Avant-propos Depuis les travaux fondamentaux de A. SZENT GYORGYI, F. B. STRAUB, I. BANGA de l'~cole de SZEGED sur les principales protdines contractiles, plusieurs ddcades se sont dcoul~es avant qu'on s'aperfut que les mdmes protdines sont responsables du m~me mdcanisme de tranduction mdcanochimique impliqu~ dans les ph~nomknes aussi varids que le maintien de la forme celhdaire, l'~coulement du cytoplasme, la formation des appareils de ]~condation : tubes polliniques des fleurs, appareils acrosomaux des spermatozo'ides d'~chinodermes, le fonctionnement de l'anneau contractile durant la scission cellulaire, les ph~nomOnes de phagocytoses et d' endocytoses, la locomotion pseudopodique ou am~bo'ide. Pour celui qui a eu la chance d'assister h l'~closion des ddcouvertes mettant en ~vidence les cha~nes m~taboliques des hydrates de carbone et des acides amines, un rapprochement s'impose. Ce sont les patientes observations des microbiologistes et des physiologistes sur l'accumulation des mOtabolites interm~diaires soit chez des mutants ddficients en tel ou tel gone, soit chez des cas pathologiques incapables de conduire ces intermddiaires gz leurs termes finaux normaux qui ont permis aux biochimistes de reconstituer les diffdrentes voies mdtaboliques connues ~ l'heure actuelle, et de mettre ?z jour la foison des enzymes responsables de chaque Otape r~actionnelle. De la mdme maniOre, c'est i'dtude microscopique des variations, spontandes ou provoqu~es des structures filamentaires qui ont aid~ et vont aider ~ saisir le mode de participation des systOmes contractiles aux diverses manifestations motiles. C' est l'analyse patiente, par efforts conjuguOs des morphologistes et des physicochimistes, de la suite des ~v~nernents qui, depuis la stimulation hormonale ou particulaire, mettent en place des systOmes organis~s fugaces et changeants et assurent leur fonctionnement qui nous permettrait d'abord de formuler, dventuellement de r~soudre, les problOmes de mdcanismes biochimiques impliqu~s dans l'~dification et le role des appareils contractiles cytoplasmiques.
II est impressionnant d'observer le remaniement de l' aspect microfilamentaire d' actine du cytosquelette quetques secondes aprOs l"entrde des particules virales dans les cellules infect~es. Pendant que le fibroblaste viral prend une forme Otoilde, les filaments d'actine changent leur structure allongOe selon le grand axe celhdaire et adoptent une orientation radiale conforme dt la nouvelle forme cellulaire. Des changements importants sont observables une nouvelle lois lorsque des celhdes infectdes au plus haut degr{ se mettent ~ fusionner : les r~arrangements membranaires semblent £tre precedes et associ~s h ceux des filaments d'actine (G. PAUTRAT, Y. BENYAMIN,L. BENKOELet NGUVENVAN THOAI, 1980, Cell. Biol. Intern. Rep., 4, p. 881-887). Des changements aussi spectaculaires, visibles en immunofluorescence ou en microscopie dlectronique, soul, vent indubitablement de nombreuses questions : degr~ d'implication du poIymorphisme des protdines contracti!es, actine et myosine, mode d'interaction de celles-ci avec les protdines nouvellement connues, profiline, actin binding protein, gelsoline, peut-8tre d' autres prot~ines encore inconhues qui gouvernent ~ la lois la polymdrisation des molecules simples et leur ddification en systOmes organ~s'ds, mode de contrOle de ces interactions : contrOle ionique ou contrOle mdtabolique du type phosphorylation-ddphosphorylation. Mais les problOmes biochimiques ne pourront dtre correctement posOs que si les raffinements des observations morphologiques permettent d'affirmer avec quelque sOcuritd la consistance, l'importance et les caractOres spdcifiques des images microscopiques. Si les biochimistes peuvent contribuer dtablir le degr8 de parent~ chimique des divers types de filaments, les relations de ces derniers avec les corps denses et les centrioles, c'est aux biologistes cellulaires ?t rOvHer leur mode de diffdrenciation et leur role respectif clans la vie cellulaire. Durant les quinze derniOres ann~es, une partie des biochim~s'tes ont recouru aux m~thodes les plus sophistiquOes de la physique ou de la physico2o
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Nguyen van Thoai.
chimie pour essayer d'~tablir les relations structurefonction des prot~ines pendant que d'autres se sont attaqu~ aux syst@mes o r g a n ~ s subcellulaires par d'autres voies. Dans le cas des prot~ines contractiles notre conviction est que la conjugaison des diffdrentes mdthodes d'approche o~re le maximum de chance ~ la connaissance de leur r61e dans la motilit~ cellulaire. Pour la simple raison que celle-ci, re@me sous ses aspects les plus discrets, le maintien de la forme cellulaire ou l'~coulement du cytoplasme, requiert la prdsence d'appareils contractiles d'une certaine dimension. On con¢oit
BIOCHIM1E, 1981, 6~, n ° 4.
difficilement moldculaires ment par les ~chapper au
que la reconstitution de ces ~difices et la vdrification de leur [onctionnebiochimistes les plus habiles puissent contr61e morphologique.
C'est la conviction de cette double nOcessit~ qui justifie la publication, dans ce fascicule consacr~ aux protdines contractiles et leur role dans la motilit~ cellulaire, d~ c@td des travaux essentiellement biochimiques, des revues d'ensemble de biologie cellulaire. NGUYEN VAN THOAI.