Le mélanome en Martinique de 2010 à 2014 : statut BRAF en immunohistochimie

Le mélanome en Martinique de 2010 à 2014 : statut BRAF en immunohistochimie

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Hypersensibilité retardée aux tatouages induite par un traitement combiné anti-BRAF—anti-MEK夽

Le mélanome en Martinique de 2010 à 2014 : statut BRAF en immunohistochimie

E. Rohmer ∗ , J.-N. Scrivener , C. Schissler , B. Cribier , C. Lenormand Service de dermatologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg, France ∗ Auteur correspondant.

A. Guillier 1,∗ , M. Vincent 2 , E. Amazan 1 , M. Dorival 3 , C. Jouanelle 3 , C. Derancourt 4 , E. Baubion 1 1 Dermatologie, CHU La Meynard, Fort-de-France, Martinique 2 Anatomopathologie, CHU La Meynard, Fort-de-France, Martinique 3 Laboratoire d’anatomocytopathologie SELARL, Shoelcher 4 Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation, CHU La Meynard, Fort-de-France, Martinique ∗ Auteur correspondant.

Introduction Les tatouages font parfois l’objet de réactions inflammatoires survenant plusieurs mois à années après leur réalisation, devant toujours faire évoquer la possibilité d’une sarcoïdose sous-jacente. Observations Nous rapportons l’observation d’un patient de 58 ans porteur de trois tatouages à l’encre noire réalisés il y a plus de 20 ans et traité à partir de février 2017 par l’association dabrafénib et tramétinib pour un mélanome de stade IV évolutif, n’ayant pas encore rec ¸u d’immunothérapie. Il voyait apparaître après 2 mois de traitement des plaques érythémateuses, infiltrées, chaudes et douloureuses au niveau des trois tatouages, sans modification de la surface cutanée, débordant des zones tatouées, dans un contexte de tolérance médiocre du traitement avec asthénie marquée, sueurs et myalgies. La biopsie cutanée montrait un infiltrat lymphohistiocytaire périvasculaire s’accompagnant de quelques macrophages interstitiels sans formation de granulome ni présence de cellules géantes multinucléées, la majorité de ces macrophages ayant leur cytoplasme chargé de pigment noir d’allure exogène. Sur le plan biologique, il existait une cytolyse hépatique et une élévation des CPK justifiant, avec les signes généraux, d’une suspension du traitement. La régression des plaques en regard des tatouages était observée en moins de 15 jours. La radiographie du thorax ne montrait pas d’adénopathies médiastinales ou de lésions pulmonaires évocatrices d’une sarcoïdose ; l’enzyme de conversion de l’angiotensine n’était pas augmentée. Discussion Ce tableau clinicopathologique est remarquablement similaire à celui récemment décrit par Reinhard et al. chez une patiente traitée par dabrafénib et tramétinib, où l’arrêt et la reprise du traitement combiné rythmaient de manière régulière les poussées de réaction inflammatoire sur deux tatouages anciens à l’encre noire, en faveur d’une réaction médicamenteuse spécifique. L’absence de granulomes à l’examen histologique éliminait là aussi une sarcoïdose sur tatouage. Les propriétés immunomodulatrices du traitement pourraient contribuer à une perte de la tolérance immunitaire vis-à-vis de l’encre de tatouage, expliquant cette réaction d’hypersensibilité extrêmement retardée puisque survenant plus de 20 ans après leur réalisation (Fig. 1 et 2). Conclusion Nous rapportons le deuxième cas de réaction d’hypersensibilité retardée à l’encre de tatouage induite par la prise d’un traitement combiné anti-BRAF- anti-MEK, qui confirme qu’il s’agit vraisemblablement d’une réaction médicamenteuse spécifique dont les patients porteurs de tatouages doivent être informés. Mots clés Mélanome métastatique ; Tatouage ; Traitement anti-BRAF-anti-MEK Annexe A Matériel complémentaire Le matériel complémentaire accompagnant la version en ligne de cet article est disponible en ligne sur : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.540. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. 夽 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.540. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.540

Introduction Largement étudiés, environ 50 % des mélanomes du sujet à peau claire sont porteurs d’une mutation activatrice de BRAF, les rendant accessibles à une thérapeutique ciblée. En revanche, le statut BRAF est moins connu pour les mélanomes survenant sur peau foncée et notamment aucune étude n’a été menée dans les îles Caraïbes (41 millions d’habitants). L’objectif était d’étudier ce statut en Martinique. Matériel et méthodes Tous les cas de mélanomes invasifs de primitif identifié, pris en charge dans les 2 seuls centres de pathologie de Martinique du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2014 ont été inclus. Une étude immunohistochimique (IHC) avec l’anticorps monoclonal anti-BRAF V600E était réalisée. Les données démographiques et le phototype selon Fitzpatrick étaient recueillis (peau « claire » correspondant aux phototypes I à III et « foncée » aux phototypes IV à VI). Résultats L’expression de la protéine BRAF V600E était étudiée sur 66 mélanomes invasifs. Trois cas étaient douteux. 22 cas (33 %) étaient positifs en IHC (âge moyen = 54 ans), et 41 cas (62,7 %) négatifs (âge moyen = 6, CHU La Meynard, Fort-deFrance, Martiniquehez les patients dont le mélanome exprimait l’oncoprotéine, 6 (27,3 %) étaient de phototype foncé, d’âge moyen 66,3 ans, avec une localisation majoritaire au membre inférieur (66,6 %), et 14 (63,3 %) étaient de phototype clair, d’âge moyen 48,4 ans, avec une localisation majoritaire au tronc (78,6 %). Le taux d’expression de BRAF V600E en fonction du sous-type histologique était : 54,5 % des SSM (18/33, 3/3 sur peau noire), 6,2 % des acro-lentigineux (ALM) (1/16) et 33,3 % des nodulaires (3/9). L’indice de Breslow était 2 fois plus élevé quand l’IHC était négative de manière significative (3,4 mm versus 1,7 mm en moyenne). Discussion En Martinique, 95 % de la population est considérée d’ascendance africaine (phototype foncé, proportion importante de mélanomes acro-lentigineux) ; ainsi, il s’agit de la première étude sur le statut BRAF des mélanomes en population afrocaribéenne. Ce travail a été mené de manière exhaustive sur base populationnelle, les requêtes ayant été effectuées via les deux laboratoires d’anatomopathologie de l’île, informatisés, en population circonscrite et captive. Nos résultats confirment des notions connues sur les mélanomes mutés BRAF V600E (patients plus jeunes, à peau claire principalement ; lésions plus fines, localisées au tronc, type SSM majoritaire). Les patients ayant un ALM, ainsi que ceux de phototypes foncés ont un faible taux d’expression de l’oncoprotéine (différences sous-tendues par des mécanismes moléculaires et mutationnels différents, très probablement indépendants de l’exposition solaire). Conclusion Notre étude confirme la faible fréquence de la mutation de BRAF V600E chez les patients d’ascendance afro-caribéenne, rendant nécessaire la poursuite des études oncogénétiques (CKIT, CDK4, CCND1 voire NGS) dans cette population, afin d’en améliorer la prise en charge. Mots clés BRAF V600E ; Mélanome ; Phototype Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.541