Éléments d’exhaustivité et résultats pour la première année d’enregistrement du Registre général des cancers de Lille et de sa région

Éléments d’exhaustivité et résultats pour la première année d’enregistrement du Registre général des cancers de Lille et de sa région

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E´le´ments d’exhaustivite´ et re´sultats pour la premie`re anne´e d’enregistrement du Registre ge´ne´ral des cancers de Lille et de sa re´gion Elements of completeness and results of the first year of registration of the ‘‘Registre général des cancers de Lille et de sa région’’ K. Ligier a,*, S. Plouvier a, A. Danzon b, P. Martin c, E. Benoıˆt d, F. Molinie´ e, G. Launoy f, E. Buisset g, X. Leroy h, D. Chevalier i, P. Chaud j, L. Che´rie´-Challine k a

Registre ge´ne´ral des cancers de Lille et de sa re´gion, centre de re´fe´rence re´gional en cance´rologie, 235, avenue de la Recherche, CS 50086, 59373 Loos cedex, France b De´partement des maladies chroniques et des traumatismes, Institut de veille sanitaire, 12, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Maurice cedex, France c Centre de radiothe´rapie Bourgogne, 144, avenue de Dunkerque, 59000 Lille, France d ´ Direction regionale du service me´dical Nord-Pas-de-Calais - Picardie, CnamTS, 11, alle´e Vauban, BP 254, 59665 Villeneuve d’Ascq, France e Registre des cancers de Loire-Atlantique et de Vende´e, 50, route de Saint-Se´bastien, plateau des e´coles, 44093 Nantes cedex 1, France f « Cancers & Pre´ventions » – U 1086 Inserm, universite´ Caen Basse-Normandie, CHU de Coˆte-de-Nacre, 14000 Caen, France g De´partement d’information me´dicale, centre Oscar-Lambret, 3, rue Fre´de´ric-Combemale, 59000 Lille, France h Poˆle d’anatomie pathologique, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59000 Lille, France i Service d’ORL et chirurgie cervico-faciale, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59000 Lille, France j Cellule de l’Institut de veille sanitaire en re´gion Nord, agence re´gionale de sante´ Nord-Pas-de-Calais, 556, avenue Willy-Brandt, 59777 Euralille, France k De´partement sante´ travail, Institut de veille sanitaire, 12, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Maurice cedex, France Rec¸u le 5 janvier 2011 ; accepte´ le 5 octobre 2011

Abstract Background. – In 2005, following the first cancer plan of the national health authorities, a general cancer registry was established in northern France, in a territory designated as a ‘‘zone in proximity to the city of Lille’’ (ZPL). The aim of the present work was to evaluate the completeness of the registry’s first year of incident cancer registration (2005) and to compare the observed cancer incidence in the ‘‘ZPL’’ with the estimated incidence in France. Methods. – Completeness was assessed using the average number of sources per case, the percentage of histological verification and a method of independent case ascertainment (mortality/incidence ratio). A direct standardization on the world population was used to calculate the ZPL/ France ratios of standardized incidence rates. Analyses were conducted for 21 cancer sites. Results. – In 2005, 3635 cases of invasive cancer were recorded by the registry. The average number of sources per case was 2.7 and histological proof was available for 91.4% of cases. Mortality/incidence ratios showed satisfactory completeness of the data for men for most cancer sites. For women however, for cancer sites for which the number of cases was low, data will have to be confirmed during the subsequent years of observation. A lack of completeness was found for cutaneous melanoma. In men, an overincidence was identified for cancers of lip-mouthpharynx, larynx, esophagus, lung, liver, bladder, kidney and colon-rectum. In women, an overincidence has been identified for cancers of lipmouth-pharynx, liver, bladder, colon-rectum, corpus uteri and ovaries. Conclusion. – The first year of incidence validated at the ‘‘Registre ge´ne´ral des cancers de Lille et de sa re´gion’’ shows a completeness of records with regards to studied criteria. The comparison with national data shows an overincidence of cancers related to tobacco and alcohol consumption in the geographical area covered by the registry. The incidence of lip-mouth-pharynx cancer in men is the highest of all French registries. # 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Cancer registry; Completeness; Cancer incidence; North of France

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (K. Ligier). 0398-7620/$ – see front matter # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.respe.2011.10.006

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Re´sume´ Position du proble`me. – En 2005, suite au premier plan gouvernemental cancer, un registre ge´ne´ral des cancers a e´te´ mis en place dans le Nord de la France, sur le territoire sanitaire de la zone de proximite´ de Lille (ZPL). L’objectif de ce travail est d’e´valuer l’exhaustivite´ de la premie`re anne´e d’enregistrement des cas incidents de cancers par le registre (2005) et de comparer l’incidence observe´e sur la ZPL a` l’incidence estime´e France entie`re. Me´thodes. – L’exhaustivite´ a e´te´ e´value´e a` partir du nombre moyen de sources de signalement par cas, du pourcentage de ve´rification histologique et par une me´thode de ve´rification inde´pendante des cas (ratio mortalite´/incidence). Une standardisation directe sur la population mondiale a e´te´ re´alise´e afin de calculer les ratios des taux standardise´s d’incidence ZPL/France entie`re. Les analyses ont e´te´ mene´es pour 21 sites de cancers. Re´sultats. – En 2005, 3635 cancers invasifs ont e´te´ enregistre´s par le registre. Le nombre moyen de sources par cas e´tait de 2,7 et 91,4 % des cas avaient eu une validation histocytologique. Les ratios mortalite´/incidence ont montre´ une bonne exhaustivite´ des donne´es chez l’homme pour la plupart des localisations de cancer. Chez la femme, pour certaines topographies de cancers ou` les effectifs e´taient faibles, les donne´es seront a` confirmer sur les anne´es d’incidence ulte´rieures. Un de´faut d’exhaustivite´ a e´te´ retrouve´ pour les me´lanomes cutane´s. Chez l’homme, une surincidence a e´te´ identifie´e pour les cancers des le`vre-bouche-pharynx, larynx, œsophage, poumon, foie, vessie, rein et coˆlon-rectum. Chez la femme, une surincidence a e´te´ identifie´e pour les cancers des le`vre-bouche-pharynx, foie, vessie, coˆlon-rectum, du corps de l’ute´rus et des ovaires. Conclusion. – La premie`re anne´e d’incidence valide´e au Registre ge´ne´ral des cancers de Lille et de sa re´gion montre une exhaustivite´ des enregistrements correcte pour les crite`res e´tudie´s. La comparaison aux donne´es nationales montre une surincidence des cancers lie´s au tabac et a` l’alcool dans la zone ge´ographique couverte par le registre. L’incidence des cancers le`vre-bouche-pharynx chez les hommes est la plus e´leve´e des registres me´tropolitains. # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Mots cle´s : Registre des cancers ; Exhaustivite´ ; Incidence ; Nord de France

1. Contexte Un registre est de´fini comme « un recueil continu et exhaustif de donne´es nominatives inte´ressant un ou plusieurs e´ve`nements de sante´ dans une population ge´ographiquement de´finie a` des fins de recherche et de sante´ publique, par une e´quipe ayant les compe´tences approprie´es » (arreˆte´ du 6 novembre 1995 – article 2 [1]). En 2003, 11 de´partements me´tropolitains e´taient couverts par un registre ge´ne´ral des cancers. La premie`re mesure du premier plan gouvernemental cancer 2003–2007[2] e´tait d’augmenter la couverture de la population franc¸aise par les registres ge´ne´raux « [. . .] graˆce au de´veloppement de trois nouveaux registres urbains (Nord, Aquitaine, Iˆle-de-France) ». Pour le Nord, la cellule interre´gionale d’e´pide´miologie Nord (antenne locale de l’Institut de veille sanitaire – InVS) a de´bute´ une e´tude de faisabilite´ [3] fin 2004 avec la mise en place d’un registre des cancers pilote sur la zone de proximite´ de Lille (ZPL). Cette zone a e´te´ retenue car elle correspond a` un territoire sanitaire fortement urbanise´. L’enregistrement des cas de cancers incidents a de´bute´ en 2005. L’e´tude de faisabilite´, soutenue scientifiquement et financie`rement par l’InVS, a dure´ quatre ans. Elle a e´te´ suivie par un comite´ de pilotage re´unissant les repre´sentants des partenaires institutionnels, des sources de donne´es et des financeurs et par un comite´ scientifique. Le registre des cancers de Lille et de sa re´gion a e´te´ qualifie´ par le Comite´ national des registres (CNR) en novembre 2008 pour une dure´e de trois ans. Il est rattache´ au groupement de coope´ration sanitaire « Centre de re´fe´rence re´gional en cance´rologie » (C2RC) qui unit le CHRU de Lille et le Centre de lutte contre le cancer (CLCC) – Centre Oscar-Lambret. L’objectif de ce travail est, d’une part, d’e´valuer l’exhaustivite´ de la premie`re anne´e d’enregistrement des cas incidents de cancers par le registre et, d’autre part, de comparer l’incidence

observe´e sur la ZPL a` l’incidence estime´e France entie`re pour cette meˆme anne´e. 2. Population et me´thodes 2.1. Population couverte La ZPL est un territoire fortement urbanise´, comprenant une centaine de communes de la couronne est-sud-ouest de Lille. Elle correspond a` une zone d’emploi de l’Institut national de la statistique et des e´tudes e´conomiques (Insee). En 2005, elle comptait 782 918 habitants (estimation Insee). La population d’e´tude est constitue´e des personnes aˆge´es de plus de 15 ans, domicilie´es dans la ZPL chez lesquelles une tumeur invasive solide a e´te´ diagnostique´e entre le 1er janvier 2005 et le 31 de´cembre 2005. Les enfants aˆge´s de moins de 15 ans et les leuce´mies sont exclus de l’enregistrement, pour cette premie`re anne´e, pour des raisons de faisabilite´. En effet, la sollicitation de sources de signalement spe´cifiques supple´mentaires n’e´tait alors pas en ade´quation avec les ressources en personnel du registre. 2.2. Donne´es enregistre´es Les informations recueillies syste´matiquement sont les nom, pre´nom, nom de jeune fille, date de naissance, sexe et adresse au diagnostic ainsi que la date de diagnostic, la topographie, le type histologique et la base de diagnostic du cancer. Les donne´es sont code´es selon le the´saurus de la classification internationale des maladies en oncologie troisie`me re´vision et les re`gles du re´seau Francim des registres des cancers franc¸ais, de l’European network of cancer registries (ENCR), du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et de l’International association of cancer registries.

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2.3. Signalement des cas, recueil des donne´es et validation des enregistrements Dans un registre, le signalement d’une tumeur comprend diffe´rents niveaux :  signalement par un type de source : le type de source correspond aux secteurs d’activite´ des sources : anatomocytopathologie (ACP), programme de me´dicalisation des syste`mes d’information, radiothe´rapie, assurance maladie (AM) ;  signalement par une source : la source est le service d’une structure publique ou prive´e dans lequel est re´alise´e l’activite´ : laboratoire d’ACP, de´partement d’information me´dicale (Dim), e´tablissement de radiothe´rapie, re´gime d’AM ;  signalement par notification : le nombre de notifications correspond au nombre de fois ou` une meˆme tumeur est signale´e par une meˆme source. Cette notification correspond a` un se´jour issu du programme de me´dicalisation des syste`mes d’information (PMSI) pour les Dim, a` une prise en charge pour les centres de radiothe´rapie, a` une notification de mise en affection longue dure´e (ALD) pour cancer pour les services de l’AM et a` un compte rendu anatomo-cytopathologique in extenso pour les laboratoires d’ACP. Le recueil de donne´es est re´alise´ aupre`s de chaque source inde´pendamment les unes des autres y compris au sein d’un meˆme e´tablissement de sante´. Dans le pre´sent travail, les signalements par sources sont pris en compte inde´pendamment du nombre de notifications. Par exemple, un laboratoire d’ACP signalant une meˆme tumeur plusieurs fois ne sera comptabilise´ qu’une fois. En revanche, un laboratoire d’ACP et un Dim, appartenant au meˆme e´tablissement de sante´, signalant chacun une meˆme tumeur, seront comptabilise´s comme deux sources distinctes. En 2005, les diffe´rentes sources signalant les tumeurs au registre sont :  quatre laboratoires d’ACP ;  vinght-et-un Dim des e´tablissements sanitaires des secteurs publics, para-publics et prive´s ;  un centre de radiothe´rapie (RT) ;  quatre re´gimes d’AM : Re´gime ge´ne´ral – CnamTS, Socie´te´ de secours minier – SSM, mutualite´ sociale agricole – MSA et Re´gime social des travailleurs inde´pendants – RSI. La collecte des donne´es est active, re´alise´e par le personnel du registre aupre`s de ces sources. Les cas uniquement signale´s par les Dim et/ou par l’AM et/ou par un laboratoire d’ACP, de`s lors que l’histoire clinique du patient mentionne´e sur le compterendu n’est pas informative, font l’objet d’une validation par consultation du dossier me´dical. En dernier ressort, un courrier est envoye´ au me´decin traitant ou au me´decin ayant inscrit le patient en ALD afin d’obtenir les informations non trouve´es dans les dossiers. Lors de l’importation des donne´es dans le syste`me informatique, le de´doublonnage des cas est assure´ par une

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proce´dure manuelle couple´e a` un algorithme base´ sur la ressemblance orthographique et phonique des variables nom, nom de jeune fille, pre´nom, sexe et date de naissance. Le logiciel DEPedits distribue´ par le Circ et l’ENCR est utilise´ pour ve´rifier la cohe´rence du codage. 2.4. Aspects le´gaux Le registre est autorise´ par la Commission nationale de l’informatique et des liberte´s (Cnil) apre`s avis favorable du Comite´ consultatif sur le traitement de l’information en matie`re de recherche dans le domaine de la sante´. L’information des patients est re´alise´e conforme´ment a` la de´libe´ration de la Cnil no 03-053 : le registre fournit aux me´decins cliniciens une note d’information a` remettre aux patients et a` afficher dans les salles d’attentes des hoˆpitaux, cliniques et cabinets. En paralle`le, une information e´crite est envoye´e aux patients par les services de l’AM lors de l’envoi de la notification d’admission en ALD. 2.5. Analyses 2.5.1. Exhaustivite´ Il existe trois cate´gories de me´thodes pour appre´cier l’exhaustivite´ d’un registre [4]. La premie`re s’appuie sur les sources de donne´es, la deuxie`me sur la ve´rification inde´pendante des cas et la troisie`me sur le suivi historique des donne´es. Pour le pre´sent travail, les deux premie`res cate´gories ont e´te´ retenues. Seules les tumeurs invasives incidentes en 2005 sont prises en compte dans le pre´sent travail. L’analyse des sources de donne´es a permis de calculer deux indicateurs : le nombre moyen de sources de signalement par cas et le pourcentage de ve´rification histologique des cas de cancer. Pour le calcul du nombre moyen de sources de signalement par cas, les signalements rec¸us en 2005 et 2006 ont e´te´ pris en conside´ration afin de repe´rer les patients signale´s en 2006, mais dont le cancer avait e´te´ diagnostique´ en 2005. Le nombre moyen de sources a e´te´ calcule´ pour toutes les tumeurs invasives confondues, puis par site anatomique et enfin par classe d’aˆge de cinq ans. Le pourcentage de cas ayant fait l’objet d’une confirmation cyto-histologique a e´te´ calcule´ pour 21 sites se´pare´ment chez les hommes et les femmes. Il a e´te´ compare´ a` ceux des autres registres du re´seau Francim publie´s dans « Cancer incidence in V continents » pour la pe´riode la plus re´cente, 1998 a` 2002 [5]. La ve´rification inde´pendante des cas s’appuie sur le calcul des ratios mortalite´/incidence (M/I). Le ratio M/I a e´te´ calcule´ pour la ZPL et pour la France entie`re pour 21 sites se´pare´ment chez les hommes et les femmes. Pour la ZPL, le nombre de de´ce`s a e´te´ fourni par l’InVS a` partir des donne´es du Centre d’e´pide´miologie des causes me´dicales de de´ce`s (Ce´piDcInserm). Au niveau national, le nombre de cas incidents et le nombre de de´ce`s pour l’anne´e 2005 ont e´te´ produits par le re´seau Francim en collaboration avec l’InVS, les hospices civils de Lyon, le Ce´piDc-Inserm et l’Institut national du cancer [6].

[(Fig._ 1)TD$FIG] 134

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Nb moyen de sources

4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5

Ly m ph om e Sy de st H èm od e gk Lè n in v r er e - ve Bo u x Os u c ce he n - P tr a ha l Œ ry s o nx ph a Te ge Ly st ic m C u le ph ol .m ut al ér .n in on Lar ho yn x dg ki n Po i en um on C or Se ps i n ut ér i C O n Ti ol o va ss i re n us R co ect nj u m on c Pa tifs nc ré a Ve s ss Th ie yr o Es ïde to m Pr ac os M tat el e an om e Pe au R ei n ho rs F Vé m é oie Lo la s c a ic u no m li s le at bi e io l n iai r e in dé fi n ie To ta l

0,0

Fig. 1. Nombre moyen de sources de signalement par site de cancer.

2.5.2. Comparaison de l’incidence observe´e sur la zone de proximite´ de Lille aux estimations France entie`re Dans le but de comparer l’incidence des cancers sur la ZPL a` l’incidence France entie`re estime´e, une standardisation directe sur la population mondiale a e´te´ re´alise´e afin de calculer les ratios des taux standardise´s d’incidence ZPL/France entie`re. Les donne´es de population utilise´es ont e´te´ fournies par l’Insee a` partir des projections « Omphale ». 3. Re´sultats 3.1. Exhaustivite´ En 2005, 11 807 patients ont e´te´ signale´s au registre, 53 ont refuse´ que leur tumeur soit enregistre´e. Sur les 13 748 tumeurs relie´es aux 11 754 patients n’ayant pas signifie´ de refus, 13 419 tumeurs (97,6 %) ont e´te´ « valide´es » : incluses car incidentes en 2005 (n = 3618), exclues (pre´valentes, personnes non domicilie´es dans la zone d’e´tude ou tumeurs non malignes). L’investigation des signalements rec¸us en 2006 a d’enregistrer 17 tumeurs invasives incidentes en 2005. [(Fig._permis 2)TD$FIG]

Ainsi, pour 2005, 3635 tumeurs incidentes invasives ont e´te´ enregistre´es dont 58,5 % chez des hommes. Pour ces tumeurs invasives, les signalements provenaient des Dim, de l’AM ou des ACP dans respectivement 93,1 %, 62,4 % et 47,3 % des cas. La consultation des dossiers me´dicaux a e´te´ ne´cessaire pour valider 88,2 % des tumeurs. Le nombre moyen de sources de signalement par cancer est de 2,7 [0–7] (Fig. 1 et 2). Ce nombre varie selon la localisation du cancer et l’aˆge du patient au diagnostic. Il est infe´rieur a` 2 pour les cancers du foie, de la peau hors me´lanome, ceux de la ve´sicule biliaire, et ceux dont le site primitif e´tait inconnu. Il diminue progressivement avec l’aˆge. Il est infe´rieur a` 2 chez les patients aˆge´s de plus de 85 ans. Les tumeurs n’ayant qu’une seule source de signalement repre´sentent 14,4 % des enregistrements (n = 524). Pour 76,9 % des cas cette source de signalement unique est un Dim (n = 403), dans 14,7 % des cas il s’agit d’un laboratoire d’ACP (n = 77). Vingt-sept tumeurs n’ont pas e´te´ signale´es. Elles ont le plus souvent e´te´ identifie´es lors du retour au dossier me´dical re´alise´ pour valider une autre tumeur primitive signale´e pour le meˆme patient.

4

Nb moyen de sources

3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0

s 9 4 9 4 4 9 4 4 9 4 9 9 9 4 plu -7 -7 -3 -3 -2 -5 -2 -4 -1 -6 -6 -5 -4 -8 et 25 75 50 65 55 30 80 60 45 70 15 40 20 35 85

Classe d'âge Fig. 2. Nombre moyen de sources de signalement par classe d’aˆge.

l ta To

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Tableau 1 Pourcentage de validation histocytologique et ratio mortalite´/incidence sur la zone de proximite´ de Lille et dans le re´seau Francim par site et par sexe. Hommes

Femmes

% de validation histocytologique Registre ZPL Le`vre-bouche-pharynx

97,0

Rapports (M/I)  100 Registres Fa

ZPL

% de validation histocytologique

Rapports (M/I)  100

Franceb

Registre ZPL

Registres Fa

100

97,2 a` 100

98,4 a` 99,9

27,8

34,2

ZPL 29,7

Franceb 26,9

¨sophage

93,8

93,3 a` 99,6

95,3

82,9

85,7

91,0 a` 100

114,3

76,4

Estomac

92,7

96,7 a` 100

78,0

67,5

86,7

92,5 a` 100

133,3

74,6

Coˆlon-rectum

95,5

96,3 a` 99,6

42,4

44,7

94,7

92,8 a` 99,4

44,0

45,5

Foie

37,5

29,3 a` 87,3

89,1

NP

22,2

37,7 a` 89,1

96,3

NP

Pancre´as

44,7

49,5 a` 85,3

94,7

NP

Larynx

95,5

95,9 a` 100

40,9

38,6

Poumon

90,9

92,2 a` 98,7

91,3

87,5

98,9 a` 100

28,6

23,4

96,0 a` 99,4

14,4

14,8

97,5 a` 100

11,1

4,1

Me´lanome de la peau Prostate Testicule

100 98,3 100

Sein

91,9

NP

20,0

31,4

91,4 a` 99,0

88,0

84,5

96,8 a` 100

15,6

16,3

98,0 a` 99,7

33,3

22,5

100

98,1 a` 100

28,2

34,8

100

95,2 a` 100

10,1

31,2

95,6

90,5 a` 99,1

55,9

72,7

85,2

92,1 a` 100

48,1

63,8

84,0 100

98,7

Col de l’ute´rus Corps de l’ute´rus Ovaires Vessie

36,9 a` 82,6 92,3 a` 100

27,0 100

97,1

97,7 a` 99,5

51,0

42,5

Rein

88,1

86,4 a` 97,1

25,4

43,8

73,5

84,4 a` 96,9

38,2

51,7

Syste`me nerveux central

76,9

65,2 a` 94,6

115,4

74,9

91,3

62,5 a` 92,8

65,2

71,4

97,8 a` 100

7,7

9,2

98,2 a` 100

4,3

5,1

NP

28,6

40,6

NP

51,2

41,7

NP

6,3

16,1

NP

0,0

12,0

Thyroı¨de Lymphome malin non hodgkinien Lymphome de Hodgkin

100 98,0 100

100 97,6 100

ZPL : zone de proximite´ de Lille. a Donne´es 1998 a` 2002 des registres franc¸ais issues de [5]. b Ratios 2005 calcule´s a` partir de [19].

Le pourcentage de validation histocytologique des tumeurs est de 91,4 %. Il varie selon les localisations de cancers (Tableau 1) : il est moins e´leve´ pour les organes profonds comme le foie ou le pancre´as. Globalement, ce pourcentage est proche de celui observe´ dans les autres registres du re´seau Francim. Les ratios M/I sur la ZPL sont supe´rieurs a` 100 pour les cancers du syste`me nerveux central chez l’homme, les cancers de l’œsophage et de l’estomac chez la femme. Les ratios des cancers du testicule et du sein semblent e´leve´s par rapport a` ceux calcule´s pour la France entie`re. Les ratios concernant les pathologies lymphomateuses chez l’homme, le cancer du rein et du corps de l’ute´rus semblent en revanche plutoˆt moins e´leve´s que ceux calcule´s sur la France entie`re. Aucun de´ce`s n’a e´te´ enregistre´ chez les femmes sur la ZPL pour les lymphomes de Hodgkin. 3.2. Comparaison de l’incidence observe´e sur la zone de proximite´ de Lille aux estimations France entie`re Les taux d’incidence standardise´s (Tableau 2) montrent que, chez l’homme, les cancers les plus fre´quents sont comme au

niveau national, les cancers de la prostate, du poumon et du coˆlon-rectum. Chez la femme, les cancers les plus fre´quents sont au niveau local : celui du sein, du coˆlon-rectum, puis du corps de l’ute´rus, alors qu’au niveau national le cancer de la thyroı¨de est en troisie`me position. La comparaison des taux standardise´s d’incidence montre, chez l’homme, une surincidence dans la ZPL des cancers de la sphe`re le`vre-bouche-pharynx, de l’œsophage, du lymphome de Hodgkin, de la vessie, du poumon et du foie. Chez les femmes, l’incidence des cancers du foie, de la vessie, de l’ovaire et du corps de l’ute´rus est plus e´leve´e dans la ZPL. 4. Discussion Les indicateurs d’exhaustivite´ e´tudie´s sont globalement comparables a` ceux des autres registres du re´seau Francim. Bien que l’exhaustivite´ de l’enregistrement de certains cancers soit a` discuter, d’autres apparaissent en sur- ou sous-incidence par rapport aux estimations nationales. La comparaison aux donne´es nationales montre une surincidence des cancers lie´s au

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Tableau 2 Incidence des cancers dans la zone de proximite´ de Lille et en France, 2005. Hommes

Femmes

Nombre de Taux standardise´s Taux standardise´s Rapport Nombre Taux standardise´s Taux standardise´s Rapport d’incidenceb des taux cas observe´s d’incidencea d’incidenceb des taux de cas observe´s d’incidencea ZPL France ZPL/France ZPL ZPL France ZPL/France ZPL LBP ¨sophage Estomac Coˆlon-rectum Foie Pancre´as Larynx Poumon Ple`vre Me´lanome de la peau Prostate Testicule Sein Col de l’ute´rus Corps de l’ute´rus Ovaires Vessie Rein SNC Thyroı¨de LMNH LH

198 64 41 224 64 38 44 320 6 35 645 27

102 67 13 13 49 16

46,5 14,4 8,7 47,7 14,3 7,6 9,5 70,9 1,1 6,9 139,2 6,3

21,5 14,4 3,1 2,8 11,6 3,9

21,8 7,9 8,2 37,7 10,4 7,7 7,1 50,5 1,2 7,6 121,2 6,4

14,6 11,4 5,7 4,2 12,1 2,3

2,1 1,8 1,1 1,3 1,4 1,0 1,3 1,4 1,0 0,9 1,1 1,0

1,5 1,3 0,5 0,7 1,0 1,7

37 14 15 209 27 37 5 75 4 32

6,9 2,0 2,1 30,2 3,4 4,6 0,7 13,2 0,4 5,3

5,2 1,5 3,1 24,5 2,0 4,7 1,0 12,6 0,4 8,8

1,3 1,3 0,7 1,2 1,7 1,0 0,7 1,0 1,0 0,6

538 39 79 68 27 34 23 47 41 11

100,9 7,2 13,9 12,3 3,4 5,0 4,5 9,8 7,0 2,5

101,5 7,1 10,0 8,1 2,1 4,5 4,2 12,7 8,2 2,5

1,0 1,0 1,4 1,5 1,6 1,1 1,1 0,8 0,9 1,0

ZPL : zone de proximite´ de Lille ; LBP : le`vre-bouche-pharynx ; SNC : syste`me nerveux central ; LMNH : lymphome malin non-hodgkinien ; LH : lymphome de Hodgkin. a Taux pour 100 000 personnes-anne´es standardise´s sur la population mondiale. b Be´lot et al. [6].

tabac et a` l’alcool dans la zone ge´ographique couverte par le registre. Il existe d’autres crite`res d’appre´ciation de l’exhaustivite´ d’enregistrement que ceux que nous avons utilise´s [7]. Les crite`res base´s sur l’utilisation des certificats de de´ce`s ne peuvent eˆtre retenus en France en l’absence d’acce`s a` cette source d’information. Une e´tude par comparaison historique n’e´tait bien suˆr pas envisageable pour cette premie`re anne´e d’enregistrement. Il en est de meˆme de la me´thode de recriblage des cas (environ trois quarts des tumeurs signale´es en 2005 n’e´taient pas incidentes). Une e´tude capture-recapture est possible et est en cours de re´alisation afin de comple´ter nos analyses. Les de´fauts d’enregistrement des cas dans un registre peuvent provenir :  du refus de participation d’une source d’information ;  d’une sollicitation trop restreinte des sources dans et hors re´gion d’e´tude ;  d’une transmission incomple`te de donne´es par une source. Le mouvement de gre`ve national des anatomo-cytopathologistes a complique´ la collecte des donne´es. Le registre n’a pas eu acce`s a` tous les comptes-rendus anatomo-cytopathologiques : trois laboratoires sur les sept sollicite´s n’ont pas transmis leurs donne´es. Bien que 91,4 % des tumeurs soient confirme´es histologiquement, seules 47,3 % ont e´te´ signale´es par les

laboratoires d’ACP. Ainsi, un sous-enregistrement des cancers n’est pas exclu pour les patients n’ayant jamais e´te´ hospitalise´s ni de´clare´s en ALD. Tous les e´tablissements publics et prive´s situe´s sur la ZPL ont accepte´ de transfe´rer leurs donne´es au registre. Les Dim des e´tablissements de la re´gion « hors ZPL » prenant en charge les patients re´sidants dans la ZPL ont e´te´ contacte´s. Les principaux e´tablissements ont accepte´ de participer, ce qui assure une bonne exhaustivite´ du recueil des signalements PMSI. L’analyse des donne´es issues du PMSI (re´alise´e par les Dim des deux e´tablissements membres du C2RC a` travers le programme de recherche Oncodim – donne´es non publie´es) montre que les patients domicilie´s dans le bassin Lille – Me´tropole (comprenant trois zones d’emploi dont la ZPL) et hospitalise´s pour cancer effectuaient, en 2007, 96,6 % de leurs se´jours dans les e´tablissements de leur bassin de vie. Sur le territoire national, des de´marches sont effectue´es par le re´seau Francim afin d’obtenir l’autorisation de re´aliser des extractions groupe´es du PMSI dans les grands centres hospitaliers prenant fre´quemment en charge les patients atteints de cancer (Institut Gustave Roussy, AP–HP. . .). En 2004, 99 % de la population de la re´gion Nord-Pas-deCalais e´tait affilie´e a` l’un des quatre re´gimes de l’AM sollicite´s par le registre [8]. Les tumeurs sans signalement ont e´te´ repe´re´es lors du retour au dossier me´dical. Ces tumeurs correspondaient a` des deuxie`mes tumeurs le plus souvent de diagnostic clinique et

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survenant chez des patients de´ja` en traitement pour un autre cancer ou concernant des sites anatomiques proches (ute´rus/col de l’ute´rus et ute´rus/ovaire). D’autres cas correspondaient a` un de´faut de signalement d’un e´tablissement. Au 1er janvier 2002, le nombre moyen de sources par cas dans les registres ge´ne´raux franc¸ais variait de 2,0 a` 3,3 [9]. Il n’existe pas de donne´es de re´fe´rence nationale par localisation ni par aˆge pour cet indicateur. Pour le registre de Lille, les localisations les moins souvent signale´es par les sources sont les cancers de primitif inconnu, la ve´sicule biliaire, la peau hors me´lanome et le foie. Les cancers de primitif inconnu, diagnostique´s a` partir de me´tastases sont de pronostic pe´joratif et font l’objet d’une prise en charge palliative. La probabilite´ d’hospitalisation multiple de ces patients est donc faible. Les cancers de la ve´sicule biliaire font l’objet d’un geste chirurgical souvent sans traitement adjuvant. Leur mauvais pronostic diminue la probabilite´ d’hospitalisations multiples. Pour les cancers de la peau hors me´lanome, l’exe´re`se peut eˆtre re´alise´e en ambulatoire et ne donne alors pas lieu a` une hospitalisation. Pour le foie, les carcinomes he´patocellulaires n’ont pas toujours de pre´le`vement histologique. Le nombre moyen de sources de signalements par cas diminue chez les personnes les plus aˆge´es pour lesquelles les investigations sont peu pousse´es et les traitements sont fre´quemment de type palliatif. La probabilite´ de nouvelle hospitalisation suite au diagnostic de cancer est donc moins e´leve´e dans cette population par rapport a` une population plus jeune. Le pourcentage de validation histocytologique est proche de ce qui est observe´ dans les autres registres du re´seau Francim [5]. Il montre que le registre ne se base pas uniquement sur les signalements anatomo-cytopathologiques et qu’il enregistre aussi les cas diagnostique´s a` partir de la clinique ou d’examens paracliniques [10]. Cette de´marche, visant a` ame´liorer l’exhaustivite´, est indispensable pour certaines localisations de cancers d’organes profonds tels que les cancers primitifs du foie ou du pancre´as pour lesquels un diagnostic histologique n’est pas toujours possible. Le ratio M/I refle`te le diffe´rentiel entre l’incidence d’un cancer et sa le´talite´ qui de´pendent notamment de l’acce`s au de´pistage lorsqu’il existe, de l’acce`s aux soins, de la qualite´ de la prise en charge the´rapeutique, des caracte´ristiques et des comportements des patients. . . Ces e´le´ments varient d’une re´gion a` l’autre. L’interpre´tation isole´e de ce ratio n’est donc pas aise´e, elle doit eˆtre associe´e a` celle des autres indicateurs e´tudie´s. Chaque indicateur pre´sente´ dans cet article ne suffit pas a` lui seul a` qualifier l’exhaustivite´. L’appre´ciation de l’exhaustivite´ pre´sente´e ci-apre`s est re´alise´e sur un faisceau d’arguments. 4.1. Incidence des cancers chez les hommes En France, un gradient de´croissant d’incidence nord-sud pour les cancers lie´s a` la consommation de tabac et d’alcool est connu [11]. Nos re´sultats sont cohe´rents avec ce constat de sante´ publique. Chez les hommes domicilie´s dans la ZPL, une surincidence des cancers le`vre-bouche-pharynx, larynx, œsophage, poumon, foie, vessie, rein est observe´e. Pour ces

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localisations, les diffe´rents indicateurs d’exhaustivite´ montrent que ces donne´es sont valides. La surincidence des cancers colorectaux apparaıˆt aussi valide. L’obe´site´, facteur de risque reconnu [12], est plus fre´quente dans la re´gion Nord-Pas-de-Calais par rapport aux autres re´gions franc¸aises [13]. Cette surincidence peut aussi eˆtre lie´e a` la campagne de de´pistage en place depuis de´cembre 2003 dans le de´partement du Nord. En 2005 : seuls 22 de´partements be´ne´ficiaient d’un de´pistage organise´ des cancers colorectaux [14]. Notons que le taux de cancers colorectaux de´tecte´s pour 1000 personnes de´piste´es dans le Nord e´tait parmi les plus e´leve´s sur les 19 de´partements analyse´s au 1er novembre 2007. La surincidence observe´e pour les lymphomes de Hodgkin devra eˆtre confirme´e sur les anne´es d’incidence ulte´rieure au vu des faibles effectifs de patients. L’incidence observe´e des cancers de l’estomac, du pancre´as, du me´lanome cutane´, de la prostate, du testicule et des lymphomes malins non hodgkiniens est proche de celle estime´e pour le territoire national avec des crite`res d’exhaustivite´ corrects. Afin de minimiser le risque de sous-enregistrement lie´ a` la pratique de ponction-biopsies de prostate en secteur libe´ral et pallier la non-transmission au registre de la totalite´ des comptes rendus anatomo-cytopathologiques, les dossiers ambulatoires des e´tablissements ayant ce type d’activite´ ont e´te´ passe´s syste´matiquement en revue par le personnel du registre inde´pendamment des signalements PMSI. L’incidence des cancers du syste`me nerveux central est infe´rieure a` l’incidence nationale. Le ratio M/I est supe´rieur a` 100 alors qu’il est de 75 au niveau national. Deux hypothe`ses, qui ne peuvent eˆtre tranche´es au vu des faibles effectifs, peuvent eˆtre envisage´es : une re´elle sous-incidence ou un de´faut d’enregistrement. L’incidence de ces cancers sera a` analyser sur une pe´riode de plusieurs anne´es. L’incidence des cancers de la thyroı¨de est infe´rieure a` l’incidence nationale avec des crite`res d’exhaustivite´ corrects. Compte tenu de la faible fre´quence de ces cancers, ce constat devra eˆtre ve´rifie´ sur une pe´riode de plusieurs anne´es. 4.2. Incidence des cancers chez les femmes Pour une grande partie des cancers e´tudie´s, les effectifs sont faibles. Les incidences observe´es sont a` confirmer sur une pe´riode d’observation plus longue. Comme chez l’homme, les re´sultats vont dans le sens d’une surincidence des cancers lie´s a` la consommation de tabac et d’alcool. Les crite`res d’exhaustivite´ sont corrects pour les sites le`vre-bouche-pharynx, foie, vessie. Pour les cancers de l’œsophage, le ratio M/I est supe´rieur a` 100 dans la ZPL versus 76 au niveau national. Au vu des faibles effectifs, l‘analyse de plusieurs anne´es d’enregistrement permettra de ve´rifier si l’incidence n’est pas sous-estime´e. La sous-incidence des cancers du larynx ne peut pas eˆtre affirme´e. La filie`re de prise en charge de ces cancers est identique a` celle des cancers le`vre-bouche-pharynx, cependant, un sous-enregistrement de quelques cas ne peut eˆtre exclu.

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L’incidence observe´e des cancers du pancre´as, du poumon, du col de l’ute´rus et du lymphome malin non hodgkinien est proche de celle estime´e pour le territoire national avec des crite`res d’exhaustivite´ corrects. La sous-incidence observe´e des cancers de l’estomac pourrait eˆtre due a` un le´ger de´faut d’enregistrement qu’il y aura lieu de ve´rifier. Pour les meˆmes raisons que celles e´voque´es pour les hommes, la le´ge`re surincidence des cancers colorectaux apparaıˆt valide. Une sous-incidence est observe´e pour les me´lanomes de la peau. Contrairement a` la situation nationale, il a e´te´ enregistre´ davantage de me´lanomes chez les hommes que chez les femmes. Ces re´sultats traduisent probablement un de´faut d’enregistrement notamment dans le secteur ambulatoire, en lien avec la gre`ve de certains anatomo-cytopathologistes. Les surincidences des cancers du corps de l’ute´rus et de l’ovaire semblent valides au vu des crite`res d’exhaustivite´. Pour le cancer de l’ute´rus, ce re´sultat peut eˆtre mis en paralle`le avec la pre´valence de l’obe´site´ fe´minine [13] dans la re´gion NordPas-de-Calais au regard du reste du territoire national. L’incidence observe´e des cancers du sein est proche de l’incidence nationale. Il est possible que certains cancers du sein n’aient pas e´te´ enregistre´s du fait de la non-participation de laboratoires d’anatomopathologie. En effet, les femmes dont les biopsies ont e´te´ interpre´te´es dans ces laboratoires d’ACP et qui ont ensuite e´te´ traite´es par hormonothe´rapie seule sans de´claration en affection longue dure´e et sans hospitalisation peuvent ne pas eˆtre connues du registre. Il s’agit ge´ne´ralement de personnes aˆge´es. Toutefois, les indicateurs sociaux retrouve´s dans la re´gion Nord-Pas-de-Calais ne plaident pas en faveur d’une surincidence importante de ces cancers dans la ZPL par rapport a` la France entie`re. En effet, le taux de choˆmage, la part de population couverte par la couverture maladie universelle comple´mentaire et le nombre de be´ne´ficiaires du revenu minimum d’insertion sont plus nombreux dans le Nord par rapport au territoire national [15], alors que les cancers du sein ` restent associe´s a` un niveau socio e´conomique e´leve´ [16]. A ´ ` titre indicatif, le taux d’incidence observee en 2003 a 2005 dans la Somme e´tait de 102,5 pour 100 000 habitants [17]. L’incidence des cancers du syste`me nerveux central (SNC) et des lymphomes de Hodgkin sont proches de l’incidence nationale. Au vu des faibles effectifs, l’incidence de ces sites sera a` analyser sur une pe´riode de plusieurs anne´es. Comme chez les hommes, l’incidence des cancers de la thyroı¨de est infe´rieure a` l’incidence nationale avec des crite`res d’exhaustivite´ corrects. 5. Conclusion La premie`re anne´e d’incidence valide´e au Registre ge´ne´ral des cancers de Lille et de sa re´gion montre une exhaustivite´ des cas de cancers correcte pour les crite`res e´tudie´s. Cette e´valuation est a` poursuivre avec une e´tude capture-recapture et sur les anne´es ulte´rieures. Les incidences observe´es sur la ZPL pour les cancers de faible fre´quence seront a` analyser sur plusieurs anne´es d’observation.

Une surincidence des cancers lie´s a` la consommation de tabac et d’alcool a e´te´ identifie´e confirmant les re´sultats de pre´ce´dents travaux re´alise´s dans la re´gion [8,18]. L’incidence des cancers le`vre-bouche-pharynx chez les hommes est la plus e´leve´e des registres me´tropolitains. Le Registre des cancers de Lille et de sa re´gion constitue un outil pertinent en sante´ publique, pour la surveillance e´pide´miologique des cancers en milieu urbain. Des projets de recherche e´pide´miologique notamment sur les cancers des voies ae´rodigestives supe´rieures sont en cours. De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Remerciements L’e´quipe du registre tient a` remercier tous les personnels et structures participant au signalement des patients ainsi que ses financeurs (Institut de veille sanitaire, Institut national du cancer, agence re´gionale de Sante´ Nord-Pas-de-Calais, conseil re´gional Nord-Pas-de-Calais et Comite´ Nord de la Ligue contre le cancer). Re´fe´rences [1] Arreˆte´ du 6 novembre 1995 relatif au Comite´ national des registres. Te´le´chargeable : http://www.invs.sante.fr/surveillance/cancers/arrete_ cnr.htm. [2] Mission interministerielle pour la lutte contre le cancer. Plan cancer 2003– 2007. Te´le´chargeable : http://www.plan-cancer.gouv.fr/historique/plancancer-2003-2007.html. [3] E´tude de faisabilite´ du registre ge´ne´ral des cancers du Nord. Rapport d’e´tude 2004–2008. Te´le´chargeable : http://www.invs.sante.fr/publications/2009/registre_cancers_nord/index.html. [4] Parkin DM, Chen VW, Ferlay J, Galceran J, Storm HH, Whelan SL. Comparabilite´ et controˆle de qualite´ dans l’enregistrement des cancers. Rapport technique du Centre international de recherche sur le cancer, No 19. Lyon: CIRC; 1996. [5] Curado MP, Edwards B, Shin HR, Storm H, Ferlay J, Heanue M, et al. Cancer incidence in five continents, Vol. IX IARC Scientific Publications No. 160. Lyon: IARC; 2007. [6] Be´lot A, Grosclaude P, Bossard N, Jougla E, Benhamou E, Delafosse P, et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1980–2005. Rev Epidemiol Sante Publique 2008;56:159–75. [7] Parkin DM, Bray F. Evaluation of data quality in the cancer registry: principles and methods Part II. Completeness. Eur J Cancer 2009;45(5): 756–64. [8] PRS cancers challenge. Services me´dicaux des re´gimes d’assurance maladie. Le cancer dans le Nord-Pas-de-Calais. Incidence 2004. Vol. 8. [9] Remontet L, Buemi A, Velten M, Jougla E, Este`ve J. E´volution de l’incidence et de la mortalite´ par cancer en France de 1978 a` 2000. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire; 2003. [10] Bray F, Parkin DM. Evaluation of data quality in the cancer registry: principles and methods. Part I: comparability, validity and timeliness. Eur J Cancer 2009;45(5):747–55. [11] Fe´de´ration nationale des observatoires re´gionaux de sante´. Le cancer dans les re´gions de France : mortalite´, incidence, affections de longue dure´e, hospitalisations. Collection « Les e´tudes des re´seaux des ORS ». 2006. Te´le´chargeable : http://www.fnors.org/fnors/ors/travaux/synthesekcer.pdf. [12] Haggar FA, Boushey RP. Colorectal cancer epidemiology: incidence, mortality, survival, and risk factors. Clin Colon Rectal Surg 2009;22(4): 191–7.

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[16] Kelsey JL, Berkowitz GS. Breast cancer epidemiology. Cancer Res 1988;48(20):5615–23. [17] Donne´es consultables sur le site Internet de l’InVS : http://www.invs. sante.fr/surveillance/cancers/default.htm. [18] Adenis L, Lefebvre JL, Cambier L. Registry of cancers of the upper respiratory and digestive tract at the Northern and Pas-de-Calais departments from 1984 to 1986. Bull Cancer 1988;75(8):745–50. [19] Be´lot A, Velten M, Grosclaude P, Bossard N, Launoy G, Remontet L, et al. Estimation nationale de l’incidence et de la mortalite´ par cancer en France entre 1980 et 2005. Saint-Maurice (Fra): Institut de veille sanitaire; 2008, 132 p. Disponible sur : www.invs.sante.fr.