ELSEVIER
Lingua 95 (1995) 27-50
Alternances vocaliques en fran,~ais du midi et
phono!ogie du gouvernement Jacques Durand Department of Modern Languages, Univel:~'i'.v of Sallbrd. Sal]brd 11,15414"7", UK
R~sum~ La phonologie du gouvemement repr~sente une tentative importante en rue de constituer une th~orie forte de la struO.ure paonologique des langues que ce soil sur le plan des representations syllabiques et des atomes phonologiques. En outre, cette th~orie a requ une application impor.ta~te en franqais darts le travail de Charette (1988, 1990, 1991). Le but de cet article est d'examiner certaines alternances du fran~ais du midi (schwa-z~ro et voyelles moyennes) par rapport au cadre de la phonologie du gouvernement. Ces alternances ont d~j~ ~t6 examindes clans le cadre de la phonologie de d~pendance par l'auteur (voir Durand, 1976, 1988, 1990). II semble que les ph~nom~nes en question exigent uae modification de certaines theses centmles de la GyP et soul~vent des probl~mes ~pineux pour cette approche.
|. Remarques liminaires La phonologie dite du gouvernment (en anglais 'Government Phonology' et GyP ci-apr~s) repr6sente un essai de construction syst6matique d ' u n e th~orie forte de la composante phonologique du langage (voir Kaye et al., 1985, 1990; Kaye, 1990a, et les articles de Brockhaus, Kaye, et Harris et Lindsey dans Durand et Katamba, sous presse). Que ce soit sur le plan des atomes, des structures ou des d&ivations, la GyP se sEpare de nombreux modules actuels en posant une correspondance ~troite entre le module phonologique et les autres modules de la grammaire universelle. En particulier, Kaye et al. pr6nent un abandon total d ' u n e phonologie b~tie sur des r,}gles (comme c'est le cas darts le S o u n d P a t t e r n o f English, SPE ci-apr~s) en faveur d ' u n e conception de type 'Principes et Param~tres" qui caract6rise I'approche chomskyenne depuis les ann6es quatre-vingt. C o m m e le d6clarent ces auteurs: "Ce programme adopte le point"de vue selon lequel la phonologie doit ~:treconsid6r~e comme un syst~me de prineipes universels d6finissant la classe des syst~mes phonologiques humains. Ces principes sous-d6terminent les phonologies particuliEresdans certains domaines sp~cifiques. D~s lors, un systEme phonologique complet comprend h la fois ces prineipes et des ensemblcs de valeurs param~triques. Pris ensemble, les principes et les ensembles de paramEtrespartieuliers h une langue donnent une earact6fi-
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sation completedu syst6mephonologiquede celte langue. Dansce modble,un syst6mephonologiquene conlient aucunecomposantede r/~gles."(1988: 109) Sur de nombreux plans la GvP semble proche de la phonologie de d6pendance (en anglais, 'Dependency Phonology' et DP ci-apr~s) d6fendue, entre autres, dans Anderson et Jones (1974, 1977), Anderson et Ewen (1987), Anderson et Durand (1986) et Durand (1990). Ces deux approches posent une correspondance ~troite enlre le module phonologique et les autres modules linguistiques; elles placent au c0eur des representations la notion de gouvernement/d6penda~ce; et elles op~rent en termes d'616ments privatifs et non de traits phonologiques binaires. !1 existe bien stir des differences importantes entre ces deux cadres thEoriques que nous ne chercherons pas h examiner en d6tail ici. En revanche, nous essaierons de mettre u l'6preuve la phonologie du gouvernement en examinant divers aspects du franqais du midi que I'auteur a 6tudi6s dans le cadre de la DP (voir Durand, 1976, 1988, 1990, aussi, d'un point de vue socioli -guistique, Durand et al.. 1987). En particulier nous examinerons les alternances schv, a-zEro et les altemances entre les voyelles moyennes. Nous verrons que ces alternances posent quelques prob!~mes ~ la thEorie GvP sous sa forme classique, en particulier en ce qui concerne les structures syllabiques que cette dernitre propose. Nous commencerons par un bref expos6 des theses de la GvP, en consid6rant son application au franqais standard, avant de nous pencher sur le franqais du midi.
2. La phonologie du gouvernement et le 'e' dit muet Dans son important ouvrage de 1991, Monik Charette defend la Phonologie du Gouvernement en s'attaquant tout sp6cialement au probl~me du 'e' dit muet (schwa ci-apr~s) en franqais. En simplifiant, on peut dire que la particularitE du 'e' muet en franqais standard et dans d'autres variEt~s qui lui ressemblent de ce point de vue-lh (entre autres I'accent canadien que d6crit Charette) est d'etre une voyelle h Eclipse, parfois pr6sente et parfois absente. Le probl~me qui se pose aux phonologues du frant~ais est non seulement d'inventorier des contextes mais aussi d'6tablir, si possible, des conditions gEnErales permettant de pr6dire la presence ou l'absence d'un schwa dans les mots et les ~noncEs. Un travail comme celui de Dell (1970, 1973), par exemple, pr~seute un inventaire d6taill~ des contextes oia les schwas sont prononces ou non mais ne pr6tend pas ramener ces contextes h u n principe unique. De nombreuses Etudes h la suite de Dell ont essay6 ,~e ramener l'ensemble de r~gles que postule ce demier "~ quelques mEcanismes g~nEraux. La plupart des cadres phonoIogiques, cependant, permettent un grand 6ventail de solutions et n'interdisent pas des r~gles ad hoc pour rendre compte des phEnom~nes. C'est pr6cis6ment ce type d'approche qu'interdit la GvP qui rejette tout emp!oi de r~g!es comme il a 6t~ signals en introduction. Charette (1991) part de I'hypoth~se que chaque position o.', un schwa peut &re soit pr6sent (audible) soit absent (inaudible) est spEcifi6,e darts la structure des roots par un noyau vocalique vide traditionnellement repr~sentE par le symbole v° en GyP.
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Un n o y a u vide ne peut rester inaudible que s'il est "autoris6' (angl. ' l i c e n s e d ' ) , par exemple, en ~tant gouvern6 par un autre ~l~ment. S'il n ' e s t pas autoris6, il dolt ~tre prononc~. Dans de n o m b r e u s e s vari6t6s d u franqais, la prononciation du s c h w a est en fait [oe] ou [0] (bien que de n o m b r e u x phor, ologues continuent ~ e m p l o y e r le s y m bole [o] c o m m e &iquette c o m m o d e , ce que nous ferons n o u s - m ~ m e b, l'occasion). Les langues varient d a n s la r~alisation phon~tique d ' u n v a m a t s les principes qui conditionnent la pr6sence ou I'absence d ' u n segment phon~tique sont universels c o m m e le montre bien I'affirmation suivante faite p a r Charette: "In this chapter I propose a new account of the behaviour of schwa aiming to demonstrate that its properties follow from general principles of phonological theory. From such a perspective, the behaviour of schwa is neither accidental nor is it .,pecific to French. My analysis can be extended to other langua2~s where similar phenomena are found. It will be argued that in languages where a vowel alternates with zero, the properties of this segment always follow from the same principles of the theory. What distinguishes one language from another is the nature of the segment which alternates with zero. Therefore the alternation between [o] and zero in French, between [ul and zero in Tangale. between [a] and zero in Khalkha Mongolian and between [i] and zero in Moroccan Arabic are accounted for in terms of the same set of principles and parameters. My analysis of schwa will also lead to a better understanding, and to a sharpening of the theory of govemment." (Charette, 1991: 68) Les contextes oh un s c h w a peut fitre postul6 peuvent ctre divis6s en deux: d ' u n e part, les s c h w a s en position interne qui nous o c c u p e r o n t en 2.1; d ' a u t r e part, les s c h w a s en position finale qui seront trait6s en 2.2. Nous laisserons de c6t6 les m o n o syllabes d a n s ce qui suit. 2.1. La G y P et les schwas en position interne P o u r e x p o s e r la th6orie G v P , nous partirons d ' u n exemple concret. Soit le m o t dlevez. O n peut postuler I'existence d ' u n s c h w a sous-jacent d a n s la deuxi~me syllabe -h partir d ' a l t e r n a n c e s c o m m e Elevez-6lEve [elve]-[elcv]. A c c e p t o n s par ailleurs q u ' i l y a, peut-&re universellemcnt, une relation de g o u v e m e m e n t entre projections nucl6aires qui opbre de drolte h g a u c h e (ce qui en fran~ais c o r r e s p o n d ,~ r a c c e n t de m o t traditionnel). Dans notre cas concret, la demi~re syllabe de Elevez g o u v e m e la position vide qui pr6c~de. Cette relation de g o u v e m e m e n t o p & e techniquement entre ce que Charette appelle des projections nucl6aires. Elle est repr6sent~e ci-dessous par le symbole '<<" ou son contraire ' > > ' : ~" << Y se lira ' Y g o u v e ~ X ' et inversement X > > Y se lira ' X g o u v e m e Y ' . Soit (I): (1) Elevez
A
N
N
I
I
<<
N
niveau des projection nuclfaires
I
N
A
N
A
N
I
i
I
J
I
X
X
X
X
X
I
[
I
[
I
e
1
v°
v
e
niveaudesAttaques/Noyaux niveau du squelette niveau segmental
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Le principe grnrral invoqu6 par Charette est qu'une position peut rester vide si et seulement si elle est 'autorisre'. Entre autres, une position est autorisde si elle est gouvemre d~ fa~on stricte par une autre position. Le gouvernement strict e~t drfini comme suit: (2) Gouvernement strict (ou Gouvernement propre) A gouverne strictement B si et seulement si (a) A gouverne B (A and B sont adjacents au niveau de la projection nuclraire) (b) A n'est pas 'autorisr' (c) I1 n'y a pas de domaine de gouvernement (ou de rection) entre A et B Une relation de gouvemement strict s'applique dans le cas de ~'evez: le [el final gouveme la position vide ~ sa gauche et cette demi~re peut don," rester inaudible. Prenons maintenant un cas diffrrent, celui du mot r e v e n u qui est normalement prononc~ [roevny]. Dans ce mot, il y a deux positions vides comme le montre la reprrsentation de (3) ci-dessous: (3) reven,i [rtevny] N -//'- N << N A
I
I
!
N A N A N
k I L I I L X X X X X 111111
X r
v0 v vo n
y
Procrdons de droite ~ gauche. Le [y] final gouveme la syllabe qui prrc~de: la position vide dans - r e - rester.0., doric inaudible. Mais cette m~:me position vide ne saura~ gouverner la premiere position vide puisqu'un principe grnrral (voir la clause (b) de la drfinition du gouvemement strict en (2)) interdit ~t une position vide qui est ellemrme gouvemre de gouverner une autre position h sa gauche (ce qui est indiqu6 par une ligne barrre darts (3)). Ce deuxi~me principe est intuitif: un 616ment faible ne saurait ~tre un gouvemeur mais formellement on dira qu'une position qui est ellemSme autorisre ne saurait autoriser une autre position. Puisque le premier v0 dans t'~ ~,'e~ pa ~. ~_,o,:ve~.,~., 1~ ~hdorie de~ pesitious vide~ exige que la position en question soit rralisre phonetiquement. Le mot r e v e n u sera done prononc6 [roevny]. Charette s'interroge bien 6videmment sur des contre-exemples possibles comme le mot s e c r e t . Ce demier est selon elle toujours prononc6 [stekre] dans son accent alors qu'on pourrait s'attendre ,~ ce que la deuxi~me rime (le [e]) autorise une position vide darts la premiere rime. On notera que la presence d'une attaque comme [kr] dans la deuxibme syllabe de s e c r e t signifie qu'il existe un domaine de gouvernement entre le [el et le v° h sa gauche. En effet, le [k] gouveme le [r] dans I'attaque [kr] selon le principe universel en GyP qu'h I'int~rieur des constituants syllabiques (A et
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N), 1'6Mment-t~te est "h gauche. Or, on remarquera que la notion de gouvemement strict (2) exige de par la clause (c) qu'il n'y ait pas de domaine de gouvernement entre deux positions hypoth6tique A e t B. Secret n'est donc bien qu'un contreexemple apparent. Une faqon symbolique de repr6senter l'impossibilit6 qu'a le deuxibme noyau de gouvemer le premier est de r6percuter une attaque complexe au niveau de la projection nucl6aire comme en (4) ci-dessous (voir Charctte, 1990, 1991 pour diverses solutions techniques). La non-adjacence des deux noyaux suffira done h interdire la prononciation [skre] (voir la clause (a) de la d6finition du gouvemement strict): (4) secret [soekrel *[skre]
A
I
X
I
s
N
A
I
I
I
N
A
N
I
X
I
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/\
X
I
k
N
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X
I I
r
Tousles concepts r6sum6s ici seront fondamentaux pour la discussion ult6rieure. Le lecteur notera que nous ne chercherons pas ici 5. 6prouver la validit6 des theses de Charette sur le franqais standard ou canadien - ce qui exigerait une 6tude s6par6e (pour quelques remarques, voir Durand, 1993: 217, et le eompte rendu d6taill6 de Stong-Jensen, 1993). Nous essaierons en revanche de clarifier la repr6sentation des schwas en finale de mot dans le cadre de la GyP. 2.2. Le schwa en position finale et la structure des codas
On salt que dans la tradition g6n6rative le probl~me des consonnes finales a 6t6 un des enjeux les plus importants de la phonologic du franqais. Si l'on suppose comme le font Schane (1968) et Dell (1970, 1973) que les consonnes de liaison sont des consonnes sous-jacentes effac6es dans certains contextes, comment expliquer que la consonne de roots comme lac [lak] ou net [net] soit stable? Une solution parmi d'autres a consist6 dans les cadres lin6aires "hposer que ces roots ont un schwa sousjacent qui protege la consonne finale au moment oh la r~gle de truncation s'applique ([lak]
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serait repr6sent6 comme en (5) ci-dessous avec une consonne suivie de la voyelle vide: (5) lac A
N
A
!
I
r I
N
1
a
k
v I'
D'une certaine fa~on ce type de reprt~sentation s'apparente ~. I'id6e de postuler un schwa "protecteur' en phonologie g6n6rative classique. Cependant, il faut bien voir que la motivation n'est pas du tout la m~me. En effet, un des traits distinctifs de la GvP (par opposition '~ la plupart des autres approches en phonologic modeme) est de poser qu'une consonne finale qui, en termes traditionnels, ferme la derni6re syllabe d'un mot est en fair l'attaque d ' u n e syllabe ,~ noyau vide. La difference entre la GvP et une approche de type Dell (1970, 1973) se voit clairement dans le traitement des sonorantes. On salt que, mis b. part quelques exemples sporadiques, les alternances consonnes-z6ro en franqais ne concernent que les obstruantes. La troncation ne concerne pas les liquides ou les semi-voyelles en position finale. Pour de nombreux spfcialistes, il suffirait donc de poser par exemple que la consonne finale d'un mot comme mer est tout simplement en position de coda: (6) met
/'\ A
S
/ " \R N
C
I
I
I
m
~
r
Or dans le cadre GvP, le mot mer, tout comme d'ailleurs son homophone mere, serait repr6sent6 comme en (7) avec un noyau final vide: (7) mer A
I m
N
A
N
I L I e
r
v c~
Darts cc m~me cadre, les groupes de consonnes en finale de mot - par exemple Liquide + Consonne (carte, htfirme, pahne, vierge, porte) et Consonne + Liquide (quatre, montre, souple, tendre, bible) ne seraient pas non plus en position de coda comme le montrent les exemples repr6sentatifs en (8) ci-dessous:
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(8) (a) carte [kart] A
k
R
a
A
r
t
(b) quatre [katr] R
A
N
~
I
i I
v°
k
R
A
R N
a
t
r
t
v°
En definitive, le cadre GvP en arrive ~ poser que tout mot (ou tout domaine) se termine obligatoirement par un noyau vocalique. Or, au niveau observationnel, il faut bien rendre compte du fait qu'une voyelle dolt ~tre effectivement prgsente dans certaines langues (traditionnellement dEcrites comme ... CV#) alors que d'antres permettent ce qu'on a coutume de d6crire comme des syllabes finales fennEes (le type ... VC#). On posera donc en GvP qu'il existe un param~tre ((9) ci-dessous) porrant sur la nature des noyaux en ~nale de mot, param~tre qui diffErencie les langues du monde: (9) Autorisation des noyaux vides finaux Un noyau vide final est autorisE: OUI, NON OUI: fran~:ais, anglais, corEen, wolof, pulaar NON: desano, dida Ce param~tre et les representations qui lui sont liEes ont deux types de motivation: une motivation interne et une motivation exteme. La motivation interne n'a cependant de pertinence que si elle est justifiEe sur le plan empirique et nous rEsumerons plus bas un certain nombre d'arguments que donne Harris (1994), qni s'appuie fortement sur Kaye (! 990b), en faveur de la th~se que les consonnes finales sont en fait des attaques de noyaux vides. La motivation interne en faveur de cette m~me idle tient au principe d"autorisation des codas' (coda licensing). Ce principe propose par Kaye (1990b) ne permet le rattachement d'une consonne h une rime que si cette consonne est autorisEe par un segment adjacent en position d'attaque. Ainsi dans un mot comme lact(, le [k] est rattach6 "a la rime qui a [a] pour noyau parce qu'autorisE par le [t] qui constitue I'attaque de la deuxi~me syllabe. En revanche, la consonne finale du mot lac (ou laque) [lak] ne saurait ~tre rattachEe h la rime dont [a] est I'61Ement-t&e et dolt donc se trouver en position d'attaque d'une syllabe ~ noyau vide. Penchons-nous sur l'6ventail d'arguments que donne Harris (1994) contre I'hypoth~se classique qu'une consonne finale (si elle n'est pas flottante) cst automatiquement en position de coda. Tout d'abord, comme le signale Harris, la typologie des s6quences consonantiques montre que la presence de syllabes fermEes internes est ind6pendante de I'existence de consonnes finales. I1 y a des langues comme le telugu qui antorisent ... VC$CV# (~t c6tE de ... V$CV#) mais pas *... V$CVC# (o~t $ marque une fronti6re syllabique). En revanche, le patron syllabique du luo est ... V$CV(C)#, ce qui autorise les consonnes finales mais exelut les syllabes fermEes internes (*... VC$CV(C)).
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Deuxi~mement, en ce qui'conceme la quantitE, la presence d'une consonne finale ne force pas les abr~:sements qui caractErisent les rimes fermEes internes. Darts ce contexte, on peut citer les exemples que donne Charette (1990: 123-126) tires du franqais quEbecois. Comme le montre (10), en finale de mot, une consonne ou un groupe consonantique de type Obstruante-Liquide autorise une voyelle longue (ou une diphtongue). Par contre, les groupes Liquide-Obstruante en position interne ou finale conditionnent la presence d'une voyelle br~ve. (10) rEver r~ve pr&re merci vert verte verdure
[r~:ve]-[ra~ve] [r~:v]-[raiv] [prc:tr]-[praitr] [m~:rsi]-*[me :rsi]/*[mairsi] [v~::r]-[vairl [v~rt]-*[ve: rtl/*[vairt] [v~:rdyr]-*[ve :rdyr]/*[va'rdyr]
Tous ces exemples s'expliquent ~ partir des representations illustrEes jusqu'ici (voir (5), (7), (8a,b)). Harris ajoute qu'une consonne finale ne contribue pas au poids de la rime qui precede: elle est soit extra-mEtrique, soit catalectique. Enfin, du point de rue phonotactique les sequences CC# sont identiques soit h des sequences C$C internes (par exemple [rt] darts carte est identique ~ [rt] dans carton), soit ~t des attaques de syllabe (par exemple [tr] dans quatre est idemique b, [tr] dans trois), La conclusion qui semble s'imposer est que la demi&e consonne d'un mot (si, pour simplifier, on se limite ~ une seule consonne) appartient ~t ~ne attaque de syl[abe h noyan vide et non la coda de la rime qui precede. Du point de vue structurel, tousles ElEments qu'exige notre Etude sont dEsormais en place. Nous avons cependant parle de syllabe '~ noyau vide (v°) correspondant au schwa en frangais sans expliciter ce que l'on entend par cela. Dans la thEorie GyP, un noyau vide n'est pas simplement une position du squelette qui n'est pas remplie mais s'int~gre de fa~on particuli~re ~ la thEorie des atomes phonologiques, appelEs 'ElEments' en GyP. Le fonctionnement de ces demiers sera rEsumE dans les paragraphes qui suivent. 2.3. La composition interne du schwa
On sait que la GvP classique adopte comme primitives des 616ments comme I, A, U, ! et ARL (Avancement de la Racine de la Langue, 'ATR' en anglais). Dans la version classique de Kaye et al. (1985), ces ElEments, qui sout tr~s proches des composants unaires de la DP, correspondent ,~ des matrices de traits bi_n.aires de type SPE. La combinaison des ElEments est rEglEe par un calcul qui specific quels traits subsistent scion qu'un 61Eme~t a la fonetion de 't&e' ou d"opErateur'. Dans chaque matrice de traits spEcifiant un ~lEment, il y a normalement un trait marque (ou 'chaud'). Par exemple, l'61Ement A a comme interpretation [-arrondi, +arri~re, - H A U T , +bas, -arl] ofJ [-HAUT] (Ecrit en majuscules) est le trait marquE. Dans
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toute combinaison oh A est op~rateur, il va transmettre [-HAUT] h l'616ment-t8te (voir (12) plus loin). II existe en outre une propri6t6 appelEe 'charme' qui contr61e les possibilit6s de combinaison des 616ments et r~gle la formation des constituants syllabiqnes. Dans la version la plus traditionnelle de la GyP, le charme peut ~tre positif (+), n6gatif (-) on neutre (0) et est repr6sentE par ces symboles 6crits en indice sup6rieur apr~s chaque ElEment (pat exemple A+). Le r61e du charme dans les versions les plus r6centes de la GyP semble incertain. Nous ne parlerons pas du charme ici et ce dernier ne sera reprEsent~ que lorsque c'est nEcessaire (par exemple dans les citations). La voyelle vide, 6crite v0, est aussi d6crite comme la voyelle 'froide'. En termes de traits binaires, v° correspond it one voyelle qui est [+haut, +arri~re, -arrondi, -arl], soit [i] dans la tradition amgricaine (et [m] dans la tradition de I'API). Elle est dEcrite comme froide parce qa'ancun de ses traits n'est marqu6 ou 'chaud'. Elle fonctionne donc comme une sorte d'616ment d'identit6 (ou Elgment zfro) qui, lorsqu'elle joue le r61e de t~te dans une combinaison, ne transmet aucun de ses traits it I'opErateur. Charette (1991 : 72-75) noie que darts certaines langues comme le marocain la voyelle froide reqoit une interpretation phon~tique directe y 6rant prononcEe [i]. "En franqais", dit Charette, "l'616ment froid ne peut pas Stre expdm6 phon6tiquement. La stratggie consiste donc it ajouter 1'616ment A+ it la repr6sentation interne d'un noyau vide. Le r6sultat est un segment compose de l'EIEment froid comme tSte et de A÷ comme op~Srateur. Une telle repr6sentation correspond an segment vocalique schwa" (1991: 75, traduction JD). Soit symboliquement: (11) Exemple (10) de Charette (1991: 75) v°
v°
I
I
v°
A÷
T~te O#rateur
[il [~1 Bien que Charette ne donne pas explicitement la combinaison v°. A+ (oh le point symbolise l'op6ration de fusion de denx 616ments), la valeur r~sultante est claire du point de vue de la GvP. Soit (12): 112) Op6rateur -arrondi -HAUT +bas +arri~:re -arl
T~te
Segment
-arrondi +haut -bas +arri~re -arl
-arrondi -Haut -bas +arri~re -arl
(A+ . v°) = [x] ( = [t~] (API))
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On notera ici que la valeur rEsultante de cette voyelle est problEmatique. D'abord, il n'est pas Evident que memo. pour un accent oh le schwa est rEalisE par un schwa phonEtique [~] la representation de (12) ci-dessus soit adequate. On sait que la reprEsentation des voyelles centrales dans le syst~me de traits hEritE de SPE n'est pas d'un rdalisme phonEtique frappant en ce qu'on est habituellemcat force ~t les traiter c o m m e des voyelles [+arri~re] (voir Kenstowicz, 1994: 26). Mis ~ part ce problEme, la rEalisation phon&ique d'un schwa phonologique dans beaucoup d'accents ,lu franqais est plut6t [oe] ou [0] (voir Dell, 1973). I1 faudrait enrichir les representations d'autres ElEments pour aboutir h une representation phonEtique correcte. Par exemple, si l'on pose que [ce] est reprEsentE comme ( A + . (I ° . U°)) il faudra supposer q u ' u n mEcanisme propre au franqais vient Etoffer les representations phonEtiques de faqon plus radicale. Du point de vue des mEcanismes nEcessaires, Charette ( 1991 : 217) note: "Adding an element to tile internal representation of an empty nucleus which must be manifested phonetically should not be compared with a process of epentbesis. While traditional analyses claim that epenthesis adds a position along with a segment to the representation of a given word, in my analysis nothing is added to the lexieal repre~ntation. It is only the case that something is added to the internal representation of a null segment which is already present underlyingly'. I1 est tout ~t f~.it juste souligner que les processus d'Epenth~se traditionnels sont diffErents de ce que postule Charette ici. En effet, les Epenth~ses du type 0--~A / X --- Y sont des processus transformationnels ~ part enti~re. En revanche, le processus qui Etoffe phonEtiquement un v 0 sous-jacent n ' a pas h ~tre transformationnel car il ne fait que dEvelopper des valeurs non-spEcifiEes. Diverses theories souscrivant ,~ la notion sous-spEcification ont explore la notion de r~gles de dEfaut, y compris dans des syst~mes "h traits unaires c o m m e la DP (voir Anderson et Durand, 1988; Durand, 1988). On remarquera cependant que les tenants de la GyP rejettent route notion de sous-spEcification (voir par exemple Harris et Lindsey, sous presse, pour une discussion explicite de ce probl~me). Mais il ne semble pas h I'auteur de ces lignes que la G y P soit tout h fait claire sur la notion de derivation (vo]r aussi les critiques de Coleman, sous presse). Soit, on a deux niveaux de representation (comme semblent l'impliquer de nombreuses formulations adoptEes par les tenants de la G v P - voir la citation de Charette ci-dessus). Darts ce cas, quels sont les mEcanismes formels qui relient les representations entre elles? Soit, la G y P est monostratale. Darts ce cas, un v ° a dans chaque position une representation de surface: par exemple (U ° . (A ÷ . I°)) en franqais. II devient alors nEcessaire d'expliciter les mEcanismes interprEtatifs qui rendent telle ou telle combinaison d'ElEments audible ou non. On risque, dans cette seconde hypoth~se, de faire I'Economie de rEgles translbrmationnelles (par exemple, d'effacement ou de dissociation) au prix d ' u n e simple manoeuvre terminologique. En ce qui concerne le statut des ElEments, il est important de notcr que, suite/~ un ensemble de dEbats internes et extemes (voir les Echanges entre Coleman et Kaye dans le Journal o f Linguistics, 1990), les tenants de la GvP semblent avoir abandonne la notion de calcul interpr&atif en termes de traits binaires (voir Lindsey et Harris, 1990; Harris et Lindsey, sous presse). Les differences entre la GvP et la DP sur le plan des atomes phonologiques se sont considErablement amenuisEes et sont
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d6sormais largement notationnelles. Sur le plan terminologique, on ne parlera donc plus ci-aprbs de t~te et d'op6rateur mais tout simplement de t~te (ou gouvemear) et de d6pendant. Nous avons d6sormais tousles outils n6cessaires pour nous pencher sur le fran~ais du midi.
3. Le fran~ais du midi
Le fran~ais du midi n'est pas une entit~ phonologique uniforme. L'accent d~crit iciest celui de I'auteur et des membres de sa famille tel qu'il a 6t6 d6crit dans Durand (1976, 1988a,b, 1990) ainsi que dans Durand et al. (1987) sur la base d'un corpus r6alis6 en 1983. Ce corpus sera d6sign~ du nom de corpus DSW. C'est un accent relativement conservateur du Languedoc (plus particuli~rement P6zenas, H6rault). Aucun des ph6nom~nes d6crits ici n'est particulier h cet accent et de nombreuses 6tudes du franqais m6ridional signalent les m~mes fairs pour d'autres provinces du midi (voir Moreux, 1985; S6guy, 1951, parmi d'autres). Ce qui nous occupera donc ici en premier sera le traitement des ph6nom~nes en question et non le d6sir d'affiner les descriptions. Le lecteur notera que pour des raisons de place, nous laissons de c6t6 toute description de l'interaction entre morphologie et phonoiogie dans les paragraphes qui suivent. 3.1. L e systEme vocalique et les alternances dans les voyelles moye,mes
Si on laisse de c6t6 le schwa et les voyelles nasales, le franqais du midi a un syst6me vocalique qui ne poss~de que sept voyelles au niveau contrastif. Comme c'est habituellement le cas en franqais on y oppose/il-/y/-/u/(par exemple: lit - ht - loup). En revanche, les oppositions suivantes du franqais standard sont absentes: (13) oppositions en fran~ais sta~ldard ]el-/c/ p i q u e - piquet /¢/-I~el jefme - jeune Io/-/z/ c6te - cote /u/-la/ pfite - patte Au niveau phon6matique on peut doric dire qu'on a affaire ~ un syst~me du type suivant oh nous utilisons E, ~ , O pour d6signer une voyelle moyenne. (14) Syst~me vocalique contrastif i
y
u
E
(E
O
a
Pourtant au niveau phon6tique on trouve les sons [e]-[~], [o]-[z], [¢q-[~e], dans des contextes qu'on dfcrit habituellement comme manifestant la loi de position:
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J. Dto'and / LbTgua 95 (1995) 27-50
(15) mairie mat mer domestique p~chear paix perdu CAPES capEsien auto-stop auto-stoppeur
[meri] [mel [mer] [domestika] [pefcer] [pe] [perdy] [kapes] [kapesj~o] [otostap] [otostopoer]
En termes traditionnels, on dirait que les voyelles mi-hautes [e, o, 0] se .qouvent en syllabe ouverte et les voyelles mi-basses [~, a, ee] en syllabe fermde. En termes de traits binaires standard, plusieurs solutions sont possibles mats on dirait sans doute que les voyelles [-haut, -bas] sont [+arl] (ou [+bas]) en syllabe ouverte et [-arll (ou [-bas]) en syllabe fermde. On peut ddcrire ces ajustements sans invoquer de changemerits de valeurs de traits: voir Durand (1990: 165-168) pour un traitement darts le cadre de la thdorie de la sous-spdcification classique (comme par exemple Archangeli, 1984). Une thdorie privative (ou unaire), nous le verrons, n'exige pas pour ces exemples de rbgles de complement ou de ddfaut. En fait le problbme du contexte de cette rbgle est plus complexe que (15) peut nous le laisser croire puisqu'on trouve aussi les voyelles [~:, a, oe] lorsque la syllabe qui suit contient un schwa. Soit des mots comme selle [sel~], m a u v e [m~w], c r e u s e [kr~ez~] et dcrevisse [ekravisz] (pour certains Iocuteurs). La voyelle dans la premiere syllabe est mi-basse car la deuxi/:me syllabe contient un schwa. Ce probl~me nos occupera plus loin. Pour I'instant nous passerons ~ la representation interne de ces segments. En termes de GvP, il y a plusieurs analyses possibles de I'inventaire phonEtique de l'accent du midi. Nous suivrons Harris el Lindsey (sous presse) qui essaient de construire une thEorie restrictive des ElEment en limitant leur inventaire h quatre primitives: A, I, U et @. @ est I'dldment neutre (v °) qui ne fait sentir sa presence que lorsqu'il se trouve en position de gouverneur. Une analyse possible est celle de (16) o~ nous utilisons une virgule pour signaler la co-prEsence d'dldments et o~t 1'616ment-t~te (ou gouvemeur~ est soulignd. (16) ReprEsentation type GvP [i] = i le] = LA
[y] = I,U 1~1 = !,U,A
[u] = U [o] = U,A
[~1 = I,A
[ce] = I,U,A [a] = A
[~] = U , A
Une autre analyse est cependant envisageable. Si l'on considbre comme c'est habituellement le cas pour les tenants de la GyP que @ est present dans toute matrice
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segmentale, on peut supposer que les voyclies mi-basses (ou [-arl]) se diff6rencient des voyelles mi-hautes par la pr6sence d'un @ en position de gouvemeur: par exeraple, [al = U,A,~__.vs. [o] = U__,A,@. Les repr6sentations de (16) sont identiques de celles qu'on proposerait en DP sauf que la DP classique n'invoque le gouvemement que Iorsque c'est nScessalre du point de vue contrastif et pe_rmettrait ~ un groupe (ou sous-geste) de fonctionner comme gouverneur. Soit (17): (17) ReprEsentation type DP [i] = 1
IY] = I,U
[u] = U
[el = I,A [el = I,A
[~] = (!,,'_3),A [m] = (I,U),A [al = A
[o] = ~ , A [~J = U,A
D'autre part, alors que la GvP ne souscrit pas fi i'idEe de reprSsentation sous-spfcifiEe diffErente de (16), en DP I'inventaire contrastif sous-jacent donn6 en (14) serait du type (18): (I 8) Syst6me sous-jacent /i/= I / E / = I,A
/ y / = I,U /(13/= I,U,A /a/=A
/u/= U / O / = U,A
L'analyse dEpendancielle que j'ai proposSe sous diverses formes apparentSes (voir Durand, 1976, 1988, 1990) repose essentiellement sur le fait que ce qui commun h une syllabe fermde (net [net]) et une syllabe qui precede une syllabe comportant un schwa (nette [neto]) est que la consonne (It] dans ces exemples) depend directement ou indirectement de la voyelle. Une mani&e de formuler cette dependance (mats ce n'est pas la seule) est de proposer une structure de pied avee consonne ambisyllabique. Soit (19): (19) (a) net
(b) nette
o o I O
o
I
o
//o
o/ / o~ ?
o
~//~lo n
e
pied syllabe rime noyau attaque/coda
t
n
e
t
a
Dans un cadre dEpendanciel, on dira informellement qu'une voyelle moyenne - ~t savoir tree voyelle de type (X,A) - sElectionne A pour gouverneur si une consonne
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J. Durand / Lingua 95 (1995) 27-50
lui est subordonnde; dans t o u s l e s autres cas, la voyelle moyenne a X pour gouverneur. C'est la mani~Le dont on passe de l'inventaire sous-jacent de (18) aux reprEsentations de (17), Notons qu'on n'a nullement besoin d'invoquer de r~gles de dEfaut pour rendre compte de ces phEnom~nes. Penchons-nous maintenant sur les schwas en position finale dans l'accent du midi. 3.2. Le schwa en position finale
Dans I'accent que nous dEcrivons ici il ne fait aucun doute qu'il faut postuler un contraste phonEtique et phonologique entre des mots qui se terminent par un schwa et des mots qui se terminent par une consonne (effectivement prEsente darts la cha'~ne ou latente). Dans bon nombre de cas, la presence d'un schwa en position finale a une fonction morphologique. Soit quelques exemples tires de la morphologie flexionnelle (masculin-fEminin): (20) schwas morphologiques Masculin plat petit vert Michel colonel
FSminin [pla] [pc~ti] [ver] [mifel] [kolon~l]
-
plate petite verte Mich~le colonelle
[plata] [pOtito] [verto] [mifelo] [kolonalo]
On ne peut nEanmoins ramener tomes los oppositions entre schwa et zero h des contraintes morphologiques. II suffit d'examiner les cas suivants oh tous los noms sont du m~me genre pour voir que le contraste doit 6tre sous-jacent: (21) schwas lexicaux tir (masc.) pair (masc.) met (fem.) roc (masc.)
[tir] [per] [mcr] [rak]
vs. vs. vs. vs.
pire (masc.) pbre (masc.) mere (fem.) toque (masc.)
[piro] [pera] [mcm] [r.'~k0]
11 convient cependant de clarifier la nature du segment que nous appelons schwa dans le franqais mEridional (FM). Si nous nous en tenons pour les besoins de I'expose "~ la demi~re syllabe d'un polysyllabe, il y a quatre caractEristiques principales qui permetlent d'identifier un schwa dans l'accent dEcrit ici: (a) Effacement. Cette voyelle s'efface de faqon catEgorique h l'intErieur d'un groupe rythmique lorsque le mot qui suit a une attaque vocalique. Soit los exemples suivants tires du corpus DSW:
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(22) effacement cat6gorique ma caiss(e) elle est pattie notr(e) argent fauss(es) adresses ~tr(e) inconnue 6crir(e) "a Dans les autres contextes la pr6sence d'nn schwa en position finale de mot est sous le contr61e de facteurs sociolinguistiques. Les Iocuteurs les plus Sg6s du corpus DSW prononcent le schwa de faqon presque absolue en dehors dn type de contexte de (22). Les locuteurs plus jeunes et plus scolaris6s ont un taux d'effacement variable. I1 n'en reste pas moins que m~me au niveau phon~tique une trace dn schwa sous-jacent est souvent pr~sente dans le contraste entre, par exemple, un/r/d~vois6 correspondant h un/~/sous-jacent face h u n / r / v o i s ~ . En fait, nous avons ici affaire ~. un accent ofa l e / r / e s t uvulaire mais que nous transcrivons p a r / r / p a r commodit6. On peut donc observer des contrastes du type [pex]-[pe~] (pail~p~re) avec un allongement de la rime des roots se terminant par un schwa sous-jaeent qui m~riterait une 6tude phonologique et phon6tique plus fine. Ces remarques expliquent pourquoi nous avons pu critiquer certains autettrs qui traitent le 'e muet' de I'accent du midi comme 6penth6tique (voir Durand et al., 1987: 985-986). Cela ne signifie d'ailleurs pas qu'il n'existe pas des vari6t6s m6ridionales oh une restructuration s'est effectu~e en direction de l'accent standard (voir par exemple Watbled, 1991). (b) R¢alisation Au niveau phon6tique, en position finale, ce son peut varier entre une voyelle quasiment de type [~] au sens de I'API (soit une voyelle centrale aux I~vres non arrondies), une voyelle de type [^], au sens de I'API, ou ['~] dans une transcription type SPE (soit une voyelle mi-basse artiste aux I~vres non-arrondies), et une voyelle de type [eel ou [O]. La qualit6 m~me du schwa est sous le contr61e de facteurs sociolinguistiques. Plus la prononciation du locuteur se rapproche d'un accent vemaculaire ou du terroir, plus la voyelle aura de 'couleur'. Plus au contraire I'accent s'61~ve en direction du franqais standard plus le schwa se rapproche sur la trajectoire de l'effacement d'une voyelle centrale, se r~duisant parfois en une simple voyelle de d6tente (par exemple, t(te [teP]). (c) Accent. Cette voyelle est non-accentu6e ce qui m ' a amen6 (voir Durand, 1976, 1988, 1990) '~ attribuer une structure de pied ~ des roots comme p~re. Il est clair qu'il y a par exemple un contraste entre boule et houleux qui ne tient pas seulement '~ la qualit6 de la demi~re voyelle. M~me un Iocuteur qui r~alise ]~/comme [0] fait bien la distinction entre ces deux mots sans s'appuyer sur la qualit~ de la dernitre voyelle mais par le biais d'un contraste prosodique (fort-faible pour 'houle' et faible-fort pour 'houleux'). (d) Abaissement des voyelles moyennes. La presence d'un schwa dans une syllabe entra~ne I'abaissement des voyelles moyennes dans la syllabe qui precede. Soit
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la prononciation [ve] pour vais ou [dize] pour disais. Si on ajoute je en position postclitique, on observe [vc3o 1 (vais-je) et [dizc3~] (disais-je). Que ce soit dans les monosyUabes ou ~t I'intErieur des mots, on peut reconstruire de nombreux segments comme des schwas soit h partir de crit~res morphologiques (par ex., tellement), soit ~t partir des crit&es de type (a)-(d). Nous renverrons le lecteur intEress6 "hDurand et aL (1987) pour plus de details. Venons-en maintenant ~ la GyP. 3.2. Le schwa en fran~'ais du midi et la GyP
Le lecteur aura peut-&re dEj?t devine en quoi les variations schwa-zEro que nous venons de dEcrire posent a priori un probl~me 'h I'approche GyP telle que la defend Charette (1991), En effet, si le mot met- a la representation: (23) mer A
N
A
N
I L L I X
X
X
I I I i m
c
r
vo
quelle est la representation en GyP du mot mkre dans l'accent dEcrit ici? Ce problame ne semble pas avoir 6t6 not6 dans Charette (1988) puisque clans sa discussion du param~tre d'autorisation des noyaux vides finaux ((9) ci-dessus), cene demi~re declare: "'Languages which choose the NO option of this parameter would obligatorily give phonetic content to word-final nuclei. Such languages are Portuguese, Southem French, Italian and the like where words always end phonetically with a vowel" (1988: 257). Nous venons de voir que ce n'~tait pas le cas. En fait, dans le cadre GyP, il nous semble exister au moins deux solutions au contraste lexical type nw~-mdre, solutions que nous examinezons tour ~t tour. Tout d'abord on pourrait poser que le schwa de l'acc:nt du midi n'est pas la voyelle froide mais une voyelle dont la composition segmentale est autre que cette demi~re. Par exemple, on pourrait supposer que le schwa est une voyelle qui a @ pour ElEment-tEte et qui a un autre 61Ement (ou plusieurs) pour dependant. Le candidat le plus Evident, si l'on se rEf'ere h la representation (11) empruntEe ~t Charene (voir 2.3 supra), serait (@_, A). En revanche, un mot qui se termine par une consonne aurait seulement @ comme rEalisation du noyau vocalique. Soit: (24) mer
(24') more
A
N
N
A
N
I
I I I
A
I
I
A
I I
N
X
X
X
X
X
X
X
X
m
~
r
@
m
e
r
~__,A
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Cette solution est tout h fait envisageable. On notera n6anmoins que l'effacement des schwas dans diverses st~,quences (par exemple, ma mdr(e) y va) ne d6coule plus alors d'un principe aussi g6n~ral qu'auparavant puisqu'il exige que des atomes du type A soit inaudibles. En effet, I'explication que donne la GyP de la non-r6alisation d'un schwa dans des sgquences comme (ma m~r(e) y va [mameriva]) consiste b, invoquer une version du PCO (Principe du Contour Obligatoire). S'il semble tout fait raisonnable d'imaginer qu'une syllabe h noyau vide puisse fusionner avec une syllabe ~ attaque vide, on voit bien que la presence de l'616ment A dans le noyau final de m~re exige une stipulation: toutes choses 6gales par ailleurs, la fusion de @,A et de 1 (pour y [i] dans Fexemple m a mdre y va) devrait produire une voyeile de type [5]. L'autre solution qu'on peut ,~nvisager est de supposer que les mots it finale consonantique ont une position nucl6aire qui n'a pas de contenu phonologique. Soit, tout d'abord la repr6sentation du mot mcr: (25) m e r A
N
A
I
I
I
X
X
I
I
m
g
X
N
I
X
I
r
En revanche, le mot m~re aurait la repr6sentation suivante: (25') mdre A
N
A
I 4
I
x
x
m
~
N
I
x
I I i I r
@
Cette solution est elle aussi tout ~ Nit plausible et n'exige sans doute pas de stipulation pour rendre compte des conte×tes d'effacement. Un d~savantage possible est qu'on perd la belle unil~ qu'assignait Charette all× positions rides finales et h la voyelle g ~clipse du fran~ais. On notera aussi que de telles reprdsentations exigent qu'on adopte un module bi-stratal dans la mesure o~ en surface un @ sousojacent a un ~ventail de valeurs pkondtiques pr~sentdes en 3.2. Nous ne pr~tendons pas ici que les solutions d~crites ci-dessus constituent une r~futation de la GyP. N~anmoins, elles nous semblent exiger des r~am~nagements qui ne nous paraissent pas tous compatibles avec une version monosUatale, non-d~rivationneUe que favorisent les partisans de la GyP (voir Kaye, sous presse; Harris et Lindsey, sous presse).
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3.4. Les vovelles movennes etla GyP Passons maintenant ~ I'ajustement des voyelles moyennes. Cet ajustemenl nous semble poser un probl~me 6pineux ?~ la GyP. En effet, dans cc cadre thEorique, la notion de syllabe fermEe ou de syllabe ouverte n'a plus de traduction immediate. Soit par exemple les mots sol [sail et soMat [s~lda]. En GyP, le mot sol est disyllabique car la consonne [I] constitue I'attaque d'une syllabe ~, noyau vide: cf. (26a) cidessous. Le mot soldat, prima facie, est lui aussi disyllabique (nous laissons de c6t6 la possibilit6 de postuler un [t] final flottant comme non-pertinent ~l nos propos). Ce qui est cep.endant important dans le contexte de notre discussion est que dans la premibre s, !-'.abe de soldat le Ill serait normalement rattachE ~l la rime gouvemEe par [oJ et autoris6 par le [d] qui suit (cf. (26b)): (26) (a) sol A
R
(b) soldat A
I I N
X
X
~,
J I
3
A
T
I
s
R
I
X
A
~
N X
R
X
X
R
I
N X
X
X
I I I I i
s
~
I
d
a
Si telle est la representation qu'on adopte, on constate done quail n'est pas possible de saisir de fa~on immediate les deux c~mtextes complEmentaires identifies plus haul: syllabe ouverte vs. syllabe fermEe ou suivie par une syllabe contenant un schwa. La solution qu'on peut envisager est la suivante. On posera que toute occurrence interne d'une consonne traditionnellement dEcrite comme la coda d'une syllabe fermEe est en fait l'attaque d'une syllabe b. noyau vide. Dans cette optique soldat comporterait alors trois syllabes: [s31v°da]. Dans ce cas-l'h, on expliquera I'abaissement des '~oyelles mt~yenne~ de fa~on simple: loute voyelle moyenne qui precede une syllabe dont le noyau est vide est mi-basse. Dans tousles autres cas, la voyelle est mihaute, il faut souligner que la notion de noyau vide devra prendre en compte non remarques de 2.2.: par exemple, on entendra par noyau vide soit une position du squelette sans mElodie articulatoire, soit une position liEe h u n @. Or ce type d'analyse qui nous a El6 suggEr6 par divers tenants de la GyP nous semble problEmatique. ConsidErons des mots comme lectrice [hzktrisz], octroyer [aktrwaje], portrait [partre] dans lesquels la premiere syllabe a une voyelle mi-basse. L'explication que nous venons de considErer consiste 'h postuler qu'une voyelle vide suit la premiX:re consonne h un niveau sous-jacent: soit /l~kv~}triso/, octroyer/0kv°trwajeL portrait /p3rv(~tre/. Or cette solution a un inconvenient majeur: entre l a v (} e t l a voyelle droite qui la gouveme, il y a une attaque complexe du type Obstruante + Liquide. Nous avons vu en 2.1 qu'une attaque complexe fail 6cran au gouvemement (voir exemple (4)~. on s'attendrait doric b. ce que dans de tels contextes !a voyelle vide
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doive ~tre obligatoirement prononcEe: [lekotrisa]. Or cette prononciation est totalement inacceptable pour les mats en question. Examinons maintenant des mats comme reste [rrsta], espoh" [espwar] ou p o s t e r [paste]. 11 serait possible de traiter le [s] median comme Etant rattachE h la rime qni le precede. Si I'on adopte cette hypoth~se, la presence d'une voyelle mi-basse ne dEcoule plus de la gEnEralisation prEcEdemment EnoncEe (une voyelle mi-basse est dEcleJlchEe par une voyelle vide dan: la syllabe qui la suit). On est donc force d'adopter des representations du type: /resv°to/,/esv0pwar/,/pasv°to/. Or de telles representations comme il est note dans Lyche ('h para$tre) et Azra et Cheneau (1994) ne semblent pas des plus motivEes En effet, les groupes sC(C) intervocaliques se component souveat comme unitaires du point de vue de certains processus en franqais. On sait qu'en verlan les syllabes sont permutEes (voir PIEnat, ce volume) comme dans les exemples ci-dessous: (27) franqais standard cable garder metro
syllabification usuelle ca$blE garSder mE$tro
verlan [bleka] [degar] [trome]
Or on constate que les groupes medians de type sC se comportent dans la vaste majoritE des cas comme unitaires. Soit les formes: (28) Pascal basket
Pascal basket
[skalpa] [sketba]
Bien que quelques cas isolEs existent o/t une coupe s$C donne de bans rEsultats (soit s u s p e c t - s v s $ s p e c t - [pesys]), il est clair que les exemples de (28) montrent que le [s] dans les s~quences sC doit s'intEgrer d'une fa~on ou d'une autre ~ I'attaque. En fait, le comportement ambigu de [s] dans des groupes consonantiques sugg~re la possibilitE d'une analyse par ambisyllabicitE dEfendue en DP (voir entre autres Anderson et Ewen, 1987; Durand, 1991). I1 est vrai que I'analyse des sequences sC(C) pose des probl~mes ~ la plupart des cadres thEoriques (voir Lyche, h paraitre). Kaye (1992) propose dans le cadre GvP une analyse uniforme de ces sequences, h savoir que route sequence de ce type dolt 6tre analysEe comme un complement de rime ('rhymal complement') suivi d'une attaque - voir (29): (29) R x
O x
x
s
C
La representation en GvP d'un mot comme exprEs serait donc ]ckv°spre/. Or, comme le signale Lyche (op. cit.), une telle representation se revile problEmatique. On s'at-
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tendrait hce que lev ° soit rEalisE dans la mesure o~ il existe deux domaines de gouvernement entre le v° et le [~;] qui est le gouvemeur potentiel ,~ sa droite: soit l'attaque [pr] et le domaine interconstituant [st]. Cela pr~dirait la prononciation incorrecte *[ekospre]. Or la prononciation [ekospre] n'est pas attest~e et on a pu remarquer que darts de nombreuses variEtEs du fran~ais, c'est plut6t [eksopre] que l'on observe. Dans I'accent que nous d6crivons, il nous semble que [~kspre] ou [espre] sont les prononciations habituelles de ces roots. Kaye (1992) justifie l'absence de rEalisation de v° d a n s ce contexte en invoquant la notion d'autorisation magique ('magic licensing'). En soi, si le Is] des sequences sC demande un traitement exceptionnel, on pourrait dEfendre l'idEe que, magie pour magic, autant dEfendre l'idEe que le Is] a des propiEt6s exceptionnelles du point de vue des noyaux qu'il rend licites. Lyche (op. cit.) montre cependant que chacune des solutions choisies prEsente de sErieuses difficultEs. Les remarques ci-dessus sugg~rent que le dEmant~:lement des sequences consonantiques intervocaliques que l'on remplacerait par des sequences attaque + voyelle vide pose de sErieux prob'JEmes ,~ la GvP. 3.5. V o w u n e solution po:;sible?
II nous semb!e que les arguments avancEs plus haut soulignent le caract~re problEmatique de la mutipli,:ation de categories vides entre les ElEments de sequences consonantiques en franqais. Une solution qui nous parait envisageable est la suivante. Supposons que l'on adopte une thEorie dErivationnelle (mais pas forcEment transformationnelle) des representations phonologiques et donc une forme de sousspecification. Posons que les representations de type GyP sont acceptables comme structures initiales. Diverses r~gles d'61aboration de structures et de dEfaut ('structure building rules'/'default rules') peuvent Etoffer ces structures sous-jacentes et, entre autres, introduire des structures ambisyllabiques du type adoptE en phonologic de dependance (DP). On peut alors avoir les avantages des deux types de reprEsentation que ces theories proposent. Prenons un exemple concret. Soit un mot comme os. Posons que sa representation est/Osv°/au niveau lexical (soit (29) ci-dessous), ce qui combine une representation de type DP et GyP: (30) o s oR oA
R
oN
oA
I
t
oN
I
x
x
X
L
I
I
A,U
[s]
v°
Si os ne subit aucun processus dErivationnel sa structure phonologique est EtoffEe en fin du module lexical et ce mot reqoit une structure en pied de type DP comme en
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(! 9). Notons qu'au niveau infrasegmental, A est choisi comme gouvemeur de U (ce qui donne la valeur phon6tique [a]). (31) os
/o /
i
~
°
o
pied syllabe
o
rime
h
att-qoe,coda
i
noyau
1 A,U
[s]
v°
Supposons en revanche que la racine os (30) soit soumise hun processus morphoIogique de dfrivation. Soit, comme exemple, la forme ossifier qui est prononc~e [osifije] dans l'accent en question (vs. [asifje] en franqais standard). On supposera que la rime en v° de la forme sous jacente/Osv°/fusionne avec le [i] initial du suffixe -ifier avant la mise en place d'une structure syllabique de type DP. Le r6sultat est que [s] se trouve d6sormais en position d'attaque de la nouvelle syllabe. Au niveau lexical, la portion initiale de ossifier aura la structure en (32): (32) ossi(fier) oR oA
oR
oN
o
oN
X
X
X
A,U
I
I
Is]
i
En fin de module lexical, la representation (32) re~oit la representation suivante: (32') ossi(fier) o P
o P
I I OSl ~ ! s o R
o
R
q
I
I
oN
o
oN
X
X
X
A,U
[,';]
i
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La premiere voyelle est en syllabe ouverte et une r~gle de dEfaut sElectionne le U c o m m e g o u v e m e u r ce qui d o n n e la valeur phonEtique [o]. Dans cette optique, on peut d o n c maintenir la thbse que le processus d ' a j u s t e m e n t tient ~ la presence d ' u n e c o n s o n n e ~ droite de la voyelle qui subit l'ajustement. En revanche, un mot c o m m e p o s t e r [paste] n ' e x i g e pas q u ' o n postule un v ° entre le [s] et le [tl.
4. C o n c l u s i o n Dans cet article nous avons essay6 de dEmontrer que diverses alternances en franqais du midi (schwa-zEro et voyelles m o y e n n e s ) exigeaient une modification de certaines thbses centrales de la G v P classique telle q u ' o n la trouve d a n s K a y e et al. (1990) ou Charette (1990, 1991). Nous ne prEtendons pas que les phEnom~nes prEsentEs ci-dessus constituent une refutation de la G v P . NEanmoins, nous pensons q u ' i l s ne peuvent ~tre traitEs q u ' a u prix de modifications dont la motivation ultime reste a prouver. En ce qui c o n c e r n e les voyelles vides en fin de mot, nous avons suggErE q u ' i l existait deux types de voyelles rides. En revanche, dans le cas des voyelles m o y e n n e s , nous a v o n s avancE l'idEe que la solution la plus Evidente p o u r la G v P - '~ savoir la postulation de n o m b r e u s e s categories vides entre les c o n s o n n e s de groupe,,, consonantiques - se heurtait ~ de grosses difficultEs. II nous semble cependant que si la G y P ac,:e/~,ait que representation sous-jacente et representations de surface peuvent diffErer (dans un cadre pas forcEment transformationnel) alors d ' a u t r e s solutions sont envisageables. Nous avons suggErE ci-dessus que des reprEsentations de type dEpendanciel ne sont pas forcEment incompatibles avec les reprEsentations G y P classiques. Nous attendons avec inter& un traitement des phEnom~nes esquissEs ci-dessus d a n s un cadre G y P plus orthodoxe.
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