Cas clinique au laboratoire

Cas clinique au laboratoire

clinique au laboratoire S@rodiagnosticdu paludisme et anticorps anti-A1 G. N E V E Z * , P. R E C C O * * , B. C A R M E * e t J.-P. S E G U E L A ...

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clinique au laboratoire S@rodiagnosticdu paludisme et anticorps anti-A1

G. N E V E Z * ,

P. R E C C O * * , B. C A R M E *

e t J.-P. S E G U E L A * *

Introduction

I. Observations

La mise en 6vidence d'anticorps dirig6s contre les plasmodies est un examen aujourd'hui courant au laboratoire. La "s6rologie du paludisme" recherche les anticorps pr6sents chez les patients impalud6s lors d'un s6jour en zone d'end6mie. L'int6r6t du d6pistage de ces patients avant un don de sang permet de limiter le risque de paludisme post-transfusionnel (2, 6). Cet examen pent contribuer 6galement au diagnostic de paludisme visc6ral 6volutif (1), ~ des enqu6tes 6pid6miologiques (1, 3) et accessoirement au diagnostic r6trospectif d'un acc6s de reviviscence ou m6me de primo-invasion ayant b6n6fici6 d'un traitement pr6coce avant la confirmation du diagnostic direct (1). La technique la plus fr6quemment employ6e en pratique courante est l'immunofluorescence indirecte (IFI). D6crite il y a plus de vingt-cinq arts, en France, pour le diagnostic du paludisme (4), elle demeure d'actualit6, sa disparition au profit des techniques immuno-enzymatiques n'ayant pas lieu (3). Au cours de cette r6action, les anticorps s6riques que l'on cherche ~ mettre en 6vidence r6agissent avec des antig6nes sp6cifiques flgur6s fix6s sur lame. Cette premi6re r6action antig6ne-anticorps est alors r6v616e dans un deuxi6me temps par un anticorps anti-lgG humaines, anticorps conjugu6 ~ un compos6 fluorescent, ! isothiocyanate de fluoresc6ine (FITC). I1 existe des antig6nes pr~ts ~ l'emploi commercialis6s par b i o M ~ e u x (6) : ce sont des trophozo'ites de P~dsmo¢iiu~ "fa:lciparfim cultiv~s sur h~maties h fima)ii~s de ~roupe A1. Lors de r6action positive et suivant les dilutions de s6rum utilis6es, on observe au microscope 6quip6 pour la fluorescence une couleur vert-pomme plus ou moins intense limit6e aux trophozo'/tes au sein du cytoplasme 6rythrocytaire (figure 1). Lors de r6action n6gative, les h6maties apparaissent color6es en pourpre par le bleu d'Evans (contre-colorant) et on note l'absence de r6action de fluorescence au niveau des plasmodies (figure 2). Des fluorescences non sp6cifiques (faux positifs) penvent 6tre observ6es et sont essentiellement en rapport avec l'existence d'anticorps anti-A et anti-A1 chez des patients de groupe sanguin O ou A2B et A2. Ces r6actions, bien que signal6es dans la "fiche technique" du coffret de r6actifs commercialis6 en France, m6ritent d'etre d6crites.

Nous rapportons ici deux observations ayant donn~ lieu & des difficult~s de diagnostic en raison de ces r6actions non sp~cifiques.

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• I re o b s e r v a t i o n

Mme M., n~e en 1950, a effectu6 un court s~jour au sud de l'AIg6rie il y a huit ans e t a b~n4fici~ d'un d6pistage des anticorps anti-Plasmodium, en vue d'un don de sang. Cette s~rologie a ~t6 signal6e positive par un premier laboratoire & la faveur d'une r~action de fluorescence importante. Cette fluorescence 6tait toutefois diffuse au niveau de la membrane et du stroma des h~maties et les parasites demeuraient invisibles (figure 3). Lors d'un nouvel examen, cette s6rologie n'a pas 6t6 confirm6e, les images suspectes de fluorescence diffuse sans trophozo'ftes, le groupe sanguin de la patiente, O rh4sus n~gatif, ont fait soupgonner la pr6sence d'un anticorps anti-A1. • 2 e

observation

Mile V., n~e en 1967, a fair l'objet d'un diagnostic syst6matique du paludisme en raison de la survenue d'une hyperthermie avec frissons au d6cours d'une intervention de chirurgie orthop~dique, l'anamn6se rapportant un s~jour au Cameroun quelques mois auparavant. L'examen direct d'un frq~i s sanguin n'a pu mettre en ~vidence de parasit6mie. La technique d'immunofluorescence pratiqu6e sur le s~rum a retrouv~ des images identiques ~ celles d~crites pr6c6demment et le groupe sanguin de la patiente, O rh4sus positif, n'exclut pas la possibilit~ comme Iors de la premi6re observation de I'existence d'un anticorps anti-A1.

* Service de parasitologie-mycologie CHU d'Amiens. ** Service de parasitologie-mycologie CHU Rangueil- Toulouse. TIRES A PART : M. G. NEVEZ Service de parasitologie-mycologie CHU d'Amiens - H6pital Sud 80054 AMIENS SALOUEL CEDEX 1

Revue frangaise des laboratoires, mai 1996, N ° 284

FIGURE 1 IFI r~action positive (10 x 20)

FIGURE 3 IFI r~action faussement positive (10 x 20)

FIGURE 2 IFI r~action n~gative (10 x 20)

FIGURE 4 IF! r~action n~gativ~e apr~s adsorption (10 x 20)

2. Discussion

Conclusion

Ces r~actions ind~sirables sont dues & la r~v~lation Iors du deuxi~me temps de l'immunofluorescence, de la liaison de l'antig~ne ~rythrocytaire A avec l'anticorps anti-A present dans le s~rum. La presence de cette r~action chez nos deux patientes n'est pas surprenante et peut ~tre en rapport avec l'existence de l'anticorps naturel anti-A chez un sujet de groupe sanguin O mais aussi avec un allo-anticorps ou un anticorps immun antiA1. Ces r~actions non sp~cifiques sont d'autant plus importantes conna~tre et & d~tecter que les patients faisant l'objet de la recherche d'anticorps anti-plasmodies peuvent ~tre "multiparasites" ; en effet des immunisations vis-&-vis d'antig~nes de groupes sanguins ~rythrocytaires A ont ~t~ d~crites chez des patients pr~sentant des helminthiases (5). La fluorescence non sp~cifique est ais~ment discernable pour un observateur entra~n~ mais la presence d'un anticorps anti-A1 peut ~tre confirm~e par la pratique de la m@me technique s~rologique apr~s adsorption des s~rums sur h~maties de groupe A1. Ces deux s~rums ont donc ~t~ trait~s selon la m~thodologie suivante : - lavage des h~maties A1 trois fois en s~rum physiologique 37°C, - apr~s, la derni~re centrifugation le surnageant est rejet~ et le culot est dilu~ au tiers & l'aide du s~rum & tester, - la preparation est incub~e & 4°C pendant trois heures, - apr~s une derni~re centrifugation le s~rum est recueilli et peut ~tre & nouveau test~. La pratique de l'immunofluorescence avec les s~rums adsorb~s permet d'observer alors des r~actions n~gatives proches de celles obtenues avec les t~moins ou les s~rums n~gatifs

L'IFI est une technique simple mais les r~actions non sp~cifiques sont parfois difficilement d~tectables pour un observateur peu entraln~ ; l'adsorption des s~rums confirme ais~ment la responsabilit~ d'un anticorps antioA1 darts la survenue de ces r~actions non sp~cio fiques et permet d'~viter des diagnostics s~rologiques faussement positifs.

1. AMBROISE-THOMAS P. - La r~action d'immunofluorescence dans l'~tude s~ro-~pid~miologique du paludisme. Bull. Org. Mondiale Sant~, 1974, 5 0 : 267-276. 2. AMBROISE-THOMAS P. - Prevention du paludisme posttransfusionnel par s~ro-d~pistage des porteurs latents de Plasmodium parmi les donneurs de sang. Rev. Fr. Transf. Immuno-h~matol., 1976, 19 : 331-336. 3. AMBROISE-THOMAS P. - Diagnostic immunologique du paludisme en pratique individuelle et de masse. M~d. Mal. Infect., 1981, 11 : 382-387. 4. AMBROISE-THOMAS P., KIEN-TRUONG T., SALIOU P., MOJON M. - L'immunofluorescence indirecte dans le s~rodiagnostic du paludisme. Modalit~s techniques et principaux r~sultats. Rev. Inst. Pasteur Lyon, 1969, 2 : 275-287. 5. BEN ISMAIL R., ROUGER P., CARME B., S A L M O N C., GENTILINI M. - Antigenic similarities between erythrocytes and parasites. 4th Congress of immunology, Paris 1980, abstract 12-5-01. 6. DEROFF P., REGUER M., SIMITZIS A.M., BOUDON A., S A L E U N J.P. -Screening blood donors for Plasmodium falciparum malariae. Vox Sang., 1983, 4 5 : 392-396.

(figure 4).

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