Les facteurs de risque de rupture du ligament croisé antérieur chez le skieur alpin en équipe de France

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Mémoire

Les facteurs de risque de rupture du ligament croisé antérieur chez le skieur alpin en équipe de France Risk factors of anterior crucial ligament injury in French team’s alpine skiers L. Crestani a,∗ , P. Chambat b , M.-P. Rousseaux-Blanchi c , Commission médicale de la Fédération franc¸aise de ski a

Service de rééducation, centre hospitalier de l’Ouest vosgien, 1280, avenue Division-Leclerc, 88300 Neufchateau, France b Centre orthopédique Paul-Santy, 42, avenue Paul-Santy, 69000 Lyon, France c Centre de médecine du sport de haut niveau, 88 bis, avenue de la République, 73200 Albertville, France

Résumé Introduction. – Le but de l’étude est d’évaluer les facteurs de risque des ruptures du ligament croisé antérieur (LCA) chez les skieurs alpins de haut niveau. Méthode. – Ont été inclus dans cette étude, les skieurs et skieuses des équipes de France de ski alpin ayant présenté une rupture du LCA entre avril 2002 et avril 2010. Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 8 saisons comprenant 2 olympiades. Un mail a été adressé à chaque skieur concerné avec un questionnaire à remplir (un questionnaire par rupture ligamentaire). Résultats. – Quarante-deux skieurs ont été inclus dans l’étude (24 skieuses, 18 skieurs) : 55 % des blessures sont survenues par temps ensoleillé et 22 % par temps couvert, 52 % sur neige dure-compacte et 24 % sur neige injectée, 60 % sur piste bien préparée. La descente et le géant ont induit 74 % des blessures. Les athlètes se sont surtout blessés en décembre et janvier (52,5 %). L’échauffement était globalement bien réalisé (83 %), les skieurs en forme et bien concentrés. La période de l’accident se caractérisait par de nombreux déplacements, un stress et un nombre de courses importantes. Retenons 27 cas de non-déclenchement des fixations malgré un réglage selon les normes internationales. Discussion. – L’évolution du matériel de ski alpin a nettement augmenté le nombre de ruptures du pivot central en majorant les contraintes au niveau du genou. Conclusion. – Les facteurs environnementaux et intrinsèques semblent désormais bien maîtrisés. N’existe-t-il pas un retard d’adaptation du skieur à un matériel en constante évolution et de plus en plus performant ? © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Entorse grave ; Facteurs de risque ; Genou ; Ruptures du ligament croisé antérieur

Abstract Introduction. – The aim of this study was to analyze risk factors of anterior crucial ligament (ACL) injury in competitive alpine skiers. Material and method. – We included the French team’s skiers who suffered from an ACL total rupture between April 2002 and April 2010. It was a retrospective study about 8 seasons of ski and including 2 Olympiads. We sent by mail to each concerned skier a questionnaire. They had to answer to one questionnaire by rupture in the considered period. Results. – Forty-two answers (24 from girls, 18 from men) were collected. Fifty-five percent of injuries occurred by sunny weather and 22% by overcast weather, 52% on compact snow and 24% on ice-cold snow, 60% on well-prepared ski run. Downhill and Giant Slalom were responsible for 74% of injuries. Athletes especially injured themselves on December and January (52.5%). The warm-up was globally well done (83%), the skiers not tired and well concentrated. The injuries occurred mostly during a period with many travels and races, lot of stress. It is necessary to hold 27 cases of non-release of bindings while international standard were respected. Discussion. – The evolution of alpine skiing equipment clearly increased the number of ACL injuries, increasing forces on the knee. ∗

Auteur correspondant. Adresse e-mail : soucha [email protected] (L. Crestani).

http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2014.03.003 0762-915X/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Crestani L, et al. Les facteurs de risque de rupture du ligament croisé antérieur chez le skieur alpin en équipe de France. J Traumatol Sport (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2014.03.003

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Conclusion. – From now on, environmental and intrinsic factors seem to be well controlled. We can wonder if it exists a delay of adjustment of skiers face to a constantly evolving equipment which becomes more and more successful. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Anterior crucial ligament injury; Knee; Risk factors; Severe sprain

1. Introduction et objectifs Depuis les années 1970, nous constatons une nette diminution du nombre de blessures en ski alpin de loisir et de compétition au niveau de la cheville et de la jambe. Celles-ci sont devenues plus rares, alors que celles survenant au niveau du genou sont de plus en plus fréquentes. De nos jours, ces dernières représentent près du tiers des blessures en ski alpin et la moitié des atteintes du membre inférieur. Les ruptures du LCA représentent près de 15 % des blessures totales et plus de 40 % des lésions du genou [1]. Selon certaines études, les facteurs favorisant cette blessure sont la mauvaise condition physique, l’échauffement mal conduit, la fatigue accumulée en fin de saison, le morphotype féminin (hyperlaxité, musculature moins puissante, gestuelle différente) ou encore le matériel [2]. D’autres auteurs incriminent également la charge sportive, la quantité et la qualité de la préparation physique, la charge scolaire concomitante ou le terrain (type de neige, météorologie) [3,4]. Les objectifs de cette étude sont d’essayer d’appréhender les facteurs de risque de rupture du LCA chez les skieurs en compétition entre 2002 et 2010, travail semblable à celui réalisé en interne à la Fédération franc¸aise de ski entre 1994 et 1998 et jamais publié par S. Dahan. 2. Matériel et méthode 2.1. Population Ont été inclus dans cette étude les skieurs et skieuses sélectionnés en équipe de France de ski alpin ayant présenté une rupture complète (isolée ou associée à d’autres lésions) du LCA entre avril 2002 et avril 2010. Il s’agit d’une étude rétrospective sur 8 saisons de ski (en considérant qu’une saison s’étend d’avril à avril, période où se terminent les compétitions) et comprenant 2 olympiades (Turin en 2006 et Vancouver en 2010). 2.2. Méthode Le suivi des skieurs alpins de haut niveau s’effectue au Centre de médecine du sport de haut niveau d’Albertville (CMSHN). Avant 2005, le dossier des athlètes était constitué de fichiers sous forme Excel® . Il contenait les données de chaque visite médicale. Depuis 2005, le CMSHN d’Albertville est équipé du logiciel TEAM SANTÉ® , facilitant l’exploitation des données. Ce logiciel assure ainsi le suivi médical des athlètes en collectant toutes les données médicales concernant les skieurs. Pour l’étude, nous avons sélectionné les athlètes répondant aux différents critères d’inclusion (skieur en équipe de France

ayant présenté au moins une rupture complète du LCA entre avril 2002 et avril 2010). Nous leur avons adressé par mail le lien pour répondre à un questionnaire en ligne. Ce dernier posait un certain nombre de questions concernant la blessure : • • • • • • • • • •

• • •

le lieu, l’heure, le mois et l’année du traumatisme ; la taille et le poids ; l’âge ; la discipline pratiquée lors de l’accident, le nombre d’heures de ski précédant l’accident en précisant s’il s’agissait de la discipline de prédilection ; le moment de survenue à l’entraînement (nombre de passages) ou en compétition (type de compétition) ; l’état de forme du skieur et son niveau de concentration au moment de la blessure ; l’échauffement du skieur ; la partie de piste, la pente de la piste ; les conditions environnementales : météorologie, visibilité, état de la piste, type de neige ; les caractéristiques de la période de l’accident : l’entraînement, le rythme des courses, l’entraînement en endurance et en musculation, le stress sportif et le nombre de déplacements ; les caractéristiques du matériel : marque, longueur et rayon de courbure des skis, hauteur des cales, marque des chaussures ; déclenchement ou non des fixations et réglage par rapport aux normes internationales ; avis personnel sur la ou les origines du traumatisme.

Les skieurs devaient répondre à un questionnaire pour chaque rupture du LCA dans la période étudiée. 3. Résultats Nous avons recueilli 42 réponses sur les 55 ruptures du LCA survenues durant la période étudiée (24 provenant de skieuses, soit 57 % et 18 de skieurs, soit 43 %). L’âge, au moment de l’accident, se situait entre 16 et 28 ans chez les femmes et entre 23 et 32 ans chez les hommes. La moyenne d’âge lors de la blessure était de 23,42 ans (20,375 ans pour les femmes et 27,5 ans pour les hommes). 3.1. Les facteurs environnementaux Cinquante-cinq pour cent des blessures sont arrivées par temps ensoleillé et 22 % par temps couvert. Nous notons moins de blessures par mauvais temps et manque de visibilité (23 %) : neige (2 %), brouillard (7 %), jour blanc (14 %).

Pour citer cet article : Crestani L, et al. Les facteurs de risque de rupture du ligament croisé antérieur chez le skieur alpin en équipe de France. J Traumatol Sport (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2014.03.003

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Vingt-quatre pour cent des ruptures sont survenues sur neige injectée ou glacée et 52 % sur neige dure-compacte, ce qui représentait 75 % de tous les accidents. Les blessures sur neige artificielle et sur neige fraîche représentent chacune 10 % et les accidents sur neige lourde-molle (neige de printemps) 4 %. Dans 60 % des cas, la piste était très bien préparée mais pour 26 % des blessures, elle était dégradée et même dangereuse (10 %). Dans 4 % des cas, la trace était creusée. Si nous considérons la déclivité, elle a été jugée moyenne pour 53 % et forte pour 33 % des accidents.

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Fig. 2. Nombre de ruptures du LCA en fonction du mois.

3.2. Les circonstances de la blessure 3.2.1. La discipline La descente (DH) représente 38 % des blessures, le géant (GS) 36 %, le slalom (SL) 12 %, le super G (SG) 9 % et le ski libre 5 %. Pour 93 % des athlètes, il s’agissait de leur discipline de prédilection. 3.2.2. L’échauffement Au moment de la blessure, 83 % des skieurs (35 cas) avaient réalisé un bon échauffement, pour 15 % (6 cas) celui-ci était insuffisant. Un skieur (2 %) ne s’était pas échauffé. 3.2.3. Le moment 3.2.3.1. L’année. Vingt-deux pour cent (9 cas) des blessures se sont déroulées au cours de la saison 2009/2010 (Fig. 1). Seize pour cent des blessures ont eu lieu en 2003/2004 et en 2004/2005. Les années 2005/2006 représentent 12 % des blessures (5 cas), tout comme en 2002/2003 et en 2006/2007. Les années 2007/2008 et 2008/2009 regroupent chacune 5 % des traumatismes. 3.2.3.2. Le mois. C’est en décembre (24 %) et en janvier (28,5 %) qu’il y a le plus de blessures (Fig. 2). Nous n’en avons constaté aucune entre avril (fin de saison de compétition) et août. Elles réapparaissent dès la reprise des entraînements en septembre-octobre. 3.2.3.3. L’horaire. Cinquante-cinq pour cent des accidents (23 cas) sont survenus pendant la première heure de ski et 78 % (33 cas) dans les deux premières heures. 3.2.3.4. Intégration dans la vie du skieur. Au moment de l’accident, l’entraînement sur les skis était moyen (52 %) ou

important (43 %). L’entraînement en endurance et en musculation était faible (33 % et 33 %) ou moyen (57 % et 47 %). Par contre, la blessure s’est inscrite dans une période de stress sportif important (55 %) avec de nombreux déplacements et un rythme de courses important.

3.2.4. La partie de piste Dans 10 cas, les blessures sont apparues sur la première partie de piste (45 %), dans 19 cas en deuxième partie (31 %) et dans 13 cas en troisième partie de piste 24 %.

3.3. Les facteurs intrinsèques Nous retenons que 36 % (15 cas) des athlètes étaient en grande forme et 33 % (14 cas) en forme moyenne lors de l’accident : 26 % (11 cas) étaient fatigués et 5 % (2 cas) malades. Soixante-quatorze pour cent des skieurs se sont dit bien concentrés et 26 % peu concentrés ou perturbés lors de la blessure.

3.4. Entraînement ou compétition Soixante-six pour cent des skieurs se sont blessés en compétition, 33 % en entraînement après peu de passages, souvent 2 ou 3. En compétition, concernant les blessures majoritaires, nous notons que 33 % (14 cas) d’entre elles se sont déroulées lors de compétitions importantes (Coupe du monde). Par ailleurs, nous retenons un cas aux jeux Olympiques, 2 cas aux Championnats de France et 4 cas en Coupe d’Europe ou en course FIS.

3.5. Le déclenchement des fixations

Fig. 1. Nombre de ruptures du ligament croisé antérieur en fonction de la saison.

Dans 28,5 % des cas (12 cas), la fixation s’est déclenchée du côté blessé. Parmi eux, 100 % avaient réglé leurs fixations selon les normes ISO. Parmi les 71,5 % des cas où la fixation ne s’est pas déclenchée, 90 % (27 cas) étaient réglées selon les normes ISO. Le réglage était trop important pour 10 % d’entre eux.

Pour citer cet article : Crestani L, et al. Les facteurs de risque de rupture du ligament croisé antérieur chez le skieur alpin en équipe de France. J Traumatol Sport (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2014.03.003

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4. Discussion

L’année olympique de Vancouver a été très pourvoyeuse de blessures avec 22 % des ruptures recensées.

4.1. Les facteurs de prédisposition au risque de blessure 4.4. Le rôle du matériel Soixante-seize pour cent des ruptures ont eu lieu sur une neige de qualité (neige gelée ou compacte) et 77 % dans de bonnes conditions météorologiques et de visibilité. Il faut souligner le nombre important d’accidents sur neige compacte (52 %). Ceci s’explique puisque, actuellement, les neiges d’entraînement et de compétition sont la plupart du temps des neiges mixtes avec de la neige de culture qui « accroche » bien plus qu’une neige naturelle. D’autre part, 69 % des skieurs étaient globalement en forme lors de leur blessure. Les conditions réunies lors de l’accident étaient donc propices à la prise de risques et à la blessure. Ceci rejoint la notion d’engagement qui désigne la disposition d’un athlète à prendre des risques, à mobiliser toutes ses ressources pour exceller, même exposé à des situations dangereuses. 4.2. La discipline Dans notre étude, nous retrouvons autant de blessures en disciplines techniques que dans celles de vitesse. Avant les années 2000, les disciplines de vitesse étaient les plus pourvoyeuses de ruptures du LCA. Depuis 2000, il semble que les disciplines techniques, notamment le géant, soient de plus en plus incriminées. Nous pouvons mettre en cause la vitesse dans les courbes, favorisée par l’accrochage des nouveaux skis sur des neiges de culture. C’est également la tendance que nous retrouvons dans une thèse de 2012 retrac¸ant 17 saisons d’accidents en ski alpin en équipe de France de 1994 à 2011 [1]. Les disciplines techniques nous interpellent donc de plus en plus. Le risque de blessure semble aussi augmenter avec la vitesse, puisque les skieurs peuvent atteindre jusqu’à 145 km/h sur une descente de Coupe du monde. Quatre-vingt-treize pour cent des athlètes se sont blessés dans leur discipline habituelle, ce qui peut s’expliquer par un excès de confiance et un défaut de concentration dans la discipline la mieux maîtrisée, mais aussi par une plus grande probabilité de se blesser dans la discipline la plus pratiquée. 4.3. Le moment de la blessure Les deux tiers des ruptures du LCA de notre étude ont eu lieu en compétition et le tiers d’entre elles lors de courses de Coupe du monde. De nombreuses autres études retrouvent également plus de blessures en compétition [5]. Il semble que l’enjeu d’une course soit pourvoyeur de traumatismes graves, d’autant plus s’il s’agit d’une course importante. Les skieurs se blessent surtout en décembre et en janvier. C’est le moment de la saison où sont concentrées les courses les plus importantes, que ce soit dans les disciplines de vitesse ou techniques. Les blessures réapparaissent en septembre-octobre, moment de la reprise où se font les sélections pour les différents circuits de Coupe du Monde et d’Europe.

Il est admis dans de nombreuses études que l’évolution du matériel de ski alpin ces dernières années a modifié la traumatologie en diminuant les atteintes de la jambe et de la cheville au profit des blessures du genou et des ruptures du pivot central [6–8]. Les skis paraboliques sont apparus dans les années 2000. Ce ski, plus large aux extrémités et plus étroit au patin, se déforme pendant l’appui et améliore les passages en courbes. Le rayon de courbure est diminué, ce qui permet des virages plus serrés en augmentant les contraintes au niveau du membre inférieur. Ceci explique aussi l’accroissement des lésions depuis les années 2000 dans les disciplines techniques qui requièrent des virages plus serrés qu’en vitesse. De plus, la longueur des skis étant nettement moins importante, leur bras de levier diminue et peut nuire au déclenchement de la fixation de sécurité [9]. L’apparition d’une tige haute et rigide dans les chaussures de ski a permis de bloquer le mouvement de valgus/varus de la cheville, d’où la transmission des contraintes de la cheville vers le genou [10]. L’apparition des fixations de sécurité et l’évolution des chaussures ont donc joué un rôle indéniable dans la prévention des fractures de jambe et des entorses de cheville. Enfin, un mauvais réglage des fixations peut entraîner : • un risque de lésion par déclenchement (ou déchaussement) intempestif ; • un risque d’accident en cas de chute avec non-déclenchement (non-déchaussement) si le réglage est trop fort. C’est le principal mécanisme responsable des entorses graves du genou chez le skieur en compétition. Le meilleur réglage théorique pour chaque skieur est un compromis entre le risque d’accident par déclenchement intempestif et le risque de lésion par non-déclenchement. Même si ces normes sont respectées, des innovations techniques seront nécessaires pour diminuer ces blessures. En effet, dans notre étude, nous notons que les skieurs dont le réglage était trop important n’ont pas déclenché et se sont blessés. En revanche, il faut retenir 27 cas de non-déclenchement malgré des normes internationales a priori respectées [11–13]. Malgré les progrès réalisés, les fixations ne peuvent répondre à toutes les contraintes, souvent complexes, appliquées aux membres inférieurs. Pour le skieur en compétition, le problème est souvent majoré par le fait qu’elles sont souvent serrées au maximum pour ne pas courir le risque de perdre un ski lors de la course. 5. Conclusion Les facteurs environnementaux et ceux intrinsèques semblent désormais bien maîtrisés. Ces dernières années, l’évolution du matériel a clairement modifié la traumatologie du ski alpin en diminuant nettement les atteintes de la cheville et de la jambe

Pour citer cet article : Crestani L, et al. Les facteurs de risque de rupture du ligament croisé antérieur chez le skieur alpin en équipe de France. J Traumatol Sport (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2014.03.003

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[14]. En revanche, l’entorse grave du pivot central est devenue la lésion la plus fréquente dans ce sport. Des progrès restent à faire en ce qui concerne les fixations. Malgré tout, nous pouvons nous poser la question de savoir s’il n’existe pas un retard d’adaptation du skieur face à un matériel en constante évolution et de plus en plus performant. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Crestani L [Thèse d’exercice] Épidémiologie des accidents de ski alpin en équipe de France : étude rétrospective de 1994 à 2011. Nancy; 2012 [175 pages]. [2] Chambat P, Pujol N, Rousseaux Blanchi MP. The incidence of anterior cruciate ligament injuries among competitive alpine skiers: a 25-year investigation. Am J Sports Med 2007;35(7):107064. [3] Rousseaux Blanchi MP. Pathologie du ski. Épidémiologie des traumatismes dans les sections de ski de haut niveau. JTS 1998;16(1bis):8–9. [4] Chambat P. La rupture du LCA chez les skieurs de haut niveau. JTS 1998;16(1bis):11–2.

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Pour citer cet article : Crestani L, et al. Les facteurs de risque de rupture du ligament croisé antérieur chez le skieur alpin en équipe de France. J Traumatol Sport (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2014.03.003