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Résumés des présentations aux JFN de Marseille 2015 / Nutrition clinique et métabolisme 31 (2017) 30–82
mentaires ainsi que le respect des différentes recommandations alimentaires en fonction des niveaux et types de produits laitiers consommés. Matériel et méthodes Les données alimentaires (carnet de 7 jours) de l’enquête transversale CCAF2010 (Crédoc), réalisée sur un échantillon représentatif de la population franc¸aise (986 Franc¸ais âgés de 25 à 64 ans) ont été analysées. Pour chacune des 3 catégories de produits laitiers (lait, yaourt au sens PNNS – i.e. yaourt, lait fermenté, fromages blancs, petits suisses – et fromage), nous avons défini 4 groupes : non, petits, moyens et grands consommateurs ; les consommateurs ont été répartis en 3 groupes de taille similaire avec des seuils propres à chaque type (lait/yaourt/fromage). Le score PANDiet a été utilisé pour évaluer la qualité nutritionnelle de la diète via l’adhérence aux recommandations nutritionnelles, un score plus élevé indiquant une meilleure qualité de la diète. Résultats et analyse statistique Sur l’échantillon analysé, le lait et le yaourt sont consommés en moyenne 0,5 fois par jour avec une portion moyenne observée de 200 mL et 132 g respectivement. Le fromage est consommé en moyenne 0,8 fois par jour avec une portion moyenne de 45 g. La proportion de nonconsommateurs est différente entre lait, yaourt et fromage avec respectivement 45 %, 22 % et 9 % de l’échantillon. Les grands consommateurs de yaourts sont préférentiellement des femmes, tandis que les grands consommateurs de fromages sont préférentiellement des hommes. La proportion de personnes âgées est plus importante parmi les grands consommateurs de yaourt et fromage, mais plus faible parmi les grands consommateurs de lait. La prise énergétique journalière est supérieure parmi les grands consommateurs de lait et fromage par comparaison aux non-consommateurs (respectivement +163 kcal/jour et +501 kcal/jour), alors qu’il n’y a pas de différence significative entre non- et grand consommateur de yaourt. L’IMC n’est pas corrélé à la consommation de lait ou de yaourt mais significativement plus élevé chez les grands consommateurs de fromage. Les apports en calcium augmentent avec le niveau de consommation quel que soit le type de produit laitier. Le score PANDiet diffère selon les groupes, avec des scores de plus en plus élevés depuis les non-consommateurs jusqu’aux grands consommateurs de lait ou de yaourt (+4 pts) et des scores décroissants des non-consommateurs aux consommateurs de fromage (–2 pts). Conclusion Les consommateurs de lait, yaourt et fromages ont des profils alimentaires différents. La qualité nutritionnelle de la diète est meilleure parmi les grands consommateurs de lait et de yaourt que chez les consommateurs de plus faible niveau ou que chez les grands consommateurs de fromage. Déclaration de liens d’intérêts Danone Research.
VB, JF, PH, JC, JML : subvention rec¸ue de
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.102 P364
Déterminants de la prescription de suppléments de vitamine D en maison de repos : une enquête menée auprès des médecins généralistes F. Buckinx 1,∗ , J.-Y. Reginster 1 , E. Cavalier 2 , J. Petermans 3 , C. Ricour 3 , C. Dardenne 4 , O. Bruyère 1 1 Département de santé publique, épidémiologie et économie de la santé, université de Liège, Liège, Belgique 2 Département de chimie médicale 3 Département de gériatrie, CHU de Liège, Liège, Belgique 4 Maison médicale « Oxygène », Liège, Belgique ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (F. Buckinx) Introduction et but de l’étude Cette étude a pour objectif d’évaluer le profil de prescription de la vitamine D en maison de repos et ses éventuels déterminants. Matériel et méthodes Il était demandé aux médecins généralistes ayant au moins un patient en maison de repos, en Belgique, de compléter le questionnaire. Résultats et analyse statistique Un total de 119 médecins généralistes ont participé à cette enquête. Parmi les répondants, 65 (54,6 %) prescrivent systématiquement de la vitamine D à leurs patients résidant en maison de repos et les 54 autres médecins (45,4 %) en prescrivent parfois. Les principales raisons qui incitent les médecins à prescrire systématiquement de la vitamine D à leurs patients institutionnalisés sont les suivantes : parce qu’ils pensent que les personnes âgées vivant en maison de repos sont toujours carencées en vitamine D (92,1 %), parce qu’ils pensent que la supplémentation en vitamine D prévient
les fractures ostéoporotiques (77,8 %) et parce que la supplémentation en vitamine D est recommandée par de nombreuses sociétés scientifiques (38,1 %). Les médecins généralistes qui prescrivent seulement de la vitamine D à certains de leurs patients le font principalement à la suite d’un diagnostic d’ostéoporose (82,4 %), sur base du taux sanguin de 25(OH)D (78,4 %), en cas d’antécédents de fractures (54,9 %) ou après une fracture récente (43,4 %). Étonnamment, 16 médecins (31,4 %) déclarent prescrire de la vitamine D uniquement lorsqu’ils y pensent. Enfin, alors que 40,7 % des médecins généralistes prescrivent toujours la même dose de vitamine D, les 59,3 % restant prescrivent une dose qui dépend principalement des résultats du dosage de la 25(OH)D (94,0 %), de la santé osseuse du patient (49,3 %) ou de ses antécédents de fractures (43,3 %). Conclusion Plus de la moitié des médecins généralistes prescrivent systématiquement de la vitamine D à leurs patients résident en maisons de repos. L’autre moitié de ces médecins prescrit habituellement de la vitamine D sur base d’une biologie sanguine ou du diagnostic d’ostéoporose. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.103 P365
Association entre la consommation d’eau au réveil et consommation totale de fluide dans la population franc¸aise
C. Morin ∗ , I. Guelinckx Hydration & Health Department, Danone Nutricia Research, Palaiseau, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (C. Morin) Introduction et but de l’étude De nombreuses études ont démontré qu’une déshydratation légère à un impact délétère sur la santé [1]. À l’inverse, une augmentation de la consommation d’eau est recommandée dans la prévention secondaire des calculs rénaux [2]. Des données collectées dans 13 pays montrent qu’une majorité de leur population (50 % des femmes ; 60 % des hommes) n’atteint pas les valeurs de référence de consommation en eau établies par l’EFSA [3]. Dans la pratique clinique, l’augmentation de la consommation d’eau passe par une amélioration de la disponibilité en eau, mais aussi par un accompagnement des individus au travers de conseils simples et pratiques. Sachant que la concentration urinaire, un biomarqueur de l’hydratation, est à son maximum le matin après une nuit de jeun [4], la consommation d’eau au réveil permet de diminuer cette concentration et semble ainsi être un conseil pratique et approprié. Matériel et méthodes Un échantillon d’enfants et d’adultes représentatif de la population franc¸aise (4–65 ans, n = 1 863 ; 64 % de femmes) ont enregistré leur apport total quotidien en fluides (TF) dans un carnet en ligne sur 7 jours. Les analyses ont été faites en comparant la fréquence de consommation d’eau au réveil des participants, fréquence classifiée en trois groupes : consommation d’eau au réveil une fois par semaine ou moins ; consommation d’eau au réveil deux à cinq fois par semaine et consommation d’eau au réveil plus de six fois par semaine. Résultats et analyse statistique Les individus buvant de l’eau au réveil plus de six fois par semaine avaient en moyenne un TF supérieur aux sujets des deux autres groupes. En outre, chez ces sujets, la contribution de l’eau au TF (57 %) est significativement supérieure aux autres groupes (au plus une fois par semaine : 48 %, deux à cinq fois par semaine : 53 %) et une plus faible part des boissons sucrées au TF (8 % comparé à au plus une fois par semaine : 16 %, deux à cinq fois par semaine : 12 %). La différence de fréquence moyenne de consommation entre le groupe plus de six fois par semaine et le groupe au plus une fois par semaine était également supérieure à un acte par jour. Résultats présentés sous forme de moyenne (SD), testés par un test signé des rangs de Wilcoxon. P-value de toutes les comparaisons < 0,0001 (Tableau 1). Conclusion La consommation régulière d’eau au réveil est associée à un TF plus élevé ainsi qu’à une augmentation de la contribution de l’eau au TF. Cela est également associé à une diminution de la contribution des boissons sucrées au TF. Même si aucune causalité n’a été montrée, adopter l’habitude de boire de l’eau au réveil pourrait être un conseil simple et pratique pour se rapprocher des valeurs de référence données par l’EFSA.
Résumés des présentations aux JFN de Marseille 2015 / Nutrition clinique et métabolisme 31 (2017) 30–82 Tableau 1 Étude de la consommation d’eau au réveil et consommation total de fluide dans la population franc¸aise (n = 1 863). Fréquence de la consommation d’eau au réveil
n (%)
Volume d’eau au réveil (ml)
Moyenne TFI/j (ml)
Eau (ml)
Nombre d’actes par jour
≤ 1 fois/semaine 2–5 fois/semaine > 6 fois/semaine
1545 (83 %) 180 (10 %) 138 (7 %)
160 (123) 175 (107) 171 (82)
1403 (550) 1677 (625) 1872 (771)
671 (422) 892 (518) 1076 (606)
5,9 (1,7) 7,3 (2,0) 8,2 (2,4)
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Manz F, et al. The importance of good hydration for the prevention of chronic diseases. Nutr Rev 2005;63:S2–5. [2] Curhan GC, et al. A prospective study of dietary calcium and other nutrients and the risk of symptomatic kidney stones. N Engl J Med 1993;328:833–8. [3] Ferreira-Pego C, et al. Total fluid intake and its determinants: cross-sectional surveys among adults in 13 countries worldwide. Eur J Nutr 2015;54(Suppl. 2):35–43. [4] Perrier E, et al. Circadian variation and responsiveness of hydration biomarkers to changes in daily water intake. Eur J Appl Physiol 2013;113(8):2143–51. http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.104 P366
Cultiver des légumes dans un jardin associatif de quartier d’habitat social, un moyen pour les femmes de réinterroger leurs pratiques alimentaires ? P. Martin 1,∗ , P. Marchand 1 , J.-N. Consales 2 , P. Scheromm 3 , N. Burq 1 , F. Ghestem 4 , N. Darmon 1 1 UMR Nort (nutrition, obésité et risque thrombotique), Inra1260, Inserm 1062, Aix-Marseille université, Marseille, France 2 UMR Telemmme (temps, espaces, langages, Europe méridionale – Méditerranée), Aix-Marseille université, CNRS, Aix-en-Provence, France 3 UMR 951 innovation, département sciences pour l’action et le développement (SAD), Inra, Montpellier, France 4 Pades, Pantin, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (P. Martin) Introduction et but de l’étude Rencontre, contact à la nature, production sont quelques-unes des fonctions offertes par les jardins associatifs urbains. En quartiers d’habitat social, ils pourraient faciliter la consommation de légumes frais, souvent délaissés du fait de contraintes économiques et de conditions de vie difficiles. Dans le cadre du projet d’ANR Jassur (jardins associatifs urbains et villes durables), l’objectif de la présente étude était d’investiguer la place des productions potagères dans l’alimentation de femmes ayant accès à une parcelle de jardin associatif de pied d’immeuble, en quartiers d’habitat social à Marseille. Nous avons posé l’hypothèse que la pratique du jardinage était associée à des approvisionnements alimentaires plus équilibrés pour ces jardinières. Matériel et méthodes Une enquête pluridisciplinaire, liant agronomie, nutrition et sociologie, a été menée auprès de 23 femmes cultivant une parcelle de jardin (mai–juin 2014). Les pratiques de jardinage, les approvisionnements alimentaires du foyer et les perceptions des jardinières quant à leur production et leur alimentation ont été analysées. Les approvisionnements alimentaires des jardinières ont été statistiquement comparés à ceux de femmes habitant les mêmes quartiers sans avoir accès à un jardin et ayant participé à des ateliers sur l’alimentation et le budget lors de l’intervention « Opticourses ». Résultats et analyse statistique Les jardinières privilégient la diversité et la qualité de leur production (légumes, petits fruits) à la quantité (10 % des approvisionnements en produits potagers sont issus du jardin). Elles s’essayent à des pratiques respectueuses de l’environnement et déclarent préférer consommer des aliments sans pesticides. À la production de qualité s’ajoute une dimension socioculturelle et symbolique. Le travail au jardin est récompensé par le goût et la saveur des produits potagers, liés à des souvenirs d’enfance. Ces productions sont aussi source de qualité de vie, des liens sociaux se créant par les échanges
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entre les jardinières. La fierté est révélée par la production, l’activité culinaire et le partage (« Tu es fière, tu te dis c¸ a c’est moi ! Une satisfaction ! Le plaisir de manger des légumes sains du jardin ! »). La dimension économique et nutritionnelle se traduit pour les jardinières par des stratégies d’achat de produits potagers à moindre coût en comparaison au prix national (p < 0,0001). Par rapport à leurs voisines non-jardinières intéressées par la nutrition (les participantes Opticourses), les jardinières fréquentent aussi plus de commerces alimentaires et achètent davantage de légumes (243 g/j contre 135 g/j, p < 0,05, avec et sans ajustement pour l’âge). Conclusion Les jardinières adoptent des pratiques de jardinage sans pesticides et achètent plus de légumes que des femmes des mêmes quartiers et conditions sociales. Aussi faibles soient les productions potagères de ces jardins associatifs, notre étude suggère qu’y avoir accès pourrait entrouvrir, pour les femmes vivant en quartier d’habitat social, une fenêtre de réflexion sur l’alimentation, stimulant l’adoption de comportements d’achat alimentaire plus en accord avec les préconisations de santé publique. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.105 P367
Association prospective entre la consommation de fruits, légumes et légumineuses et le risque de cancer de la prostate : résultats issus de la cohorte SU.VI.MAX A. Diallo 1,2,∗ , M. Deschasaux 2 , P. Galan 2 , S. Hercberg 1,2 , L. Zelek 3 , P. Latino-Martel 2 , M. Touvier 2 1 Département de santé publique, hôpital Avicenne, Bobigny, France 2 Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Éren), centre de recherche en épidémiologie et biostatistique Sorbonne Paris Cité (Cress), Inserm U1153/Inra U1125/Cnam/Paris 13, Bobigny, France 3 Service d’oncologie, hôpital Avicenne, Bobigny, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A. Diallo) Introduction et but de l’étude Bien que des études expérimentales suggèrent que les fruits, les légumes et les légumineuses puissent exercer des effets protecteurs contre le cancer de la prostate, peu d’études prospectives ont analysé la relation. Notre objectif est de mesurer l’association prospective entre la consommation de fruits, légumes, produits à bases de tomates, pomme de terre et légumineuses et le risque de cancer de la prostate. Matériel et méthodes Cette étude a inclus 3 313 hommes de la cohorte SU.VI.MAX (suivi de 1994 à 2007) qui ont complété trois enregistrements de 24 h durant les deux premières années après l’inclusion. Les associations entre la consommation de fruits, légumes, produits à bases de tomates, pomme de terre et légumineuses et le risque de cancer de la prostate ont été analysées par des modèles multivariés de Cox. Résultats et analyse statistique Après un suivi médian de 12,6 ans, 139 cas de cancers incidents ont été diagnostiqués. Le risque de cancer de la prostate est inversement associé à la consommation de légumineuses (HRT3 vs T1 = 0,53 [0,34–0,85], p = 0,009). Cette association est maintenue après avoir exclu le soja et les produits à base de soja dans le groupe légumineuses (HRT3 vs T1 = 0,56 [0,35–0,89], p = 0,02). Aucune association n’est observée entre la survenue du cancer de la prostate et les tertiles de consommation de fruits (p = 0,4), légumes (p = 0,9), pomme de terre (p = 0,8), et les produits à bases de tomates (p = 0,09). Conclusion Cette étude prospective confirme l’absence d’association entre la consommation de fruits et légumes et le risque de cancer de la prostate en cohérence avec les précédentes études de cohortes. Nos résultats suggèrent une association inverse, entre la consommation de légumineuses et le risque de cancer de la prostate. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.106