G Model
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Psychologie française xxx (2017) xxx–xxx
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Article original
Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire Educational level effect on episodic memory performance in older adults: Mediating role of metamemory L. Guerrero-Sastoque ∗,1, B. Bouazzaoui 2, L. Burger 3, L. Taconnat ∗,4 UMR-CNRS 7295, CeRCA, équipe « vieillissement et mémoire », département de psychologie, université de Tours, université de Poitiers, 3, rue des Tanneurs, 37000 Tours, France
i n f o
a r t i c l e
Historique de l’article : Rec¸u le 27 mai 2016 Accepté le 8 mai 2017 Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Mémoire épisodique Réserve cognitive Niveau d’études Métamémoire Stratégies internes
r é s u m é Le niveau d’études est considéré comme un facteur de réserve. Ainsi, les adultes âgés de haut niveau d’études ont de meilleures performances mnésiques que ceux ayant un niveau d’études plus bas. L’objectif de cette étude était d’examiner le rôle de la métamémoire comme un médiateur potentiel des effets du niveau d’études sur la performance mnésique. Quatre-vingt-trois adultes âgés (60–80 ans) ont été divisés en deux sous-groupes selon leur niveau d’études (haut et bas niveau). La mémoire épisodique a été évaluée à l’aide d’une tâche de rappel indicé et la métamémoire par le Metamemory in Adulthood questionnaire (MIA). Les résultats montrent qu’un haut niveau d’études est associé à de meilleures
∗ Auteurs correspondants. Adresses e-mail :
[email protected] (L. Guerrero-Sastoque),
[email protected] (L. Taconnat). 1 Thèmes de recherche : mémoire épisodique, vieillissement, métamémoire, stratégies de mémoire, fonctions exécutives. 2 Thèmes de recherche : métamémoire, mémoire, vieillissement, fonctions exécutives, EEG. 3 Thèmes de recherche : mémoire, vieillissement, fonctions exécutives, entraînement, EEG. 4 Thèmes de recherche : métamémoire, entraînement, fonction exécutives, mémoire, vieillissement. http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002 ´ e´ Franc¸aise de Psychologie. Publie´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv ´ ´ 0033-2984/© 2017 Societ es.
Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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capacités mnésiques et métamnésiques. Ils mettent également en évidence le rôle de la métamémoire comme médiateur de l’effet du niveau d’études sur la performance mnésique, puisque la fréquence d’utilisation de stratégies internes médiatise complètement l’effet du niveau d’études sur la mémoire chez des adultes âgés. ´ e´ Franc¸aise de Psychologie. Publie´ par Elsevier © 2017 Societ ´ ´ es. Masson SAS. Tous droits reserv
a b s t r a c t Keywords: Episodic memory Cognitive reserve Educational level Metamemory Internal strategies
Educational level is a factor of cognitive reserve and older adults with a higher level of formal education have a better memory performance than those having a lower educational level (Angel et al., 2010; Van Der Elst, Van Boxtel, Van Breukelen, & Jolles, 2005). Memory functioning can also be modulated by the beliefs and knowledge of a person about his/her own memory, that is, by his/her metamemory (Hultsch, Hertzog, & Dixon, 1987). The objective of this study was to examine the role of metamemory as a potential mediator of the effect of educational level on memory performance. Eighty-three older adults (60–80 years) participated in the experiment, they have been divided into two subgroups according to their educational level (high: 14.36 years and low level: 9.85 years). Episodic memory was evaluated with a cued recall task and metamemory by the Metamemory in Adulthood questionnaire (MIA). As shown by previous studies, results indicated that educational level had a significant effect on memory and metamemory, higher educational level was associated to better memory and metamemory capacities. At the MIA questionnaire, older adults with a high educational level affirmed using more internal and external strategies for learning, having higher motivation and perceiving less memory change with aging than older adults with a lower educational level. They also showed that the metamemory dimensions associated to the memory performance differed according to the educational level. For participants with a lower educational level, memory performance was correlated to the participants’ perception about their memory capacity and their knowledge about memory tasks, while for participants with a higher educational level, memory performance was correlated to the dimensions linked to memory control (strategies and motivation). Finally, the group effect was mediated by metamemory, specifically by the use of internal strategies. These results suggest that a prolonged educative experience would be associated to a better capacity to implement adapted strategies, which led individuals to maintain an optimal memory performance. ´ e´ Franc¸aise de Psychologie. Published by Elsevier © 2017 Societ Masson SAS. All rights reserved.
1. Introduction La plainte mnésique est une des plaintes les plus importantes dans le vieillissement (Jonker, Geerlings, & Schmand, 2000 ; Mahieux-Laurent, 2005). Les adultes âgés rapportent le plus souvent des difficultés à rappeler des informations récemment apprises, des noms de personnes, des numéros de téléphone, etc. Ces difficultés portent essentiellement sur la mémoire épisodique, qui correspond aux souvenirs des événements personnellement vécus liés à un contexte spatio-temporel précis, lequel Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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doit être récupéré lors du rappel de l’information (Tulving, 1985). La plainte mnésique est confirmée par des données objectives montrant que la mémoire épisodique est en effet le système de mémoire le plus affecté par l’avancée en âge (Balota, Dolan, & Duchek, 2000 ; Craik & Jennings, 1992 ; Isingrini & Taconnat, 1997 ; McDaniel, Einstein, & Jacoby, 2008). Néanmoins, tous les individus ne sont pas égaux face aux effets du vieillissement sur la mémoire. Certaines personnes présentent une diminution importante de leur performance mnésique avec l’avancée en âge, tandis que d’autres maintiennent un niveau mnésique élevé (Christensen & Henderson, 1991 ; Shimamura, Berry, Mangels, Rusting, & Jurica, 1995), sans que les changements neurophysiologiques liés au vieillissement ne permettent d’expliquer cette variabilité. En effet, des individus avec un même niveau d’atteinte cérébrale peuvent avoir des performances cognitives significativement différentes. Pour expliquer ces différences, Stern (2002, 2009) a proposé l’hypothèse de la réserve cérébrale et cognitive, les individus disposant de cette réserve développeraient des mécanismes de compensation des changements associés au vieillissement normal. Ainsi, le fonctionnement cognitif peut être modulé par des caractéristiques personnelles et par des facteurs associés à l’expérience des individus (Stern, 2002 ; Stern, Albert, Tang, & Tsai, 1990). La recherche dans ce champ a mis en évidence que des variables comme le fonctionnement sensoriel (Anstey, Lord, & Williams, 1997), la pratique d’activités physiques (Albinet, Boucard, Bouquet, & Audiffren, 2010 ; Dik, Deeg, Visser, & Jonker, 2003 ; Robitaille et al., 2014), ou encore le niveau d’études (Angel, Fay, Bouazzaoui, Baudouin, & Isingrini, 2010 ; Ardila, Ostrosky-Solis, Rosselli, & Gómez, 2000 ; Cagney & Lauderdale, 2002 ; Foubert-Samier et al., 2012 ; Kalpouzos, Eustache, & Desgranges, 2008 ; Manly, Touradji, Tang, & Stern, 2003 ; Staff, Murray, Deary, & Whalley, 2004, et voir Anstey & Christensen, 2000 pour revue) pouvaient avoir un rôle protecteur, permettant de maintenir de meilleures performances cognitives au cours du vieillissement (Compton, Bachman, Brand, & Avet, 2000 ; Salthouse, 1987). Le niveau d’études est donc considéré comme un facteur de protection qui permettrait de réduire les pertes mnésiques observées au cours du vieillissement et de maintenir un bon fonctionnement mnésique. Néanmoins, les mécanismes qui sous-tendent cet effet demeurent mal connus à ce jour. Dans cette étude, nous examinons le possible rôle de la métamémoire comme un médiateur de l’effet du niveau d’études sur la mémoire chez des adultes âgés. 1.1. Effet protecteur du niveau d’études sur la mémoire Albert et al. (1995) ont constaté que le nombre d’années d’études était l’un des meilleurs prédicteurs des déficits cognitifs liés à l’âge parmi vingt-deux variables démographiques, physiques et psychosociales. L’éducation formelle prolongée semble être une composante déterminante des facteurs protecteurs du déclin cognitif lié à l’âge (Cagney & Lauderdale, 2002 ; Foubert-Samier et al., 2012 ; Kalpouzos et al., 2008 ; Lam et al., 2013 ; Manly et al., 2003 ; Staff et al., 2004 ; Stern, 2002, 2009 ; voir aussi Zahodne et al., 2011 pour des résultats différents). D’autres études ont mis en évidence que le niveau d’études a un effet significatif sur la mémoire, un haut niveau d’études étant associé à une meilleure performance mnésique (Angel et al., 2010 ; Desgranges, Eustache, & Rioux, 1994 ; Leibovici, Ritchie, Ledésert, & Touchon, 1996 ; Poon, Rubin, & Wilson, 1989 ; Van Der Elst et al., 2005). Afin d’expliquer l’effet du niveau d’études sur le fonctionnement cognitif, des facteurs de différentes natures (e.g. socioéconomique, cérébrale et cognitive) ont été proposés. Selon Mortimer et Graves (1993), le niveau d’études serait un indicateur de la condition socioéconomique, ce qui est associé à des styles de vie particuliers influenc¸ant la cognition. En effet, les individus de bas niveau d’études auraient un faible niveau socioéconomique et seraient en conséquence plus exposés à des facteurs de risque pouvant affecter le fonctionnement cérébral et cognitif (e.g. prévalence accrue de maladies infectieuses et chroniques, déséquilibre nutritionnel, comportements à risque, etc.). Ces individus de bas niveau d’études seraient également plus souvent issus de familles de bas niveau socioéconomique. Les conditions socioéconomiques d’origine déterminent de manière importante les expériences précoces de l’individu en termes de stimulation cognitive. Ainsi, des conditions socioéconomiques défavorables sont associées à une moindre stimulation cognitive et à un faible niveau d’études réduisant la possibilité de se constituer une réserve cérébrale et cognitive. Au contraire, bénéficier de conditions socioéconomiques favorables et faire de longues études permettrait à l’individu de se constituer une réserve cérébrale et cognitive et ainsi d’avoir et de maintenir à plus long terme un Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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fonctionnement cognitif optimal. Ces arguments sont constitutifs de l’hypothèse de la réserve cérébrale et cognitive développée par Stern (Stern, 2002, 2009 ; Stern et al., 1990) qui propose que l’effet du niveau d’études sur les performances à des tâches cognitives s’expliquerait par des capacités de réorganisation cérébrale et par la mise en place de stratégies. En effet, lorsque les réseaux cérébraux qui sous-tendent habituellement les processus mnésiques sont altérés, les adultes âgés avec un haut niveau d’études pourraient compenser leurs déficits de mémoire en engageant des processus cognitifs et des réseaux cérébraux alternatifs. D’autres auteurs proposent qu’au cours d’un long parcours éducatif, les individus accumuleraient des connaissances et des capacités verbales qui leur permettraient de compenser les déficits cognitifs associés à l’âge (Christensen, Henderson, Griffiths, & Levings, 1997). Au niveau mnésique, l’effet protecteur du niveau d’études a été observé essentiellement dans des tâches complexes qui requièrent la mise en place de stratégies adaptées pour la récupération de l’information (Bherer, Belleville, & Peretz, 2001). Les stratégies sont des opérations cognitives dirigées vers un but, utilisées pour optimiser la performance lors d’une tâche (Lemaire & Reder, 1999). Les adultes âgés avec un haut niveau d’études possèderaient un plus large répertoire de stratégies, acquis au cours de leur parcours éducatif. De plus, le fait de faire des études permettrait de se familiariser avec l’évaluation cognitive. En conséquence, il serait plus facile pour eux de mettre en place des stratégies de mémoire efficaces, c’est-à-dire conduisant à l’encodage et au rappel (ou à la reconnaissance) des informations. Par exemple, Le Carret et al. (2003) ont observé que les adultes âgés avec un haut niveau d’études avaient de meilleures performances de mémoire dans un test évaluant la mémoire visuelle et que cet effet du niveau d’études sur la mémoire était partiellement médiatisé par la capacité à mettre en place des stratégies efficaces. Les individus de haut niveau d’études pourraient donc réguler les déficits mnésiques associés au vieillissement normal à partir de l’utilisation de stratégies mnésiques adaptées, ce qui dépend en partie du fonctionnement de la métamémoire. 1.2. Mémoire et métamémoire La métamémoire comprend des processus d’évaluation (monitoring) et de contrôle permettant de réguler le fonctionnement mnésique (Nelson & Narens, 1990). L’évaluation correspond aux connaissances que l’individu possède et acquiert sur le fonctionnement de la mémoire de manière général et sur sa propre mémoire. Les connaissances métamnésiques impliquent deux types de contenus : (a) des connaissances factuelles sur des tâches, les processus et les stratégies de mémoire disponibles ; et (b) des connaissances subjectives qui font référence aux croyances de l’individu sur sa propre capacité mnésique. Le contrôle est un processus d’autorégulation du comportement, qui est mis en place afin d’initier, maintenir ou adapter les stratégies (Nelson & Narens, 1990). Ainsi, le fonctionnement mnésique peut être modulé par des dimensions métamnésiques (Hultsch, Hertzog, & Dixon, 1987), puisqu’il est ajusté en fonction des connaissances sur l’état du système de mémoire à un moment donné. Le fonctionnement de la métamémoire peut être mesuré à l’aide de questionnaires d’autoévaluation (Fort, 2005). Ce type d’instrument permet d’obtenir une évaluation indirecte des connaissances métamnésiques et des processus de contrôle (e.g. stratégies) utilisés dans la vie quotidienne par les individus. L’intérêt majeur de ces questionnaires est double puisque, d’une part, ils permettent de saisir la nature multidimensionnelle du fonctionnement mnésique (Dixon, Hopp, Cohen, de Frias, & Bäckman, 2003) et que, d’autre part, ils interrogent les individus sur leur fonctionnement mnésique quotidien. Ils constituent de ce point de vue des outils écologiques intéressants. Un des questionnaires le plus utilisés dans la littérature est le Metamemory In Adulthood questionnaire (MIA, Dixon & Hultsch, 1983a, version franc¸aise, Boucheron, 1995). Le MIA est un questionnaire multifactoriel qui permet de répertorier différentes dimensions métamnésiques. Il est composé de 76 items qui explorent les connaissances générales sur le fonctionnement mnésique (tâche), les croyances sur les capacités mnésiques personnelles (échelles de capacité, changement et locus), l’aspect du contrôle métamnésique (stratégies) et le versant affectif de la mémoire (échelles de motivation et anxiété). Différentes raisons nous ont conduits à choisir ce questionnaire pour évaluer la métamémoire. Premièrement, l’approche subjective et multifactorielle du MIA permet d’avoir une évaluation des différentes Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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dimensions métamnésiques. De plus, grâce aux échelles mesurant la fréquence d’utilisation des stratégies internes et externes, ce questionnaire nous permet aussi d’évaluer de fac¸on indirecte la composante de contrôle de la métamémoire. Dans leur étude, Bouazzaoui et al. (2010) ont examiné la capacité des individus à mettre en place des processus de régulation métamnésique à l’aide des échelles de stratégies du MIA et ont montré que la fréquence d’utilisation de « stratégies internes » était corrélée aux fonctions exécutives, lesquelles constituent une mesure objective des capacités de contrôle. De plus, des études ont montré que le MIA possédait de bonnes caractéristiques psychométriques (validité convergente : Hertzog, Hultsch & Dixon, 1989 ; validité discriminative : Hertzog, Dixon & Hultsch, 1990a ; validité prédictive avec l’auto-efficacité et la performance mnésique : Hertzog, Dixon & Hultsch, 1990b) et qu’il en était de même pour la version validée en langue franc¸aise (Boucheron, 1995). Avec l’avancée en âge, des changements aux scores à différentes dimensions du MIA ont été identifiés. Un effet significatif de l’âge a été observé sur le changement, la capacité, le locus (Cavanaugh & Poon, 1989 ; Dixon & Hultsch, 1983b ; Hultsch et al., 1987) et l’utilisation de stratégies internes et externes (Bouazzaoui et al., 2010). Les adultes âgés considèrent que leur mémoire a décliné de fac¸on importante au cours du temps, pensent avoir des capacités de mémoire réduites et estiment qu’ils ont peu de contrôle sur leur mémoire. Un faible sentiment de contrôle les conduirait à être moins motivés et donc à moins s’investir pour réussir une tâche de mémoire. De plus, les adultes âgés indiquent être stressés et anxieux lorsqu’ils doivent réaliser des tâches de mémoire, ce qui pourrait contribuer aussi à affecter leur performance (Lachman & Andreoletti, 2006). En général, les adultes âgés développent des croyances négatives sur leur fonctionnement mnésique, cet aspect métacognitif pourrait avoir un impact négatif sur leur performance mnésique (Bouazzaoui et al., 2015 ; Lachman & Andreoletti, 2006 ; Ponds & Jolles, 1996a). Les changements au niveau des connaissances et croyances métamnésiques associés au vieillissement pourraient donc avoir une influence négative sur les processus de contrôle et de régulation métamnésique, ce qui produirait en retour des déficits mnésiques (Devolder & Pressley, 1989 ; Hertzog et al., 1990a). Un modèle général concernant l’impact des croyances négatives sur les performances cognitives a été proposé par Schmader, Johns, et Forbes (2008), selon lequel les croyances négatives, lorsqu’elles sont internalisées, agissent comme des pensées intrusives. L’individu chercherait à les inhiber pour pouvoir réaliser une tâche de manière optimale. Ce processus d’inhibition consomme des ressources qui ne seraient donc pas allouées à la réalisation de la tâche principale ce qui aurait pour conséquence de réduire la performance mnésique. Bouazzaoui et al. (2015) ont également montré que les croyances métamnésiques (plainte mnésique et sentiment d’auto-efficacité) avaient un effet sur la performance mnésique objective. Dans leur étude, les sujets qui exprimaient une plus grande plainte mnésique et un sentiment d’auto-efficacité plus faible présentaient aussi de moins bonnes performances de mémoire. En outre, Lachman et Andreoletti (2006) ont suggéré que la relation entre les croyances et la performance mnésique pourrait être expliquée partiellement par l’utilisation des stratégies. Ils ont observé que les adultes âgés ayant un sentiment de contrôle élevé utilisaient davantage une stratégie efficace (stratégie de catégorisation) et avaient, en conséquence, de meilleures performances mnésiques. Différentes études ont montré que les adultes âgés avaient des difficultés à utiliser des stratégies adaptées, ce qui pourrait contribuer à expliquer leur déficit de mémoire épisodique (Bouazzaoui et al., 2010 ; Dunlosky & Hertzog, 2001 ; Souchay & Isingrini, 2004 ; Taconnat et al., 2009). Comme pour la mémoire, différents facteurs peuvent influencer la métamémoire. Bien que les effets du niveau d’études sur la mémoire soient bien documentés, peu d’études ont examiné les effets du niveau d’études sur la métamémoire. Szajer et Murphy (2013) ont examiné l’effet du niveau d’études sur la précision du sentiment de confiance lors d’une tâche de reconnaissance d’odeurs. Le sentiment de confiance est un jugement métamnésique où les individus doivent juger leur niveau de confiance par rapport à sa réponse à la tâche de rappel à l’aide d’une échelle de Likert. Ils ont observé que les participants avec un haut niveau d’études réalisaient des jugements de confiance plus précis. En utilisant le MIA, Min et Suh (1999) ont montré que le niveau d’études était un des principaux prédicteurs des capacités métamnésiques chez des adultes âgés. Ponds et Jolles (1996b) ont par ailleurs mis en évidence un effet du niveau d’études sur les scores aux différentes sous-échelles du MIA, chez des adultes jeunes et âgés. Par exemple, par rapport aux individus de haut niveau d’études, les individus de bas niveau d’études présentaient un score élevé aux échelles d’anxiété et de motivation et à l’inverse un score faible aux échelles de tâche, stratégies internes et externes. Ces études montrent Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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des résultats convergents, selon lesquels l’effet bénéfique du niveau d’études apparaîtrait aussi sur la métamémoire. 1.3. Problématique Compte tenu des effets du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique et sur les croyances métamnésiques ainsi que du lien entre mémoire et métamémoire, l’objectif de cette étude était d’examiner le potentiel rôle médiateur de la métamémoire dans les effets du niveau d’études sur les performances mnésiques. Plus précisément, le premier objectif de cette étude était de confirmer les effets du niveau d’études sur la mémoire et la métamémoire en formant deux groupes contrastés de bas niveau d’études et de haut niveau d’études chez des adultes âgés. Nous attendons de moins bonnes performances en mémoire épisodique et une moins bonne autoévaluation métamnésique dans le groupe d’adultes âgés ayant un bas niveau d’études. Le deuxième objectif était d’analyser les liens entre mémoire et métamémoire, avec l’hypothèse que différentes dimensions métamnésiques, évaluées à l’aide du questionnaire du MIA, seraient associées à de meilleures performances mnésiques. Tout d’abord, nous attendons de meilleures performances de mémoire chez les participants déclarant utiliser fréquemment des stratégies dans la mesure où la performance mnésique dépend de la capacité à mettre en place des stratégies adaptées (Lemaire & Reder, 1999 ; Bäckman, Small, & Wahlin, 2001). Dans le même ordre d’idées, les individus ayant une bonne connaissance des processus mnésiques peuvent mettre en place des stratégies adaptées et ainsi améliorer leur performance mnésique. De plus, nous attendons un lien entre motivation et performances mnésiques, les individus les plus motivés étant ceux qui fournissent le plus d’effort et probablement ceux qui utilisent le plus de stratégies. Enfin, les individus qui indiquent avoir une bonne capacité mnésique et que celle-ci n’a pas subi beaucoup de changement avec le temps auront une meilleure performance mnésique. Le troisième et principal objectif était d’identifier, parmi les échelles du MIA, les dimensions susceptibles de médiatiser les effets du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique. Notre hypothèse est que la fréquence d’utilisation de stratégies médiatiserait les effets du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique, les individus de haut niveau d’études étant capables de mettre en place des stratégies afin d’autoréguler leur apprentissage et ainsi d’améliorer leur performance mnésique. 2. Méthode 2.1. Population Quatre-vingt-trois adultes âgés (60–80 ans) ont participé à cette étude. Ils ont été divisés en 2 sousgroupes en fonction de leur niveau d’études. Le nombre d’années d’études allait de 8 ans (Certificat d’Études Primaires) à 19 ans (doctorat), avec un nombre d’années d’études moyen de 12,11 années (ET = 2,60). La médiane était de 12 années d’études. Les participants ayant complété 12 années d’études ont donc été exclus de l’échantillon afin de constituer 2 groupes contrastés de haut et de bas niveau d’études. Ce nouvel échantillon était composé de 39 participants par groupe. Le groupe « haut niveau » a complété 14,36 années d’étude (ET = 1,66) et le groupe « bas niveau » a complété en moyenne 9,85 années d’études (ET = 6,61). La différence entre ces deux moyennes est significative t(76) = 13,78, p < 0,001, et le d de Cohen calculé (d = 0,94) indique que cette différence est de taille importante. Des mesures du niveau de vocabulaire (Raven, Court, & Raven, 1986), de l’anxiété et de la dépression (Hospital Anxiety and Depression Scale [HADS], Zigmond & Snaith, 1983) ont été prises afin de constituer deux groupes équivalents sur ces mesures qui pourraient influencer nos variables dépendantes. Aucun participant ne présentait de score supérieur ou égal à 11 (score pathologique) à chaque échelle de l’HADS. Chaque participant a également été soumis au MMSE (Folstein, Folstein, & McHugh, 1975), afin de minimiser la possibilité d’inclure des participants susceptibles de développer une démence. Les deux groupes ont des scores moyens équivalents, et aucun des participants ne présentait de score inférieur à 27, indiquant qu’ils avaient tous un niveau cognitif très satisfaisant. Tous les participants âgés étaient automnes et vivaient dans leur propre domicile. Ils étaient volontaires et ont été recrutés par voie de presse. Les personnes prenant des médicaments susceptibles d’affecter leurs capacités intellectuelles, ayant des antécédents de lésions cérébrales ou d’abus d’alcool ont également été exclues Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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de l’échantillon. L’étude a été approuvée par le comité d’éthique de l’Université de Tours (France), et tous les participants ont signé un formulaire de consentement éclairé et ont été informés de l’objectif général de l’étude à la fin de l’expérience. Les données concernant les caractéristiques des groupes sont présentées dans le Tableau 1. Comme le montre le Tableau 1, les deux groupes « haut » et « bas » niveau d’études ne diffèrent pas en leurs scores d’anxiété et dépression. Le groupe « haut niveau d’études » présente un score marginalement supérieur en vocabulaire (p = 0,08), ce qui est observé dans la littérature sur l’effet du niveau d’étude sur le vocabulaire chez les adultes âgés (Verhaeghen, 2003). 2.2. Matériel et procédure L’expérience s’est déroulée en une session d’environ une heure. Au début de la session, les participants ont été invités à répondre aux questions démographiques et aux questions personnelles concernant leur santé (traitements et antécédents médicaux). Ensuite, ils ont passé les tests de vocabulaire, d’anxiété/dépression et le MMSE. Enfin, ils ont réalisé la tâche de mémoire. À la fin de la session, l’examinateur leur a donné un exemplaire du MIA et il a fourni les consignes pour le remplir ; ce questionnaire a été récupéré une semaine après. 2.2.1. Tâche de mémoire Une liste de 30 paires de mots concrets associés sémantiquement (6–9 lettres) a été utilisée dans cette étude. Les paires de mots étaient présentées pendant 5 secondes, sur un écran d’ordinateur à l’aide du logiciel Eprime (Schneider, Eschman, & Zuccolotto, 2002). Les participants devaient lire ces paires de mots à voix haute, et prêter plus particulièrement attention aux mots placés à droite, qu’ils devaient tenter de mémoriser. Ils étaient avertis qu’ils devaient les rappeler plus tard à l’aide de l’indice, qui serait à nouveau présenté (mot placé à gauche). Cette instruction d’apprentissage intentionnelle est importante, parce qu’elle permet, le cas échéant, de mettre en place des stratégies d’encodage supposées être utiles à la mémorisation. Cela ne serait pas possible avec une tâche d’apprentissage incident. Pour éviter tout effet de récence susceptible de contaminer les résultats, les participants ont réalisé, à l’issue de la phase d’encodage, une courte tâche interférente, consistant à faire de simples additions durant une minute. Après cette tâche, une épreuve de rappel indicé était proposée aux participants, dans laquelle seuls les mots indices (mots des paires placés à gauche) étaient à nouveau présentés. Les participants devaient essayer de rappeler les mots cibles qui leur étaient associés (placés à droite dans les paires). La variable dépendante était le pourcentage de mots correctement rappelés (c’est-à-dire le rappel des cibles associées au bon indice). 2.2.2. Métamémoire Les connaissances générales qu’ont les participants de leur fonctionnement mnésique ont été recueillies à l’aide de la version franc¸aise du Metamemory in Adulthood questionnaire (Boucheron, 1995 ; MIA, Dixon & Hultsch, 1983a). Le MIA comprend 76 items permettant de mesurer huit dimensions de la métamémoire : connaissance des processus de mémoire (sous-échelle « Tâche »), perception de ses propres capacités de mémoire (sous-échelle « Capacité »), perception des changements de fonctionnement de la mémoire avec l’âge (sous-échelle « Changement »), anxiété ressentie face à une tâche de mémoire (sous-échelle « Anxiété »), importance de réussir une tâche de mémoire (sous-échelle « Motivation »), sens du contrôle sur la mémoire (sous-échelle « Contrôle »), fréquence d’utilisation des stratégies externes (sous-échelle « Stratégies externes ») et fréquence d’utilisation des stratégies internes (sous-échelle « Stratégies internes »). Pour les sous-échelles de stratégies (externes et internes), les participants doivent indiquer la fréquence d’utilisation de ces stratégies sur une échelle en 5 points (jamais, rarement, quelque fois, souvent, toujours). Pour les six autres sous-échelles, ils doivent indiquer dans quelle mesure des affirmations leur correspondent sur une échelle en 5 points (entièrement d’accord, d’accord, sans avis, pas d’accord, vraiment pas d’accord). Le score à chaque sous-échelle est utilisé comme variable dépendante. Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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3. Résultats Les données ont été analysées en trois temps. Tout d’abord, des t de Student ont été calculés afin d’examiner les effets du niveau d’études sur les performances de mémoire (rappel indicé) et sur les scores de métamémoire (différentes sous-échelles du MIA). Les données sont présentées dans le Tableau 2. Ensuite, des analyses corrélationnelles ont été réalisées afin d’examiner les liens entre performance de mémoire et métamémoire d’abord dans le groupe total puis séparément dans chaque sous-groupe de niveau d’études. Les résultats de cette analyse sont résumés dans le Tableau 3. Enfin des analyses de régression ont été effectuées afin d’identifier les potentiels médiateurs de l’effet du niveau d’études sur les performances de mémoire. Les résultats de cette analyse sont illustrés sur la Fig. 1.
Tableau 1 Moyenne et écart-type des caractéristiques des participants de chaque groupe.
NAEa Âge MMSEb Anxiété Dépression Vocabulaire
Haut niveau (n = 39)
Bas niveau (n = 39)
t (76)
14,36 (1,66) 68,49 (7,73) 29,15 (0,90) 5,43 (3,07) 4,41 (2,57) 27,05 (3,65)
9,85 (6,61) 70,43 (1,98) 29,18 (1,07) 4,58 (2,56) 3,54 (2,23) 25,64 (3,36)
13,82* −1,19 ns −0,11 ns 1,35 ns 1,59 ns 1,77**
*p < 0,001 ; **p = 0,08 ; ns : non significatif. a Nombre d’années d’études. b Score au Mini Mental State Examination. Tableau 2 Scores (et écarts-types) au test de Rappel Indicé (mémoire) et aux différentes sous-échelles du MIA (métamémoire) en fonction du niveau d’étude.
Mémoire Rappel indicé (%) Métamémoire (MIA) Stratégies externes Stratégies internes Tâche Capacité Changement Anxiété Motivation Locus de contrôle
Haut niveau (n = 39)
Bas niveau (n = 39)
t (76)
39,67 (16,22)
31,75 (12,51)
2,42*
22,00 (3,75) 21,59 (5,74) 46,94 (8,12) 36,23 (6,23) 38,71 (9,47) 19,71 (4,93) 28,80 (3,20) 25,82 (3,04)
19,67 (3,46) 18,20 (5,36) 44,13 (7,50) 37,12 (4,68) 43,36 (5,67) 20,02 (5,42) 27,03 (2,60) 26,42 (2,27)
2,85** 2,69** 1,61 ns 0,69 ns 2,62* 0,26 ns 2,37* 1,01 ns
*p < 0,05 ; **p < 0,01 ; ns : non significatif.
Tableau 3 Coefficients de corrélations (r de Bravais-Pearson) entre la proportion de mots rappelés et les scores aux différentes sous-échelles du MIA.
Stratégies externes Stratégies internes Tâche Capacité Changement Anxiété Motivation Locus
Groupe entier (n = 78)
Haut niveau (n = 39)
Bas niveau (n = 39)
0,34** 0,62*** 0,36** 0,10 −0,07 0,06 0,38*** 0,03
0,43** 0,63*** 0,24 0,02 −0,12 0,14 0,44** 0,12
0,09 0,57*** 0,48** 0,37* 0,24 0,07 0,15 0,25
*p < 0,05 ; **p < 0,01 ; ***p < 0,001.
Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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Comme le montrent les données du Tableau 2, le niveau d’études a un effet significatif sur les performances en rappel indicé, le groupe « Bas niveau » ayant des performances inférieures à celles du groupe « Haut niveau ». Le niveau d’études a également un effet sur les scores à quatre sous-échelles du questionnaire MIA : la fréquence d’utilisation de stratégies externes, la fréquence d’utilisation des stratégies internes, dans le sens où les participants de bas niveau d’études utilisent moins de stratégies, quelle que soit la nature. Les participants de bas niveau d’études disent également être plus sensibles au changement lié à l’âge concernant le fonctionnement de leur mémoire, et ils présentent aussi un moindre niveau de motivation pour réussir des tâches de mémoire. L’analyse corrélationnelle présentée dans le Tableau 3 montre que les performances au rappel indicé sont positivement corrélées à plusieurs dimensions métamnésiques. Dans le groupe entier, les performances au rappel indicé sont corrélées à la fréquence d’utilisation des stratégies externes et internes, dans le sens où les participants qui utilisent le plus fréquemment des stratégies sont ceux qui ont les performances de mémoire les plus élevées. De la même manière, plus ils possèdent de connaissances sur les tâches de mémoire, plus ils jugent important de réussir des tâches de mémoire, et plus leur score au rappel indicé est élevé. Les profils sont différents en fonction du niveau d’études. Chez les participants de haut niveau d’études, la performance au rappel indicé est corrélée à la fréquence d’utilisation des stratégies externes et internes et à la motivation, alors que chez les participants de bas niveau d’études, la performance au rappel indicé est corrélée à la fréquence d’utilisation des stratégies internes, à la connaissance des tâches de mémoire et à la perception de leur capacité en mémoire.
Fig. 1. Modèle de médiation expliquant les relations entre le niveau d’études, la performance de mémoire et les dimensions métamnésiques. Les coefficients de régression bêta sont présentés sur chaque flèche. La valeur entre parenthèse représente l’effet brut du niveau d’études. *p < 0,05 ; **p < 0,01 ; ***p < 0,000.
Afin de déterminer les médiateurs de l’effet du niveau d’études sur les performances en mémoire, des analyses de régression linéaire hiérarchique ascendante ont été réalisées (Fig. 1). Les variables entrées dans l’équation pour être testées comme potentiels médiateurs des effets du niveau d’études correspondent aux variables métamnésiques pour lesquelles nous avons observé à la fois un effet du niveau d’études mais aussi des corrélations significatives avec le score au rappel indicé sur la population globale : stratégies externes, stratégies internes et motivation. Ainsi, les trois variables retenues ont été entrées comme variables indépendantes et codées de manière continue (fréquence d’utilisation de stratégies internes et externes et degré de motivation à avoir une bonne performance mnésique). Dans un premier temps nous avons examiné le lien direct entre le niveau d’études et les performances de mémoire. Dans un deuxième temps, nous avons examiné les liens directs entre le niveau d’études et les mesures métamnésiques. Dans un troisième temps nous avons cherché à savoir ce qu’il restait du lien entre niveau d’études et les performances de mémoire quand les mesures métamnésiques étaient contrôlées. Enfin nous avons examiné si l’effet des variables métamnésiques sur la performance mnésique restait significatif dans le modèle final. Les résultats indiquent qu’il existe un lien direct significatif entre le niveau d’études et les performances de mémoire ( = 0,28, p < 0,01). Ils indiquent aussi qu’il existe un lien entre le niveau d’études et la fréquence d’utilisation de stratégies internes ( = 0,27, p < 0,05), entre le niveau d’études et la fréquence d’utilisation de stratégies externes ( = 0,22, p < 0,05) et entre le niveau d’études et la motivation ( = 0,23, p < 0,05). L’analyse Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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de régression montre aussi que le lien direct entre le niveau d’études et la performance de mémoire n’est plus significatif quand on contrôle les mesures métamnésiques ( = 0,09, ns). Enfin, les résultats révèlent que seule la fréquence d’utilisation de stratégies internes reste significative dans le modèle final ( = 0,53, p < 0,001). Ce dernier résultat indique donc que seule la fréquence d’utilisation de stratégies internes constitue un médiateur significatif des effets du niveau d’études sur les performances de mémoire épisodique. 4. Discussion Le principal objectif de cette étude était de tester le potentiel rôle médiateur de la métamémoire dans les effets du niveau d’études sur les performances mnésiques des adultes âgés. Tout d’abord, nous avons examiné les effets du niveau d’études sur les performances de mémoire épisodique et sur la métamémoire. Ensuite, nous avons observé les liens entre la performance mnésique et les dimensions métamnésiques évaluées avec le MIA. Enfin, nous avons identifié les dimensions métamnésiques permettant de médiatiser les effets du niveau d’études sur la performance mnésique. 4.1. Effets du niveau d’études sur la mémoire épisodique Tout d’abord, comme nous l’avions prédit, les participants avec un haut niveau d’études ont de meilleures performances mnésiques que les participants avec un bas niveau d’études. Ce résultat confirme celui déjà observé dans des études antérieures (Angel et al., 2010 ; Desgranges et al., 1994 ; Leibovici et al., 1996 ; Poon et al., 1989 ; Van Der Elst et al., 2005). Il conforte l’idée que le niveau d’études est un bon prédicteur du fonctionnement mnésique chez des adultes âgés (Ardila et al., 2000 et voir Anstey & Christensen, 2000 pour revue). Le niveau d’études agirait comme un facteur de réserve cognitive. Deux niveaux de réserve peuvent être distingués. Au niveau cérébral, la réserve est associée à une densité synaptique plus importante et à des réseaux et des connexions plus complexes (Kramer et al., 2004). Au niveau cognitif, elle correspond à des compétences acquises tout au long de la vie qui permettraient aux individus de compenser et de s’adapter aux changements liés au vieillissement. Même si notre étude confirme l’effet bénéfique du niveau d’études sur les performances mnésiques chez des adultes âgés, elle ne permet cependant pas de conclure à un effet protecteur du niveau d’études puisque nous n’avons pas inclus de participants jeunes. En effet, l’effet du niveau d’études sur le déclin cognitif associé au vieillissement est complexe et différents patterns d’évolution de la performance peuvent être observés en fonction du domaine cognitif évalué (Ardila et al., 2000 ; Capitani, Barbarotto & Laiacona, 1996). Il serait donc intéressant de réaliser une nouvelle étude incluant un groupe de participants jeunes afin d’examiner le possible effet protecteur du niveau d’études sur le vieillissement mnésique et de savoir dans quelle mesure il est dépendant des capacités métamnésiques. 4.2. Effets du niveau d’études sur la métamémoire Le niveau d’études a également un effet bénéfique sur la métamémoire. En accord avec la littérature, les présents résultats indiquent que les adultes âgés de haut niveau d’études disent utiliser plus souvent des stratégies externes et internes que les adultes âgés de bas niveau d’études (MIA : Ponds & Jolles, 1996b ; MMQ : Fort et al., 2004 ; MFQ : Gilewski, Zelinski, & Schaie, 1990 ; Reesse & Cherry, 2006) et ils considèrent aussi que leur niveau mnésique a moins décliné (MIA : Ponds & Jolles, 1996b). À la différence de Ponds et Jolles (1996b) nous avons observé que les individus de haut niveau d’études se sentaient plus motivés à maintenir une bonne performance mnésique. Leurs analyses portent sur une population d’adultes jeunes et âgés, or, la motivation associée à la performance mnésique peut évoluer avec l’avancée en âge, et l’effet du niveau d’études aussi. En effet, les adultes jeunes avec un haut niveau d’études peuvent être moins motivés face aux tâches de mémoire, simplement parce qu’ils sont familiers avec ce type de tâche mais aussi parce qu’ils ont développé des capacités et des stratégies et ont donc moins d’efforts à faire pour avoir une bonne performance mnésique. Néanmoins, même avec un haut niveau d’études, les adultes âgés expriment plus de motivation à maintenir un bon niveau de fonctionnement mnésique. Cela pourrait être lié au fait que l’éducation prolongée est Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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associée à des expériences cognitivement stimulantes et avec de multiples situations d’apprentissage et d’évaluation, dans lesquelles le fait d’avoir une bonne performance mnésique est très apprécié. Les adultes âgés de bas niveau d’études ressentent que leur mémoire a changé de fac¸on plus marquée. Il est possible alors que ce ressenti les conduise à consacrer moins d’efforts face à une tâche de mémoire, ce qui pourrait en même temps affecter leur capacité à mettre en place des stratégies (Bandura & Cervone, 1986 ; Elliott & Lachman, 1989 ; Lachman, 1991). En utilisant une mesure subjective de métamémoire, nos résultats confirment ceux obtenus par Szajer et Murphy (2013) qui ont également observé un effet bénéfique du niveau d’études sur le fonctionnement métamnésique chez des adultes âgés en utilisant une tâche objective de métamémoire. En effet, ils ont montré que les adultes âgés de haut niveau d’études avaient de meilleures performances comparées à celles des adultes âgés de bas niveau à une tâche évaluant la précision des jugements métamnésiques (sentiment de confiance). Néanmoins, ils n’ont pas observé d’effet significatif du niveau d’études sur la performance mnésique. Cette différence peut s’expliquer par le type de tâche de mémoire utilisée. En effet, il s’agissait d’une tâche de mémoire olfactive où les participants devaient reconnaître des odeurs qu’ils avaient senties au préalable lors d’une phase de familiarisation. L’effet du niveau d’études sur la performance mnésique est classiquement observé dans des tâches complexes qui requièrent la mise en place de stratégies, ce qui était peut-être moins le cas dans une tâche de reconnaissance olfactive. 4.3. Mémoire et métamémoire Nos résultats confirment le lien attendu entre mémoire et métamémoire (Hertzog, McGuire, & Lineweaver, 1998 ; Hultsch et al., 1987). Ils indiquent que la fréquence d’utilisation de stratégies internes ou externes, les connaissances des processus mnésiques et la motivation sont associées à une meilleure performance mnésique. Différentes études ont montré que lorsque les jugements métamnésiques sont réalisés juste après une tâche de mémoire, ils pouvaient être modulés en fonction de la performance précédente (Hertzog et al., 1990b). Dans notre étude le questionnaire du MIA a également été administré après la réalisation de la tâche de mémoire épisodique, ce qui pourrait avoir influencé les réponses des participants au MIA. Néanmoins, chaque participant était invité à remplir le MIA chez-lui, l’administration du questionnaire était donc éloignée en termes de temps de la performance mnésique. Les effets de contamination de la tâche mnésique sur les patterns de réponse au MIA devraient donc être moindres. Comme d’autres études (Cavanaugh & Murphy, 1986 ; Cavanaugh & Poon, 1989 ; Dixon & Hultsch, 1983b), nous avons observé qu’une bonne performance mnésique était associée à de bonnes connaissances sur les processus mnésiques. Ainsi, plus la personne possède de connaissances sur les mécanismes et les processus mnésiques et plus il sera facile pour elle de mettre en place des traitements mnésiques adaptés (Bandura, 1997 ; Dunlosky & Hertzog, 1998 ; Pintrich, Wolters, & Baxter, 2000). Reese et Cherry (2006) ont observé que les adultes âgés avec un haut niveau d’études avaient de meilleures connaissances sur les processus du vieillissement de la mémoire (connaissance), affirmaient utiliser plus de stratégies dans leur vie quotidienne et avaient de meilleures performances à une tâche de mémoire. Les individus qui possèdent plus de connaissances sur les processus du vieillissement cognitif seraient plus conscients de l’importance de mettre en place des stratégies afin d’améliorer leur performance. D’autres études ont montré que la motivation était associée à la performance mnésique chez les adultes âgés (Dixon & Hultsch, 1983b ; Jonker, Smits, & Deeg, 1997). Les individus les plus motivés et qui considèrent avoir un contrôle sur leur mémoire sont ceux qui déploient le plus d’efforts, ce qui serait associé à la mise en place de stratégies et donc à l’amélioration de la performance mnésique (Lachman, 1991 ; Lachman, Steinberg, & Trotter, 1987). Néanmoins, à la différence d’autres études, nous n’avons pas observé d’associations significatives entre la performance mnésique et d’autres dimensions métamnésiques évaluées par le MIA comme le changement (Cavanaugh & Poon, 1989) ou le Locus de contrôle (Dixon & Hultsch, 1983b). La nature de la tâche et les mesures de mémoire utilisées peuvent avoir un impact sur les dimensions métamnésiques impliquées dans les processus mnésiques. Cavanaugh et Poon (1989) ont utilisé deux tests différents pour évaluer le fonctionnement mnésique. Le premier était une tâche de rappel de prose, où un texte était présenté et les participants devaient retenir les idées principales, les liens logiques Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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et les détails observés dans le texte. Pour le deuxième test, une liste composée de 20 items pouvant être organisés en 4 catégories était présentée, les participants devaient rappeler ces mots lors d’un test de rappel libre. Les auteurs ont examiné les dimensions métamnésiques du MIA associées au rappel dans chacun des tests. Ils ont observé que pour le groupe d’adultes âgés le lien entre les dimensions métamnésiques et la performance mnésique variait en fonction de la tâche utilisée. Par exemple, pour les deux tests le principal prédicteur métamnésique de la performance mnésique était les connaissances sur les processus mnésiques (échelle de tâche). En revanche, le deuxième prédicteur varie selon la tâche, il s’agissait de la capacité mnésique pour le test de rappel de prose et du locus de contrôle pour le test de rappel de mots catégorisables. Dixon et Hultsch (1983b) ont eux examiné les dimensions métamnésiques pouvant prédire les performances mnésiques d’adultes jeunes et âgés. Pour mesurer la performance mnésique, ils ont utilisé une tâche de mémorisation de textes dans laquelle les participants devaient essayer de rappeler les informations d’un texte qui avait été présenté auparavant. Ils ont réparti les participants en trois groupes différents en fonction de la nature du texte présenté. Le premier groupe a lu des articles d’un journal présentant des évènements récents, le deuxième groupe, des extraits d’un livre abordant des sujets de santé et le dernier groupe, des textes narratifs personnels adaptés des articles de magazines. Ils ont observé que les principaux prédicteurs de la performance mnésique des adultes âgés au test de rappel variaient pour les trois groupes de participants (Groupe 1 : motivation ; Groupe 2 : tâche et locus de contrôle ; Groupe 3 : tâche et motivation). La nature des informations présentées et les différences dans la structure des textes (e.g. type de texte) ont eu probablement un effet sur les processus métamnésiques sollicités pour la résolution de la tâche. Dans la mesure où les caractéristiques de la tâche utilisée dans cette étude diffèrent aussi, cela pourrait donc expliquer en partie la différence de profil obtenu. Nous avons utilisé une tâche d’apprentissage intentionnel de paires d’associés sémantiques et nous avons évalué la mémoire à l’aide d’une tâche de rappel indicé. Dans ce type de tâche les participants peuvent mettre en place des stratégies qui facilitent l’apprentissage et la récupération de l’information à l’aide d’indices. Lors d’une tâche de rappel libre, comme celle utilisé par Cavanaugh et Poon (1989) et Dixon et Hultsch (1983b), les stratégies doivent être auto-initiées par les individus, ce qui dépend des processus de contrôle, déficitaires dans le vieillissement. Tandis que lors des tâches de rappel indicé, l’indice peut être considéré comme un support qui guide la mise en place des stratégies internes. En se sens, les processus de contrôle sollicités pour la tâche sont réduits. Cet aspect pourrait avoir un impact sur les dimensions métamnésiques sollicitées pour la performance mnésique. Dans notre étude, ce sont les individus de haut niveau d’études qui affirment utiliser le plus souvent des stratégies et ce sont aussi ceux qui réussissent le mieux à la tâche de mémoire épisodique. Les stratégies sont des opérations mentales mises en place afin d’améliorer la performance dans une tâche cognitive (Lemaire & Reder, 1999). La capacité de l’individu à sélectionner, initier, maintenir et adapter des stratégies efficaces lors de l’encodage et la récupération de l’information est associée à une meilleure performance mnésique (Craik, 2002 ; Bäckman et al., 2001 ; Taconnat et al., 2006, 2007, 2009). Cette étude montre de fac¸on intéressante que les dimensions métamnésiques liées à la performance mnésique diffèrent en fonction du niveau d’études. Pour les individus de haut niveau d’études, une bonne performance mnésique est associée à l’importance d’avoir une bonne performance mnésique (motivation) et à la fréquence à laquelle ils affirment utiliser des stratégies externes et internes. Au contraire, chez les individus de bas niveau d’études, une bonne performance mnésique est associée à la perception de leur capacité mnésique, à la fréquence d’utilisation de stratégies internes et à la connaissance des processus mnésiques. Pour bien mémoriser une information les individus de haut et de bas niveau d’études font donc appel à des processus métamnésiques différents. Pour les personnes de haut niveau d’études, la performance mnésique dépend des dimensions métamnésiques associées au contrôle de la mémoire (stratégies internes et motivation). D’autres études ont montré que le niveau d’études avait un effet positif sur les processus de contrôle, puisqu’un haut niveau d’études est associé à de meilleures performances à des tests évaluant les fonctions exécutives, correspondant à des traitements contrôlés (Dorbath, Hasselhorn, & Titz, 2013 ; Fournet et al., 2012 ; Mejia, Pineda, Alvarez, & Ardila, 1998 ; Plumet, Gil, & Gaonac’h, 2005). La motivation et les efforts déployés afin de mobiliser les ressources disponibles sont plus sollicités chez les adultes âgés avec un haut niveau d’études. La performance mnésique des adultes âgés de bas niveau d’études dépend égaPour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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lement de la fréquence d’utilisation des stratégies internes. Ce résultat met en évidence le lien robuste existant entre l’utilisation des stratégies et les performances en mémoire épisodique. Ce lien a habituellement été trouvé avec des mesures objectives (directe) d’utilisation de stratégies (Taconnat et al., 2006, 2007, 2009). À notre connaissance, le lien entre la mesure subjective de l’utilisation des stratégies internes (mesurée par le questionnaire du MIA) et les performances en mémoire épisodique chez les adultes âgés n’avait jamais été mis en évidence. Au niveau individuel, ce résultat indique que les adultes âgés qui affirment utiliser des stratégies internes le plus souvent, qu’ils soient de bas ou de haut niveau d’études, présentent de meilleures capacités de mémoire. Toutefois, l’analyse corrélationnelle montre aussi qu’à la différence des adultes âgés de plus haut niveau d’études, la performance mnésique des adultes de bas niveau d’études dépendrait aussi des capacités acquises et des connaissances qu’ils possèdent sur le fonctionnement mnésique. 4.4. Rôle médiateur de la métamémoire sur les effets du niveau d’études en mémoire épisodique Bien que le rôle protecteur du niveau d’études sur les effets de l’âge sur la mémoire ait été confirmé à plusieurs reprises (e.g., Angel et al., 2010 ; Desgranges et al., 1994 ; Leibovici et al., 1996 ; Poon et al., 1989 ; Van Der Elst et al., 2005), les mécanismes cognitifs qui expliquent cette relation ont été peu étudiés. Nous nous sommes intéressés au rôle potentiel de la métamémoire comme médiateur de la relation entre le niveau d’études et la performance mnésique. Il est admis que pour avoir un fonctionnement mnésique optimal, l’individu doit prendre en compte les connaissances qu’il possède sur les processus mnésiques afin de mettre en œuvre les stratégies requises et donc adaptées à la tâche de mémoire. Il s’agit du processus de régulation métamnésique, nécessaire pour améliorer l’encodage et la récupération (Nelson & Leonesio, 1988). L’utilisation de stratégies est donc associée au fonctionnement optimal de la mémoire épisodique (Bäckman et al., 2001 ; Hertzog et al., 1998). Plusieurs études ont même montré que le lien entre mémoire et métamémoire pouvait être médiatisé par la mise en place de stratégies (Hertzog et al., 1998 ; Lachman & Andreoletti, 2006). Concernant nos résultats, ils indiquent que la fréquence d’utilisation de stratégies internes est la seule variable à expliquer l’effet du niveau d’études initialement observé sur les performances de mémoire. Ces résultats suggèrent que les adultes âgés avec un haut niveau d’études sont ceux qui affirment utiliser plus souvent des stratégies internes, ce qui serait associé à une meilleure performance mnésique. La mise en place des stratégies internes implique des traitements qui dépendent des ressources cognitives et attentionnelles, or, ces ressources déclinent avec l’avancée en âge ce qui pourrait altérer la capacité à initier des stratégies au cours du vieillissement (Anderson & Craik, 2000 ; Bäckman, 1989 ; Bouazzaoui et al., 2010 ; Craik, 1986). Néanmoins, les expériences cognitivement stimulantes associées à un long parcours éducatif permettent aux individus de développer des stratégies alternatives qui permettraient d’améliorer la performance mnésique (Czernochowski, Fabiani, & Friedman, 2008). À partir de ces résultats nous pouvons suggérer que des interventions basées sur l’entraînement de la métamémoire et en particulier sur l’utilisation de stratégies internes pourraient améliorer la performance mnésique des adultes âgés de haut ou de bas niveau d’études. En conclusion, les résultats de cette étude ont confirmé l’impact du niveau d’études sur la performance mnésique et sur la métamémoire. Ils ont également confirmé les liens supposés entre la métamémoire et la performance mnésique. Ce travail a surtout permis de révéler que l’effet du niveau d’études sur la performance de mémoire était médiatisé par la fréquence d’utilisation des stratégies internes. Il serait intéressant de poursuivre cette étude en ajoutant des mesures directes du fonctionnement métamnésique ainsi que des tâches de mémoire impliquant d’avantage l’utilisation de stratégies afin de confirmer nos résultats et de mieux comprendre la relation qui unit le niveau d’études et la métamémoire et son impact sur la mémoire épisodique. Financement Cette recherche a été financée par l’Agence nationale pour la recherche 2013 : Role of executive functions on strategic variations during aging: Studies in problem solving, memory, and motor behaviors (ANR-13-BSH2-0005-03). Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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Pour citer cet article : Guerrero-Sastoque, L., et al. Effet du niveau d’études sur les performances en mémoire épisodique chez des adultes âgés : rôle médiateur de la métamémoire. Psychol. fr. (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2017.05.002
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