Cancer/Radiother 0 Elsevier, Paris
1997;l:
792-800
Effets tardifs des rayonnements ionisants sur la moelle h6matopoiStique R Coquard Centre oncologic
radiothe’rapie
Saint-Jean,
RiSUM6 La moelle hematopoi’etique est un tissu a forte activite mitotique, hautement radiosensible et tres disperse dans I’organisme. Les effets cliniques de I’irradiation de la moelle osseuse et ses capacitbs de regeneration dependent du volume de moelle irradik. La prise en charge therapeutique des effets secondaires comprend la surveillance simple, les traitements anti-infectieux, les transfusions de produits sanguins et, plus rarement, les facteurs de croissance, la greffe de moelle ou la &injection de cellules souches peripheriques. radiothhrapie / effets tardifs / moelle osseuse / h&natopoSse cellules souches / SO&IA-LENT
/
SUMMARY late effects of ionizing radiation on bone marrow. Bone marrow is a tissue with a high mitotic activity, and consequently exquisitely radiosensitive.The clinical effects of bone marrow irradiation and its ability of regeneration are related to the volume irradiated. Management of hematopoietic side effects of radiation include surveillance, antibiotics, blood products transfusion, and more scarcely hematopoietic growth factors, bone marrow transplantation and peripheral blood stem cells reinfusion. radiotherapy hematopoiesis
/ late effects / hone marrow /stem cells / LENT-SOMA
/
La moelle osseuse est repartie de faGon diffuse et dispersee dans l’organisme. Du fait de ses caracteristiques morphologiques et fonctiounelles, elle doit etre considerte comme un organe unique. Elle constitue
30, rue Bataille,
69008 Lyon, France
un tissu a renouvellement t&s rapide, tres radiosensible et limitant les possibilitts d’escalade des doses d’irradiation [69]. Du fait de sa grande dispersion anatomique, mais aussi de ses capacites de renouvellement, les consequences d’une irradiation de la moelle osseuse varient en fonction du volume irradie et leur prise en charge therapeutique differe. Du fait de l’intense renouvellement cellulaire de la moelle hCmatopoZtique, la plupart des effets secondaires sont precoces [44]. ANATOMIE ET ORGANISATION STRUCTURALE L’htmatopoi’bse est assuree chez l’embryon et le fcetus par le sac vitellin, puis par le foie et la rate. L’hematopoiese medullaire debute au 4e mois, au moment de la resorption du cartilage, et devient predominante au 6e mois [ 121. L’hCmatopoYese hepatique devient pratiquement nulle ;I la naissance. La moelle osseuse a deux aspects histologiques principaux : - la moelle rouge, active, riche en cellules mytldides et en vaisseaux ; - la moelle jaune, inactive, riche en adipocytes. Des aspects intermtdiaires sont possibles en fonction de l’age, de la topographie et des besoins de l’organisme. La richesse et l’activitk hematopoiXtique de la moelle varient en fonction de 1’5ge [3, 19,231. De la naissance B 4 ans, oii les espaces mt5dullaires sont Muits en raison de l’abondance du cartilage et de l’epaisseur des travees spongieuses, la moelle rouge occupe tomes les cavites osseuses, sauf les phalanges termkales. A partir de 4 ans apparait une involution adipeuse parallklement 51l’accroissement du volume des cavites osseuses. Cette involution est centrip?te. Chez l’adulte, la moelle
Effets tardifs
sur la moelle h6matopoYbtique
rouge occupe le squelette axial: vertebres, sacrum, OS iliaques, gril costal, sternum, c&e, extknites proximales des femurs et des humerus. Par consequent, les irradiations lymphdides totales touchent environ 60 a 70% des reserves mkdullaires de l’adulte [44], l’irradiation en mantelet associk a une irradiation lomboaortique 40 a 50 %. L’irradiation ctkiospinale pour mklulloblastome touche 30 a 40% de la moelle chez l’adolescent et 25 % chez le jeune enfant. La vascularisation medullaire est assume par une art&e nourricibre qui traverse la corticale et donne naissance a des art&es radiaires, qui passent l’endoste et se rtpartissent dans la corticale. Le reseau capillaire cortical est largement anastomose aux capillaires periostes et a un rkseau complexe de sinus medullaires. Ces sinus sont branches SW le sinus central. La veine efferente assure l’essentiel de la circulation de retour [12, 53, 551. L’hCmatopoIese mtdullaire s’effectue en situation extravasculaire, dans les espaces intersinusaux qui cornportent tgalement des cellules stromales constituant un microenvironnement stimulant l’htmatopoiese. Physiologie des cellules hbmatopoGtiques Dans la moelle osseuse, il n’existe pas d’organisation stratitike comparable aux autres tissus a renouvellement rapide comme l’epithelium intestinal. 11 existe cependant une organisation fonctionnelle hitrarchiste comportant trois compartiments cellulaires principaux : - les cellules souches. Elles sont capables d’autorenouvellement et de differentiation. Elles sont pluripotentes et se differencient vers toutes les lignees htmatopoietiques (Crythrocytaire, megacaryocytaire, basophile, Cosinophile, neutrophile et macrophagique, mais aussi lymphoi’de). Les cellules souches totipotentes representent environ 1% des elements nuclees de la moelle osseuse, ont une activite mitotique basse et n’ont pas de morphologie specifique identifiable ; - les progeniteurs. Ces cellules se divisent et se differencient sous l’effet de facteurs de croissance. 11s sont dttermints vers une lignte cellulaire, voire deux (cellules bipotentes) ou plusieurs (cellules pluripotentes). 11s n’ont pas de capacite d’autorenouvellement, a la difference des cellules souches ; - le compartiment de maturation, qui aboutit a la differenciation ultime de cellules qui passent dans le sang periphtrique. Les cultures de cellules ont permis de caracteriser et d’identifier les stades fonctionnels successifs de 1’hCmatopoiese [ 18, 21, 301. De la cellule souche totipotente (CFU-S) non determinCe et capable d’autorenouvellement emergent deux branches de differenciation : les precurseurs de la lignte lymphoi’de (CFU-L) et les prkcurseurs pluripotents de la lignee
793
myeldide (CFU-GEMM). Des CFU-GEMM derivent les progeniteurs de la lignee trythrocytaire (BFIJ-E immatures, puis matures et CFU-E), megacaryocytaire (BFU-MK, CFU-MK), granulomonocytaire (CFU-GM puis CFU-G et CFU-M) basophile et eosinophile. En l’absence de criteres morphologiques de reconnaissance, ces cellules sont caracteristes par leur phenotype membranaire. Les cellules souches et les progtniteurs deja engages expriment l’antigbne CD-34. Au tours de la differentiation, l’expression du CD-34 diminue. Dans la moelle osseuse, environ 2 ii 5 % des cellules expriment l’antigbne CD-34. Dans le sang peripherique, 0,l % des cellules sont marquees par le CD-34. Ce taux peut etre augment6 apres stimulation de la regeneration medullaire (apres chimiotherapie ou radiotherapie) qui s’accompagne d’un passage accru dam le sang peripherique de formes jeunes. Outre les cellules des ligntes hematopdietiques, la moelle comporte un stroma compose d’elements cellulaires (fibroblastes, cellules endotheliales, adipocytes, macrophages) et d’une matrice extracellulaire. 11joue un role important dans la regulation de l’htmatopoiese. Les cellules du stroma sont capables de sCcrCter la plupart des facteurs de croissance (cf infra). Leurs interactions avec les lignees myeldides favorisent la differentiation et la proliferation cellulaire. Les cellules du stroma medullaire peuvent Ctre caracterides en culture (CFU-F). La matrice extracellulaire est un reseau fibrillaire de glycoproteines (collagene, fibronectine, proteoglycanes). Elle permet l’adherence des cellules htmatopoietiques qui joue un role preponderant dans les interactions entre cellules et dans la differentiation. Elle constitue un reservoir potentiel de facteurs de croissance. Facteurs de croissance h6matopoStiques La differentiation des cellules myelo’ides est placee sow la dependance etroite de facteurs de croissance. Ces glycoproteines agissent non seulement au niveau des progeniteurs, mais Cgalement sur 1e:s cellules matures dont elles augmentent les fonctions. Les principaux facteurs de croissance hematopoi’etiques sont chez l’homme [6,7, 14,22,40,56,73] : - l’CrythropoY&ine, qui intervient sptcifiquement dans la differentiation terminale de la lignte trythrdide. Une activite in vitro sur la lignee megacatyocytaire a Ctt d&rite, mais elle est marginale. Elle est secretee par les cellules du tubule renal chez l’adulte, la synthese &uu principalement hepatique chez l’enfam ; - le granulocyte-macrophage CSF (GM-CSF) d’action tres polymorphe, essentiellement sur la lignte granulomonocytaire, agissant sur la plupart des progeniteurs, mais aussi sur les cellules plus matures dont il augmente les fonctions phagocytaires et adht-
‘794
R Coquard
sives, ainsi que leur durke de vie. 11est s&x-& par les monocytes et les macrophages, les lymphocytes T, les fibroblastes, les cellules endotheliales ; -- le granulocyte CSF (G-CSF) est plus specifiquement actif sur la lignee granuleuse, y compris sur les formes matures. Une action plus precoce, sur les CUS, sur la lignee @throcytaire et erythroblastique, a ete Cvoqu&~. Sa synthese est assu& par les monocytes et les macrophages, les tibroblastes, les cellules endotheliales ; -- l’interleukine 1 (hCmatopoWine 1). Son action est breve et precoce sur les progeniteurs des cellules my& loydes. Son action doit Ctre re1aye.e par d’autres cytokines (M-CSF, GM-CSF, IL-3, G-CSF). Elle pourrait etre indirecte et mediCe par 1X-6. Elle est Cgalement active sur les cellules du stroma medullaire (cellules endotheliales en particulier) et les lymphocytes T ; - l’interleukine 6. Ce facteur a une activite sur la plupart des ligntes myelo’ides en synergie avec l’interleukine 3 et le GM-CSF. Elle intervient en particulier darts la maturation terminale des megacaryocytes. Seule, elle peut induire la formation de quelques colonies de grauuleux et de monocytes. Sa synthese est assuree par de nombreux contingents cellulaires (monocytes, macrophages, lymphocytes, fibroblastes, cellules endotheliales) ; - l’interleukine 3 (multi-CSF, hematopoZtine 2), d’action tres polymorphe, a Cte largement exploree sur les modeles murins mais son role chez l’homme a Cte discute. Elle intervient essentiellement dans la maturation des basophiles et des eosinophiles. Elle est principalement synthetisee par les lymphocytes T, accessoirement par les mastocytes, les monocytes, les macrophages [ 141, les lymphocytes T et les astrocytes. EXPLORATION
DE LA MOELLE
OSSEUSE
La moelle osseuse peut &tre exploree de facon simple et indirecte par les prelevements de sang periphdrique [29, 561. La repercussion d’une affection medullaire sur la numeration globulaire est differee en raison de la duree de maturation des prtcurseurs medullaires et de la duree de circulation des cellules matures. Les lignees leucocytaires sont les premieres a &tre affectees, suivies des plaquettes. La repercussion sur l’htmoglobin&nie et le nombre de globules rouges circulams est lente. La numeration globulaire ne rend pas compte des troubles affectant les cellules stromales, le nombre de cellules souches residuelles et les capacites de regeneration. La presence de cellules jeunes (prkurseurs de la lignee granuleuse, reticulocytes) est un ttmoin tardif d’une regeneration. Le myClogramme et la biopsie m&lullaire donnent des informations directes sur la morphologie des cellules mtdullaires et sur leur nombre. L’exploration isotopique permet une exploration
topographique. Les colldides marques par le technetium 99 explorent specifiquement le stroma reticulaendothelial, l’indium 111 l’activite myelo’ide et le fer 59 l’Crythropoi?.se. Les techniques de culture cellulaire [18, 21, 301 permettent une appreciation du nombre de progeniteurs (CFU-GM, BFU-E, CFU-E, CFU-G, CFUGEMM, BFU-MK, CFU-MK) et de cellules stromales (CFU-F). L’antigene membranaire CD-34 est un marqueur des cellules souches et des progeniteurs les plus precoces. 11 est exprime par 2 a 5 % des cellules de la moelle et par 0,l % des cellules sanguines [30]. EFFETS DE L’IRRADIATION LES CELLULES DE LA MOELLE
SUR OSSEUSE
La radiosensibilite des cellules de la moelle osseuse est elevee, variant selon le type de colonie cellulaire et selon l’espece [4, 34-38, 801. Le debit de dose intervient peu dans la survie des cellules myeldides. La radiosensibilite des cellules du stroma est moins Clevee, mais le debit de dose [32] intervient dam leur survie et dans la capacite du stroma medullaire [27] a permettre une greffe de cellules hematopoietiques [32]. Les effets des rayonnements ionisants doivent &tre consider& en fonction de la dose d’irradiation delivree et du volume de moelle osseuse concern& Effets d’une irradiation
corporelle totale
L’irradiation experimentale de l’ensemble du corps a ete realisee chez de nombreuses especes de mammif&es. Elle a permis de definir pour chaque espbce une dose letale a 30 jours pour 50% des individus (DL 50/30). Ce sont les effets tardifs hematologiques qui, pour la plupart des cas, sont responsables de la mortalite observee. Bloom [l 11, chez le lapin, a observe 30 minutes apres irradiation corporelle totale delivrant 3,5 Gy en une seance un arret de toute activite mitotique dans la moelle, avec diminution precoce des elements nuclees de la lignee Crythrocytaire et predominance des formes matures. Les megacatyocytes, d’aspect et de nombre normal, disparaissent apres 2 jours. Quatre semaines apres l’irradiation, une regeneration rapide et simultanee des diffkrentes lignkes est observ&e, sugghant une prolifkation rapide de cellules souches pluripotentes avec differentiation acceleree Don&es concernant l’irradiution corporelle totale chez l’homme Chez l’homme, il existe beaucoup moins de don&es disponibles concernant la DL 50/30 [64]. L’observation des sujets irradies lors de bombardements ato-
Effets tardifs
sur la moelle htmatopolkique
miques ou d’accidents nucleaires industriels a foumi des informations d’interpretation delicate du fait des incertitudes quant B la dose regue. Les irradiations corporelles totales effecttrees en therapeutique sont suivies d’une transplantation mtdullaire ou d’une &injection de cellules souches peripheriques et ne peuvent Ctre utilisees pour determiner la DL 50/30 [68]. La contribution la plus determinante est due a Tubiana et al et Uckhun et al qui ont observe, de 1959 a 1962, les effets d’une irradiation corporelle totale & vi&e immunosuppressive chez 41 patients btneficiant d’une transplantation renale [81,82]. La dose delivree ttait de 1 B 6 Gy en une ou deux seances. Les patients ttaient maintenus sous surveillance medicale stricte (isolement aseptique) jusqu’a normalisation de la numeration globulaire. Le nadir leucocytaire Ctait d’autant plus precoce que la dose d’irradiation Ctait tlevte. Deux patients ayant recu une dose de 6 Gy sont de&d& a 1 mois d’aplasie. Sur les 17 patients ayant recu 3,5 a 4,5 Gy en une ou deux stances, sept sont d&Cd& dam les 40 premiers jours, dont quatre d’infection sur aplasie. Partant de ces donnees, la DL 50/30 a CtC estimee a au moins 4,5 Gy chez l’homme. kvolution des lignkes sanguines aprt% irradiation corporelle totale [70,7 1,741 Les premieres cellules affecttes par l’irradiation sont les lymphocytes qui peuvent mourir en interphase et dont le nombre decroit dans le sang dbs les premieres heures. On observe transitoirement un pit de neutrophiles puis une neutropenie, dont l’intensitt et la precocite dependent de la dose d’irradiation. Les cellules de la lignee megacaryocytaire sont les moins radiosensibles des cellules htmatopoi’ttiques mais, du fait de la duree de vie des plaquettes, la thrombopenie apparait plus rapidement que l’antmie. Vn cas partkulier : la curiethbrapie mktabolique La curietherapie metabolique rtalise une irradiation corporelle totale mais, compte tenu du tropisme des radioelements utilises, la dose delivree a la moelle osseuse est gtntralement faible. Certains isotopes a tropisme osseux specifique sont neanmoins susceptibles d’entrainer une toxicite hematologique. C’est le cas du strontium et du rhenium, administres dam les osteoses mttastatiques des cancers de prostate et qui sont frequemment associes ?I une thrombopenie de plusieurs semaines. L.e probEme de la r&radiation [75] Chez la souris, apres une irradiation corporelle totale unique inferieure ou tgale a 4 Gy, les CFU-S retrouvent leur taux normal en 2 a 4 semaines. A des doses de 7 a 8 Gy, proches de la DL 50/30, une depletion prolongee du nombre de CFU-S (30 a 60% du taux
795
normal) est observee. En cas d’irradiation fractionnee ou a faible debit, cette depletion est prolong,Ce et plus profonde [37]. La r&radiation medullaire semble r&luire de facon importante les reserves de cellules souches et de p&cursews. Tubiana et al [81] ont rapporte deux cas de r&rradiation de 1 Gy, 2 et 3,5 mois apms une irradiation corporelle totale de 4 Gy suivie d’une aplasie severe et prolong& conduisant au de&s chez un patient. Chez des souris soumises a quatre irradiations corporelies totales de 4,5 Gy administrees ?I3 semaines d’intervalle, on observe une lente recuperation des precurseurs des lignees rouge et blanche jusqu’a 30 Zi 50% des valeurs normales en 4 a 6 mois, mais secondairement intervient une diminution de ces precurseurs jusqu’a 15 % ?I 1 an [38]. 11apparait done que lies CFU-S ont des capacitts de renouvellement limitees en cas d’irradiations iteratives. Dam ces conditions, la simple constatation d’une numeration globulaire p&ipherique normale peut faire meconnaitre un risque accru de toxicite hematologique en cas de nouvelle irradiation. Irradiation
sur champs limit&
L’irradiation de segments limit& de moelle osseuse s’accompagne d’une regeneration plus rapide qu’apres irradiation corporelle totale [60, 611. Knospe et al [45] ont observe a intervalles reguliers des rats irradies sur des champs limit& a des doses uniques de 20, 40, 60 et 100 Gy. Une regeneration Ctait toujours prtsente entre le 7e et le 14ejour, mais d’une intensite variable en fonction de la dose delivree. Au tours des 2e et 3” mois, on note une disparition progressive des sinusoydes, avec simultanement une diminution du nombre de cellules mytloi’des. Apres 6 mois, on observe une reapparition des sinusoi’des et des lignees myeloi’des seulement chez les animaux ayant recu 20 Gy. Les capacites de regeneration medullaire sont clairement dependantes de la microcirculation locale. En outre, les capacites de regeneration de la moelle sont superieures chez les animaux plus jeunes dans les travaux experimentaux de Fishburn et al [24]. Chez l’homme, l’evolution de la cellularite de la moelle osseuse pendant une irradiation sur des champs limit& a Cte etudiee de facon detaillee par Syk:es et al et Tannehill et Mehta [76, 771. Chez des patientes irrad&s pour cancer du sein, des ponctions sternales rep& tees ont Cte effect&es. 11appara?t qu’une dose de 4 Gy delivree en 3 jours entrame une reduction significative de la cellularite m&lullaire, portant principalement sur les precurseurs des globules rouges et des polynucltaires. A partir de 10 Gy en 8 jours, les cellules les moins matures disparaissent presque completement, les pr&rrseurs de la lignee Crythrocytaire sont absents, les sinusdides sont dilates avec des aspects hbmorragiques.
796
R Coquard
Aptis une irradiation de 20 Gy en 16 jours ne persistent plus que quelques granuleux bien diff&encits, les m&gacaryocytes ont disparu, la cellular&Z mkdullaire est rCduite de 80 %. Une rCgCnCration est quasi constante 1 mois ap&s une irradiation fractionnQ dCliwant 25 Gy. Au-deli de 30 Gy, la rkg&ntration est t&s inconstante et, au-deli de 40 Gy, la probabilitk de r&up&ation de I’h&natopo&.e locale est nulle. La microcirculation n’est pas restaurke. La cavite m&lullaire est pmgressivement combl& par du tissu adipeux. La reg&n&ation m&lullaire dCpend &troitement de la dose dClivrke mais aussi du volume irradik. Elle est plus importante lors d’irradiations portant sur des territoires plus ttendus. Rubin et al [67], apr&s irradiation lympho’ide subtotale de 40 $ 45 Gy, ont not6 un taux de globules blancs inf&ieur 2 2,5 Giga/L chez 63 % des patients et une numCration plaquettaire infkrieure B 50 Gigs/L chez 41%. La rCtrocession des anomalies de la numCration Ctait obtenue en 1 2 2 mois, mais la riggCn&ation m&lullaire Ctait beaucoup plus longue. La scintigraphie au technttium montrait l’absence de fixation dans les territoires irradits. Cette absence de rkgCntration &it observk a 6 et a 12 mois. De 1 g 2 ans ap&s l’irradiation, une activite mCdullaire rkapparaissait chez 54 % des patients dans les territoires irradics, atteignant 66 % de 2 B 3 ans, et 75 % de 4 5 5 ans. Une extension des sites hCmatopoiZtiques apparaissait chez 37 % des patients g 2 ans, 68 % B 3 ans et 77 % 2 5 ans. UMrieurement a kti notCe une diminution de l’activid h6matopoZtique. Les ttudes de Knospe et Husseini utilisant le fer 52 [47] concordent avec les travaux de Rubin et al et Rubin et Scarantino [67, 681. Deux ans apr&s irradiation lymphoi’de subtotale pour lymphome (40 g 50 Gy), sept patients sur huit prksentaient une rkgCntration mtdullaire, mais non homogbne, six patients ayant encore une hCmatopo’i&se non r&ablie dans au moins un segment osseux irradii. EFFETS DE L’ASSOCIATION CONCOMITANTE DE CHIMIOTHkAPIE ET DE RADIOTHhAPIE Les effets tardifs hematologiques des associations de radiothkrapie et de ChimiothCrapie dCpendent de la chronologie de l’association [25, 33, 51, 57, 58, 63, 79,88, 891 (tableau I). Le mCthotrexate, I’aracytine et le cyclophosphamide ont un effet radioprotecteur vis8-vis des cellules souches et des progeniteurs lorsqu’ils sont dtlivr& avant l’irradiation, probablement par le biais d’une stimulation de leurs capacit&s de rkparation. L’association de doxorubicine B l’irradiation a peu d’effet sur les CFUs [88]. La Malitt tlevCe observte chez les animaux de laboratoire soumis 2 une irradiation et & une administration simultanCe de
Tableau
tionde
I. Associationsradio-chimiothkapie. I’antimitotique
en fonction Avant 1‘irradiation
Aracytine Bltomycine Cisplatine Cyclophosphamide Doxorubicine 5-fluorouracile HydroxyurLe Mkthotrexate Mitomycine C Vincristine
-f+ + + +
Effet de l’administrade la chronologie de l’association. PtVl&l?lt 1 ‘irradiation ++ 0 +++ ++ o/++ +++ -k-t 0 +++ 0
Ap& 1‘irradiation
++ +++ ++ +++ +++ ++
doxorubicine est plus Ii&e & une toxicit& multifactorielle qu’g une toxicit purement htmatologique [91]. La toxicitt hkmatologique des associations concomitantes est Ii&e aux antimitotiques, g la dose utiliste, 2 la chronologie de l’association et B la topographie de l’irradiation. La ChimiothCrapie concomitante par sels de platine d’une irradiation sur le thorax induit en gCn&al peu de toxicit hkmatologique lorsque le se1 de platine est utilist seul. Le taux de neutroptnie de grade 3 et 4 dans l’essai de 1’European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC) [70] Ctait de 0% dans le groupe radiothtrapie seule, de 1,2 % chez les patients recevant du cisplatine g un rythme hebdomadaire et de 3,4 % pour ceux recevant du cisplatine quotidiennement. Dans l’essai de Soresi et al [74], avec une administration de cisplatine chaque semaine 2 la dose de 15 mg/m2, il n’y a eu de leucop&ie de grade 3 ni dans le groupe soumis g une radiothCrapie seule, ni dans le groupe recevant &galement la chimiothtrapie. Pour Jeremic et al [41 J, l’administration quotidienne de carboplatine (50 mg) et de VP16 (50 mg) de man&e concomitante 5 la radiotherapie a Ctk associCe g une toxicit h6matologique de grade 3-4 de 3,1%, contre 0% aprks radiothkrapie seule. Pour Ball et al [5], l’association de carboplatine (70 mg/m2, j l-j5 et j29-j33) a l’irradiation thoracique est, en revanche, associ& g un risque de neutrop&ie accru (p < O,OOOl) ainsi que de thrombopknie (p = 0,002). L’administration concomitante de 5fluorouracile (5-FU) (1 g/m2, jl-j4) et de cisplatine (75 mg/m2, j2) de manibre concomitante a la radiothkrapie a major6 la toxicitt h6matologique dans l’essai d’Herskovic et al [39] (taux de toxicit de grade 3-4 de 48 %, contre 2 % aprks radiothkrapie seule). Dans 1’expCrience de l’Universitk de Califomie (San Francisco) [42], une neutroptnie de grade 3-4 a Ctk observCe chez 5 % des patients trait& par irradiation seule, contre 16 % apr&s association concomitante de radiothirapie et ChimiothCrapie. Au tours des irradiations de l’abdomen et du pelvis,
Effets tardifs sur la moelle hkmatopoI&ique
l’association concomitante de 5FU et d’irradiation majore la toxicitt hematologique. C’est le cas dam l’essai Mayo-NCCTG dansles cancersrectaux, ou le taux de toxicite hematologique de grade 3-4 a ttC significativement augment6apresl’association therapeutique par rapport a la radiotherapieseule[49]. La toxicite desassociationsstquentiellesde radiotherapie et de chimiothtrapie estd’interpr&ation plusdelicate car la presentationdesresultatsne preciseque rarement la chronologiede survenuedeseffets secondaires. EFFETS SECONDAIRES
A LONG TERME
11ssont domints par le risque de leucemie aigue. Ce risque est bien connu chez les survivants des explosions atomiques, oti il a atteint un pit d’incidence entre 5 et 10 ans [85] apresl’irradiation. 11est revenu a desvaleurs prochesde celles de la population generale apres 15 ans chez les sujets irradies avant l’gge de 15 ans.Chez les individus plus ages,le risque Ctait encore superieur a des sujets temoins plus de 25 ans apresl’explosion. Le risqueleucemiquedependraitde la doseselon un modele de type lintaire-quadratique. Pour Court-Brown et Abbatt et Court-Brown et Doll [16, 171, qui ont CtudiCce risque chez des patients trait& par irradiation spinaleCtenduepour spondylarthrite ankylosante, il seraitplutot de type lit&tire. Les leuctmies et les syndromesmyelodysplasiques sont exceptionnels chez les patients trait& par irradiation seule pour maladie de Hodgkin. La plupart des cas ont ett d&its chez des patients ayant recu des alkylants [9, 531. L’administration de phosphore32 pour maladie de Vaquez a CtC tenue pour responsable d’un risque accru de leucemie. Dans un travail prospectif, la comparaisondu phosphore 32 aux saigneesn’a pas fait apparaitrede risque accru de leucemie [9]. CONDUITE A TENIR THtiRAPEUTIQUE SECONDAIRES HtiMATOPOjiI?TIQUES DES RAYONNEMENTS IONISANTS La toxicite des rayonnements ionisantssur la moelle osseusea des consequencescliniques dont la duree et la prise en charge sont ttroitement dependantesde la proportion de moelle osseuseirradibe. Dans la plupart des cas, l’irradiation de segments de moelle osseusen’a aucunetraduction clinique et ne ntcessite aucunemesurethtrapeutique particuliere. Traitement anti-infectieux 11est entreprisde facon systematiquechez les patients qui ont une leuconeutropeniede grade 3-4 avec fibvre sup&eure h 38“C, apresprelevementsbacteriologiques
797
systematiques(hCmocultures,pr6levementd’urines) et orient& (si porte d’entreeinfectieuseidentifiable). L’antibiotherapie a large spectreest adapt6ea la sensibilit6 de la flore bact&iennepr&lominanteet adapt& apmsles tisultats desprelbvements.Desmesuresde r&nirnation hydro&ctrolytiques sontprises[55]. Transfusions de produits sanguins 11s’agit essentiellementde transfusionsde concentres Crythrocytaires dont la frequence est a moduler en fonction de la tolerance du patient a l’anemie. Du fait de la durte de vie des globules rouges, la correction des effets tardifs des rayonnements ionisants sur la lignee Crythrocytaire est rarement realisee dans des situations d’urgence. Le risque hemorragique est faible lorsque la concentration des plaquettes est superieur a 20 GigaiL. Le risque d’hemorragie meningee est significatif au-dessousde 10 Gigs/L. Les transfusions plaquettaires sont generalement effectuees au-dessousde 20 Gigs/L. Les transfusions leucocytaires sont exceptionnellement realistfes. Greffe de moelle, &injection pCriph&iques
de cellules souches
La greffe de moelle est une procedure employee dam les intensifications therapeutiques comportant une chimiotherapie intensive et une irradiation corporelle totale, mais pas dans les suites d’une irradiation medullaire segmentaire. La &injection de cellules souches peripheriques prelevees par cytaphtrese apresstimulation medullaire constitue une alternative moins lourde a l’autogreffe aprb irradiation corporelle totale. Ses indications en associationa une irradiation sur des segmentsetendus de moelle osseuse ne sont pasclairement definies actuellement [55]. Facteurs de croissance, cytokines, cytoprotecteurs Les facteurs de croissance hematopoietiques (GMCSF, G-CSF) ont CtClargement developpes en association a la chimiotherapie [50, 551. Leur association a la radiotherapie est beaucoupmoins clairement Ctablie [59]. Elle a CtCttudite chez le chien, la souris et le singe [73]. Apres une dose unique de 3,5 Gy, le taux de survie des animaux est pratiquement nul en l’absencede toute therapeutiqueet de l’ordre de 50 % avec antibiothtrapie et correction des troubles hydroelectrolytiques. Avec l’administration de GM-CSF, le taux de survie desanimaux est de 100% a cette dose. Les facteurs de croissance htmatopoi’Cti.quesont et6 utilises chez l’homme [2, 901 apresl’accident de Goiana, au BrCsil, lie a l’abandon d’une source de ctsium [ 131.Cinq patients ont btneficie d’une admi-
798
R Coquard
nistration de GM-CSF avec une augmentation de la production de polynucleaires neutrophiles, n’empechant pas cependant le d&es. Les etudes cliniques effectuees chez des patients trait& par irradiation pour htmopathie maligne montrent une possibilite de reduction de la duree de la neutroptnie de 3 a 5 jours. Les facteurs de croissance et certaines cytokines ont Cgalement un role radioprotecteur sur les progeniteurs. Chez la souris, l’administration de G-CSF ou d’interleukine 1 avant irradiation corporelle totale a dose Bale augmente la survie des animaux en acctI&ant la regeneration medullaire [62]. L’CrythropoZtine est actuellement utilisee dans le traitement des an&ties induites par les sels de platine. Son effet sur le nombre de globules rouges circulants est differ6 et progressif. Elle n’est pas adaptee au traitement en urgence de l’anbmie. Son efficacite en cas d’atteinte directe des cellules medullaires (myelodysplasie, irradiation) est peu Cvidente. Le WR 2127 (amifostine) est un derive dote de proprieds radioprotectrices et chimioprotectrices. Ses effets protecteurs sur la toxicite hematologique des rayonnements ont ettc peu explores [78]. Cas particulier
de I’irradiation
accidentelle
En cas d’irradiation corporelle totale accidentelle, la conduite a tenir varie peu, mais cette irradiation peut &tre heterogene en termes de dose, avec dans certains cas protection au moins partielle d’une partie des reserves medullaires. Ce caractere partiel ou total est done t&s important a preciser [2, 15,901. L’estimation de la dose recue est capitale car elle conditionne la conduite a tenir ulterieure. La numeration formule realiste rapidement recherche un pit leucocytaire transitoire. La lymphopenie est rapidement observte (chute de 50 % environ apres 24 a 48 heures). La recherche de chromosomes dicentriques sur les leucocytes circulants permet une dosimetric biologique. Elle doit etre effectute precocement et permet une estimation precise de la dose recue entre 2 et 8 Gy. Le typage HLA est a pratiquer dans les 8 premieres heures avant la chute des lymphocytes. D’autres investigations portant sur des parametres non htmatologiques (encephalogramme, concentration d’ACTH circulant, amylasemie) permettent de preciser la dosimttrie biologique. Pour des doses inferieures a 1 Gy, la lymphopenie est discrete et transitoire, il n’y a aucune mesure d’urgence particulibre a prevoir. De 1 a 2 Gy, la surveillance de la numeration est de regle. Elle est le plus souvent ambulatoire. De 2 a 4 Gy, il faut prevoir une hospitalisation en milieu specialist. Une aplasie m&htllaire s’installe en 2 semaines et dure environ 2 semaines. L’antibiothe-
rapie a large spectre en cas de syndrome infectieux, les transfusions plaquettaires en cas d’aplasie grave et prolongbe, les transfusions leucocytaires et les facteurs de croissance hCmatopoX&iques sont a prevoir. I1 n’est pas ntcessaire d’envisager a ce stade une allogreffe de facon systematique. De 4 a 8 Gy, on conseille une hospitalisation en secteur protege avec reanimation hematologique, traitement des infections, facteurs de croissance et au-deli de 6 a 7 Gy, greffe allogenique . On rappelle que les troubles hematologiques lies a une exposition accidentelle professionnelle font partie de la liste des maladies professionnelles no 6 [28]. Le delai de prise en charge est de 30 jours pour les accidents aigus (anernie, leucoptnie, thrombopenie ou syndrome hemorragique), de 1 an pour les troubles lies a une irradiation chronique et de 30 ans pour les leucemies. CONCLUSION
- PERSPECTIVES
La toxicite des rayonnements ionisants sur la moelle hCmatopo&ique constitue un des facteurs limitants les plus importants de l’escalade de doses en radiotherapie. C’est la toxicite hematologique qui d&nit la dose l&ale lors d’une irradiation corporelle totale. Cette toxicite hematologique s’exprime principalement lors des irradiations sur des champs Ctendus, mais la regeneration medullaire &ant faible apres des irradiations segmentaires des effets peuvent Ctre observes lors d’irradiations iteratives de plusieurs volumes limit&s. L’utilisation de cytoprotecteurs con-me le WR272 1 est a developper mais, actuellement, il y a peu de donnees permettant de la codifier. L’utilisation de facteurs de croissance hematopoi’etiques n’a pas encore et& suftisamment exploree. En particulier, la chronologie de leur association a la radiotherapie est a detinir. Leur utilisation peut s’envisager apres l’irradiation mais aussi avant, approche qui permettrait d’augmenter les reserves de cellules souches et d’augmenter le nombre de cellules en tours de maturation [83,891. La toxicitt sur les cellules stromales constitue un problbme important puisqu’elle conditionne les possibilites de greffe mtdullaire [lo, 21,471. RfiFlbENCES 1 Abramson S, Miller RG, Philips RA. The identification in adult bone marrow of pluripotent and restricted stem cells of the myeloid and lymphois system. J Exp h4ed 1977;145: 1567-79 2 Andrews GA. Radiation accidents and their management. Radiat Res Suppl 1967;7:390-7 3 Atkinson HR. Bone marrow distribution as a factor in estimating radiation to blood-forming organs: a survey of present knowledge. J Co11 Radio1 Australas 1962;6:149-54 4 Baird MC, Hendry JH, Dexter TM, Testa NG. The radiosensi-
Effets tardifs sur la moelle hematopoi’etique tivity cells 5
6
7
8 9
10
11 12
13 14
15 16 17
of populations of murine hematopoietic colony-forming that respond to combinations of growth factors. Exp Hematol 1991;19:282-7 Ball D, Bishop I, Smith J, Crennan E, O’Brien P, Davis S et al. A phase IJI study of accelerated radiotherapy with and without carboplatin in non small cell lung cancer: an interim analysis of the fust 100 patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;31:267-72 Baverstock KF, Papworth DG, Townsend KMS. Man’s sensibility to bone marrow failure follows whole body exposure to low LET irradiation: inferences to be drawn from animal experiments. Int J Raa’iat Oncol Biol Phys 1985;17:397411 Blackett NM, Aguado M. The enhancement of haematopoietic stem cell recovery in irradiated mice prior treatment with cyclophosphamide. Cell Tissue Kinet 1979;12:291-8 Blanchet 0, Dautel M. HtmatopoIese. In: Fauchet R, Ifrah M, eds. Ht+narologie. Cachan: EM Inter, 1995 Berk PD, Goldberg JD, Silvemstein NM, Weinfeld A, Donovan PD, Ellis JT et al. Increased incidence of acute leukemia in polycytemia vera associated with chlorambucil therapy. NEngl JMed 1981;304:44-7 Bierkens J. Hendry 3, Testa N. The radiation response and recovery of bone marrow stroma with particular reference to long-term bone marrow cultures. Eur J Haematol 1989;43:95 Bloom W. Histopathology of Irradiation from External and Znremal Sources. New York: McGraw Hill, 1948 Bryon PA. Anatomie et physiologie de la moelle osseuse. Encycl M&d Chir (Paris, Cd. Elsevier) Organes htmatopoietiques, 13oo0, M80, 11-1984 Butturini AB, De Souza PC. Gale RP. Use of recombinant GM-CSF in the Brazil radiation accident. Lance? 1988;2:471 Collins MKL, Marvel J, Malde P, Lopes-Rivas A. Interleukin-3 protects murine bone-marrow cells from apoptosis induced by DNA damaging agents. J&p Med 1992;176:1@43-51 Cosset JM. Dubray B, Chauveinc L. Les soins aux grands irradies. Rev Prat 1995;45:63-6 Court-Brown WMC, Abbatt JD. The incidence of leukemia in ankylosing spodylitis treated with X-rays: a preliminary report. Lancer 1955;1:1283-5 Court-Brown WMC, Doll R. Leukemia and aplastic anemia in patients irradiated for ankylosing spondylitis. M Res Count Spec
Rep Ser 1957;295
18 Curry JL, Trentin JJ, Wolf N. Hematopoietic spleen colony studies. II. Erythropoiesis. J Exp Med 1967;125:703-20 19 Custer R, Ahlfedt F. Studies on structure and function of the bone marrow. II. Variations in cellularity in different bones with advancing years of life and their relative reponse to stimuli. JL.ab Clin Med 1932;17:96&2 20 Dexter T. Recent advances in the knowledge of the hematopoietic system. Possible ways of correcting long-term damage. In: Testa N, Gale R, eds. Hematopoiesis: rapy and Radiation. New York
Long-Term
Effects
of Chemothe-
Marcel Dekker Inc, 1988:38%402 Allen TD, Lajtha LG. Conditions controlling the of hematopoietic stem cells in vitro. J Cell Physiol
21 Dexter TM, proliferation 1977;91:335-44 22 Donahue R, Sheera J, Metzger M. Human IL-3 and GM-CSF act synergistically in stimulating hematopieisis in primates. Science 1988;241:182&3 23 Ellis RE. The distribution of bone marrow in adults. Phys Med Biol 1961;5:255-8 24 Fishburn RI, Dobelbower RR. Patchevsky AS, Leeper DB, Kramer S. The effect of age on the long-term response of bone marrow to local fractionated irradiation. Cancer 1975;35: 1685-91 25 Fried W, Husseini S, Gregory S. Effects of cyclophosphamide on the hematopoietic microenvironnemental factors which influence hematopoietic stem cell proliferation. Cell Tissue Kinet 1973;6: 155-63
799
26 Gale RP, Buttirini A. The role of hematopoietic growth factors in nuclear and radiation accidents. &D Haematoll990; 18:958-64 27 Galtieri R. Consequences of extremely high doses of irradiation on bone marrow stromal cells and the release of hematopoietic growth factors. Exp Haemarof 1987;15:952 28 Gamier Y. Surveillance medicale des travailleurs de: l’industrie nucleaire. Rev Prat 1995;45:33-9 29 Gardais J, Fauchet R, Amiot L. Les moyens d’exploration. In: Fauchet R, Ifrah M, eds. H&natologie. Cachan: EM Inter, 1995 30 Godard M, Amiot L. Les cellules mtdullaires et sanguines. In: Fauchet R, Ifrah M, eds. H&matoZogie. Cachan: EM Inter, 1995 31 Greenberger J. Toxic effects on the hematopoietic microenvironment. Exp Haema?o11991;19:1101-9 32 Greenberger J, Fitzgerald T, Klassen V, Anklesaria P, Bushnell D, Kase K et al. Alteration in hematopoietic stem cell seeding and proliferation by both high and low dose rate irradiation of bone marrow stromal cells in vitro. Inr J Radiar 0~01 Biol Phys 1988;14:85-94 33 Hellman S, Hannon E. Effects of adriamycin on the radiation response of murine hematopoietic cells. Radiat Res 1976;67: 162-7 34 Hendry J, Testa G, Lajtha G. Effect of repeated closes of Xrays on 14 MeV neutrons on mouse bone marrow. Radiat Res 1974;38:356-8 35 Hendry JH. The cellular basis of long-term marrow injury after irradiation. Radiother Uncol 1985;3:331-8 36 Hendry JH. Biological response modifiers and normal tissue injury after irradiation. Sem Radiat Oncol 1994;4:1:!3-32 37 Hendry JH, Lord BI. The analysis of the early and late response to cytotoxic insults in the hematopoietic cell hierarchy. In: Potten CS, Hendry JH, eds. Cytotoxic Insult to Tissue. Effects on Cell Lineages. Edinburgh: Churchill-Livingstone, 1983:166 38 Hendry JH, Xu CX, Testa NG. A cellular analysis of residual hematopoietic deficiencies in mice after 4 repated doses of 4.5 Gray X-Rays. Int J Radial Oncol Biol Phys 1983;9: 164-6 39 Herskovic A, Martz K, Al-Sarraf M, Leichman L, Brindle J, Vaitkevicius V et al. Combined chemotherapy and radiotherapy comprared with radiotherapy alone in patients with cancer of the esophagus. N Engl J Med 1992;326: 1593 40 lkebichi K, Wong G, Clark S, Ihle J, Hirai Y, Ogawa M. Interleukin 6 enhancement of interleukin 3 dependancy proliferation of multipotential hematopoietic progenitors. Proc N,atl Acad Sci USA
1987;849035
41 Jeremic B, Shibamoto Y. Acimovic L, Milisavljelic S. Hyperfractionnated radiation therapy with or without concurrent lowdose daily carboplatin/etoposide for stage III non small cell lung cancer: a randomized study. J Clin Oncol 1996; 14: 1065-9 42 John MJ, Flam MS, Mowry PA. Radiotherapy alone and chemoradiation for non metastatic esophageal carcinoma. A critical review. Cancer 1989;63:2397 43 Kaanerds JHAM, Ang KK. Early reactions as dose limiting factors in radiotherapy. Sem Radial Oncol 1994;4:55-67 44 Kaplan HS. Hodgkin’s Disease, 2nd ed. Cambridge, MA, USA: Harvard University Press, 1980:3664%1 45 Knospe W, Bloom J, Crosby W. Regeneration of locally irradiated bone marrow. I. Dose dependant, long-term changes in rat, with particular emphasis upon vascular and stromal reaction. Blood 1966;28: 1653-68 46 Knospe WH, Loeb V, Huguley CM. Bi-weekly chlorambucil treatment for lymphocytic leukemia. Cancer 1974;33:35562 47 Knospe W, Rayudu V, Cardello M. Bone marrow scanning with 52 iron (52 Fe). Regeneration and extension of marrow after ablative doses of radiotherapy. Cancer 1976;37: 143242 48 Knospe W, Husseini S. Hematopoiesis on cellulose ester membranes (CEM) X. Effects of in vitro irradiation of stromal cells prior to application on CEM. Exp Haematol 1986; 14:975-80
800
R Coquard
49 Krook JE, Moertel CG, Gunderson LL et al. Effective surgical adjuvant therapy for high risk rectal carcinoma. N Engl .I Med 1991;324:709-15 50 Laver J, Moore MA. Clinical use of recombinant human hematopoietic growth factors. J Nut1 Cancer Ins? 1989;Sl: 137&82 51 Levield P, Smink T, Van Putten L. Experimental studies on the combination of radiation and chemotherapy. Inr J Rod& Oncol Biol Phys 1978;4:3741 52 Levine EG, Blomfeld CD. Leukemias and myelodysplasic syndromes secondary to drug, radiation, and environmental exposure. Sem in Oncoll992;19:47-84 53 Lichtman M. The Ultrastructure of the Hematopoietic Environment of the Marrow: A Review. New York: Marcel Dekker, 1981;325-38 54 Lord B, Molineux G, Humphrey E, Stones V. Long term effects of Plutonium 239 and Radium 224 on the distribution and performance of pluripotent hematopoietic progenitor cells and their regulatory microenvironment. In? J Radiat Biol 1991;59:211-27 55 Mauch P, Constine L, Greenberger J, Knospe N, Sullivan J. Liesveld JL et al. Hematonoietic stem cell comoartment: acute and late effects of radiation therapy and chemotherapy. In? J Radiat Oncol Biol Phvs I 995:3 1: 13 19-39 56 Metcalf D. The molecular control of blood cells. Cambridge, MA, USA: Harvard University Press, 1989 57 Millar JL, Hudspith BN. Sparing effects of cyclophosphamide (NSC2671) pretreatment on animals lethality treated with yradiation. Cancer Treat Rep 1976;60:409-14 58 Millar JL, Blacken NM, Hudspith BN. Enhanced post-irradiation recovery of haematopoietic system in animals pretreated with a variety of cytotoxic agents. Cell Tissue F&et 1978;ll: 543-53 59 Monroy RL, Skelly RR, Taylor P, Dubois A, Donahue RE. MacVittie TJ. Recovery from severe haematopoietic suppression using recombinant huan GM-CSF. Exp Haemntol 1988;16:34&8 60 Mordaret N, Parmentier C, Flamant R. Etude par le fer 59 des effets de la radiothtrapie &endue sur les htmatosarcomes sur l’&ythropot?se. Biomkdecine 1973;18:228-34 N, Parmentier C, Hayat M. Effects of radiotherapy 61 Mordamt on the bone marrow granulocytic stem cells of patients with malignant lymphomas. Part E. Long term effects. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1978;4:853-7 62 Neta R, Douches S, Oppenheim J. Interleukin 1 is a radioprotector. J Immunol 1986; 136:2483-5 63 Nielsen OS, Van Der Masse H, Overgaard J. Effect of combined 5-fluorouracil on murine hematonoietic tissue. Radiorher Oncol 1988;13: 145-52 after 64 Ozsahin M, Pene F. Cosset JM. Laugier A. Morbiditv total body irradiation. Sem Radia; O&l 1994;4:95-10265 Pettengell R, Gurney H, Radford JA, Deakin DP, James R, Wilkinson PM et al. Granulocyte-colony stimulating factor to prevent dose-limiting neutropenia in-non-Hodgkin’s lymohoma: a random&d controlled trial. Blood 1992;80: 143@6 66 kubin P. Regeneration of bone marrow in rabbits following local, fractionnated irradiation. Cancer 1973;32:847 61 Rubin P, Landman S, Mayer E, Keller B, Ciccio S. Bone marrow regeneration and extension after extended field irradiation in Hodgkin’s disease. Cancer 1973;32:699-711 68 Rubin P, Scarantino CW. The bone marrow: the critical structure in radiation-drug interaction. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1978;4:3-23 69 Sack EL, Goris ML, Glatstein E, Gilbert E, Kaplan HS. Bone marrow regeneration following large fields irradiation. Cancer 1978;42: 1057-65 C, Van Der Bogaert W, Dalesion 0, Festem J, 70 Schaake-Konig Hoogenhout J et al. Effects of concurrent cisplatin and radio-
71
72
73
74
75 76 17
78 19
80
81 82 83
84
85 86
87
88
89 YO
91
therapy on inoperable non small cell lung cancer. N Engl J Med 1992;326:524-30 Schuening FG, Storb R, Goehle S, Graham TC, Appelbaum FR, Hackman R. Effect of recombinant granulocvte colonv stimulating factor on hematopoiesis on no-&al dogs and on hematopoietic recovery after otherwise lethal total body irradiation. Blood 1989;74: 1308-13 Shank B, Andreeff M, Li D. Cell survival in peripheral blood and bone marrow during total body irradiation for marrow transphmtation. Int J Radiar Oncol Biol Phys 1983;9: 1613-23 Sorensen PHB, Mui ALF, Murthy SG, Murphy SC, Crystal G. Interleukin-3, GM-CSF, and TPA induce distinct phosphorylation events in an interleukin 3 dependant multipotential cell line. Blood 1989;73:40618 Soresi E, Clerici M, Grilli R, Borghini U, Zucali R, Leoni M et al. A randomised clinical trial comparing radiation therapy vs radiation therapy plus cis-dichlorodiammine-platinum in the treatment of non small cell lung cancer. Sem in Oncol 1988;15(suppl7):2&5 Stewart FA, Van der Kogel AJ. Retreatment tolerance of normal tissues. Sem Radial Oncol 1994;4: 103-l 1 Sykes MP, Save1 H, Chu FC. Bonadona C, Farrow J, Mathis H. Long term effects of therapeutic irradiation upon bone marrow. Cancer 1954;17:11448 Sykes MP, Chu FC, Saval H et al. The effects of varying dosages of irradiation upon sternal marrow regeneration. Radiology 1964;83:108&8 Tannehill SP, Mehta MP. Amifostine and radiotherapy: past, present and future. Semin 0~01 1996;23:69-77 Testa H, Henry J, Molineux G. Long-term bone marrow damage in experimental systems and in patients after radiation or chemotherapy. Anticancer Res 1985;5: 101 Till JE, McMulloch EA. A direct mesurement of the radiation sensitivity of normal bone marrow cells. Radiat Res 1961; 14:213-22 Tubiana M, Lalanne CM, Surmont J. Total body irradiation for organ transplantation. Proc R Sot Med 1961;54:1143-50 Tubiana M, Frindel E, Croizat H, Surmont J. Effects of radiations on bone marrow. Path01 Biol1979;27:326-34 Uckun FM, Gillis SG. Souza L, Song CW. Effects of recombinant growth factors on radiation survival of human bone marrow progenitor cells. Inr J Radiat Oncol Biol Phys 1989; 16:4 15-35 Uckhun FM, Souza L, Waddick KG, Wick M, Song OW. In vivo radioprotective effect of recombinant human granulocyte colony stimulating factor in lethally-irradiated mice. Blood 1990;75:63845 United Nations Scientific Comittee on the effects of atomic radiation. Genetic and somatic effects of ionizing radiation: 1986 report to the General Assembly. New York, 1986 Van der Vijgh WJF, Peters GJ. Protection of normal tissues from the cytotoxic effects of chemotherapy and radiation by amifostine (ethyol): preclinical aspects. Semin Oncol 1994:21: 2-7 Von der Maase H. Interactions of drugs and radiation in haematopoietic tissue assessed by lethality of mice after wholebody irradiation. Inl JRadiat One01 Rio1 Phys 1985;48:371-80 Von der Maase H. Experimental studies on interactions of radiation and cancer chemotherapeutic drugs in normal tissues and a solid tumour. Radiother One01 1986;7:47-68 Von der Maase H. Complications of combined radiotherapy and chemotherapy. Sem Radia? Oncol 1994;4:81-94 Vroussos C, Kolodie H, Gallin-Mattel C. Role du m&Iecin apms un accident lie aux rayonnements ionisants. Rev Prat 1995; 45:47-51 Zuckermann K, Prince C, Rhodes R. Resistance of the stromal cell in murine long-term bone marrow cultures to damage by ionizing radiation. Exp Hemafol 1986;14:1056X12