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psycho-endocrinologie
Les hypolipémiants, parmi les plus prescrits des médicaments courants, semblent améliorer les symptômes dépressifs s’ils sont associés à un traitement antidépresseur. À ce sujet une équipe du Centre de recherche en psychiatrie de l’Université des sciences médicales de Téhéran (Shahin Akhondzadeh, et coll.) publie un article dans le Journal of Psychopharmacology. L’équipe a conduit une étude en double aveugle contre placebo chez 48 patients souffrant de dépression majeure, auxquels était déjà prescrite la fluoxétine, l’antidépresseur Prozac®. Les patients ont
été randomisés pour recevoir de la simvastatine (Zocor®, MSD), une statine hypocholestérolémiante, ou un placebo associés à la fluoxétine pendant 6 semaines. Au cours du suivi le score de dépression a été évalué sur la base d’une échelle spécialisée, la Hamilton depression rating scale (HDRS), aux semaines 2, 4 et 6. Dans le groupe recevant l’association fluoxétinesimvastatine, on a constaté une réduction du score HDRS supérieure à celle du groupe placebo en fin de l’essai (p = 0,02). L’amélioration plus précoce des symptômes dépressifs et le taux de réponse thérapeutique étaient significativement supérieurs dans le groupe traité. Cependant,
notent les auteurs, les taux de rémission n’étaient pas significativement différents entre les groupes. On peut cependant s’interroger sur l’utilité des statines comme traitement adjuvant de la dépression, d’autant que certaines études ont par le passé impliqué les statines dans la dépression, justement. Car sachant que le cholestérol exerce une fonction-clé dans la neuroprotection, un taux bas de cholestérol pourrait être un facteur de perturbation de celle-ci, d’où peut-être augmentation du risque de dépression. Les auteurs iraniens rappellent qu’on a aussi montré que les statines réduisent les symptômes dépressifs dans certains groupes de patients,
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Les hypolipémiants peuvent-ils traiter la dépression ?
action principalement attribuée à leur potentiel anti-inflammatoire et modulateur des neurotransmetteurs. Ils précisent que l’association fluoxétine-simvastatine n’a entraîné aucun effet indésirable. | Y.-M. D. source Akhondzadeh S, et al. Simvastatin as an adjuvant therapy to fluoxetine in patients with moderate to severe major depression: A double-blind placebo-controlled trial. J Psychopharmacol 2015; doi: 10.1177/0269881115578160.
Constipation des opioïdes : la solution naloxegol Le naloxegol (Movantik®) est le premier traitement oral à raison d’une dose quotidienne de la constipation induite par les opioïdes chez les patients adultes souffrant de douleur chronique d’origine non cancéreuse. Les études KODIAC de phase 3 présentées lors de la Digestive disease week (DDW) 2015 à Washington ont montré son efficacité et sa bonne tolérance par rapport à des traitements standards. Les effets secondaires digestifs le plus souvent signalés étaient diarrhées, vomissements, nausées et douleurs abdominales. Le naloxegol réduit les effets constipatoires connus des opioïdes en bloquant la liaison de ceux-ci aux récepteurs mu du système digestif. Du fait de sa conception et des posologies recommandées, sa pénétration dans le système nerveux central est négligeable, sans risque d’interférence avec des analgésiques opioïdes d’action centrale. Movantik® sera co-commercialisé par les laboratoires DaiichiSankyo et AstraZeneca.
infectiologie
Le MERS-CoV est le Middle East respiratory syndrome dû au Coronavirus, qui, comme son nom l’indique, sévit dans les pays du Moyen-Orient depuis le début de l’année 2014. Cantonné depuis plus d’un an, majoritairement, dans ces pays, il vient de toucher l’Asie orientale. Le 1er juin, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a confirmé l’implantation du CoV en Corée du Sud avec 14 cas, et un cas en Chine. Selon l’OMS et le ministère sudcoréen de la Santé, le cas index était un homme de 68 ans de retour le 4 mai en Corée du Sud après un
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séjour à Bahrein et passé par le Qatar. Il était asymptomatique à son arrivée à Séoul, mais a développé des symptômes le 11 mai, justifiant son hospitalisation le lendemain. Le 14 mai, le patient quittait l’hôpital, entretemps un examen des expectorats n’ayant pas confirmé le CoV avant le 20 mai. Le patient a confirmé qu’il ne pensait pas s’être exposé à un facteur de risque de transmission du CoV, proximité de patients déjà infecté, fréquentation d’élevage de chameaux - animaux biologiquement confirmés comme vecteurs (parmi d’autres ?) de ce virus respiratoire transmis par voie aérienne. On a aussi iden-
tifié des transmissions d’origine nosocomiale. Progressivement les cas sudcoréens ont augmenté, 13 autres cas ayant été rattachés au cas index et à un autre cas index, celui d’un homme ayant été contaminé lors d’un voyage en Chine. Les agences sanitaires sudcoréenne et chinoise ont publié des informations à l’intention de la population sur les facteurs de risque de contamination, les signes pouvant faire suspecter l’infection (telle une forte fièvre inexpliquée), et ont entrepris de rechercher les sujetscontacts des cas index. En Corée du Sud, les centers for disease control
OptionBio | mercredi 15 juillet 2015 | n° 530
© CDC / BSIP
Évitez la Corée du Sud : MERS-CoV y est arrivé
and prevention (CDC) ont imposé une quarantaine à tous les sujets ayant pu être en contact avec un cas index (plus de 2 000 !) et près de 2 000 écoles ont été fermées. Au 8 juin, on comptait 6 décès et au total 87 cas. Au 1er juin, 1 154 cas d’infection à MERS-CoV au Moyen-Orient avaient été confirmés, dont 431 décès, selon le bilan (provisoire) de l’OMS. | Y.-M. D.