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SYNDROMES MYÉLODYSPLASIQUES THÉMATIQUE À TAPER Épidémiologie des syndromes myélodysplasiques (SMD) et des syndromes myélodysplasiques/syndromes myélo...

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SYNDROMES MYÉLODYSPLASIQUES THÉMATIQUE À TAPER

Épidémiologie des syndromes myélodysplasiques (SMD) et des syndromes myélodysplasiques/syndromes myéloprolifératifs (SMD/SMP) Expérience du Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie Xavier Troussarda,b,*, Michèle Maleta,b, Virginie Ducheneta, Dominique Mouchela, Stéphane Chézec, Albert Collignona

RÉSUMÉ L ét Les études d é épidémiologiques idé i l i descriptives d i ti sur lles syndromes d myélodysplaél d l siques (SMD) sont peu nombreuses et montrent des taux bruts d’incidence variant entre 1,0/100 000 au Japon et 9,3/100 000 au Royaume-Uni. Nous présentons les données du Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie (RRHMBN) et nous montrons que les SMD représentent 13 % de l’ensemble des hémopathies malignes. Les anémies réfractaires (RA) sont les plus fréquentes, représentant près de la moitié (48,4 %) de l’ensemble des SMD. Le taux d’incidence standardisé (TSM) de l’ensemble des SMD sur la population mondiale est pour les trois départements de 2,55 /100 000 +/- 0,22 globalement, plus élevé chez l’homme (3,64 +/- 0,38) que chez la femme (1,78 +/- 0,25) (sex ratio : 2,04). L’incidence des SMD augmente avec l’âge avec un taux spécifique de 1,75/100 000 pour la tranche d’âge 50-54 ans et de 24,03 et 37,83/100 000 pour les tranches d’âge respectivement de 70-74 ans et 75-79 ans. Les variabilités d’incidence observées peuvent s’expliquer par la grande hétérogénéité des SMD, les variations de classification des hémopathies malignes évoluant avec le temps et enfin l’absence de standardisation de l’enregistrement dans les différents registres. Les données d’un Registre spécialisé sont nécessaires pour améliorer les connaissances de ces hémopathies malignes. Syndromes myélodysplasiques – épidémiologie descriptive – incidence.

a Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie (RRHMBN) Caen b Laboratoire d’hématologie Centre hospitalier universitaire de la Côte-de-Nacre 14033 Caen cedex c Service d’hématologie clinique Centre hospitalier universitaire de la Côte-de-Nacre 14033 Caen cedex

SUMMARY The epidemiology of myelodysplastic syndromes (MDS) and myeloproliferatif/myelodysplastic diseases (MDS/MPS). Experience of the Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie (National registry for malignant hemopathies in Basse-Normandie; RRHMBN). The epidemiologic studies concerning the myelodysplastic syndromes (MDS) are limited and the crude incidence rate are heterogeneous, ranging from 1,0/100 000 in Japan and 9,3/100 000 in UK. We present the data from the Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie (National registry for malignant hemopathies in Basse-Normandie; RRHMBN). The myelodysplastic syndromes account for 13% of all the new cases of malignant hemopathies occurring in patients residing in Basse-Normandie, at diagnosis. Refractory anaemia are common and account for half of the MDS cases. The world-standardized incidence rates (WSR) are 2,55 /100 000 +/- 0,22 overall, 3,64 +/- 0,38 in man and 1,78 +/- 0,25 in woman (sex ratio : 2,04). The WSR increases with age : 1,75/100 000 in 50-54 years and 24,03 et 37,83/100 000 in 70-74 and 75-79 years, respectively. The differences in incidence can be explained by the heterogeneity of MDS, exhaustivity of the data collection, diagnostic criteria and the use of different classification over time. The epidemiologic data emerging from a regional and specialized registry are important in developing epidemiologic strategy and improving the knowledge in MDS. Myelodysplastic syndromes – epidemiology – incidence.

* Correspondance [email protected] article reçu le 18 décembre, accepté le 23 décembre 2008. © 2009 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUIN 2009 - N°413 //

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1. Introduction Les études épidémiologiques concernant les syndromes myélodysplasiques (SMD) sont peu nombreuses, en particulier en France. Le réseau France Cancer Incidence et Mortalité (Francim) a mis en place en France un système de surveillance sanitaire des pathologies cancéreuses et des hémopathies malignes. Il fournit des données d’incidence et de survie brute et relative. Les registres généraux et spécialisés, agréés par le Comité national des registres (CNR), permettent ainsi de surveiller approximativement 8 millions de personnes, soit 13 à 14 % de la population française. Les données, centralisées dans une base commune située aux Hospices civils de Lyon (HCL) sont gérées de façon conjointe avec l’Institut de veille sanitaire. Les estimations nationales d’incidence des hémopathies malignes proviennent des données enregistrées entre 1978 et 2005 dans les différents registres français [1]. En France, le nombre de nouveaux cas de cancer est estimé en 2005 à 320 000 (170 000 en 1980) et le nombre de décès à 146 000 (130 000 en 1980). En terme de fréquence décroissante, on observe chez l’homme, parmi les 21 localisations de cancers analysées, les lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH), le myélome multiple (MM), les leucémies aiguës, la leucémie lymphoïde chronique (LLC) puis la maladie de Hodgkin (MH). Chez la femme, parmi les 23 localisations analysées, un classement comparable est observé avec les LMNH, les leucémies aiguës, le MM, la MH et la LLC (tableau I). Les estimations françaises ne donnent malheureusement pas de données sur l’incidence des syndromes myélodysplasiques (SMD). Les SMD sont des hémopathies malignes très hétérogènes. La dernière classification WHO 2001 [2], qui fait suite à la classification FAB [3], distingue les SMD et les SMD/syndromes myéloproplifératifs (SMD/SMP). Le diagnostic de SMD repose essentiellement sur une analyse quantitative et qualitative des frottis sanguins et médullaires. Les SMD comprennent six entités : 1) l’anémie réfractaire (RA), avec anémie, blastes sanguins rares (< 1%) ou absents, dysplasie érythroblastique médullaire, blastes médullaires < 5 %, sidéroblastes en couronne absents ou < 15 % ; 2) l’anémie réfractaire avec sidéroblastes en couronne (RARS), avec anémie, absence de blastes sanguins, dysplasie érythroblastique médullaire, blastes médullaires < 5 % et sidéroblastes en couronne > 15 % ; Tableau I – Estimation 2005 des hémopathies malignes en France et rang de classement (R) parmi les cancers. Homme (n)

R

Femme (n)

R

Lymphomes malins non hodgkiniens

5 523

6

4 701

7

Myélome multiple et maladies immunoprolifératives

2 445

16

2 071

16

Leucémies aiguës

1 657

17

1 425

14

Leucémie lymphoïde chronique

1 856

19

1 368

20

787

20

757

17

Maladie de Hodgkin

n : nombre de cas incidents estimés en 2005 en France. R : rang de classement parmi les 21 cancers les plus fréquents chez l’homme ou les 23 cancers les plus fréquents chez la femme.

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3) la cytopénie réfractaire avec dysplasie multilignée (RCMD), avec bicytopénie ou pancytopénie, blastes sanguins rares (< 1 %) ou absents sans corps d’Auer, monocytes sanguins < 1 x 109/L, dysplasie médullaire dans au moins 10 % des cellules de la lignée granuleuse, blastes médullaires < 5 % sans corps d’Auer, sidéroblastes en couronne absents ou < 15 % ; 4) l’anémie réfractaire avec excès de blastes (RAEB). Deux entités sont individualisées : la RAEB-I (5-9 % de blastes médullaires) et la RAEB-II (10-19 % de blastes). Si des corps d’Auer sont présents, la RAEB est classée RAEB-II ; 5) SMD associé à une del(5q) isolée avec anémie, blastes dans le sang < 5 % ou absents, thrombocytose et présence de nombreux mégacaryocytes médullaires hypolobés avec rares blastes (< 5 %) sans corps d’Auer et une del (5q) isolée ; 6) les SMD inclassables. Les SMD/SMP comprennent quatre entités différentes [4] : 1) la leucémie myélomonocytaire chronique (CMML), 2) la leucémie myéloïde chronique atypique, 3) la leucémie myélomonocytaire juvénile (JMML), 4) les SMD/SMP inclassables. Dans cet article, nous présentons les données du Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie (RRHMBN) et nous analysons les données épidémiologiques descriptives de 703 patients présentant un SMD ou un SMD/SMP parmi les 5 510 patients avec une hémopathie maligne enregistrée entre 1997 et 2004.

2. Matériel et méthodes Le Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie (RRHMBN) est un registre, labellisé par le CNR en janvier 2005, qui appartient au réseau Francim. Les nouveaux cas d’hémopathies malignes relatifs aux personnes domiciliées en Basse-Normandie font l’objet d’un recueil actif auprès des différents établissements de soins de la région et dans les centres de soins frontaliers. Le recoupement de ces informations avec les données des laboratoires de biologie, d’anatomopathologie et avec celles des départements d’information médicale (DIM) permettent d’optimiser l’exhaustivité et la qualité du recueil. Les cas sont ensuite enregistrés sur la base de données du registre hébergée sur un serveur sécurisé du CHU de Caen. Les hémopathies malignes sont codées selon la 3e édition de la Classification internationale des maladies oncologiques (ICDO-3) et selon la codification ADICAP (version 2001) spécialisée hématologie. Le Registre suit les règles de codage nationales publiées dans le guide méthodologique pour l’enregistrement des hémopathies malignes (Francim, InVS, 2007). Les données de population utilisées sont d’une part la population mondiale-type [5] et d’autre part les estimations au 1er janvier de la population bas-normande fournies par l’INSEE pour l’année 2001, centre de la période d’analyse 1997-2004. Le taux brut d’incidence (TI) correspond au nombre de nouveaux cas (N) rapporté à l’effectif de la population soumise au risque, ou nombre de personnes-années (PA), et exprimé pour 100 000 personnes-années :

( TI = PAN . 100 000 )

SYNDROMES MYÉLODYSPLASIQUES

Où PA est le produit de la population annuelle moyenne par le nombre d’années de la période d’étude [6]. Les taux d’incidence standardisés sur la population mondiale-type (TSM) et leurs intervalles de confiance ont été calculés selon la méthode [6] k=18

( TSM = ∑ NN . T ) i

i

i=1

Tableau II – Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie. Répartition des 5 510 cas incidents sur la période 1997-2004. Type d’hémopathie maligne

Effectif

%

Lymphome malin non hodgkinien (LMNH)

1477

26,8%

Lymphome lymphocytique

119

2,2%

Lymphome à cellules du manteau

56

1,0%

Lymphome folliculaire

289

5,2%

Lymphome de la zone marginale (SLVL exclu)

100

1,8%

Lymphome diffus à grandes cellules

599

10,9%

Lymphome de Burkitt

18

0,3%

Autres LMNH-B

126

2,3%

LMNH-T

170

3,1%

LLC et autres hémopathies lymphoïdes matures

921

16,7%

Leucémie lymphoïde chronique

647

11,7%

Leucémie à tricholeucocytes

58

1,1%

Lymphome splénique à lymphocytes villeux (SLVL)

33

0,6%

Autres hémopathies lymphoïdes B

138

2,5%

Autres hémopathies lymphoïdes T

45

0,8%

Myélome multiple des os (MM)

755

13,7%

Syndromes myélodysplasiques (SMD)

703

12,8%

Cytopénies réfractaires

340

6,2%

Anémies réfractaires avec excès de blastes

176

3,2%

Anémie sidéroblastique

78

1,4%

Leucémie myélomonocytaire chronique

56

1,0%

Autres syndromes myélodysplasiques

53

1,0%

Syndromes myéloprolifératifs chroniques (SMP)

662

12,0%

Leucémie myéloïde chronique

126

2,3%

Maladie de Vaquez

144

2,6%

Thrombocytémie essentielle

262

4,8%

Myélofibrose primitive

68

k=18

Variance (TSM) =

2

( ∑ NN i

i=1

2

. Mi PAi2

)

Intervalle de confiance à 95 % (TSM) = TSM ± 1,96 √ variance (TSM) Où : r/i est la population de la tranche d’âge quinquennale i dans la population mondiale de référence, r/MFOPNCSFUPUBMEFTVKFUTEBOTMBQPQVMBUJPONPOEJBMF de référence, r5i le taux spécifique de la population étudiée dans la tranche d’âge i, r.i le nombre de cas incidents dans la tranche d’âge i de la population étudiée, r1"i le nombre de personnes-années dans la tranche d’âge i de la population étudiée.

3. Résultats La répartition des 5 510 hémopathies malignes enregistrées dans le RRHMBN est présentée dans le tableau II. Avec 703 cas dont 408 cas (58 %) chez l’homme, les SMD représentent 13 % de l’ensemble des cas d’hémopathies malignes après les LMNH (27 %), les leucémies lymphoïdes chroniques (LLC) et autres hémopathies lymphoïdes matures (17 %), et le MM (14 %). La répartition des différents sous-types de SMD est montrée dans le tableau III. Les cytopénies réfractaires (RA et RCMD) représentent 48,4 % de l’ensemble des SMD, les RAEB 25 %, les RARS 11 %, la CMML 8 % et les autres SMD incluant les SMD secondaires et les SMD avec dysplasie multilignée 6,7 % des cas. Les autres SMD sont beaucoup plus rares, en particulier les SMD ou les SMD/ SMP observés chez l’enfant. Le taux d’incidence standardisé sur la population mondiale-type (TSM) des SMD est pour les trois départements de 2,55 /100 000 +/- 0,22 globalement, plus élevé chez l’homme (3,64 +/- 0,38) que chez la femme (1,78 +/- 0,25) (sex ratio : 2,04). Le TSM des SMD dans le Calvados (3,01 / 100 000 +/- 0,37) est significativement plus élevé que celui de la Manche (2,05 / 100 000 +/- 0,31) (p < 0,001) ; ceci est dû essentiellement à une sur-incidence masTableau III – Répartition des syndromes myélodysplasiques (SMD).

1,2%

Anémie réfractaire (RA) et cytopénie réfractaire avec dysplasie multilignée (RCMD)

N

%

340

48,4

Autres syndromes myéloprolifératifs chroniques

62

1,1%

Anémie réfractaire sidéroblastique (RARS)

78

11,0

Leucémies aiguës (LA)

530

9,6%

Anémie réfractaire avec excès de blastes (RAEB)

176

25,0

Leucémies aiguës myéloïdes

383

7,0%

Syndrome myélodysplasique avec del (5q)

2

0,3

Leucémies aiguës lymphoblastiques

147

2,6%

Leucémie myélomonocytaire chronique (CMML)

56

8,0

Lymphome de Hodgkin

274

5,0%

Syndromes myélodysplasiques inclassables (SMD)

47

6,7

Macroglobulinémie de Waldenström (MW)

176

3,2%

Syndromes myélodysplasiques (SMD) pédiatriques

4

0,6

Autres hémopathies malignes

12

0,2%

Données du Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie : 703 cas de SMD parmi 5 510 hémopathies malignes sur la période 1997-2004.

% : pourcentage sur l’ensemble des 5 510 cas incidents.

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culine dans le Calvados (4,62 / 100 000 +/- 0,67 contre 2,84 / 100 000 +/- 0,55) (p < 0,001). Le TSM varie considérablement avec l’âge (tableau IV) dans les deux sexes, avec un taux spécifique 27 fois plus élevé chez les patients âgés de 85 ans et plus que chez les 50-54 ans. À partir de 50 ans, le taux spécifique masculin est supérieur à celui des femmes quelle que soit la tranche d’âge (tableau IV). Pour l’ensemble des 50 ans et plus, l’incidence est 2 fois plus élevée chez l’homme, que l’on considère les taux bruts (23,3 / 100 000 contre 13,4) ou les taux standardisés tronqués (17,2 / 100 000 +/- 1,8 contre 8,0 / 100 000 +/- 1,1).

4. Discussion L’incidence des SMD varie selon les zones géographiques entre un taux brut d’incidence pour les deux sexes de 1,0/100 000 au Japon et 9,3/100 000 au Royaume-Uni [7, 8] (tableau V) : 6,14/100 000 en Basse-Normandie, 4,4 en Côte-d’Or variant entre 3,2 et 4,4 [9, 10, 11], 8,1 en Espagne [12], 4,9 en Allemagne [13], 3,5 en Suède [14], 3,2 aux États-Unis [15, 16]. L’étude japonaise est une étude d’enquête réalisée en 1991, qui peut sous estimer l’incidence d’autant plus que les cas pédiatriques n’ont pas été recensés mais en revanche a inclus les RAEB-t [7]. Les taux d’incidence les plus élevés des SMD sont observés chez les Caucasiens (3,5/100 000 les deux sexes confondus), avec une incidence qui diminue chez les Afroaméricains (3,0/100 000), les Asiatiques (2,6/100 000) puis Tableau IV – Incidence des syndromes myélodysplasiques (SMD) en fonction de l’âge. Les deux sexes

Homme

Femme

Taux

n

Taux

n

Taux

n

0–4

0,14

1

0,28

1

0,00

0

5–9

0,43

3

0,00

0

0,87

3

10 –14

0,13

1

0,26

1

0,0

0

15 –19

0,0

0

0,0

0

0,0

0

20 – 24

0,28

2

0,55

2

0,0

0

25 – 29

0,27

2

0,27

1

0,28

1

30 – 34

0,26

2

0,26

1

0,26

1

35 – 39

0,37

3

0,49

2

0,25

1

40 – 44

0,12

1

0,0

0

0,25

1

45 – 49

0,49

4

0,48

2

0,49

2

50 – 54

1,75

14

2,49

10

1,01

4

55 – 59

4,78

24

6,92

17

2,73

7

60 – 64

8,18

44

9,87

25

6,67

19

65 – 69

12,42

71

19,21

50

6,74

21

70 – 74

24,03

127

32,96

76

17,12

51

75 – 79

37,83

169

54,85

99

26,29

70

80 – 84

57,06

125

98,34

76

34,52

49

85 +

46,52

110

75,06

45

36,82

65

Total

6,14

703

7,32

408 58 %

5,02

295 42 %

Taux spécifiques par tranches d’âge et taux brut pour 100 000.

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chez les Indiens américains (1,3/100 000). Les différences d’incidence en fonction de l’ethnie sont aussi observées dans une autre étude américaine [16]. Une analyse comparant 131 SMD chez les Japonais et 597 SMD chez les Allemands a montré des aspects cliniques et biologiques différents, avec chez les Asiatiques la survenue du SMD à un âge plus jeune (57 ans versus 71 ans), la présence de cytopénies plus sévères et plus fréquentes, un meilleur pronostic et un risque moins élevé de transformation en leucémie aiguë [17]. La grande variabilité d’incidence suivant les études peut s’expliquer par la subjectivité des critères utilisés pour le diagnostic des SMD, les variations de classification dans le temps et le manque d’harmonisation d’enregistrement des données [18]. Le diagnostic de SMD est difficile et repose sur la recherche d’anomalies quantitatives et qualitatives de l’examen microscopique des frottis sanguins et médullaires. Ainsi, les critères du diagnostic en partie subjectifs peuvent varier d’un centre à un autre et expliquer les variabilités d’enregistrement dans les différents registres. La difficulté du diagnostic est illustrée par la présence de SMD sans autre précision dans environ 50 % des cas [16]. Les changements de classification au cours du temps peuvent aussi expliquer ces variations : la CMML, qui dans la classification FAB [3] appartenait aux SMD, a intégré le groupe des SMD/SMP dans la classification ICDO-3. L’entité, anémie réfractaire avec excès de blastes en transformation (AREB-t) reconnue dans la classification FAB, a été intégrée dans la catégorie leucémie aigüe myéloïde (LAM) dans l’ICDO-3, pouvant ainsi faire baisser l’incidence des SMD depuis la mise en application de ces modifications. De plus, les passages d’une codification à une autre, en particulier à celle de l’ICD0-3, n’ont pas toujours été standardisés. La comparaison des données entre les différentes études peut être rendue difficile, un sous-enregistrement de certaines hémopathies et en particulier des SMD est parfois difficile à exclure : une simple cytopénie isolée chez un patient âgé n’est pas obligatoirement évaluée pour un diagnostic de SMD et le diagnostic de SMD peut lui-même dépendre de l’expertise et des compétences locales. Pour harmoniser les pratiques d’enregistrement et de codage, le réseau Francim a mis en place un guide méthodologique pour l’enregistrement des hémopathies malignes que nous avons suivi. Les études publiées ne permettent pas la comparaison des différents sous-types de SMD, les cytopénies réfractaires restant le sous-type observé le plus fréquent mais dont la fréquence oscille entre 50 % dans notre étude et 15 % dans celle de Shimizu H et al. [5]. Avec un TSM global de 2,55, notre étude a aussi montré un taux d’incidence des SMD plus élevé chez l’homme (3,64) que chez la femme (1,78). Aux États-Unis, le taux d’incidence standardisé sur la population américaine de 2000 est de 3,4 pour les hommes et les femmes, 4,5 pour les hommes et 2,7 pour les femmes [15]. Il varie de 1,50 en Caroline du Nord et de 5,55 à Détroit [16]. L’augmentation d’incidence avec l’âge est observée en Basse-Normandie comme dans la plupart des régions couvertes par un registre [13]. Enfin, les études du registre des SMD de Düsseldorf ont montré une augmentation de l’incidence de 1,3/100 000 à 4,1/100 000 entre 1976 et 1990 mais aucune augmentation

SYNDROMES MYÉLODYSPLASIQUES

entre 1986 et 1990, plateau qui se confirme sur la période d’étude plus récente 1991-2001 [13]. Dans notre étude, nous n’avons pas observé de modification temporelle d’incidence entre 1997 et 2004. Les causes des SMD ne sont pas entièrement élucidées. Alors que des associations sont bien établies entre la chimiothérapie (alkylants, inhibiteurs de la topoisomérase II, anthracyclines) et/ou la radiothérapie et le risque de développer un SMD secondaire, les autres facteurs de risque favorisant un SMD de novo sont peu connus ou alors discutés : benzène et autres solvants, tabagisme, radiation à faible dose, teintures de cheveux, alcool [19, 20, 21].

5. Conclusion Les études épidémiologiques descriptives sur les SMD sont limitées et non disponibles en France. Les taux bruts d’incidence varient entre 1,0/100 000 au Japon et 9,3/100 000 au Royaume-Uni. L’incidence est intermédiaire en France avec des taux bruts de 6,14 (Basse-Normandie) et de 4,4 (Côte-d’Or) et des TSM de 2,6 et 2,1 respectivement pour les deux sexes, de 3,6 et 3,0 respectivement chez les hommes et de 1,8 et 1,5 chez les femmes. L’étiologie des SMD est encore imparfaitement connue et les données des registres spécialisés pourront contribuer dans l’avenir à améliorer les connaissances sur les SMD mais aussi le parcours de soins de ces patients. Remerciements Les médecins d’hématologie clinique adultes : M. Leporrier, M. Macro, O. Reman, K. Benabed, Y. Johnson-Ansah, S. Chantepie, C. Fruchart, X. Levaltier, J.-P. Vilque et hématologie enfants : P. Boutard et O. Minckes, les médecins du laboratoire d’hématologie : V. Salaün et D. Naguib, les

Références [1] Belot A, Grosclaude P, Bossard N et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1980-2005. Rev Epidemiol Sante Publique. 2008;56(3):159-75. [2] Jaffe ES, Harris NL, Stein H, Vardiman JW (Eds) WHO classification of tumours: tumours of haematopoietic and lymphoid tissues. 2001, IARC, Lyon. [3] Bennett JM, Catovsky D, Daniel MT et al. Proposals for the classification of the myelodysplastic syndromes. Br J Haematol. 1982;51(2):189-99. [4] Orazi A, Germing U. The myelodysplastic/myeloproliferative neoplasms: myeloproliferative diseases with dysplastic features. Leukemia. 2008;22(7):1308-19. [5] Parkin DM, Whelan SL, Ferlay J, Teppo L, Thomas DB. Cancer incidence in five continents, volume VIII. IARC. 2002. [6] Bouyer J, Hémon D, Cordier S, Derriennic F, Stücker I, Stengel B et al. Epidémiologie – Principes et méthodes quantitatives, Les éditions INSERM, 1993. [7] Shimizu H, Matsushita Y, Aoki K et al. Prevalence of the myelodysplastic syndromes in Japan. Int J Hematol. 1995;61(1):17-22. [8] Phillips MJ, Cull GM, Ewings M. Establishing the incidence of myelodysplasia syndrome. Br J Haematol. 1994;88(4):896-7. [9] Maynadié M, Verret C, Moskovtchenko P et al. Epidemiological characteristics of myelodysplastic syndrome in a well-defined French population. Br J Cancer 1996;74(2):288-90. [10] Carli PM, Girodon F, Mannone C et al. Update of epidemiological characteristics of myelodysplastic syndrome in a well defined french population between 1980 and 1995. Leuk Res 1999;23:S61,159.

Tableau V – Incidence des syndromes myélodysplasiques (SMD). Période

Population annuelle moyenne

Nombre de cas dans la période

Age moyen

TI pour 100 000

Référence

USA (SEER)

20012003

> 76 millions

7131

76

3,1

Ma, 2007

Allemagne

19912001

575 000

308

72

4,9

Germing, 2004

Espagne

1998

1 188 000

96

74

8,1

Giralt, 1999

Côte-d’Or

19801990

493 931

167

ND

3,2

Maynadié, 1996

Côte-d’Or

19891995

493 931

291

ND

3,7

Carli, 1999

Côte-d’Or

19802003

493 931

528

ND

4,4

Côte-d’Or, 2008

BasseNormandie

19972004

1 430 968

703

74

6,14

Troussard, 2008

Suède

19781992

310 000

120

ND

3,5

Radlund, 1995

Japon

1991

160 millions

ND

ND

1.0

Shimizu, 1995

Royaume Uni

19851993

413 500

345

ND

9,3

Philips, 1994

Localisation

France

Taux bruts d’incidence.

médecins et biologistes de la Basse-Normandie, en particulier C. Houlbert (Alençon) et V. Launay (Cherbourg), qui contribuent tous les jours à la qualité du Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie.

Conflit d’intérêt : aucun.

[11] Registre Côte-d’Or. Expertise collective Cancer et environnement. Les éditions INSERM, 2008. [12] Giralt M, Franco-Garcia E, Girlado P et al. Incidence rates of MDS in a Northern-Spanish area. Leuk Res 1999;23:S61,158. [13] Germing U, Strupp C, Kündgen A et al. No increase in agespecific incidence of myelodysplastic syndromes. Haematologica 2004;89(8):905-10. [14] Radlund A, Thiede T, Hansen S et al. Incidence of myelodysplastic syndromes in a Swedish population. Eur J Haematol 1995;54:153-6. [15] Ma X, Does M, Raza A, Mayne ST. Myelodysplastic syndromes: incidence and survival in the United States. Cancer 2007;109(8):1536-42. [16] Rollison DE, Howlader N, Smith MT et al. Epidemiology of myelodysplastic syndromes and chronic myeloproliferative disorders in the United States, 2001-2004, using data from the NAACCR and SEER programs. Blood 2008;112(1):45-52. [17] Matsuda A, Germing U, Jinnai I et al. Difference in clinical features between Japanese and German patients with refractory anemia in myelodysplastic syndromes. Blood 2005;106(8):2633-40. [18] Strom SS, Vélez-Bravo V, Estey EH. Epidemiology of myelodysplastic syndromes. Semin Hematol 2008;45(1):8-13. [19] Germing U, Aul C, Niemeyer CM, Haas R, Bennett JM. Epidemiology, classification and prognosis of adults and children with myelodysplastic syndromes. Ann Hematol. 2008;87(9):691-9. [20] Strom SS, Gu Y, Gruschkus SK, Pierce SA, Estey EH. Risk factors of myelodysplastic syndromes: a case-control study. Leukemia 2005;19(11):1912-8. [21] Nisse C, Haguenoer JM, Grandbastien B et al. Occupational and environmental risk factors of the myelodysplastic syndromes in the North of France. Br J Haematol. 2001;112(4):927-35.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUIN 2009 - N°413 //

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