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Pratiques psychologiques 15 (2009) 137–150
Article hors thème
Le noyau de l’évaluation de soi : revue de question Core self-evaluation: A review N. Baudin Équipe émotions–cognitions–actions, laboratoire sport et culture, UFR Staps, université Paris-X de Nanterre, 200, avenue de la République, 92000 Nanterre cedex, France Rec¸u le 1er septembre 2007 ; accepté le 1er d´ecembre 2007
Résumé Dans cet article, nous présentons une revue de question sur le construit core self-evaluation (noyau de l’évaluation de soi) proposé récemment par T. Judge [Research in Organisational Behavior 19 (1997) 151–181 ]. Pour T. Judge, les éléments centraux de l’évaluation de soi (l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle généralisée, le locus de contrôle et la stabilité émotionnelle) se regroupent en un trait global de personnalité qu’il intitule « core self-evaluation » ou « positive self-concept ». Nous présentons ici un ensemble d’études établissant la validité de structure de ce construit ainsi que des études relatives à la validité de construit de l’échelle Core Self-Evaluation Scale (CSES) à travers ses relations avec le modèle de personnalité en cinq facteurs, la satisfaction au travail et la performance professionnelle. Nous nous attachons enfin à présenter le développement et la validation par T. Judge de la première mesure directe du concept. © 2008 Société franc¸aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract In this article, we present a review of the research on core self-evaluation or positive self-concept, a broad personality trait indicated by four narrow traits: self esteem, generalized self-efficacy, locus of control and emotional stability. We review evidence suggesting that the four core traits are highly related and load on a single unitary factor. We more generally investigate the construct validity of core self-evaluation through its relation with job satisfaction, job performance and the five-factor model. Finally, we also report on the development and validation by T. Judge of the first direct measure of the concept. © 2008 Société franc¸aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Noyaux d’évaluation de soi ; Estime de soi ; Modèle en cinq facteurs ; Satisfaction au travail ; Performance professionnelle Keywords: Core self-evaluation; Self-esteem; Five-factor model; Job satisfaction; Job performance
Adresse e-mail :
[email protected]. 1269-1763/$ – see front matter © 2008 Société franc¸aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.prps.2007.12.010
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1. Introduction Le rôle de la personnalité dans les conduites et les attitudes humaines et, surtout, dans les conduites et les attitudes au travail a connu une histoire mouvementée. Une des raisons première de l’inconsistance de ces résultats semble provenir du manque de consensus sur la structure hiérarchique des dimensions appartenant à la sphère de la personnalité. Le modèle en cinq facteurs représente toutefois une exception dans ce domaine. Considéré aujourd’hui comme un modèle de référence, il propose un résumé de la sphère de la personnalité en cinq dimensions de base : le névrosisme, l’extraversion, l’ouverture à l’expérience, l’agréabilité et le caractère consciencieux (Digman, 1990). Ce modèle a montré son pouvoir prédictif dans une variété de domaines que la communauté scientifique considère comme importants, tels que l’efficience au travail, le leadership, la satisfaction de la vie, l’estime de soi, la motivation, la santé ou encore la délinquance (Rolland, 2004). Dans la recherche de dimensions de base, Judge et al. (1997) ont proposé un construit d’ordre supérieur qu’ils ont appelé « core self-evaluation » (CSE ; éléments centraux de l’évaluation de soi) ou « positive self-concept » (concept de soi positif). Le construit de noyau d’évaluation de soi a été proposé au départ comme une variable explicative potentielle des origines dispositionnelles de la satisfaction au travail (Judge et al., 1997). Dans les années qui ont suivi la mise au point de ce concept, plus d’une douzaine d’études ont été conduites, visant à mettre en évidence la validité de construit du trait et son rôle dans l’explication et la prédiction de la satisfaction au travail ou de la performance professionnelle. D’après Judge et al. (1997), le noyau de l’évaluation de soi représente les évaluations fondamentales que les personnes font à propos de leurs qualités, de leurs compétences et de leur potentiel ; ces évaluations varient sur un continuum allant d’une évaluation de soi positive à une évaluation de soi négative. Dans leurs études initiales, ces auteurs ont identifié quatre traits pouvant constituer le concept de noyau d’évaluation de soi : • • • •
l’estime de soi ; le sentiment d’efficacité personnelle généralisée ; le névrosisme ; le locus de contrôle.
2. Origines et nature du concept de noyau d’évaluation de soi C’est donc en cherchant à faire progresser la recherche sur les origines dispositionnelles de la satisfaction au travail que Judge et al. (1997) ont développé une théorie des traits qu’ils ont appelé « noyau de l’évaluation de soi ». Celle-ci est dérivée d’aspects venant de huit champs différents : la philosophie, le recherche en psychologie clinique, la pratique de la psychologie clinique, la satisfaction au travail, le stress, le développement de l’enfant, la psychologie de la personnalité et la psychologie sociale. D’après Judge et al. (1997), le concept de noyau d’évaluation de soi renvoie aux conclusions fondamentales et subconscientes qu’un individu fait à propos de lui-même, des autres, de son environnement et de ses relations avec son environnement. Selon ces auteurs, ce modèle d’évaluation est fondamental, directement lié à soi et au concept de soi, et se construit à travers des évaluations situationnelles et spécifiques. Pour ces différentes raisons, ils l’ont appelé « noyau de l’évaluation de soi ». Ce concept est donc sous-jacent à des conclusions basiques, des évaluations générales qui représentent l’évaluation qu’un individu fait de soi, des autres, des évènements et des éléments en
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relation avec soi. Le caractère général de ces évaluations implique que ces « noyaux d’évaluation de soi » ne sont pas des traits de niveau intermédiaire (traits de premier ordre) mais des traits fondamentaux situés au niveau le plus élevé de la hiérarchie des traits. Pour développer ce concept, Judge et al. (1997) ont cherché à sélectionner, dans la littérature scientifique, l’ensemble des traits répondant à trois critères : • l’évaluation de soi (ces traits doivent impliquer des évaluations de soi par opposition à des descriptions de soi ou des autres) ; • les traits fondamentaux (ces traits doivent être des traits fondamentaux qui s’opposent aux traits de surface ou aux traits de niveau intermédiaire) ; • la généralité (ces traits doivent être des concepts larges et globaux par opposition aux traits étroits). La revue de littérature menée par Judge et al. (1997) sur la base de ces différents critères de sélection a abouti à l’identification de quatre traits : l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle généralisée, la stabilité émotionnelle contre le névrosisme et le locus de contrôle. Bien que d’autres traits puissent également être intégrés à ce concept de « noyau d’évaluation de soi » (l’optimisme dispositionnel et affectivité positive, par exemple [Judge et al., 1997]), ces auteurs ont pris la décision de ne centrer leurs recherches que sur ces quatre traits qui leurs sont apparus comme les plus centraux. 3. Le noyau d’évaluation de soi Si l’on se réfère à la littérature, trois de ces quatre traits apparaissent comme étant les plus étudiés de la psychologie. En effet, de manière collective, l’estime de soi, le locus de contrôle et le névrosisme ont fait l’objet de plus de 50 000 études (Judge et al., 2002d). Mais dans les recherches antérieures, ces traits ont toujours été généralement étudiés, de manière isolée, et considérés comme des variables différentes issues de cadres théoriques et conceptuels différents. Ce n’est toutefois pas toujours le cas, le locus de contrôle et l’estime de soi sont, par exemple, assez fréquemment étudiés conjointement. Cependant, quand ces deux traits sont inclus dans une même étude, ils sont toujours considérés comme des variables distinctes. Finn et Rock (1997), par exemple, après avoir mis en évidence une corrélation corrigée (rc ) égale à 0,73 entre les deux concepts, les traitent néanmoins comme des variables distinctes et n’envisagent pas leurs similarités empiriques ou conceptuelles. Dans de nombreux articles intégrant différentes variantes de ces quatre traits (l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle généralisée, le névrosisme et le locus de contrôle), les chercheurs essaient très rarement d’analyser et d’approfondir les relations généralement très consistantes qu’ils observent entre eux. Une présentation de ces quatre traits nous permettra de mieux comprendre ces similarités et relations. 3.1. Estime de soi Coopersmith (1967) définit l’estime de soi comme « l’évaluation que l’individu fait de lui-même et qu’il entretient habituellement : elle exprime une attitude d’approbation ou de désapprobation et indique le degré selon lequel il se croit lui-même capable, important, en pleine réussite et digne. L’estime de soi est donc un jugement personnel de mérite qui s’exprime dans les attitudes que l’individu véhicule vers les autres par des communications verbales et par d’autres
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comportements expressifs » (p. 4). Cette définition fait référence à une image de soi-même plus ou moins positive selon les différentes descriptions que l’individu fait de lui-même. L’estime de soi est donc l’évaluation que les personnes font d’elles-mêmes. Elle occupe une position centrale dans l’explication du comportement humain. Il s’agit de la fac¸on dont l’individu s’aime, s’accepte et se respecte en tant que personne. Ce sentiment de sa valeur personnelle est lié à l’image que les autres lui renvoient de lui. De ce fait, elle constitue le trait le plus fondamental des éléments centraux de l’évaluation de soi car c’est la valeur globale qu’un individu place en lui-même en temps que personne (Harter, 1990). 3.2. Sentiment d’efficacité personnelle généralisée Bien que le sentiment d’efficacité personnelle défini par Bandura (1997) soit spécifique à une tâche, Judge et al. (1997) ont étendu ce concept à un niveau global. Ils l’ont ainsi défini comme « l’estimation qu’un individu fait de ses propres capacités à mobiliser sa motivation, les ressources cognitives et les moyens d’action nécessaires pour exercer un contrôle général sur les évènements de sa propre vie. Le sentiment d’efficacité personnelle généralisée est donc l’estimation qu’une personne fait de ses propres possibilités de réussir, à un niveau global, à travers de nombreux contextes » (Judge et al., 1997, p. 19). L’efficacité personnelle généralisée peut être considérée comme reflétant les perceptions qu’un individu a de sa compétence fondamentale à faire face aux exigences de la vie, elle peut donc, selon Judge, faire partie du noyau de l’évaluation de soi. L’efficacité générale est également considérée comme l’une des deux composantes principale de l’estime de soi (l’autre étant la valeur de soi) et pourrait donc saturer sur un facteur commun avec l’estime de soi (Locke et al., 1996). 3.3. Locus de contrôle Selon Rotter (1966), le locus de contrôle concerne le degré avec lequel l’individu croit qu’il contrôle les évènements de sa vie (locus interne) ou que l’environnement et le destin contrôlent les évènements (locus externe). Bien que le locus de contrôle soit théoriquement lié à l’efficacité personnelle généralisée, les deux concepts diffèrent. L’efficacité personnelle se rapporte à la confiance par rapport aux actions et comportements tandis que le locus est plus concerné par la confiance dans sa capacité à contrôler les résultats. Selon Judge et al. (1997), il semble logique que les personnes qui se sentent capables de réussir dans différents contextes estiment également contrôler l’environnement. Parce que l’efficacité personnelle généralisée et le locus de contrôle représentent une croyance sur soi, mais relative à son environnement, on peut selon Judge et al. (1997) les considérer comme des éléments centraux de l’évaluation de soi. 3.4. Névrosisme contre stabilité émotionnelle Le névrosisme est une dimension intégrée dans tous les modèles de personnalité, y compris dans le modèle en cinq facteurs (Watson et al., 1994). Le névrosisme rend compte des différences individuelles de prédisposition à percevoir et à ressentir la réalité comme menac¸ante, problématique et pénible. Les personnes ayant des scores élevés de névrosisme éprouvent de nombreuses émotions négatives (l’anxiété, la dépression, la colère, la honte, la gêne et la culpabilité) de manière plus fréquente et plus intense que les personnes ayant des scores faibles. Elles ont tendance à se sentir médiocres et inférieures. Elles ont une vision critique d’elles-mêmes et sont également très sensibles aux critiques formulées par l’autrui. Les personnes ayant des scores élevés sur la dimen-
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sion névrosisme déclarent ressentir de forts niveaux de stress et le surmonter difficilement, ce qui entraîne une importante instabilité émotionnelle. Ces personnes ont également tendance à effectuer des évaluations négatives de leur environnement et en conséquence à percevoir des menaces, des crises et des problèmes alors que d’autres ne le font pas (Watson et al., 1994). Le névrosisme est lié à une grande variété d’émotions et d’affects négatifs (Rolland, 1996). Ces deux concepts, névrosisme et affectivité négative, sont très proches et agissent comme des lentilles négatives à travers lesquelles l’environnement est interprété. Cette dimension de névrosisme constitue le pôle négatif de l’estime de soi (Judge et al., 1998a,b). Ces quatre concepts semblent donc conceptuellement très proches. La question est maintenant de savoir s’ils sont réellement distincts comme les études antérieures les ont toujours considérés ou s’ils sont des éléments d’une dimension unique sous-jacente que l’on pourrait intituler « noyau de l’évaluation de soi » (Judge et al., 1997). 4. Un concept global intitulé noyau d’évaluation de soi ? Plusieurs raisons peuvent en effet laisser penser que ces dispositions spécifiques représentent un facteur commun de noyau de l’évaluation de soi : • la nature des traits spécifiques elle-même les unifie, chacun des traits se focalisant en effet sur une évaluation globale que les individus font d’eux-mêmes ou de leurs relations avec l’environnement ; • des recherches récentes suggèrent que ces dispositions représentent un facteur commun. Judge et al. (1999) montrent en effet que l’estime de soi, l’efficacité personnelle, le locus de contrôle et la stabilité émotionnelle saturent sur un facteur commun. Selon Judge et al. (1997), il existe des similarités conceptuelles entre ces quatre traits qui s’avèrent très liés les uns aux autres : • il y a un lien conceptuel étroit entre l’estime de soi et le sentiment d’efficacité personnelle généralisée. L’estime de soi peut, en effet, se définir comme l’approbation de soi et le degré avec lequel un individu se juge capable. Le sentiment général d’efficacité est l’estimation qu’un individu fait de ses propres capacités à réussir, à un niveau global, dans des contextes différents. Il semble donc que la distinction entre se voir capable, compétent (l’estime de soi) et le sentiment d’efficacité générale est subtile ; • le sentiment d’efficacité personnelle généralisée et le locus de contrôle ont également de fortes similarités. Un individu qui croit en ses capacités à contrôler l’environnement aura probablement tendance à se sentir capable de réussir dans des contextes variés ; • le névrosisme et l’estime de soi sont également étroitement liés. Ainsi pour Rosenberg (1965), de hauts niveaux de névrosisme peuvent constituer un indicateur de faible estime de soi tandis qu’Eysenck (1990) lui voyait l’estime de soi comme un indicateur de faible névrosisme. Malgré ces apparentes proximités conceptuelles, peu d’études ont étudié l’hypothèse selon laquelle l’ensemble de ces traits puissent être liés, voire constituer un facteur général d’ordre supérieur. Cette question a toutefois été abordée par Hunter et al. (1982) qui concluent que l’estime de soi et le locus de contrôle peuvent constituer un facteur de second ordre qu’ils dénomment « concept de soi ». De fac¸on similaire, Hojat (1982) montre que l’estime de soi, le locus de contrôle et le névrosisme ont leur saturation la plus forte sur un facteur commun.
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Dans la ligné de ces travaux et pour mieux comprendre les liens entre ces différents concepts, Judge et al. (2002a) ont réalisé une méta-analyse des relations entre ces traits. Leur méta-analyse basée sur les résultats de 127 études met en évidence les corrélations (r) suivantes : • • • • • •
estime de soi – locus de contrôle, r = 0,52 (k1 = 47) ; estime de soi – stabilité émotionnelle, r = 0,64 (k = 19) ; estime de soi – sentiment d’efficacité personnelle, r = 0,85 (k = 9) ; locus de contrôle – stabilité émotionnelle, r = 0,40 (k = 31) ; locus de contrôle – sentiment d’efficacité personnelle, r = 0,56 (k = 13) ; stabilité émotionnelle – sentiment d’efficacité personnelle, r = 0,62 (k = 7).
D’après des données méta-analytiques (Judge et al., 2002a), la moyenne des rc entre les quatre traits est de 0,64. Sans le locus de contrôle, la moyenne des intercorrélations entre les trois traits atteint 0,70 ; ce qui montre le chevauchement substantiel de ces quatre traits (Bono et Judge, 2003). Dans une analyse factorielle de ces données méta-analytiques, un seul facteur explique les associations entre les différentes mesures. Dans une analyse confirmatoire, Erez et Judge (2001) extraient, en effet, les saturations suivantes sur un facteur commun : estime de soi : 0,91 ; sentiment d’efficacité générale, 0,81 ; locus de contrôle : 0,74 ; névrosisme : −0,73. Cette étude montre très nettement que l’estime de soi a la part la plus importante dans le construit latent de noyau d’évaluation de soi, suggérant que, des quatre traits, il est le concept le plus central. L’estime de soi est en effet considérée (Judge et al., 1997) comme la manifestation la plus fondamentale du noyau d’évaluation de soi car elle représente la valeur globale que l’individu place en lui-même en tant que personne (Harter, 1990). Mais le fait que ces quatre traits évaluatifs aient des similarités conceptuelles et empiriques ne suffit pas à démontrer que le concept de noyau d’évaluation de soi soit un construit psychologique valide. Si l’on suit Schwab (1980) entre autres, établir la validité d’un concept psychologique implique à la fois des questions conceptuelles (définition et relations théoriques avec d’autres variables) et des considérations empiriques (validité convergente et situation du concept à l’intérieur de son réseau nomologique). Il est donc nécessaire dans une visée de validation de construit, d’aller au-delà de la validité convergente et d’examiner les validités discriminantes et prédictives de la variable étudiée. Dans cette optique, nous aborderons plus loin les relations que ces quatre traits, ainsi que le construit latent de noyau d’évaluation de soi, entretiennent avec des critères importants de la vie réelle (satisfaction professionnelle et efficience professionnelle, par exemple) et d’autres variables issues de taxonomies compréhensives de la personnalité, telles que les cinq domaines (névrosisme, extraversion, agréabilité, conscience, ouverture) du modèle de personnalité en cinq facteurs. 5. Études de validité : relations entre le noyau de l’évaluation de soi, la satisfaction au travail et la performance professionnelle Ce concept de noyau de l’évaluation de soi a été mis au point, dans un premier temps, afin d’approfondir les relations entre les dispositions individuelles et la satisfaction au travail. Dans ce sens, les construits de satisfaction au travail, de la performance professionnelle semblent 1
La lettre k renvoie, dans les méta-analyses, au nombre d’études prises en compte.
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particulièrement utiles à l’étude de la validité de ce construit. Les travaux de Judge et Bono (2001a) révèlent que les corrélations entre les quatre traits et les concepts de satisfaction au travail, la performance professionnelle et du bien-être subjectif ne montrent pas plus de validité discriminante que le concept commun, supportant une fois de plus l’argument qu’ils sont des indicateurs d’un même concept. 5.1. Relations entre le noyau de l’évaluation de soi et la satisfaction au travail Examinant les corrélations entre le noyau de l’évaluation de soi et la satisfaction au travail, Judge et al. (1997) obtiennent r = 0,48 entre ces deux construits. Dans une méta-analyse de 169 corrélations, Judge et Bono (2001) montrent que les corrélations entre les quatre traits qui composent le noyau d’évaluation de soi et la satisfaction au travail vont de 0,24 pour la stabilité émotionnelle à 0,45 pour le sentiment d’efficacité personnelle généralisée. Agrégeant les quatre traits d’estime de soi, de névrosisme, de sentiment d’efficacité personnelle généralisée et de locus de contrôle en un construit latent, ils dégagent une rc de 0,41 entre ce construit et la satisfaction au travail. Judge et al. (2002b) obtiennent des résultats de même niveau en examinant les corrélations entre les cinq dimensions (névrosisme, extraversion, agréabilité, ouverture, conscience) du modèle en cinq facteurs dans son ensemble et la satisfaction au travail (régréssion multiple [RM] = 0,41 ; correspond ici au béta ou indice de régression multiple). La CSE (noyau de l’évaluation de soi) est également corrélée de manière consistante avec la satisfaction de la vie en général. Selon les échantillons, Judge et al. (1998a,b) ont ainsi rapporté des corrélations allant de 0,17 à 0,42, des résultats équivalant, encore une fois, à ceux obtenus par certaines dimensions du modèle en cinq facteurs. Le concept de noyau de l’évaluation de soi est donc vraisemblablement le meilleur prédicteur dispositionnel de la satisfaction au travail (Bono et Judge, 2003). D’autres études sont toutefois attendues pour confirmer ces résultats. 5.2. Relations entre le noyau de l’évaluation de soi et la performance professionnelle Bien que le premier objectif des recherches sur le noyau de l’évaluation de soi ait été de lier ce trait à la satisfaction au travail pour en établir la validité de construit, les recherches se sont étendues bien au-delà de ce critère. Ainsi, un intérêt pour le noyau de l’évaluation de soi s’est également développé dans la sphère de la motivation et de la performance professionnelle. Dans une méta-analyse de 105 corrélations, Judge et Bono (2001) ont examiné les relations entre les quatre traits d’évaluation de soi et la performance professionnelle. Les corrélations vont de 0,19 pour la stabilité émotionnelle à 0,26 pour l’estime de soi. La corrélation moyenne des quatre traits avec la performance professionnelle atteignant 0,23. Dans leurs études méta-analytiques menées sur les relations entre le construit de noyau de l’évaluation de soi et la performance professionnelle, Judge et Bono (2001) extraient r = 0,30. Ce niveau de validité est comparable à celui de la dimension de caractère consciencieux obtenu par Mount et Barrick (1995). Ces résultats suggèrent donc qu’un autre trait, le noyau de l’évaluation de soi, pourrait être considéré, tout comme la dimension de caractère consciencieux, comme une dimension de personnalité valide dans la prédiction de la performance professionnelle. Étudiant les raisons de cette relation, Judge et al. (1998a,b) montrent que le noyau de l’évaluation de soi a une influence sur la performance professionnelle, principalement par ses effets sur la motivation. D’après ces auteurs, plusieurs théories de la motivation peuvent, en effet, expliquer les effets du noyau de l’évaluation de soi sur la performance professionnelle. Dans une
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étude réalisée en laboratoire, Erez et Judge (2001) observent que le noyau de l’évaluation de soi est lié positivement à la motivation de tâche (0,39), à une mesure objective de la persistance envers la tâche (0,24), ainsi qu’à la performance dans cette tâche (0,35). Dans l’ensemble de leurs études (Erez et Judge, 2001), la motivation médie près de la moitié de la relation entre le noyau de l’évaluation de soi et la performance professionnelle. Il apparaît donc que le noyau de l’évaluation de soi constitue un trait à fonction motivationnelle, ce qui explique ses effets sur la performance professionnelle. Ces études montrent que le noyau de l’évaluation de soi joue un rôle motivationnel important dans les attitudes et les comportements au travail. Il est donc utile d’étudier les articulations entre le noyau de l’évaluation de soi et d’autres modèles de personnalité, tels que le modèle en cinq facteurs qui est l’un des modèles de référence. Cette question sera développée dans la partie suivante. 6. Relations entre les quatre traits évaluatifs et le modèle en cinq facteurs La validité convergente et discriminante des noyaux d’évaluation de soi doit également être analysées dans ses liens à d’autres traits de personnalité. La nature des relations entre le construit de noyau de l’évaluation de soi et les dimensions du modèle en cinq facteurs est une question importante. En effet, d’un côté, il est possible que le noyau de l’évaluation de soi représente une partie du domaine de la personnalité qui ne soit pas capturé de manière adéquate par le modèle en cinq facteurs. De l’autre, il y a nécessairement un chevauchement important entre le noyau de l’évaluation de soi et le modèle en cinq facteurs, puisque l’un des quatre traits évaluatifs du noyau central proposé par Judge est le névrosisme, une des cinq dimensions de ce modèle. Il est donc nécessaire dans un premier temps de montrer que le construit de noyau de l’évaluation de soi n’est pas un simple équivalent du névrosisme. Dans un second temps, il est également intéressant d’étudier la manière dont le concept de noyau d’évaluation de soi s’ajuste au modèle en cinq facteurs. D’un point de vue conceptuel, il apparaît que la stabilité émotionnelle (pôle opposé au névrosisme) et les noyaux d’évaluation de soi sont deux concepts de même niveau hiérarchique. Eysenck (1990) ou encore Watson et Clarck (1984) incluent, par exemple, une évaluation de l’estime de soi dans leur mesure de la stabilité émotionnelle. Bien que d’un point de vue conceptuel le noyau de l’évaluation de soi puisse être résumé par le concept de stabilité émotionnelle, rien ne prouve que les mesures de ce concept permettent de le capturer entièrement. En effet, dans une perspective de mesure, la plupart des échelles du névrosisme sont d’origine psychopathologique, mesurent l’hostilité, la vulnérabilité au stress ou l’anxiété mais ne permettent pas d’appréhender explicitement les croyances à propos de ses capacités et de son contrôle sur son environnement. Il n’y a, par exemple, aucun item faisant référence au sentiment d’autocontrôle dans l’Eysenck Personality Inventory (EPI) (Eysenck et Eysenck, 1968). Les noyaux d’évaluation de soi ne semblent pas constituer un concept plus large que la dimension de névrosisme (N), néanmoins Judge et al. (2004) estiment que les mesures existantes de cette dimension (N) sont trop restrictives pour capturer pleinement les évaluations de soi et justifient par-là l’intérêt du noyau de l’évaluation de soi. Dans une optique différente, il est également possible que le concept de noyau de l’évaluation de soi soit un trait qui puisse être représenté par un ensemble composite de plusieurs traits du modèle en cinq facteurs ou encore par des facettes de plusieurs traits. Les travaux de Judge et al. (2002a,b,c,d) ont exploré les relations des différents traits évaluatifs (l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle généralisée, le locus de contrôle) avec les dimensions du modèle en cinq facteurs, faisant apparaître les patterns suivants.
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Chacun des trois traits cités précédemment corrèle le plus avec la dimension névrosisme, respectivement, r = −0,66 pour l’estime de soi, r = −0,51 pour le locus de contrôle et r = −0,59 pour l’efficacité personnelle généralisée (Judge et al., 2002a,b,c,d). Ils ont également une corrélation importante avec l’extraversion et le caractère consciencieux. Ainsi, l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle généralisée et le locus de contrôle sont corrélés en moyenne à 0,44 avec l’extraversion et à 0,46 avec le caractère consciencieux (Judge et al., 2002a,b,c,d). Les corrélations de ces traits évaluatifs avec les dimensions d’agréabilité et d’ouverture à l’expérience existent mais restent plus faibles et moins consistantes que celles qui les lient à l’extraversion et au caractère consciencieux (Judge et al., 2004). La force des corrélations entre les traits évaluatifs et le modèle en cinq facteurs supporte l’argument que le noyau d’évaluation de soi représente un concept global très fortement lié à trois traits du modèle en cinq facteurs : le névrosisme, l’extraversion et le caractère consciencieux. Il est cependant important de noter que les patterns de corrélations obtenus entre les trois traits évaluatifs (l’estime de soi, le locus de contrôle et le sentiment d’efficacité personnelle généralisée) et les traits du modèle en cinq facteurs sont proches des patterns de corrélations obtenues entre la stabilité émotionnelle et les autres traits du modèle en cinq facteurs (Judge et al., 2004). Cette similarité tend à rapprocher une fois encore la mesure issue du noyau d’évaluation de soi de celle de la stabilité émotionnelle. 6.1. Relations spécifiques entre estime de soi et modèle en cinq facteurs Au-delà de la proximité entre le concept de noyau d’évaluation de soi et la dimension de névrosisme, il est également intéressant de mettre en avant la proximité de ce concept avec l’estime de soi. L’estime de soi est le trait le plus important du noyau de l’évaluation de soi et l’on pourrait se demander si le construit latent se distingue réellement d’une simple mesure de l’estime de soi. Les relations spécifiques entre l’estime de soi et le modèle en cinq facteurs illustrent la nécessité de ce questionnement. Pour Eysenck (1990), l’estime de soi est l’un des neuf traits décrivant le névrosisme. Watson et Clarck (1984), quant à eux, suggèrent que l’estime de soi est une composante de l’affectivité négative (un trait corrélé à 0,59 avec le névrosisme). Costa et McCrae (1992) dans leur inventaire NEO-PI-R ne font pas de référence explicite à l’estime de soi dans leur description du névrosisme et ne la considèrent pas comme une facette de cette dimension. Un ensemble de recherches a étudié les relations entre l’estime de soi et les traits de personnalité du modèle en cinq facteurs (Robins et al., 2001 ; Aluja et al., 2007). Judge et al. (2002a,b,c,d) présentent synthèse de nombreuses études. Leurs résultats sont très clairs : l’estime de soi est très nettement corrélée, d’une part, à la stabilité émotionnelle et d’autre part, à l’extraversion et au caractère consciencieux. Judge et al. (2002a,b,c,d) obtiennent, par exemple, les corrélations suivantes entre l’estime de soi et les cinq dimensions du modèle en cinq facteurs : stabilité émotionnelle : 0,62 ; extraversion : 0,36 ; caractère consciencieux : 0,39 ; ouverture aux expériences : 0,14 ; agréabilité : 0,22. D’après Rolland (2004), l’estime de soi peut donc être considérée comme une facette de la stabilité émotionnelle et il est quasiment impossible de la distinguer de la facette dépression de l’inventaire NEO-PI-R dont elle est le pôle opposé (r = −0,86). Ces relations entre le modèle en cinq facteurs et l’estime de soi sont donc très fortes, respectivement, R2 = 0,34 (34 % de la variance) et R2 = 0,53 (53 % de la variance) dans les études de Robins et al. (2001) et Farmer et al. (2001) et R2 = 0,48(48 % de la variance) dans une très récente étude menée par Aluja et al. (2007).
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Si l’on compare ces résultats aux corrélations obtenues entre le modèle en cinq facteurs et le noyau d’évaluation de soi (CSE), on peut remarquer que, d’une part, les patterns de relations sont identiques et que d’autre part, l’intensité des corrélations est assez proche. On peut donc se demander si le noyau d’évaluation de soi (CSE) n’est pas seulement une nouvelle dénomination ou une précision du concept d’estime de soi ? La question est similaire à celle que l’on s’est posée concernant la relation ou la distinction entre la dimension névrosisme et le construit de noyau d’évaluation de soi (CSE). 7. Développement d’une mesure spécifique aux noyaux d’évaluation de soi Judge et al. (1997) ont créé le concept de noyau d’évaluation de soi ou CSE pour proposer un trait permettant de prédire de manière efficace la satisfaction au travail et, éventuellement, d’autres critères considérés comme importants en psychologie du travail. L’un des inconvénients du concept de noyau d’évaluation de soi réside dans la mesure de ce trait. En effet, dans un premier temps, le trait n’était pas mesuré directement mais il était inféré d’exister sur la base de ses éléments constitutifs. Le construit de noyau d’évaluation de soi (CSE) devait donc être extrait, grâce à la méthode de l’analyse factorielle, à partir des quatre éléments qui composent le trait (l’estime de soi, le locus de contrôle, la stabilité émotionnelle, le sentiment d’efficacité personnelle généralisée). La mesure du noyau d’évaluation de soi (CSE) est donc une mesure indirecte, qui passe par l’utilisation d’échelles existantes, se compose de 38 items et s’avère assez longue à mettre en œuvre, ce qui peut limiter son utilité, notamment, dans les contextes de psychologie, du travail, appliquée. Ainsi, dans un premier temps, l’équipe de Judge et al. mesuraient l’estime de soi par les dix items de l’échelle d’estime de soi de Rosenberg (1965), le sentiment d’efficacité personnelle généralisée par une échelle en huit items combinant des items de Jones (1986) et de Sherer et al. (1982) ; le locus de contrôle est mesuré par les huit items de l’« internal subscale de Levenson »(1981) tandis que le névrosisme l’est par les 12 items de l’échelle de névrosisme du NEO-FFI de Costa et McCrae (1992). Considérant l’ensemble des résultats exposés plus haut et, notamment, le fait que le concept latent est plus puissant en terme de prédictions que les différents traits envisagés séparément, Judge a estimé nécessaire de mettre au point une mesure spécifique du noyau de l’évaluation de soi (CSE). Judge et al. (2003) ont donc développé une mesure directe du construit (noyau de l’évaluation de soi : CSE) qu’ils ont intitulé Core-Self-Evaluations Scale ou CSES. L’échelle de mesure est constituée de 12 items (Tableau 1). Les sujets indiquent leur accord ou leur désaccord avec les 12 affirmations présentées ci-après sur une échelle de Likert en cinq points allant de fortement en désaccord à fortement d’accord. Les résultats montrent tout d’abord que cette mesure est fidèle : le coefficient de Cronbach est de 0,84, la fiabilité test–retest de 0,81 à trois mois. La validité de l’échelle CSES a été, quant à elle, établie sur de différents échantillons (Judge et al., 2003). Le niveau d’agrément d’intersource est comparable à celui d’autres mesures de la personnalité, les évaluations par soi ou par des pairs étant corrélées à 0,43. Ce niveau de convergence est identique à celui obtenu par des mesures du modèle en cinq facteurs (Costa et McCrae, 1992). La CSES ayant été développée pour évaluer directement le construit sous-jacent de noyau d’évaluation de soi (CSE) et non pas pour mesurer les éléments constitutifs (l’estime de soi, le locus de contrôle, la stabilité émotionnelle, le sentiment d’efficacité généralisée) distincts, les 12 items de la CSES devraient saturer sur un facteur général. Judge et al. (2003) ont examiné cette hypothèse au moyen d’une série d’analyses factorielles confirmatoires Structural Equation
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Tableau 1 Le CSES 1) Je suis sûr(e) d’obtenir le succès que je mérite dans la vie 2) Il m’arrive parfois de me sentir déprimé(e) 3) Quand j’essaye quelque chose, en général, je réussis 4) Il m’arrive parfois, quand j’échoue, de me sentir inutile et sans valeur 5) Je mène à bien mes tâches avec succès 6) Il m’arrive parfois d’avoir le sentiment de ne pas avoir de contrôle sur mon travail 7) D’une manière générale, je suis content(e) de moi 8) Je suis rempli(e) de doutes sur ma compétence. 9) Je décide de ce qui se passe dans ma vie. 10) Je n’ai pas le sentiment d’avoir le contrôle de ma réussite professionnelle 11) Je suis capable de faire face et de surmonter la plupart de mes problèmes 12) Il y a des moments où les choses me semblent plutôt sombres et sinistres
Modeling [SEM]. Pour les quatre échantillons, les moyennes des indicateurs statistiques sont les suivantes : Khi2 /freedom degree (DF) = 2,03 ; Root Mean Square Residual (RMSR) = 0,06 ; Root Mean Square Error of Approximation (RMSEA) = 0,08 ; Global Fit Index (GFI) = 0,92 ; Relative Fit Index (RFI) = 0,79. Les valeurs de ces statistiques d’ajustement sont très acceptables et permettent de confirmer que les données s’ajustent correctement à ce modèle en un facteur. Cette structure factorielle a également été validée transculturellement et ce modèle en un facteur a été retrouvé dans des échantillons espagnols et allemands (Judge et al., 2004). Les indices d’ajustements des analyses factorielles confirmatoires menées dans ces deux pays sont similaires à ceux obtenus dans les travaux de langue anglaise. Les différentes études menées par les chercheurs (Judge et al., 2003) sur la CSES mettent également en évidence une validité convergente et discriminante satisfaisante. Cette échelle est en effet fortement corrélée à l’estime de soi (0,87), au sentiment d’efficacité personnelle généralisée (0,82), au névrosisme (0,76). La corrélation avec le locus de contrôle est plus faible (0,50). Dans les hypothèses de départ, la CSES était supposée se distinguer du modèle en cinq facteurs. Considérant les relations observées, dans les études de Judge et al., entre le modèle en cinq facteur et le construit latent mesuré de manière indirecte, l’échelle de mesure CSES devait donc être corrélée (tout en s’en distinguant) aux dimensions de caractère consciencieux et d’extraversion et devrait être indépendante de l’agréabilité et de l’ouverture aux expériences. Les résultats obtenus par Judge et al. (2003) confirment ces hypothèses. Ces auteurs obtiennent, en effet, des rc de 0,51 (p < 0,05) pour le caractère consciencieux, 0,50 (p < 0,05) pour l’extraversion, 0,16 (non significatif) pour l’agréabilité et −0,10 (non significatif) pour l’ouverture aux expériences. Conformément aux hypothèses, l’échelle CSES est également à la liée à la satisfaction de la vie (0,61), la satisfaction au travail (0,54) et de la performance professionnelle (0,27). Ces résultats établissent la validité empirique de la CSES. De plus, la CSES prédit mieux les critères de satisfaction et de performance que la mesure indirecte du noyau d’évaluation de soi par ses éléments constitutifs (Judge et al., 1997 ; Judge et Bono, 2001). 8. Conclusion Le construit de noyau d’évaluation de soi (CSE) est apparu depuis moins de dix ans dans la littérature. Le noyau d’évaluation de soi (CSE) est composé de quatre traits évaluatifs : l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle généralisée, le locus de contrôle et le névrosisme, qui saturent sur une dimension unique. Si l’on considère l’ensemble des résultats fournis sur
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cette question par les dix dernières années de recherches, le noyau d’évaluation de soi (CSE) semble constituer un concept heuristique dans la perspective d’une meilleure compréhension des bases dispositionnelles de la satisfaction au travail et de la satisfaction de la vie et de l’efficience professionnelle. Dans des études destinées à mieux comprendre les liens entre la personnalité et ces différents critères, la dimension globale de noyau d’évaluation de soi (CSE) manifeste en effet un pouvoir prédictif supérieur à celui obtenu par les quatre traits qui la composent. Une échelle de mesure spécifique destinée à mesurer le concept global a aujourd’hui été créée sous l’intitulé de CSES. À l’heure actuelle, cette échelle a été validée dans trois contextes culturels et linguistiques différents (États-Unis, Espagne et Allemagne). Le concept de noyau d’évaluation de soi (CSE) est un prédicteur aussi efficace de la performance professionnelle que l’est aujourd’hui la dimension de caractère consciencieux du modèle en cinq facteurs dont la validité a déjà été établie par de nombreuses études (Barrick et Mount, 1991 ; Salgado, 1997). Par ailleurs, le noyau d’évaluation de soi est également l’un des meilleurs prédicteurs dispositionnels de la satisfaction au travail. Les travaux sur ce construit sont néanmoins relativement récents et restent – pour l’instant – limités à l’équipe qui l’a mise au point (Judge et al., 2000). Nous menons actuellement des études d’adaptation franc¸aise et de validation de la CSES. Nous étudions la structure factorielle de cette échelle traduite en langue franc¸aise ainsi que sa validité de construit (la relation avec le modèle en cinq facteurs) et sa validité prédictive (la relation avec la satisfaction de la vie et la satisfaction sportive). Des travaux de recherches futurs tenteront de préciser les relations entre le concept de noyau d’évaluation de soi et les concepts de stabilité émotionnelle et d’estime de soi. Nous espérons ainsi montrer que l’utilisation du concept de noyau d’évaluation de soi apporte une connaissance supplémentaire dans le champ de la personnalité par rapport à ces deux mesures existantes. Ces résultats pourront également permettre de promouvoir son développement dans le monde de la recherche. On peut facilement concevoir l’utilité d’une échelle de mesure telle que la CSES, qui avec ses 12 items et son temps de passation de cinq minutes, obtient des liens aussi forts que le modèle en cinq facteurs (240 items et 45 minutes de passation pour le NEO-PI-R) dans des domaines, tels que la satisfaction au travail, la satisfaction de la vie ou encore la performance professionnelle. D’autres recherches visant à étendre le domaine d’application de ce concept sont également envisagées. Références Aluja, A., Rolland, J.P., García, L.F., Rossier, J., 2007. Dimensionality of the Rosenberg Self-Esteem Scale and its relationships with the three- and the five-factor. Journal of Personality Assessment 88 (2), 246–249. Bandura, A., 1997. Self-efficacy: the exercise of control. W. H. Freeman/Times Books/Henry Holt & Co, New York, NY, US. Barrick, M.R., Mount, M.K., 1991. The Big Five personality dimensions and job performance: a meta-analysis. Personnel Psychology 44 (1), 1–26. Bono, J.E., Judge, T.A., 2003. Core self-evaluations: a review of the trait and its role in job satisfaction and job performance. European Journal of Personality, special issue: personality and industrial, work and organizational applications 17 (1), S5–S18. Coopersmith, S., 1967. The Antecedents of Self-Esteem. Freeman, San Francisco. Costa Jr., P.T., McCrae, R.R., 1992. Revised NEO Personality Inventory (NEO-PI-R) and NEO Five-factor Inventory (NEO-FFI). Professional Manual. PAR, Odessa, Florida. Erez, A., Judge, T.A., 2001. Relationship of core evaluations to goal setting, motivation, and performance. Journal of Applied Psychology 86, 1270–1279. Eysenck, H.J., Eysenck, S.B.G., 1968. Manuel of the Eysenck Personality Inventory. Educational and Industrial Testing Service, San Diego, CA.
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