A Propos de Deux Cas de
Siliconites
Pr6coces
F. MOUTET 1, Ch. SARTORIUS 2, Ch. L E B R U N 1
M O U T E T F., S A R T O R I U S Ch., L E B R U N Ch. - - A p r o p o s de deux cas de <
M O U T E T F., S A R T O R I U S Ch., L E B R U N Ch. - - Early silicone synovitis of the wrist. A report of two cases. (In French). A n n Clair M a i n , 1988, 7, n ° 1, 67-71.
RI~SUM/~ • Les auteurs rapportent deux cas de ~
SUMMARY : Two cases of early silicone synovitis, 12 and 18 months after surgery for partial scaphoid implant arthroplasty (Swanson design) are reported. None of the implants had been fixed by Kirschner wire or sutured to the radius or an other carpal bone. Both implants had been immobilized for six weeks. Initially the result in both cases was good. Pain and loss of range of movement gradually increased, and a large erosive osteolytic defect of the radius was seen on the X-ray after 12 months for the first case and 18 months for the second one. Surgical revision consisted of implant removal, synovectomy with a proximal row carpectomy in the first case and a soft tissue interposition arthroplasty for the second one. The histologic examination showed a foreign body reaction with birefringent material in multinucleated giant cells. All reports about this type of silicone implant complication emphazises the role of compression forces and microfragmentation of the silicone. Should we continue to perform partial scaphoid implant arthroplasty from whom microparticles are creating a severe foreign body reaction ?
M O T S - C L I ~ S : I m p l a n t . - - Silicone. - - R 6 a c t i o n c o r p s 6tranger. - - Siliconite.
KEY-WORDS : Implant. -reaction. - - Silicone synovitis.
Silicone.
--
Foreign
body
INTRODUCTION L'apparition, il y a pros de 25 ans, des implants en silicone a r6volutionn6 le traitement de l'arthrose post-traumatique du poignet, notamment au niveau du scaphoide.
1. Unit( de Chirurgie R~paratrice de la Main et des Bral~s (D r F. Moutet), CHRU de Grenoble, BP 217, 38043 GRENOBLE. 2. 28, rue Gay Lussac, 38000 GRENOBLE. Manuscrit re~:u a la RddacUon le 16 septembre 1986.
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Fig. 1. - - a) Pseudarthrose du scapho'ide droit avec arthrose periscapho'idienne, b) Implant partiel de scapho'ide mis en place, c) Clich(~ de contr61e a 1 an post-op(~ratoire (noter la geode dans I'extremite inferieure du radius et la deformation de I'implant). d) Apres r(~section de la premiere rangee des os du carpe.
Fig. 1. - - a) Scaphoid non union with periscaphoid arthritis, b) Partial implant arthroplasty, c) X-ray one year post-operative (Notice the defect in the distal end of the radius and the deformation of the implant, d) X-ray after a first row carpectomy.
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Fig. 2. - - a) Pseudarthrose corporeale haute du scapho'='de gauche, b),lmplant partiel en place. c) Cliche 1 an et demi post-operatoire, d) Cliche apres ablation de I implant et interposition tendineuse.
Fig. 2. - - a) Non union of the left scaphoid, b) Partial implant arthroplasty, c) X-rays eighteen months post-operative, d) X-rays after implant removal and soft tissue interposition.
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Comme le souligne son cr6ateur A.B. Swanson, cette mdthode permet, th6oriquement, de supprimer la douleur tout en conservant la stabilit6, la force et la mobilit6 de l'articulation du poignet. Lorsque l'int6grit6 de la partie basse du scaphoide l'autorise, la raise en place d'un implant partiel taill6 dans un implant complet permet de moins d6sdquilibrer la premiere colonne. Cette m6thode s6duisante expose th6oriquement moins aux complications habituelles des implants complets (essentiellement type de luxation) [2, 5J. Depuis peu se multiplient les communications sur un nouveau type de complications : les <,. Elles correspondent h une r6action ~ corps 6tranger vis-a-vis des particules de silicone lib6r6es par l'implant. Nous en rapportons deux cas ayant compliqu6 de fagon prdcoce la mise en place d'un implant partiel de scaphoide.
CAS I~TUDII~S Cas 1
I1 s'agit d'un agent EDF de 52 ans victime d'une fracture corpor6ale basse [8] du scaphoi'de gauche en 1965. La pseudarthrose avait 6t6 diagnostiqu6e et trait6e en 1970 par une op6ration type Matti-Russe suivie d'une stylo~dectomie radiale en 1983. Le patient n'est vu qu'en janvier 1985. I1 est en pseudarthrose avec une arthrose radio-scaphoidienne s6v6re (fig. la). Un implant partiel taill6 dans un implant de scaphoide type Swanson n o 3 (Silastic H.P.) est alors mis en place (fig. lb). A 6 mois le r6sultat est bon, le poignet stable indolore et fonctionnel avec une flexion h 55°, une extension h 35" et une force h 75 % du c6t6 oppos6. Le patient est satisfait. Celui-ci est revu 6 mois plus tard (soit h un an post-opdratoire) avec un poignet douloureux et une altdration fonctionnelle apparue depuis quelques semaines. La radiographie met en 6vidence une volumineuse g6ode dans l'extr6mit6 infdrieure du radius (fig. lc). On rdalise alors l'ablation de l'implant associ6e au curetage de la cavit6 radiale et h la r6section de la premiere rang6e des os du carpe (fig. ld). Ici comme souvent lorsque ce type de r6section arthroplastique du carpe est rdalis6e en deuxieme intention, le r6sultat h 10 mois s'av~re d6cevant [4]. Cas 2
I1 s'agit d'un m6canicien de 20 arts, op6r6 pour pseudarthrose d'une fracture corpor6ale haute [8] du scapho~de gauche (fig. 2a) en ddcembre 1983. Le r6sultat de la mise en place d'un implant partiel de scaphoi'de (fig. 2b) de mSme nature et selon les m4mes modalit6s que pr6c6demment 6tait, ~ 6 mois, excellent avec un poignet stable et indolore permettant la reprise du travail sans gSne. A partir du douzi~me mois le r6sultat se d6grade et rdapparaissent des douleurs et une gSne fonctionnelle marqu6e. La radiographie de mai 1985, 18 mois apr6s la raise en place de l'implant partiel, objective lgt encore une volumineuse g6ode darts l'extr6mit6 infdrieure du radius (fig. 2c).
Fig. 3. ~ Reaction a corps (~tranger apres inclusion et corps refringent, Fig. 4. - - Usure de I'implant (cas n ° 1), Fig. 3. - - Foreign body reaction with birefringent material, Fig. 4 . -
Implant changes (case no 1).
La reprise chirurgicale consiste en l'ablation de l'implant, le curetage de la cavit6 du radius et une interposition tendineuse (petit palmaire) dans l'espace lib6r6, comme le sugg6re Froimson pour l'articulation trap~zom6tacarpienne [3] (fig. 2d). Les suites sont bonnes et le patient reprend ses activit6s. Un changement de poste est toutefois envisag6. On remarquera que dans les deux cas pr6sent6s l'immobilisation pl~tr6e avait 6t6 de 6 semaines et qu'aucun des deux implants n'avait 6t6 transfixi6 par une broche ou des ills d'amarrage. Dans les deux cas la r6ponse de l'anatomopathologie sur le mat6riel de curetage de la g6ode radiale est identique : <>(fig. 3). Macroscopiquement dans les deux cas l'implant 6t6 est d6color6 tournant vers le jaune chamois et si~ge de traces d'usure marqu6e sur son p61e sup6rieur (fig. 4).
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Nous n'avons malheureusement pas confi6 l'implant h la microscopic 61ectronique pour pr6ciser le degr6 microscopique d'6rosion de surface. DISCUSSION Bien qu'employ6s depuis 1967 et ayant donn6 lieu de nombreuses communications concernant leurs complications [6], les implants de scaphoide type Swanson ne sont rendus responsables de l'apparition de ces siliconites que depuis 1985 dans la litt6rature. En effet ce n'est qu'h cette date que R.J. Smith et coil. [9] rapportent 9 cas de siliconites au niveau des os du carpe sur implant de Swanson dont deux sur implant scaphoidien. Ces deux observations sont d'aiUeurs tr6s proches des n6tres, la complication 6tant survenue l'une ~ 10 mois et l'autre ~ 18 mois apr6s la mise en place de l'implant. En 1986 C.A. Piemer et coll. [7] en rapportent 18 cas dont 4 sur des implants scapho~diens. Dans tous les cas cit6s ces ~ siliconites, sont survenues sur des implants complets mais qui avaient 6t6 transfixi6s par des broches ou des ills d'amarrage. T o u s l e s auteurs s'accordent h reconnaitre dans la g6n~se de ces siliconites, le r61e de la fragmentation du silicone. Fragmentation due certes ~ l'usure, mais aussi aux effractions m6caniques de /'implant (par broche ou ills d'amarrage), les microparticules de silicone ainsi lib6r6es provoquent l'hypertrophie synoviale et une accumulation de cellules g6antes. La synoviale hypertrophi6e envahit alors les os du carpe ou le radius causant 6rosion et affaiblissement des structures osseuses permettant ainsi de futurs tassements ou fractures. Des particules de silicone de 6 ~ 100 ~tm de diamOtre peuvent migrer par voie sanguine et lymphatique comme cela a 6t6 montr6 au voisinage des proth~ses mammaires. I1 nous semble donc plus logique de-
vant cette r6action globale au corps 6tranger ,, silic o n e , de parler ici de ~ que de garder le terme un peu restrictif de ~ synovite silicon6e, des anglo-saxons. Un point reste obscur : la ~ qualit6 ~ du silicone en cause. En effet toutes ces ~ siliconites ,, se retrouvent sur des implants type Swanson H.P. I1 faudrait lh, mettre en cause l'61astom~re de silicone luim6me. En effet si elle est de loin plus r6sistante h la flexion et h l'61ongation que ne l'6tait la forme initiale, la forme H.P. semble 6tre moins bien tol6r6e par l'h6te. Ceci pourrait 6tre dfi ~ son poids mol6culaire beaucoup plus 61ev6. Enfin comme le font remarquer les auteurs am6ricains, les tests m6caniques d'usure n'ont jamais pris en compte le travail en compression auquel est soumis en rOalit6 ce type d'implant. CONCLUSION Pour rares qu'elles soient, ces siliconites restent un probl6me grave pouvant affecter s6v6rement le r6sultat ~t court terme des implants scaphoidiens mais aussi scapholunaires ou semi-lunaires. I1 convient donc de limiter autant que faire se peut le risque de migration de micro-particules silicon6es en s'abstenant de toute effraction de l'implant, par broche ou ills et par voie de cons6quence, h nos yeux ne plus mettre en place d'implants taill6s. A long terme le probl6me de la tol6rance de ce type d'implant n'est pour autant pas r6solu. Dans un article r6cent P.R. Carter [1] s'insurge sur le qualificatif de ~ rares ~> donn6 ~ ces r6actions au silicone puisqu'il consid6re, sur son exp6rience entre 1976 et 1983, que ces r6actions sont retrouv6es ~ terme dans 75 % des implants scapho~diens, 55 % des implants de semi-lunaires et 75 % des implants scapho-lunaires...
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6. 7, 8. 9.
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