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ScienceDirect L’évolution psychiatrique xxx (2016) xxx–xxx
En couverture
Gaia : « oh la belle bleue ! » Gaia: “What a wonderful world” Christophe Chaperot (Rédacteur en chef de l’Évolution psychiatrique, psychiatre, psychanalyste, chef de service) a,∗ , Aurore Cartier (Secrétaire de rédaction de l’Évolution psychiatrique) b a
6e secteur de psychiatrie, secteur G06, centre hospitalier d’Abbeville, 43, rue de l’Isle, 80142 Abbeville cedex, France b 2, impasse Raoul-Dufy, 78990 Elancourt, France
Dans la mythologie grecque la terre, « Gaia » s’est auto-engendrée du chaos initial d’ailleurs inexpliqué, ce qui présente peu de différence avec la mythologie scientifique actuelle qui la fait naître du fameux « big bang ». Mais l’analogie s’arrête là, cependant nul ne sait qui a raison véritablement entre les anciens et les actuels. Les modernes évoquent une sorte de soupe d’atomes qui forment des molécules (chimie), molécules qui s’agencent en structures capables de se reproduire (biologie), jusqu’à former des créatures diverses dont certaines s’agglutineront en groupes puis penseront la possibilité de leur propre mort. Les anciens sont bien plus intéressants d’un point de vue psychiatrique. En effet, Gaia va seule engendrer une descendance, les « Titans », sans aucune participation masculine quelconque. . . Est-ce déjà une figure de mère, qui vient de nulle part et engendre sans homme ? Certainement oui, une des plus archaïques et anciennes fixée dans nos cerveaux de bébés. Mais alors les choses se compliquent puisque non contente de s’auto-engendrer puis d’engendrer seule elle commet l’irréparable et s’accouple avec l’un de ses fils. S’agit-il d’un inceste ? Certes non, il n’y pas de père ! Pas encore du moins. Nous serions plus dans la catégorie de « l’incestuel » chère à Racamier qui exclut le tiers de la structure logique de l’inceste, rendant par-là même l’acte réalisé superflu, et qui forme donc un lien binaire et non plus ternaire entre deux êtres liés par la psychose. Nous savons donc, désormais, que Gaia était psychotique, notre mère porteuse à tous. Puis finalement les « Titans », ainsi que les rejetons incestuels, origineront l’Olympe patriarcal et l’humanité même. Nous ne disposons malheureusement pas d’exemples historiques véritablement sérieux pour examiner ce que serait devenu un monde sans patriarcat. . . Sauf quelques ∗
Auteur correspondant. Adresse e-mail : c
[email protected] (C. Chaperot).
0014-3855/$ – see front matter http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2016.09.003 EVOPSY-1020; No. of Pages 2
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ARTICLE IN PRESS C. Chaperot, A. Cartier / L’évolution psychiatrique xxx (2016) xxx–xxx
exceptions Lévi-srtaussiennes très localisées et avec des échantillons trop faibles par conséquent statistiquement non valides. Les titans puis les savants et tous les penseurs de notre belle discipline sont les enfants de Gaia, monstruosité auto-engendrée, psychotique incestuelle, tiercéisée finalement par l’Olympe, pour introduire enfin l’œdipe. Gaia la belle bleue nous enracine donc dans un mystère originaire et suspect, ce qui confirme une fois encore que l’habit ne fait pas le moine, et que sa beauté magnifique rendue par le planisphère n’est pas exempte de ce qui fonde notre psychopathologie quotidienne, à moins que cela ne soit l’inverse, et que notre psychopathologie nous fonde à former des mythes absurdes en lien avec nos propres complications. Nous serons ici favorable à la première hypothèse, selon laquelle nous souffrons des turpitudes de Gaia depuis maintenant très longtemps, et que cela ne prend pas le chemin de s’arrêter. D’autant que le lecteur attentif, ce qui est généralement le cas concernant notre revue, aura bien remarqué la succession des 0 et des 1 qui couvrent notre planète désormais numérisée. Des messages la parcourent à la vitesse de l’électricité si bien qu’il est désormais possible de rassembler par l’informatique et l’Internet une revue de littérature exhaustive en une demi-journée à peine sur un sujet. La question devient celle de savoir si vitesse et profondeur vont de pair, et s’il ne faudrait pas rétablir la promenade rêveuse dans les bibliothèques chère aux auteurs du siècle des lumières, dont le seul tort a sans doute été de prôner l’universalisation de leurs principes. . . Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.