Hypoglycémie sévère sous β-bloquants

Hypoglycémie sévère sous β-bloquants

220 20 Hypoglycémie sévère sous ␤-bloquants M. Evrard 1,∗ , C. Kebbabi 1,2 , L. Occhio 1,2 , J. Manel 1 1 Centre antipoison et de toxicovigilance, C...

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Hypoglycémie sévère sous ␤-bloquants

M. Evrard 1,∗ , C. Kebbabi 1,2 , L. Occhio 1,2 , J. Manel 1 1 Centre antipoison et de toxicovigilance, CHU de Nancy, 54000 Nancy, France 2 Université de Lorraine, 54000 Nancy, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Evrard) Introduction Les ␤-bloquants regroupent une famille de médicaments antagonistes compétitifs sélectifs des récepteurs ␤adrénergiques périphériques et centraux. En liens direct ou indirect avec leur action pharmacologique sur les ␤-récepteurs, de nombreux effets indésirables sont observés tels que bradycardie, hypotension, troubles du rythme, bronchospasme, syndrome de Raynaud, hypoglycémies. . . Le cas d’une hypoglycémie sévère durable chez un enfant traité par nadolol est rapporté. Méthodes Documentation et description du cas clinicobiologique. Analyse des cas recensés dans le système d’information des centres antipoison, analyse bibliographique. Résultats À 6h45, un enfant, 8 ans, 20 kg, est retrouvé, par ses parents dans son lit en hypotonie avec clonies des membres supérieurs. À l’arrivée des secours, la glycémie capillaire est quantifiée à 0,3 g. L−1 , qui motive l’administration immédiate de 10 mL d’une solution glucosée à 30 % puis d’une perfusion de glucose à 10 % jusqu’à normalisation (1,05 g. L−1 ). L’enfant est hospitalisé pour hypoglycémie sévère cétotique avec malaise et convulsions inaugurales. L’interrogatoire a révélé un syndrome du QT long, diagnostiqué 4 mois auparavant et traité par nadolol (posologie 20 mg : 1—0—1). On note la survenue, 15 jours plus tôt, d’un épisode de malaise sans convulsion, étiqueté vagal. À son entrée, le patient est conscient et orienté (score de Glasgow 15), hypothermique (35,2 ◦ C), sans autre particularité. Le bilan biologique initial, réalisé à la prise en charge à domicile, confirme une hypoglycémie sévère à 0,18 g. L−1 , une hyperleucocytose de démarginalisation à 29 G. L−1 ; l’ionogramme, les bicarbonates, la NFS, le BHC, les CPK, la CRP, et la PCT sont normaux. Le bilan étiologique n’a pas objectivé d’origine endocrinienne. L’intoxication éthylique aiguë et le surdosage en nadolol sont exclus. La seule particularité relève, la veille, d’une absence de prise de collation à 16 heures et d’un dîner léger, hypocalorique (portion de salade de carotte avec jambon accompagnée d’eau), soit un jeûne relatif de 19 heures Il n’a pas été observé d’autre épisode d’hypoglycémie. Discussion et Conclusion Bien que rarement observé à dose thérapeutique, mais plus fréquemment en situation toxique, l’hypoglycémie est un effet de classe des ␤-bloquants, notamment lié à leur action sur les récepteurs ␤-2 adrénergiques, provoquant une diminution du rétrocontrôle positif hépato-pancréatique de la glycémie par inhibition de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse hépatique. Ainsi, des hypoglycémies sévères (< 0,2 g.L−1 ) avec retentissement neurologique ont été rapportées. Des situations particulières influant sur le métabolisme glucidique (jeûne, activités physiques. . .) en favorisent la survenue. L’éducation thérapeutique du patient ou de son entourage en prévention de cette iatrogénie médicamenteuse peut en limiter la survenue et les conséquences. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.09.023 21

Diméthylfumarate (DMFu) F. Flesch 1,∗ , C. Solal 2 1 Centre antipoison et de toxicovigilance, Nouvel hôpital Civil, 67000 Strasbourg, France

Congrès STC 2014 2 Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), 94701 Maisons-Alfort, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : fl[email protected] (F. Flesch)

Introduction Le DMFu est une substance chimique utilisée en tant que principe actif médicamenteux dans certains pays européens ; il a également été utilisé en dehors de l’U.E. comme antifongique d’articles chaussants, canapés, fauteuils, échappant ainsi au champ d’application de la Directive « Biocides » 98/8/EC (transformée depuis en Règlement sur les produits biocides no 528/2012). Discussion Suite à la survenue d’une série de cas d’atteintes cutanées sévères après contact avec ces articles, un arrêté, publié au JO de décembre 2008, a suspendu l’importation et la mise sur le marché de sièges et articles contenant du DMFu. Le 15 mai 2012, le règlement (UE) no 412/2012 a interdit l’utilisation et la mise sur le marché d’articles dont la concentration en DMFu était supérieure à 0,1 mg/kg. L’InVS, prévenue de la survenue des premiers cas en 2008, a transmis l’alerte aux CAPTV et a sollicité la DGCCRF pour confirmer la présence de DMFu dans les articles incriminés. La DGS a, par ailleurs, adressé une saisine au comité de coordination de toxicovigilance (CCTV) pour solliciter la réalisation d’un bilan sur le DMFu (cas recensés par les CAPTV et le réseau Revidal Gerda). Un rapport finalisé le 10 janvier 2009 fait état de 118 cas de dermatite dont 97 pour lesquels la responsabilité du DMFu était au moins plausible. Dans 25 cas la sensibilisation à la substance a été confirmée par des tests épicutanés. Des personnes regroupées en association, se plaignant de problèmes de santé récurrents malgré le retrait des produits contaminés, ont sollicité le ministre de la santé afin que des mesures de DMFu au sein de leur logement soient réalisées. L’Afsset (actuellement Anses), a réalisé dès 2009 des campagnes de mesure afin d’évaluer la contamination pouvant subsister dans les logements de personnes préalablement exposées et se plaignant de troubles de santé rémanents. Ces investigations ont permis de confirmer la présence de DMFu au sein de matériaux textiles dans 6 logements sur 14. En raison de la poursuite des plaintes et ce malgré le retrait des articles contaminés, il a été réalisé un nouveau recensement des cas symptomatiques notifiés entre le 1er janvier 2009 et le 28 février 2010. 107 cas ont été enregistrés dont 84 d’imputabilité au moins plausible. La détection des nouveaux cas a été poursuivie à partir de la base des cas d’intoxication des CAPTV (Sicap). Ainsi, de janvier 2012 à juillet 2014, 195 cas d’imputabilité non nulle ont été colligés dont 67 en rapport avec des articles chaussants, 55 avec des articles meublants et 44 avec des articles d’habillement. La responsabilité du DMFu n’a été confirmée que dans 1 cas par un test épicutané positif. Néanmoins, l’imputabilité de l’agent dans la genèse des symptômes était probable dans 31 cas, possible dans 93, douteuse dans 48 et indéterminable dans 22. Il se pose donc le problème de la nature de la substance en cause dans ces articles. Seule l’analyse permettrait d’appréhender ce problème ; or celle-ci n’est que très rarement réalisée, ce qui constitue certainement l’écueil majeur dans la surveillance de l’événement. Conclusion Malgré l’interdiction d’utilisation du DMFu en tant que traitement antifongique de marchandises provenant de l’étranger, les CAPTV continuent d’enregistrer des plaintes, ce qui soulève le problème de l’analyse des articles afin d’identifier la(les) substance(s) en cause. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.09.024