De l'alcoolisme à l'alcoologie

De l'alcoolisme à l'alcoologie

ARTICLES ORIGINAUX De I'alcoolisme & I'alcoologie Rapports avec la m6decine interne B. HILLEMAND, J.P. JOLY, J.P. LHUINTRE* From alcoolism to alcool...

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ARTICLES ORIGINAUX

De I'alcoolisme & I'alcoologie Rapports avec la m6decine interne B. HILLEMAND, J.P. JOLY, J.P. LHUINTRE*

From alcoolism to alcoology : relations with internal medicine. Mots cl6s: alcoolisme, alcoologie, alcootopathies,

alcoolite, alcoolose, somalcoolose.

Rev. Mdd. Interne, 1985, 6, 361-372.

L'alcoologie est un concept contemporain dfi ~ Fouquet (25), tandis que le concept d'alcoolisme a 6t6 cr66 par un su6dois, Magnus Huss (36), en 1849. La compr6hension de l'apparition de ces concepts n6cessite un survol sch6matique des rapports de l'homme avec l'alcool au cours des figes.

Nombreux furent les facteurs g l'origine de ce changement : -- Des procddds techniques nouveaux permirent la distillation non plus artisanale mais industrielle de l'alcool (39), puis la conservation des vins (65), tandis que l'apparition des chemins de fer rendit possible leur distribution en masse dans les r6gions non productrices. La premiOre rdvolution industrielle rut g6n6ratrice d'un proldtariat misdrable (79) <> dans l'alcool (66) avec apparition d'une consommation chronique (20). -- Enfin, ce fut l'apparition de la madecine scientifique avec l'apog6e de la m6thode anatomo-clinique dans une vision parfois un peu scientiste.

Alcoologie et terminologie levolution de la consommation d'alcool Aprbs une phase prdliminaire d'alcoolisation it type essentiellement aigu des grands de ce monde avec une connotation morale et religieuse, apparut/l la fin du XVIIIe si6cle et centr6e sur le XIXe si6cle une seconde phase d'alcoolisation chronique de masse avec une vision essentiellement mddicale et scientiste d6bouchant sur la notion d'alcoolisme chronique.

* Service de mddecine interne et pathologie digestive, H6tel-Dieu, 51, rue Lecat, 76031 Rouen Cedex. Tirds gtpart : Pr B. Hillemand, adresse ci-dessus.

C'est dans ce climat que se situe l'ceuvre de Magnus Huss. Selon Renaudin (1853) (70), Huss oppose l'alcolismus acutus, <>, et l'alcolismus chronicus qui groupe les modifications dynamiques et fonctionnelles survenues dans les centres nerveux ~t la suite d'une consommation r6guli6re et pathog6ne de boissons alcooliques. Une forme type est isol6e. Elle exclut les d6gfits des autres appareils et groupe tremblement, affaiblissement musculaire, vertiges c6r6braux, paralysie anesth6sique, fourmillements etc. Des formes cliniques sont distingu6es: forme paralytique ou par6sie, forme anesth6siRe~u le 7-12-1984. Renvoi pour correction le 25-2-1985. Acceptation d6finitive le 29-3-1985.

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que, forme hyperesth6sique, forme convulsive, forme 6pileptique, forme prodromique. Des troubles psychiques sont not6s (hallucinations, tendance au suicide). Pour Las6gue (1853) (46), analysant et commentant 6galement Huss, le diagnostic diff6rentiel est ce groupe encore assez vague des affections d6sign6es sous le nom de <>. Tel est le concept de l'alcoolisme chronique de Huss bien loin de nos conceptions et discussions nosologiques actuelles. Deux remarques s'imposent au sujet du travail de Huss : Quoiqu'excluant de l'alcoolisme chronique les complications extraneurologiques de l'alcool, il les d6crit cependant longuement, en particulier celles du tube digestif et des vaisseaux, ath6romatose, n'6voquant qu'accessoirement <~les alt6rations organiques ou fonctionnelles du foie et de l'appareil biliaire >>. C'est 1~ pour Jellinek (40) une de ses contributions les plus int6ressantes. Si l'on en croit Renaudin (70), Huss d6crit une ~> ou ~> c'est-h-dire ~> et <~il y a 1~ toute la diff6rence qui s6pare un vice d'une maladie >>. -

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D'une fagon tr6s globale et quelque peu sch6matique, on peut donc consid6rer que dans le travail de Huss sont r6unis d'une part la description d'un ensemble de troubles et de 16sions visc6rales dus ~ l'alcool, d'autre part des troubles du comportement vis-~t-vis de celui-ci. Une v6ritable dissociation de ces deux facteurs constitutifs s'est r6alis6 ult6rieurement en fonction des diverses donn6es socio-culturelles et l'emploi du terme alcoolisme s'est fait dans des acceptations diff6rentes.

- - D a n s les p a y s latins et viticoles c o m m e la France, la consommation usuelle de vin en tant

que boisson de table courante est consid6r6e comme sociologiquement normale. I1 s'ensuit que, dans sa forme classique, l'alcoolisation franqaise est une alcoolisation socio-professionnelle d'habitude, sans conotation psychiatrique majeure; d'ailleurs, h l'alcoolisme de paup6risme du X I X e si6cle s'est surajout6 un alcoolisme de convivialit6 au XX e. Apr6s de longues ann6es d'alcoolisation, des accidents visc6raux vont survenir parfois ind6pendamment de toute alcoolo-d6pendance.

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C'est aux cirrhoses du foie, dont 16000 malades meurent par an en France (32), ainsi qu'aux autres complications visc6rales dues ~t l'alcool que sont confront6s les m6decins somaticiens frangais bien plus qu'~t des problames psychiatriques. C'est dire que dans leur esprit le terme alcoolisme 6voque b e a u c o u p plus les retentissements organiques souvent terminaux de l'alcoolisation que les d6pendances induites. Cette 6volution terminologique 6tait d6j~t faite d6s 1865, comme le montre le monumental article de Lancereaux (44) sur l'alcoolisme dans le Dictionnaire Dechambre. N ' y sont envisag6es que les complications visc6rales de l'alcoolisation, selon une m6thodologie anatomo-clinique port6e ~t la perfection, et ce sont essentiellement les spiritueux qui sont consid6r6s comme responsables. La th6se d'Imbert (37) (1897), faite dans le m~me esprit, s'efforgait de pr6ciser des manifestations pr6coces: tremblement alcoolique, pituite alcoolique, cauchemars professionnels et zoopsies, troubles dyspeptiques, crampes douloureuses des membres inf6rieurs. En pratique, ces deux travaux sont ~ la base de la conception de l'alcoolisme des m6decins somaticiens frangais qui gardent quelque peu dans leur inconscient collectif l'ancienne et fausse notion du vin boisson dite ~> (65), tandis que les boissons distill6es sont d6nonc6es comme seules susceptibles d'engendrer l'alcoolisme. N'allait-on pas, en 1902, jusqu'~t 6crire que favoriser la substitution du vin aux produits nocifs de l'industrie, c'est mettre presque sf~rement le buveur h l'abri de la cirrhose, consid6r6e h l'6poque comme rare chez les consommateurs de vin (3) !

-- A l'inverse, en milieu a n g l o - s a x o n , l'accent a 6t6 mis sur les troubles du comportement en privil6giant les aspects psychiatriques et les probl+mes de d6pendance ~ l'alcool. En effet, dans les contr6es de civilisation anglosaxonne, les boissons alcooliques ne sont pas des boissons de table courantes et leur consommation est souvent li6e ~ des facteurs n6vrotiques voire psychotiques avec alcoolod6pendance tr6s rapide. Jellinek (41), en 1960, en d6veloppant le concept de l'alcoolisme en tant que maladie, a donn6 un bon apergu historique de ee courant de pens6e dont les pr6curseurs ont 6t6 T. Trotter (78) (1804), B. Rush (7_2) (1811) et, selon

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Renaudin (70) (1853), 6galement M. Huss (36) (1849). Mc Carthy (53) situe d'ailleurs d6s 1778 les premiers 6crits de Trotter et d~s 1784 ceux de B. Rush. Jellmek (41) rappelle que, dans les 38 ann6es de parution du <> fond6 en 1876, sur 700 articles publi6s, au moins 100 furent enti6rement ou partiellement consacr6s ~t l'id6e que 1'< est une maladie et il cite Crothers (12) (1911) rappelant que la politique de ce journal depuis le d6but a 6t6 de garder en exergue le fait que 1'<>est une n6vrose ou une psychose et que l'alcool est ~t la fois un facteur majorant ou causal aussi bien qu'un sympt6me d'une condition pr6existante.

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-L'alcoolisme e est un alcoolisme p6riodique jadis nomm6 dipsomanie. I1 est h ne pas confondre avec l'alcoolisme Y, accompagn6 de longues p6riodes d'abstinence (tableau I). C e t t e synth6se avait pour int6r6t de tendre vers une vision globale, de faire apparaRre le fait social, d'isoler des types cliniques authentiques et d'essayer de cerner les probl6mes de d6pendance. C'est qu'en effet le terme 6volutif de ce courant de pens6e h 6t6 de d6finir l'alcoolisme comme une d 6 p e n d a n c e / l l'alcool.

Alcoolo-d6pendance Ce concept d e la maladie alcoolique conduit Jellinek ~t d6finir l'alcoolisme comme <>. Il nuance ensuite sa pens6e en distinguant cinq types d'alcoolisme d6sign6s par les premi6res lettres de l'alphabet grec: --L'alcoolisme ct repr6sente une d6pendance continuelle purement psychologique due au fait que l'alcool apporte un soulagement /l des malaises physiques ou 6motifs. II n'y a aucune perte de contr61e ni aucune incapacit6 de s'abstenir ni aucune 6volution progressive. -L'alcoolisme ~ se manifeste par des complications dues ~t l'alcool (polyn6vrite, gastrite, cirrhose), sans qu'il y ait de d6pendance physique ou psychologique, en cons6quence sans syndrome de sevrage. -L'alcoolisme y comporte une d6pendance physique et psychologique ainsi qu'une perte de contr61e de la consommation d'alcool. Le sujet a perdu la libert6 de boire mod6r6ment. L'int6ress6 peut avoir des p6riodes de sobri6t6 de quelques semaines /t quelques mois. Au moment des rechutes, il perd sa capacit6 de contr61e et consomme jusqu'/l l'ivresse. C'est le type d'alcoolisme le plus repr6sent6 en Am6rique du Nord. I1 y a une progression d6finie de la d6pendance psychologique/L la d6pendance physique. -L'alcoolisme 8 : ici, il n'y a pas de perte de contr61e mais une incapacit6 de s'abstenir. Le sujet, quand il boit, est capable de s'arr6ter ~t temps, mais s'il est priv6 d'alcool apparaR un syndrome de sevrage. Ce type d'intoxication serait plus volontiers rencontr6s dans les pays viticoles en particulier en France.

D6jfi, d6s la fin du si6cle dernier et le d6but du XX e si6cle, l'alcoolo-d6pendance avait 6t6 parfaitement d6crite par des auteurs comme Crothers (1886) (11), Kovalesky (1899) (43), Dromard (1902) (15), tous cit6s dans une excellente 6tude historique (74). La morphinomanie avait 6t6 individualis6e apr6s la guerre de 1870 et Dromard n'h6site pas ~t en rapprocher l'alcoolo-d6pendance. Les 6crits de ces auteurs n'auront cependant ~ leur 6poque qu'une audience r6duite dans le milieu m6dical franqais. Par contre, ces id6es s'amplifieront /l l'6tranger et I'OMS privil6giera la perspective de la d6pendance. Dans sa 9~ 6dition r6vis6e de la classification internationale des maladies (CIM 9), elle pr6cise que le <> (SDA) est d6fini comme une d6pendance (ou une toxicomanie) alcoolique caract6ris6e par un 6tat psychique et habituellement aussi physique, r6sultant de l'absorption d'alcool, caract6ris6 par des r6actions de comportement et autres comprenant toujours un besoin compulsif de prendre de l'alcool de faqon continue ou p6riodique afin d'en 6prouver les effets psychiques et parfois de supprimer le malaise cons6cutif /l l'abstinence. I1 peut ou non y avoir accoutumance. Une personne peut 6tre d6pendante simultan6ment de l'alcool et d'autres drogues (42). Ce th6me de la d6pendance est 6galement repris dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association am6ricaine de psychiatrie D S M III (2). On peut d'ailleurs y regretter la pr6sentation privi16gi6e de l'abus de boisson alcoolique comme facteur de d6pendance sans qu'en contre-partie il soit fait mention de la vuln6rabilit6 des individus.

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La conception restrictive de I'OMS s'explique par sa culture tr6s anglo-saxonne qui m6connait pratiquement l'alcoolisation chronique des pays viticoles et l'ensemble pathologique de ses cons6quences visc6rales, ~t tel point que dans la C I M 9 le terme alcoolisme ne figure plus que comme appellation ~ incluse )) (42).

Concepts actuels Le mot aleoolisme apparaR donc utilis6 dans deux acceptions essentielles: l'une restrictive, limitant l'alcoolisme fi un trouble comportemental de d6pendance vis-/t-vis de l'alcool mais m6connaissant ses cons6quences visc6rales; l'autre large, consid6rant l'alcoolisme comme l'ensemble des effets nocifs nutritionnels visc6raux et autres, caus6s par l'alcool mais occultant plus ou moins les aspects de d6pendance. Mais bien plus que d'une ambivalence, c'est d'une impr6cision totale qu'est victime le vocable ~
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Les travaux monumentaux du statisticien, du d6mographe, de l'6conomiste qu'6tait Ledermann (48, 49) enrichissaient et r6novaient compl6tement ce type d'optique. Pour la premi6re fois 6taient entrepris des travaux collectifs men6s dans un esprit de coop6ration par des sociologues, des psychologues, des juristes, des m6decins, tandis que s'accentuaient les premiers 6changes internationaux grfme/t la participation de l'Organisation mondiale de la sant6 (Copenhague 1951) (9) et du Bureau international contre l'alcoolisme de Lausanne. Aux ]~tats-Unis, Jellinek (41) en 1960 apportait, on l'a vu, un mod61e conceptuel capital r6alisant la synth6se des connaissances 6parses relevant de disciplines scientifiqdes diverses. L'aspect sociologique de certains travaux /trouvait d'autant plus d'6cho que les courants id6ologiques contemporains de l'anti-m6decine et de l'anti-psychiatrie remettaient en cause le module m6dical de l'abord d'un ph6nom6ne donn6, et tout particuli6rement de celui de l'alcoolisme (8) revendiqu6 comme appartenant partiellement (67) ou fondamentalement au domaine des sciences sociales et tr6s accessoirement alors/t la science m6dicale (30, 61). Le d6veloppement r6cent mals important des associations ndphalistes (1, 6, 68) dans notre pays constituait une donn6e nouvelle, apportant la d6monstration de leur fr6quente efficacit6 souvent sans intervention m6dicale ce qui conduisait les m6decins/~ s'interroger sur cette d6m6dicalisation de la th6rapeutique. Les progr+s du ddpistage pr&oce, non seulement par la clinique mais aussi par les proc6d6s biologiques modernes (34, 47, 63), rendaient possible la pr6vention secondaire par la cr6ation des centres d'hygi6ne alimentaire initialement institu6s pour d6pister les consommateurs menac6s (buveurs excessifs) (50, 51), afin de les traiter dans une optique di6t6tique bien loin des probl6mes psychiatriques et de l'hygibne mentale, d'o/1 un risque de distorsion entre les disciplines m6dicales.

Peut-~tre aussi une eertaine modification des types d'alcoolisation rendait bien manich6enne l'opposition classique entre l'alcoolisation de type anglo-saxon ~ connotation psychiatrique et celle d'allure socio-professionnelle d'habitude des pays viticoles. II est certain qu'en France une composante psychologique apparaR de plus en plus pr6sente ou est de mieux en mieux prise en consid6ration.

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Ainsi en 6tait-on arriv6 a une v6ritable confusion ou plut6t /~ un v6ritable 6clatement de la pens6e. Les d6veloppements qui pr6c6dent ne veulent en aucun cas ~tre un historique de l'alcoolisation et de l'alcoolisme. Pour ce faire, de nombreuses nuances m6riteraient d'etre envisag6es et bien des faits importants ont 6t6, par n6cessit6, pass6s sous silence. -- En ce qui concerne les nuances, il est, par exemple, bien 6vident : qu'il existe, et Triboulet et coll. (77) l'ont rappel6, des fairs d'alcoolisation chronique observ6s bien avant le XIXe si6cle et m~me d6s l'Antiquit6 ; que le clavier des strates sociales consommatrices s'est fortement 61argi d6s le XVIe si6cle, tout au moins en France, d'ofl une augmentation de l'ivrognerie /l partir du r6gne le Henri IV, puis une consommation quotidienne de vin par le ~ petit peuple )) des villes et des banlieues agricoles sous le rbgne de Louis XIV, la consommation paysanne n'apparaissant qu'au XVIII e si6cle (14). En ce qui concerne les faits pass6s sous silence, il n'a pas 6t6 question, entre autres, de l'6volution du pouvoir d'achat dans ses cons6quences sur l'alcoolisation, ni de la pointe de consommation de boissons distill6es survenue en France dans la 2 e moiti6 du XIX e si~cle 5 l'occasion de Ia crise phyllox6rique (74), ni de la th6orie la d6g6n6rescence de Morel (59, 60) avec l'alcoolisme comme cause importante, ni des discussions passionn6es du d6but de notre si6cle sur la valeur de l'alcool comme aliment (7, 16, 17, 57, 71, 77). -

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N'ont pas 6t6 envisag6s non plus les aspects th6rapeutiques dont une importante bibliographie se trouve dans la th6se de Fellion (19), ni l'historique des soci6t6s n6phalistes (1, 6, 68). Le but recherch6 dans les consid6rations expos6es 6tait de montrer le malaise intellectuel qui r6gnait il y a 20 ou 30 ans dans le champ alcoologique. Certes il existait une mont6e int6ressante des travaux socio-6conomiques et des travaux des fondamentalistes, mals le terme alcoolisme avait perdu toute signification pr6cise et n'6tait pas employ6 d.ans le m6me sens par les m6decins somaticiens d'une part et les psychiatres d'autre part, par les fondamentalistes et par les sociologues enfin. Malgr6 l'effort de Jellinek (41), une r6vision conceptuelle s'imposait. Elle fut l'~euvre de Fouquet, de 1950/t nos jours.

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Nosologie actuelle La synth6se de F o u q u e t repose sur trois notions: une d6finition de l'alcoolisme, la notion d'alcoolopathie et la notion d'alcoologie. Pour Fouquet (1951) (22), par ddfinition, il y a alcoolisme lorsqu'un individu a perdu la libert6 de s'abstenir d'alcool. I1 s'agit pour lui d'un crit6re/t la fois essentiel et g6n6ral, privi16giant la notion de d6pendance pathologique qui lie le malade ~ l'alcool. Ce caract6re intrins6que commun /~ toutes les formes classiques d'alcoolisme ne pr6juge pas des notions de quantit6, qualit6 ou dur6e de consommation. I1 reste ind6pendant des r6f6rences sociologiques et des modes d'expression de la maladie. Cette d6finition, tr6s frustrante pour le clinicien somaticien, signifie sans ambages l'appartenance /t la psychiatrie, car elle recouvre une pathologic de la libert6. Elle heurte de prime abord l'interniste, car elle semble 6vacuer les complications visc6rales de l'alcool, ce qui n'est cependant pas la pens6e de son auteur. Elle a toutefois deux grands m6rites : d'une part sa clart6, d'autre part la conformit6 avec la nomenclature de I'OMS permettant des 6changes internationaux coh6rents. Le caract6re limitatif de cette d6finition a eu pour corollaire un troisi6me m6rite, celui de conduire n6cessairement Fouquet it 61argir la vision des probl6mes de l'alcool en apportant les notions d'alcoolopathie et d'alcoologie ....

Alcoolopathies Les alcoolopathies ~(sont des 6tats pathologiques comportementaux essentiellement constitu6s par des troubles de la tol6rance/l l'6thanol et par l'installation d'une d6pendance 5 ce produit. Ensemble h6t6rogbne dont le polymorphisme expressionnel est tr6s vaste, elles rev6tent au niveau de l'individu des significations existentielles tr6s diverses)) (55). Ces alcoolopathies connaissent les complications viscdrales classiques h6pato-digestives, pancr6atiques, neuropsychiatriques de l'alcoolisation. Elles ont en commun trois facteurs constitutifs du ~syndromes alcoolique)~ (21, 22) : un facteurpsychique r6alisant une disposition favorisante psychopathologique intellectuelle ou caract6rielle qui peut relever de tableaux allant de troubles psychiques mineurs aux grands syndromes psychiatriques ; -

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-- un f a c t e u r de toldrance constituant la disposition somatique qui permet /t un individu non seulement d'accepter sans troubles notables les boissons alcoolis6es mais aussi d'en ressentir les effets ; -- un f a c t e u r toxique essentiellement neurohumoral.

Selon l'importance respective de ces trois facteurs, Fouquet (21, 29, 55) d6crit trois types cliniques d'a!coolopathies d6sormais classiques : L e s alcoolites (50 °A des cas). - - Elles concer-

nent des consommateurs habituels ayant une certaine suggestibilit6, une labilit6 6motionnelle 16g~re et peu d'autocritique; le facteur psychique est faible mais le facteur de tol6rance est 61ev6. Initialement ces patients supportent bien l'alcool qu'ils consomment en grande quantit6. Ce n'est qu'apr6s des ann6es qu'appara~t l'alcoolo-d6pendance ~t type d'accident de sevrage, ainsi que des complications visc6rales graves. L e s alcooloses (40 °A d e s cas). - - Le facteur psychique est dominant. Les sujets n6vros6s boivent volontiers 6pisodiquement et en cachette. Ils ont une tol6rance peu 61ev6e pour l'alcool auquel ils ne peuvent renoncer, ayant l'impression qu'il les aide ~t surmonter les n6vroses. L e s somalcooloses (5 °.4 des cas). - - Elles sont surtout fr6quentes chez la femme. Les facteurs psychiques affectent l'allure des perturbations tr6s puissantes avec avidit6 brusque et transitoire d'alcool, tol6rance nulle, ivresse rapide.

Le tableau qui suit, dfi ~ Fouquet (23, 28, 55), d6taille ces faits : A l'analyse et tr6s sch6matiquement, on se rend compte : -- que l'alcoolite de Fouquet correspond ~t un alcoolisme [~ de Jellinek ayant 6volu6 vers un alcoolisme 8 ; -- que l'alcoolose de Fouquet r6pond ~ un alcoolisme y de Jellinek ayant succ6d6 souvent un alcoolisme ct ; -- que la somalcoolose de Fouquet peut &re homologu6e en gros ~t l'alcoolisme s de Jellinek. I1 convient toutefois de noter que les alcoolismes tx et [~ de Jellinek ne rentrent pas dans le cadre de la d6finition de Fouquet, car ils ne comportent pas de perte de la libert6 de s'abstenir.

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Ainsi la notion d'alcoolopathie vient compl6ter et pr6ciser la notion d'alcoolisme, mais ni dans les notions d'alcoolisme, ni dans celles d'alcooloapthie n'apparaissent les donn6es concernant l'environnement du malade, donn6es essentielles ~t connaitre du point de vue 6tiologique et th6rapeutique d'ofi, pour compl6ter la synth6se, la cr6ation d'une troisi6me notion, celle du concept d'alcoologie.

Notion d'alcoologie Certes le mot avait 6t6 utilis6 d~s 1923 par Ceresole (5) qui r6clamait un ~ enseignement d'alcoologie ~. C'est tout le m6rite de Fouquet (25) d'avoir d6gag6 en 1966 la ,~aleur conceptuelle de ce n6ologisme. F o u q u e t (29) insiste sur le fait que, quel qu'il soit, le discours alcoologique fait n6cessalrement intervenir les trois facteurs suivants : l'individu : unit6 vivante somato-psychiq u e e n constante 6volution, en perp6tuel devenir hom6ostatique; porteur d'un 6quipement donn6 au d~part, cet individu possbde aussi un pass6 personnel et une situation qui lui est propre, le tout fonction des facteurs somatiques, des conditions 6ducatives, de l'6tat conjugal et familial, du statut financier, du niveau professionnel, de la situation sociale ; - - l'alcool: drogue psychotrope, commun d6nominateur de toutes les boissons ferment6es et distill6es ; - - le milieu : ensemble des facteurs socioculturels et 6conomiques exerqant leurs influences directes ou indirectes sur l'individu. Chaque auteur aura tendance ~ privil6gier l'un de ces trois facteurs selon sa formation propre en psychologic, en physiologic ou en -

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sociologie.

Or, il importe que ces diff6rents facteurs et leurs interactions r6ciproques soient appr6ci6s /l leur valeur authentique dans une d6marche de synth6se, d'ofi la n6cessit6 d'une optique nouvelle : l'alcoologie. Celle-ci peut se d6finir comme une ~ discipline consacr6e ~ tout ce qui a trait dans le m o n d e / t l'alcool 6thylique : production, conservation, distribution, consommation normale et pathologique avec les implications de ce ph6nom6ne, causes et cons6quences, soit au niveau collectif (national et international, social, 6conomique et juridique), soit au niveau individuel (spirituel, psychologique et somatique). Cette discipline autonome, emprunte ses outils de connaissance aux prin-

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Tableau I ]~LI~MENTS DE DIAGNOSTIC POSITIF ET DIFFI~RENTIELS

ALCOOLITES ([~ ~ 8 de Jellinek) Rt~PARTITION H 45 ~ 50% des cas

ALCOOLOSES (t~ ~ Y de Jellinek)

SOMALCOOLOSES ( = e de Jellinek)

40 ~ 45 % des cas

1 ~t 5 % des cas

PARSEXE

F 1 ~ 5% des cas

80 ~t 85% des cas

15% des cas

AGE

Apr6s 40 ans

Entre 20 et 45 ans

Entre 30 et 60 ans

Vin + + + Bi6re + + Quantit6s 61ev6es

De pr&6rence: ap6ritifs, liqueurs fortes Quantit6s moyennes

Pas de choix. Eau de Cologne, alcool ~ brfiler... Quantit6s faibles

En compagnie

Souvent seul et dissimul6

Strictement solitaire et rigoureusement clandestin

Exceptionnelles

Fr6quentes, atypiques

Anormales, imm6diates

Gofit pour les boissons atcoolis6es

Peu d'attrait, parfois d6gofit

D6gofit habituel, r6pulsion en dehors des crises

Quotidien et continu

Discontinu : arr6ts et reprises de plusieurs mois Intervalles libres de plus en plus rares et de plus en plus brefs

Exclusivement intermittent Crises br6ves de quelques heures/t quelques jours Compulsion. Alcoolepsie

Aucune culpabilit6 Rationalisations tardives Apsychognosie (24)

Culpabilit6 nette Essai de lutte contre l'alcool

HI~RI~DITI~

Alcoolisme du pbre

N6vrose ou psychose d ' u n des parents

FAMILLE

Conjointe souvent plus fig6e N o m b r e u x enfants Sexualit6 longtemps normale Tendance/t la jalousie

Diff6rends conjugaux pr6coces Troubles de la sexualit6

Maladie m6connue par le conjoint pendant plusieurs ann6es Troubles de la sexualit6

DI~BUT

Fin de l'adolescence

Tardif

Tardif

DURI~E

20, 30, 40 ann6es

5 ~t 10 ann6es

Ind6termin6e

Arr6t spontan6 possible au d6but de la s6nescence ou apparition d'intol6rance : soit lente, h forme h6patodigestive ; soit b r u s q u e : ddlirium tremens; soit progressive, vers l'alcoolose.

Troubles graves et pr6coces du comportement. l~volution psychotique possible.

Forme de passage possible vers l'alcoolose

D'INTOLI~RANCE

TYPE D'ALCOOL MODE DE CONSOMMATION IVRESSES ATTIRANCE

RYTHME

V~cu

]~VOLUTION

Culpabilit6 tr6s forte

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cipales sciences humaines, 6conomiques, juridiques et m6dicales, trouvant dans son 6volution dynamique ses lois propres )) (26, 27, 28, 55). ~ I1 ne s'agit ni d'une r6duction d6fensive ferm6e sur un syst6me clos ni de la chosification arbitraire d'un sympt6me. Ses r6f6rences et ses appels fi d'autres disciplines voisines, sa situation ~t l'intersection de plusieurs lignes de recherches relatives au malaise de la civilisation garantissent son ouverture (26, 27, 28, 55). Tel est bri6vement r6sum6 le remarquable et f6cond renouveau conceptuel apport6 par Fouquet. Certes, la pr6sentation des atteintes visc6rales de l'alcool en tant que complications d'un syndrome de d6pendance parait discutable, car il semble bien que l'on puisse observer de telles atteintes ind6pendamment de toute alcoolo-d6pendance, par exemple chez certains cirrhotiques, dans une minorit6 de cas il est vrai. Certes on pourrait pr6f6rer au terme utilis6 de consommation normale d'alcool celui de consommation dite sociologiquement normale d'alcool, car celui-ci, non indispensable la vie, est un psychotrope, un intervenant m6tabolique et potentiellement un poison visc6ral et une drogue. Surtout peut se poser un probl6me de f o n d : l'alcoologie n'est-elle encore qu'un simple concept, ou m6me qu'un simple mot, ou au contraire a-t-elle d6pass6 le stade du mythe pour atteindre sa totale r6alit6 ? Elle semble surtout en plein devenir. Une premi6re concr6tisation d'importance a 6t6 la cr6ation en 1978 de la Soci6t6 fran~aise d'alcoologie (38) groupant des m6decins de formations diverses : internistes, gastro-ent6rologues, psychiatres, fondamentalistes, m6decins du travail, des juristes, des 6conomistes, des travailleurs sociaux, des militants des associations n6phalistes etc. I1 n'en demeure pas moins que la d6marche alcoologique actuelle connait des difficult6s (18). Elle e n e s t , en effet, encore ~t une phase pluridisciplinaire. Toute la question est de savoir si les discours des divers sp6cialistes s'6tabliront dans une synth6se coh6rente. Au contraire, ne risqueront-ils pas d'etre divergents voire antinominiques, chacun tentant d'imposer l'optique de sa formation d'0rigine. Par exemple, ~ l'heure off les travaux des fondamentalistes affinent les connaissances m6taboliques et pharmacologiques (52, 54) et laissent apercevoir des explications biologi-

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ques ~ la d6pendance alcoolique (56, 62, 64), entre autres la th6orie membranaire et la th6orie des opioides (76, 80), il est particuli6rement n6cessaire que ces connaissances nouvelles soient int6gr6es dans la vision du psychiatre et du psychoth6rapeute. Est-il certain que cela soit toujours le cas ? A l'inverse, l e m6decin somaticien, devant une complication visc6rale de l'alcool, sait-il toujours reconnaitre une tr6s fr6quente composante psychologique ~t l'origine de l'alcoolisation ? Ces questions m~,ritent d'fitre pos6es. I1 est inqui6tant de constater que t o u s l e s 616ments constitutifs de la discipline alcoologique 6taient d6j~ r6unis au d6but du si6cle. On a vu, en effet, que l'alcoolo-d6pendance 6tait parfaitement d6crite d6s la fin du XI~Xe si6cle, que des travaux biologiques de haute valeur 6taient r6alis6s d6s le tout d6but du XXe si6cle et que des ~tudes 6conomiques g6n6rales sur l'alcool 6taient faites d6s 1912. Or, la synth6se alcoologique qui aurait pu se faire d6s cette 6poque ne s'est pas op6r6e. I1 importe qu'un tel 6chec ne se renouvelle pas de nos jours. A cet 6gard, il est au plus haut point n6cessaire qu'un langage commun, qu'un code alcoologique se d6gage pour donner ~ l'alcoologie toute son unit~ et toute sa globalit6 (18). I1 y a l~t tout un travail ~ entreprendre, ne fut-ce que pour disposer d'un vocabulaire pr6cis. Le mot alcoolisme r6pondant ~t la perte de la libert6 de s'abstenir, ne serait-il pas plus clair de le remplacer par le terme alcoolo-d6pendance et de parler d'une part d'alcoolo-d6pendance et d'autre part, en l'absence de celle-ci, d'alcoolisation soit pathog6ne pour les visc6res, soit non pathog6ne. Ne pourrait-on pas remplacer l'expression ~ b u v e u r excessif~) par celle de consommateur menac6 qui supprimerait la conotation p6jorative du terme buveur et qui surtout ne privil6gierait pas une notion de quantit6 au d6triment de celle de la vuln6rabilit6 propre du sujet. Ne serait-ce pas logique de ne plus employer la formule ~ prise en charge du malade alcoolique )), puisque tout le but de la th6rapeutique de l'alcoolo-d6pendant est qu'il redevienne capable de se prendre en charge lui-m6me ?

Ces quelques exemples veulent montrer qu'il ne s'agit pas 1~ de remarques byzantines de terminologie mais de la recherche d'un langage coh6rent, sous-tendant une meilleure compr6-

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hension des ph6nom6nes ainsi que des modifications des comportements et des attitudes pour d6boucher sur une action efficace. D6gager un tel langage commun est une lourde t~che, mais n'est-ce pas 1A un des moyens de la conceptualisation propos6e par F o u q u e t qui cherche /t 6vacuer les cloisonnements pour aboutir/~ une coh6rence dans cette ~recherche permanente "de l'61ucidation des rapports entre l'homme et l'alcool~ qu'est l'alcoologie (18) ? N o m m e r un objet aide /l sa conceptualisation, le rassemble, l'assemble et le sp6cifie par rapport A ses voisins. I1 en est ainsi de l'alcoologie qui vise A une vision du malade alcoolique non seulement dans son soma et dans son psych6, mais aussi dans son environnement familial socio:6conomique, professionnel, culturel, r6gional et national.

On peut donc esp6rer que non seulement les m6decins, cliniciens, somaticiens et psychiatres, mais aussi les fondamentalistes, les hygi6nistes, les 6pid6miologistes, les m6decins du travail, mais encore les pharmacologues, les physiologistes, les psychologues, les sociologues, les statisticiens, les 6conomistes, les historiens, les autorit6s religieuses, ayant 6tabli un dialogue coh6rent, pourront A partir de celui-ci d6passer la phase actuelle de carrefour interdisciplinaire pour aboutir h une d6marche de synth6se ~ trouvant dans son 6volution dynamique ses lois propres )~ (26-28, 55). Ainsi serait permise une meilleure compr6hension des ph6nom6nes, d'o~ une pr6vention accrue et une action curative plus efficace. Des ouvertures plus larges sur des faits de soci6t6 ou des donn6es historiques seront m6me possibles, d6gageant des perspectives nouvelles. Sans insister sur de telles ouvertures, il apparait bien que l'alcoologie conduit ~ une vision globale, tant du patient alcoolique en particulier que de l'homme en g6n6ral vis-it-vis du probl~me de l'alcool dans une meilleure perspective de pr6vention et de traitement. Dans cette optique qui int6gre les progr6s du d6pistage pr6coce et de la pr6vention secondaire, les complications visc6rales classiques de l'alcoolisation n'apparaitront plus que comme des 6tats ultimes et d6pass6s et, si l'on ose cette comparaison, elles r6pondront en quelque sbrte A ce que sont les m6tastases h6patiques p a r rapport au cancer muqueux de l'estomac.

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Alcoologie et m6decine interne L'alcoologie 6tait ainsi d6finie, il apparait avec 6yidence que ses rapports avec la m6decine interne sont 6troits. Si la m6decine interne a pour objet les ph6nom6nes pathologiques qui atteignent l'organisme globalement en ne se limitant pas it l'alt6ration 61ective ou exclusive d'un visc6re ou d'une fonction, en d'autres termes si elle s'adresse it l'organisme malade dans son ensemble (58), l'alcoologie ind6pendante d'une pathologie particuli6re d'organe participe de cette vision. Si la m6decine interne est la discipline qui a pour but l'approche du malade dans son ensemble et dans son int6gralit6 (33), afin de r6aliser les synth6ses indispensables tant du point de vue diagnostique que du point de vue th6rapeutique (45), indiscutablement l'alcoologie proc6de de la m~me d6marche. Si l'enseignement de la m6decine interne doit viser/t un entrainement d'une vision globale des malades (69), l'alcoologie vise /l cette m~me vision dans son domaine particulier. En r6sum6, s'il est vrai que la m6decine interne est une m6decine de synth6se et de r6flexion capable d'appr6hender totalement l'homme malade (13), l'alcoologie n'apparaitelle pas comme une forme un peu particuli6re de l'exercice de la m6decine interne ? Elle tire ses particularit6s essentiellement des difficult6s d'abord et de contact avec le malade alcoolis6 ainsi que de l'importance de ses probl6mes d'environnement familiaux, professionnels, sociaux et 6conomiques. A l'analyse, toutefois, il n'y a aucune diff6rence de fond entre la d6marche de la m6decine interne et celle de l'alcoologie. Toutes deux visent/L un m6me but, A savoir une vision globale du malade. Dans cette vision, certains 616ments de la synth6se jouent un r61e particuli6rement important en alcoologie: aspects psychiques, sociaux, 6conomiques etc. On vient de l'6voquer, mais il s'agit d'une diff6rence de degr6 et non point de nature dans l'61aboration de la synth6se. Toute cette r6flexion conduit /l penser que l'alcoologie appartient, it certains 6gards, it la m6decine interne dont elie ne serait, dans cette perspective, qu'un rameau particulier off sont privil6gi6s certains aspects m6taboliques psychiatriques ou de sant6 publique.

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Alcoologie et 6tudes m6dicales Or la pathologie alcoolique est la troisi6me cause de mortalit6 en France, apr6s les causes cardio-vasculaires et le cancer (31), et un cri d'alarme doit ~tre jet6. -- Dans le c u r s u s u s u e l d e s d t u d e s m d d i c a l e s , il n'y a pas en France d'enseignement structur6 obligatoire d'alcoologie, ~ part de rares heures en Hygi6ne et M6decine pr6ventive, tandis que les objectifs en alcoologie sont 6pars, fragment6s et morcel6s dans le programme de l'internat. Les certificats optionnels d'alcoologie, d61ivr6s dans un peu moins d'un tiers des U E R (35) et qui 6taient les seuls enseignements synth6tiques existants, vont disparaitre ~t la suite de la r&orme des 6tudes m6dicales. I1 importe donc qu'il soit fait une large place ~t l'enseignement de l'alcoologie dans le 3 e cycle des 6tudes m6dicales. - - Dans le cadre des enseignements suppldmentaires, certes il existe maintenant des dipl6mes d'universit6 en alcoologie, mais il ne sont enseign6s que dans de rares facult6s et leur finalit6 est quelque peu sp6ciale. I1 serait n6cessaire qu'un module sp6cifique obligatoire d'alcoologie figure dans le dipl6me

d'rtudes sprcialisres de mrdecine interne. Bien plus, ne pourrait-on pas envisager la crration d'un dipl6me d'enseignement sprcialis6 complrmentaire d'alcoologie dans le cadre de la mrdecine interne ? Une telle crration rrpondrait ~t un rrel besoin. A l'heure o/1 l'alcoologie passe <, nombreuses sont les structures d'accueil ou de soins qui se crrent : centres d'hygi~ne alimentaire, services d'alcoologie dans les h6pitaux grnrraux, etc. I1 importe au plus haut point que les mrdecins responsables de ces structures aient requ une formation alcoologique cohrrente au lieu d'rtre comme le plus souvent des autodidactes, mrme s'ils sont de qualitr. Tant la mrdecine interne qt~e l'alcoologie auraient tout fi gagner d'une telle initiative, pour le plus grand bien de la socirt6 et des individus. Conceptualisation d'une vision globale de l'homme dans ses relations avec l'alcool, l'alcoologie apparait dans cette perspective comme un rameau de la m6decine interne. I1 devrait en d6couler des cons6quences f6condes sur le quadruple plan de la pr6vention, des soins, de l'enseignement et de la recherche.

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