DIRECTIVE CLINIQUE DE LA SOGC N 301, décembre 2013
Insuffisance cervicale et cerclage cervical Avis: La présente directive clinique est publiée officiellement dans le Journal d’obstétrique et gynécologie du Canada. Par conséquent, la date de parution pourrait ne pas correspondre à la date de publication originale. Aucune modification n’a été apportée au contenu.
La présente directive clinique a été rédigée par le comité de médecine fœto-maternelle, analysée par le comité de pratique clinique - obstétrique et approuvée par le comité exécutif et le Conseil de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Christy Pylypjuk, MD, Saskatoon (Sask.) Anne Roggensack, MD, Calgary (Alb.) Frank Sanderson, MD, Saint John (N.-B.) Vyta Senikas, MD, Ottawa (Ont.)
AUTEURS PRINCIPAUX Richard Brown, MD, Montréal (Québec)
Tous les collaborateurs nous ont fait parvenir une déclaration de divulgation.
Robert Gagnon, MD, Montréal (Québec) Marie-France Delisle, MD, Vancouver (C.-B.) COMITÉ DE MÉDECINE FŒTO-MATERNELLE
Les recherches documentaires et le soutien bibliographique nécessaires aux fins de la rédaction de la présente directive clinique ont été assurés par Mme Becky Skidmore, analyste de recherche médicale, Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Robert Gagnon, MD (président), Montréal (Québec) Emmanuel Bujold, MD (coprésident), Québec (Québec) Melanie Basso, inf. aut., Vancouver (C.-B.) Hayley Bos, MD, London (Ont.) Richard Brown, MD, Montréal (Québec) Stephanie Cooper, MD, Calgary (Alb.) Joan Crane, MD, St-John’s (T.-N.-L.) Gregory Davies, MD, Kingston (Ont.) Katy Gouin, MD, Québec (Québec) Savas Menticoglou, MD, Winnipeg (Man.) William Mundle, MD, Windsor (Ont.)
Mots clés : Cervical insufficiency, cervical incompetence, cervical cerclage, preterm delivery, prematurity, Shirodkar cerclage, MacDonald cerclage, abdominal cerclage, rescue cerclage, cervical shortening, trans-vaginal ultrasound, cervical length http://dx.doi.org/10.1016/j.jogc.2016.09.046
J Obstet Gynaecol Can 2016;38(12S):S376eS390 Copyright ª 2016 Published by Elsevier Inc. on behalf of The Society of Obstetricians and Gynaecologists of Canada/La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada
Objectif : La présente directive clinique a pour but de fournir un cadre de référence que les cliniciens pourront utiliser pour identifier les femmes qui sont exposées aux plus grands risques de connaître une insuffisance cervicale, ainsi que pour déterminer les circonstances en présence desquelles la mise en place d’un cerclage pourrait s’avérer souhaitable. Résultats : La littérature publiée a été récupérée par l’intermédiaire de recherches menées dans PubMed ou MEDLINE, CINAHL et The Cochrane Library en 2012 au moyen d’un vocabulaire contrôlé (p. ex. « uterine cervical incompetence ») et de mots clés appropriés (p. ex. « cervical insufficiency », « cerclage », « Shirodkar », « cerclage », « MacDonald », « cerclage », « abdominal », « cervical length », « mid-trimester pregnancy loss »). Les résultats ont été restreints aux analyses systématiques, aux essais comparatifs randomisés / essais cliniques comparatifs et aux études observationnelles. Aucune restriction n’a été appliquée en matière de date ou de langue. Les recherches ont été mises à jour de façon régulière et intégrées à la directive clinique jusqu’en janvier 2011. La littérature grise (non publiée) a été identifiée par l’intermédiaire de recherches menées dans les sites Web d’organismes s’intéressant à l’évaluation des technologies dans le domaine de la santé et d’organismes connexes, dans des collections de directives cliniques, dans des registres d’essais cliniques et auprès de sociétés de spécialité médicale nationales et internationales.
Ce document fait état des percées récentes et des progrès cliniques et scientifiques à la date de sa publication et peut faire l’objet de modifications. Il ne faut pas interpréter l’information qui y figure comme l’imposition d’un mode de traitement exclusif à suivre. Un établissement hospitalier est libre de dicter des modifications à apporter à ces opinions. En l’occurrence, il faut qu’il y ait documentation à l’appui de cet établissement. Aucune partie de ce document ne peut être reproduite sans une permission écrite de l’editeur.
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Insuffisance cervicale et cerclage cervical
Critères d’évaluation des résultats et de classification des recommandations, fondés sur ceux du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs Niveaux de résultats* I: Résultats obtenus dans le cadre d’au moins un essai comparatif convenablement randomisé. II-1: Résultats obtenus dans le cadre d’essais comparatifs non randomisés bien conçus. II-2: Résultats obtenus dans le cadre d’études de cohortes (prospectives ou rétrospectives) ou d’études analytiques castémoins bien conçues, réalisées de préférence dans plus d’un centre ou par plus d’un groupe de recherche. II-3: Résultats découlant de comparaisons entre différents moments ou différents lieux, ou selon qu’on a ou non recours à une intervention. Des résultats de première importance obtenus dans le cadre d’études non comparatives (par exemple, les résultats du traitement à la pénicilline, dans les années 1940) pourraient en outre figurer dans cette catégorie. III: Opinions exprimées par des sommités dans le domaine, fondées sur l’expérience clinique, études descriptives ou rapports de comités d’experts.
Catégories de recommandations† A. On dispose de données suffisantes pour appuyer la mesure clinique de prévention. B. On dispose de données acceptables pour appuyer la mesure clinique de prévention. C. Les données existantes sont contradictoires et ne permettent pas de formuler une recommandation pour ou contre l’usage de la mesure clinique de prévention; cependant, d’autres facteurs peuvent influer sur la prise de décision. D. On dispose de données acceptables pour déconseiller la mesure clinique de prévention. E. On dispose de données suffisantes pour déconseiller la mesure clinique de prévention. L. Les données sont insuffisantes (d’un point de vue qantitatif ou qualitatif) et ne permettent pas de formuler une recommandation; cependant, d’autres facteurs peuvent influer sur la prise de décision.
*La qualité des résultats signalés dans les présentes directives cliniques a été établie conformément aux critères d’évaluation des résultats présentés dans le Rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs156. † Les recommandations que comprennent les présentes directives cliniques ont été classées conformément à la méthode de classification décrite dans le Rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs156.
Valeurs : La qualité des résultats est évaluée au moyen des critères décrits dans le rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (Tableau). Recommandations 1. Les femmes qui sont enceintes ou qui planifient connaître une grossesse devraient faire l’objet d’une évaluation visant les facteurs de risque de l’insuffisance cervicale. L’exécution d’une anamnèse exhaustive au moment de l’évaluation initiale pourrait attirer l’attention des cliniciens sur des facteurs de risque s’étant manifestés au cours d’une première grossesse (ou grossesse probante). (III-B) 2. Les femmes qui connaissent une fausse couche au deuxième trimestre ou un accouchement prématuré précoce devraient par la suite faire l’objet d’une évaluation détaillée des facteurs de risque; une telle évaluation devrait également être menée chez les femmes qui ont connu ces complications dans le cadre d’une grossesse précédente. (III-B) 3. Chez les femmes qui présentent des antécédents d’insuffisance cervicale, une analyse d’urine (à des fins de mise en culture et pour la tenue d’une épreuve de sensibilité) et des mises en culture vaginales visant la vaginose bactérienne devraient être effectuées dans le cadre de la première consultation obstétricale, et toute infection ainsi mise au jour devrait être traitée. (I-A) 4. Les femmes qui ont déjà connu au moins trois fausses couches au deuxième trimestre ou accouchements extrêmement prématurés et chez qui aucune cause particulière autre qu’une insuffisance cervicale potentielle n’a été identifiée devraient se voir offrir un cerclage planifié (à 12 - 14 semaines de gestation). (I-A) 5. Dans le cas des femmes présentant des antécédents classiques d’insuffisance cervicale chez qui la mise en place précédente d’un
cerclage vaginal a échoué, la mise en place d’un cerclage abdominal peut être envisagée en l’absence de facteurs atténuants additionnels. (II-3C) 6. Les femmes qui ont subi une trachélectomie devraient faire l’objet d’un cerclage abdominal. (II-3C) 7. La mise en place d’un cerclage d’urgence pourrait être envisagée chez les femmes dont le col présente une dilatation inférieure à 4 cm, sans contractions, à moins de 24 semaines de gestation. (II-3C) 8. Les femmes pour lesquelles la mise en place d’un cerclage n’est pas envisagée ou justifiée, mais dont les antécédents semblent indiquer un risque d’insuffisance cervicale (1 ou 2 fausses couches au deuxième trimestre ou accouchements extrêmement prématurés), devraient se voir offrir des évaluations échographiques en série de la longueur cervicale. (II-2B) 9. La mise en place d’un cerclage devrait être envisagée, en présence d’une longueur cervicale < 25 mm avant 24 semaines de gestation, chez les femmes connaissant une grossesse monofœtale qui présentent une possible insuffisance cervicale ou des antécédents d’accouchement préterme spontané. (I-A) 10. Le cerclage ne s’avère d’aucune utilité dans le cas des femmes qui ont fait l’objet d’un examen échographique ayant révélé, de façon fortuite, la présence d’un col court et qui n’ont pas déjà présenté des facteurs de risque en ce qui concerne l’accouchement préterme ou l’insuffisance cervicale. (II-1D) 11. Les données actuelles ne soutiennent pas la mise en place planifiée d’un cerclage dans le cadre d’une grossesse multiple, même en présence d’antécédents d’accouchement préterme; ainsi, cette pratique devrait être évitée. (I-D) 12. Dans le cadre d’une grossesse multiple, la mise en place d’un cerclage en fonction de la longueur cervicale n’est pas soutenue par la littérature. (II-1D)
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INTRODUCTION
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l est possible de constater la présence d’une insuffisance cervicale chez jusqu’à 1 % des populations obstétricales; elle constitue donc une préoccupation dont la fréquence justifie la formulation d’une directive clinique traitant des dilemmes liés à sa prise en charge. Bien que le cerclage cervical fasse partie de la pratique obstétricale depuis plus d’un siècle, son rôle et ses indications demeurent mal définis et controversés; sa mise en œuvre au sein de différents milieux cliniques est marquée par d’importantes variations. Le manque de clarté quant à l’utilisation du cerclage est en partie favorisé par l’incertitude entourant l’identification des patientes qui en tireraient réellement avantage (c.-à-d. celles qui présentent une réelle insuffisance cervicale ou qui sont réellement exposées à un risque accru de connaître un accouchement préterme précoce)1,2. Bien que l’insuffisance cervicale ne compte pas une définition clairement établie, elle est habituellement caractérisée par la dilatation et le raccourcissement du col avant la 37e semaine de gestation, en l’absence d’un travail préterme, et est plus classiquement associée à la dilatation indolore et progressive du col utérin au cours du deuxième trimestre ou aux débuts du troisième trimestre (donnant lieu à un prolapsus des membranes), à la rupture prématurée des membranes, à une fausse couche au cours du deuxième trimestre ou à un accouchement préterme3,4. L’insuffisance cervicale est attribuable à l’incapacité d’une femme de mener une grossesse à terme complet en raison d’une anomalie fonctionnelle ou structurelle affectant le col utérin1.
tout antécédent de traumatisme cervical (p. ex. plusieurs avortements thérapeutiques, dilatation cervicale à répétition, conisation, déchirures et lacérations cervicales, trachélectomie) devrait également faire l’objet d’une mention. L’exposition in utero de la mère elle-même au diéthylstilbestrol constitue l’un des facteurs de risque dont l’incidence est en baisse6. Parmi les multiples autres facteurs de risque maternels possibles, on trouve la présence d’une anomalie utérine congénitale ou celle d’une maladie ou d’anomalies affectant les tissus conjonctifs de la mère (p. ex. syndrome d’Ehlers-Danlos7) qui troublent l’intégrité du développement et du fonctionnement normaux du collagène. Certaines sources ont récemment laissé entendre que le syndrome des ovaires polykystiques constituait un facteur de risque d’insuffisance cervicale, particulièrement chez les femmes d’origine sud-asiatique ou de race noire8. Dans de nombreux cas, particulièrement lorsque les caractéristiques et les constatations cliniques mènent à soupçonner un diagnostic d’insuffisance cervicale au cours de la première grossesse, ces facteurs de risque pourraient ne pas être présents et la cause pourrait demeurer idiopathique9e12. Parmi les constatations indiquant une possible insuffisance cervicale au cours de la grossesse probante, on trouve l’effacement du col, le raccourcissement du col12 et la dilatation cervicale manifeste13. Même en l’absence d’effacement, une longueur cervicale (déterminée par échographie) inférieure à 25 mm avant 27 semaines de gestation10,11 entraîne une hausse du risque de fausse couche ou d’accouchement préterme.
L’incidence de l’insuffisance cervicale réelle est estimée à moins de 1 % de la population obstétricale. Au Danemark, de 1980 à 1990, une insuffisance cervicale a été diagnostiquée chez 4,6 par 1 000 femmes2 et l’on estime qu’elle se manifeste chez 8 % des femmes qui connaissent des fausses couches récurrentes au deuxième trimestre5. Une variété de facteurs de risque ont été identifiés; nous les divisons, aux présentes, en deux camps : ceux qui pourraient être identifiés à partir des antécédents maternels et ceux qui pourraient se manifester au cours de la grossesse probante.
Jusqu’à 85 % du poids sec du col est attribuable au collagène. Petersen et Uldbjerg ont examiné le collagène cervical chez des femmes n’étant pas enceintes qui avaient déjà connu une insuffisance cervicale; ils ont constaté que ces femmes présentaient des concentrations médianes d’hydroxyproline cervicale considérablement inférieures à celles de femmes pares ne présentant pas une insuffisance cervicale14. Bien que les causes expliquant ce phénomène restent encore à élucider, celui-ci semble être un facteur clé pour la compréhension du mécanisme de la défaillance cervicale dans de tels cas.
Les antécédents de fausses couches récurrentes au deuxième trimestre sont ceux qui, de façon classique, soulèvent des soupçons d’insuffisance cervicale. La présence d’antécédents de rupture prématurée des membranes préterme à moins de 32 semaines de gestation devrait faire l’objet d’une mention, tout comme celle d’antécédents de grossesse ayant présenté une longueur cervicale inférieure à 25 mm avant 27 semaines de gestation6. La présence de
En plus de sa force mécanique, le col pourrait également jouer un rôle dans la protection du contenu utérin contre les infections ascendantes4,15, un des facteurs clés de cette protection étant le rôle de la glaire cervicale à titre d’obstacle se dressant entre l’utérus et les infections ascendantes. Les données semblent indiquer que 80 % des cas d’insuffisance cervicale aiguë pourraient être associés à une infection intra-amniotique16.
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Insuffisance cervicale et cerclage cervical
DIAGNOSTIC DE L’INSUFFISANCE CERVICALE
Il n’existe pas de test diagnostique en ce qui concerne l’insuffisance cervicale. Bien que l’utilisation de nombreux tests ait été signalée (évaluation de la largeur du canal cervical par hystérosalpingographie, évaluation de la facilité d’insérer des dilatateurs cervicaux [taille 9 Hegar] sans résistance, force requise pour faire passer une sonde de Foley gonflée au travers de l’orifice interne, force requise pour étirer le col au moyen d’un ballonnet intracervical), aucun de ceux-ci ne satisfait aux critères requis pour ce qui est d’un test diagnostique17e21. L’établissement du diagnostic est en partie fondé sur l’exclusion d’autres causes d’accouchement préterme ou de fausse couche au deuxième trimestre. Dans le cadre de la pratique récente, l’échographie transvaginale a de plus en plus été utilisée à titre de méthode d’évaluation cervicale dont la validité peut être démontrée et reproduite, et l’on a constaté que le raccourcissement cervical était en corrélation avec le risque d’accouchement préterme12,22e25. En l’absence d’un test diagnostique fiable, il devient nécessaire de chercher à dépister l’insuffisance cervicale ou à en prédire la probabilité. Ce processus est fondé sur l’identification et la reconnaissance de facteurs de risque clés dans les antécédents de la patiente et dans le cadre de la grossesse probante. Le fait d’avoir déjà connu une fausse couche au deuxième trimestre ou le fait d’avoir déjà connu un accouchement préterme constituent les facteurs indiquant la présence possible d’un risque qui sont les plus couramment constatés dans les antécédents de la patiente. Il s’avère toutefois important de souligner que même si l’on peut constater la présence d’un continuum entre l’insuffisance cervicale et le travail et l’accouchement prétermes dans certaines situations, dans d’autres situations, il s’agit de processus distincts et exempts de liens causaux. La présence d’antécédents de travail préterme ou la constatation de facteurs qui entraînent une hausse du risque d’accouchement préterme n’indiquent pas nécessairement la présence d’un risque d’insuffisance cervicale26,27. La présence d’antécédents de chirurgie cervicale (p. ex. technique d’excision électrochirurgicale à l’anse [LEEP]) pourrait également occasionner un risque d’insuffisance cervicale. Chez de telles patientes, l’évaluation de la longueur cervicale par échographie pourrait également avoir un rôle à jouer. Chez les patientes qui ont déjà subi une intervention LEEP, la présence d’une longueur cervicale de 30 mm compte, pour ce qui est de l’accouchement préterme, un coefficient de prévision d’un test positif de 54 % et un coefficient de prévision d’un test négatif de 95 %23. Toutefois, en raison de la faible fréquence globale de l’insuffisance cervicale, même au sein de
ce groupe, certaines données ne soutiennent pas la mise en œuvre systématique d’une échographie au deuxième trimestre chez de telles femmes23. D’autres formes de traumatisme cervical (par exemple, les lacérations cervicales) pourraient également s’avérer significatives28. Dans le cadre de la pratique actuelle, l’identification de femmes ayant elles-mêmes fait l’objet d’une exposition in utero au diéthylstilboestrol est moins fréquente29e31. L’identification du raccourcissement cervical représente la constatation clé pendant la grossesse en cours. L’évaluation de la longueur cervicale par échographie constitue un moyen établi d’évaluer le risque de travail et d’accouchement prétermes (longueur cervicale < 25 mm)11,12,22,25,32,33. Il est également possible de constater qu’une patiente présente non seulement un raccourcissement, mais également une dilatation du col, ou encore qu’elle présente une rupture des membranes préterme. L’identification d’une dilatation cervicale en l’absence d’antécédents maternels de contractions, avec ou sans rupture des membranes, est considérée comme étant équivalente à un diagnostic d’insuffisance cervicale. Des modèles fondés sur la reconnaissance de ces deux principaux facteurs de risque (raccourcissement cervical et dilatation cervicale) ont été décrits et pourraient s’avérer utiles aux fins de l’identification des patientes qui sont exposées aux risques les plus importants; cependant, la tenue d’une analyse plus approfondie de tels outils de dépistage s’avère requise34. Recommandations
1. Les femmes qui sont enceintes ou qui planifient connaître une grossesse devraient faire l’objet d’une évaluation visant les facteurs de risque de l’insuffisance cervicale. L’exécution d’une anamnèse exhaustive au moment de l’évaluation initiale pourrait attirer l’attention des cliniciens sur des facteurs de risque s’étant manifestés au cours d’une première grossesse (ou grossesse probante). (III-B) 2. Les femmes qui connaissent une fausse couche au deuxième trimestre ou un accouchement prématuré précoce devraient par la suite faire l’objet d’une évaluation détaillée des facteurs de risque; une telle évaluation devrait également être menée chez les femmes qui ont connu ces complications dans le cadre d’une grossesse précédente. (III-B) PRISE EN CHARGE DE L’INSUFFISANCE CERVICALE
La prise en charge de l’insuffisance cervicale peut, en gros, être répartie en deux catégories principales : 1) les cas dans
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le cadre desquels il est clair qu’une intervention chirurgicale de type cerclage s’avère indiquée; et 2) les cas dans le cadre desquels une approche conservatrice sera adoptée. Les indications de l’insertion d’un cerclage peuvent être attribuables aux antécédents cliniques ou à la constatation d’un raccourcissement et/ou d’une dilatation du col au cours de la grossesse probante; ainsi, elles peuvent être réparties en deux groupes : « cerclage prophylactique » et « cerclage thérapeutique ». Parmi les solutions de rechange au cerclage, on trouve l’utilisation d’un pessaire cervical; bien que certaines données laissent entendre qu’une telle solution pourrait s’avérer avantageuse dans certains cas, elles sont peu abondantes et contradictoires. La tenue d’une analyse plus approfondie de ces techniques s’avère requise avant que l’on puisse les prendre en considération dans le cadre d’une directive clinique sur la prise en charge de l’insuffisance cervicale.35 Cerclage transvaginal prophylactique
Il faut envisager l’exécution d’un cerclage planifié lorsque les antécédents obstétricaux de la patiente semblent indiquer un risque élevé d’insuffisance cervicale. Le degré de risque est habituellement déterminé en identifiant et en évaluant l’importance des facteurs de risque décrits dans le chapitre intitulé « Diagnostic de l’insuffisance cervicale ». Dans la plupart des cas, l’évaluation du risque sera fondée sur des antécédents de fausse couche au deuxième trimestre ou d’accouchement préterme précoce, en l’absence d’autres facteurs de risque atténuants36e38. Ainsi, une évaluation détaillée des facteurs de risque devrait être menée chez les femmes qui présentent des antécédents de fausse couche au deuxième trimestre ou d’accouchement préterme précoce. Les données issues du UK MRC/RCOG36 n’ont pas démontré l’avantage de procéder à un cerclage à la suite d’un ou de deux accouchements précédents s’étant déroulés avant 33 semaines de gestation; cependant, l’échantillon utilisé était de faible envergure, ce qui pourrait avoir influencé l’effet observé (particulièrement dans le cas des fausses couches au deuxième trimestre, par comparaison avec les accouchements prématurés). L’avantage de procéder à un cerclage en raison du seul fait que la patiente a connu deux ou trois fausses couches au deuxième trimestre, par comparaison avec la mise en œuvre d’une telle intervention en raison de la présence d’antécédents de fausses couches et d’accouchements s’étant déroulés à 33 semaines ou avant, reste encore à définir. Les constatations de cette étude britannique pourraient avoir été influencées par l’inclusion de cas dans le cadre desquels l’obstétricien traitant n’était pas sûr que le cerclage
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s’avérerait avantageux. Toutefois, d’autres études de plus faible envergure ne sont également pas parvenues à démontrer l’avantage de procéder à un cerclage37,38. Une récente analyse Cochrane s’est penchée sur des données issues de 12 études qui portaient sur des femmes considérées comme étant exposées à un degré de risque justifiant la mise en place d’un cerclage et qui ont affecté ces femmes, au hasard, à un groupe devant subir un cerclage, à un groupe devant recevoir des traitement de rechange (p. ex. progestérone) ou à un groupe ne devant recevoir aucun traitement. Les constatations de cette analyse sont quelque peu contradictoires : en effet, selon celles-ci, bien que le cerclage exerce un effet significatif sur le plan statistique sur la diminution des taux d’accouchement préterme, il n’exerce toutefois aucun effet significatif sur la morbidité et la mortalité périnatales. De surcroît, le cerclage a été associé à une hausse des taux de morbidité maternelle et de césarienne (cette hausse du taux de césarienne est peutêtre également à l’origine d’une hausse non significative de la morbidité respiratoire chez les enfants nés de femmes ayant subi un cerclage)39. Un cerclage prophylactique est habituellement mis en place entre 12 et 14 semaines de gestation. Bien que la mise en place puisse être différée, l’âge gestationnel au moment des fausses couches précédentes devrait être pris en considération, et ce, particulièrement chez les femmes dont les fausses couches se sont manifestées à des âges gestationnels progressivement moins avancés. Préalables pour la mise en place d’un cerclage prophylactique
Avant la mise en place d’un cerclage, il est essentiel de confirmer par échographie la viabilité de la grossesse. Il s’avère donc sage de profiter de l’occasion pour chercher à exclure la présence possible de malformations significatives et à savoir s’il existe un risque d’aneuploïdie considérablement élevé au moyen d’un dépistage de la clarté nucale par échographie au premier trimestre, combiné (dans la mesure du possible) à un dépistage des marqueurs sériques. Dans les cas où l’on constate la présence de malformations fœtales ou d’un risque élevé d’aneuploïdie, la mise en place d’un cerclage pourrait être différée jusqu’à ce que les résultats du caryotypage aient été obtenus (au moyen, lorsque cela s’avère possible, d’un prélèvement de villosités choriales, et ce, en vue d’obtenir des résultats de caryotypage plus tôt que dans le cas du recours à l’amniocentèse) ou jusqu’à la tenue d’une évaluation échographique plus détaillée. Avant l’hospitalisation en vue de la mise en place d’un cerclage, une analyse d’urine (à des fins de mise en culture
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et pour la tenue d’une épreuve de sensibilité) et des mises en culture vaginales visant la vaginose bactérienne devraient être effectuées, et toute infection ainsi mise au jour devrait être traitée16,40-46. On a signalé qu’un envahissement microbien de la cavité amniotique se manifestait chez près de 50 % des femmes présentant une insuffisance cervicale et des membranes fœtales exposées45,47. Ainsi, la tenue d’une amniocentèse a été suggérée aux fins de l’évaluation et de la prise en charge d’une telle colonisation avant la mise en place d’un cerclage. Cependant, l’amniocentèse n’a donné lieu à aucun avantage manifeste, par comparaison avec la seule utilisation du cerclage, en ce qui concerne le prolongement de la grossesse; ainsi, son utilisation systématique n’est pas recommandée48. Techniques et matériaux de cerclage
L’approche MacDonald et l’approche Shirodkar constituent les deux principales techniques de cerclage transvaginal. Dans le cadre de l’approche McDonald, la suture est insérée le plus près possible de la jonction du col et du vagin, sans dissection des plans tissulaires49. Dans le cadre de l’approche Shirodkar, une suture sous-épithéliale est insérée au-dessus de la jonction du col et du vagin, le tout s’accompagnant d’une dissection de la vessie et du rectum; cela permet une mise en place plus élevée (plus près de l’orifice cervical interne) de la suture que ce que permet l’approche McDonald50. Nous ne disposons pas de données indiquant la supériorité de l’une de ces techniques par rapport à l’autre; ainsi, le choix entre l’utilisation de l’approche McDonald (ou d’une variante de celle-ci) ou de l’approche Shirodkar (ou d’une variante de celle-ci) devrait être laissé à la discrétion du chirurgien (lequel fera son choix en fonction de ses compétences)51e55. Ces deux techniques, influencées par la sélection des patientes, sont associées à un taux accru de césarienne (lequel est peutêtre légèrement plus élevé à la suite de la mise en œuvre de l’approche Shirodkar; toutefois, les données ayant mené à cette constatation n’ont pas été reproduites)56. Deux formes de double cerclage ont également été décrites. La première de celles-ci met simplement en jeu l’insertion de deux cerclages cervicaux dans une tentative de soutenir le col de façon plus vigoureuse. Il a été démontré qu’une telle façon de faire ne conférait aucun avantage57. Dans le cadre de la deuxième forme de double cerclage, une deuxième suture occlusive est mise en place au niveau de l’orifice externe afin de retenir le bouchon muqueux et de contribuer au maintien du col à titre de barrière contre l’infection. À l’heure actuelle, nous ne disposons que de données limitées au sujet de cette deuxième forme de double cerclage58.
Nous ne disposons pas de données indiquant que des matériaux de suture comptent des avantages ou des désavantages particuliers. La suture tressée de marque Mersilene est celle qui est la plus fréquemment utilisée; toutefois, certains chirurgiens font appel à la suture de marque Prolene. Certaines sources indiquent que des treillis sont également utilisés; cependant, aucune comparaison n’a été effectuée entre l’utilisation de treillis et les techniques existantes59,60. Certaines données indiquent que des sutures à résorption différée pourraient également être utilisées; quoi qu’il en soit, la tenue d’une évaluation approfondie des avantages et des désavantages des différents matériaux de suture s’avère toujours requise61. Sauf en présence de contre-indications, l’anesthésie régionale est habituellement préférée à l’anesthésie générale, et ce, en raison des risques moindres qui lui sont associés62,63. Nous nous devons de souligner que, en ce qui concerne le cerclage prophylactique, aucun essai randomisé n’a été en mesure d’obtenir des résultats exempts de variables de confusion permettant de soutenir l’utilisation systématique de corticostéroides ou de tocolytiques64,65, d’antibiotiques66e68; toutefois, en ce qui concerne les cerclages mis en place dans le cadre de gestations s’approchant de la viabilité fœtale, l’utilisation de corticostéroides devrait être envisagée. De façon semblable, les données sur l’utilisation de progestérone chez des femmes présentant un cerclage sont limitées. L’utilisation de progestérone en présence d’un cerclage ne constitue pas un nouveau concept; cependant, malgré des données plus récentes soutenant l’utilisation d’un traitement à la progestérone chez des femmes exposées à des risques d’accouchement préterme, les données globales ne soutiennent pas cette approche à l’heure actuelle. Bien qu’une étude antérieure ait laissé entendre que l’utilisation de progestérone s’avérait avantageuse, il s’agissait toutefois d’une étude de cohorte non comparative69; de plus, une étude de cohorte comparative contemporaine a démontré une baisse du taux d’hospitalisation, mais non du taux de fausse couche70. Une étude plus récente qui portait sur l’utilisation de caproate de 17-alpha-hydroxyprogestérone chez des femmes présentant un cerclage a essentiellement démontré que cette substance ne conférait aucun avantage; toutefois, cette étude était rétrospective et les critères de la mise en place d’un cerclage y étaient mal définis71. Deux autres études ont également indiqué que les injections de caproate de 17-alpha-hydroxyprogestérone ne conféraient aucun avantage additionnel, en matière de prévention de l’accouchement préterme, chez des femmes qui avaient fait l’objet d’un cerclage dont la mise en place s’était avérée indiquée à la suite d’une échographie72,73.
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Nous ne disposons pas de données particulières comparant l’efficacité de la progestérone administrée par voie générale à celle de la progestérone administrée par voie vaginale chez les femmes présentant un cerclage.
Complications
Trois essais cliniques randomisés ont indiqué que le cerclage est associé à la tenue d’un nombre accru d’interventions médicales et au doublement du risque de pyrexie puerpérale36e38. L’utilisation de tocolytiques connaît une hausse en présence d’un cerclage, tout comme le taux d’hospitalisation; de plus, une étude a constaté une hausse du taux de césarienne37. Toutefois, le risque et la nature des complications sont influencés par les circonstances entourant la mise en place du cerclage (mise en place planifiée ou mise en place d’urgence en présence de membranes en saillie au travers du col). Parmi les complications signalées en présence d’un cerclage, on trouve la septicémie, la rupture prématurée des membranes, le travail préterme, la dystocie cervicale, les lacérations cervicales au moment de l’accouchement (de 11 % à 14 %)74e76,77 et l’hémorragie. Cependant, une méta-analyse ayant porté sur un certain nombre d’études n’a pas été en mesure de confirmer une hausse du taux de chorioamnionite ou de rupture prématurée des membranes préterme chez les femmes prises en charge au moyen d’un cerclage, par comparaison avec les femmes prises en charge par d’autres moyens78. Bien que la dystocie cervicale soit fréquemment citée à titre de complication du cerclage (en raison de la cicatrisation cervicale)79, les données n’indiquent pas qu’elle est réellement attribuable à ce dernier80; toutefois, la hausse du risque de lacération cervicale (bien que ce risque ne semble pas être associé à la chronologie du retrait du cerclage) peut, quant à elle, lui être attribuée.74e76,81 Recommandations
3. Chez les femmes qui présentent des antécédents d’insuffisance cervicale, une analyse d’urine (à des fins de mise en culture et pour la tenue d’une épreuve de sensibilité) et des mises en culture vaginales visant la vaginose bactérienne devraient être effectuées dans le cadre de la première consultation obstétricale, et toute infection ainsi mise au jour devrait être traitée. (I-A) 4. Les femmes qui ont déjà connu au moins trois fausses couches au deuxième trimestre ou accouchements extrêmement prématurés et chez qui aucune cause particulière autre qu’une insuffisance cervicale potentielle n’a été identifiée devraient se voir offrir un cerclage planifié (à 12 - 14 semaines de gestation). (I-A)
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Suivi du cerclage
Des cas d’allongement du col à la suite d’un cerclage ont été constatés et il est possible que l’évaluation immédiate du col à la suite de la mise en place de la suture soit en corrélation avec l’âge gestationnel au moment de l’accouchement82e84; toutefois, les données sont hétérogènes en ce qui concerne l’efficacité de la poursuite de l’évaluation de la longueur cervicale à la suite du cerclage pour ce qui est de la détermination de la chronologie possible de l’accouchement85,86. Cela est, dans une certaine mesure, soutenu par la disparité des études se penchant sur la question de savoir si la mise en place d’une deuxième suture s’avère avantageuse pour les femmes chez qui l’on constate que le col raccourcit davantage à la suite du cerclage : deux études ont en effet constaté, dans de telles circonstances, des effets opposés87,88. Ainsi, pour l’instant, la mise en œuvre systématique d’un suivi par échographie à la suite du cerclage n’est pas recommandée. Le coefficient de prévision d’un test positif de la fibronectine à titre de facteur prédictif de l’accouchement préterme semble être défavorablement affecté par la mise en place d’un cerclage, et ce, bien que le coefficient de prévision d’un test négatif n’en soit pas affecté89.
Retrait du cerclage
Le cerclage fait généralement l’objet d’un retrait planifié à 36 - 38 semaines de gestation. Le retrait peut habituellement être mené sans anesthésie ou en n’ayant recours qu’à des narcotiques à action brève (comme le fentanyl) administrés par intraveineuse. L’apparition d’un travail prématuré ne réagissant pas à la tocolyse et/ou la présence fortement soupçonnée d’une septicémie constituent des indications justifiant le retrait d’urgence du cerclage. Un certain nombre d’études se sont penchées sur la question du retrait du cerclage en présence d’une rupture prématurée des membranes et en l’absence de contractions connexes. Une méta-analyse a indiqué qu’une hausse du taux de mortalité néonatale était associée au report du retrait, la septicémie en constituant la principale cause; ainsi, la mise en œuvre d’une politique de retrait dans un délai de 48 heures (délai permettant l’administration de corticostéroïdes, le cas échéant) s’avère justifiée90e93. L’estimation du taux de protéine C réactive pourrait être utilisée à titre de facteur prédictif de la chorioamnionite à la suite de la rupture des membranes préterme et pourrait donc éclairer la prise d’une décision en ce qui a trait à la tenue immédiate ou au report (< 48 heures) du retrait de la suture94,95. Incidemment, nous nous devons de souligner que le fait de documenter clairement la mise en place du cerclage (plus particulièrement le nombre et la
Insuffisance cervicale et cerclage cervical
position des nœuds) facilitera le retrait du cerclage avant l’accouchement. Cerclage transabdominal prophylactique
Dans le cas des femmes présentant des antécédents appropriés d’insuffisance cervicale chez qui la mise en place précédente d’un cerclage vaginal a échoué, la mise en place d’un cerclage abdominal peut être envisagée en l’absence de facteurs atténuants additionnels96e100. Une telle intervention devrait également être envisagée pour les femmes qui ont été soumises à une trachélectomie ou qui ont subi une trachélectomie efficace101,102. La mise en place d’une suture abdominale pourrait être menée au moyen de techniques chirurgicales laparoscopiques ou ouvertes. La technique laparoscopique est généralement privilégiée dans le cadre de la pratique actuelle103,104, et ce, malgré le fait que ces deux techniques sont associées à une morbidité maternelle plus élevée que celle qui est associée à l’approche transvaginale. Le cerclage abdominal devrait être mené par un chirurgien comptant une certaine expérience en matière de mise en place de telles sutures. Chez les femmes en âge de procréer qui souhaitent toujours connaître une grossesse, l’insertion d’un cerclage abdominal prophylactique est souvent concomitante à la tenue d’une trachélectomie105. Recommandations
5. Dans le cas des femmes présentant des antécédents classiques d’insuffisance cervicale chez qui la mise en place précédente d’un cerclage vaginal a échoué, la mise en place d’un cerclage abdominal peut être envisagée en l’absence de facteurs atténuants additionnels. (II-3C) 6. Les femmes qui ont subi une trachélectomie devraient faire l’objet d’un cerclage abdominal. (II-3C) Cerclage d’urgence
Par « cerclage d’urgence » (ou de rattrapage ou de sauvetage), on entend un cerclage qui est habituellement mis en place chez une femme dont le col est déjà dilaté. La mise en place d’un cerclage d’urgence devrait être envisagée en présence d’une dilatation cervicale > 1 à 2 cm (identifiée de façon clinique ou échographique) sans contractions utérines perçues (en présence ou non de membranes faisant saillie au travers de l’orifice externe)106,107. Il est important de souligner qu’il faut s’assurer de l’absence de tout symptôme clinique de chorioamnionite. Bien que certains groupes prônent le recours à l’amniocentèse avant la tenue d’un cerclage d’urgence, et ce, tant en vue d’écarter la présence possible d’une infection que de contribuer à l’atténuation de la pression intra-utérine, aucune étude
randomisée n’a été en mesure de confirmer l’effet de cette approche108,109. Un essai clinique randomisé de faible envergure a indiqué que la mise en place d’un cerclage d’urgence avait permis de prolonger les grossesses de quatre semaines110, tandis que d’autres études observationnelles ont signalé que la mise en place d’un cerclage d’urgence avait permis une prolongation de grossesse se situant entre six et neuf semaines, par comparaison avec une prolongation inférieure à quatre semaines dans le cas de la prise en charge conservatrice (alitement)111-114. L’utilisation de systèmes de notation a été envisagée pour l’identification des cas qui tireraient avantage de la mise en place d’un cerclage d’urgence (en fonction de l’effacement cervical, de la dilatation et du prolapsus des membranes)115,116. L’avantage du cerclage (même en présence d’une dilatation cervicale atteignant 4 cm) ayant été démontré, sa mise en place devrait être envisagée. Des systèmes de notation peuvent être utilisés pour conseiller les patientes au sujet de l’issue probable de la mise en place d’un cerclage d’urgence. Mesures d’appoint
L’administration d’un traitement à l’indométhacine avant la mise en place d’un cerclage pourrait atténuer la saillie des membranes par l’intermédiaire de son effet sur la diminution de la production fœtale d’urine (ce qui atténue, par le fait même, la pression intra-utérine) et de sa valeur tocolytique110. L’alitement (avec ou sans position de Trendelenburg) pourrait contribuer à atténuer davantage la saillie des membranes et à faciliter la mise en place de la suture, tout comme l’utilisation d’une sonde de Foley (insérée dans le col, puis gonflée) en vue de repousser mécaniquement les membranes117. Des antibiotiques à large spectre sont habituellement prescrits, et ce, malgré le fait qu’aucune donnée ne soutienne une telle pratique. Il est possible que l’amniocentèse ait un plus grand rôle à jouer dans le cadre d’un cerclage d’urgence que dans celui d’un cerclage prophylactique. Le premier avantage potentiel du recours à l’amniocentèse dans des cas urgents consiste en sa capacité d’identifier les femmes qui pourraient ne pas tirer avantage d’un cerclage : l’amniocentèse rend possible une telle identification en permettant le repérage de symptômes d’infection109 ou la tenue d’une évaluation plus complexe des marqueurs protéonomi ques (lesquels visent l’infection, ainsi que d’autres facteurs que l’on estime en mesure d’affecter l’efficacité du cerclage)109,118. Son deuxième avantage consiste en sa capacité d’assurer le retrait d’un volume plus important de liquide amniotique (cf. amniodrainage), ce qui permet aux membranes en saillie de se rétracter dans le col en atténuant la
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pression intra-utérine et qui, ainsi, facilite la mise en place d’un cerclage119e121. Retrait d’un cerclage d’urgence
Le retrait d’un cerclage d’urgence est régi par les mêmes critères que le retrait d’un cerclage prophylactique. Recommandation
7. La mise en place d’un cerclage d’urgence pourrait être envisagée chez les femmes dont le col présente une dilatation inférieure à 4 cm, sans contractions, à moins de 24 semaines de gestation. (II-3C) Pessaire cervical
L’utilisation de pessaires dans la prise en charge de l’insuffisance cervicale ou de l’accouchement préterme ne constitue pas un nouveau concept, l’utilisation d’un pessaire de verre ayant été décrite pour la première fois en 1977122. Depuis, l’utilisation de divers modèles et matériaux a été signalée123e129. Bien que de nombreux rapports et que de nombreuses analyses aient constaté qu’il s’agissait d’une approche prometteuse, une analyse Cochrane n’a pas été en mesure de trouver des études pouvant être incluses dans une analyse des avantages de cette technique35. Un certain nombre d’études ont depuis été menées, dont certaines sont toujours en cours. Deux études récentes ont une fois de plus laissé entendre que le recours à des pessaires cervicaux pouvait s’avérer avantageux dans la prise en charge de l’insuffisance cervicale, de l’accouchement préterme ou d’un col court130,131. Toutefois, à ce jour, les données soutenant l’utilisation de telles techniques dans le cadre de la prise en charge régulière de l’insuffisance cervicale demeurent insuffisantes. PRISE EN CHARGE OBSERVATIONNELLE CONSERVATRICE
Une stratégie conservatrice (incluant l’évaluation de la longueur cervicale) pourrait être adoptée aux fins de la prise en charge des femmes considérées comme présentant une insuffisance cervicale, mais dont les antécédents ne sont pas considérés comme indiquant un risque assez élevé pour justifier la mise en œuvre immédiate d’un cerclage prophylactique132. Chez de telles femmes, l’évaluation échographique de la longueur cervicale permettra l’identification d’une cohorte exposée à un risque accru de connaître une fausse couche ou un accouchement préterme; certaines des femmes d’une telle cohorte pourraient alors tirer avantage de la mise en place subséquente d’un cerclage. La prise en charge conservatrice devrait être fondée sur les étapes suivantes :
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1. Une analyse d’urine (à des fins de mise en culture et pour la tenue d’une épreuve de sensibilité) et des mises en culture vaginales visant la vaginose bactérienne40e42 devraient être effectuées dans le cadre de la première consultation obstétricale, et toute infection ainsi mise au jour devrait être traitée16,40e46. 2. Des échographies transvaginales devraient être menées en série, tous les 7 à 14 jours, à partir de la 16e semaine de gestation ou d’au moins 2 semaines avant l’âge gestationnel constaté dans le cadre de la fausse couche précédente la plus récente133. 3. Songez à conseiller à la patiente d’atténuer ses activités physiques, particulièrement lorsque celle-ci occupe un emploi qui est exigeant sur le plan physique, qui exige qu’elle se tienne debout pendant des périodes prolongées ou qui nécessite le soulèvement de poids de façon fréquente et répétitive; toutefois, nous ne disposons pas de données permettant de confirmer ou d’infirmer l’efficacité de l’alitement dans de tels cas134. 4. Incitez fortement la patiente à cesser de fumer (orientation vers des programmes de soutien). 5. Au-delà de 23 semaines, envisagez l’utilisation prophylactique de corticostéroïdes en présence de symptômes semblant indiquer un risque accru d’accouchement préterme.
Évaluation échographique de la longueur cervicale
Il a été démontré que l’échographie permettait, de façon fiable et reproductible, l’estimation de la longueur cervicale. Il a par la suite été démontré que la longueur du col, telle que mesurée par échographie, constituait un outil utile pour prévoir le risque d’accouchement préterme12,25,33,135. L’échographie transvaginale constitue la technique d’évaluation par excellence; toutefois, lorsqu’il s’avère impossible d’y avoir recours, on peut alors se tourner vers une évaluation menée par voie abdominale ou transpérinéale136. L’évaluation du col permet habituellement de prendre connaissance de la longueur du col et d’identifier tout signe d’effacement cervical. Bien que l’effacement soit généralement signalé au moment de l’évaluation du col, nous nous devons de souligner que les données ne soutiennent pas la mise en place d’un cerclage motivée par la présence d’un effacement (une telle mise en place est plutôt justifiée par la longueur cervicale résiduelle)12. L’application d’une pression transfundique (créée en appliquant une pression fundique dans le sens de l’axe utérin pendant 15 secondes) est plus efficace que le fait de demander à la patiente de tousser ou de se tenir debout pour révéler, dans le cadre de l’évaluation active du col, les modifications cervicales et les
Insuffisance cervicale et cerclage cervical
signes indiquant un raccourcissement cervical progressif au cours du deuxième trimestre137-139. Recommandation
8. Les femmes pour lesquelles la mise en place d’un cerclage n’est pas envisagée ou justifiée, mais dont les antécédents semblent indiquer un risque d’insuffisance cervicale (1 ou 2 fausses couches au deuxième trimestre ou accouchements extrêmement prématurés), devraient se voir offrir des évaluations échographiques en série de la longueur cervicale. (II-2B) Cerclage fondé sur la mesure échographique de la longueur cervicale
Les données ne soutiennent pas la mise en place d’un cerclage pour les femmes qui ont fait l’objet d’un examen échographique ayant révélé, de façon fortuite, la présence d’un raccourcissement cervical (< 25 mm) et qui ne sont pas autrement considérées comme étant exposées à un risque de connaître une fausse couche au deuxième trimestre ou un accouchement préterme140e142. Les femmes qui, elles, sont considérées comme étant exposées à un tel risque (en raison, par exemple, d’antécédents de fausse couche au deuxième trimestre ou d’accouchement préterme précoce) devraient se voir offrir un cerclage lorsqu’elles présentent une longueur cervicale < 25 mm avant 24 semaines de gestation140,143e147. Recommandations
9. La mise en place d’un cerclage devrait être envisagée, en présence d’une longueur cervicale < 25 mm avant 24 semaines de gestation, chez les femmes connaissant une grossesse monofœtale qui présentent une possible insuffisance cervicale ou des antécédents d’accouchement préterme spontané. (I-A) 10. Le cerclage ne s’avère d’aucune utilité dans le cas des femmes qui ont fait l’objet d’un examen échographique ayant révélé, de façon fortuite, la présence d’un col court et qui n’ont pas déjà présenté des facteurs de risque en ce qui concerne l’accouchement préterme ou l’insuffisance cervicale. (II-1D). Progestérone
Les progestérones ont été utilisées (par le passé et, de nouveau, plus récemment) pour la prévention de l’accouchement préterme. La possible efficacité des progestérones pour ce qui est de l’insuffisance cervicale a souvent été extrapolée à partir de leur efficacité en ce qui
concerne l’accouchement préterme; toutefois, une telle extrapolation pourrait ne pas être appropriée. Pour l’instant, nous ne disposons pas de données permettant de soutenir l’utilisation de progestérone en présence d’un cerclage. Les données comparant l’utilisation exclusive du cerclage à l’utilisation exclusive de la progestérone sont limitées et pourraient ne pas être applicables à la question de l’utilisation de progestérones pour contrer l’insuffisance cervicale. Une étude n’a signalé aucune différence significative en matière de taux d’accouchement préterme entre les femmes traitées au moyen de progestérone et les femmes traitées au moyen d’un cerclage; cependant, l’indication du recours à l’intervention se résumait à la constatation d’un col court par dépistage échographique et, en fonction des critères formulés dans le cadre de la présente directive clinique, la mise en place d’un cerclage ne se serait pas avérée indiquée dans bon nombre des cas couverts148. Toutefois, une étude qui a évalué les effets de la progestérone sur la longueur cervicale chez des femmes considérées comme étant exposées à un risque d’accouchement préterme a laissé entendre que la progestérone contribuait à la préservation de la longueur cervicale70 et qu’elle permettait ainsi la réduction du risque d’accouchement préterme; les résultats de cette étude soutiennent également l’utilisation des progestérones administrées par voie vaginale149,150. Le rôle de la progestérone pour ce qui de la fausse couche au deuxième trimestre reste encore à définir; ainsi, l’utilisation systématique de la progestérone n’est pas recommandée et la tenue d’une évaluation plus approfondie s’avère requise. De plus amples renseignements au sujet de l’utilisation de la progestérone aux fins de la prévention de l’accouchement préterme sont disponibles dans la ligne directrice de la SOGC intitulée « Utilisation de progestérone pour la prévention de l’accouchement prématuré »151. Gestations multiples
Puisque les grossesses gémellaires et les gestations multiples d’ordre élevé sont exposées à un risque accru d’accouchement préterme, on a émis l’hypothèse selon laquelle la mise en place d’un cerclage pourrait en améliorer les issues périnatales. Toutefois, il n’a pas été démontré que la mise en place planifiée d’un cerclage, dans le cadre des grossesses multiples ne comptant pas de facteurs de risque additionnels, conférait un avantage en matière d’issues de grossesse au sein de ce groupe152. De surcroît, bien que l’évaluation échographique de la longueur cervicale puisse permettre de prévoir une hausse du risque d’accouchement précoce au sein de ce groupe153, les données ont indiqué que la mise en place d’un cerclage dans le cadre des grossesses multiples présentant un
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Figure. Organigramme
Femmes dont les antécédents semblent indiquer une insuffisance cervicale ou qui présentent un raccourcissement ou une dilatation du col en l'absence de contractions
Femmes qui consultent au cours du premier trimestre ou aux débuts du deuxième et qui ont déjà connu au moins 3 fausses couches au deuxième trimestre ou accouchements prétermes
Cerclage vaginal
Envisagez une suture abdominale lorsqu'un cerclage vaginal précédent a échoué ou lorsque le tissu cervical s'avère inadéquat aux fins de la mise en place d'un cerclage
Dilatation cervicale supérieure à 1 cm
1 ou 2 fausses couches au deuxième trimestre ou accouchements prétermes
Prise en charge non interventionniste Évaluations en série de la longueur cervicale
En l'absence d'une chorioamnionite ou de contractions, envisagez un cerclage d'urgence Envisagez le recours aux stéroïdes, en fonction de l'âge gestationnel
Lorsque la longueur cervicale est inférieure à 2,5 cm à moins de 24 semaines de gestation, envisagez un cerclage cervical OU un traitement à la progestérone
raccourcissement cervical constaté par échographie ne confère aucun avantage, contrairement à ce que l’on constate dans le cas des grossesses monofœtales143,154,155. En effet, une méta-analyse a indiqué une hausse du risque relatif de 2,15 pour ce qui est de l’accouchement préterme (< 35 semaines) dans le cadre de telles grossesses multiples ayant fait l’objet d’un cerclage dont la mise en place a été justifiée par échographie (longueur cervicale < 25 mm)143.
En présence de contractions, assurez la prise en charge tout comme vous le feriez face à un travail préterme imminent Envisagez le recours à la tocolyse et aux stéroïdes, en fonction de l'âge gestationnel
trimestre (entre 14 et 26 semaines de gestation) ou de l’accouchement extrêmement préterme chez les femmes que l’on estime être exposées à un risque accru (que ce soit en raison de leurs antécédents médicaux ou de la constatation d’un col court ou dilaté) devrait être personnalisée, en tenant compte des circonstances cliniques, des compétences et de l’expertise de l’équipe clinique, et du consentement éclairé de la patiente (Figure).
Recommandations
11. Les données actuelles ne soutiennent pas la mise en place planifiée d’un cerclage dans le cadre d’une grossesse multiple, même en présence d’antécédents d’accouchement préterme; ainsi, cette pratique devrait être évitée. (I-D) 12. Dans le cadre d’une grossesse multiple, la mise en place d’un cerclage en fonction de la longueur cervicale n’est pas soutenue par la littérature. (II-1D)
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RÉSUMÉ
La décision quant à la meilleure façon de minimiser le risque de récurrence de la fausse couche au deuxième
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DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2016
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