Les espaces verts bons pour la santé et l’équité sociale De nombreuses études ont suggéré que vivre à proximité d’espaces verts peut conférer un bénéfice en termes de santé, tant du point de vue de la mortalité, que de la morbidité cardiovasculaire et des comportements de santé. La présence d’espaces verts pourrait notamment encourager l’activité physique, apaiser le stress et favoriser de façon générale les comportements sains. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne que les conditions économiques et les revenus exercent aussi un impact majeur sur la santé des populations étudiées. Partant de ces notions, des chercheurs écossais ont voulu voir si les inégalités de santé liées au revenu pouvaient être modulées selon l’exposition des sujets à des espaces verts. Cette vaste étude a concerné l’ensemble de la population anglaise avant l’âge de la retraite (n = 40 813 236), qui a été classée en 2001 en 4 groupes selon leurs revenus et en 5 groupes selon leur exposition à des espaces verts (hors jardins privatifs). Les registres de mortalité ont ensuite été analysés sur une période de 4 ans (20012005, 366 348 décès), afin d’estimer l’impact respectif des deux variables initiales sur la mortalité globale ou plus spécifique (accident cardiovasculaire, cancer du poumon, suicide). L’association entre le niveau des revenus et la mortalité était significativement différente selon le niveau d’exposition aux espaces verts (p < 0,0001). Ainsi, dans les zones les moins vertes, la mortalité globale était quasiment doublée dans la population la plus pauvre, comparée à la plus riche (RR = 1,93, IC 95 % = [1,86 ; 2,01]), tandis que ce ratio passait à 1,43 (IC 95 % = [1,34 ; 1,53]) dans les zones les plus vertes. Si l’on analyse les causes spécifiques de décès, cette amélioration que peuvent amener les espaces verts sur l’inégalité sociale vis-à-vis de la santé est surtout vraie pour la mortalité d’origine cardiovasculaire, puisqu’elle est non retrouvée dans les deux autres pathologies contrôles analysées : cancer pulmonaire ou suicide. Les auteurs recommandent en conclusion un aménagement adapté de l’environnement pour promouvoir les bons comportements de santé dans toutes les catégories socioéconomiques et réduire ainsi les inégalités sociales vis-à-vis de la santé.
Mitchell R, Popham F. Lancet 2008;372(9650):1655-60.
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Tuberculoses à résistance extrême : recours à la seconde intention Les formes de tuberculose à résistance extrême (M/XDR-TB, appellation OMS), aggravation de la tuberculose à bacille multi-résistant (MDR-TB), sont signalées dans 45 pays au moins depuis les premiers rapports mentionnant leur existence en 2006. Elles se définissent par une résistance à au moins deux molécules comme l’isoniazide et la rifampicine, associée à une résistance à 3 des autres 6 classes d’antituberculeux de seconde ligne. Ces résistances étendues ont été démontrées sur 10 % des souches multi-résistantes collectées dans le monde entier. L’isoniazide et la rifampicine représentent les molécules de choix d’un traitement antituberculeux classique. La résistance à ces deux molécules, qui définit la tuberculose multi-résistante (MDR-TB), est associée à une probabilité moindre de guérison. Les traitements disponibles pour ces tuberculoses à résistance étendue se basent sur des molécules de seconde intention comme les fluoroquinolones et les agents injectables telles l’amikacine, la capréomycine et la kanamycine. Une étude réalisée aux États-Unis permet de mieux décrire la prise en charge de
ces tuberculoses à résistance extrême dans une population péruvienne particulièrement touchée. Au total, plus de 800 patients ont été traités pour tuberculose, par un traitement médicamenteux ou une chirurgie de résection. Les mycobactéries isolées chez 650 de ces sujets ont été testées afin de rechercher la présence éventuelle d’une résistance étendue aux antituberculeux. L’ensemble des patients a reçu de ce fait un traitement auquel le bacille n’était pas résistant. Les résultats montrent que sur l’ensemble des 650 patients étudiés, 7 % présentent une résistance extrême aux antituberculeux. Les patients à résistance extrême ont bénéficié d’un traitement plus intensif, avec une molécule de plus en moyenne que les autres patients (4,2 versus 3,2), incluant entre autre une fluoroquinolone, un antibiotique injectable et la cyclosérine. Les isolats sont résistants à un nombre plus important de molécules antituberculeuses : 8,4 en moyenne contre 5,3. Aucun de ces patients n’était co-infecté par le VIH. Grâce à un traitement adapté.
Mitnick C, Shin S. NEJM 2008;359:563-74.
Vaccin poliovirus oral monovalent En 1988, l’Assemblée mondiale de la santé émettait le souhait d’éradiquer tous les cas de poliomyélite dans le monde d’ici l’année 2000. De nombreux progrès ont certes été réalisés dans l’éradication de cette pathologie grâce à l’utilisation du vaccin oral trivalent, et le nombre de pays où la circulation du poliovirus se poursuit a considérablement diminué, puisqu’il est passé de 125 en 1988 à 5 en 2005. Dans le même temps, le nombre de cas de poliomyélite a diminué de plus de 99 %. Néanmoins, l’éradication totale est loin d’être encore obtenue. Le dernier cas documenté de transmission du virus poliomyélitique sauvage de type 2 a été signalé en Inde en octobre 1999. Le dernier isolement de poliovirus de type 1 a été rapporté en Égypte en janvier 2005. Durant la seconde moitié de l’année 2007, les poliovirus de type 1 continuaient à circuler dans cinq pays d’Afrique : Angola, Tchad, République démocratique du Congo, Niger et Soudan. Au cours de l’année 2008, des poliovirus de type 1 et 3 sévissaient de manière endémique en Afghanistan, Inde, Niger et Pakistan. Depuis 2004, l’OMS avait insisté sur la nécessité de développer de nouvelles
// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MAI 2009 - N°412
stratégies vaccinales, en particulier un vaccin poliovirus oral monovalent de type 1, beaucoup plus immunogène. Une étude a de ce fait été réalisée en Égypte afin de comparer l’immunogénicité de ce nouveau vaccin monovalent oral par rapport au vaccin poliovirus trivalent oral existant. La moitié des 500 sujets de cette étude ont donc reçu à la naissance de manière aléatoire soit une dose du vaccin poliovirus oral monovalent, soit le vaccin trivalent oral. Un mois après la naissance, une dose unique de vaccin monovalent oral de type 1 a été administrée à l’ensemble des sujets. Un mois après l’administration du vaccin, les résultats montrent que le taux de séroconversion vis-à-vis du poliovirus de type 1 est de 55 % dans le groupe recevant le vaccin monovalent et de 32 % seulement dans le groupe du vaccin trivalent. Le vaccin poliovirus oral monovalent de type 1 semble donc avoir une efficacité supérieure à celle du vaccin trivalent, du fait d’une synthèse supérieure des anticorps vis-à-vis du poliovirus de type 1.
El-Sayed N, El-Gamal Y. NJEM 2008;359:165565.