La tuberculose le grand mime

La tuberculose le grand mime

A202 80e Congrès de médecine interne – Limoges du 11 au 13 décembre 2019 / La Revue de médecine interne 40 (2019) A105–A214 Discussion L’EIB est une...

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80e Congrès de médecine interne – Limoges du 11 au 13 décembre 2019 / La Revue de médecine interne 40 (2019) A105–A214

Discussion L’EIB est une affection ayant des critères diagnostiques d’interprétation délicate et une prise en charge non codifiée, n’étant pas universellement reconnue comme d’origine tuberculeuse. Cette étude quoique monocentrique confirme la rareté de l’EIB dans notre contexte de pays à forte endémie de tuberculose où prédominent lupus tuberculeux et écrouelles. L’enquête étiologique systématique n’apporte souvent pas d’argument suffisant pour confirmer l’origine tuberculeuse. Notre expérience suggère qu’en dehors d’une IDR phlycténulaire et/ou la présence d’un foyer profond justifiant un traitement antituberculeux, la colchicine est une alternative thérapeutique fiable. Cependant, un échantillonnage plus grand serait souhaitable. Conclusion Une définition anatomoclinique plus précise de l’EIB et des outils diagnostiques plus performants restent à venir. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.306 CA180

Érythème induré de Bazin : étude anatomoclinique de 8 cas

M. Chaabani ∗ , S. Saad , I. Chabchoub , S. Gara , C. Sassi , M. Mokni Dermatologie, hôpital La Rabta, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Chaabani) Introduction L’érythème induré de Bazin (EIB) est une vascularite nodulaire survenant le plus souvent chez les femmes. Cette dermatose rare pose un problème quant à son origine tuberculeuse. Notre travail a pour objectif de préciser les caractéristiques épidémiocliniques, histologiques et thérapeutiques de l’EIB en Tunisie. Patients et méthodes Nous avons mené une étude rétrospective colligeant tous les patients ayant un EIB et qui ont consulté à notre service de dermatologie entre mai 2006 et mai 2019. Résultats Huit patientes étaient recensées sur 14 ans. La moyenne d’âge était de 45 ans. Des antécédents familiaux ou personnels de tuberculose étaient retrouvés dans 3 cas. La durée moyenne d’évolution était de 9 ans. Cliniquement, nos patientes présentaient des nodules inflammatoires de 1 à 3 cm de diamètre, douloureux à la palpation avec une peau en regard normale ou rouge violacée, prédominant au niveau des membres inférieurs avec une évolution vers l’ulcération dans 2 cas. Une cicatrice hyperpigmentée a été notée dans 4 cas et une induration dans 5 cas. Une seule patiente présentait une fièvre et des sueurs nocturnes. L’intradermo-réaction (IDR) à la tuberculine était phlycténulaire chez 2 patientes. À l’histologie, des granulomes lipophagiques et une vascularite leucocytoclasique ont été notés dans tous les cas. La PCR à la recherche de l’ADN du Mycobacterium tuberculosis (MT), réalisée sur fragment de biopsie, était négative dans tous les cas. Un traitement antituberculeux avait l’indication chez 3 de patientes ; la première avait des antécédents de tuberculose pulmonaire chez le mari et une IDR phlycténulaire, la deuxième avait une tuberculose pulmonaire. Quant à la troisième, elle avait des scrofulodermes, une tuberculose ganglionnaire et une IDR phlycténulaire. La colchicine a été prescrite chez 4 patientes et la dapsone à raison de 100 mg/j associée à une corticothérapie générale chez une patiente. L’évolution était favorable dans tous les cas. Discussion L’EIB est une affection rare considérée comme un état d’hypersensibilité à de multiples antigènes notamment le MT. Toutefois, le bilan étiologique n’apporte souvent pas d’arguments en faveur de l’étiologie tuberculeuse. Dans les pays endémiques, notamment la Tunisie, devant une hypodermite nodulaire chronique des membres inférieurs, en présence d’arguments en faveur d’une étiologie tuberculeuse (antécédents de personnels ou familiaux de tuberculose, IDR phlycténulaire, mise en évidence d’un foyer tuberculeux actif), la prescription des antituberculeux est recommandée. Dans le cas inverse, la colchicine et la dapsone constituent une bonne alternative thérapeutique.

Conclusion L’EIB reste une dermatose rare malgré l’endémie tuberculeuse en Tunisie. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.307 CA181

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S. Benzerga ∗ , C. Michaux , E. Calvo Lasso De Lavega , T. Staub Maladies infectieuses, CH de Luxembourg, Luxembourg, Luxembourg ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Benzerga) Introduction M. N., âgé de 59 ans, d’origine vietnamienne ayant séjourné plusieurs mois en Ukraine, est hospitalisé pour une altération de l’état général avec perte de 5 kilos en 1 mois associée à une ulcération péri-anale douloureuse apparue progressivement il y a 3 mois. À noter l’absence de fièvre et de toute autre symptomatologie, notamment digestive ou respiratoire. Observation L’examen clinique note une large zone ulcérée hémicirconférentielle fessière hyperalgique gauche (Fig. 1) se continuant vers l’intérieur au toucher rectal. Il n’y a pas d’adénopathie périphérique ni d’hépatosplénomégalie, l’auscultation cardiopulmonaire est normale. Sur le plan biologique, il existe un léger syndrome inflammatoire avec une CRP à 8,6 mg/L et une hyperleucocytose à 10 300/mm3 à prédominance polynucléaires neutrophiles. La calprotectine fécale s’élève à 791 ng/kg (normale < 50–200 ␮g/g de selles). La sérologie du VIH est négative. La biopsie de la lésion montre une inflammation granulomateuse et élimine une origine tumorale. Les endoscopies digestives ne retrouvent pas d’autre lésion associée. Le diagnostic de maladie intestinale chronique inflammatoire (MICI) est fortement évoqué. Finalement la PCR de Mycobacterium tuberculosis sur biopsie revient positive, le diagnostic sera confirmé par une culture positive sur milieu liquide. À noter également un Interféron gamma release assay positif. Le scanner thoracique, réalisé dans un deuxième temps, met en évidence des condensations calcifiées apicales, l’atteinte pulmonaire est confirmée par la positivation des cultures. Une quadrithérapie antituberculeuse classique est débutée, l’évolution est favorable avec une diminution de la taille de l’ulcération et une reprise de 2 kilos à un mois.

Fig. 1

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Discussion La tuberculose digestive est bien décrite et représente 49 % des tuberculoses extrapulmonaires [1], principalement dans les pays à forte prévalence, a fortiori chez les patients immunodéprimés. Elle touche le plus souvent la région iléo-cæcale dans 44 %, le péritoine ou les ganglions tandis que la localisation péri-anale est rare estimée à 3 % [2]. L’atteinte pulmonaire est associée dans 20–25 % des cas [3]. La PCR sur biopsie est positive dans 65 % des cas tandis que la coloration de Ziehl-Neelsen est peu rentable avec 20 % de positivité [3]. La calprotectine fécale est un biomarqueur dont l’augmentation signe l’existence de lésions muqueuses du tube digestif, elle n’est pas spécifique pour les MICI et ne dispense pas de la recherche de diagnostics différentiels. Conclusion Toute atteinte digestive atypique d’un patient venant d’une zone d’endémique doit faire évoquer une tuberculose et faire réaliser les tests spécifiques afin d’éviter les complications digestives parfois sévères. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus [1] Khan R, Abid S, et al. Diagnostic dilemma of abdominal tuberculosis in non-HIV patients: an ongoing challenge for physicians. World J Gastroenterol 2006. [2] Kentley J, et al. Intestinal tuberculosis: a diagnostic challenge. Trop Med Int Health 2017. [3] Wembulua Shinga B, et al. Intestinal tuberculosis revealed by acute bowel obstruction during paradoxical reaction to antituberculosis treatment in an immunocompetent patient: about a case and literature review. Pan African Med J 2019. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.308 CA182

Panniculite disséminée à Mycobacterium chelonae F. Rossi 1,∗ , C. Brault 1 , F. Hamdad 2 , H. Sevestre 3 , J.L. Schmit 4 , P. Duhaut 1 , J. Schmidt 1 1 Médecine interne et récif, CHU d’Amiens-Picardie (site nord), Amiens 2 Bactériologie, CHU d’Amiens-Picardie (site sud), Amiens 3 Anatomie et cytologie pathologique, CHU d’Amiens-Picardie (site nord), Amiens 4 Maladies infectieuses et tropicales, CHU d’Amiens-Picardie (site nord), Amiens ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : rossi.fl[email protected] (F. Rossi) Introduction La corticothérapie prolongée est connue pour favoriser la survenue d’infections [1]. Nous présentons un cas d’infection cutanée diffuse à Mycobacterium chelonae chez une patiente traitée par corticoïdes au long cours pour une granulomatose à éosinophiles avec polyangéite (GEPA). Observation En septembre 2018, une femme de 82 ans a été adressée pour prise en charge de lésions cutanées diffuses. Elle avait pour principal antécédent une GEPA diagnostiquée un an plus tôt, avec atteinte pulmonaire, cutanée et neurologique. Un traitement par prednisolone 40 mg/j était poursuivi depuis le diagnostic. Les lésions étaient apparues un mois plus tôt, sous la forme de nodules sous-cutanés inflammatoires d’environ un centimètre de grand axe intéressant les quatre membres. Certains d’entre eux étaient fistulisés, laissant échapper de petites quantités de pus. La patiente présentait par ailleurs une fièvre à 39 ◦ C. Il existait un syndrome inflammatoire biologique avec une protéine C réactive (CRP) à 96 mg/L. Compte tenu d’une valvulopathie mitrale et tricuspide sévère sous-jacente, une échographie transthoracique a été réalisée, écartant le diagnostic d’endocardite infectieuse. Les hémocultures sont demeurées stériles.

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Une biopsie cutanée profonde a été réalisée. L’examen anatomopathologique a mis en évidence une panniculite septale et lobulaire, granulomateuse et suppurée, avec présence de mycobactéries après coloration adaptée. L’examen direct bactériologique a également mis en évidence des bacilles alcoolo-acido-résistants (BAAR) et la culture du prélèvement s’est avérée positive à M. chelonae. Un traitement par clarithromycine 1000 mg/j, minocycline 200 mg/j et linézolide 600 mg/j a été instauré. Après une régression transitoire des lésions, les symptômes se sont aggravés un an après le début de l’antibiothérapie, dans un contexte de mauvaise observance. Un nouveau schéma thérapeutique associant clarithromycine 1000 mg/j, tedizolide 200 mg/j et tigécycline 100 mg/j a été instauré, permettant une nouvelle amélioration clinique. Discussion M. chelonae est une mycobactérie non tuberculeuse (MNT) à croissance rapide, retrouvée de manière ubiquitaire dans l’environnement, notamment les eaux et les sols. Elle est essentiellement à l’origine d’infections de la peau et des tissus mous. L’immunodépression, et en particulier la corticothérapie prolongée, est le principal facteur de risque d’infection à M. chelonae. Elle prend alors la forme d’une atteinte cutanée disséminée [2]. Le prélèvement d’un site infecté, avec examen anatomopathologique et bactériologique, permet le diagnostic la plupart du temps. Comme les autres MNT, M. chelonae est résistante aux antituberculeux classiques. Le traitement fait appel à une polyantibiothérapie à base de clarithromycine pour une durée prolongée pouvant dépasser un an [3]. Conclusion Les patients recevant des corticoïdes au long cours, notamment dans le cadre d’une vascularite, sont particulièrement exposés au risque infectieux. Une atteinte cutanée diffuse dans ce contexte doit faire rechercher une infection opportuniste. La biopsie cutanée est d’une aide précieuse au diagnostic. Une recherche de mycobactérie doit être systématique effectuée. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus [1] Youssef J, Novosad SA, Winthrop KL. Infection risk and safety of corticosteroid use. Rheum Dis Clin North Am 2016;42(1):157–76 [ix-x]. [2] Wallace RJ, Brown BA, Onyi GO. Skin, soft tissue, and bone infections due to mycobacterium chelonae chelonae : importance of prior corticosteroid therapy, frequency of disseminated infections, and resistance to oral antimicrobials other than clarithromycin. J Infect Dis 1992;166(2):405–12. [3] Gonzalez-Santiago TM, Drage LA. Nontuberculous mycobacteria. Dermatol Clin 2015;33(3):563–77. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.309 CA183

Association entre sarcoïdose et cryptococcose ostéoarticulaire T. Ghelfenstein Ferreira 1,∗ , S. Herbel 2 , F. Mechaï 2 , O. Bouchaud 2 , A. Izri 1 , H. Nunes 3 , S. Brun 1 1 Parasitology-mycology department, hôpital Avicenne, AP–HP, Bobigny 2 Infectious and tropical diseases department, hôpital Avicenne, AP–HP, Bobigny 3 Pneumologie, hôpital Avicenne, 125, rue de Stalingrad, Bobigny ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (T. Ghelfenstein Ferreira) Introduction La cryptococcose est une mycose cosmopolite due à des levures encapsulées du complexe d’espèces Cryptococcus neoformans/Cryptococcus gattii touchant principalement le patient immunodéprimé. L’atteinte ostéoarticulaire de la cryptococcose est rare. Elle est classée en deux types : la cryptococcose ostéoarticulaire associée à une cryptococcose disséminée et la cryptococcose ostéoarticulaire primaire, ne touchant pas d’autres tissus.