Hydrocolpos néonatal : à propos de quatre cas

Hydrocolpos néonatal : à propos de quatre cas

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Journal de pédiatrie et de puériculture 19 (2006) 328–330

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j o u r n a l h o m e p a g e : h t t p : / / f r a n c e . e l s e v i e r. c o m / d i r e c t / P E D P U E /

ARTICLE ORIGINAL

Hydrocolpos néonatal : à propos de quatre cas Neonatal hydrocolpos: a four-case report A. Afifia,*, Y. Bouabdallaha, F. Ettaybib, M. Benhammoub a b

Service de chirurgie pédiatrique, hôpital Elghassani, CHU Hassan-II, Fès, Maroc Service des urgences chirurgicales pédiatriques, hôpital d’enfants, Rabat, Maroc

MOTS CLÉS Nouveau-né ; Hydrocolpos ; Chirurgie

Résumé L’hydrocolpos est défini par la rétention vaginale de sécrétions cervicales et vaginales. Les manifestations cliniques sont plus souvent observées chez le nouveau-né et le nourrisson que chez le jeune enfant. L’imperforation hyménale est l’étiologie la plus fréquente ; un diaphragme vaginal complet plus haut situé ou une atrésie vaginale partielle sont des causes plus rares. L’hymenectomie est le traitement de l’hydrocolpos par imperforation hyménale. Pour des rétentions vaginales révélatrices d’une malformation plus grave, le traitement est plus complexe. Les auteurs rapportent une série de quatre hydrocolpos dont trois ont été révélés en période néonatale et un chez un nourrisson de deux mois. Le diagnostic suspecté par la clinique a été confirmé par l’échographie. Le traitement a consisté en une hymenectomie en X chez les trois patientes qui avaient une imperforation hyménale. Chez la quatrième qui avait une atrésie vaginale, un drainage d’un pyocolpos a été fait par cœlioscopie. L’évolution a été favorable, excepté pour la patiente avec le pyocolpos qui est décédée dans un tableau de septicémie.

© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Neonate; Hydrocolpos; Surgery

Abstract Hydrocolpos is characterized by a vaginal accumulation of cervical and vaginal secretions. It often occurs in newborn child and infant. Imperforate hymen is frequently associated; in rare instances, complete higher vaginal diaphragm or partial vaginal atresia is diagnosed. Hydrocolpos can be treated by hymenectomy using imperforate hymen. Because of additional malformation, the treatment can be more complex for vaginal obstruction. The authors report a series of four patients with hydrocolpos: three neonates and one 2-month old infant. Ultrasonography confirmed the physical findings. Three patients with imperforate hymen underwent hymenectomy in X. The fourth which had a virginal atresia and pyocolpos drainage was treated using celioscopy. The three first patients outcome was favorable except for the patient with pyocolpos who died with septicemia.

© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

* Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Afifi).

0987-7983/$ - see front matter © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.jpp.2006.07.004

Hydrocolpos néonatal : à propos de quatre cas

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Introduction L’hydrocolpos est une lésion congénitale, correspondant à une distension liquidienne du vagin, causée par une rétention des sécrétions cervicales et vaginales en amont d’une obstruction vaginale. Il se manifeste fréquemment chez le nouveau-né et le nourrisson. La découverte d’une tuméfaction périnéovulvaire permet de poser le diagnostic qui peut se faire à la naissance, au cours de l’examen systématique des organes génitaux externes.

Méthodes Notre étude a porté sur quatre cas de malformations obstructives du canal vaginal, colligées au service des urgences chirurgicales pédiatriques sur une période de dix ans. Trois de ces hydrocolpos ont été diagnostiqués pendant la période néonatale (4, 5 et 25 jours) ; le quatrième cas a été vu à l’âge de deux mois. Seul un cas de rétention aiguë d’urine a été noté et était dû à la compression des voies urinaires par la masse. Dans tous les autres cas, le diagnostic a été suspecté devant la découverte d’une masse pelvienne ou abdominopelvienne indolore notée chez trois enfants. Le toucher rectal permettant de situer la masse en prérectal est également nécessaire pour éliminer certains diagnostics différentiels (tératomes sacrococcygiens, spina bifida). Il a été effectué chez deux patientes. L’examen gynécologique réalisé chez une enfant rassurée et calmée a permis de trouver : ● une imperforation hyménéale avec un hymen bonbon et bleuâtre chez trois patientes (Fig. 1) ; ● une obstruction plus haut située chez le nouveau-né de 25 jours, vu pour un syndrome infectieux avec une masse pelvienne, et dont l’examen avait déjà noté la présence d’une hexadactylie.

L’échographie faite chez les quatre patientes a permis de confirmer le diagnostic en montrant la rétention liquidienne dans le vagin (Fig. 2). Elle a permis aussi la recher-

Figure 2

Figure 3

Échographie montrant la collection.

TDM montrant la collection intravaginale.

che de malformations associées, utérines et rénales, et l’étude du retentissement sur le haut appareil urinaire. Elle a également montré une hydronéphrose bilatérale chez une des quatre patientes. Chez cette dernière, une TDM (tomodensitométrie) a été faite, et a permis de montrer en plus de la rétention vaginale (Fig. 3), la présence d’une atrésie vaginale. Le traitement a consisté à faire une hymenectomie en X chez les trois patientes qui avaient l’imperforation hyménéale. Cette hymenectomie a été associée à un drainage vaginal pendant 48 heures et à une antibioprophylaxie. Chez la quatrième patiente, une exploration par cœlioscopie avec drainage de la collection purulente (pyocolpos) a été faite ; la patiente est décédée dans un tableau de septicémie. Pour les trois autres, après un recul moyen de quatre ans, l’évolution est favorable avec absence de récidive.

Discussion

Figure 1

Hymen imperforé et bonbon.

L’hydrocolpos est une affection rare, mais non exceptionnelle. En effet, Westerhout et al. [1] et Gupta et al. [2] ont rapporté une incidence de 1/30 000 naissances. Pour Chen et al [1–3], l’incidence est de 1/16 000 naissances

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féminines ou de 1/60 000 accouchements (mort-nées incluses). L’hydrocolpos apparaît comme une affection du tout jeune enfant. Il est habituellement découvert à la période néonatale [4,5], chez le nouveau-né à terme. Cependant, il a également été découvert chez des prématurées. Il devient rare au cours de la deuxième enfance (deux cas dans la littérature en 1935 et 1938), où il réalise de préférence un tableau de pyocolpos. Dans notre série, les quatre cas recueillis ont été découverts au cours des premiers mois de la vie. L’examen clinique a permis de rechercher une tuméfaction périnéovulvaire, présente dans 50 % des cas [6]. Il permet également la recherche de malformations associées, présentes dans 25 % des cas selon Christiaens et al. [7], notamment une syndactylie, une cardiopathie congénitale, dans le cadre du syndrome de McKusick-Kaufman [8–10], des malformations de l’arbre urinaire et une malformation anorectale [9–11]. L’échographie abdominale et pelvienne permet de confirmer le diagnostic évoqué en montrant une masse hypoéchogène. Le siège médian et la continuité de la masse liquidienne avec le vagin permettent le diagnostic en écartant l’éventualité d’un kyste ovarien, principal diagnostic différentiel avant la réalisation de l’échographie. L’échographie permet également de rechercher le type de la malformation (imperforation hyménéale, atrésie vaginale ou rétention sur utérus bicorne), mais aussi de rechercher les malformations associées, notamment une agénésie rénale ipsilatérale en cas de rétention sur utérus bicorne [12]. La TDM et l’IRM (Imagerie par résonance médicale) peuvent être réalisées avant l’intervention sur des lésions complexes [12]. Le traitement est chirurgical, il a pour but : ● de rétablir la perméabilité du tractus génital ; ● d’assurer une fonction sexuelle normale ; ● de tenter de préserver la fertilité ultérieure. En cas d’imperforation hyménéale, le traitement consiste à faire une hymenectomie, qui se fait par voie basse et doit respecter les glandes de Bartholin situées à 5H et 7H. Il convient donc de faire l’incision à 11H et 1H afin de libérer les berges inférieures du méat urétral et d’assurer une désolidarisation méatohyménéale. Plusieurs techniques d’hymenectomie peuvent être réalisées [6]. Ainsi, on peut faire une excision circonférentielle totale de l’hymen avec le risque d’entraîner une sclérose et une dyspareunie orificielle. La technique de Pozzi [6] consiste à inciser l’hymen et les muscles constricteurs à 5H et 7H de façon radiaire et à faire une plastie permettant d’agrandir l’orifice vaginal. Graber (d’après [6]) propose de faire une hémisection inférieure et radiée de l’hymen avec section

A. Afifi et al.

musculaire des constricteurs. La technique de Caparo [6] consiste à faire une section hyménéale sagittale ; elle est la seule à conserver la virginité. On peut aussi réaliser des incisions hyménéales radiaires étoilées. Cette dernière est certainement la technique la plus simple. Un drainage de la cavité vaginale peut être réalisé après l’hymenectomie. Dans notre série, il a été réalisé chez toutes les patientes pendant deux jours. Une antibiothérapie est prescrite en cas d’infection. Le pronostic de cette affection est bon si le diagnostic a été fait précocement. Il devient péjoratif lorsque la patiente est vue tardivement ou en présence de complications notamment infectieuses.

Conclusion L’hydrocolpos est une affection bénigne qui peut être le symptôme révélateur de malformations utérine ou rénale. Les conséquences sur la fécondité par le risque d’infection ne sont pas négligeables. Une prévention par un examen soigneux des organes génitaux des nouveau-nés est nécessaire.

Références [1]

Westerhout Jr. FC, Hodgman JE, Anderson GV, Sack RA. Congenital hydrocolpos. Am J Obstet Gynecol 1964;89:957–61. [2] Gupta I, Barson AJ. Hydrocolpos with peritonitis in the newborn. J Clin Pathol 1980;33:679–83. [3] Chen CP, Liu FF, Jan SW, Chang PY, Lin YN, Lan CC. Ultrasound-guided fluid aspiration and prenatal diagnosis of duplicated hydrometrocolpos with uterus didelphys and septate. Vagina Prenat Diagn 1996;16:572–6. [4] Spence M. Congenital hydrocolpos. JAMA 1962:1100–5. [5] Reed MH, Griscom NT. Hydrometrocolpos in infancy. Am J Roentgenol Radium Ther Nucl Med 1973;118:1–13. [6] Salvat J, Slamani L. Hématocolpos. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1998;27:396–402. [7] Christiaens L, Saint-Aubert P, Dehaene P, Debruxelles P, Dufour F, Laude M. Hydrocolpos du nouveau-né. Arch Fr Ped 1963;20:1003–13. [8] Siala-Gaigi S, Chabchoub A, Marrakchi Z. Syndrome de McKusick-Kaufman. À propos d’une observation avec hydrocolpos et polydactylie. Tunis Med 1996;74:357–60. [9] Smets K, Faes F, Hoebeke P. Urinary hydrocolpos, cloacal malformation and pre-axial polydactyly: a rare variant of neonatal hydrocolpos. Am J Perinatol 1998;15:269–72. [10] Caille G, Michel P, Migeon J, Chartier JR, Sorin Y. À propos de deux cas d’hydrocolpos par atrésie vaginale associés à une polydactylie. Ann Radiol (Paris) 1983;26:477–82. [11] Mirk P, Pintus C, Speca S. Ultrasound diagnosis of hydrocolpos: prenatal findings and postnatal follow-up. J Clin Ultrasound 1994;22:55–8. [12] Randriana B, Irles M, Albert B, Casenave C, Baran JF, Nottin P, et al. Hématocolpos unilatéral, vagin borgne et agénésie de l’arbre urinaire homolatérale. Rev Fr Gynecol Obstet 1994; 89:401–5.