Les derniers progrès de l'immunopathologie oculaire

Les derniers progrès de l'immunopathologie oculaire

Compte rendu de Congris Les derniers progr6s de I'immunopathologie oculaire 4 * symposium d'immunologie et d'immunopathologie de I'oeil Padoue, 3-5 m...

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Compte rendu de Congris

Les derniers progr6s de I'immunopathologie oculaire 4 * symposium d'immunologie et d'immunopathologie de I'oeil Padoue, 3-5 mai 1986 E. BLOCH-MICHEL, C. HAMEL, E. DUSSAIX, E. FRAU, P. CERQUETI

Le 4 e symposium d'immunologie oculaire a tenu ses promesses et d6montr6 l'extraordinaire utilit6 de cette discipline. Plus de 200 participants, 150 communications, la plupart originales, tel est le bilan de ce symposium. Cinq th~mes principaux y ont 6t~ d~velopp~s dont on retiendra les points saillants suivants : - - e n immunopathologie exp~rimentale, l'uv6ite allergique exp6rimentale (UAE) reste le module de base ; bien qu'assez 61oign6e de l'uv~ite clinique, ce mod61e est irremplacable pour bien comprendre les phdnom~nes immunologiques, le r61e des auto-immuns, leurs modulations immunologiques ou th6rapeutiques; -les facteurs d'immunomodulation locale (antigOne HLA de classe II/variations des sous-populations lymphocytaires) se traduisent par un d6faut de l'activit6 cellulaire T suppressive, et une exag6ration de l'activit6 T ,~ helper ~ in situ et dans l'6conomie gdndrale; en pathologie infeetieuse, l'herp6s fait l'objet de beaucoup d'6tudes exp6rimentales et cliniques, sans pour autant oublier les uv6ites virales et les tMrapeutiques virostatiques ; -l'~tude des ~( m6diateurs ~ de l'immunit~ : interf6ron, interleukines, angiotensine eonvertose, d~riv~s de l'acide arachidonique selon les voies de la lipooxyg6nase et de la cyelooxyg~nase a commence, et les premieres communications s'av6rent tr6s int6ressantes et prometteuses ; --enfin, ia prise en eompte de l'allergie oculaire est devenue r~alit6 aussi bien dans les grands modules exp~rimentaux que dans les protocoles d'6tude clinique. L'application de l'immunologie pour expliquer certaines humeurs oculaires nous a paru du meilleur int6r~t. En g~n~ral, la confrontation entre cliniciens et fondamentalistes s'est r6v616e tr~s fructueuse. I1 est important de souligner que la recherche clinique dispose d6sormais des progr~s techniques de la recherche fondamentale (micro-mdthodes, anticorps monoclonaux, etc.) et que eelle-ci laisse esp6rer ~ court et moyen terme des b6n6fiees tMrapeutiques tr~s int6ressants pour nos patients. E. BLOCH-MICHEL E. Bloch-Michel, H6pital de Jour d'Ophtalmologie, CHU de Bic~tre, Paris. C. Hamel, interne des h6pitaux, Caen. E. Dussaix, Laboratoire de Virologie, CHU de Bic~tre, Paris. E. Frau, interne des h6pitaux, Paris. P. Cerqueti, Clinica Oculistica, G~nes (Italie).

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Session I: auto-immunit6 Les maladies auto-immunitaires exp6rimentales produites avec trois principaux auto-antig6nes actuellement reconnus ont suscit6 l'essentiel des publications sur ce sujet.

L'antigOne S, le mieux connu, f a r l'objet d'6tudes de fractionnement sdlectif permettant de reconna~tre les 6pitopes les plus immunog~nes (Donoso, Banga, de Kosak). L'usage d'anticorps monoclonaux sp~cifiques permet actuellement d'identifier quatre 6pitopes principaux r6partis r6gulibrement sur les cellules photor6ceptrices. On peut immuniser les rats avec des anticorps monoclonaux sp6cifiques et cr6er des anticorps anti-idiotypes qui semblent prdvenir la survenue d'une UAE secondaire apr~s une injection d'antig~nes. De m~me, l'6tude dynamique a permis de prdciser le r61e de la lumi~re dans la survenue de I'UAE du r a t : les animaux 61ev6s dans l'obscurit6 6tant moins sensibles que ceux 61ev6s en pleine lumi~re. Ceci soul~ve quelques hypotheses physiopathologiques int6ressantes (Mirshahi). Enfin, d'autres travaux se sont int~ress~s ~ la modulation possible de la maladie spontan6e (rfgulation polymonoclonale: Stot) et surtout h l'aide de la cyclosporine dont l'effet, selon Mochizuscki, s'exerce de fagon sp6cifique sur l'antig~ne, n'emp~chant pas la production ult& rieure d'une autre maladie auto-immune.

L'IRBP ou Inter Receptor Binding Protein a 6t~ r6cemmerit isol6 par Gery. Cette prot6ine de 240 000 daltons provient de la matrice qui s6pare les cellules photor6ceptrices et la r~tine. On la retrouve en faible quantit6 dans la glande pin6ale. Inject6e sur l'animal d'exp6rience, e11e a entrain6 une maladie vasculaire et des nodules granulomateux choroidiens tr~s visibles ainsi que des nodules de Dahlenfuchs. I1 en r6sulte une choroidite plus qu'une r6tinite, donc des 16sions assez proches de l'ophtalmie sympathique du V.K.H. L'opsine provenant de la rhodopsine est un auto-antigone moins puissant que les deux pr6cddents (Schalkel, Broethuise). La 16sion ainsi produite n'est pas la mgme que celle de I'UAE ou de I'IRBP. Certains auteurs ont ~tudi6 la presence ou l'apparition des antig~nes HLA de classe II dans les tissus oculaires au cours du d6roulement de l'inflammation exp6rimentale. Selon Fugikawa, on les voit successivement occuper les vaisseaux choroidiens, l'6pitMlium pigmentaire, le corps

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92 ciliaire et les vaisseaux r6tiniens avec les cons6quences physiopathologiques que cela implique. Autres r6sultats int6ressants : les cellules de Muller pr6sentes ou absentes g des stades vari6s de I'UAE, avec r61e macrophagique possible (Chan) ; l'in6galit6 de la vascularisation r6tinienne chez le rat et le eobaye explique la disparit6 des types d'UAE (Kalsow) ; de m~me un mgme antigone S induit chez le rat une r6tinite auto-immune rapide et une pin6alite lente et chronique. Les applications ctiniques de ces 6tudes sur t'auto-immunit6 exp6rimentale paraissent toujours assez restreintes: anticorps s~rique humain peu r6actif avec l'antig~ne S de diff6rentes esp~ces (Banga); les anticorps antir6tine de sujets atteints de r6tinite pigmentaire (Chan) ou de toxoplasmose (Vadot) apparaissent secondairement produits par la maladie et non comme sa cause. Parmi les autres travaux int6ressant l'auto-immunit6, on peut retenir avant tout le module de la dacryo-ad6nite exp6rimentale auto-immune du rat (Liu) dans laquelle l'affection diff6re selon l'origine de l'auto-antig~ne (glande de Harderian, ou glande lacrymale vraie). Plus cliniques, les travaux de Foster et de Kabubsky se sont int6ress6s respectivement au pronostic que joue l'atteinte oculaire dans l'6volution des maladie auto-immunes et ~ Ia valeur pronostique (ou indicatrice d'un processus auto-immun latent) de la pr6sence d'anticorps antimuscles r6tro-oeulaires dans l'exophtalmie active et m~me dans la maladie de Basedow.

Cette activit6 T-suppressive d'origine spl6nique responsable du privil6ge immunologique de l'eeil (c'est-h-dire apr~s injection intracam6rulaire) est bien 6tudi6e par Foster qui la compare ~ certains ph6nom~nes de tol6rance immunitaire. Elle est propre g certains sous-groupes de populations de cellules T, qu'il identifie au sein de la masse des spl6nocytes. Les sous-populations lymphocytaires dans les protocoles exp6rimentaux font l'objet des soins de Magoba (rejet des greffes) et Usui (cin6tique cellulaire dans I'UAE). En clinique, les sous-populations lymphocytaires ont 6t6 6tudi6es dans le sang p6ripMrique de l'uv6ite (Cennamo, Vassilieva, Taft, Spolaore, Pilia, Pezzuto, Murray [Fuchs], Latenza [Beh~et], Alfonso [neuropapillite] et Belfort). Leur difficile 6valuation in situ est r6alis6e dans des situations aussi vari6es que les k6rato-plasties perforantes (Youinou) les conjonctivites allergiques (Carreras) ou la sarcoidose (Angi) ou l'iris des uv6ites ant6rieures (Sakai).

Autres ]acteurs d'immuno-modulation Ils peuvent ~tre immunologiques: anticorps - anti-idiotypes (Banga), ou anticellules T (Ippoliti), physiologiques comme l'interferon (Kotake), m6dicamenteux comme la Formosanine C (Chung), ou surtout la cyclosporine (de Molfetta, Fijino, Le Hoang, Bornemann, Nussenblatt). E. BLOCH-MICHEL

C. HAMEL

Session II1" immunologie de I'infection Session" II immuno-r6gulation Cette h6t6rog~ne, mais ndcessaire session regroupait toutes tes 6tudes exp6rimentales ou cliniques s'int6ressant /~ la modulation de la r6ponse immunitaire dans l'ceil quelle que soit ta cible (uv6e, conjonctive, corn6e) ou le facteur (cellules pr6sentatrices de l'antigbne, antigone HLA - DR in situ, m~diateurs comme l'interf6ron, sous-populations lymphocytaires, m6dicament comme la cyclosporine). De ces 6tudes fragmentaires et neuves, on retiendra surtout des id6es directrices dont 3 dominent: antigbne HLA in situ ; sous-populations lymphocytaires ; autres immunomodulateurs.

Expression et rg)le des antig~nes H L A DR in situ Les alI~les de classe I e t I I n e sont normalement pas exprim6s sur la surface des cellules uv6ales de sujets sains (Wakefield), mais apparaissent apr~s incubation de ces cellules avec l'interferon. On les retrouve sur les cellules de l'6pith61ium pigmentaire de patients atteints de DTR (Detrick), ou in~galement r@artis selon les sous-groupes HLA DR dans l'6pith61ium conjonctival adjacent au limbe d'ulc6res corndens (Zierhut). Des modules exp6rimentaux permettent (Donnelly) de discuter soigneusement la pr6sence de ces marqueurs HLA DR au cours de l'uv6ite immunog~ne du lapin, ou du r61e des cellules de Muller dans la pr6sentation de l'antig~ne (Roberge). Quelques auteurs se sont int6ress6s aux marqueurs HLA DR dans l'uv~ite (Fantini). Rdgulation celluIaire Caspi d~montre que, dans le module UAE, des lymphocytes T - helper, sensibilis6s g l'antig~ne S, peuvent induire la maladie par vole g6n6rale ou intravitr6enne dans un d61ai tr~s raccourci par rapport ~ c e qui se passe apr~s immunisation active, sans intervention d'anticorps, ni des alleles d'histocompatibilit6. Cet effet est att6nu6 par des cellules T-suppressives spl6niques obtenues apr~s injection intracam6rulaire de l'antig~ne.

Les communications et les posters de cette session ont port6 surtout sur le r61e des rdactions immunitaires dans la physiopathologie des infections oculaires d'origine virale, parasitaire et g u n moindre degr6 bactdrienne. Plusieurs auteurs ont par ailleurs soulign6 l'int6rat du dosage in situ d'anticorps sp6cifiques pour le diagnostic ~tiologique de ces infections. L'absence d'un certain nombre d'auteurs a rendu malheureusement impossible la discussion de certains r6sultats. En ce qui concerne les infections virales, une grande pattie des travaux ~tait consacr6e aux k6ratites d'origine herpdtique. Sandstr/Sm a montr6, chez la souris, qu'il 6tait possible de pr6venir, la survenue d'une k6ratite et d'une enc6phalite apr6s inoculation corn~enne d'une souche virulente d'herp~s virus simplex (HVS) en immunisant pr6alablement ces animaux par injection sous-cutan6e d'une souche faiblement virulente d'HVS, Smolen a montr6, quant g lui, chez le lapin, que l'application locale d'interfdron au cours des k6ratites herp6tiques inhibait la multiplication du virus et pourrait pr6venir son excr6tion r6currente. Le r61e de facteurs g6n~tiques dans le d6veloppement de ces infections a 6t6 soulign~ par Forster et ses collaborateurs. Cette 6quipe a trouv6 que, chez la souris, la gravit6 des 16sions d6pendait d'un g~ne localis6 sur le chromosome 12. Le produit de ce g~ne (Igh-1 °) est une chMne lourde d'immunoglobuline. Ces m~mes auteurs ont montr6 par ailleurs qu'au site m~me de l'infection (stroma et limbe), les souris Igh-1 + avaient un d6ficit relatif en cellules T suppressives. Ces r6sultats expdrimentaux sont g rapprocher des 16sions histologiques observ6es chez l'homme au cours des k6ratites stromales herp6tiques oil le stroma est le si~ge d'une infiltration de cellules mononuc166es avec pr6dominance de macrophages et de cellules T helper (Pepose et coll.). Comme dans les modbles exp6rimentaux, des immunoglobulines G, M e t A ainsi que la fraction Cs du compl6ment sont retrouv6es au niveau du stroma. Chez l'homme, les antig~nes HLA de classes I et II ont 6t6 par ailleurs d6tect6s dans les cellules du stroma mais pas dans celles de l'endoth61ium corn~en. L'expression de ces antig6nes est induite non pas par I'HVS lui-m~me

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mais par l'interferon Y produit par les cellules T activ6es. Grfice ~t un module exp6rimental original chez des souris normales et athymiques, Atherton et Streilin ont pu d6montrer que les 16sions r6tiniennes observ6es apr~s inoculation d'HVS dans la chambre ant6rieure de l'ceil controlat6ral 6taient secondaires aux r6actions inflammatoires dues ~t l'interaction entre le virus parvenu localement via le cerveau et le neff opfique et les cellules immunocomp6tentes, 6galement localement pr6sentes, grfice h l'inflammation des structures de l'angle. Le dosage dans l'humeur aqueuse et/ou le vitr6 d'anticorps sp6cifiques antivirus a permis g plusieurs auteurs de confirmer le r61e du virus de la varicelle et du zona (VZV) dans les n6croses r6tiniennes aigu~s (Takano et coll.) et des Herpes virus en g6n~ral (HVS, CMV, VZV) dans 10 p. cent des uv~ites (Cerqueti et coll.). Ces derniers auteurs ont insist6 sur la d6termination simultan~e du coeficient de Witmer et des rapports humeur aqueuse/s6rum des taux d'anticorps vis~t-vis de plusieurs virus pour appr6cier au mieux une synth~se locale d'immunoglobines sp6cifiques. Le dosage des IgA sp6cifiques permettrait d'apr~s Kaplan de d~tecter un plus grand hombre d'uv6ites virales. Vingtain et ses collaborateurs ont mis en 6vidence, chez les sujets infest6s par Onchocerca volvulus atteints de chorior6tinite, une hypersensibilit6 ~t la fois aux antig~nes parasitaires et ~ l'antig~ne r6tinien S. Le d6izeloppement d'une r6action auto-immune vis-g-vis de cet antigone r6tinien pourrait expliquer la survenue de chorior6finite chez ces patients. Plusieurs auteurs ont insist6, 15 encore, sur la n~cessit6 du dosage in situ des anticorps antitoxoplasme pour le diagnostic des uv6ites dues g ce parasite (Oliviera et coll., Rothova et coll.). Le dosage dans I'HA et le s6rum d'IgE sp6cifiques de Toxocara canis a permis Carlevaro et ses coll~gues de diagnosfiquer 6 cas de toxocarose oculaire. D'apr~s Berck et coll., la r6sistance naturelle de la corn6e de certaines souris g l'infection par Pseudomonas aeruginosa serait gouvern6e par plusieurs g~nes dont au moins un serait localis6 sur le chromosome S. Les travaux de Steuhl et coll. sugg~rent que les 16sions corn6ennes provoqu6es par P. aeruginosa ne sont pas dues aux exoenzymes de ce germe mais aux enzymes lysosomiales lib6r~es par les polynucl6aires. Un produit labile 6labor6 par Chlamydia trachomatis serait responsable de l'inflammation chronique observ6e au cours du trachome (Taylor). E. DUSSAIX

Session IV" immunologie de I'inflammation Les diff6rents auteurs de ce symposium ont abord6 l'6tude de l'inflammafion soit h partir de modules exp6rimentaux, soit ~t partir de cas cliniques. Ces travaux concernent : - - l ' ~ t u d e des facteurs chimiotactiques pour les monocytes dans l'humeur aqueuse (Rosenbaum et coll.), entre autres dans les cas d'uv6ites exp6rimentales induites par des facteurs bact6riens ou des modules immunologiques (lames et coll.) ; - - l'~tude des facteurs d~riv~s du m~tabolisme des lipooxygdnases qui, si elle ne montre que peu de choses avec les leucotri~nes, r6v~le par contre une corr61afion entre 616ration de la PGE 2 et la s~v6rit6 de l'inflammation (Dorigo et coll.). Chez le lapin, des modNes d'uv~ites immuno-induites montrent la possibilit6 pour les cellules immunocomp6tentes de r~agir de fagon sp6cifique avec I'AG introduit dans l'ceil et de produire des m6diateurs non sp6cifiques

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(lymphokine inductrice Ia produit d'activation secr6t6 par les macrophages activ6s IL 1) ce qui aboutit ~t une amplification de la r6ponse inflammatoire et h la synth~se d'anticorps sp6cifiques (Pendergast). D'autres auteurs ont tent6 de comprendre certains m6canismes immunologiques : comme la formation et la fixation pr6f6rentielle des immuns-eomplexes dans le corps ciliaire et la chorio-capillaire en employant l'injection intraveineuse d'AC Cafioniques mettant ainsi en 6vidence le r61e des fen~tres capillaires et des sites anioniques le long de la membrane de Bruch (Waldrep et Kaplan) ou l'emploi de liposaccharidose bact6rienne qui, ~t dose ad6quate, ne provoque plus une uv6ite mais un effet antiinflammatoire et de tol6rance immunologique (Howes Ir et coll.) Ratiglia et coll. ont 6tudi6 les vascularites r6tiniennes et mis en 6vidence le rgle d'une auto-immunit6. Enfin, il semble que les cellules de Muller et les cellules de trab6culum jouent un r61e actif dans la r6action inflammatoire (Benezra et C h a n ; Rahi et coll.). Les liens entre marqueurs g6n6tiques du syst~me HLA et m6canismes pathologiques suscitent l'int6r~t de plusieurs auteurs (Rothova et coll.). Ils montrent qu'il existe un taux d'IgA s6rique plus 61ev6 de facon statistiquement significafive chez les patients atteints d'uv6ite ant6rieure aigu~ que chez les sujets contr616s mais sans diff6rence entre patients HLA B 27 q- et B 27 - - . 11 n'existe pas de rapport entre HLA B 27 et ph6notypes MZ et Gm (Flamey et coll. ; Felkamp et coll.). Enfin, l'6tude des r6actions chimiques engendrant la r~action inflammatoire met en valeur le r61e des radicaux libres oxyg6n6s: efficacit6 th6rapeutique de l'aspirine non limit6e h son action antiprostaglandine mais aussi ~ une inhibition de la production d'anions superoxydes (Marak et coll.). Efficacit6 ~tMrapeutique aussi retrouv6e avec les enzymes anti-oxydant et les chelateurs des radicaux libres (superoxydes dismutases et catalase employ6s dans les uv6ites exp6rimentales induites par I'AG-S r6tinien chez le cobaye (Rao et coll.), ou immunopapillite exp6rimentale (Guy et coll.). Mais l'6tude de l'inflammation oculaire ne se borne pas l'uv6ite et les m6canismes d'angiog6n~se corn6enne en sont une manifestation. I1 a &6 mis en 6vidence deux types de n~ovascularisation corn6enne chez la souris greff6e: l'une pathologique, lorsque la corn6e est greff6e sans limbe, centrip~te et envahissant le stroma corn6en probablement due aux s~cr6tions de l'infiltrat lymphocytaire, l'autre r6pondant aux lois de l'hom6ostasie corn6enne sur des corn6es greff~es avec leur limbe, oil la vascularisation reste p6riph6rique et non envahissante (Marco et X. StreiMn). De m~me, le r61e de la s6cr6tion de monokines dans la pousse angiog~nique a 6t6 6voqu6 (Wissler et coll.). La pose d'un implant intra-oculaire en chambre antdrieure ou post6rieure est aussi une source d'inflammafion : par le facteur m6canique allant engendrer ~ son tour une r6action immunologique en cha~ne ou par les mat6riaux utilis6s dans la fabrication de l'implant (Coles et Director). Ce type d'inflammafion pouvant ~tre compar6 aux modNes exp6rimentaux chez le rat ou aux uv6ites phacoantig6niques (Muller-Hermelink et coll.). Plus cliniques, d'autres auteurs ont pr~f6r6 ~valuer l'int~r~t diagnostique et pronostique de certains tests ou l'efficacit6 de substances th6rapeutiques. Bloch Michel et coll. ont montr6 que le dosage de l'enzyme de conversion dans l'humeur aqueuse ne peut ~tre utilis6 comme test diagnostique de sarcoidose et que celuici doit ~tre consid6r6 comme un marqueur non sp6cifique de l'inflammation, probablement produit localement. Ou encore : la fluorom6trie en tant que m6thode d'6valuation de rupture de la barri~re h6mato-oculaire (Fearnley et Palton) ; -

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--I'ERG dans les uv6ites interm6diaires et surtout le Behget pour suivre l'6volutivit~ de la maladie et la r6ponse la th6rapeutique notamment en cas de milieux troubles g6nant la r6alisation d'une angiofluorographie (Martenet et Niemeyer) ; - - importance des tests immunologiques dans la maladie de Behcet (Pivetti-Pezzi et coll.); --existence d'une production intra-oculaire IgC oligoclonaux chez des patients atteints de sci~rose en plaques et de p6rivascularite r6tinienne (Quentin et Reiber) ; efficacit6 d'injections intra-vitr6ennes d'Acyclovir dans un cas de n6crose r6tinienne aigu~ (Madan et colt.) ou le traitement de CMV r6tinien par injection intraveineuse d'un virostatique d6riv6 de l'Acyclovir (Orellana et Teich). Uinflammation met en jeu des m~canismes complexes off les cellules du syst~me immunitaire jouent un r61e pr6pond~rant notamment par la synth~se de m6diateurs sp6cifiques ou non de l'agent agresseur. Si les modules exp6rimentaux et tes 6tudes cliniques r@ondent g certaines de nos interrogations, il n,en demeure pas moins que chaque rdponse appelle une nouvelle question.

E. FRAU

Session V' immunologie g6n6rale oculaire et allergie Cette s6ance, la derni~re du Congr6s, se r6v~le l'une des plus int6ressantes dans la mesure off on y trouve un mdlange de sujets vari6s beaucoup plus cliniques qu'exp6rimentaux qui laissent poindre des directions de recherche clinique pour les ann6es ~ venir. On trouve indiff6remment une pr6sentation clinique tr~s complete des 16sions ophtalmoscopiques observ6es dans le SIDA et des complications de r6tinopathies h cyto-m6galovirus (CMV) (Holland). D'autre part, l'~tude des souspopulations lymphocytaires fare dans la glande lacrymale montre que cette derni~re contient celles n6cessaires r6pondre ~ la stimulation antig6nique directe (Montgomery). De m~me, dans les follicules conjonctivaux et les lymphocytes conjonctivaux, la composition est comparable aux plaques de Peyer ou aux follicules solitaires intestinaux et ceux-ci sont le lieu de differentiation des cellules B en anticorps IgA et jouent un r61e dans !e syst6me immunitaire s6cr6teur de la conjonctivite (Tagawa). Dans un autre domaine, les sous-populations lymphocytaires T dans l'ophtalmie de Basedow se retrouvent seulement chez certains malades tr6s atteints avec un niveau significativement 61ev6 de cellules B (Van Der Gaag). L'apparition des cellules inflammatoires au cours du rejet de corn6e a 6t~ 6tudi6e dans I'humeur aqueuse au cours des diffdrentes 6tapes du rejet endothdlial (Khodadoust) ou encore par rapport au degr6 de sensibilisation (Zirm). Autre grand sujet d'6tude en plein d6veloppement : l'allergie oculaire. La production locale des IgE lacrymales

dans les conjonctivites atypiques et printani~res n'est pas corr~16e de facon significative avec la gravit~ des symptSmes (Yuasa). De m~me, une nouvetle technique de dosage PACIA (particle counting immuno-assay) (Hoebeke) abaissant franchement le seuil de sensibilit6 (0,2 U1/ml), a montr6 l'ind6pendance du taux des IgE lacrymales et des IgE s~riques, pMnom~ne ddj~ connu par d'autres techniques. L'influence des pollens de Cupressaceae dans les conjonctivites allergiques a 6t6 soulign6e par Autert ; d'autre part, Del Prete a propos6 une m6thode originale de d6sensibilisation oculaire par voie locale sous forme de collyres. En m~me temps les 6tudes animales exp6rimentales en allergie conjonctivale se d6veloppent; ainsi Doherty a cornpard dans trois esp6ces diff6rentes (cobayes, rats, souris) la r@onse de l'hypersensibilit~ de type imm6diat permettant de d6velopper des mod61es de m6dications anti-inflammatoires. D'autres modules de conjonctivite giganto-papillaire (Allansmith) et de conjonctivites printani~res (Khatami) ont 6t6 propos6s. Toutes ces 6tudes permettent de comprendre mieux la physiopathologie des pMnom~nes immunologiques impliqu6s dans la r6action allergique : ainsi Cornell-Bell s'int6resse h la migration des cellules inflammatoires ~ travers l'~pith~lium conjonctival ainsi qu'~ l'agressivit~ potentielle qu'elle prdsente vis-h-vis de la surface corn6enne. La r6gulation physiologique du syst~me immunologique s6cr6toire du rat qui est influenc6 par les pMnom~nes pathologiques (Sullivan) avec influence de l'gge sur l'axe hypothalamo-hypophysaire. Les donn6es cliniques nouvelles concernent l'intdr~t et les limites actuels des nouveaux immuno-modulateurs. Egalement, certaines observations eliniques soulignent la relation entre les facteurs climatiques et l'6closion de la maladie (uvdite et pollinose, Wakefield). Surtout des pr~cisions suppl6mentaires concernant la pr6sence de tel ou tel antigone HLA DR (class6es dans les uv6ites cliniques) ont 6t6 apport6es par ditt6rents travaux (Ohno) portant en particulier sur l'ophtalmie sympathique, VKH, le syndrome de Posner-Schlossmann, la r6tinopathie diab6tique et le syndrome de Behcet. Autre sujet int6ressant, la relation uv6ite-n6oplasie abord~e par Graham avec l'6tude d'un sarcome oculaire r~ticulo-cellulaire h lyrnphocytes B; ou avec Kolhmann 6tudiant les diff6rentes complications oeulaires des plasmocytomes; ou encore h propos de l'association entre cancer et r~tinopathie par effet auto-immun probablement induit par rdponse immunitaire de l'h6te vis-h-vis des antiggnes tumoraux; taux 6lev6 d'anticorps antir~tine chez des patients atteints de cancer (Thirkill). Ainsi, cette s6ance polyvalente nous permet de retenir quatre directions d'int6r~t principal: l'allergie oculaire (dosage de IgE et modules exp6rimentaux) ; --l'6tude des r6actions immunologiques diverses dans diff6rents tissus de l'oeil : glande lacrymale, humeur aqueuse, conjonctive ; - - Ie rapport entre uv6ite et HLA; --l'association entre uv~ite et n~oplasie. P. CERQUETI

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