] ditorial
M,decineetMaladies/nfectieuses-1986-10-533~534
La place des infections
& Chlamydia psittaci chez I'homme* par C. H A N N O U N *
Le diagnostic 6tiologique precis des affections 'respiratoires aigues (ARI) est toujours un probl6me difficile. Comme on le salt, de tr~s nombreux virus et bact6ries peuvent 8tre responsables de tableaux cliniques analogues, d'ailleurs peu diff6renci6s au d6but, caract6ris6s par des sympt6mes d'une grande banalit6 tels que fi~vre, malaises, courbatures et .suivis de signes respiratoires vari6s. C'est plut6t 1'6volution ult6rieure de ces processus qui est importante puisque certains des agents responsables, la grippe notamment, peuvent entrainer des complications s6v~res, directes ou par le biais des surinfections qu'ils favorisent. On peut toutefois se poser la question de savoir si le diagnostic 6tiologique est bien n6cessaire. La majorit6 de ces affections (celles dues aux virus) ne sont-elles pas insensibles aux traitements antibiotiques ? Et m~me, pour celles qui rel~vent de ce type de th6rapeutique, le r6sultat du laboratoire n'arrive-t-il pas le plus souvent largement trop tard pour qu'il puisse ~tre utilis6 ? Ainsi, le diagnostic ne servira souvent qu'~ apporter la satisfaction de compl6ter a posteriori le dossier du patient par I'indication d'une 6tiologie pr6cise et il est facile de comprendre pourquoi les praticiens n'y ont pas recours. Dans la pratique quotidienne, une solution pragmatique est donc souvent adopt6e : les mesures de prevention classiques sont prises avant la saisons 6pid6mique, puis en cas d'affection respiratoire, surtout chez les sujets ~ risque une antibioth6rapie <(pr6ventive)) est institu6e, dont les r6sultats servent aussi d'argument diagnostique r6trospectif. L'identit6 de I'agent responsable n'est alors pas recherch6e. Cette attitude justifiable par certains c6t~s, mais qui ne peut ~tre consid6r6e comme satisfaisante pour de multiples raisons, doit 6tre aujourd'hui profond6ment r6vis6e. Tout d'abord, en raison de I'introduction de m6thodes de diagnostic rapides qui peuvent permettre en peu de jours ou en quelques heures I'identification de I'agent responsable, rendant alors beaucoup moins al6atoire la prescription d'une th6rapeutique adapt6e. D'autre part parce que les perspectives d'une chimioth6rapie antivirale sont maintenant moins ferm6es avec I'apparition de plusieurs m6dicaments dont les preuves restent certes ~ faire, mais dont les r6sultats connus justifient un espoir raisonnable dans bien des cas oh jusqu'ici rien n'6tait possible. C'est pourquoi les 6tudes 6pid6miologiques sur la circulation dans la nature de~ agents les plus fr6quemment responsables des affections respiratoires aigues pr6sentent un renouveau d'int6r~t. II est plus que jamais possible et n6cessaire de comprendre les cycles et les modes de contamination propres ~ ces pathog~nes puisque de nouveaux moyens de surveillance et d'action sont disponibles. Un exemple d'6tudes dans ce sens est pr6sent6 par Trap et coll. dans'ce num6ro de M#decine et Maladies infectieuses et concerne Chlamydia psittacL L'agent de I'ornithose-psittacose a 6t6 6tudi6 dans le pass6 pour son caract~re d'anthropo-zoonose puisque la transmission ~ partir de psittacid6s puis des colombid6s a 6t6 bien d6montr6e. On connait, pour cette affection, des formes prolong6es ou ~ rechutes, des manifestations Iocalis6es & des syst~mes vari6s (neurologiques, h6patiques, r6nales, cardiaques) en plus des formes classiques de bronchites f6briles trainantes de broncho-pneumonie ou de pneumonie aigue avec des images radiologiques pr6sentant des alt6rations discr~tes. La surveillance des ARI d'apr~s les examens s6rologiques en France-Nord montre que les 6tiologies les plus fr6quentes et les plus importantes au point de vue m6dical 6talent, en 1985-1986 et par *Centre National de R6f6rencede la Grippe. (France-Nord). Institut Pasteurde Paris.
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ordre d~croissant, Mycoplasma pneumoniae (1 115 cas), la grippe A (t 046 cas), le VRS (898 d~tections par IF et 342 par s~rologies positives), les ad~novirus (608 cas), le parainfluenzae type 3 (461 cas), la grippe B (358 cas) et enfin seulement Chlamydia psittaci (194 cas). II ne s'agit donc pas de I'un des agents les plus importants quantitativement dans le cas des maladies respiratoires chez I'homme puisqu'il arrive en septi~me position. Cependant, cela correspond pour la France enti~re, plus de 300 cas par an et le diagnostic precis est ici important puisqu'il conditionne le choix des antibiotiques ~ prescrire. En effet, la sensibilit~ des Chlamydiae aux tetracyclines et aux macrolides permet, d~s que le diagnostic est envisag~ ou confirmS, un traitement rapide et efficace. L'incidence de la maladie chez I'homme varie sensiblement selon les ann~es. Ainsi, par exemple une recrusdescence a ~t~ observ~e depuis quelques ann~es en Grande Bretagne : si le nombre des ~preuves effectu~es a progress~ peut-~tre parce que I'int~rSt pour cette ~tiologie s'est accru, la proportion des r~sultats positifs s'est ~galement ~lev~e, ce qui sugg~re qu'il y a bien eu variation. En France, des fluctuations sont aussi not~es : pour la r~gion France-Nord, surveill~e par le Centre National de R~f~rence de I'lnstitut Pasteur, les chlamydioses ont repr~sent~ 7,5 % des maladies respiratoires aigues ~tiologiquement identifi~es en 1984:1985 et seulement 4,2 % en 1985-1986. Si I'on compare les r~sultats de la r~gion parisienne seule pour la p~riode ~tudi~e en 1984 dans le travail de Trap et coll. soit Avril & Septembre, on observe qu'en 1983, le nombre des cas ~tait de 80, en 1984 de 67 et en 1985 de 27. L'ann~e 1984 ~tait donc une annie moyenne et la situation s'est am~lior~e ensuite. L'aspect r~gional de I'~pid~miologie de cette maladie n'est pas non plus ~ n~gliger : dans la r~gion du Nord de la France, o5 les ~levagesdomestiques de pigeons sont nombreux et les contacts hommeoiseau frequents, la proportion pour 1985-1986 atteignait une valeur sensiblement sup~rieure ~ celle de la moiti~ Nord de la France avec 9,4 %.
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