Brucellose acquise au laboratoire

Brucellose acquise au laboratoire

mycobactErie atypique (bien que les hEmocultures sur Isolator soient restEes negatives). Les sdrologies HIV1 et HIV2, Human T-cell Lymphotropic Virus ...

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mycobactErie atypique (bien que les hEmocultures sur Isolator soient restEes negatives). Les sdrologies HIV1 et HIV2, Human T-cell Lymphotropic Virus I (HTLVI) et HTLVtt sont negatives. L'Ag P24 est n6gative. La numEration sanguine montre 10 300 leucocytes/mm 3 dont 9 157 neutrophiles, 433 lymphocytes, CD4 168 (41%) et CD8 62 (14,9 %). Le protEinogramme est normal avec notamment des gammaglobulines ~ 7,6 g/l, soit 14 % des protides totaux. On conclut alors ~ une mycobactEriose atypique chronique dans un contexte de syndrome de bas T4. Une amelioration radio clinique est obtenue sous 6thambutol, ciprofloxacine et amikacine. En outre, on constate une candidose buccale, traitEe par fluconazole. Le patient quitte alors le service de reanimation en mars 1993 apr~s 15 jours d'hospitalisation. En mai 1993, la numeration sanguine montre 4,6 x 106/ram 3 hdmaties, 11,7 g/dl d'hEmoglobine, 6 000/mm 3 leucocytes dont 4 542/mm 3 neutrophiles et 702/mm 3 lymphocytes avec 259 CD4/mm 3 (36 %) et 111 CDs/mm 3 (15,4 %). Son 6tat clinique ~t ce jour est satisfaisant. En 1992, le Center of Diseases Control d'Atlanta a propose une definition provisoire d'un syndrome de lymphopEnie T4 idiopathique (2). I1 se dEfinit par la presence de moins de 300 lymphocytes T4/mm 3 (ou moins de 20 % des lymphocytes T) sur au moins deux mesures et absence d'infection par le VIH ou d'autre cause d'immunodEpression. Des cas ont 6t6 identifies depuis 1983 (dEbut du dosage en routine des souspopulations lymphocytaires) (1, 2). Chez les patients prEsentant ce syndrome, on retrouve de nombreuses pathologies opportunistes identiques fi celles rapportees chez les patients atteints du SIDA (candidose, lymphome, sarco'idose, viroses, cryptosporidiose, myopathie, mdlanomes spinaux basocellulaires, mEningite herpEtique, zona, toxoplasmose cErEbrale, rEtinite cytomdgalovirus .... ). Parmi ces pathologies opportunistes, la mycobactdriose atypique est frdquente (2, 3, 4), seule ou associEe ~t d'autres pathologies. Toutefois, les caractdristiques ddmographiques et les faits cliniques sont diffErents de ceux du SIDA ou de l'infection ~t VIH : premiErement, moins de la moitiE des patients prEsente des facteurs de risque (2); deuxiEmement, l'6tat clinique est souvent stable et ne se degrade pas aussi vite que dans le cas du SIDA (1); troisi~mement, le profil immunologique reste stable avec une lymphopEnie T4 constante et des taux d'immunoglobulines (Ig) normaux ou plus souvent bas (contrairement au SIDA oh on retrouve une hypergammaglobulinEmie et une degradation ineluctable du taux des lymphocytes T4) (1). Dans tousles cas, on ne retrouve pas de preuve de la presence de rEtrovirus VIH1 ou VIH2 ou de HTLV1 549

ou HTLV2. D'autre part, d'autres causes d'immunodEpression ne sont pas non plus 6tablies. Les recherches EpidEmiologiques ont 61imin6 l'hypothEse de la responsabilit6 d'un agent transmissible en raison de la large distribution gEographique et de l'absence de manifestations pathologiques dans l'entourage et chez les partenaires sexuels des patients (2, 3, 4). Dans le cas clinique rapport6 ici, aucune cause d'immunodEpression n'a pu &re 6tablie. En effet, et bien que des examens trEs spEcifiques n'aient pas 6t6 rEalisds, toute pathologie tumorale (lymphome hodgkinien ou non hodgkinien, leucdmie aiguE ou encore leucEmie lymphoide chronique) est 6cartEe. La stabilit6 de l'6volution clinique et les explorations normales permettent d'Eliminer ces diffdrentes pathologies. Par ailleurs, ce patient n'a j amais eu de traitement immunosuppresseur, ni de traitement au long cours par corticostdro'ide. La lymphopEnie constatEe lors du premier bilan d'avril 1988, permet de suspecter la presence dEj?~ d'une lymphopEnie CD4. En conclusion, la lymphopEnie T4 idiopathique doit ~tre recherchEe dans une situation pathologique classEe "opportuniste", sans 6tiologie connue. REFERENCES 1. 2. 3.

4.

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M6d Mal Infect. 1995 ; 25, 549-1

Brucellose acquise au laboratoire* I. BRETON**, C. BURUCOA***, B. GRIGNON***, J.L. FAUCHERE*** et B. BECQ GIRAUDON** SUMMARY

LABORATORY-ACQUIRED BRUCELLOSIS

The authors report a case of brucellosis occuring in a technician involved in the isolation of Brucella melitensis from blood cultures of a patient who has contracted brucellosis in Spain. * R e 9 u le 36.01.1994. A c c e p t a t i o n definitive le 12.04.1994. ** Service de Maladies Infectieuses et Tropicales, C H U La MilEtrie, B P 577 - F-86021 Poitiers C e d e x . *** L a b o r a t o i r e de M i c r o b i o l o g i e A, C H U L a MilEtrie - Poitiers.

sedimentation de 23 mm ~t la premibre heure, une absence d'hyperleucocytose (5,4 103/mm 3 dont 57 % de polynuclEaires neutrophiles) et une discrete ElEvation des phosphatases alcalines (247 UI/1). Deux hEmocultures rEalisEes le 23 novembre 1992 ont permis l'isolement d'une souche de Brucella. Un traitement de 6 semaines par tetracycline et rifampicine a permis la disparition complete de la symptomatologie et la nEgativation des hdmocultures.

Key-words : Brucellosis - Laboratory-acquired infection. Mots-cl~s • Brucellose - Risque infectieux professionnel. La brucellose n' est plus enddmique en France. La prEvalence de cette anthropozoonose a nettement diminuE depuis 15 ans ~t la suite des campagnes de lutte des services vEtErinaires (1, 2). Cependant, les cas d'importation au retour des pays de forte endEmie du pourtour de la MEditerranEe sont en augmentation (2, 3). La brucellose acquise dans le cadre professionnel du laboratoire de microbiologie reprEsente 2 % des cas de brucellose et elle reste une des causes les plus communes d'infection professionnelle en microbiologie (1, 5, 6, 7, 8). Nous rapportons un cas de brucellose acquise dans le cadre professionnel du laboratoire lors de la manipulation des flacons d'hEmoculture d'une patiente ayant contract6 une brucellose en Espagne. OBSERVATIONS Une femme de 36 ans a dtE hospitalisEe dans le service de maladies infectieuses du C H U de Poitiers le ler juillet 1992 pour une fi~vre Evoluant depuis 3 semaines, accompagnEe de Sueurs nocturnes. Elle avait, 6 semaines plus t6t, dormi dans une bergerie lots d'un sdjour en Espagne. La suspicion de brucellose a pu ~tre confirmEe par les tests sErologiques avec un test au rose Bengale positif et une sEroagglutination de Wright au 160e. Cette patiente a EtE traitde par tetracycline et rifampicine pendant 6 semaines. Les hEmocultures prElevees le ler et le 3 juillet 1992 ont Etd manipulEes du 15 au 27 juillet par une technicienne du laboratoire de microbiologie. Cette femme de 40 ans a rEalisE l'isolemerit, l'identification et l'antibiogramme de la souche de Brucella isolEe de 2 flacons d'hEmoculture. Au debut du mois d'octobre 1992, soit plus de 2 mois aprEs la manipulation de la souche de Brucella, une adEnopathie axillaire gauche sensible est apparue chez cette technicienne, accompagnEe de sueurs nocturnes et d'asthEnie. En novembre 1992 la survenue de douteurs sacro-iliaques gauches et du poignet gauche ont fait suspecter une brucellose. Elle a consults le 23 novembre 1992 apr~s avoir rEalisE un sErodiagnostic de la brucellose. Le test au rose Bengale dtait positif et la sEroagglutination du Wright au 160e. L' examen clinique dtait normal sans fi~vre ni spldnomEgalie. La symptomatologie sudoro-algique avait rEgressE depuis 2 semaines. I1 n'y avait pas de lesion radiologique des articulations sacro-iliaques ni du poignet gauche. Les examens biologiques ont mis en Evidence un syndrome inflammatoire d'intensitE moyenne avec une vitesse de

La souche de Brucella isolEe en juillet 1992 chez la premiere patiente et celle isolEe en dEcembre 1992 chez la technicienne ont ErE adressEes au laboratoire de rEfErence des Brucella de I'INRA ~ Nouzilly (Indre-etLoire). Ces 2 souches dtaient de la m~me espEce et du m~me biovar : Brucella melitensis biovar 2. Leurs phdnotypes de resistance aux antibiotiques Etaient identiques avec une resistance au cotrimoxazole. Une enquOte sErologique a dtE rEalisEe sur l'ensemble du personnel du laboratoire de microbiologie. T o u s l e s tests au rose Bengale et les sEroagglutinations de Wright ont EtE nEgatifs. DISCUSSION Les signes observes chez la technicienne du laboratoire sont compatibles avec une brucellose septicEmique de primo-invasion prEcocdment focalisEe (9). La connaissance du dEroulement precis des dvOnements a permis de mesurer l'incubation de cette brucellose : plus de 2 mois se sont EcoulEs entre la pEriode de contamination lors de la manipulation de la souche responsable et la survenue des premiers signes. La pEriode d'incubation de la brucellose est classiquement comprise entre 5 jours et 3 semaines mais des incubations de plusieurs mois ont ddj~t EtE rapportEes (6, 7, 8). Le caractEre professionnel de cette bmcellose a EtE confirms par l'identits de l'espEce, du biovar et du phEnotype de resistance aux antibiotiques des souches isolEes chez la patiente et chez la technicienne. La possibilitd d'une contamination non professionnelle est peu probable. Aucun cas de brucellose n'a Etd diagnostiquE dans l'entourage familial de cette technicienne. De plus, la prevalence de la brucellose dans le ddpartement de la Vienne est faible (moins de 1 cas pour 100 000 habitants) (2). B. melitensis est l'esp~ce la plus souvent isolEe en France mais pas en Poitou-Charentes et le biovar 2 n'est pas le plus souvent en cause (2). La resistance au cotrimoxazole est connue depuis 1987 pour B. melitensis mais elle reste peu frEquente (23 % en 1988) (2).

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L'apparition d'une adEnopathie axillaire gauche comme premier signe de la maladie fait soup~onner une conta-

m i n a t i o n directe par voie cutande bien q u ' a u c u n accident ne se soit produit lors de la m a n i p u l a t i o n d e la souche et q u ' a u c u n e excoriation cutan6e des mains n'ait alors dtd notde. L a m a n i p u l a t i o n des liquides d ' h d m o culture peut entrainer la gdndration d ' a d r o s o l s ?~ l'origine de c o n t a m i n a t i o n s collectives pal" v o i e adrienne ou conjonctivale de la brucellose au laboratoire (4, 5, 8). L ' e n q u ~ t e c l i n i q u e et s d r o l o g i q u e rdalisde aupr~s de l ' e n s e m b l e du personnel du laboratoire n ' a pas permis de diagnostiquer d ' a u t r e cas. L a contamination par voie adrienne ne semble pas avoir 6td en cause. L a b r u c e l l o s e p r o f e s s i o n n e l l e a c q u i s e au l a b o r a t o i r e reste un probl~me important. Mais les mesures de sdcuritd q u ' e x i g e la m a n i p u l a t i o n de B r u c e l l a au laboratoire ne s o n t a p p l i q u d e s q u ' e n cas de s u s p i c i o n de brucellose ou apr~s identification du germe. En dehors d ' u n risque reconnu (manipulation de mycobactdries, de B r u c e l l a , de F r a n c i s e l l a n o t a m m m e n t ) , la m a n i p u l a tion sans gant et sans hotte est habituelle au laboratoire de bactdriologie. Seule la vaccination p o u n a i t ~tre proposde c o m m e m o y e n efficace de p r 6 v e n t i o n de cette m a l a d i e , v a c c i n a t i o n a u j o u r d ' h u i n o n d i s p o n i b l e en France. Le port de masque, de gants et le travail sous hotte d o i v e n t ~tre exigds au m o i n d r e doute.

REFERENCES 1.

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M6d Mal Infect. 1995 ; 25,551-4

Staphylococcie pleuro-pulmonaire de l'enfant* P.F. TCHOKOTEU**, J.J. PAGBE***, G. ANDZE***, A. TEYANG***, J.M. BIOUELE-MEVA'A****, A. CHIABI**, R. BEFIDI MENGUE**, A . G . JUIMO***** et J. MBEDE**

SUMMARY

S T A P H Y L O C O C C A L PNEUMONIA OF CHILDREN

The authors present a case of bilateral localised staphylococcal pneumonia in a young Cameroonian girl aged 9. A double thoracotomy was performed because of the worsening respiratory distress due to the presence and extension of the pneumatocoeles. The outcome was satisfactory despite persistence of a small deficit of the total vital capacity on spirometry, 8 months after discharge from the hospital. Key-words : Staphylococcal pneumonia - Child - Outcome Thoracotomy - Cameroon. Mots-cl~s : S t a p h y l o c o c c i e pleuro-pulmonaire - Enfant Complications - Thoracotomie bilat6rale - Cameroun. L'am61ioration du cadre de vie et l'utilisation d ' a n t i biotiques puissants ont contribu6 ~ la diminution significative des cas de s t a p h y l o c o c c i e p l e u r o p u l m o n a i r e (SPP) dans les p a y s d6velopp6s; au contraire des pays en d d v e l o p p e m e n t ota elle garde encore une place n o n n 6 g l i g e a b l e p a r m i les i n f e c t i o n s respiratoires aigu~s b a s s e s de l ' e n f a n t (1, 2, 3). L e s f o r m e s g r a v e s de l ' a f f e c t i o n sont lides soit au terrain, soit aux c o m p l i c a tions locales et/ou mdtastatiques en rapport avec le pouvoir c y t o - n d c r o t i q u e et la virulence du s t a p h y l o c o q u e p a t h o g ~ n e en c a u s e (1, 4, 5, 6). N o u s p r d s e n t o n s l ' o b s e r v a t i o n d ' u n cas de S P P grave chez une fillette de n e u f ans a y a n t dvolud f a v o r a b l e m e n t sous une antibiothdrapie p r o l o n g d e et apr6s une d o u b l e t h o r a c o t o m i e en deux t e m p s p o u r mise ~t plat des bulles souffiantes. N o u s discutons les causes de la gravitd de l'dvolutivitd du cas prdsentd. * Regu le 05.01.1994. Acceptation ddfinitive le 24.03.1994. ** Service de Pddiatrie, H6pital Gdn6ral, BP 5408 - Yaound6, Cameroun. *** Service de Chirurgie, H6pital Gdndral, - Yaound6, Cameroun. **** Unit6 de Soins Intensifs, H6pital G6n6ral, - Yaound6, Cameroun. ***** Service de Radiologie, H6pital G6n6ral, - Yaound6, Cameroun.