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Entretien avec Isabelle Adenot

Démographie : pour la présidente de l’Ordre, «le compte n’y est pas» Comme chaque l’année, l’Ordre national des pharmaciens dénombre ses cotisants et malgré des chiffres en progression, Isabelle Adenot, sa présidente, considère que le compte n’y est pas, même s’il ne faut pas avoir « d’inquiétude sur les perspectives qui s’offrent au pharmacien ».

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temps partiel et du nombre de pharmaciens adjoints intérimaires (4 055 pharmaciens, soit + 18 % par rapport à l’an dernier) révèle que les ajustements liés à la crise se font notamment sur les ressources humaines. Cette tendance est aussi vérifiable dans les établissements de santé du secteur privé où plus de 70 % des pharmaciens sont employés à temps partiel.

AP : Compte tenu des difficul© DR

Les données concernant la démographie des pharmaciens laissent apparaître une augmentation du nombre de confrères inscrits aux différents tableaux de l’Ordre. N’est-ce pas déjà une bonne nouvelle ? Isabelle Adenot : Le nombre de pharmaciens inscrits à l’Ordre connaît cette année une augmentation significative. Cependant, il ne me semble pas que l’on puisse dire que c’est une bonne nouvelle. En effet, cette hausse est le résultat, d’une part, du retardement sensible des départs à la retraite auquel la crise économique contraint nombre de confrères – c’est ce phénomène qui augmente considérablement le nombre de pharmaciens en exercice – et, d’autre part, de la croissance du nombre des jeunes diplômés due à l’augmentation du numerus clausus engagée depuis 2004. Mais les jeunes diplômés en pharmacie demeurent trop nombreux à choisir une autre activité que l’exercice effectif de leur profession. Le niveau record de 2011, avec 26 % de diplômés depuis moins de trois ans qui ne s’inscrivent pas à l’Ordre, ne s’aggrave certes pas en 2012 mais se stabilise à un niveau élevé (25 %) et très inquiétant. Pour cette raison, je vais d’ailleurs lancer une opération envers nos jeunes confrères de moins de 35 ans et nos futurs confrères. Dans un premier temps, avant de définir

le programme d’action, je vais aller à leur rencontre et lancer très prochainement une très large consultation sur l’attrait de la profession et sur la vision qu’ont nos jeunes de leur avenir.

AP : L’augmentation de l’âge moyen des pharmaciens titulaires et biologistes peut-elle être problématique selon vous ? IA : Effectivement, le vieillissement de la profession n’est pas enrayé et l’âge moyen des pharmaciens et des biologistes libéraux continue d’augmenter. L’enjeu est tout simplement celui de la pérennité du service officinal et de biologie sur le terrain. Beaucoup de ceux qui retardent leur départ en retraite sont des confrères qui ne trouvent pas à céder leur entreprise. À terme, cela peut produire des fermetures sèches et pénaliser la population.

AP  : À l’opposé, comment expliquer qu’un quart des jeunes diplômés ne soit pas inscrit à l’Ordre ? IA : L’avenir de la profession reste forcément suspendu au maintien de l’attractivité des études de pharmacie et de l’exercice dans son ensemble. Mais aujourd’hui, il faut aussi rappeler que les qualités et l’expertise données par la formation de pharmacien suscitent l’intérêt de nombreuses filières, connexes ou non à la pharmacie, et offrent des perspectives de carrières très “concurrentielles” aux jeunes diplômés à l’heure où la profession est en pleine métamorphose.

AP : Comment se manifeste concrètement la précarisation des pharmaciens ? IA  : À l’officine, l’explosion du nombre de contrats à

tés économiques actuelles, pensez-vous que la répartition des officinaux sur le territoire pourra être garantie à moyen terme ? IA : La répartition harmonieuse des officines demeure une réalité sur l’ensemble du territoire et doit impérativement le rester. Les zones rurales et les zones sensibles ne sont pas désertées. La régulation territoriale remplit ses objectifs et permet de résister aux phénomènes observés dans les autres professions de santé. À moyen terme, les mouvements qui se font jour en matière de réorganisation de la géographie des prescripteurs (maisons et pôles de santé notamment) faciliteront peut-être le maintien du réseau officinal sur le territoire. Mais il faut être vigilant car, à certains endroits, cela pourrait être, à l’inverse, source de problèmes. Les études doivent être menées au cas par cas et avec les pharmaciens.

Actualités pharmaceutiques • n° 528 • Septembre 2013 •

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AP : Comment évoluent les modes d’exercice à l’officine ? IA : Malgré la crise, l’exercice libéral attire toujours, mais de manière différente  : les pharmaciens préfèrent désormais clairement l’exercice en association. Plus de la moitié (56 %) des pharmaciens titulaires exerce en association et la société d’exercice libéral (SEL) est la forme de société la plus souvent choisie, 39 % de ces SEL comptant au moins deux sources de capital. Phénomène qui devrait s’amplifier suite à la publication, le 6 juin 2013, du nouveau décret relatif à l’exploitation des officines sous forme de SEL et de sociétés de participations financières de professions libérales (SPF-PL)1.

de la perte d’un prescripteur de proximité, d’une requalification urbaine défavorable ou de la détérioration du climat économique général et de l’officine en particulier.

AP : Les conséquences de la réforme de la biologie médicale sont-elles d’ores et déjà perceptibles sur le terrain ? IA : D’évidence, pour l’essentiel sous l’impulsion de la seule ordonnance de janvier 2010 et avant même le vote de la loi récente qui l’a confirmée, la restructuration de l’offre de biologie médicale est réalisée. Ce qui n’est pas sans constituer des interrogations sur la concentration territoriale et sur la création en quelque sorte d’“oligopoles”.

AP : Quelles sont les raisons les plus fréquentes de fermeture des officines ? IA  : En 2012, les rachats et cessions de clientèle restent largement préférés aux regroupements pour la recomposition locale de l’offre officinale. Deux grands types de fermeture coexistent en 2012  : la première catégorie représente 60  pharmacies qui ferment suite à la restitution volontaire de licence ou regroupement, et 45 pour liquidation judiciaire ou cession/fermeture. Autre enseignement, ces fermetures ont le plus souvent lieu dans les villes de plus de 10 000 habitants en situation d’excédent par rapport aux quotas démographiques. À l’inverse, les officines de ville ou de village de taille moyenne semblent relativement épargnées. En dehors de ces aspects, aucun modèle particulier n’est observé parmi les cas de fermeture, que ce soit dans la forme d’exploitation, la taille de l’officine ou son organisation. Les facteurs qui semblent prépondérants relèvent plutôt

Actualités pharmaceutiques • n° 528 • Septembre 2013 •

naissance de l’apport en santé publique de l’intervention pharmaceutique, il n’y aura aucune difficulté à redonner de l’attractivité au métier officinal.

AP  : Quelle part entend prendre l’Ordre dans l’amélioration de l’image du pharmacien ? IA : Pour l’Ordre, la mise en valeur et en lumière des activités pharmaceutiques, le recensement et la promotion des expériences réussies est une préoccupation permanente. Nos initiatives de promotion de la qualité des soins et notre communication en sont le témoignage. Les pharmaciens ont un rôle dans le système de santé et le public le sait, lui, qui fait appel à leurs compétences.

Une AMM pour les dispositifs médicaux ? L’Union Européenne planche actuellement sur une révision de la réglementation des dispositifs médicaux. La Mutualité Française1 a participé à l’élaboration d’une campagne de communication réalisée par ses partenaires européens, intitulée « Dispositifs médicaux : vrai ou faux ». L’objectif : amener les députés européens à instaurer une autorisation de mise sur le marché en bonne et due forme pour ces dispositifs. Alors qu’ils sont à haut risque pour la santé, aujourd’hui seul le marquage CE (Communauté Européenne) conditionne leur mise en vente. Or, la sécurité des patients n’est pas toujours assurée comme l’affaire des implants mammaires PIP l’a démontré. E.D. 1

www.mutualite.fr

AP : Selon vous, les pouvoirs publics ont-ils conscience des difficultés rencontrées actuellement par la profession ? IA : Dans une période de crise généralisée, où de nombreux secteurs exposés à la concurrence internationale sont mis à mal et où les finances publiques, notamment sociales, offrent une marge de manœuvre réduite, les pouvoirs publics ne peuvent éluder ce que les chiffres révèlent. Ils ont conscience de ces difficultés.

AP : Pour conclure, comment

AP  : Comment pourrait-on

Propos recueillis par SÉBASTIEN FAURE

collectivement redonner envie aux jeunes d’exercer ce beau métier de pharmacien, en particulier en officine de ville ? IA : Les pharmaciens, notamment les plus jeunes d’entre nous, ont besoin de concret. Le mouvement en cours depuis trois ans, avec la promotion progressive des nouvelles missions, en fait partie. Si un modèle économique alternatif vient conforter ce qui n’est rien moins qu’une meilleure recon-

voyez-vous l’avenir ?

IA : Résolument convaincue de l’utilité de notre métier, en ces temps où la population inquiète est en attente de conseils éclairés, je n’ai pas d’inquiétude sur les perspectives qui s’offrent au pharmacien. Mais il est bien évident que les modalités de l’exercice, comme à chaque époque, évolueront. Demain, l’exercice sera différent de celui d’hier. w

Maître de conférences des Universités, Faculté de pharmacie, Université d’Angers, 16 bd Daviers, 49045 Angers, France [email protected]

Note 1 Décret n° 2013-466 du 4 juin 2013 relatif aux conditions d’exploitation d’une officine de pharmacie par une société d’exercice libéral et aux sociétés de participations financières de profession libérale de pharmaciens d’officine www .legifrance.gouv.fr

Le dossier pharmaceutique, bilan d’étape Fin juin 2013, 97,8 % des officines françaises étaient raccordées au dossier pharmaceutique (DP) et plus de 27 millions de Français en bénéficiaient. Créé par la loi du 30 janvier 2007, ce dispositif est entré, dans un second temps, dans les pharmacies à usage intérieur dont une trentaine est aujourd’hui équipée. Pour le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, il est temps de l’évaluer. Pour ce faire, il a lancé un appel à projets de recherche. Une  ou  plusieurs équipes de recherche seront sélectionnées selon trois axes d’étude : le DP et les interventions pharmaceutiques, le DP et la coordination des soins et l’intérêt du DP dans le système de santé français. E.D. 1 www.ordre.pharmacien.fr/ Le-Dossier-Pharmaceutique/ Evaluation-du-DP

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Économie

Dans son rapport annuel publié le 10 juillet dernier, l’Autorité de la concurrence a exploré la piste de la libération partielle de la vente des médicaments non remboursables en l’ouvrant à d’autres circuits de distribution. L’Autorité de la concurrence considère que « cela permettra aux consommateurs de bénéficier de prix plus compétitifs pour leurs médicaments d’automédication et de produits frontières et de disposer du libre choix du circuit de distribution ». L’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) a réagi avec véhémence. Même si le monopole pharmaceutique (à différencier du monopole officinal) ne serait pas remis en cause du fait de l’obligation de présence d’un pharmacien dans un espace dédié d’une grande surface, cette mesure suscite de vives oppositions de la profession. Quant à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, elle a déclaré récemment à l’Agence France Presse (AFP) : « La vente de médicaments en grandes surfaces n’est pas envisagée par le gouvernement. Le ministère rappelle par ailleurs que le réseau officinal est soumis au régime de la liberté des prix pour les produits non remboursés et l’ouverture de la vente sur Internet des médicaments d’automédication devrait permettre aux patients de mieux encore comparer les prix. » Noémie Legendre

Un président intérimaire pour le Leem Hervé Gisserot, appelé à de nouvelles fonctions internationales au sein du groupe GlaxoSmithKline, a quitté la présidence du Leem (Les Entreprises du Médicament) fin août. C’est le secrétaire du Bureau, Patrick Errard, qui assure l’intérim. Le conseil d’administration du Leem a prévu de se réunir courant septembre pour fixer les modalités et l’agenda du processus électoral. E.D.

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L’évolution de la rémunération de l’officine confrontée aux contraintes économiques de la France À la recherche d’un cadre de rémunération stabilisé, les syndicats d’officines pharmaceutiques misent sur un meilleur rapport de force pour l’obtenir : nouveau round le 17 septembre prochain.

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our la profession, la rentrée est placée sous le signe des négociations, voire du rapport de force. Le retour des grandes vacances est celui de toutes les inconnues pour la pharmacie d’officine. Après l’échec, en juillet, des négociations sur l’évolution de la rémunération de la dispensation des pharmaciens sur les médicaments remboursables par l’Assurance maladie, les discussions reprennent le 17 septembre entre les trois syndicats officinaux – Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO), Union nationale des pharmacies de France (UNPF) – et l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM). La veille, l’autorité de la concurrence aura rendu un avis définitif sur la possibilité d’autoriser ou non la vente en grandes surfaces de médicaments sans ordonnance. À la clé  ? Un marché évalué à 22 milliards d’euros par an dont l’officine a le monopole. Marisol Touraine, ministre de la Santé, ne semble guère avoir l’intention de retenir la mesure présentée comme susceptible de faire baisser les prix. Elle l’avait écartée en invoquant la préservation de la sécurité du circuit du médicament et s’est limitée à la vente, à prix libre, depuis le 12 juillet, de 4 000 présentations d’automédication sur internet, mais adossée à une officine tenue par un pharmacien afin d’éviter les contrefaçons.

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Polémique autour de l’automédication hors pharmacies

Cet automne s’engage surtout, au Parlement, l’examen d’un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), pour 2014, à l’affût de toutes les marges d’économies possibles dans le domaine des dépenses remboursables par l’Assurance maladie obligatoire. Le rapport d’orientation “charges et produits” de la Caisse d’assurance maladie, dont la ministre devrait s’inspirer, suggère, pour le PLFSS qu’elle présentera en septembre, des pistes pour construire l’objectif national de dépenses d’Assurance maladie (ONDAM) de l’an prochain sur la base d’une évolution de + 2,4 % (au lieu de 2,7 % cette année). De tous les postes de dépenses mis à contribution pour colliger 2,5 milliards d’euros d’économies, celui du médicament reste le plus important, avec 750 millions d’euros de baisse des tarifs sur les statines, les génériques… Juste avant l’été, les pouvoirs publics avaient tenté de calmer le jeu. D’abord en versant à chaque officine la “prime générique” à laquelle elle avait droit selon son taux de substitution (3 307 € en moyenne). La parution des textes au Journal Officiel du 27 juin sur l’accompagnement rémunéré des patients sous antivitamine K associé à un entretien pharma-

ceutique a aussi mis un peu de baume. Avait précédé la parution du décret sur les holdings (SPFPL) et l’attribution aux pharmacies, le 11 juin, de trois tests biologiques (glycémie, angine, grippe) moyennant un espace de confidentialité. Pour autant avec ce qui s’annonce à l’automne, comme le prédit Gilles Bonnefond (USPO), la rentrée va être difficile. Pour Philippe Gaertner (FSPF), la bouée de sauvetage des génériques sur la préservation du chiffre d’affaires ne devrait pas perdurer. Il avance l’idée de transformer la rémunération sur le générique en honoraire de dispensation. Pour autant, la rémunération de la dispensation en partie à l’acte n’a guère avancé sur cette base entre les négociateurs. Destinée à suppléer “l’effondrement” de la marge à la boîte, la mesure aboutiraelle le 17 septembre ? Dans un contexte économique contraint, l’USPO a proposé de bâtir une intersyndicale permettant à la profession de traverser la période du second semestre 2013 dans un bien meilleur rapport de force pour tenter d’obtenir un accord satisfaisant pour 2014. w Serge BENADERETTE Journaliste, Paris (75) [email protected]

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