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M6decine et
maladies inlcetieuses
Mrdecine et maladies infectieuses 37 (2007) $61-$62 http://france.elsevier.com/direct/MEDMAL/
Lettre des orateurs de la Journ6e Nationale de Formation des infirmibres
CT1 INF-02. Sessions de communications orales thrmatiques (lettres) Th~me : Hygiene
Diarrhres infectieuses
clostridium difficile
Infection diarrhea with clostridium difficile I. Favre-Frlix, G. Guerre, L.-S. Aho-G1616
Mots cl~s : Clostridium difficile ; Diarrh~e ; Isolement malade ; Drsinfection des mains Keywords: Clostridium difficile; Diarrhea; Patient isolation; Hands desinfection
Plusieurs 6pidrmies nosocomiales ~t Clostridium difficile (ICD) en France et ?~l'rtranger (Amrrique du Nord, GrandeBretagne, Belgique, Pays-Bas) ont 6t6 relatres ces dernibres ann6es et plus particuli~rement ces derniers mois avec la souche 027. En France il n'existe pas de surveillance organisre des ICD, par consrquent des mesures sous formes de recommandations ont 6t6 proposres par I'InVS, le RAISIN et les C CLINs, et, afin de sensibiliser les 6tablissements de sant6 a surveiller e t a drclarer si nrcessaire les ICD [1]. Clostridium difficile est un bacille gram positif, anarrobie particuli~rement rrsistant dans l'environnement lorsqu'il se trouve sous sa forme sporulre. I1 est responsable de 15 25 % des diarrhres post antibiotiques (1 e c a u s e de diarrh6e infectieuse nosocomiale chez les adultes) et de plus de 95 % des colites pseudomembraneuses. L'acquisition d'une ICD drpend de l'association d'au moins quatre facteurs associrs, concomitant ou successifs [2] : - la d i m i n u t i o n d e la r ~ s i s t a n c e h la c o l o n i s a t i o n i n d u i t e p a r u n e a n t i b i o t h 6 r a p i e : le r61e des anti-
biotiques est pr6pond6rant car ils perturbent la flore intestinale et favorisent la colonisation de l'intestin par des souches endog~nes ou exog~nes (transmission crois6e) ; - l ' a c q u i s i t i o n d ' u n e s o u c h e : la transmission est orof6cale, manuport6e ou ~ partir de l'environnement ; - la s 6 c r 6 t i o n de t o x i n e s (A ou B) : seules les souches t o x i n o g ~ n e s sont p a t h o g ~ n e s ( t o x i n e A ou B). L ' h y p e r productivit6 des toxines A e t B conf'ere ~t la souche 027 un caract~re de virulence ~ l'origine de © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits rrservrs.
plusieurs 6pidrmies. La recherche de ces toxines dans les selles permet de faire le diagnostic [3] ; - l ' a b s e n c e de r ~ p o n s e i m m u n i t a i r e : induite par des facteurs de risque tels que l'~ge suprrieur ~t 65 ans associ6 ~tune antibiothrrapie et/ou par la modification de l'6cosyst~me digestif (laxatif, lavement barytr, traitement anti-acide, chirurgie gastro-intestinale...) [4]. Le principal traitement consiste ?aarrSter les antibiotiques responsables (gurrison en 2 h 3 jours dans 25 % des cas). La prrvention des ICD implique qu'une politique de prescription des antibiotiques raisonnre soit mise en place. D'autres mesures pour limiter le risque de transmission crois6e sont mettre en ~euvre en cas d ' I C D avrrre. L'isolement infectieux du patient s'impose d~s l'apparition d'une diarrhre 6vocatrice d'ICD. Les p r e c a u t i o n s c o n t a c t renforcent les p r e c a u t i o n s s t a n d a r d . Elles consistent h isoler le patient dans une chambre individuelle et d'individualiser le matrriel nrcessaire pour les soins. Une attention particulibre est accordre ?~ l'hygibne des mains (lavage des mains simple + drsinfection des mains par friction avec un Produit Hydro Alcoolique : PHA) et l'entretien des locaux qui doit 8tre rralis6 en 3 temps (drtergence + rin9age + d6sinfection avec une solution javellisre dilure 5 0,5 % Ca). En cas d'dpiddmie il convient de regrouper les patients infectrs, de drdier du personnel 7t leur prise en charge et de limiter les admissions dans le service. Cela peut aller j usqu'~ la fermeture du service. Une cellule de crise doit 8tre mise
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1. Favre-Fdlix, G. Guerre, L.-S. Aho-Gldld /Mddecine et maladies infectieuses 37 (2007) $61-$62
en place, un signalement externe est effectu6 (DRASS, InVS, C CLIN, Antenne r6gionale). La lev6e de l'isolement peut ~tre envisag6e 48 heures apr6s la fin de la diarrh6e. Elle n6cessite une prescription m6dicale.
1. Discussion Si l'hygi~ne des mains reste une des mesures les plus importante ?a respecter, certains s'interrogent sur l'efficacit6 de la strat6gie <> versus lavage des mains antiseptique avec une solution h base de Polivinylpyrolidone iod6 (PVPI). L'essentiel reste l'action m6canique du lavage pour 61iminer la pr6sence de la bact6rie sporul6e sur les mains des soignants, la SHA, non efficace sur les spores bact6riennes permet d'61iminer les agents transmissibles conventionnels. Cette recommandation a l'avantage d ' o p t i m i s e r la compliance et l'observance des soignants par rapport au lavage de mains antiseptique qui n'est bien souvent pas r6alis6 dans les r6gles de l'art (technique, temps de contact). I1 reste ~t souligner que le port syst6matique de gants r6duit la contamination des mains et donc augmente l'efficacit6 de l'hygibne des mains mis en oeuvre. En ce qui concerne l'entretien des locaux, la rdalisation du bio-nettoyage en 3 temps est chronophage pour les dquipes. I1 est souhaitable de r6aliser des tests avec les solutions d6tergentes-d6sinfectantes ~t base d'hypochlorite de sodium commercialis6es ~t 2,6 % Chlore actif (Ca). Si tel 6tait le cas et si les r6sultats 6taient favorables le bio-nettoyage avec un d6tergent-d6sinfectant chlord dilu6 ~ 0,5 % Ca pourrait s ' e n v i s a g e r au quotidien. Le bio-nettoyage en 3 temps, toujours avec la solution chlord ~ 0,5 % Ca, serait appliqu6 au depart du patient ou ~t la lev6e de l'isolement. Enfin on ne peut pas ignorer le fait que la dilution ~ 0,5 % Ca est difficilement supportable par les utilisateurs au niveau respira-
toire. L ' o d e u r est tenace et certains agents d6plorent des picotements du fond de la gorge et/ou des larmoiements. Hormis les effets secondaires rapport6s par les fabricants et ce q u ' o n peut lire dans la litt6rature sur ce sujet, ces aspects n'ont pas fait l'objet d'6tudes document6es (6pid6miologiques) pour le moment. I1 convient donc de rester prudent et de ne pas soulever des hypothbses non fond6es sur d'6ventuelles manifestations toxiques envers le personnel.
2. Conclusion A u vue de la contagiosit6 et surtout de la gravit6 des diarrh6es (d6c6s) h C l o s t i d i u m d i f f i c i l e (de surcro~t la souche 027), la prise en charge du/des patient(s) doit ~tre rapide et implique une organisation et une gestion rigoureuse. Le respect des recommandations en vigueur pour la pr6vention et le contr61e des infections li6es h C l o s t r i d i u m difficile permettra sans nul doute aux 6quipes soignantes de contrecarrer une potentielle 6pid6mie [5].
R6f~rences [1]
[2] [3]
[4]
[5]
Conduite~ tenir : diagnostic, investigation, surveillance et principes de pr6vention et de ma~trise des infections h Clostridium difficile, C CLINs, RAISIN, InVS, 2006. Note DHOS/E2/DGS/5C/2006/335 du 1erseptembre 2006 relative aux recommandations de ma~trise de la diffusion des infections Clostridium difficile dans les 6tablissements de sant6. ~ Clostridium difficile 027: caract6ristiques microbiologiques et 6pid6miologiques~>,F. Barbut, B. Coignard,L. Bonn6, B. Burghoffer, J.C. Petit, Hygi6n6Sn °6, 2006. Circulaire n °DGAS/SD2C/DHOS/E2/DGS/5C/5D/2006/404 du 15 septembre 2006 relative aux recommandations de maRrise de la diffusion des infections h Clostridium difficile dans les 6tablissements h6bergeant des personnes fig6eset dans les unit6s de soins de longue dur6e. <~Infections nosocornialesh Clostridium ~, HMH f6vrier 2007 n °82.