CONCR S communs entre sp&ialistes de diff&entes approches. I1 y a malheureusement des limites ~i ce que la stimulation peut r@arer. Les exp&iences, d&ormais dassiques, de Valverde sur des macaques nouveau-ntis qui on a suturd les paupihres, ont montrd que l'absence de stimulations visuelles, ~t un moment donnG limitait l'dtablissement de connexions an nivean des lobes occipitaux. Ce phdnomhne, nous le savons maintenant, est en partie irrdversible. Une autre notion importante en neuropddiatrie est celle d'intervalle libre. Entre le moment oh se produit une l&ion et l'apparition de signes diniques, des mois ou des anndes peuvent d&ouler. Mdme avec une surstimulation on ne peut pas toujours en gommer t0talement les consdquences, mdme si l'on peut les limiter. Cela montre la limite de ce que l'on peut faire par l ' e n v i r o n n e m e n t . Cependant, une dtude am&icaine (portant sur 37 000 enfants chez lesquels des neuropddiatres avaient posd un diagnostic , trhs vraisemblable ~ d'infirmitd motrice cdrdbrae ldg&e dans la premiere annde de vie) a montrd une absence de c o n f i r m a -
tion de ce diagnostic ~i l'~ge de 7 ans et ceci dans 74 % des cas. Donc il existe, malgrd tout, des possibilitds d'intervention non ndgligeables. Parmi les enfants dits hyperkin&iques, une minoritd a des troubles d'origine neurologique. Parmi eux, il y e n a qui conservent des stigmates jusqu'5 l'adolescence. J Stevenson, en Anglererre, constate que 75 % d'entre eux ont dgalement des troubles du langage &tit. I1 y a, probablement, des dldments d'ordre gdndtique darts de nombreux cas. mais n o u s savons maintenant q u ' u n e minoritd de porteurs de ces marqueurs gdndtiques va ddvelopper ce syndrome, et que d'autres facteurs, notamment affectifs, auront un effet d&isif dans s o n apparition. C Ramey, aux fltats-Unis, a dtudid un grand nombre d'enfants qui avalent un poids de naissance inf&ieur ~ 2 kg et &aient nds avant 37 semaines. Ces enfants ont requ, au prix d'un investissement humain et financier important, certaines stimulations qui ont, statistiquement, entrain6 une augmentation du QI de 13 points. I1 est important qu'en France nos approches se conffontent et se rappro-
chent, pour faire dvoluer la prise en charge concrhte, mais aussi le domaine conceptuel et celui de la recherche. Je suis convaincu que certaines stimulations psychodynamiques se traduisent par des amdliorations, que nous n'avons pas su &udier jusqu'ici, notamment par manque d'outils adapt& pour le faire. I1 nous faut rester prudents devant certains phdnom~nes tr~s pr&oces tant que nous n'avons pas ddmontrd leur signification prdcise ; des extrapolations trop rapides ou sophistiqudes peuvent ne pas &re plausibles aux yeux de n o s coll8gues, et aboutir ~ des rejets durables. Le postulat d'une vie psychique intense avant 30 semaines me pose un problhme dans la mesure oh il n'y a presque pas de synapses et de dendrite dans le ndocortex, mais peut-dtre y a-t-il des phdnomhnes au niveau du tronc cdrdbral ? L'effet de balancier, que l'on observe entre interprdtations du ddveloppement exdusivement neurobiologiques ou psychodynamiques, ne cesse d'aller trop loin, tantht dans un sens et tant6t dans l'aurre, en fonction de nos connaissances nouvelles mais surtout de n o s ignorances. I1 nous faut &re rigoureux et humbles.
quelle place pour la g4n4tique dans les sciences cognitives ? A Munnich Service
de g6n6tique, h6pital Neeker-Enfants-Malades,
ans le ddbat entre ddterminisme gdndtique absolu et influence extdrieure absolue, il est bon de rappeler quelques dvidences. Le programme g& ndtique d'ddification du cerveau et de mise en place des syst~mes d'apprentissage ne peut passe rdduire ~lun dchange entre g~nes. Quand on ndglige l'apport du milieu, on fait dire ~i la gdn&ique plus qu'elle ne peuc Comme outils de connaissance, le gdn&icien dispose des &udes familiales, des identifications de g~nes, de l'dtude des remaniements chromosomiques et des syndromes de g~nes contigus, ainsi que des m&hodes exp&imentales, embryologie moldculaire, knock-out (dli-
JOURNAL DE PEDIATRIE ET DE PU~:RICULTURE n° 8 - 1997
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mination sdlective d'un g~ne), transfection de chromosome. Pour les &udes familiales, on rdunit des families qui comptent des individus porteurs de dysfonctionnements cognitifs, comme les retards mentaux lids au sexe, o6 l'on cherche ~ilocaliser un ghne sur le chromosome X par des techniques chromosomiques. La cartographie du gdnome humain a permis de localiser, pr&isdment, certains g~nes, comme pour la parapldgie avec retard mental en Xq 2.1. Nous disposons maintenant de marqueurs pour toutes les 50 000 paires de bases, ce qui permet des &udes de clonage positionnel pour localiser les g~nes en cause.
Nous connaissons de nombreux g~nes responsables de dysfonctionnements cognitifs, mais nous ne pouvons pas passer directement de la reconnaissance d'un g~ne k la comprdhension de sa fonction. Pour la mucoviscidose par exemple, il a fallu pros de 10 arts pour passer de la localisation ~ la structure, puis enfin au m&anisme. La fonction d'un g~ne ne permet pas toujours de comprendre par quel mdcanisme les fonctions cognitives sont atteintes. Ainsi, dans l'alphathalassdmie avec retard mental on a identifid le g~ne XNP (un facteur de transcription qui rdgule l'expression des g~nes) et dans le syndrome de Coffin-Lowry, une sous-unitd
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COt GR -S du rdcepteur de l'insuline, mais cela ne nous indique pas, dans les deux cas, par quel mdcanisme survient le retard mental s&~re. On a ddcrit, depuis 20 ans, l'anomalie du cycle des bases puriques 5 l'origine du syndrome de Lesch-Nyhan: mais on ne sait pas encore pourquoi ce trouble m&abolique est responsable d'automutilanons. La forme commune de phdnylc&onurie ~ &d ddcrite et rrakde bien avant que l'on comprenne que l'hyperphdnylalanindmie entralnait une competition, au mveau de la barri~re hdmatomdningde, avec d'autres acides amin6s ndcessaires fi la synth~se des neuroeransmermurs et protdines cdrdbrales. Les maladies chromosomiques et les syndromes de g~nes contigus sont souvent responsables de perturbations cognifives sdv~res. Dans la trisomie 21, nous ne comprenons pas encore le m& canisme, mais une &ude rdcente semble prometteuse. On a pu introduire des fragments de chromosome 21 dans un ovocy*e de souris. L'&ude des performances d'apprentissage des souriceaux a permis de rapporter un certain nombre de perturbations ~ un g~ne similaire au g~ne minibrain de la drosophile qui participe ~ des fonctions supdrieures comme l'apprentissage. Dans le syndrome Smith-Magenis, qui associe des
stdrdotypies gestuelles particuli~res, des troubles du sommeil et un retard mental, on a identifid une ddl&ion partielle sur le chromosome 17. Le syndrome de Williams et Beuren a dtd reconnu comme un syndrome de g~nes contigus. II associe, en gdndral, un facies &ocateur, une stdnose valvulaire supra aortique, une hypercalcdmie ndonatale et un retard psychomoteur avec troubles de l'orientation remporospatiale. Certains individus ont une cardiopathie sans les troubles cognitifs, ou rdciproquement. Une ddldtion sur le chromosome 7 a dtd identifide. Elle porte sur le g~ne de l'dlastine et explique les troubles vasculaires, mais pas les troubles cognitifs. Avec la technique du - knock-out ,,, on a su cr4er des souris ddpourvues d'un g~ne rdcepreur de la dopamine. Ces souris montraient une agressivitd accrue, et portaienr moins d'attention ~t leur port&. De 15 5 parler de ~ g~ne de l'amour maternel ,,, il y a un fossd... Une loi, votde au ddbut du mois de j uin 1997, sur l'expdrimenranon sur les embryons humains devrait permettre de fake avancer les connaissances. Nous allons pouvoir dtudier, par sonde mol& culaire, la fagon dont s'expriment des g~nes impliqu& dans le d&eloppement. I1 sera possible de conna*tre le lieu et le
moment oh ils s'expriment, et ainsi, de mieux comprendre certaines pathologies. C'est ddj5 fait pour les neurocristopathies, off l'on a mis en dvidence deux ghnes qui s'expriment simultandment. Je souhaiterais faire une mise en garde, contre la simplisme et le sensationnalisme. Dans un article r4cent de la revue Nature, dont Le Monde s'est fait dcho, il est question de la ddcouverte d'un pMnomhne d'empreinte gdn&ique sur le chromosome X, c'est-5-dire de diff&ences darts l'expression d'un ghne selon que le chromosome qui le porte est d'origine paternelle ou maternelle. Les facultds langagihres, mais aussi d'adaptation sociale, de jeunes femmes porteuses du syndrome de Turner sont mieux prdserv~es si leur unique chromosome X est paternel. L'article est bien construit, et le r&ultat en luimeme est valide. Mais cela n'autorise pas ~iparler de ~ g~ne de l'intdligence ,, ou ~ g~ne de la sup&iorit4 masculine ~. Au c0ntraire, Si l'on suit eet article, nous tenons peut-&re l~iune explication possible de la plus gran& frdquence des troubles du langage et de Ia s0cialisation (y compris l'autisme) dans le sexe masculin. Comme toujours, attention au simplisme 10rsque l'on ab0rde la gdndtique,. !
modularit4 du cerveau et du d4veloppement du petit enfant : perspective neuropsychologique I Rapin Conse#scientifique de I'institut de neurologie (NINDS) ; International Child Neurology Association
a neuropsychologie ajoute ?i t'examen du statut mental neurologique une approche plus quantitative et fixe des aptitudes cognitives. Elle d&aille les fonctions cdrdbrales (attention, mdmoire, langage oral et dcrit, praxies, gnosies...) et leurs rapports du bilan neuropsychologique est de fournir un profil cognitif qui indique les capacit& cognitives intactes 5 utiliser pour compenser celles qui le sont moins et qui pourra guider les dducateurs pour la 494
prdparation de leur programme d'instruction. Le ddveloppement des circuits qui sous-tendent les aptitudes cognitives d@endent ~t la lois des programmes gdn&iques et de l'exp&ience individuelle qui d&erminera les synapses et circuits neuronaux qui seront stabilisds et ceux qui seront dliminds par mort programmde. Le cerveau de chaque &re humain est donc unique. M4me les cerveaux de jumeaux univitellins qui
partagent tous leurs ghnes different, par le d&ail. La mdmoire ddpend du fait que le modelage fin des synapses se poursuit pendant route la vie, quand bien m4me nous naissons avec quasiment tous nos neurones et quoique la my4linisation soit essentiellement complhte 5 la fin de l'adolescence. Depuis Brodman en 1909, on sait que le cortex comporte des dizaines d'aires histologiquement distinctes. Ceci n'implique pas une spdcialisation
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