© Masson, Paris. Ann. Fr. Anesth. Reanim., 3: 61-62, 1984.
NOTE DE TECHNIQUE
Aide au diagnostic des troubles du rythme cardiaque en anesth6sie-reanimation A method to help in the diagnosis of cardiac arrhythmias in intensive care patients J.J. ELEDJAM, J.E. DE LA COUSSAYE, G. SAISSI, J. LAMBERT, F. D'ATHIS Departement d'Anesthesie-Reanimation, Centre Hospitalier Regional et Universitaire, 5, rue Hoche, BP 26, F30006 N?mes Cedex
RESUMe: : Le diagnostic pr6cis d'une tachycardie est parfois difficile h porter sur l'61ectrocardiogramme habituel, les ondes P 6tant mal visibles. Les auteurs d6crivent un artifice technique simple permettant d'enregistrer, chez des malades porteurs d'un cathdter veineux central, les ondes P. Le principe consiste en l'utilisation du cathdter veineux central comme conducteur de l'activit6 61ectrique cardiaque. Par rapport aux autres m6thodes propos6es (sonde endo-cavitaire, d6rivations oesophagiennes), elle a l'avantage d'une grande simplicit6 et innocuit6 pour le malade.
ABSTRACT : Exact diagnosis of tachycardia was sometimes difficult to do as P waves were not easy to see on ECG. A simple device is described, with which ample P waves were recorded in patients with a central venous catether. This catether was used as conductor of cardiac electrical activity. It proved simpler and less aggressive for the patient in comparison with other techniques (intracardiac and oesophageal recording).
I1 est p a r f o i s difficile d ' a n a l y s e r sur l'61ectrocardiog r a m m e de s u r f a c e la n a t u r e d ' u n e t a c h y c a r d i e . L ' u n des crit6res r e p o s e sur la m i s e e n 6 v i d e n c e des o n d e s P ( m o r p h o l o g i e et f r 6 q u e n c e ) . L e b u t de la m 6 t h o d e ddcrite est d ' a t t e i n d r e cet o b j e c t i f grfice au c a t h 6 t e r v e i n e u x c e n t r a l d6jh m i s e n place c h e z le m a l a d e .
MATI~RIEL ET METHODES Le principe consiste en l'utilisation du cath6ter veineux central comme ~ fil conducteur ,~ de l'activit6 61ectrique cardiaque. Le mat6riel utilis~ (fig. 1) comprend une pince-crocodile mdtallique et une seringue en verre ~ embout m6tallique remplie d'un solut6 ionique : sdrum said hypertonique de pr~f6rence, sdrum bicarbonatd, etc. La fiche prdcordiale de l'appareil d'dlectrocardiogramme est raccordde 5 l'embout mdtallique de la seringue par la pince-crocodile. Aprbs injection d'un volume suffisant de solut6 pour remplir le catheter, l'enregistrement endocavitaire est pratique. Le tracd objective des auriculogrammes, d'autant plus amples que le cathdter est plus proche de la paroi de l'oreillette droite. L'absence de trac6 signifie que l'extr6mit6 du cathdter n'est pas en contact avec la paroi veineuse. Dans ce dernier cas, afin de ne pas ddplacer le cathdter ddjfi fix6, on a recours ~ l'utilisation
d'un guide m~tallique ~ extrdmit6 souple et incurvde. Le guide utilis6 est fourni avec le cath6ter Seldicath (Plastimed n ° 3882-17); il est prdalablement incurv6 ~ la main de faqon stfirile. Le guide mdtallique est introduit, avec les pr6cautions d'asepsie usuelles, dans le cathdter jusqu'h l'obtention d'un trac6 endocavitaire. Le risque de perforation veineuse par le guide est pr6venu par un
Requ le 13 juillet 1983; acceptd sous forme rdvis6e le 15 octobre 1983.
Tires a part: J.J. Eledjam.
Fig. 1. - - Matdriel utilis6 pour l'enregistrement de I'ECG.
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J.J. ELEDJAM ET COLL.
DISCUSSION
Fig. 2. - - Rythme sinusal avec ddpart en tachysystolie auriculaire 2/1 apr6s chirurgie de l'cesophage moyen. E : d6rivation endocavitaire sur sous-clavi~re gauche apr6s injection de s6rum sal6.
Une technique similaire avait d6j~t 6t6 d6crite en 1969 par N i c o L a s et coll. [2] dans le but de v6rifier la bonne place du cath6ter utilis6 pour mesurer la pression veineuse centrale. Cette m6thode est propos6e ici pour prdciser le diagnostic de certaines tachycardies, les autres moyens de visualisation des auriculogrammes ne donnant pas toujours satisfaction. Outre I ' E C G standard et les d6rivations de Lian, les manoeuvres vagales et l'injection de stryadine ne sont pas d'une efficacit6 constante et ne permettent pas toujours le diagnostic. Les d6rivations ~sophagiennes [1] ne sont pas toujours explicites : elles sont souvent real accept6es par le malade, les mouvements respiratoires g6nent l'interpr6tation, une sonde gastrique peut s'interposer entre l'oreillette gauche et la sonde ~sophagienne. Enfin, elles sont impossibles a recueillir lors de la chirurgie de l'eesophage. Quant ~ la mise en place d ' u n e sonde endocavitaire [3], c'est 6videmment la m6thode de choix qui, outre le diagnostic, permet le traitement par stimulation; elle n6ccssite cependant un mat6riel sophistiqu6. Cette m6thode, qui n ' a pas la pr6tention de remplacer tel ou tel moyen d'investigation, a le m6rite de la simplicit6 et de la fiabilit6 chez un malade d6j~t porteur d ' u n cath6ter veineux central. BIBLIOGRAPHIE
Fig. 3. - - Flutter auriculaire 2/1. E : d6rivation endocavitaire sur guide m6tallique. Les flhches indiquent la d6polarisation auriculaire. rep6rage pr6alable de la longueur du cath6ter et par l'enregistrernent simultan6 de I'ECG; l'apparition d'un trac6 signale le contact avec la paroi. Les figures 2 et 3 montrent la qualit6 des ondes P obtenues grace h cette d6rivation endocavitaire.
1. GOLDMAN M.J. Electrocardiographie clinique (pp. 24-25). Vigot, Paris, 1957. 2. NICOLAS G., BONrtOUR J.B., MENUET J.C., HOREAU J. Utilisation de l'61ectrocardiogramme endocavitaire pour la raise en place des cath6ters utilisds dans la surveillance de la pression veineuse centrale en r6animation. Anesth. Analg. (Paris), 26: 507-515, 1969. 3. PUECH P., VICTOR J. Exploration 61ectrophysiologique chez l'homme (pp. 31-35). In : Les troubles du rythme cardiaque. Roussel, Paris, 1978.