Le passage aux 35 heures : son vécu dans deux entreprises

Le passage aux 35 heures : son vécu dans deux entreprises

MERCREDI 9 JUIN MATIN 143 Stress au travail : de l’évaluation à l’action chez un bailleur social fessionnels, vérifier si ce stress est lié à la sa...

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MERCREDI 9 JUIN MATIN

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Stress au travail : de l’évaluation à l’action chez un bailleur social

fessionnels, vérifier si ce stress est lié à la santé, l’anxiété et la dépression.

K. LEGRAND-CATTAN, C. BUISSET

Méthode : 3 132 salariés sur 4 121 vus en visite médicale annuelle ont participé à l’enquête par auto-questionnaire. Celui-ci se compose de 3 parties : les critères individuels et professionnels, le modèle de Karasek à 6 axes (les 2 axes principaux définissant 4 profils de stress perçu : tendu, passif, actif, détendu), le questionnaire H.A.D. évaluant l’anxiété et la dépression. Le profil psychologique est, en outre, évalué par le locus de contrôle.

Service de santé au travail CDMT, Lille.

Au cours des années 2000, l’entreprise Partenord Habitat a constaté une recrudescence des actes d’incivilités et agressions envers le personnel exerçant au sein d’immeubles collectifs. Conscient de l’enjeu, l’entreprise a souhaité qu’une action soit mise en place. Afin de cibler les actions à développer, le service de médecine du travail a proposé une évaluation des contraintes psychiques de l’ensemble des salariés. Le principe du constat collectif reposant sur un auto questionnaire volontaire et anonyme a été choisi. Il comportait l’étude des composantes organisationnelles (Karasek), de la reconnaissance au travail (Siegrist), du soutien social, des violences au travail ainsi que l’état de santé globale. Il a été recueilli 44 % de réponses. Les pathologies significatives étaient surtout d’ordre rhumatologique avec également une consommation élevée de psychotropes. Les métiers en contact avec la clientèle étaient significativement désignés. La violence ressentie au travail émanait en grande partie de la clientèle mais existait également sous la forme « de pression managériale ». La majorité des indicateurs de santé analysés précédemment, et plus particulièrement la prise médicamenteuse, avaient une relation significative avec ces stigmates de violence. L’analyse des composantes professionnelles prouvaient qu’une partie des troubles physiques et psychiques décelés dans cette étude étaient pour certains lié à l’univers professionnel (absence de reconnaissance, de formation...). Fort de ces résultats, l’entreprise s’est investie dans un plan d’actions visant à limiter et maîtriser les sources de stress. La procédure d’accompagnement après agression est bien finalisée. Une formation large à la gestion des conflits ainsi qu’une sécurisation des locaux est en cours. Le stress a été intégré à la démarche d’évaluation des risques professionnels et une charte de déontologie est en cours d’élaboration pour faciliter la communication et les relations entre les différents intervenants. Enfin la gestion prévisionnelle des carrières et l’université d’entreprise sont des perspectives de travail pour favoriser la reconnaissance et l’évolution professionnelle. L’évaluation de ces actions reste à prévoir.

Résultats : la comparaison de notre population à un échantillon de salariés de la région Nord-Pas-de-Calais (enquête GERICOTS) a permis d’y constater une plus grande autonomie accompagnée d’une plus forte demande et d’un meilleur soutien social. Il existe des liaisons significatives entre les facteurs individuels et professionnels, et les axes de Karasek et de l’anxiété. L’application de régressions logistiques révèle que le profil « tendu » est davantage présent chez les jeunes, les ouvriers, les professions intermédiaires et sur une unité du site, tandis que le profil « détendu » est plus fréquent sur une autre unité. Les cadres, le personnel de jour ou de bureau ont plus souvent un profil « actif », tandis que les ouvriers, les postés en exploitation, les mi-temps ont plus beaucoup souvent un profil « passif ». La prévalence de l’anxiété est de 21,5 %, la dépression : 6,9 %, l’usage régulier de psychotropes : 7,5 %, les problèmes de santé : 25,8 %. Après ajustements sur les co-facteurs individuels, l’anxiété est liée à une charge mentale élevée, un soutien social faible, la compétitivité mondiale et à 3 secteurs de l’usine. La dépression est liée aux axes de Karasek, mais non aux secteurs de l’usine. La prise de psychotropes et les problèmes de santé sont plus fréquents chez les plus âgés et les ouvriers, mais ne sont pas liées au stress perçu. Conclusion : dans notre population, la situation du stress perçu est plus favorable que dans celle de GERICOTS. Les profils de stress perçu sont significativement liés à la catégorie socioprofessionnelle ainsi qu’aux facteurs professionnels étudiés. L’anxiété et la dépression sont fortement liées à plusieurs axes du modèle de Karasek.

Le passage aux 35 heures : son vécu dans deux entreprises Évaluation du stress perçu dans un site sidérurgique G. DUVAL (1), B. COURCOT (1), J. ETTLINGER (1), C. RIGAL (1), M.P. ROHN (1), J.L. EDME (2) (1) Service médical, Sollac Dunkerque. (1) Laboratoire de médecine du travail, Université de Lille 2.

Objectif : cette étude épidémiologique en milieu de travail, réalisée en 2002, vise trois objectifs : établir un état descriptif du stress perçu et le comparer à la référence régionale, déterminer les liens éventuels entre le stress perçu et certains facteurs pro-

C. ANDRIEU (1), D. GAUTRAND (2), P. PRESSEQ (2), M.J. CASTEL (3) (1) THALES Bagneux. (2) AMETRA Nice. (3) AHIMT 44.

Objectifs : décrire le vécu des salariés après passage aux 35 heures et comparer les effets de 2 modes. Méthode : une étude transversale descriptive par questionnaire rempli au cabinet médical au cours de la visite annuelle fut réalisée dans deux entreprises de haute technologie, l’une de plus de 500 salariés (76 % Ingénieurs et cadres) et la seconde d’envi-

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SANTÉ MENTALE ET TRAVAIL

ron 200 personnes (65 % Ingénieurs et cadres). Ces deux entreprises ont en commun une surcharge de travail pour 60 % de leur personnel. Elles diffèrent : − par leur contexte : stabilité liée à de nombreux contrats pour la première, changements organisationnels et incertitude sur l’avenir pour la seconde − par leur mode d’application des 35 heures : 15 jours d’ARTT par an (5 imposés et 10 au choix) dans la première, 1 vendredi sur 2 plus 8 jours imposés par la direction en contrepartie de 18 minutes supplémentaires chaque jour dans la seconde. Un questionnaire anonyme étudie les données socioprofessionnelles du salarié, les conditions de travail et son état psychique par le GHQ12. Le médecin des deux entreprises a recueilli les données du 01 janvier au 31 décembre 2001 et l’analyse a été effectuée à l’aide du logiciel Epi Info avec le concours de confrères épidémiologiste. Résultats : une acceptation des 35 heures différente dans chaque entreprise : 35,7 % VS 58,3 %. Une appréciation positive différente selon le statut professionnel : 1re : 30,7 % des ingénieurs – 47,8 % des techniciens – 55,4 % des administratifs 2e : 41,4 % des ingénieurs – 81,8 % des techniciens – 78,8 % des administratifs et selon d’autres critères présentés lors de la communication. Dans la seconde entreprise un impact positif sur la santé : l’acceptation des 35 heures se traduisant par une diminution du stress (15,1 % VS 38,8 %). Conclusions : l’application des 35 heures n’a pas fait l’unanimité. Dans un contexte de surcharge, le souci des salariés de préserver la qualité du travail a pu être un frein à l’appréciation de la réduction du temps de travail. Le constat d’une diminution du stress dans l’une des entreprises doit nous inciter à placer la santé au centre du débat chaque fois qu’il est question de modifier l’organisation du travail.

Organisation du travail et santé D. PELLÉ-DUPORTE (1), D. RINDEL (2), J. MACHEFER (3), F. DERRIENNIC (4) (1) Service médical interentreprises de l’Anjou, Angers. (2) Association hygiène industrielle, Bordeaux. (3) Service médical interentreprises du Choletais, Cholet. (4) Institut national de la santé et de la recherche médicale, Unité 170 Villejuif.

Cette communication présente les résultats d’une enquête réalisée en 1999 sur le thème « organisation du travail et santé », avant et après le passage aux 35 heures, dans trois services de médecine du travail (Angers, Bordeaux, Cholet). Une deuxième enquête est en cours de réalisation. Objectifs : l’objectif de cette étude était de tester les hypothèses suivantes : après la mise en place de la réduction du temps de travail, la latitude décisionnelle, la demande dans le travail évolueront-elles et dans quel sens ? Y aura-t-il des changements dans la santé perçue ? Le cas échéant, quelles seront les modifi-

cations de l’état de santé perçue susceptibles d’être attribuables aux changements des facteurs psychosociaux du travail. Matériel et méthodes : les médecins participant étaient volontaires. Le questionnaire comprenait des questions sur les données socioprofessionnelles, des questions portant sur le travail et des questions sur l’état de santé perçue (NHP). Le traitement des données a été réalisé par des médecins du travail en collaboration avec un chercheur de l’INSERM. Résultats : 58 médecins, 5 040 questionnaires remplis. Les résultats soulignent l’importance des facteurs psychosociaux du travail : demande dans le travail, latitude décisionnelle (Karasek), estime et reconnaissance (Siegrist) sur la santé. Conclusion : les résultats soulignent combien il est essentiel pour les salariés de trouver un équilibre. Il faut donner aux salariés la possibilité d’avoir des marges de manœuvres afin d’éviter les situations de travail susceptibles de favoriser les problèmes de santé.

Étude du stress chez les téléphonistes du centre des appels et des renseignements de la Société Nationale des Télécommunications du Sénégal (SONATEL) B. FALL Département médecine d’entreprise, Sonatel, Dakar, Sénégal.

Objectif : le but de cette étude est de documenter les facteurs de stress des téléphonistes du Centre des appels et des renseignements, identifier les sources de dysfonctionnements du centre et d’y apporter les corrections idoines. Méthodologie : notre cohorte est constituée de 88 travailleurs répartis en deux groupes : 65 téléphonistes et 23 agents d’accueil considérés comme témoins. Le stress a été objectivé par une étude ergonomique du poste de téléphoniste et par questionnaire. Les données ont été traitées avec S.P.S.S. Une analyse descriptive des résultats avec calcul des moyennes et pourcentages a été réalisée. Ensuite a été établi une cotation par score des différents facteurs de stress : absentéisme, état de santé, problèmes relationnels et familiaux, vécu et projets personnels. Le niveau supérieur ou égal à 20 points que nous avons défini comme à stress élevé est le même retenu par le Club européen de la santé. Résultats et commentaires : la grande fréquence des stressés (77 %) dans notre série confirme que le métier de téléphoniste est un métier à risque. L’étude des deux groupes révèle que les téléphonistes sont non seulement plus stressés que les agents d’accueil mais aussi qu’ils présentent un niveau plus élevé de stress : 32 % dont 3 % de très élevé contre 13 %. La comparaison avec les données de la littérature montre un nombre très important de stressés dans notre série : 77 % des téléphonistes et 65 % des agents d’accueil contre 37,8 % dans l’étude de l’A.S.M.T, 24,3 % dans celle du C.E.S. et 30 % aux USA. Ce qui a priori fait penser à l’existence de facteurs propres à l’entreprise. Les données du questionnaire et l’étude ergonomique du poste de travail