Aspects orthopédiques de la traumatologie accidentelle non sportive de l’adolescent

Aspects orthopédiques de la traumatologie accidentelle non sportive de l’adolescent

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Table ronde Traumatologie accidentelle non sportive de l’adolescent

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com Mots clés : traumatologie, accident, adolescence, urgences

Aspects orthopédiques de la traumatologie accidentelle non sportive de l’adolescent Orthopaedic aspects of the accidental traumatology of the teenager J. Cottalorda*, B. de Billy, S. Bourelle, B. Al Bitar, N. Diraduryan, O. Mory Service de chirurgie infantile, Hôpital Nord, 42055 Saint-Étienne cedex 2, France.

L

a part réservée à l’urgence dans l’activité d’un service de chirurgie infantile peut atteindre, dans certaines périodes de l’année, 50 % de son activité globale [1]. La traumatologie de l’enfant occupe une grande place dans ces urgences. Entre 90 % et 95 % de l’activité, en nombre de passages aux urgences chirurgicales, est secondaire à un traumatisme. Le reste de l’activité se répartit entre les urgences orthopédiques (boiterie, suspicion d’infections ostéo-articulaires, etc.) et les urgences abdominales [1]. La traumatologie de l’enfant évolue depuis quelques années avec une diminution des accidents graves et des polytraumatisés en raison des effets bénéfiques des mesures de prévention routière. On constate en revanche une augmentation des accidents liés au sport [1]. La traumatologie aux urgences se répartit essentiellement entre des accidents survenus au domicile de l’enfant (environ 35 % des cas), des accidents non domestiques (surtout à l’école, environ 20 % des cas), des accidents du sport (environ 20 % des cas) et des accidents de la voie publique (environ 15 % des cas). Si la traumatologie représente à elle seule 90 % à 95 % de l’activité d’un service d’urgence chirurgicale, sa gravité est très variable allant de la simple contusion jusqu’à la fracture ou au polytraumatisme. La grande majorité des lésions est bénigne avec des abrasions ou des contusions qui à elles seules représentent près de 40 % des traumatismes. Viennent ensuite les plaies (20 % des accidents) et les fractures (15 % des motifs de consultations aux urgences). Dans les accidents de la circulation, l’enfant est, en fonction de son âge, passager de voiture, piéton renversé (en particulier à l’occasion de trajets scolaires) ou cycliste ou motocycliste [2]. Quoique derrière les accidents « domestiques » par leur fréquence, ces accidents de la circulation tiennent une place importante chez l’enfant car ils sont souvent graves et leur mortalité est plus élevée que chez l’adulte. Les lésions observées différent selon l’âge mais il s’agit essentiellement de lésions crânio-cérébrales (20 %) ou de traumatismes des membres inférieurs (10 %). Les polytraumatismes ou accidents qui nécessitent une hospitalisation directe en réanimation sont inférieurs à 1 %. Ils sont cependant très graves et entraînent la plupart des séquelles. Le pourcentage des séquelles (tous préjudices confondus) est en lien direct avec l’âge : 33 % de séquelles entre 0 et 5 ans, 50 % de séquelles entre 10 et 15 ans et 60 % à l’âge adulte [2]. Il en est * Auteur correspondant. e-mail : [email protected]

756 © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Archives de Pédiatrie 2008 ; 15 : p756-p757

de même de la gravité de ces lésions, au travers du taux d’IPP. Celle-ci est nulle chez 85 % des enfants âgés de moins de 5 ans, chez 70 % des enfants entre 10 et 15 ans, et chez seulement 60 % des adultes [2]. Un enfant sur deux sera hospitalisé au moins une fois avant l’âge de 15 ans, à la suite le plus souvent d’un passage par le service des urgences [3]. Les fractures de l’enfant ont été largement étudiées d’un point de vue épidémiologique [4-9]. Le risque de survenue d’une fracture augmente avec l’âge. Il existe deux pics de fréquence entre 3 et 5 ans et entre 13 et 15 ans. Ce dernier pic sera modifié le jour où les urgences pédiatriques chirurgicales seront amenées à prendre en charge les enfants jusqu’à 18 ans. Pour les filles le pic se situe vers 11-12 ans, alors qu’il est de 13-14 ans pour les garçons. Les traumatismes touchent deux fois plus les garçons que les filles [1]. Par ordre de fréquence, le membre supérieur est le plus souvent atteint (30 %), suivi par le crâne (25 %), le membre inférieur (20 %) et les autres localisations (tronc ou localisations multiples). La fracture la plus fréquente est celle de l’extrémité distale de l’avant-bras. Soixante-cinq pour cent des fractures se présentent aux urgences entre le 15 juin et le 15 septembre [1]. Les mois d’été et les vacances scolaires sont plus propices aux fractures. De même, les accidents sont plus fréquents les mercredi, samedi et dimanche. L’activité aux urgences chirurgicales pédiatriques démarre vers les 9 heures avec une augmentation régulière de la fréquentation jusqu’à midi. Il existe un pic de fréquentation de 16 heures à 21 heures et une relative tranquillité la nuit. Ces deux pics de fréquence dans la journée entre 10 heures et midi et entre 16 heures et 21 heures, surviennent à des heures où l’équipe médicale est souvent réduite et où l’équipe paramédicale doit effectuer sa rotation entre l’équipe d’après-midi et de nuit. L’idéal serait de pouvoir disposer d’équipes à « géométrie variable ». Il existe aux urgences des enfants « récidivistes » [1]. Trente pour cent des enfants consultent plus d’une fois dans l’année aux urgences chirurgicales. Dans certains cas la consultation est inappropriée. L’absence de paiement de l’acte et la grande disponibilité du service d’urgence favorisent ce type d’attitude. Certains « récidivistes » sont des enfants réellement très turbulents pour lesquels la gravité moyenne des accidents est supérieure à la moyenne. Il peut s’agir de véritables enfants « casse cou », d’enfants ayant des troubles associés en particulier sensoriels (visuels ou auditifs), d’enfants ayant un problème neurologique ou de coordination parfois non encore détecté, voire d’enfants hyperkinétiques vrais.

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Des actions de dépistage ou de prévention peuvent aider ces enfants [1]. C’est la croissance des os longs qui donne aux traumatismes de l’enfant leur personnalité propre. Il est faux de souscrire à l’aphorisme selon lequel la croissance « arrange tout ». Si bien souvent cette croissance joue dans le bon sens, à l’inverse celle-ci peut amplifier les séquelles dès que les structures de croissance sont lésées. Le cartilage de croissance est l’artisan principal du pronostic des fractures chez l’enfant [10]. Lorsqu’il est intact, il est un allié précieux qui efface dans le flot de la croissance les défauts de réduction. A l’inverse son altération aggrave singulièrement le pronostic lorsque s’installe un pont d’épiphysiodèse d’évolution dramatique. Pour les lésions ne touchant pas le cartilage de croissance, on peut se rappeler la règle classique et souvent vérifiée du bon pronostic habituel des fractures diaphysaires et du pronostic plus réservé des fractures épiphysaires. Enfin, il faut insister sur les progrès des traitements avec une ostéosynthèse chirurgicale de moins en moins agressive.

Références 1. De Billy B, Amoussa I, L’Kaissi M, et al. Épidémiologie descriptive de l’activité d’urgence chirurgicale pédiatrique. In : Gicquel P, Karger C, Clavert JM, Taglang G. Traumatismes ostéo-articulaires de l’enfant. De la prise en charge initiale aux séquelles. Montpellier: Sauramps Médical 2006. p. 11-16.

2. Kohler R, Garin C. Évaluation chez l’enfant des séquelles des fractures des membres dans le cadre de la réparation juridique. In : Clavert JM, Metaizeau JP. Les fractures des membres chez l’enfant. Montpellier:Sauramps Médical 1990. p. 531-540. 3. Haumont T, Cavare-Vigneron S. L’accueil de l’enfant traumatisé au service d’urgences. In:Clavert JM, Karger C, Lascombes P, Ligier JN, Metaizeau JP. Fractures de l’enfant. Montpellier : Sauramps Médical 2002. p.11-14. 4. Landin LA. Fracture pattern in children. Analysis of 8682 fractures with special reference to incidence, etiology, and secular changes in a Swedish urban population. Acta Orthop Scand Suppl 1983;202:1-109. 5. Landin LA. Epidemiology of children’s fractures. J Pediatr Orthop B 1997;6:79-83. 6. Worlock P, Stower M. Fractures patterns in Nottingham children. J Pediatr Orthop 1986,6,656-60. 7. Cheng JC, Shen WY. Limb fracture pattern in different pediatric age group:a study of 3350 children. J Orthop Trauma 1993;7:15-22. 8. Hansson G, Hirsch G. Fractures in children. J Pediatr Orthop B 1997;6:77-8. 9. Parot R, de Billy B, Monnet E, et al. Facteurs pronostiques de complications secondaires en traumatologie pédiatrique: enquête prospective sur 700 patients. Rev Epidem et Santé Publ 1999;47:343-52. 10. Jouve JL, Guillaume JM, Launay F, et al. Traumatismes du cartilage de croissance. In:Clavert JM, Karger C, Lascombes P, Ligier JN, Metaizeau JP. Fractures de l’enfant. Montpellier:Sauramps Médical 2002. p. 19-27.

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