Le mouvement c’est la vie

Le mouvement c’est la vie

Revue francophone d'orthoptie 2012;5:49 Éditorial Le mouvement c'est la vie e mouvement c'est la vie. Certes ! Mais qui dit mouvement dit vitesse, q...

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Revue francophone d'orthoptie 2012;5:49

Éditorial

Le mouvement c'est la vie e mouvement c'est la vie. Certes ! Mais qui dit mouvement dit vitesse, que le déplacement soit lent ou rapide. Faut-il se perdre dans la course folle imposée par les médias actuels qui incitent à attendre une réponse avant la fin de l'énoncé de la question ? Quand le mouvement devient tempête, il bouscule tout, désorganise, désoriente. Internet met le monde à la portée de chacun qui finit par oublier où il habite, avec qui il vit, avec qui il travaille. Le téléphone mobile donne l'illusion d'être toujours disponible, à tous, quelle que soit la distance ou le décalage horaire aux dépens du partenaire du moment, de l'activité en cours. Et pourtant, « Tout ce qui doit durer est lent à croître » disait Louis de Bonald, philosophe du XVIIIe siècle. Une telle réflexion pourrait être un précurseur du courant « slow » qui fait l'éloge de la lenteur, assimilée au bien vivre. Prendre le temps de dormir, de manger, de vivre avec les siens, de se détendre. Prendre le temps nécessaire à la réalisation d'un travail de qualité. Pour nous, professionnels de santé, accorder au patient le temps et l'attention adaptés au soin, réfléchir à sa pratique pour l'analyser, l'orienter, la maîtriser et la partager. Dans l'agitation et la dispersion, le patient insatisfait, en quête d'avis, surconsomme et s'inquiète davantage tandis que le professionnel augmente le rythme, s'agite, s'épuise sans reconnaissance. Un retour à l'essentiel, permettrait à chacun, patient et professionnel, d'éviter la surconsommation standardisée, de sortir du tourbillon pour le bénéfice de tous. Les orthoptistes sont stimulés par l'évolution de leur champ d'activité qui diversifie les pratiques mais pourraient être menacés par le risque d'accélération. En effet, les actes d'exploration fonctionnelle les plus fréquemment réalisés lors de la « pré-consultation » ou de l'assistance d'ophtalmologiste sont réalisables en peu de temps ; tandis que les actes de rééducation orthoptique doivent être effectués avec des durées beaucoup plus longues, variables, prédéfinies en fonction de l'acte. Des patients se plaignent de la brièveté de leur séance de rééducation. . . L'adaptation aux changements de rythme est-elle si difficile ? Le patient se défend en changeant de professionnel de santé. Mais qui va faire les frais telles pratiques « expédiées » ? Le temps est indispensable pour faire évoluer un fonctionnement humain durablement. La maîtrise d'une pratique s'acquiert au fil du temps par l'action réfléchie, évaluée, discutée. Le corpus de connaissance d'un métier se construit par les échanges entre professionnels quel que soit le vecteur de l'échange : discussion, stage, lecture, écriture. Si un métier se définit par une réponse à des besoins de société, un corpus de connaissance et des contours, dans la lenteur, le métier d'orthoptiste croit et les mouvements de la Revue francophone d'orthoptie l'animent.

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Déclaration d'intérêts L'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.

Marie-France Clenet Orthoptiste, 2, rue de la Libération, 44230 SaintSébastien-sur-Loire, France Adresse e-mail : [email protected] © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.rfo.2012.07.001

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