JDP 2017 E. Audureau 1 , C. Hua 2 , N. de Prost 3 , F. Hemery 4 , J.-W. Decousser 5 , R. Bosc 6 , R. Lepeule 5 , O. Chosidow 2 , E. Sbidian 2,∗ 1 Département de Santé publique 2 Service de dermatologie 3 Service de réanimation 4 Service d’informatique médicale 5 Service de microbiologie 6 Service de chirurgie plastique, CHU Henri-Mondor, Créteil ∗ Auteur correspondant. Introduction Les dermo-hypodermites-fasciites nécrosantes (DHBN-FN) sont des infections rares et graves (25—30 % de mortalité). Le délai à la 1re chirurgie est un des facteurs de risque de mortalité. Ce délai dépend des délais au diagnostic, à la décision chirurgicale et à l’accès au bloc opératoire. Ces éléments pourraient, selon notre hypothèse, être facilités dans les centres de recours tertiaires. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact d’une prise en charge ou non en centre tertiaire sur la mortalité des DHBN-FN en France. Matériel et méthodes Les bases nationales du PMSI ont été interrogés pour la période 2007—2012 afin d’inclure l’ensemble des séjours dont le diagnostic principal comportait le code « fasciite nécrosante ». Les données recueillies rétrospectivement étaient : (1) les caractéristiques sociodémographiques et comorbidités, un séjour en réanimation, le transfert interhospitalier et le décès et (2) le type de structure (public/privé) et « l’expérience » dans le domaine (≥3 DHBN-FN/an, < 3). La mortalité était estimée à court terme (J28) et à moyen terme (dernière date de suivi). Des associations étaient recherchées entre facteurs « hospitaliers » et mortalité après ajustement sur les caractéristiques despatients. Résultats 1506 patients ont été identifiés, âgés de 60,3 ans ( ± 19) (609 femmes), pris en charge dans 325 centres (82 % public, 17 % hospitalo-universitaires dont 36 % prenant en charge ≥ 3 DHBNFN/an). 197 (13 %) patients avait été transférés, 1025 (68 %) avaient fait un séjour en réanimation, 271 étaient décédés à J28. La figure montre la répartition des structures hospitalières prenant en charge des DHBN-FN en fonction du nombre de patients et du taux de mortalité. Concernant la mortalité à J28, après ajustement sur les facteurs de confusion (âge, sexe, comorbidités, séjour en réanimation), les hôpitaux universitaires prenant en charge ≥ 3 DHBN-FN/an étaient associés à une moindre mortalité (OR = 0,7, IC95 % [0,5 ; 0,9] ; p = 0,04) en comparaison aux hôpitaux publics (universitaires ou non) prenant en charge < 3 DHBN-FN/an. Le transfert interhospitalier n’était pas associé à un sur-risque de mortalité (OR = 0,9 [0,6 ; 1,4] ; p = 0,73). Les résultats étaient superposables pour la mortalité à moyen terme. Discussion Une moindre mortalité à court et moyen terme des patients DHBN-FN était observée dans les centres tertiaires prenant en charge plus de 3DHBN-FN/an. De plus, le transfert inter-hospitalier n’était pas associé à un sur-risque de mortalité, contrairement à certaines études antérieures n’ayant pas pris en compte les caractéristiques des structures recevant les patients transférés, et notamment l’expérience pour ce type de prise en charge. Conclusion Les transferts vers les centres tertiaires des DHBN-FN diagnostiquées ou suspectées devraient être facilités au sein d’une zone géographique définie afin d’espérer une amélioration de la mortalité. Mot clé Fasciite nécrosante Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.070
S77 CO053
Infections cutanées dues à Staphylococcus lugdunensis P. Del Giudice 1,∗ , J. Gillon 2 , A. Fribourg 2 , L. Roudière 2 , T. Hubiche 1 1 Infectiologie — dermatologie, CHI Fréjus-Saint-Raphael, Fréjus 2 Laboratoire de biologie, CHI Fréjus-Saint-Raphael, Fréjus ∗ Auteur correspondant. Introduction Staphylococcus lugdunensis est un staphylocoque jugé émergent et rapporté comme une bactérie pathogène comparable à S. aureus et responsable entre autres d’infections cutanées. Quelques observations ou petites séries de cas rétrospectives l’ont comparé à S. aureus quant à sa pathogénicité. Toutefois, cette bactérie est dépourvue des gènes producteurs des toxines habituellement incriminées dans les infections cutanées à S. aureus. Nous avons réalisé une étude dans le but d’en décrire les manifestations cliniques cutanées. Matériel et méthodes Il s’agit d’une étude prospective menée au CHI de Fréjus-Saint-Raphael de 2009 à 2016. Tous les patients consécutifs ayant un S. lugdunensis isolé d’un prélèvement cutané ont été inclus. Une fiche d’information standard a été complétée incluant l’âge, le sexe, le traitement, la présence d’autres bactéries, la localisation de l’infection et l’histologie quand cela était réalisé. Le diagnostic clinique précis était toujours réalisé par un dermatologue du service soit au moment de l’examen du patient, soit en le reconvoquant après isolement du germe, soit le cas échéant par l’interrogatoire du médecin/chirurgien ayant pris en charge le patient. Des photos cliniques ont été réalisées quand cela était possible. Par ailleurs, nous avons comparé cette série de cas à des infections cutanées à S. aureus de la même période préalablement inclus dans les mêmes conditions. Résultats Quatre-vingt-deux patients, âgés de 12 à 85 ans (moyenne 51, médiane 54). Les cas étaient classés en 10 différents diagnostics ; les principaux étant : kystes sébacés infectés (17 ; 20 %), prélèvement de site opératoire (16 ; 19,5 %), paronychie (9 ; 11 %), « abcès » (9 ; 11 %), maladie de Verneuil (8, 10 %) et cellulite (7, 8,5 %). 3 avaient une infection récurrente. La plupart des lésions étaient uniques. Les localisations principales étaient la région périnéale 29 (34 %), pied (8 : 10 %), jambe (7 ; 8 %). La comparaison avec les infections à S. aureus de la même période montre une épidémiologie différente (1 seul enfant pour S. lugdunensis) ainsi que des manifestations cliniques différentes (pas d’impétigos ou de furoncles pour S. lugdunensis et une majorité d’infections secondaires) Discussion Il s’agit de la seule étude prospective et ayant pour objet les manifestations cliniques dermatologiques dues à S. lugdunensis. Elle montre qu’il s’agit dans la majorité des cas, d’infections secondaires puisque survenant sur une lésion préexistante. Cela est cohérent en l’absence de toxines similaires à celles produites par S. aureus telles que la PVL ou les exfoliatines et responsables d’infections primaires ou secondaires. Conclusion Il s’agit de la première étude des manifestations dermatologiques dues à S. lugdunensis. Nos résultats contredisent les observations ou petites séries de cas publiés en montrant des manifestations cliniques différentes de celles de S. aureus. Mots clés Infection bactérienne ; Staphylococcus aureus ; Staphylococcus lugdunensis Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.071