Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales après leur thérapie en groupe de responsabilisation

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AMEPSY-2759; No. of Pages 8 Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2019) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Me´moire

Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation Intervention programs for perpetrators of intimate partner violence: Analysis of psychological characteristics change of men who consult for their violence Laetitia Di Piazza a,*, Ce´cile Kowal b, Fabienne Hodiaumont b, Suzanne Le´veille´e c, Carolanne Vignola-Le´vesque c, Robert Ayotte d, Ade´laı¨de Blavier a a

Centre d’expertise en psychotraumatismes et psychologie le´gale, faculte´ de psychologie, logope´die et sciences de l’e´ducation, universite´ de Lie`ge, Lie´ge, Belgique Asbl Praxis, Rue Puits-en-Sock, 63 Bte 22/32, Lie`ge 4020, Belgique c De´partement de Psychologie, Universite´ du Que´bec a` Trois-Rivie`res, Canada d L’Accord Mauricie Inc., Rue Champflour, 991 Local 101, Trois-Rivie`res, Que´bec, Canada b

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 10 octobre 2018 Accepte´ le 26 mars 2019

L’objectif de cette recherche est d’e´valuer chez des hommes auteurs de violences conjugales les changements intrapsychiques apporte´s par une prise en charge encadre´e par des professionnels. La me´thodologie repose sur l’administration de questionnaires relatifs a` trois caracte´ristiques du fonctionnement psychologique de l’individu (alexithymie, de´pression et impulsivite´) avant le de´but de la the´rapie en groupe de responsabilisation (T1), et a` son terme (T2). Des 56 hommes ayant participe´ au T1, 24 ont accepte´ de finaliser le protocole de recherche. Les re´sultats indiquent une diminution de l’alexithymie et de la de´pression au sein de l’e´chantillon. L’impulsivite´ reste, quant a` elle, stable dans le temps. Il semble donc ne´cessaire d’accompagner les auteurs de violence a` de´velopper leur capacite´ a` se repre´senter leurs e´tats e´motionnels ainsi que de les comprendre pour les aider a` mieux re´guler leur comportement.

C 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s.

Mots cle´s : Alexithymie Belgique De´pression Homme Impulsivite´ Programme de soins Psychothe´rapie de groupe Violence conjugale

A B S T R A C T

Keywords: Alexithymia Belgium Care program Depression Group psychotherapy Impulsivity Intimate partner violence Man

Objectives. – The aim of our research was to examine the association between impulsivity, alexithymia and depression and the perpetration of physical and psychological intimate partner violence. We focused on these particular psychological characteristics in order to understand this phenomenon and its prevention and/or treatment. Our initial study of fifty-six male perpetrators showed domestic violence was associated with a high level of alexithymia and depression. Analyses showed they reported more depressive feelings, and more difficulties to express their emotions than did general population. To determine if reductions were noted about these psychological characteristics at the end of intervention program, the present study examined longitudinal data. Patients and methods. – Twenty-four male offenders (voluntary or judicialized) were surveyed using self-report questionnaires and structured clinical interview to collect sociodemographic data and to assess specific psychological variables, namely emotional distress (Beck Depression Inventory), impulsive behavior (Barratt Impulsivity Scale 11) and alexithymia (Toronto Alexithymia Scale 20), the inability to experience and express subjective emotions. These men were examined before the start of therapeutic program (T1) and at the end of it (T2), after 42 hours of psychological support.

* Auteur correspondant. Centre d’expertise en psychotraumatismes et psychologie legale, faculte de psychologie, logopedie et sciences de l’education, universite´ de Lie`ge, Quartier Agora, Place des Orateurs 1, Lie`ge 4000, Belgique Adresse e-mail : [email protected] (L. Di Piazza). https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015 C 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s. 0003-4487/

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation. Ann Med Psychol (Paris) (2019), https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015

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Results. – Findings showed both alexithymia and depression were reduced after therapeutic management. Analyses showed male intimate partner violence offenders reported less difficulty to express their emotions and less depressive feelings at the end of their intervention program. However, we only observe a significant result for alexithymia and its dimension ‘‘difficulties identifying feelings’’. Impulsivity, on the other side, remains unchanged between the two evaluation times for all participants after the therapeutic program. Conclusion. – Our findings suggested a strong link between alexithymia and domestic violence and showed the positive effect of specific therapeutic interventions on alexithymia and depression. We pointed out the fact that with the decrease of alexithymia, participants may have a better awareness of themselves and of their behavior. In conclusion, it is encouraging to note that specific treatment programs increase awareness about the problem of intimate partner violence.

C 2019 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction La violence exerce´e au sein d’une relation intime est la forme la plus re´pandue de violence contre les femmes dans le monde. Une e´tude de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union europe´enne [14], portant sur le te´moignage de 42 000 femmes, de´montre qu’en moyenne 22 % des femmes europe´ennes ont e´te´ victimes de violence physique et/ou sexuelle d’un (ex-)partenaire depuis l’aˆge de 15 ans. Si l’on s’inte´resse aux violences psychologiques, ce rapport fait e´tat de 43 %, incluant des comportements de controˆle de la part de l’(ex-)partenaire, des humiliations, des intimidations, des menaces, etc. Par conse´quent, la violence au sein du couple est un phe´nome`ne omnipre´sent dans nos socie´te´s ou` la prise de controˆle est le moyen par lequel le conjoint violent affirme sa domination et son pouvoir sur sa partenaire de manie`re re´pe´titive. Il s’agit d’un mode d’emprise sur la victime et sur la vie familiale, voire d’« un moyen pathologique de s’inscrire dans une relation de couple » [10]. Longtemps minimise´e, la violence conjugale est progressivement devenue, graˆce a` la mobilisation fe´ministe et a` la cre´ation de centres d’aide aux victimes, un de´lit poursuivi par la loi. C’est a` partir de 1997 que la Belgique va s’inscrire dans une politique active de lutte contre les violences faites aux femmes graˆce a` la loi Lizin de´nonc¸ant la violence conjugale comme un de´lit, suivie de pre`s, en 2004, par la mise en place d’un plan d’action national (PAN) contre les violences conjugales envers les femmes [39]. 2. Les organismes d’aide spe´cialise´s dans l’accompagnement d’auteurs de violences intrafamiliales Pour comple´ter les mesures gouvernementales prises pour garantir la se´curite´ des victimes de violences conjugales, des programmes destine´s plus spe´cifiquement aux auteurs de cette forme de violence se de´veloppent e´galement de`s les anne´es 1990. L’objectif de cette double intervention lors de situations de violence entre partenaires est de rappeler que c’est a` l’auteur, et pas seulement a` la victime, d’entamer un travail personnel, et ce, aux fins de se responsabiliser et d’e´carter une e´ventuelle re´cidive. L’auteur de violence est donc acteur et non-spectateur de la situation. Avec la formulation de la circulaire « Tole´rance Ze´ro », ge´ne´ralise´e a` l’ensemble du territoire belge en 2006, la violence conjugale a e´te´ de plus en plus de´nonce´e et, par conse´quent, judiciarise´e. Contraints de suivre une approche the´rapeutique qu’ils ne cautionnaient ge´ne´ralement pas au premier abord, la de´marche des auteurs de violence a e´te´ particulie`rement re´calcitrante a` tout changement. Les professionnels de sante´ a` leur ˆ , en re´ponse, adapter leurs strate´gies contact ont donc du d’intervention. Progressivement, leur leitmotiv a e´te´ d’envisager une approche psychoe´ducative permettant un espace de re´flexion

sur le comportement violent et ayant pour objectif la pre´vention de la re´cidive [12]. 2.1. Prise en charge des auteurs de violence conjugale La violence entre partenaires peut eˆtre conside´re´e comme une forme de passage a` l’acte. Selon Le´veille´e et al. [21], son roˆle est, par conse´quent, « d’abaisser la tension interne, d’e´viter de vivre les affects de´pressifs (souffrance psychologique) en les agissant (exte´riorisant) sur un objet externe ou sur soi-meˆme ». Le cycle de la violence entre partenaires est, de plus, dynamique : il se fonde sur plusieurs phases successives et se reproduira sur les relations futures de l’individu si aucune prise en charge n’est entreprise [24]. Centre´es de`s leur mise en place sur la gestion de la cole`re du conjoint violent et sur l’apprentissage d’un meilleur controˆle du comportement violent, les structures d’aide spe´cialise´es dans l’accompagnement des auteurs de violence conjugale ont progressivement vu leurs assises the´rapeutiques e´voluer [40]. A` pre´sent, bien que l’organisation de ces services puisse diffe´rer d’une structure a` l’autre, leurs missions et programmes d’intervention tendent a` s’uniformiser autour de la notion de responsabilisation. En Belgique francophone et a` Bruxelles, l’asbl Praxis est, actuellement, le service spe´cialise´ d’aide aux auteurs de violences conjugales et intrafamiliales de re´fe´rence. Fonde´e en 1992, cette association sans but lucratif (asbl) a principalement pour but d’eˆtre un lieu de re´flexion et de responsabilisation pour les hommes, et les femmes, auteurs de violences conjugales. Elle propose un programme the´rapeutique de base e´tabli sur 45 heures re´parties en consultations individuelles (3 heures) et en se´ances de the´rapie en groupe de responsabilisation (21  2 h). Chaque groupe est anime´ par deux intervenants, un homme et une femme dans la mesure du possible, de manie`re hebdomadaire [23]. Toutefois, la crainte d’une sanction pe´nale, dans le cas d’une personne judiciarise´e, ou une contrainte affective ou morale exerce´e par un tiers dans une de´marche plus volontaire du conjoint violent vers un changement, ne suffisent pas a` induire une ame´lioration durable du comportement. La prise de conscience des conse´quences et du caracte`re ille´gal des actes de violence est donc un axe de travail et une e´tape ne´cessaires pour que l’auteur des violences acquie`re une re´flexion suffisante sur sa responsabilite´ afin de pre´venir un e´ventuel passage a` l’acte violent. « Au-dela` des facteurs d’ordre individuel, e´conomique et organisationnel, la se´lection du groupe comme mode d’intervention est justifie´e par l’effet que peut exercer le groupe comme catalyseur de changement. Cependant, le groupe ne constitue pas en soi un contexte de changement; certaines conditions sont ne´cessaires pour que les membres se sentent supporte´s dans leurs

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation. Ann Med Psychol (Paris) (2019), https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015

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efforts » [24]. A` titre d’exemple, selon Schwartz et Waldo [34,35], la cohe´sion, le partage d’informations, l’espoir, l’altruisme ainsi que l’apprentissage par l’interaction se sont re´ve´le´s comme des facteurs importants pour e´voluer au sein de cette de´marche de groupe. Helms (2002, cite´ par [24]), quant a` lui, rapporte dans ses recherches les dimensions de catharsis, d’altruisme, de de´veloppement de l’espoir et d’apprentissage par interaction. Pour l’asbl Praxis, la dimension de groupe constitue un outil de travail essentiel, un lieu de contenance permettant la confrontation des expe´riences des auteurs de violences intrafamiliales entre eux, des discussions autour de the´matiques diverses telles que les croyances qui justifient le recours a` la violence, les habitudes de vie quotidiennes et difficiles a` modifier, l’empathie envers le/la partenaire victime, les relations hommes-femmes, les roˆles sociaux vus comme pre´de´termine´s de par le sexe de l’individu, la peur de perdre son/sa partenaire, etc. Graˆce a` l’effet de groupe, l’e´coute mutuelle est favorise´e pour que l’individu sorte de sa position e´gocentrique. « Ces sujets de´crits souvent comme minimisant, banalisant les faits de violences, sont en quelque sorte ‘‘condamne´s’’ a` e´couter d’autres un peu plus avance´s sur le chemin de la re´flexion, de la compre´hension, de la capacite´ a` exprimer leurs propres e´motions. Il y a la` un effet fort de la dynamique de groupe » [10]. D’ou` l’importance de la mise en place, de manie`re ge´ne´rale, de groupes dits « ouverts », c’est-a`-dire incluant des participants ayant e´volue´ dans leurs re´flexions et d’autres qui commencent leur the´rapie de responsabilisation afin de favoriser la prise de conscience et les discussions. En effet, « le travail de groupe les conduit a` explorer le passage a` l’acte et son impact, a` ne plus conside´rer la violence comme de´fensive et a` explorer les choix qui s’offrent a` eux : quitter la pie`ce, exprimer son ressenti » [25]. Parmi les moyens permettant une e´valuation pertinente de l’efficacite´ des traitements destine´s aux auteurs de violences conjugales, la cessation des actes de violence et la re´cidive peuvent constituer de bons indicateurs. La majorite´ des e´tudes rapportent que la comple´tion d’une the´rapie en groupe de responsabilisation a un effet positif sur le futur comportement de l’individu violent en termes de re´cidive [2,33]. En effet, les risques de re´cidive sont plus e´leve´s s’il y a abandon du programme [17,20]. Toutefois, la dure´e ou le choix du mode`le d’intervention (contenu du programme the´rapeutique) n’ont aucun impact concernant la re´duction ou l’augmentation du risque de re´cidive [3]. A` l’heure actuelle, le taux d’attrition repre´sente l’une des pre´occupations majeures des intervenants œuvrant dans les services spe´cialise´s d’aide aux auteurs de violences intrafamiliales, et ce, non seulement parce qu’il constitue un facteur de risque de re´cidive, mais e´galement de par sa fre´quence e´leve´e [29,32,33]. En effet, le taux d’abandon est ge´ne´ralement compris entre 30 et 60 % [16] et survient habituellement au cours des six a` huit premie`res se´ances [32]. En cela, la ne´cessite´ de la contrainte judiciaire est justifie´e mais non suffisante pour certains individus violents [36]. Les facteurs pre´dicteurs d’abandon concernent autant des caracte´ristiques individuelles qu’interpersonnelles. L’une de celles-ci est l’aˆge de l’individu. En effet, plus il est jeune et plus le risque d’abandon est important [18,29,32]. Les proble`mes de consommation d’alcool ou de substances psychotropes [33], ainsi que le statut volontaire de la de´marche [29] sont e´galement des facteurs augmentant le risque d’abandon du dispositif d’accompagnement. Gagne´ et Fortin [16] mettent, quant a` eux, en exergue l’ambiance re´gnant dans le groupe ainsi que le facteur relationnel du groupe (sentiment de rejet, niveau de re´flexion du groupe trop pousse´, etc.). Selon eux, l’abandon de la the´rapie « doit eˆtre conside´re´ non pas comme un phe´nome`ne en soi mais plutoˆt comme l’aboutissement d’un processus [. . .] de´termine´ par l’interaction mouvante de facteurs individuels, relationnels, the´rapeutiques et environnementaux ».

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2.2. Le fonctionnement psychologique des hommes auteurs de violence conjugale Le phe´nome`ne des violences conjugales est une proble´matique complexe ne´cessitant une approche multifactorielle. Reconnue universelle (touchant tous les milieux socio-e´co-culturels), mais ne concernant pas tous les hommes, la violence entre partenaires intimes ne peut eˆtre appre´hende´e sans prendre en compte la sphe`re psychologique. Portant en elle plusieurs aspects spe´cifiquement lie´s a` la personnalite´ de l’individu, la violence ne peut eˆtre re´duite a` un seul facteur explicatif. Au cours des vingt dernie`res anne´es, plusieurs recherches ont mis en lumie`re l’he´te´roge´ne´ite´ de la population des conjoints aux comportements violents [1,4,21,22,27]. Leur objectif e´tait de tenter de de´terminer si un trouble psychopathologique pouvait expliquer l’agir violent. Il en ressort que les hommes auteurs de violence a` l’encontre de leur partenaire posse`dent une faible capacite´ de mentalisation, ont une empathie re´duite a` l’e´gard d’autrui, sont ge´ne´ralement plus de´pendants e´motionnellement, pre´sentent une humeur de´pressive marque´e, et manifestent plus d’hostilite´ et de cole`re que ceux n’ayant pas recours a` la violence. Szafran et Fossion [36] ajoutent a` ces constats que l’un des facteurs augmentant le risque de passage a` l’acte e´tait d’avoir connu dans sa famille d’origine, en tant que te´moin ou victime, des phe´nome`nes de violence. Hypothe´tiquement associe´e a` un ve´cu de trauma dans la relation avec leurs figures parentales, De Neuter [11], quant a` lui, soule`ve la pre´sence d’une forte angoisse d’abandon chez ces hommes ayant recours a` la violence dans la sphe`re intime. A` l’heure actuelle, et a` notre connaissance, aucune recherche n’a encore e´value´ de manie`re me´thodique et scientifique certaines caracte´ristiques spe´cifiques du fonctionnement psychologique de ces individus, ni les changements intrapsychiques apporte´s par une prise en charge en groupe de responsabilisation. L’objectif principal de cette e´tude est donc d’e´valuer le changement psychologique observe´ chez des hommes qui consultent pour leurs comportements violents. Dans cette optique, trois caracte´ristiques psychologiques, a` savoir l’alexithymie, la de´pression et l’impulsivite´, ont e´te´ se´lectionne´es a` partir de leur e´ventuel roˆle dans le processus du passage a` l’acte violent. 2.2.1. L’alexithymie L’e´motion est le principal facteur influenc¸ant le fonctionnement psychique individuel. En cela, pour expliquer le recours a` l’agir violent, conside´re´ comme une re´ponse a` un stress e´motionnel, les recherches ont explore´ a` tour de roˆle des the´matiques diverses telles que les troubles de personnalite´, la rage, les processus d’attachement, les troubles de l’humeur, la cole`re, les traumatismes infantiles, etc. [1,6,13]. De celles-ci, un constat a e´te´ fait de manie`re ge´ne´rale : la gestion et l’expression des e´motions semblent de´ficitaires chez les auteurs de violence. Ils utiliseraient davantage de comportements agressifs pour re´duire les affects pe´nibles [8,9] et recouraient a` la violence comme s’il s’agissait de la seule re´ponse a` une excitation e´motionnelle de´routante [19]. A` la suite de cette observation, certains auteurs se sont inte´resse´s a` la notion d’alexithymie, caracte´rise´e par une difficulte´ a` identifier, de´crire et traiter les expe´riences e´motionnelles. Le´veille´e et collaborateurs [22] de´montrent, dans cette de´marche exploratoire, que les hommes auteurs de comportements violents ont tendance a` pre´senter plus de caracte´ristiques alexithymiques que l’individu lambda. Di Piazza et collaborateurs [12], dans la meˆme mouvance, appuient ce premier constat. Ils obtiennent des re´sultats ou` les taux d’alexithymie observe´s sont double´s par rapport a` la population ge´ne´rale. En outre, les hommes auteurs de violence semblent avoir des de´ficits dans la reconnaissance des expressions e´motionnelles faciales, et seraient moins pre´cis que les hommes non violents lors de l’identification des expressions e´motionnelles de leur partenaire [4,28].

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation. Ann Med Psychol (Paris) (2019), https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015

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2.2.2. La de´pression La pre´valence de l’alexithymie chez les patients de´pressifs est importante dans de nombreuses e´tudes [15,37], et « la relation entre la de´tresse conjugale et la de´pression est particulie`rement forte » [38]. Le´veille´e et al. [21] constatent effectivement la pre´sence accrue d’affects de´pressifs chez les hommes auteurs de violence conjugale. Pour Di Piazza et al. [12], un tiers des participants de leur recherche obtiennent des scores correspondant a` la pre´sence d’une de´pression, et un tiers a` celle d’un trouble be´nin de l’humeur. Lussier et Lemelin [26] ajoutent que le niveau de de´tresse de ces hommes serait tellement important qu’ils pre´senteraient des difficulte´s a` se pre´occuper d’autrui tant ils seraient submerge´s par leurs propres e´motions lie´es a` leurs proble`mes personnels. Cette de´tresse affective, a` laquelle s’ajoute une grande instabilite´ e´motionnelle [21], semble donc eˆtre un facteur interfe´rant avec la capacite´ de l’individu a` re´agir de manie`re ade´quate aux expe´riences e´motionnelles qui se pre´sentent a` lui. 2.2.3. L’impulsivite´ Crite`re diagnostique re´gulie`rement mentionne´ dans le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), les publications au sujet de l’impulsivite´ se sont multiplie´es depuis une vingtaine d’anne´es. Ge´ne´ralement en lien avec des comportements conside´re´s comme proble´matiques, l’impulsivite´ est perc¸ue comme favorisant des strate´gies de prise de de´cision ou l’adoption d’actions inade´quates et irre´fle´chies, et ce, suite a` des stimuli internes ou externes, sans e´gard aux conse´quences ne´gatives [30]. Cohen et collaborateurs [7] ont de´montre´, a` partir d’e´valuations neuropsychologiques, que les hommes auteurs de violence conjugale pre´sentent une plus grande impulsivite´ que ceux qui ne recourent pas a` la violence au sein de leur couple. Di Piazza et al. [12] ajoutent qu’il existe une plus grande difficulte´ pour ces hommes a` planifier leurs actions dans le futur. En outre, ces chercheurs pre´cisent que, pre´sentes simultane´ment chez un meˆme individu, l’alexithymie et la de´pression augmentent la probabilite´ d’observer une plus grande impulsivite´ dans leurs comportements.

3. Me´thodologie 3.1. Participants Cette e´tude longitudinale se repose sur l’entretien de 24 hommes auteurs de comportements violents sur leur (ex-)partenaire ayant acheve´ le programme the´rapeutique en groupe de responsabilisation dispense´ par l’asbl Praxis, partenaire de cette recherche. L’e´chantillon se compose de 58 % d’hommes judiciarise´s (n = 14) et de 42 % de volontaires (n = 10). Ces hommes sont aˆge´s entre 25 et 67 ans (m = 51 ans, s = 11,07; la moyenne d’aˆge e´tant de 44 ans dans l’e´chantillon complet au T1), sont majoritairement marie´s ou en concubinage (42 %), et ont au moins deux enfants (76 %). 3.2. De´marche et re`gles e´thiques La pre´sente recherche a e´te´ propose´e aux usagers de l’asbl Praxis par l’interme´diaire des psychologues de l’association lors de leur premier entretien psychologique individuel. Un document leur e´tait adresse´ avec une bre`ve explication de la recherche et de ses objectifs, et les coordonne´es du chercheur responsable. Lors de la rencontre, chaque participant devait signer un formulaire de consentement e´claire´ pre´cisant, entre autres, la stricte confidentialite´ des donne´es recueillies (garantie de l’anonymat), et leur possibilite´ de mettre, a` tout moment, un terme a` leur participation

sans devoir motiver leur de´cision ni subir un pre´judice pour leur suivi au sein de l’asbl Praxis. Au terme de leur suivi, un second rendez-vous e´tait organise´ pour une e´valuation apre`s the´rapie en groupe de responsabilisation. 3.3. Proce´dure Trois caracte´ristiques spe´cifiques du fonctionnement psychologique de l’individu ont e´te´ e´value´es par l’administration de questionnaires d’autoe´valuation, a` savoir l’alexithymie, la de´pression et l’impulsivite´. Ces e´valuations ont e´te´ re´alise´es avant l’entre´e des participants en groupe de responsabilisation (T1) et au terme de celui-ci (T2). L’e´valuation au T1 correspond a` une photographie du fonctionnement psychologique de l’usager avant toute intervention. Elle est effectue´e lors des se´ances psychologiques individuelles. L’e´valuation au T2, quant a` elle, se re´alise lorsque l’usager a preste´ les 42 heures de the´rapie en groupe pre´vues (21  2 h), et ce pour observer les changements ope´re´s par celle-ci au niveau des caracte´ristiques psychologiques e´tudie´es. En conse´quence, une dure´e de six a` neuf mois se´pare les deux moments d’e´valuation en fonction du moment d’entre´e de l’usager dans un groupe the´rapeutique incomplet. Les cotations et interpre´tations ont e´te´ re´alise´es en respectant les re`gles inhe´rentes aux diffe´rents tests. 3.4. Instruments de mesure 3.4.1. L’e´chelle d’Alexithymie de Toronto (Toronto Alexithymia Scale – TAS-20) La TAS-20 permet d’e´valuer la pre´sence, ou l’absence, d’alexithymie et de conside´rer les trois dimensions lie´es a` cette caracte´ristique psychologique, a` savoir : a) la difficulte´ a` identifier ses e´motions et celles d’autrui, b) la difficulte´ a` de´crire ses e´motions a` autrui et c) la pense´e ope´ratoire. Le score total varie de 20 a` 100. Un individu est conside´re´ alexithymique lorsque son score est plus grand ou e´gal a` 56. Ce questionnaire pre´sente une bonne consistance interne (alpha de Cronbach > 70) dans sa version franc¸aise a` 20 items. 3.4.2. L’inventaire de de´pression de Beck (Beck Depression Inventory – BDI) Le BDI, dans sa version a` 21 items, mesure la pre´sence des symptoˆmes cognitifs, affectifs et somatiques de la de´pression chez l’individu durant la semaine pre´ce´dant la passation. Plus le score total, allant de 0 a` 63, est e´leve´, plus la symptomatologie de´pressive est importante. Ce questionnaire de´montre de bonnes qualite´s psychome´triques, et ce aupre`s de populations ge´ne´rale (alpha de Cronbach .93) et clinique (alpha de Cronbach .92). 3.4.3. L’e´chelle d’Impulsivite´ de Barratt (Barratt Impulsiveness Scale BIS-11) La BIS-11 est un questionnaire e´valuant l’impulsivite´ autorapporte´e d’un individu en tant que trait de personnalite´. Celui-ci est compose´ de trois dimensions : a) l’impulsivite´ motrice (action en l’absence de re´flexion), b) l’impulsivite´ cognitive (incapacite´ a` controˆler et re´primer une impulsion ou une action automatique — prise de de´cision rapide), et c) la difficulte´ de planification (absence d’orientation vers le futur). Le score total varie de 0 a` 120. Cette autoe´valuation de´montre une bonne consistance interne (alpha de Cronbach .83). 3.5. Statistiques et traitement des donne´es D’une part, des analyses descriptives ont e´te´ re´alise´es pour de´crire l’e´chantillon d’hommes auteurs de violences conjugales interroge´s. D’autre part, des analyses en mesures re´pe´te´es ont e´te´

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation. Ann Med Psychol (Paris) (2019), https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015

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effectue´es pour observer d’e´ventuels changements relatifs aux caracte´ristiques psychologiques e´tudie´es et des analyses corre´lationnelles ont e´te´ ope´re´es pour appre´cier les diffe´rences entre les groupes d’usagers (judiciarise´s/volontaires). Les analyses statistiques ont e´te´ mene´es avec le logiciel Statistica 10 avec p < 0,05 comme seuil de significativite´.

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 Une diminution significative entre le T1 et le T2 de la sousdimension « difficulte´ a` identifier ses sentiments », avec une diminution significative pour les hommes volontaires mais pas pour les hommes judiciarise´s ;  Une le´ge`re diminution de la sous-dimension « difficulte´ a` de´crire ses sentiments », sans changement statistiquement significatif ;  Aucune modification significative de la sous-dimension « pense´e ope´ratoire ».

4. Re´sultats 4.1. Alexithymie (TAS-20)

4.2. Symptomatologie de´pressive (BDI)

Au premier temps de la recherche (T1, voir Tableau 1), un tiers de nos participants ayant comple´te´ le programme the´rapeutique obtiennent un score correspondant a` l’absence d’alexithymie, contre 45,8 % qui pre´sentent de l’alexithymie. A` coˆte´ de cela, un quart des hommes ont un fonctionnement inde´termine´, ou subalexithymique, oscillant, tantoˆt, entre des difficulte´s a` de´crire ou identifier leurs e´motions, tantoˆt, une attitude a` les ge´rer et les identifier efficacement. En outre, selon la moyenne de notre e´chantillon au T1, les hommes interroge´s ont un score qui caracte´rise un fonctionnement inde´termine´. Au second temps de la recherche (T2, voir Tableau 1), les pourcentages relatifs a` la dimension « alexithymie » sont modifie´s. En comparaison avec les donne´es du T1, et avec une moyenne indiquant toujours un fonctionnement inde´termine´ chez nos participants, nous constatons une diminution significative de cette caracte´ristique psychologique. En effet, le nombre d’hommes conside´re´s alexithymiques au T1 diminue au T2, tandis que le nombre de non-alexithymiques augmente. Toutefois, les analyses Post-Hoc montrent que cette observation n’est statistiquement significative que pour les participants ayant assiste´ volontairement au programme propose´ par l’asbl Praxis (voir Tableau 2). Le pourcentage d’hommes subalexithymiques reste, quant a` lui, stable. En outre, plus spe´cifiquement, en s’inte´ressant aux sous-dimensions de la TAS-20, les analyses montrent :

En se re´fe´rant a` la moyenne de l’e´chantillon, que ce soit en T1 ou en T2 (voir Tableau 1), les hommes interroge´s obtiennent un score indiquant la pre´sence d’un trouble be´nin de l’humeur. Ce re´sultat signifie qu’ils ne souffrent pas d’une symptomatologie de´pressive a` proprement parler, mais qu’ils pre´sentent ge´ne´ralement une humeur dysphorique pouvant rendre compte d’un malaise psychique meˆlant perte d’inte´reˆt et/ou de plaisir pour des activite´s qu’ils appre´ciaient auparavant. Ne´anmoins, une analyse plus de´taille´e des re´sultats au T1 ame`ne un e´clairage diffe´rent. En effet, en scindant les participants selon le score total obtenu, a` peu pre`s un tiers de ces hommes ne pre´sente aucun trouble, un peu plus d’un tiers pre´sentent un trouble be´nin de l’humeur, et les participants restants se re´partissent entre des diagnostics de de´pression clinique et de de´pression majeure. Meˆme si une diminution de cette caracte´ristique psychologique est observe´e de manie`re ge´ne´rale, et plus particulie`rement chez les usagers volontaires (voir Tableau 2), l’ANOVA en mesures re´pe´te´es montre qu’elle n’est pas statistiquement significative. 4.3. Impulsivite´ (BIS-11) Selon les moyennes obtenues avant ou au terme du suivi the´rapeutique en groupe de responsabilisation (voir Tableau 1), les participants a` la recherche obtiennent un score indiquant l’absence d’une quelconque impulsivite´. Cette constatation se confirme au

Tableau 1 Ensemble des valeurs (Moyennes, e´carts-types, pourcentages des diffe´rentes interpre´tations possibles et, moyennes ponde´re´es des sous-dimensions en fonction du nombre d’items les composant) obtenues par les hommes auteurs de violence conjugale aux trois questionnaires d’autoe´valuation (TAS-20, BDI, BIS-11) aux T1 et T2 de la recherche (n = 24), et Re´sultats de l’Analyse de Variance en mesures re´pe´te´es sur ces donne´es. Les re´sultats en italique avec pre´sence d’un aste´risque soulignent une diffe´rence significative entre le T1 et le T2.

TAS-20 Total Interpre´tation Absence d’alexithymie Fonctionnement inde´termine´ Alexithymie Scores ponde´re´s des sous-dimensions (sur 5 points) Difficulte´ a` identifier Difficulte´ a` de´crire Pense´e ope´ratoire BDI Total Interpre´tation Absence de de´pression Trouble be´nin de l’humeur De´pression De´pression majeure BIS-11 Total Interpre´tation Sur-controˆle Absence d’impulsivite´ Impulsivite´ Scores ponde´re´s des sous-dimensions (sur 4 points) Impulsivite´ cognitive Impulsivite´ motrice Difficulte´ de planification

T1: n = 24 (Avant la the´rapie en groupe de responsabilisation)

T2: n = 24 (Au terme du suivi the´rapeutique en groupe)

Comparaison T1-T2 (n = 24): Anova et valeur p

m = 51,88; s = 10,24

m = 46,25; s = 13,03

F (1,22) = 5,59, p < 0,05*

29,2 % (n = 7) 25 % (n = 6) 45,8 % (n = 11)

54,2 % (n = 13) 25 % (n = 6) 20,8 % (n = 5)

m = 2, 70; s = 0,85 m = 2, 41; s = 0,79 m = 2,69; s = 0,48 m = 15,125; s = 8,9

m = 2,23;s = 0,85 m = 2,32;s = 0,93 m = 2,37;s = 0,61 m = 12,58; s = 9,99

F (1,22) = 7,60, p < 0,05* F (1,22) = 2,25, p = 0,15 F (1,22) = 1,39, p = 0,25* F (1,22) = 1,83, p = 0,19

33,4 % (n = 8) 37,5 % (n = 9) 20,8 % (n = 5) 8,3 % (n = 2) m = 62,96; s = 11,39

54 % (n = 13) 17 % (n = 4) 25 % (n = 6) 4 % (n = 1) m = 62,08; s = 11,4

F (1,22) = 8,7, p = 0,66

21 % (n = 5) 62,5 % (n = 15) 16,5 % (n = 4)

21 % (n = 5) 58 % (n = 14) 21 % (n = 5)

m = 2,20; s = 0,27 m = ,90; s = 0,17 m = 2,22; s = 0,74

m = 2,18; s = 0,51 m = 1,94; s = 0,32 m = 2,12; s = 0,72

F (1,22) = 0,08, p = 0,78 F (1,22) = 0,31, p = 0,59 F (1,22) = 1,26, p = 0,57

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation. Ann Med Psychol (Paris) (2019), https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015

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Tableau 2 Comparaison des donne´es longitudinales issues des usagers volontaires vs judiciarise´s aux trois questionnaires d’autoe´valuation (TAS-20, BDI, BIS-11), et valeur de l’effet d’interaction dans l’Analyse de Variance en mesures re´pe´te´es. Les re´sultats en italique avec pre´sence d’un aste´risque soulignent une diffe´rence significative entre le T1 et le T2 (analyse Post-Hoc, LSD de Fisher). Usagers volontaires: T1 et T2 (n = 10)

Usagers judiciarise´s: T1 et T2 (n = 14)

Effet d’interaction: usagers volontaires et usagers judiciarise´s (Anova et valeur p)

T1: m = 52,1; s = 3,31 T2: m = 43,9; s = 4,16*

T1: m = 51,71; s = 2,79 T2: m = 47,93; s = 3,52

F (1,22) = 0,76, p = 0,39

T1: 30 %; T2: 50 % T1: 30 %; T2: 30 % T1: 40 %; T2: 20 % T1: m = 2,81; s = 0,76 T2: m = 2,20; s = 0,92*

T1: T1: T1: T1: T1: T2:

Difficulte´ a` de´crire

T1: m = 2,56; s = 0,93 T2: m = 2,24; s = 0,93

T1: m = 2,64; s = 0,72 T2: m = 2,39; s = 0,96

F (1,22) = 0,03, p = 0,87

Pense´e ope´ratoire

T1: m = 2,45; s = 0,47 T2: m = 2,16; s = 0,67

T1: m = 2,52; s = 0,50 T2: m = 2,53; s = 0,53

F (1,22) = 1,57, p = 0,22

T1: m = 15; s = 12,4 T2: m = 10; s = 8,56

T1: m = 15,21; s = 5,81 T2: m = 14,43; s = 10,81

F (1,22) = 0,98, p = 0,33

T1: T1: T1: T1: T1: T2:

T1: T1: T1: T1: T1: T2:

TAS-20 Total Interpre´tation Absence d’alexithymie Fonctionnement inde´termine´ Alexithymie Scores ponde´re´s des sous-dimensions (sur 5 points) Difficulte´ a` identifier

BDI Total Interpre´tation Absence de de´pression Trouble be´nin de l’humeur De´pression De´pression majeure BIS-11 Total Interpre´tation Sur-controˆle Absence d’impulsivite´ Impulsivite´ Scores ponde´re´s des sous-dimensions (sur 4 points) Impulsivite´ cognitive Impulsivite´ motrice

Difficulte´ de planification

40 %; T2: 60 % 30 %; T2: 20 % 10 %; T2: 20 % 20 %; T2: 0 % m = 59; s = 9,83 m = 48,2; s = 8,60

T1: 30 %; T2: 20 % T1: 70 %; T2: 80 % T1: 0 %; T2: 0 % T1: T2: T1: T2:

m = 2,14; s = 0,43 m = 2,04; s = 0,45 m = 1,75; s = 0,42 m = 1,80; s = 0,35

T1: m = 2,05; s = 0,71 T2: m = 2,01; s = 0,61

regard d’une analyse par cate´gorie des scores totaux obtenus par chaque homme. En effet, un peu plus de la moitie´ des participants ne sont pas conside´re´s impulsifs contre approximativement un quart des participants de´finis impulsifs. Toutefois, une attitude malhonneˆte ou sur-controˆle´e (de´termine´e par un score total anormalement bas) a e´te´ de´cele´e chez 21 % des participants en T1 et en T2. Aucune e´volution ge´ne´rale n’est constate´e entre les deux moments d’e´valuation. 5. Discussion Cette e´tude a pour objectif d’e´tudier les changements psychologiques observe´s chez des hommes auteurs de violence conjugale qui ont suivi une prise en charge the´rapeutique. Tout d’abord, une donne´e fre´quemment rapporte´e dans la litte´rature, a` savoir un taux d’attrition the´rapeutique important [16,32], est e´galement observe´e dans la pre´sente e´tude. Dans notre e´chantillon, le taux d’abandon s’e´le`ve a` 46 %, soit 26 hommes sur 56 au T1, sans compter les 6 participants qui avaient termine´ le suivi complet mais qui n’ont pas souhaite´ re´pondre une seconde fois au protocole de recherche. Plus pre´cise´ment, nous de´montrons, en accord avec d’autres e´tudes [18,29,32], que l’aˆge est un facteur de risque d’abandon tre`s important : plus les participants sont jeunes, plus le risque d’abandon en cours de programme the´rapeutique est significativement e´leve´. Dans notre e´tude, la moyenne d’aˆge des

50 %; T2: 29 % 29 %; T2: 57 % 21 %; T2: 14 % 50 %; T2: 29 % m = 2,62; s = 0,89 m = 2,26; s = 0,83

28,5 %; T2: 50 % 43 %; T2: 14 % 28,5 %; T2: 29 % 0 %; T2: 7 % m = 65,79; s = 11,92 m = 64,86; s = 12,61

F (1,22) = 0,48, p = 0,49

F (1,22) = 0,001, p = 0,97

T1: 14 %; T2: 21 % T1: 57 %; T2: 43 % T1: 29 %; T2: 36 % T1: T2: T1: T2:

m = ,24; s = 0,44 m = 2,29; s = 0,54 m = 2,00; s = 0,38 m = 2,03; s = 0,27

T1: m = 2,34; s = 0,75 T2: m = 2,20; s = 0,79

F (1,22) = 0,54, p = 0,47 F (1,22) = 0,02, p = 0,88

F (1,22) = 0,34, = 0,57

participants passe d’une moyenne de 44 ans, avec l’e´chantillon complet au T1 (n = 56), a` une moyenne de 51 ans au T2 (n = 24). Toutefois, hormis cette diffe´rence significative, nos re´sultats ne pre´sentent aucun autre e´le´ment divergent et qui permet de proposer une distinction significative entre les participants qui ont comple´te´ le suivi par rapport a` ceux qui l’ont abandonne´. Concernant l’e´volution des hommes interroge´s et ayant suivi le programme the´rapeutique complet, nos re´sultats mettent tout d’abord en exergue une diminution significative de l’alexithymie au terme du suivi, et plus particulie`rement dans la sous-dimension lie´e aux difficulte´s a` identifier ses sentiments. Plusieurs e´tudes ont souligne´ l’importance de l’alexithymie dans le fonctionnement psychologique de ces hommes [22]. D’ailleurs, une recherche tre`s re´cente sugge`re que l’alexithymie semble constituer une variable cle´ dans la compre´hension du passage a` l’acte violent [12]. Nos re´sultats confirment ce constat et de´montrent que c’est en effet cette variable qui montre la plus grande diminution suite a` la prise en charge et qui serait donc la variable la plus sensible au travail the´rapeutique en groupe de responsabilisation. Toutefois, apre`s analyses Post-Hoc, cette diminution s’observe de manie`re significative uniquement chez les participants volontaires. Cette diffe´rence, lie´e au statut des usagers, pourrait s’expliquer par le fait que la motivation personnelle a` suivre le programme the´rapeutique est plus grande chez les participants volontaires. Meˆme si un tiers exerce e´ventuellement une « contrainte affective

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation. Ann Med Psychol (Paris) (2019), https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015

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ou morale », ce soutien influence positivement la disposition psychique de l’auteur de violence conjugale a` fournir un travail plus en profondeur qui, par conse´quent, ame`ne a` un changement plus marque´. Cela nous ame`ne a` conside´rer de plus pre`s la nature de l’alexithymie. Est-ce que cette caracte´ristique psychologique ne constituerait pas un trait stable chez les personnes pre´sentant des ante´ce´dents judiciaires et cumulant les proble´matiques qui serait davantage inscrit dans le fonctionnement de leur personnalite´ ? A` l’inverse, chez d’autres, ne pourrait-elle pas eˆtre conside´re´e comme un me´canisme de de´fense ponctuel lie´ a` une phase de vie particulie`rement perturbante pour l’individu ? Dans ce sens, un comple´ment utile serait de re´aliser des e´tudes de cas permettant d’approfondir ces re´flexions. D’une manie`re ge´ne´rale, la diminution de l’alexithymie dans le fonctionnement psychologique de ces hommes violents sugge`re que la prise en charge favorise leurs capacite´s d’introspection, et plus particulie`rement celle relative a` l’identification de leurs sentiments. En cela, notre e´tude montre qu’au terme du suivi, les participants ont de´veloppe´ une meilleure prise de conscience de leur e´tat interne et une meilleure reconnaissance de leurs re´actions e´motionnelles. Cette ame´lioration de l’alexithymie et des capacite´s d’introspection ame`nerait les participants a` donner des re´ponses plus authentiques car ils auraient acquis une meilleure perception d’eux-meˆmes et de la proble´matique de violence graˆce au travail re´alise´ au sein du suivi de groupe. Ce constat peut expliquer, dans le meˆme ordre d’ide´es, l’effet observe´ sur la variable de´pression. Nous notons en effet une le´ge`re diminution des symptoˆmes de´pressifs, surtout chez les participants volontaires, sans que ce re´sultat soit significatif d’un point de vue statistique. De cette fac¸on, cette variable psychologique, e´valuant la pre´sence de symptoˆmes sur le court terme, engloberait plus particulie`rement des caracte´ristiques purement affectives et la perception que l’individu posse`de de lui-meˆme au moment de l’e´valuation. En ayant une meilleure conscience de soi, il peut acce´der plus aise´ment a` un ensemble d’informations sur lui-meˆme afin de trouver une meilleure signification a` ses propres ressentis [31]. Enfin, c’est sur le plan de l’impulsivite´ que le changement est le moins notable. Les re´sultats globaux et des sous-dimensions ne se modifient nullement de fac¸on significative. Ils restent stables entre les deux moments d’e´valuation. Ce qui est par contre surprenant, c’est la faible proportion de personnes conside´re´es impulsives au sein de l’e´chantillon. Seuls 5 hommes sur 24 obtiennent des scores relatifs a` la pre´sence d’une impulsivite´. Toutefois, le fait d’avoir une proportion e´gale de participants de´montrant un sur-controˆle, ou une attitude malhonneˆte lors de l’administration du test, peut poser question quant au choix de l’e´chelle de mesure utilise´e. En effet, ce test a e´te´ construit pour e´valuer l’impulsivite´ comme trait stable de la personnalite´. Cela pourrait corroborer l’hypothe`se actuelle qui sugge`re que l’impulsivite´ se pre´sente davantage comme un concept complexe et multidimensionnel [5]. Il est, par conse´quent, plus difficile de la modifier sur le court terme. Une prise en charge the´rapeutique plus longue est donc essentielle pour observer un changement profond d’un point de vue comportemental et cognitif. En ce sens, il est ne´cessaire de poursuivre les e´tudes sur cette question fondamentale de l’impulsivite´ de ces hommes.

6. Conclusion A` l’issue de cette e´tude, l’ensemble des observations constitue, de manie`re ge´ne´rale, de re´elles pistes de re´flexion quant a` l’adoption de strate´gies the´rapeutiques spe´cifiques dans le cadre de la prise en charge des auteurs de violence conjugale. Notre e´tude montre qu’une approche centre´e sur la notion de

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responsabilisation a bel et bien un re´el effet sur l’ensemble des usagers, malgre´ une re´ceptivite´ plus grande de la part des volontaires. Les re´sultats sugge`rent que l’attention porte´e aux usagers par les intervenants doit pouvoir prendre en compte le fait que leur statut a une incidence diffe´rente sur la porte´e de la the´rapie de groupe. Au de´but du programme the´rapeutique, le profil pre´sente´ par les usagers est assez similaire, que la de´marche soit volontaire ou sous le couvert d’une mesure judiciaire. Mais, au terme du suivi, les re´sultats de´montrent que le remaniement psychique est plus important chez les usagers volontaires de par les diffe´rences, ge´ne´ralement significatives, obtenues aux diffe´rentes e´chelles lors de la deuxie`me re´colte de donne´es. En outre, une donne´e soutient l’hypothe`se, de´crite dans une e´tude pre´ce´dente [12], selon laquelle l’alexithymie jouerait un roˆle majeur dans l’adoption de comportements violents. En effet, nos re´sultats de´montrent un effet particulie`rement significatif de la prise en charge sur cette caracte´ristique du fonctionnement psychologique. Il est donc ne´cessaire de permettre a` ces hommes auteurs de comportements violents de de´velopper leur capacite´ a` se repre´senter leurs e´tats e´motionnels, donc leur subjectivite´, ainsi que de les comprendre pour les aider a` mieux re´guler leur comportement envers autrui. De´claration de liens d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Ali PA, Naylor PB. Intimate partner violence: a narrative review of the biological and psychological explanations for its causation. Aggress Violent Behav 2013;18:373–82. ˜ o M. Batterer intervention programs: a meta-analytic [2] Arias E, Arce R, Vilarin review of effectiveness. Psychosocial intervention 2013;22:153–60. [3] Babcock JC, Green CE, Robie C. Does batterers’ treatment work?. A metaanalytic review of domestic violence treatment outcome research. Clin Psychol Rev 2004;23:1023–53. [4] Babcock JC, Green CE, Webb SA. Decoding deficits of different types of batterers during presentation of facial affect slides. J Fam Violence 2008;23:295–302. [5] Billieux J, Rochat L, Van der Linden M. L’impulsivite´: ses facettes son e´valuation et son expression clinique. Bruxelles: Mardaga; 2014. [6] Carraud L, Jaffe´ PD, Sillitti-Dokic F. Attachement amoureux, agressivite´ e´motionnelle et instrumentale chez des auteurs de violence conjugale. Prat Psychol 2008;14:481–90. [7] Cohen RA, Brumm V, Zawacki TM, Paul R, Sweet LH, Rosenbaum A. Impulsivity and verbal deficits associated with domestic violence. J Int Neuropsychol Soc 2003;9:760–70. [8] Cohn AM, Jakupcak M, Seibert LA, Hildebrandt TB, Zeichner A. The role of emotion dysregulation in the association between men’s restrictive emotionality and use of physical aggression. Psychol Men Masc 2010;11:53–64. [9] Cohn AM, Seibert LA, Zeichner A. The role of restrictive emotionality, trait anger, and masculinity threat in men’s perpetration of physical aggression. Psychol Men Masc 2009;10:218–24. [10] Coutanceau R. Auteurs de violence au sein du couple: prise en charge et pre´vention. France: Rapport du Ministe`re de la cohe´sion sociale et de la parite´; 2006 [27 p]. [11] De Neuter P. Violences masculines et angoisses d’abandon. Cliniques me´diterrane´ennes 2013;88:113–22. [12] Di Piazza L, Kowal C, Hodiaumont F, Le´veille´e S, Touchette L, Ayotte R, et al. E´tude sur les caracte´ristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales: quel type de fragilite´ psychique le passage a` l’acte violent dissimule-t-il? Ann Med-Psychol 2017;175:698–704. [13] Dutton D. Traumatic origins of intimate rage. Aggress Violent Behav 1999;4:431–47. [14] European Union Agency for Fundamental Rights (FRA). Violence against women: An EU-wide survey. Luxembourg. 2014. [consulte´ le 1 Sept 2017]. 200 p. Disponible: http://fra., europa., eu/sites/default/files/fra-2014-vawsurvey-main-results_en., pdf.. [15] Farges F, Farges S. Alexithymie et substances psychoactives: revue critique de la litte´rature. Psychotr 2002;2:47–74. [16] Gagne´ MH, Fortin D. Trajectoire d’abandon de la the´rapie de groupe s’adressant a` des conjoints violents. Can Soc Work Rev 1997;46:309–39. [17] Hendricks B, Werner T, Shpiway L, Turinetti GJ. Recidivism among spousal abusers: predictions and program evaluation. J Interpers Violence 2006;21:703–16. [18] Hodiaumont F. Profil sociode´mographique des usagers et re´flexions sur la perse´ve´rance ou l’abandon dans nos groupes de responsabilisation. In: Libert

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Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. Le changement psychologique d’hommes auteurs de violences conjugales apre`s leur the´rapie en groupe de responsabilisation. Ann Med Psychol (Paris) (2019), https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.015