Consommation calcique journalière chez les adolescents libanais : influence de l’indice de masse corporelle et de l’activité physique

Consommation calcique journalière chez les adolescents libanais : influence de l’indice de masse corporelle et de l’activité physique

Science & Sports (2010) 25, 88—91 COMMUNICATION BRÈVE Consommation calcique journalière chez les adolescents libanais : influence de l’indice de mass...

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Science & Sports (2010) 25, 88—91

COMMUNICATION BRÈVE

Consommation calcique journalière chez les adolescents libanais : influence de l’indice de masse corporelle et de l’activité physique Daily calcium intake in Lebanese adolescents: Influence of body mass index and physical activity R. El-Hage a,∗,b, N. Shmaitelly a, E. Moussa a, C. Jacob a a

Laboratoire de physiologie et de biomécanique de la performance motrice, université de Balamand, BP 100, Tripoli, Al Koura, Liban b UMR-S658, CHR d’Orléans-Porte—Madeleine, BP 2439, 45032 Orléans cedex 1, France Rec ¸u le 5 janvier 2009 ; accepté le 31 juillet 2009 Disponible sur Internet le 5 septembre 2009

MOTS CLÉS Moyen-Orient ; Obésité ; Produits laitiers ; Sports

KEYWORDS Middle-East;



Résumé Introduction. — Plusieurs études ont montré une relation négative entre l’indice de masse corporelle (IMC) et la consommation calcique journalière (CCJ) chez les adolescents. En parallèle, il est bien admis que l’activité physique (AP) a un rôle protecteur contre l’obésité à cet âge. Le but de cette étude est d’explorer la relation entre la CCJ, d’une part, et l’AP et l’IMC, d’autre part, chez les adolescents libanais. Méthodes et résultats. — Quatre cent soixante dix-neuf adolescents libanais (175 garc ¸ons et 304 filles) âgés en moyenne de 15,3 ans (13—18 ans) ont participé à cette étude. La CCJ a été calculé par l’intermédiaire d’un questionnaire validé. En parallèle, les adolescents ont rempli un questionnaire d’AP et de style de vie. La CCJ était positivement corrélée à l’AP (exprimée en Met-Score) chez les garc ¸ons et chez les filles (r = 0,17 ; p < 0,05 et r = 0,17 ; p < 0,01, respectivement). La CCJ était négativement corrélée à l’IMC chez les garc ¸ons (r = −0,19 ; p < 0,05), mais pas chez les filles. Conclusion. — Dans la population étudiée, la CCJ est positivement liée à l’AP dans les deux sexes alors que la CCJ est corrélée négativement à l’IMC chez les garc ¸ons. © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary Introduction. — Several studies have shown a negative relation between body mass index (BMI) and daily calcium intake (DCI) in adolescents. In parallel, it is well known that physical activity (PA) has a protective role against obesity at this age. The aim of this study was to investigate

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (R. El-Hage).

0765-1597/$ – see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.scispo.2009.07.003

Consommation calcique journalière chez les adolescents libanais

Obesity; Dairy products; Sports

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the relations between DCI, on the one hand and BMI and PA, on the other hand in Lebanese adolescents. Methods and results. — Four hundred and seventy-nine Lebanese adolescents (175 boys and 304 girls) aged 13 to 18 years participated in this study. DCI was calculated using a validated questionnaire. In parallel, the adolescents completed PA and lifestyle questionnaires. DCI was positively related to PA (expressed by Met-Score) in both boys and girls (r = 0.17; p < 0.05 and r = 0.17; p < 0.01 respectively). DCI was negatively related to BMI in boys (r = −0.19; p < 0.05) but not in girls. Conclusion. — In this population, DCI is positively related to PA in both sexes. However, DCI is negatively correlated to BMI in boys. © 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction

2.4. Apport en calcium

Il est bien admis qu’une consommation régulière de produits riches en calcium pendant l’enfance et l’adolescence joue un rôle positif dans la croissance osseuse [4]. Cependant, les avantages du calcium ne se limitent pas au métabolisme osseux. En effet, le calcium pourrait jouer en plus un rôle important dans la prévention de l’obésité infantile [4]. Au Liban, l’obésité est actuellement très présente aussi bien chez les adultes (18 % des hommes et 14 % des femmes) [3] que chez les jeunes (trois à 19 ans) chez qui on estime que 7 % des garc ¸ons et 3 % des filles sont obèses [3]. Par ailleurs, l’activité physique (AP) est bien connue pour son rôle positif sur le métabolisme osseux et le système cardiovasculaire. Dès lors, le but de cette étude est d’explorer la relation entre la consommation calcique journalière (CCJ), d’une part, et l’AP et l’indice de masse corporelle (IMC), d’autre part, chez les adolescents libanais.

Les sujets ont tous rempli un questionnaire fréquentiel d’évaluation de la préalablement validé [2]. Ce questionnaire comporte 30 objets : produits laitiers, viandes, poissons, œufs, diverses céréales, légumes secs, légumes verts, fruits, desserts, eau (minérale et du robinet), jus de fruits et boissons alcoolisées (vin, bière et cidre. . .). Aucun élève ne recevait de suppléments calciques dans cette étude.

2. Méthodes 2.1. Sujets

2.5. Étude statistique Les données sont exprimées en moyenne ± la déviation standard (DS). L’existence d’une éventuelle corrélation a été précisée par le test de Pearson. Les différences intersexes et entre les groupes ont été précisées par le test t de Student pour les distributions normales et par le test de MannWhitney pour les distributions non normales. Les analyses statistiques ont été effectuées par le logiciel STATVIEW pour Windows (version 5;1992—1998). Une valeur de p < 0,05 était exigée afin d’affirmer le caractère significatif des résultats.

Quatre cent soixante dix-neuf adolescents libanais (175 garc ¸ons et 304 filles), âgés en moyenne de 15,3 ans, (13 à 18 ans) ont accepté de participer à cette étude. Tous ces sujets étaient sains et de type caucasien. Le recrutement a eu lieu dans cinq collèges privés et deux collèges publics situés à Beyrouth. Ce protocole a rec ¸u l’approbation du comité d’éthique de l’université de Balamand.

3. Résultats

2.2. Les mesures anthropométriques

3.2. Consommation calcique journalière de la population

Les mesures du poids et de la taille des adolescents ont été réalisées par l’intermédiaire d’une balance électronique (Taurus, précision = 0,1 kg) et d’une toise (Seca, précision = 0,1 cm). L’IMC exprimé en kg/m2 a été calculé (l’IMC étant le poids en kg divisé par la taille en mètre au carré).

La CCJ était supérieure chez les garc ¸ons par rapport aux filles (916 ± 322 contre 756 ± 288 ; p < 0,001) (Tableau 1). Environ 9,2% des filles et 20% des garc ¸ons avaient une CCJ supérieure ou égale à 1300 mg/j.

2.3. Activité physique

3.3. Corrélations entre l’âge, l’IMC, l’activité physique et la consommation calcique journalière des sujets

La durée et l’intensité de toutes les activités physiques et sportives ont été enregistrées et leur équivalent en MetScore calculé [1].

3.1. Âge, caractéristiques morphologiques et activité physique Il y avait des différences intersexes significatives au niveau de l’âge, de la taille, du poids et de l’AP (Tableau 1).

L’âge était négativement corrélé à la CCJ chez les filles (p < 0,05) et l’IMC était négativement corrélé à la CCJ chez

90 Tableau 1

R. El-Hage et al. Âge, caractéristiques morphologiques, activité physique et consommation calcique journalière des sujets. GE (n = 479)

Âge (ans) Taille (m) Poids (kg) IMC (kg/m2 ) AP (Met-Score) CCJ (mg/j)

15,3 164 59,8 22,2 119,9 815

± ± ± ± ± ±

Garc ¸ons (n = 175) a

1,5 8,2a 13,0a 3,8 85,3a 314a

14,7 168 64,5 22,7 128,7 916

± ± ± ± ± ±

Filles (n = 304)

1,02 8,8 14,6 4,16 91,1 322

15,6 161 57,1 22,0 113 756

± ± ± ± ± ±

1,62 6,6 11,1 3,6 88,8 288

GE : groupe entier ; IMC : indice de masse corporelle ; AP : activité physique ; CCJ : consommation calcique journalière. a Différences inter-sexes p < 0,001.

Tableau 2

Corrélations entre l’âge, l’IMC, l’activité physique et la consommation calcique journalière des sujets.

Âge (ans) IMC (kg/m2 ) AP (Met-Score)

CCJ garc ¸ons (n = 175)

CCJ filles (n = 304)

0,02 NS −0,19a 0,17a

−0,12a −0,06 NS 0,17b

IMC : indice de masse corporelle ; CCJ : consommation calcique journalière ; NS : corrélation non significative. a p < 0,05. b p < 0,01.

les garc ¸ons (p < 0,05). L’AP était positivement corrélée à la CCJ chez les garc ¸ons (p < 0,05) et chez les filles (p < 0,01) (Tableau 2).

3.4. Consommation calcique journalière chez les adolescents qui consomment du lait et chez ceux qui n’en consomment pas Dans cette étude, 50 % des adolescents (38 % des garc ¸ons et 57 % des filles) ne consommaient pas de lait. Dans la population entière (n = 479), le groupe qui ne consommait pas de lait avait une CCJ significativement inférieure à celui qui consommait du lait (699 ± 262 versus 933 ± 320 respectivement ; p < 0,001).

4. Discussion Cette étude montre qu’une très faible proportion des adolescents libanais (20 % des garc ¸ons et 9,2 % des filles) a une CCJ suffisante (supérieur ou égale à la CCJ conseillée = 1300 mg). De plus, cette étude montre que la CCJ est corrélée positivement à l’AP dans les deux sexes alors qu’une corrélation négative entre l’IMC et la CCJ a été démontrée chez les garc ¸ons. La CCJ dans la population étudiée était inférieure aux valeurs recommandées pendant l’adolescence. Dans notre étude, seulement 9,2 % des filles et 20 % des garc ¸ons avaient une CCJ satisfaisante. À notre avis, ces différences intersexes peuvent s’expliquer simplement par un apport calorique inférieur chez les filles par rapport aux garc ¸ons. Dans tous les cas, ces résultats sont inquiétants dans la mesure où l’on sait aussi que les filles sont plus touchées par l’ostéoporose que les garc ¸ons, ce qui impliquerait pour elles la nécessité d’avoir des apports en calcium supérieurs dès l’enfance. À ce titre, dans beaucoup de pays, les enfants et les adolescents sont actuellement encouragés à consommer

davantage de produits riches en calcium et notamment les produits laitiers aux vues de leurs effets bénéfiques rapportés sur la croissance osseuse et le métabolisme lipidique [4]. Dans notre étude, on précisera que 50 % des adolescents rapportent ne jamais boire de lait. Ce manque de consommation de lait semble influencer directement et négativement la CCJ. En effet, le groupe qui ne consomme pas de lait a une CCJ inférieure à celui qui consomme du lait (699 ± 262 et 933 ± 320 respectivement ; p < 0,001). Ce résultat était attendu dans la mesure où le lait est un produit riche en calcium et peut être facilement consommé tous les jours. Les résultats obtenus prouvent que la CCJ diminue avec l’âge chez les filles mais pas chez les garc ¸ons. À notre avis, la baisse de la CCJ avec l’âge chez les filles serait due à l’augmentation de la consommation des boissons gazeuses. En second lieu, nous avons remarqué une corrélation négative entre la CCJ et l’IMC chez les garc ¸ons mais pas chez les filles. L’absence de corrélation chez les filles peut être expliquée par le faible pourcentage de sujets obèses retrouvé dans cette population [3], mais probablement aussi par leur très faible valeur de CCJ, quel que soit le groupe considéré (obèse et non obèse). La CCJ était positivement corrélée à l’AP chez les deux sexes. Ce résultat n’est pas surprenant dans la mesure où les adolescents qui pratiquent souvent le sport ont souvent un apport calorique plus élevé, ce qui peut contribuer à faire augmenter l’apport calcique.

5. Conclusion Cette étude montre qu’une très faible proportion des adolescents étudiés a une CCJ suffisante. De plus, la CCJ est positivement liée à l’AP dans les deux sexes alors que la CCJ est corrélée négativement à l’IMC seulement chez

Consommation calcique journalière chez les adolescents libanais les garc ¸ons. Dès lors, il semble intéressant de mener une étude longitudinale se proposant d’évaluer les effets d’une supplémentation calcique chez les adolescents (13—18 ans) et prenant en compte plus de variables telles : le pourcentage de masse grasse, le niveau de pratique sportive, l’apport calorique total. . . En attendant, il paraît important d’informer les adolescents sur les différentes conséquences liées à des apports calciques insuffisants mais aussi et surtout de les inciter à consommer plus de produits laitiers.

Conflits d’intérêts Aucun.

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Références [1] Ainsworth BE, Haskell WL, Whitt MC, Irwin ML, Swartz AM, Strath SJ, et al. Compendium of physical activities: an update of activity codes and MET intensities. Med Sci Sports Exerc 2000;32(Suppl.):498—516. [2] Fardellone P, Sebert JL, Bouraga M, Bonidan O, Leclercq G, Doutrellot C, et al. Evaluation of the calcium content of diet by frequential self-questionnaire. Rev Rhum Mal Osteoartic 1991;58:99—103. [3] Sibai AM, Hwalla N, Adra N, Rahal B. Prevalence and Covariates of Obesity in Lebanon: Findings from the First Epidemiological Study. Obes Res 2003;11:1353—61. [4] Weaver CM, Boushey CJ. Milk—Good for bones, good for reducing childhood obesity? J Am Diet Assoc 2003;103:1598—9.