aux donne´es du document unique d’e´valuation re´dige´ sous la responsabilite´ du chef d’organisme ou aux fiches d’e´tablissements re´dige´es par les me´decins de pre´vention, nous constatons une sur-de´claration de ces risques. En effet, d’apre`s ces documents, l’exposition aux produits chimiques concerne effectivement 25 % de l’effectif de l’EHMP (55 % dans l’e´tude) et 16 % pour les rayonnements ionisants (46 % dans l’e´tude). L’e´valuation des risques psychosociaux ne pre´sentait pas les meˆmes difficulte´s puisque par nature leur perception est subjective, propre a` chaque individu et variable selon le temps pour un meˆme individu. Le mode`le de Karasek retenu pour leur e´valuation pre´sente plusieurs avantages. Ce mode`le est le plus re´pandu dans le champ de l’e´tude de la sante´ au travail [11–15]. De plus, cet outil est traduit en franc¸ais et son utilisation lors de l’enqueˆte de surveillance me´dicale des risques en 2003 (SUMER 2003) a permis de ve´rifier ses qualite´s psychome´triques sur une population franc¸aise afin d’e´viter les biais culturels tout en cre´ant un e´talonnage de re´fe´rence qui sert de base de comparaison pour d’autres e´tudes [6]. Enfin, plusieurs e´tudes ont mis en e´vidence l’association entre les situations de job-strain ou d’iso-strain et les maladies cardiovasculaires [16], les troubles musculosquelettiques (TMS) [17,18] et les maladies mentales [19].

Comparaisons avec les donne´es de la litte´rature et interpre´tation des re´sultats Les conditions de travail En matie`re d’horaires atypiques, au sein du secteur hospitalier public en 2006, 60 % des salarie´s sont amene´s a` travailler le week-end (EHMP 70 %), 25 % de l’ensemble des salarie´s travaillent la nuit dont 40 % des me´decins et des

Risques professionnels dans les hoˆpitaux militaires parisiens

infirmie`res (EHMP 53 %) et 31 % de´clarent des de´passements d’horaires fre´quents (EHMP 45 %) [20]. Ces valeurs plus importantes dans notre e´tude peuvent eˆtre explique´es par la sur-repre´sentation des militaires. En effet, au sein des HIA, les cate´gories d’emplois qui effectuent le plus de gardes de nuit ou de week-end, comme les me´decins ou les infirmiers, sont dans 90 % des cas sous statut militaire. Quant aux personnels sous statut civil, ils appartiennent essentiellement aux emplois me´dicotechniques, ouvriers, techniciens et administratifs qui de part leurs fonctions effectuent moins souvent des gardes. La proportion e´leve´e de de´passements d’horaires sans compensation est aussi probablement lie´e au statut militaire qui selon l’article L4111-1 du Code de la de´fense implique une exigence de disponibilite´. A` vise´e comparative, l’ergonomie du poste de travail a e´te´ mesure´e a` l’aide des 12 items utilise´s lors d’une enqueˆte re´alise´e en 2005 au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes [21]. A` l’exception des items « confort postural », « hauteur du plan de travail » et « manutention », les re´ponses aux autres items sont significativement diffe´rentes selon le complexe hospitalier. Pour la plupart de ces re´ponses, le taux de satisfaction est supe´rieur au sein de l’EHMP, excepte´ pour les items « horaires de travail » et « absence de situation d’agression physique ou verbale ». Pour ce dernier item, la situation qui n’e´tait de´ja` pas satisfaisante au CHU de Nantes (52 % des re´pondants ayant subi des agressions physiques ou verbales), l’e´tait encore moins a` l’EHMP ou` 65 % de notre e´chantillon de´claraient des situations d’agression. Ce chiffre est cohe´rent avec les donne´es du rapport sur les conditions de travail dans les e´tablissements de sante´ en 2003 dans lequel 71 % du personnel de´claraient eˆtre expose´s a` des agressions verbales et 54 % de´claraient avoir subi des agressions physiques [22]. La manutention faisait aussi parti des items les moins satisfaisants, respectivement 55 % de personnels satisfaits a` l’EHMP et 52 % au CHU de Nantes. Dans l’enqueˆte PresstNext (Promouvoir en Europe Sante´ et satisfaction des Soignants au Travail - Nurses Early Exit Study) aupre`s des personnels travaillant en milieu de soins en France, la manutention de charges lourdes e´tait conside´re´e comme satisfaisante par 48 % des personnels interroge´s, cette valeur baissait a` 38 % pour les aide-soignants et les agents de service hospitalier [23]. L’e´valuation de l’e´tat de sante´ En de´pit de son caracte`re ge´ne´ral et de la subjectivite´ dont elle semble relever, la sante´ perc¸ue au travers d’une seule question apparaıˆt comme un indicateur synthe´tique pertinent de l’e´tat de sante´ [24]. Ainsi, en France en 2009, 69 % de la population aˆge´e de plus de 15 ans se de´claraient en bonne ou en tre`s bonne sante´, proportion identique a` celle de notre e´tude [25]. Cette appre´ciation e´tait similaire aux donne´es

re´centes relatives a` la sante´ des personnels en milieu hospitalier civil [26–28]. Le recueil d’un sentiment de de´pression pour 24 % de notre e´chantillon, contre 11 % en population ge´ne´rale en 2003 [29], participait aussi a` l’e´valuation de l’e´tat de sante´. Cette pre´valence e´leve´e est e´galement observe´e chez des travailleurs en milieu de soins, l’e´tude ORSOSA (Cohorte organisation des soins-sante´) mene´e de 2006 a` 2008 aupre`s des personnels soignants de sept CHU franc¸ais observe une pre´valence de l’humeur de´pressive chez 30 % des aide-soignants et chez 22 % des infirmiers [27]. Cette meˆme e´tude ORSOSA a aussi e´value´ l’anxie´te´ des soignants en cherchant a` mesurer un trait anxieux sur une e´chelle qui allait de 20 a` 80 [27]. La valeur moyenne obtenue pour l’ensemble des soignants (38,4) est plutoˆt mode´re´e mais difficilement comparable a` la proportion de personnels de notre e´chantillon qui se de´claraient anxieux (49,7 %). Parmi les causes possibles d’une sante´ perc¸ue de´grade´e, les re´sultats de l’enqueˆte Presst-Next en France montrent que 53 % des soignants se de´clarent fatigue´s, 31 % se de´clarent e´puise´s physiquement et 27 % e´motionnellement e´puise´s [26] ; 25 % de´clarent des troubles de la sante´ mentale dont deux sur cinq ont ne´cessite´ un suivi me´dical et 56 % de´clarent des TMS dont la moitie´ avec suivi me´dical [23]. Les risques psychosociaux La proportion de 26 % de personnels en situation de job-strain de´coule de la manie`re dont fonctionne le mode`le de Karasek. Le job-strain est de´fini a` partir des me´dianes de la demande psychologique et de la latitude de´cisionnelle, et regroupe donc par construction environ un quart de l’e´chantillon e´tudie´. Par dimension, les me´dianes dans notre e´chantillon sont proches de celles mesure´es lors de l’enqueˆte SUMER 2003 (latitude de´cisionnelle a` 70,3, demande psychologique a` 21 et soutien social a` 23,3) [30] et au CHU de Nantes en 2005 (latitude de´cisionnelle a` 70, demande psychologique a` 24,5 et soutien social a` 23) [21], en particulier pour la latitude de´cisionnelle. Pour la demande psychologique, le score mesure´ dans les deux ensembles hospitaliers est supe´rieur a` celui de SUMER 2003 [30]. En matie`re de soutien social, le meilleur score est observe´ dans l’EHMP, le plus faible au CHU de Nantes [21]. Cette e´valuation des facteurs de risque psychosociaux soulignait par rapport aux salarie´s franc¸ais de l’e´tude SUMER 2003 [30], le niveau plus e´leve´ de charge mentale des personnels de l’EHMP (me´diane de demande psychologique mesure´e pour l’EHMP a` 25 et a` 21 au sein de SUMER 2003). Ensuite, au travers des situations de job-strain et d’isostrain, elle mettait en lumie`re a` l’exception du profil me´decin, les autres personnels soignants et plus particulie`rement les infirmiers spe´cialise´s (OR = 4,3 [2,1–8,9]). Ces re´sultats confirmaient ceux des pre´ce´dentes enqueˆtes en milieu

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J.-F. Ferrand et al.

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hospitalier, ainsi au CHU de Nantes les personnels administratifs, les aide-soignants et les infirmiers non spe´cialise´s et spe´cialise´s apparaissaient dans le quadrant job-strain [21]. En population ge´ne´rale, dans l’enqueˆte SUMER 2003, les aide-soignants e´taient en situation de job-strain et les infirmiers dans le quadrant actif, les administratifs se re´partissaient entre les quadrants actif (secre´taire de direction, employe´ fonction publique cate´gorie B) et job-strain (secre´taire, employe´ fonction publique cate´gorie C) [30]. En plus des soignants, l’analyse de notre e´chantillon soulignait au travers du profil « administratif » une autre population particulie`rement a` risque (OR = 4,9 [2,6–9,4] pour le jobstrain et OR = 3,3 [1,7–6,7] pour l’iso-strain). Nos re´sultats permettaient aussi de mettre en e´vidence l’association statistique entre un mauvais score ergonomique et les situations de job-strain et d’iso-strain (respectivement OR = 2,3 [1,7–3,5] et OR = 2,9 [2,0–4,3]).

Conclusion L’enqueˆte sur l’e´valuation des risques professionnels et la charge mentale perc¸ue au sein de l’EHMP est la premie`re enqueˆte de cette envergure au sein du milieu hospitalier militaire. Elle a permis d’identifier des situations de travail qui peuvent avoir des conse´quences sur la sante´ des personnels. Des ame´nagements dans le domaine ergonomique et psychosocial pourraient ame´liorer l’environnement de travail des personnels et pre´venir l’alte´ration de leur sante´. Les

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efforts devraient porter sur les trois items du score ergonomique qui n’e´taient pas satisfaisants, l’anticipation des moyens mate´riels, la manutention et les situations d’agression physique ou verbale. Les actions de pre´vention du risque psychosocial pourraient cibler en priorite´ les emplois (infirmiers spe´cialise´s, administratifs) et les services identifie´s comme les plus a` risque (anesthe´sie-re´animation urgences et spe´cialite´s chirurgicales) en recherchant dans l’organisation du travail, d’une part, les causes d’interruption des taˆches et, d’autre part, les taˆches re´pe´titives qui pourraient eˆtre diversifie´es. La re´flexion autour des re´sultats de cette e´tude doit eˆtre prolonge´e au sein des instances en place dans chacun des HIA de la re´gion parisienne (comite´ d’hygie`ne de se´curite´ et des conditions de travail et commission de pre´vention des risques psychosociaux). A` l’avenir, d’autres enqueˆtes pourraient eˆtre envisage´es ; d’une part, au sein de l’EHMP, afin d’e´valuer l’impact des mesures d’ame´lioration mises en œuvre ; d’autre part, hors de l’EHMP, pour re´aliser une e´valuation dans les HIA en province. En particulier, ont-ils le meˆme niveau de situations d’agressions physiques ou verbales ? Le niveau de soutien social est-il le meˆme en province (fre´quence du ce´libat ge´ographique plus importante en re´gion parisienne) ?

De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.

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Annexe

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