Étude physiologique du test de Leger et al

Étude physiologique du test de Leger et al

93 Science & Sports (1992) 7, 93-99 © Elsevier, Paris Article original l tude physiologique du test de Leger et al F Pirnay Institut E Malvoz et un...

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Science & Sports (1992) 7, 93-99 © Elsevier, Paris

Article original

l tude physiologique du test de Leger et al F Pirnay Institut E Malvoz et universit( de Liege, 4020 Liege, Belgique (Re~u le 10 d6cembre 1991 ; accept6 le 2 juillet 1992)

R~sum6 - Pour 6vaiuer la puissance a6robie et l'endurance, des anteurs canadiens (Leger et Gadoury, 1989) ont propos6 une 6preuve de terrain faite d'une course progressive et maximale. L'originaiit6 et l'int6r~t de cette m&hode indirecte r6sident darts le caract~re progressif de l'effort qui contraste avec l'aUure continue des 6preuves ant6rieures. Nous avons v6rifi6 les soUicitations physiologiques pendant nne course progressive par des mesures de fr6quences cardiaques et lactat6mies. Chez 156 sujets s6dentaires et sportifs, dont 119 jeunes gens et 37 jeunes filles, le caract6re maximal de l'6preuve est d6montr6 par les valeurs tr6s 61ev6es de fr6quence cardiaque qui atteignent en moyenne 194,5 +_ 6,5 ~t 201,3 +_ 7,1 bpm selon les groupes. Simultan6ment, la concentration sanguine de lactate est en moyenne de 11,7 + 2,4 retool/1 chez les jeunes gens et 11,1 +_ 1,8 chez les jeunes filles. La participation du m6tabolisme ana6robie est donc tr6s importante. De plus, elle est pr6coce. Chez neuf &udiants en 6ducation physique, le seuil d'ana6robiose mesur6 par l'aecumulation sanguine de lactate au-del~ de 4 mmol/1 appara~t en moyenne ~t 5,7 paliers inf6rieurs an maximum individuel. La fr6quence cardiaque mesur6e Ace moment atteint en moyenne 173 bpm. Toutefois, la seule mesure de la fr6quence cardiaque ne permet pas de fixer avec pr6cision et avec certitude le seuil d'ana&obiose. En effet, de grandes variations individuelles sont observ6es s'6tendant entre 159 et 181 bpm. De plus, une modification du comportement cardiaque avec plafonnement de la fr6quence des pulsations est rarement observ6e. La d&ermination du seuil d'ana6robiose reste difficile puisqu'elle n6cessite plusieurs 6preuves avec des arr&s multiples pour r6aiiser les pr61~vements sangnins. endurance / test de terrain / fr~quence cardiaque / lataet~mie

Summary - Physiological study on the field endurance test of Leger and Gadoury. In order to assess aerobicpower and endurance,

afield test, consisting o f a progressive and maximal run was proposed by Canadian authors (Leger and Gadoury, 1989). This indirect method is original and interesting as the effort is progressive and contrasts with the continuous speed o f other field tests. Physiological responses were checked by measuring heart rates and blood lactate during the multistage test. Athletic and non athletic subjects (N = 156), comprising 119 young men and 37young women, displayed very high heart rate values during maximal exercise; on average the values reached 194.5 + 6.5 to 201.3 + 7.1 bpm to the various group. Simultaneously, the average lactate blood concentration was 11.7 + 2.4 mmol/l among young men and 11.1 + 1.8 among young women. Thus, the participation o f the anaerobic metabolism is quite significant. Moreover, it starts early during the test. For instance, among nine physical education students, the anaerobic threshold measured by lactate blood accumulation beyond 4 mmol/l appeared on average 5.7 levels lower than the individual maximum. A t that time, the average heart rate was 173 bpm. Nevertheless, the anaerobic threshold cannot be determined precisely and accurately by only measuring the heart rate. Indeed, high individual variations - between 159 to 181 bpm - have been observed. Moreover, a change in the cardiac performance with levelling o f the pulse rate was rarely observed. Establishing the anaerobic threshold remains difficult since it requires several tests with numerous stops to make blood samples. endurance / field test / heart rate / blood lactate

Introduction L'endurance est un d&erminant essentiel de nombreuses performances sportives. C'est pourquoi sa mesure fait partie de toute 6valuation des qualit6s physiques. Darts cette modalit6 de travail de dur6e

prolong6e, l'6nergie m6canique est n6cessairement fournie aux d6pens du m6tabolisme a6robie. C'est pourquoi la consommation maximale d'oxygSne ou puissance a6robie repr6sente le crit6re d'appr6ciation le plus utilis6 depuis sa d6finition par Astrand en 1952. Si l'unanimit6 est faite sur son int6r&,

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d'importantes divergences persistent sur la m&hode id6ale de sa mesure. Les opinions s'opposent sur le choix d ' u n e m&hode directe ou indirecte, de laboratoire ou de terrain et sur les modalit6s d'effort /l utiliser et les crit~res ~ utiliser. Les difficult6s de r6alisation de la m&hode directe de mesure de VO2max ont conduit les auteurs canadiens h proposer des 6preuves de terrain faites de courses progressives et maximales (Leger et Bouchef, 1980; Leger et Gadoury, 1989). Ces tests faciles sont largement appliqu6s aussi bien dans les ~coles que dans diff6rentes sp6cialit6s sportives. Des valeurs de r6f6rence sont actuellement disponibles pour une population canadienne (Leger et al, 1984) ou belge (Pirnay, 1992). Les sollicitations physiologiques que pareilles ~preuves entra~nent n ' o n t cependant jarnais 6t~ parfaitement pr6cis6es. D6s lors, nous ne connaissons pas le caract~re maximal de l'6preuve ni l'importance de la participation du m6tabolisme ana6robie. Dans le pr6sent travail, ces param~tres sont appr6ci6s par des mesures r6p6t6es de fr6quence cardiaque et de lactat6mie. Au cours de la m~me 6preuve,/L partir de ces deux variables, nous tenterons de d&erminer le seuil d'ana6robiose.

M~thodes L'6preuve musculaire est la course progressive et maximale dans la modalit6 d'allers et retours sur une distance de 20 m (Leger et al, 1984). La vitesse de course est impos6e au moyen d'une bande magn&ique qui 6met des sons ~t intervalles r6guliers. A chaque signal sonore, |e sujet dolt avoir parcouru la distance des 20 m, faire rapidement demi-tour et courir dans la direction oppos6e. La vitesse est lente au d6but (8,5 km/h) et augmente progressivement chaque minute par palier de 0,5 km/h. Le but du test est de suivre le plus longtemps possible le rythme de course impos6; il est arr&6 lorsque le sujet est incapable de suivre le rythme. Rappelons qu'il existe d'autres tests progressifs sur terrain et notamment la course continue autour d'une piste de 400 m (Leger et Boucher, 1980; Brue, 1985).

Performance maximale Le r6sultat est exprim6 par le dernier palier effectu6. Selon Leger et Gadoury (1989), il est possible de traduire le r6sultat en valeur correspondante de VOEmax en se r~f6rant au tableau des auteurs ou en appliquant la formule qui en est d6duite (VO2 max = 20,6 + 3 P). La fr6quence cardiaque est mesur6e en continu et la lactat6mie en fin d'6preuve fournissant des valeurs maximales. Cent dix-neuf gargons et 37 filles de 22,3 + 2,4 arts ont 6t6 examin6s.

Seuil d'anadrobiose I1 existe une limite d'intensit6 au-del/t de laquelle les efforts prolong6s cessent d'etre parfaiternent tol6r6s. Les r6actions m6taboliques, ventilatoires et circulatoires perdent leur caract~re de stabilit6 en fonction du temps et une accumulation de lactate appara~t darts le sang. Cette intensits appel6e abusivement seuil d'ana6robiose (Wasserman et al, 1973; Farell et al, 1979; Brooks, 1985) appara~t habituellement pour une lactat6mie de 4 retool/1 (Heck et al, 1985) etest consid6r6e comme le meilleur indicateur de l'endurance (Sjodin et Jacobs, 1981 ; Yoshida et al, 1987; Tanaka et al, 1991 ; Lacour et al, 1991). Pour la d6termination du seuil d'ana6robiose, l'6preuve originale de course progressive est r6p6t6e ~ sept reprises en arr~tant l'exercice h des paliers diff6rents de deux 6cheIons ou 1 km/h. La fr6quence cardiaque est mesur6e en continu et la lactat6mie en fin de chaque 6preuve. Nous obtenons ainsi pour chaque sujet l'6volution de la fr6quence cardiaque et de la lactat6mie en fonction de paliers et de la vitesse de course. Le seuil ana6robie est calcul6 par ordinateur par intrapolation pour une concentration moyenne de lactate de 4 mmol/1 et exprim6 en vitesse de course et en nombre de paliers. Neuf 6tudiants en 6ducation physique (22,3 + 1,2 ans; 178,2 + 3,6 cm; 73,4 +_ 4,1 kg) ont particip6 ~ cette exp6rimentation.

Techniques La fr6quence cardiaque est mesur6e en continu au moyen d'un Sport tester PE3000. La concentration sanguine de lactate est mesur6e par m6thode 61ectrochimique au moyen d'un appareil YSI 23L. Les pr61~vements sanguins au niveau du lobe de l'oreille par microm6thode sont effectu6s &la 3e minute de la r6cup&ation des efforts.

R~sultats F[tude du m a x i m u m Le tableau I reprend les valeurs moyennes et la dispersion des r6sultats mesur6s d a n s les diff6rents groupes qui diffbrent par la pratique sportive. Les garcons normaux, 6tudiants s6dentaires ou sportifs occasionnels, r6alisent un maximum de 9,3 _+ 1,8 paliers lors de la course progressive en navette de 20 m. La performance est toujours meilleure chez les sportifs de toutes les disciplines avec une nette sup~riorit6 chez les joueurs de football professionnels. Dans chaque cat6gorie, la dispersion des r6sultats est assez grande puisque les performances s'6tendent entre les paliers 7 et 14 chez les sujets normaux et entre les paliers 10 et 16 chez les footballeurs. Transform6s en terme de VO2max, ces r6sultats correspondent aux valeurs habituelles de la litt6rature (Astrand, 1952; Saltin et Astrand,

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Tableau I. Valeurs maximales atteintes lors de l'6preuve de course navette de 20 m. Les valeurs rapport~es repr6sentent la moyenne

de l'6cart type.

Groupe N Garcons

44

Football

34

Handball

23

EP 6

18

EP q~

11

Age (an)

Palier (n)

FC (bpm)

Lactate (mmol/O

VO2max ml (kg.min)

21,2 3,4 23,2 2,4 25,6 3,1 21,1 3,2 20,5 2,8

9,3 1,8 13,2 0,9 10,6 1,9 11,8 1,1 8,9 1,3

198 5,6 191,5 7,1 193,4 6,6 193,4 7,6 202 6,3

12,4 1,9 11,2 1,4 10,6 3,9 12,2 2,6 10,6 1,2

50,4 5,2 61,6 2,8 54,2 5,8 57,9 3,1 49,2 3,8

1967) avec des extremes entre 43 et 68 ml O2.min-1.kg-1. Chez les jeunes filles, la performance est beaucoup plus faible puisque le nombre de paliers r6alis6s est compris entre 5,5 et 9,5 chez les &udiantes s6dentaires (N = 32) avec une moyenne de 7,2 = 1,6 et entre 7 et 10,5 avec une moyenne de 8,9 = 1,3 chez les professeurs f6minins d'6ducation physique. Dans tousles groupes, la fr6quence cardiaque maximale est particuli6rement 61ev6e puisqu'elle d6passe 190 bpm chez les garqons et 200 bpm chez les filles. I1 n'y a pas de diff6rence significative dans ces groupes de mSme age. On note des r6sultats 16g~rement sup6rieurs chez les filles et 16g~rement inf6rieurs chez les sportifs entraSn6s. L'examen des r6sultats individuels r6v61e que la fr6quence cardiaque maximale est exceptionnellement inf6rieure ~t 185 bpm; soit chez quatre joueurs de football et un joueur de handball. Une fr6quence cardiaque sup6rieure ~ 200 bpm est atteinte chez quelques sujets de tous les groupes de gargons et habituellement chez les filles. La concentration de lactate sanguin est tr6s 6levee chez la majorit6 des sujets. En fin d'6preuve, elle atteint en moyenne 11,4 ___ 2,4 mmol/1. L'analyse des r6sultats r6v61e quelques valeurs un peu basses, inf6rieures h 10 mmol/1. Aucune corr61ation n'est constat6e entre les valeurs maximales de lactat6mie et de FC. Le comportement au palier le plus 61ev6 semble indiquer que les sujets ont bien r6alis6 l'effort maximal dont ils sont capables. Trois r6sultats individuels laissent un doute puisque la lactat6mie est proche de 10 mmol/1 et la fr6quence cardiaque de 174, 179 et 181 bpm. Ces sportifs ont r6alis6 respectivement les paliers 14, 11 et 10.

Recherche du seuil d"anadrobiose

La recherche du seuil d'ana6robiose est pr6cis6e par l'accumulation de lactate sanguin dont la concentration d6passe 4 mmol/l. Chez neuf &udiants en 6ducationphysique, plusieurs 6preuves sont alors r6p&6es avec arrSt ~t des paliers diff6rents afin de r6aliser les pr61~vements sanguins. La figure 1 montre l'6volution moyenne de la lactat6mie en fonction des paliers de l'6preuve ou de la vitesse de course. Afin de diminuer la dispersion, l'intensit6 de l'effort est exprim6e en valeur relative au maximum individue! plut6t qu'en valeur absolue qui est yariable. L'analyse math6matique de la courbe donne la meilleure corr61ation (R = 0,925)

Lactatemie et Intensite d e l'effort [ Lact ] ramoles/L 16-

12-

M-IO M-9

M-8

M-7

M-6

M-8

M-4

M-3

M-2

M-1

Palter m

Lactates

~

Ecart t y p e

Fig 1. lEvolution de la lactat6mie en fonction de la vitesse de course. Les r6sultats sont rapport6s au maximum individuel (M) et non ~ la valeur absolue.

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pour une 6volution exponentielle de la lactat6mie dans la gamme des efforts 6tudi6s. Une inflexion nette avec angulation n'est pas observ6e. Dans le tableau II sont consign6es les performances mesur6es au moment off la lactat6mie est de 4 mmol/l. Le seuil d'ana6robiose appara~t selon ce crit~re entre le palier 3,4 et le palier 7,4. L'accumulation de lactate sanguin est donc pr6coce avec des diff6rences individuelles importantes. La participation de la glycolyse ana6robie dans la fourniture de l'6nergie intervient dans les vitesses de d6placement beaucoup inf6rieures au maximum soit en moyenne h 5,7 (+ 0,7) paliers de moins que les maximums individuels. La fr6quence cardiaque mesur6e h ce moment atteint en moyenne 175,4 (_ 7,1) bpm avec des 6carts extremes de 159 h 183 bpm dans notre groupe restreint. Sur l'ensemble des 156 sujets, nous avons 6tudi6 l'6volution de la fr6quence cardiaque pendant toute l'6preuve. Le but essentiel 6tait la recherche d'un plafonnement de la fr6quence cardiaque aux efforts intenses et une inflexion de la courbe d'6volution. En effet, Conconi et al (1982) ont relat6 une concordance entre le seuil d'ana6robiose lactique et l'inflexion de la courbe qui unit la fr6quence cardiaque et l'intensit6 de l'effort. L'analyse de ces courbes ne permet pas de fixer avec pr6cision et avec certitude le seuil d'ana&obiose ~t partir de la mesure isol6e de la fr6quence cardiaque. La fr6quence cardiaque est tr~s 61ev6e d~s les premiers paliers; son 6volution est variable selon les sujets; une inflexion nette de la courbe est rarement observ6e et fr6quemment plusieurs inflexions sont pr6sentes. Enfin, lorsque l'6preuve est r6p6t6e chez les m~mes sujets, les r6sultats ne sont pas reproductibles. La mesure isol6e de la fr6quence cardiaque ne suffit pas pour la d6termination du seuil d'ana6robiose. Elle apporte toutefois des renseignements sur le comportement individuel et permet de suivre une 6volution lors des examens r~p6t6s. Discussion Recherche du maximum

Dans notre exp6rimentation, la majorit6 des sujets ont avec certitude r6alis6 ou approch6 leur performance maximale. Les valeurs 61ev6es des fr6quences cardiaques et des lactat6mies apportent une preuve irr6futable. En effet, dans tous les groupes la fr6quence cardiaque maximale atteint en moyenne de 193 h 202 bpm. Certaines valeurs individuelles d6passent les 200 bpm. Elles sont exceptionnellement inf6rieures h 185 soit chez quatre

Tableau II. Valeurs atteintes au seuil d'ana6robiose.

Moyenne Palier Vitesse FC

N Max-N Km/h Bpm

5,5 5,7 10,8 175,4

F]cart type + + + +

1,15 0,71 0,57 7,1

sujets sur 156. La concentration sanguine de lactate en fin d'6preuve t6moigne 6galement de l'intensit6 61ev6e des efforts. Elle d6passe la valeur de 10 mmol/1 habituellement consid6r6e comme limite ~t atteindre au moment de la mesure de la puissance a6robie (Astrand, 1952). Pareils r6sultats sont relat6s dans la litt6rature. Poortmans et al (1986) mesurent des lactat6mies de 11,6 (_+ 0,40) et 8,2 (_+ 0,5) apr~s un test de course navette progressive et maximale chez 23 hommes et 15 femmes. Pour Lacour et al (1991), les valeurs maximales de fr6quence cardiaque et de lactat6mie sont respectivement de 197,8 (_+ 8,9) bpm et 9,8 mmol/1. I1 faut toutefois remarquer que dans toutes ces 6tudes comme dans la n6tre, les sujets participent ~ une exp6rimentation et se savent contr616s. La motivation n'est pas toujours aussi facilement obtenue dans toutes les populations. Parfois, les sujets, m~me sportifs, ne comprennent pas l'utilit6 d'une 6valuation. Rarement ils sont en opposition avec le dirigeant. Plus souvent, particuli~rement les sportifs de haut niveau qui connaissent le test et le pratiquent ~ plusieurs reprises, calquent leur comportement sur un co6quipier. Cette comparaison peut apporter une 6mulation par saine comp6tition mais elle provoque parfois des arr&s pr6matur6s et collectifs. L'athlbte consid6re sa performance suffisante puisqu'elle est 6gale aux autres sportifs ou aux contr61es ant6rieurs. Pour obtenir plus facilement un effort maximum et une pr6cision dans l'6valuation, un contr61e est pr6f6rable. La fr6quence cardiaque s'avbre un t6moin tr~s utile et suffisant. La facilit6 des techniques et la fid61it6 de la mesure rendent son emploi r6alisable dans de nombreuses situations. La fr6quence cardiaque apporte des renseignements int6ressants particuli6rement par sa valeur maximale mais aussi dans son 6volution lors des palliers de course moins rapide. t~tude du seuil d'ana~robiose Toutefois, la mesure isol6e de la fr6quence cardiaque ne permet pas la d6termination pr6cise du seuil d'ana6robiose qui demande n6cessairement des mesures de lactat6mie.

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La production ct l'accumulation de lactate sanguin apparaissent prdcoces et importantes. Ce phdnom~ne rdsultc de la modalitd des efforts off des frcinages ct les ddmarrages sont rdpdtds ct modifient les cadences des contractions musculaires. Nous avons choisi d'utiliser pour d&erminer le seuil d'anadrobiose, la valeur statistique de lactatdmie de 4 mmol/l c o m m e Font proposd Heck et al (1985). Cette m & h o d e ne rdunit pas l'adhdsion de tousles autcurs. En effet, plutSt qu'une valeur absolue de la lactatdmie, il est prdfdrable d'utiliser une variation cn fonction du temps ou de l'intensitd (Rieu, 1986). Toutefois, le crit~re de 4 mmol/l associd ~t un protocole standardisd a &d validd notamment par Heck et al (1985) ou Davis (1985). L'errcur qu'il introduit cn raison des variations individuelles est relativement faible et la facilitd de l'dpreuve la rend acceptable pour la pratique courante. La d&ermination du seuil d'ana6robiose reste difficile puisqu'elle ndcessite plusieurs dpreuves avec des arr~ts multiples pour rdaliser les prdl~vements sanguins. Nous avons proposd une dpreuve progressive de course navette qui permet, au cours d'une seule s6ance, la ddtermination du seuil d'anadrobiose et simultandment la mesure de la performance maximale (Pirnay, 1992). Toutefois, les arr&s in6vitables ainsi que les prdl6vements sanguins entraTnent un certain inconfort, apportent des complications non ndgligeables, et ndcessitent un matdriel sophistiqud manipuld par un personnel compdtent. Ces conditions enl~vent les avantages des dpreuves de terrain qui doivent garder leur simplicitd et se rapprocher des modalitds sportives. C'est pourquoi les mesures de lactatdmie doivent rester exceptionnelles. La frdquence cardiaque mesurde au seuil d'anadrobiose atteint en moyenne 175,4 bpm. Cette valeur est tr6s proche de 170 bpm ancien crit~re proposd par Walhund (1948) pour ddfinir la transition ~ parfir duquel l'effort prolongd n'est plus toldrd. Toutefois, cette valeur v&ifide sur la moyenne des rdsultats diffdre fortement selon les groupes envisagds et surtout selon les sujets testds. Dans notre &ude, la frdquence cardiaque au seuil d'anadrobiose s'dtend de 159 ~t 181 bpm. Pareille dispersion rend difficile l'utilisation d'une valeur fixde de la frdquence cardiaque comme indice du seuil d'anadrobiose (Dwyer et Bybee, 1983). Dans l'dtude de Heck et al (1985), la frdquence cardiaque du seuil d'ana6robiose atteint en moyenne 175,5 bpm chez les hommes entra~nds de 29,8 ans. Dans l'6tude de Tanaka et Shindo (1985), eUe varie selon les groupes de sujets de 156 ~ 185 bpm: elle est dlevde chez les jeunes et diminue avec l'~ge. Cette

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rdduction avec l'~ge est parall~le ~ la diminution bien connue de la frdquence cardiaque maximale. Pour Dwyer et bybee (1983), la frdquence cardiaque au seuil est de 158,4 chez des femmes non entra~ndes de 20 ans mais atteint 178 bpm chez des nageuses entra~ndes selon Arabas et al (1987). Dans toues les &udes, la dispersion des rdsultats individuels est tr~s grande puisque l'dcart type atteint de 9 h 16 bpm selon les auteurs. I1 est done indispensable de connakre le comportement individuel pour utiliser la frdquence cardiaque comme guide d'entrainement. Notre &ude a cherchd ~ vdrifier la mdthode de Conconi et al off le seuil d'anadrobiose est apprdcid d'apr~s l'dvolution de la frdquence cardiaque en fonction de la vitesse de course et par la recherche d'une inflexion et d'un plafonnement de la frdquence cardiaque pour des valeurs dlevdes. Avec d'autres auteurs (Lacour, 1987), nous pouvons conclure que cette m6thode s'av6re peu fiable. En effet, un point d'inflexion n'appara~t que dans la moitid des examens. Lorsqu'il est prdsent, il est peu reproductible chez le m~me sujet. Enfin, la mdthode entra~ne une surestimation systdmatique du seuil d'ana6robiose. PrOdiction de la VO2max

A partir des performances en course navette, avec paliers de 2 minutes, Leger et Lambert (1982) ont proposd des dquations pour prddire la consommation maximale d'oxyg~ne. La validit6 de cette formule a dtd v6rifide en comparant la VO2max mesurde directement sur tapis roulant. Une tr6s forte corrdlation de 0,84 est alors obtenue darts l'6tude originale. Une corr61ation plus mod6r6e mais encore tr6s bonne est mesurde dans des &udes similaires soit 0,71 pour Mercier et al (1983), 0,76 pour Van Mechelen et al (1986), 0,72 pour Poortmans et al (1986). Pour ces derniers auteurs, il existe toutefois une sous-estimation systdmatique de 5,2% chez les enfants. Tandis que Lacour et al (1989) observent, par un test progressif de course sur piste une surestimation chez les coureurs de fond. Pour Van Praagh et al (1988), la corrdlation entre les mesures directes sur bicyclette et indirectes sur terrain restent significatives mais beaucoup plus faibles (0,46). Le nombre et l'homogdnditd des sujets expliquent en partie les diff&ences observdes. Une corr61ation plus &roite est obtenue lorsque les mesures portent sur des valeurs &endues de VO:max de l'enfant ~t l'adulte comme dans les &udes de Mercier et al (1983) et Poortmans et al (1986). La prdcision de la prddiction de la VO2max s'av6re excellente dans l'dtude de Leger et al (1982) puisque l'erreur type dtait de 2,8 ml O2.min-1.kg-1 ce

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qui correspond approximativement ~ u n palier de course. Elle se montre toutefois inf6rieure dans les autres 6tudes sans pouvoir atre attribu6e uniquement/~ l'6preuve du terrain qui garde une validit6 satisfaisante. La course progressive et maximale sur terrain permet une bonne 6valuation de l'aptitude a6robie. I1 faut cependant rappeler plusieurs extrapolations qui r6gissent la pr6diction et apportent des approximations. Le coot 6nerg6tique de la course est suppos6 constant g toutes les vitesses y compris les plus 61ev6es et identique chez tousles sujets. On sait toutefois que le rendement musculaire varie et que n o t a m m e n t il pourrait s'accro~tre avec l'entrainement (Tanaka et al, 1990). I1 en d6coule une surestimation syst6matique de la VO2max calcul6e ~t partir du test sur piste chez les sujets sp6cifiquement entra3n6s ~ la course ~ pied (Lacour et al, 1991). Une adaptation des formules est n6cessaire et propos6e par Leger et G a d o u r y (1989) pour les adultes et par Mercier et al (1983) chez les enfants pour compenser leur forte d6pense 6nerg6tique ~t la course. Les r6sultats obtenus peuvent encore ~tre surestim6s par la contribution du m6tabolisme ana6robie. Les mesures de lactat6mie montrent en effet une participation pr6coce et importante de la glycolyse ana6robie darts la production de l'6nergie. Or l'extrapolation de la VO 2 max est pr6dite essentiellement ~t partir de la vitesse maximale de course du dernier palier. A c e moment, le coot total 6nerg6tique de la course est modifi6 par les deux influences cit6es. Ces ph6nom6nes sont accentu6s par les changements de direction r6p6t6s. Ces derniers sont en plus susceptibles d'entra~ner une participation de l'6nergie 61astique pour produire le d6placement. Le freinage met en r6serve une quantit6 importante d'6nergie 61astique qui peut ~tre restitu6e de fa~on variable pour produire les d6placements. Ces modalit6s d'ex6cution sont en principe prises en compte dans l'6quation de pr6diction, mais peuvent varier selon les individus.

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