PUI RICULTURE PRATIQUE
f a u t - i l b a i g n e r le b e b e o u les m a n i e r e s d e le r e n d r e p r o p r e S. P A R R A T - D A Y A N
Les soins aux enfants sont devenus des moments privilegies des relations m~re-enfant. Un de ces moments-clds qui scande la journee de la m~re et du bdbd est le bain. Moment redoute et attendu, aux dires des puericulteurs...
le b a i n , un rite de passage ? <<(...) il semble que de toutes les occupations nouvelles qui attendent la jeune maman ~ son retour de clinique, le bain soit ~ la fois la plus inquigtante et la plus tendrement attendue ,, [Van Eeckhont (17), p. 43], le bain du b~b4 a $t~ vu c o m m e une <, mais aussi comme &ant un rite de passage & o q u a n t la m o r t et la renaissance. En effet, expliquent les auteurs, comme route c~r~monie, celle du bain implique un rite de s6paration (le l i e u et le m o m e n t d u b a i n s o n t fix6s p a r les auteurs : une piece dont la temperature dolt &re de 18 ~i 20 ~ C, le matin avant la deuxi~me t&~e) ; la coIlecte des objets ou instruments n6cessaires ~i la c4r~monie (le savon, le linge, l'4ponge, etc.) et les attitudes posturales pr&ises (d&rites dans le d&ail le plus inattendu) ; le d4coupage en moments h&& S. PARRAT-DAYAN, universit6 de Gen~ve, 7, chemin des Chalets, 1225 Ch~ne-Bourg, Geneve (Suisse). Journal de PEDIATRIEet de PUI~RICULTUREn~3-1992
rog~nes des actes de l'officiante (le corps de 1Tenfant dissoci~ en parties autonomes est l'objet de soins selon une chronologie bien d&ermin&) et, enfin, le m o m e n t paroxystique, p~riode oh l'initi~ dolt souffrir dans sa chair (ce qui arrive au m o m e n t des trois operations que subit le nourrisson 9 propret6 des oreilles, des yeux et du nez). La c~r~monie prend fin p a r l ' i n t r o d u c t i o n d ' u n a u t r e soin et u n a u t r e rituel : l'habillement. Pour ces auteurs, le bain, vu par les pu&iculteurs, apparaTt comme un v6ritable rite de passage. Si pour ta m~re, il est une c~r6monie cyclique de rdg~n&ation, pour le b~b~ ce rituel lui permettra de s'intdgrer ~t la communaut~. C o m m e tous les soins maternels, le bain a aussi p o u r but d'intdgrer l'enfant ~t la soci&6 qui est la sienne. Or, de Parseval et Lallemand interpr~tent ce culte initiatique comme des d6fenses de type obsessionnel que les p u & i c u l t e u r s offrent aux m~res p o u r les aider ~t lutter contre l'ambivalence des sentiments ressentis ~t l'~gard de l'enfant. Ce faisant, les pu~riculteurs transmettent un certain nombre de tabous qui ont comme fonction d'61iminer toute possibilit~ de plaisir r & i p r o q u e entre la m~re et son enfant. Par ailleurs, aussi bien par le discours prescriptif qu'ils t i e n n e n t que par la codification stricte du moindre geste et par les interdictions et les peurs q u i en d 6 c o u l e n t , ils a r r i v e n t non s e u l e m e n t ~t i m p o s e r leur autorit6 mais aussi fi Evacuer t o u t e forme de cr~ativit~ chez la m~re, <~(...) suivant que le bainest donng correctement ou non, tout un processus psychique s'amorce qui peut avoir des rgpercussions ~ longue r : une glissade du br un moment d'effroi, et l'enfant aura dor&avant une vgritable horreur de I'eau ,, (17, p. 43). C0mite de lecture Article re;u le 2/7/91. Accept6 le 29/7/91. 153
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Q u a n t au b~b~, nous nous d e m a n d o n s s'il est vraiment encore dans l'eau du bain ! (Parrat-Dayan et Conne, fi paraTtre). La plupart des textes qui rapportent la c&~monie d u bain ne donnent, sauf quelques vagues indications, aucune justification explicite du pourquoi il faut agir selon le rituel propos& Ceci dit, il nous semble que l'interpr&ation de la technique du bain en rant que <~ propos~ aux m~res pour les convaincre de faire ainsi, et ce faisant leur permettre de g&er leur ambivalence fi l'~gard de l'enfant, est une interpr&ation relativement actuelle et valable p o u r un certain type de soci&6, celle qui < a p p a r t e n a i e n t autrefois fi d'autres cat6gories du savoir qui &aient, d i e s , en r a p p o r t avec des theories m~dicales. Le temps ayant passe, le sens ancien a ~td oubli~ et/ou t r a n s f o r m ~ et seuls les c o m p o r t e m e n t s se sont conserves ~t titre de signifiants vides ~i la recherche d ' u n sens. C'est ce sens, remplacd par une technique m i n u t i e u s e et a b o u t i s s a n t fi la s ~ p a r a t i o n m~re/enfant, qui a dtd d&ryptd par de Parseval et Lallemand ~t travers une grille de lecture psychanalytique. Or, s~iI est vrai que le discours sur la pu&iculture permet ~ ses auteurs d'imposer une seule mani~re de bien faire, en emp~chant ainsi toute cr~ativit~ ~ la m~re ; s'il apparaTt clairement que les pu&iculteurs essaient de convaincre les m~res ~ travers un discours culpabilisant et d'apparence <~, reste savoir si l ' a m b i v a l e n c e ~i l'dgard de l ' e n f a n t est constitutive de P~me humaine... Ainsi nous nous sommes demand~s ce que les m~decins proposaient autrefois au sujet du bain et nous nous sommes proposals d~analyser leur argum e n t a t i o n . N o u s avons repris, dans ce b u t , les textes de pu&iculture qui, c o m m e nous le savons, ont commencd fi para~tre d~s le x v I ~si}cle.
b a i g n e r le b e b d , autrefois.., et aujourd'hui... Le bain du b~b~, qui contribue ~i la propret~, est lid ~ diff&ents aspects qui sont en &roite relation. En effet, c o m m e le m o n t r e Vigarello (18), la propret~ a une histoire qui conjugue les repr&entations et les idles concernant l'image du corps, la nature de la peau, la qualit6 de l'eau, la santd et la maladie, etc. Cette histoire suit le c h e m i n qui va du plus v i s i b l e au p l u s i n t i m e . A u M o y e n - A g e , p a r exemple, la propret6 ne portait que sur les parties visibles du corps, c'est&-dire le visage et les mains. 154
Aujourd'hui, il apparaTt comme une sorte de <>pour reprendre le titre du film de J. Losey. Dans ce contexte on peut se demander dans quelle mesure le bain du bdb~ a toujours eu c o m m e fonction la propret6 ou si, dans ce domaine aussi, Ia p r o p r e t d restait s u b o r d o n n 6 e fi d ' a u t r e s aspects. Quelle fonction pourrait avoir, alors, de baigner le b6b6 ? R e t r o u v e r a i t - o n le r i t u e l d~crit dans les manuels de pu6riculture des x I x ~et x x ~si~cles ? V a l l a m b e r t [ 1 5 6 5 (16)] nous a p p r e n d que les m~decins n'ont pas toujours conseill~ de baigner les enfants. Ils p e n s a i e n t que le bain << r a m o l l i t et relRche >, et les nouveau-n~s 6talent suffisamment mous (1) p o u r que l'on n ' a c c e n t u e pas d a v a n t a g e cette constitution. Les sages-femmes ne baignaient pas non plus l'enfant ~i la naissance. En revanche, elles le frottaient avec de la paille, de la farine ou avec les l i n g e s en f a i s a n t a i n s i u n e t o i l e t t e <>. Au XlX ~ si~cle, Golay [ 1 8 9 9 (9)1 affirme : < (p. 102). C&ile B. Loupan (1990), ~crit : <
a u x v l o siecle... la c i r c u l a t i o n des humeurs Vallambert [ 1565 (16)] centre p r i n c i p a l e m e n t son discours autour du premier bain. I1 pense que l'on devrait baigner le nouveau-n6 imm4diatement apr~s sa naissance : <<(...) le bain d'eau pure et tilde (...) mundifie (nettoie) mieux le cuir (peau), 6re la saletg et foulure du corps, rend les membres maniables a redresser en leurforme due ,, (p. 45). Ce bain d~barrasse la peau (1) Le mou et le dur ~taient des cat6gories de la pens6e m6dicale ancienne, C'est dans ce sens qu'elles sont consid & ~ e s ici.
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du bdb~ du sang et des mucosit~s de la naissance et permet aussi le modelage des membres selon les formes physiques d&ir~es. Or, comme la constitution de chaque enfant est diff&ente, Vallambert affirme que l'on peut varier la composition de l'eau en ajoutant des produits diff&ents : sel, roses, laurier, camomilles, etc. Ceci a comme but de s'adapter ~i chaque enfant en garant i s s a n t p a r la n a t u r e de l ' e a u l ' ~ q u i l i b r e des h u m e u r s . A i n s i , si l ' e n f a n t ~i une c o m p l e x i o n chaude, on peut, par le bain, auquel on ajouterait des roses, rafra~chir l'enfant. On aurait pu changer, il est vrai, la temperature de l'eau, mais Vallambert affirme que baigner l'enfant ~i l'eau froide est barbare car cela pourrait resserrer les pores, emp&her la transpiration et, par consequent, rendre l'enfant sujet ~t des sueurs et ~t des suffocations. Si l'on d&ire dess&her ou endurcir la peau, il suffirait d'ajouter du sel selon le degr~ de dess}chement ou endurcissement souhaitds. Pour fortifier les membres ou pour corriger la temp4rature froide de l'enfant, on ajoute ~ Peau du vin ou du laurier. Le bain peut s'adapter ainsi aux differences individuelles. Pour Vallambert, le bain pr6pare aussi le corps de l'enfant ~i &re model~. En effet, il impr}gne la chair qui devient plus facile ~i manipuler lors des frictions faites par la sage-femme. Le bain du bdbd n'a pas donc comme seule fonction ceUe de laver le corps. Ii est, par la m~diation de l'eau, lid au fonctionnement de la peau ; il r~tablit l'6quilibre des humeurs ; il fortifie l'enfant travers le modelage du corps et de surplus il prepare l'enfant ~t l'alimentation. Vallambert n'h&ite pas ~i comparer le bain ~ une certaine forme d'exercice, ou, comme nous dirions aujourd'hui, de gymnastique du b~b6. En effet, il est conseill~ que, pendant le bain, l'on manipule les membres de l'enfant sans violence, pour les rendre souples et agiles au mouvement. Apr~s le bain, on fa~onnera les membres. D~abord on met le bdb6 sur le ventre et on frotte depuis la t&e, la nuque jusqu'aux fesses et pieds, le long du gros des cuisses et des jambes en pressant et fagonnant les membres. Puis on le retourne et on frotte sur les 6paules et les parties de devant. Vallambert a f f i r m e q u ' i l est n~cessaire de m o d e l e r chaque membre afin de donner <
croltre. Le bain qui nettoie mais aussi humecte et fait plaisir ~t Penfant devrait ~tre prolong~ jusqu'~ l'~ge de 7 ans. Vallambert nous en donne Pexplication : le bain s'accorde avec la nature de l'enfant. La maladie et ce qui est contre nature se gu&it par son contraire (2), mais la nature et ce qui est selon la nature se conserve par ce qui est semblable. Comme la nature des enfants est humide, elle dolt se conserver par quelque chose d'humide : le bain. C e s t bien la nature m~me de l'enfant qui d~termine la n&essit~ du bain, non tant pour rendre l'enfant propre que pour le conserver enfant. Comme Galien, Vallambert sugg~re Putilisation du principe de similitude comme r~gle d'hygi~ne. I1 pense, en suivant Hippocrate, que la nature de l'enfant est humide. La r~gle d'hygi~ne ~i suivre est par consdquent de fournir ~i l'enfant la substance qui le caract~rise : l'eau (3). Nous supposons que les considerations faites par rapport ~t l'enfant de plus de 7 ans e t a fortiori par r a p p o r t ~ l ' a d u l t e seront t o u t autres. Vigarello [1985 (18)] montre bien comment le bain, dans la m e s u r e ob il ouvre le corps ~i l'air est congu, l ' d p o q u e , p l u t 6 t c o m m e d a n g e r e u x . L ' e a u est congue comme capable de s'infiltrer dans le corps et l'eau chaude en particulier est suppos~e fragiliser les organes laissant les pores ouverts aux airs malsains. L'organisme baign~ demeure permdable et si l'eau p e u t pdn&rer la peau, elle pertube, elle menace d'une rupture d'~quilibre. Vallambert pr&e une attention particuli~re aux ouvertures <> d u corps : oreilles, nez, (2) Au xvi o siecle, les medecins semblent avoir abandonn6 la th6rapeutique de similitude pr~conisee par Hippocrate, pour les maladies dont les causes ~taient internes. Galien, cinq si#cles apres Hippocrate, n'admettait cette therapeutique que chez les bien-portants et comme r~gle d'hygi~ne. Puis on abandonne compl~tement la therapeutique par similitude. La therapeutique des contraires sera preconisee. Celle-ci est la base de la m~decine allopathogene et analytique, dominante & 1'~poque. N6anmoins, au xw ~si~cle, il y a un renouveau de la m6decine synthetique avec Arnauld, Villeneuve, Paracelse. Ce dernier fonde sa th6rapeutique sur le principe de similitude. Ne connaissant pas encore les similitudes chimiques, il utilise les similitudes de forme et de couleur qui sont perceptibles. On peut consid~rer que Paracelse fonde les bases de I'homeopathie car, non seulement il suit le principe de similitude, mais aussi il considere que dans chaque substance se trouve un principe agissant non sur la masse mais sur le dynamisme. Enfin, il introduit la notion des petites doses. Ce n'est qu'au debut du xixo si~cle que Hahnemann fondera la medecine hom6opathique. La conception analytique de la m~decine, accentu6e dans la m~decine arabe, triomphe dans la deuxi~me moiti6 du xlxo si~cle. Cette conception donne raison & la m6decine allopathogene qui a provoqu~, comme on le salt, des d~s6quilibres autant au plan physique, que moral et intellectuel. En effet, les yeux s'6tant habitues & scruter les petits details n'ont plus su voir la vie. Mais peut-~tre ceci a 6te, comme d'ailleurs Kant I'a soulign~, I'erreur n6cessaire au developpement de la science. (3) Remarquons I'id6e de conservation active par opposition & celle 6tat fixe. 155
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Naissance de Marie, Giovanni da Milano (-~ 1350-69).
bouche, yeux, anus. Quelles sont les raisons qui font que l'on se pr~occupe de ces ouvertures ? Pour Vallambert, c'est ~ travers ces ouvertures que se fait Pexpulsion des excrements et mucosit~s. S'il taut veiller ~ les fagonner en les lavant et en favorisant le sens de Pouverture, c'est qu'elles permettent l'&acuation des humeurs dangereuses pour Penfant. I1 ne s'agirait donc pas du m o m e n t du rituel ou Fenrant dolt souffrir dans sa chair. I1 s'agit de bien veiller au fonctionnement corporel de Penfant.
a u xvItt o s i e c l e . . . les fluides et les solides Comme au x v I o siScle, les mSdecins insistent sur la n&essit~ de laver les enfants d}s leur naissance. Mais plut6t que de souligner la nature de l'enfant et le modelage du corps, ils vont se rSf&er au fonctionnement de la peau (4). En effet, ils parlent de la nScessit8 de r&ablir la perm&bilit6 de la peau car de cette mani~re < [Desessartz, 1799 (3), p. 68)]. Ballexserd [ 1762 (1)] insiste, <
c'est queen bouchant les pores elle s~opposerait ~ la transpiration qui rentrerait alors en dedans ; ee qui altdrerait s~rement la santg de l'enfant ,, (p. 17). Ii taut donc ,< tenir les enfants le plus proprement que l'on peut, parce que cela leur fadlite une douce transpiration, et que la propretg entretient chez eux la gaietg et le plaisir, ce qui met les esprits animaux en action, favorise la circulation et, par consgquent, la nutrition de toutes les parties ,, (p. 63). On le constate une nouvelle lois [ Parrat-Dayan (11)], la circulation des humeurs est n6cessaire pour maintenir la sant4. Le bain de Penfant contribue, comme les autres soins, ~t conserver la sant6 car il contribue ~i la circulation des humeurs. Dans cette conception, la t&e de Penfant constitue une r~gion qui m~rite une attention particuli~re car la t r a n s p i r a t i o n y est trbs a b o n d a n t e et par consequent il s~y forme beaucoup de ,~ crasse ~. C'est pour cela que Desessartz [1799 (3)] conseille de bien la couvrir. I1 craint que le froid resserre les pores de la peau et arr~te l'excrfftion. Or, les choses ne sont pas si simples, surtout lorsque ce sont les nourrices qui s'occupent de l'enfant ! Ainsi, Desessartz recommande de ne pas ~craser la t&e, faute de quoi les bonnets empScheraient que les pores de la peau laissent le passage ~ la transpiration. N & n moins, en anticipant l'argument qu'on pourrait lui opposer, il nous accorde que la t&e enferm& dans des <
PUI~RICULTURE PRATIQUE comme dans un bain tiEde qui amollit les fibres et facilite la transpiration. Mais il nous prEvient : ~ (...) la mati~re transpir& ne pouvant passe dissiper, elle retombe sur la peau, s'y Epaissit et bouche le chemin aux autres parties qui viendraient apras ~,. Alors ,, les vaisseaux resteront engorggs, il se formera des cro~tes sur la peau, la tgte deviendra lourde, pesante, ou les fluides se portant d'un autre catdy occasionneront des gonflements, des flexions (...) ,~. Ainsi, ~( loin d'entretenir et augmenter la transpiration, elles l'arr#tent et occasionnent plusieurs maladies ~ (p. 273).
si~cle ce qui est en jeu n'est plus seulement la circulation des humeurs mais aussi l'Equilibre entre ies forces des fluides et des solides. L'Egalit8 constante de ces forces fait la santE.
au xIx e siecle... nettoyer
Pour les mEmes raisons, le bain froid ne sera pas recommand$ pour les enfants en bas Rge : r L'eau froide (...) enlave difficilement l'humeur visqueuse de la peau ; sa qualitE froide produira une constriction subite dans les fibres, sans les fortifier ; la transpiration, si utile et si ndcessaire aux nouveau-n& sera arrgtge, ou du moins diminuge ce qui leur sera funeste ~ [Desessartz, 1799 (3), p. 66)]. Ndanmoins, quelques m~decins pensent qu'il est bon d'accoutumer ies enfants ~ I'eau froide des la naissance. Saucerotte [1777 (13 bis)], par exemple, explique que ~ (...) le lavage ~ l'eau chaude reldche et amollit ces petits individus, tandis que celui ~ l'eau froide les fortifie, les preserve des maladies de la peau (...) ainsi que des rhumes, des engelures, des obstructions, des descentes et du rachytis ,~ (p. 79). Si, en g$n~ral, on se prononce contre l'id~e des bains froids, la plupart des mSdecins pensent qu'il est n8cessaire d*y parvenir progressivement et relativement vite. ~ (...) si, apr~s avoir sevrg les enfants de la mamelle, on les accoutumait par degrg c~ l'eau froide, en les lavant peu ~ peu, et en y plongeant dedans tout leur corps, apr8s plusieurs essais, je crois que cette pratique deviendrait, pour eux, une habitude profitable qui fortifierait beaucoup la constitution de leur temperament ,, [Ballexserd, 1762 (1), p. 22]. On constate donc que le froid contracte le corps. Son rEle serait de resserrer les fibres. Ainsi on viendra supposer un corps dot~ des ressources internes, contribuant ~t son ddveloppement. Le renforcement ne vient plus d~s l'ext$rieur comme chez Vallambert, mais de l'intErieur ; le corps n'est plus passif. Ce seront les contractions renouvelEes des organes qui f o r t i f i e n t le corps et non les m a n i p u l a t i o n s externes. Ainsi, l'eau froide lave moins qu'elle ne renforce. Remarquons que ce sont ces m8mes raisons qui font que les mddecins s'opposent ~ l'emmaillotement [Parrat-Dayan (12)]. Au XVIII~ si~cle, deux idles convergent : celle de la n&essit8 d'introduire les bains froids progressivement, car ils fortifient l'enfant, et celle des bains tildes qui facilitent l'ouverture des pores de la peau rendant ainsi possible la transpiration insensible. C'est qu'au XVlII~ Journal de PI~DIATRIE et de PUI~RICULTURE n~ 3-1992
Apr~s la naissance, la sage-femme fagonne la t&e de l'enfant. La mere est r~confort~e par les femmes. Croquis d'Olivier Perrin, Galerie bretonne, debut XIXe.
Au XlX~ si~cle, les manuels de pu&iculture sont des manuels d'hygi~ne. Dans ce contexte, le bain a comme fonction principale celle de nettoyer. Golay [1889 (9)] prescrit sans h~sitation, ~ (...) i l f a u t tous les jours laver l'enfant de la tgte aux pieds ,, (p. 227) ou ~ (...) une propretE excessive est ndcessaire ~ une santd parfaite ,, (p. 278). Fonssagrives [1868 (8)] affirme : ~ Les bains constituent un des dements indispensables de la propretg (...), ils nettoient la peau, entra?nent les rJsidus de la transpiration qui obstruent les pores aussi bien que les couches de l'dpiderme qui ont vieilli, et ils favorisent a la fois et la sueur et cette respiration de la peau 6..) ~ (p. 206). Ainsi, c'est grflce au bain que l'on pourra contribuer ~ ce que la peau respire comme les poumons. Pour Fonssagrives [1870 (7)] (, La malpropretg (...) recouvre la peau d'une couche constituEe ~ la lois par le rgsidu solide de la sueur, les debris des cellules de l'gpiderme, les matiEres colorantes et les poussiares que le contact de Pair extErieur et des v&ments y ajoute incessamment ,, (p. 167). 157
PUI~RICULTURE PRATIQUE Les progr~s de l'hygi~ne et de la physiologie, les d~couvertes de Pasteur, la d & o u v e r t e du microscope, donnent aux m~decins pouvoir et prestige. Ils ont les armes leur p e r m e t t a n t d'&re efficaces dans ta iutte contre les maladies et contre ta mortalitd infantile. La re}re, rendue ainsi ignorante par les m~decins, sera caract6ris& par son manque d'action judicieuse envers les enfants. Elle aura tout ~i apprendre des maitres du savoir. En ce qui concerne le bain, ~ bien donner un bain n'est pas quelque chose qui s'improvise, il faut l'apprendre ~, [Golay, 1889 (9), p. 282]. D~s lors, les mSdecins vont s'appliquer ~t d o n n e r u n g u i d e , m o d e d ' e m p l o i r i g o u r e u x et n&essaire. C'est dans ce contexte de la mSdecine du XlX~si~cle, qui pr&end imposer aux m~res les comp o r t e m e n t s ~t tenir, que se constitue le rituel du bain ; ce qui emp~chera, par consSquent, toute initiative maternelle dans les mani~res de faire. Les mSdecins non seulement d o n n e r o n t la marche suivre pas 7t pas, mais ils tenteront d'alarmer et de dramatiser dans le double but de convaincre et de se faire ob$ir. Fonssagrives [1870 (7)] estime que ~ (...) la malpropretg est pour les populations une cause de dgpgrissement physique (...) et aupras de laquelle (...) la guerre et la peste ne sont peut-gtre que des fl&ux de second ordre ~ (p. 169). ~ Et rgflgchissez-y ,,, dit L. Schmidt [1901 (14)]. <,, il faudrait y arriver progressivement, avec l'~ge. A la veille de la deuxi~me guerre, la Doctoresse Bienaim$e [1937 (2)] conseillera, dans une id~ologie militariste, les bains froids. La propret$ ne se discute pas. ~ D~s le lendemain (de la naissance) et 158
chaque jour de son existence, ce bain sera pris dgsormais ,, [(2), p. 19]. Pour que l'enfant acqui~re l'habitude de la propret6 et ayant constat8 que i'@ioignement de l'eau et du savon ont c o m a e cause la crainte du froid, elie recommande l'eau tilde. Elle salt que la chaleur est agr~able. Mais une fois l'habitude mise en place, il n'est pas question de permettre aucune sorte de plaisir. I1 faudra, par consequent, r~duire et la chaleur et la quantit~ d'eau. ~ Nous nous sommes demandgs, en effet, jusqu'a quel point la ti~deur douce d'un bain o3 l'on plonge avec plaisir, disons mgme avec voluptd peut gtre inoffensive au point de vue physique et moral. Nous pouvons en juger par nous-mgmes d la dglicieuse langueur qui nous saisit au sortir d'un bon bain tiade, lequel nous engage plus ~ la r&erie nonchalante qu'a l'action (...) pour des jeunes enfants bien portants que nous ne voulom pas affadir - surtout pour des garcons - il nous semble qu'un tub est plus indiqug ,~ (p. 19). Le bain, avec l'immersion et la chaleur, est une pratique immorale. I1 est fortement conseill~ de l'dliminer par le froid et le tub. Distance entre la re}re et l'enfant, distance de l'enfant avec lui-m~me, aucune place pour le plaisir, aguerrir le corps, le rendre propre, efficace, pr& ~ la lutte et au travail, b~b4 objet, m~re ignorante, voici ies ingr6dients que nous laisse Finspiration m6dicale du x I x ~ si}cle en ce qui concerne le bain de l'enfant. Ce point de vue contraste fort avec celui que les manuels de pu&iculture vont adopter fi partir des anndes 1970. ~, La baignade dure, au dgbut, quelques minutes puis s'allonge au fur et ~ mesure que l'enfant y prend plaisir ,, (13).
aujourd'hui... cc c e r e m o n i e s
secretes
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Ce n'est que vers les ann~es 1970 que les textes de pu&iculture vont avancer avec des arguments psychologiques pour expliquer des comportements que l'on reliait ~ la fin du xzx o si~cle k la physiologie. A u j o u r d ' h u i , le bain de l'enfant occupe un espace tout psychologique. Les soins &venus int& rioris& sont loin de l ' u t i l i t a r i s m e h y g i S n i q u e . Ainsi, l'affirmation du plaisir et de l'&hange dans la relation mSre-enfant prennent le relais des explications hygi~niques. Aujourd'hui le bain est surtout consid&~ comme ~ un doux moment ,,, ,, le plus doux des rendez-vous ,,, ~ l'occasion d'une merveilleuse complicitg avec maman qu'il ne faut pas rater sous aucun prgtexte ~ [de Balaine (4)]. Le bain est pour Penfant ~ une rgcr&tion pleine de tendresse qui lui permet de s'gpanouir et de progresser ~ rue d'oeil ,, (4). J o u r n a l de PC:DIATRIE el de PUI~RICULTURE n ~ 3-1992
PUl~RICULTURE PRATIQUE N o u s avons l ' i m p r e s s i o n que l ' & h a n g e m~reenfant est valoris6 ~t un tel point que le corps du bSb6 semble devenir presque inexistant... Cet 8change n'est pas s e u l e m e n t r~serv8 ~ la m~re. Pour This (15), par exemple, ~, explique Loupan (10 bis, p. 73). A l'enfant, l'autonomie : ~> (ibid., p. 73). ~ (...) c'est la r&glation / Plus depleurs, les bgbgs sourient et parviennent petit ~ petit, chacun ~ leur fafon, l'autonomie darts l'eau ,> (10 bis, p. 71). M a i s alors la r e l a t i o n m ~ r e - e n f a n t . . . ? D ' u n texte ~ l'autre l'accent semble se d@lacer, de la m~re au p~re, des parents au b~b~, d u b~b8 au mSdecin... (, Et ce fameux bain donng au bgbg apr8s la naissance, qui y trouve le plus grand plaisir ? La plupart du temps ce n'est pas la more qui, fatigu& prgfgrerait peut-8tre tenir son bgbg contre elle, naais bien l'accoucheur ou le pore qui en parlent tousles deux conanaed'une expgrience trOs gratifiante ,,, affirme de Parseval (p. 203, 1979). C'est pour le bdb~ qu'il est important que le p~re donne le premier bain, semble dire This. ~ La voix du pore sgcurise l'enfant >, [(15), p. 164]. ~<(...) pour bien respirer, il faut clans un bain retrouver sa sgcuritg de base >>[(15), p. 159]. L'enfant, &re nouveau et individualisS, ne fait plus partie de la m~re. I1 peut ainsi aller vers le p~re d o n t son r61e semble valoris& N ~ a n m o i n s , ~ le bain du bgbg a cet avantage qu'il occupe le pore, qui ne peut, ace monaent, filmer ou photographier son chgrubin ! ,, [(15), p. 159]. Ce n'est donc pas le p~re qui est le personnage important. C'est le b~b8 qu'il faut accueillir, et qu'il faut donc 4couter. Or, (r conanae il ne dit pas grand chose, on le fair parler, on sent ~ sa place : il est dit que ta tunaiOre le traunaatise, que les bruits lui sont insupportables, qu'il a l e vertige pendant les exanaens >,, dit de Parseval (6), pour qui ce n'est effectivement pas ~ l'enfant que revient la position centrale, mais au m4decin, r qui a pernais que le bgbg naisse bien, puisse devenir plus tard un individu heureux (...) et que s'instaure darts les meilleures Journal de PE~DIATRIEet de PUI~RICULTURE n ~ 3-1992
Le Bain de I'enfant (1916). Chagall.
conditions possibles la relation naare-enfant (naais aussi la relation pOre-enfant !), lui qui a joug vgritablenaent le r6le de la bonne more non frustrante, r@aratrice, libidinale. Que l'enfant gagne aussi ~ cet accueil plus chaleureux que prdc6demment, c'est peut4tre vrai, mais personne n'en salt rien ,, (6, p.208). C'est donc grace au m~decin que l'enfant trouvera sa s&urit6 de base. Cette sScurit8 recherchSe reprSsente-t-elle un retour ~ une totalitd perdue ? Quelle est cette totalit8 que l'on cherche ?~ cr6er ? Celle de la mSre et du b6b6 lorsque celui-ci nageait dans le liquide amniotique ? Celle qui s'est perdue au cours des si&les au profit d'un individualisme croissant et qui signera le m a l - & r e des soci&~s c o n t e m p o r a i n e s qui s o n t ~ la r e c h e r c h e d ' u n e impression d'unit$ ? Aujourd'hui, le bain du bSb~ n'est, de toute &idence, pas li~ 5 l'hygi~ne, il n'est plus li~ au corps ext&ieur et matSriel. I1 sYnt&iorise et devient du ressenti, du corps ressenti, du plaisir... Ainsi, on peut revenir ~ cette <>car <( quandje parle du bain, je n'envisage pas seulement l'glgnaent liquide, je laisse entendre que les paroles, gl6naent subtil, touchent, caressent le corps dgnudg de l'enfant ; le " bain de paroles " est essentM >, (15, p. 162). 159
PUIRICULTURE PRATIQUE conclusion Le rapport des &res h u m a i n s fi l'eau n'est pas simple. Pourquoi ie bain des b4b6s le serait-ii ? A quoi sert l'eau ? Que faire d ' u n b4bd qui sort d'un milieu liquide pour entrer dans le milieu a&ien qui est le n6tre ? Ces questions ont occup4 nos aYeux. Ils y ont trouv~ des rdponses vari4es. Nous avons ainsi vu que tout d'abord on n'a pas l'id4e de laver le b6b6 ~ la naissance. On lui donne une toilette s~che ~i base de farine et d'autres dl4ments secs et absorbants. A u M o y e n Age l'eau est rare. I1 faut la porter ~t la main ou aller ~i la fontaine. Les parties non visibles du corps se salissent moins que les autres. Doric, pourquoi les laver quand il y a p~nurie de cette eau de lavage ? C'est ici qu'intervient la vision savante du monde pour laquelle rien n'est simple, c o m m e chacun salt. L'eau ramollit sans doute le corps, mais ce faisant, ne permet-elle pas de donner du model6 au corps en le m a s s a n t de m a n i } r e a d 4 q u a t e ? C e t t e i d l e d'amollissement remonte-t-elle ~i l'idde biblique de l ' h o m m e fait ~i partir du limon de la terre et dont la nature argileuse serait sensible ~ l'eau ? O u bien l'amollissement est-il le r4sultat th4orique d ' u n e observation pratique dans ce Moyen Age de plaies et de bosses ? Les gens auraient-ils observ~ l~in fluence bienfaisante de l'eau sur les plaies et surtout les oedhmes si fr4quents ~t l'4poque ? Ceci n'est pas entihrement convaincant puisque nous savons que les plaies &aleut essentiellement soign&s ~i l'huile. En revanche, l'invention savante dans la pratique p u ~ r i c u l t r i c e est claire et d v i d e n t e ~i p a r t i r d u m o m e n t off l'on parle de circulation des humeurs et de conservation de la nature h u m i d e des enfants. Ces d e u x r4f4rences e x t r 4 m e m e n t savantes sont explicitement m~dicales et th~oriques. Elles marquent le passage d'une pratique plus ou moins libre une mainmise m4dicale complhte. Ce sont les raisons th4oriques qui p e r m e t t e n t d'encourager et de diffuser une pratique et non l'inverse. En effet, tout l'~quilibre du corps avec son milieu est ici en jeu c o m m e est en cause t o u t e l'4conomie interne du corps par ce jeu des miroirs entre le microcosme et le macrocosme si caract6ristique de la pens4e renaissaute. Ces questions prennent, en outre, une importance m&aphysique et l'on pourrait utilement rapprocher le discours m6dical du x v I ~ si~cle sur les orifices humoraux des recommandations religieuses musulmanes pour le Ramadan. Les docteurs les plus intdgristes de l'Islam vont jusqu'~i pr~tendre que le jefine est r o m p u si l'on p r e n d son bain dans les heures interdites du jour, car de l'eau pourrait p6n& trer dans le nez, les oreilles, la bouche, les yeux et surtout l'anus pendant les ablutions. C o m m e on le 160
volt, autant l'Islam que le m4decin du x v I ~ sihcle font r6f6rence ~i la m~me m4decine d'~quilibre des h u m e u r s et des 6changes dedans/dehors du corps humain. Apr~s ces ~quilibres 4cologiques massifs entre le corps et son milieu et ~ l'int&ieur du corps m~me, le x v I I I ~ si6cle va porter ces ~quilibres ~ la p & i p h & rie du corps sur la peau congue comme le lieu de s4paration entre le corps et l'ext&ieur, la paroi ~ travers laquelle les ~changes avec l'ext~rieur se font. Le bain aura d~s lors p o u r f o n c t i o n de faciliter ces ~changes en m a i n t e n a n t la paroi dans u n ~tat de permdabilit~ ad6quate. Une deuxi}me forme d'dquilibre apparalt en m~me temps, c'est l'6galit4 entre les fluides et les solides. Cet 6quilibre correspond au n i v e a u d u corps ~i l ' 6 q u i l i b r e suppos6 e n t r e les masses continentales et les eaux dans la cosmologie du temps. U n tel 4quilibre entre les fluides et les solides est le signe de la sant~ ; car il est cosmique et harmonique. A u XlX ~ si6cle, les choses changent. La d & o u verte du microscope par Leeuwenhoek a 4t~ assimil~e. On a, grRce fi lui, d4couvert des microbes. O n les a vu mourir sous les assauts du savon. La propret4 corporelle est essentielle aprhs Pasteur et la d&ouverte par Semmelweis de la cause de la fihvre puerp&ale dans l~absence d'hygihne corporelle des m~decins. Dans un monde ~i d4sinfecter, le bain des b6bds est essentiel et vital. Le XX o si~cle a conquis la propret~ et pourtant la c&~monie du bain ne cesse pas d'&re troublante. Et ce probablement parce que le bain ntest pas seulement le lieu de Phygi~ne mais celui des multiples r e p r & e n t a t i o n s c o n c e r n a n t le corps, la p e a u , la sant~, la morale. C e s t au x I x ~ si~cle que l'hygi~ne est au premier plan, reals, nous l'avons vu, elle n'est pas ind~pendante des conduites jug~es morales. Or, force de rendre le corps propre, celui-ci semble s'effacer au profit du plaisir de l ' & h a n g e entre la m~re et Fenfant. O n transf~re ainsi d u corps au coeur le sens de la c~r~monie du bain qui de rituelle deviendra secrete. Si le bain est symbole de passage et de renaissance, le corps effac~ ou refoul~ r~apparai't ,~ autre ~ dans cette recherche d'unit~ qui rappelle la fusion pr~natale. La p s y c h a n a l y s e et la d~couverte de Pinconscient vont aider ~ psychologiser le sens du bain des b~b&. Le bain offre une intimit~ et donc un abandon qui d6passent la simple immersion. La nudit6 d u corps du b~b~ lui restitue en plus sa spontan4it6 originelle. En outre, Ie fait que le b~b~ dans le bain soit enti~rement livr~, au moins en apparence, au bon plaisir de sa m~re qui p o u r r a i t le noyer exorcise pr~cis~ment les ddsirs meurtriers de la m~re qui, pour inconscients qu'ils soient, n'en demeurent pas moins r~els. ~ Toute m~re, J o u r n a l de PI~DIATRIE et de PUI~RICULTURE n ~ 3-1992
PUI~RICULTURE PRATIQUE tout p~re, chacun dtentre nous a des raisons de hai'r son enfant et de souhaiter sa mort ,, affirme Sould (14 bis,
p. 12). Enfin, il ne faudrait pas minimiser non plus la dimension sexuelle de la cSrSmonie du bain : voir son b~b~, le d~shabiller, le caresser dans ses parties les plus intimes sous prStexte de le laver, le sScher, le talquer et l*oindre ne sont pas des actes sexuellement innocents non plus. Tout ce complexe faisceau d*Smotion et d~action explique pourquoi le bain
reste un m o m e n t crucial darts la relation m~reenfant que ce soit dans l'inconscient des parents ou celui des auteurs ! Mais peut-atre que le discours sur le bain qui efface et qui parle du corps en marne temps n~est que le s y m p t 6 m e d~une rupture plus large que celle entre la m~re et l'enfant. C'est peutatre la rupture avec le corps social ~clat~ depuis le x v I ~ si~cle qui a provoquE un deuil qui n'a pas pu s'~laborer, faute de projet social d'ensemble. 9
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