Les pathologies respiratoires de l’environnement intérieur

Les pathologies respiratoires de l’environnement intérieur

Revue française d’allergologie 49 (2009) 401–402 Éditorial Les pathologies respiratoires de l’environnement intérieur§ Respiratory diseases related ...

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Revue française d’allergologie 49 (2009) 401–402

Éditorial

Les pathologies respiratoires de l’environnement intérieur§ Respiratory diseases related to the indoor environment

Grâce à l’accord des deux rédacteurs en chef de la Revue française d’allergologie, Fabienne Rancé et de la Revue des maladies respiratoires, Nicolas Roche, les deux séries des pathologies respiratoires de l’environnement extérieur [1,2] et de l’environnement intérieur seront publiées conjointement dans les deux journaux. Cette décision va permettre une plus grande diffusion auprès des pneumologues et des allergologues. En effet, il est nécessaire que ces deux catégories de spécialistes, qui sont des médecins de l’environnement, qui sont des médecins de l’environnement, connaissent bien ces nouvelles pathologies, au même titre d’ailleurs que celles liées à l’environnement professionnel [3–6]. En ce qui concerne l’environnement intérieur, c’est-à-dire l’habitat, les classes, les lieux de travail non industriel, les endroits recevant du public, les connaissances se sont améliorées au cours des dix dernières années [7–10]. Certes, les allergènes domestiques sont connus puis mesurés depuis 20 ans. Cependant, grâce à des études de grande envergure comme l’observatoire de qualité de l’air intérieur, nous connaissons le niveau moyen d’exposition aux allergènes d’acariens à domicile de nos compatriotes. La concentration moyenne en allergènes majeurs du groupe 1 est faible : 1 mg/g de poussière : seules quelques maisons (moins de 10 %) ont des niveaux très importants. Des résultats semblables ont été retrouvés en Europe et également aux États Unis. À côté des allergènes domestiques, d’autres polluants ont été découverts, comme les endotoxines et les polluants chimiques. Les endotoxines ont été considérées comme les facteurs responsables de l’hypothèse hygiéniste. En effet, leurs concentrations dans la poussière des fermes traditionnelles étaient plus élevées que dans d’autres habitats ruraux ou que dans les logements urbains. Or, les sujets vivant dans les fermes traditionnelles avaient moins de maladies allergiques. Depuis, il s’est avéré que le caractère protecteur vis-à-vis des maladies allergiques lié aux endotoxines variait selon le polymorphisme génétique des récepteurs aux endotoxines des individus.

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Publication conjointe avec la revue des maladies respiratoires.

Par ailleurs, les endotoxines seraient un facteur de sévérité de l’asthme. Cependant, les études épidémiologiques en milieu agricole et urbain, transversales et longitudinales qui ont essayé de répondre à cette question sont discordantes. De même, les études expérimentales chez les patients asthmatiques semblent souligner la nécessité d’une exposition massive aux endotoxines pour provoquer une réaction bronchospastique ou pour potentialiser la réponse bronchique à l’allergène. L’ensemble de toutes les études laisse supposer que les endotoxines sont un facteur important d’asthme en milieu professionnel. En revanche, leur rôle réel dans l’habitat n’est pas toujours établi. Pour les polluants chimiques, la fumée de tabac vient en premier. Il a été démontré que le tabagisme actif et passif est un facteur d’aggravation de l’asthme. En revanche, son rôle dans l’apparition des maladies allergiques reste à prouver. Quant aux autres polluants, il est désormais considéré dans des études épidémiologiques et expérimentales chez l’homme, que des substances telles que le formaldéhyde et certains composés organiques volatils sont capables d’aggraver l’asthme [9,10]. Des données non encore publiées, souligneraient le rôle des COV dans la rhinite. Le NO2, les produits de nettoyage qui sont utilisés à la maison (ammonium quaternaires, eau-de-javel) sont également responsables de manifestations respiratoires chez les patients asthmatiques. Enfin, la présence de moisissures représente à elle seule un facteur de risque de sensibilisation à certaines moisissures comme Alternaria et Cladosporium mais aussi d’asthme. Elles sont capables par les composés organiques volatils qu’elles libérent et les mycotoxines, de provoquer une toux chez le nouveau-né, l’enfant et l’adulte. Enfin, chez l’immunodéprimé, elles peuvent être responsables d’aspergillose aiguë invasive et l’atopique d’aspergillose bronchopulmonaire allergique. Ainsi, se dessine la principale population à risque face aux polluants de l’environnement intérieur. En effet, la fréquence de l’asthme est de 10 à 12 % chez les13–14 ans, celle de l’allergie clinique patente (asthme, rhinite, conjonctivite) de 30 % chez ceux nés après 1980; quant à la rhinite allergique, elle peut toucher entre 15 et 25 % de la population. Les allergiques non seulement verront une aggravation de leur asthme au contact des allergènes, mais réagiront vis-à-vis des substances chimiques soit en augmentant leur symptômes de rhinite et

1877-0320/$ – see front matter # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.reval.2009.08.002

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d’asthme, soit en ayant des symptômes vis-à-vis de quantités moindres d’allergènes. Sachant que, dans notre pays, l’asthme est une maladie plus fréquente dans les populations défavorisées, il semble assez logique de porter son attention sur le rôle que pourraient jouer les polluants de l’habitat dans ces populations. Bien sûr, d’autres études devront être réalisées pour savoir s’il n’existe pas au sein des BPCO un sous-groupe de patients qui réagissent particulièrement aux polluants chimiques. De même, il convient de savoir avec quelle fréquence, des moisissures de l’habitat sont responsables de pathologies fungiques graves comme l’aspergillose aiguë invasive chez les patients immunodéprimés. Ainsi, les allergiques (rhinites, asthmatiques) vont être plus sensibles à un ensemble de polluants potentiellement présents dans l’environnement domestique. Pour proposer une prévention des symptômes, il faudra proposer une éviction globale de toutes ces substances. Les conseillers en environnement intérieur répondent tout-à-fait à cet objectif. La validation clinique de ce nouveau métier a été obtenue par trois études de grande ampleur. Sa reconnaissance a été validée par les recommandations de la SPLF et de la SFA pour la prise en charge de l’asthme allergique chez l’enfant. Aux États Unis, ce métier est à la fois validé par l’Environmental Protection Agency (EPA) et par le Center of Disease Control and Prevention (CDC). Le rapport du groupe de travaides deux organismes conclut à l’intérêt d’un tel métier et à son coût– bénéfice favorable [11]. Ainsi, les pneumologues et les allergologues sont de facto les médecins qui doivent connaître le mieux un nouveau chapitre de la pathologie respiratoire peu ou pas enseigné à la faculté, les maladies respiratoires liées à l’environnement domestique. C’est l’objet de notre série.

Conflits d’intérêts Les auteurs ont déclaré n’avoir aucun conflit d’intérêt. Références [1] Penard-Morand C, Annesi-Maesano I. Maladies allergiques respiratoires et pollution atmosphérique extérieure. Rev Mal Respir 2008;25:1013–26. [2] Elichegaray C, Bouallala S, Maitre A, Ba M. État et évolution de la pollution atmosphérique. Rev Mal Respir 2009;26:191–206. [3] Pairon JC, Andujar P, Matrat M, Ameille J. Cancers respiratoires professionnels. Rev Mal Respir 2008;25:193–207. [4] Bonnaud F, Melloni B, Vergnenegre A, Zigani A, Daix T. Cancer bronchique et environnement intérieur. Rev Mal Respir 2007;24:248–51. [5] Thaon I, Reboux G, Moulonguet S, Dalphin JC. Les pneumopathies d’hypersensibilité en milieu professionnel. Rev Mal Respir 2006;23:705–25. [6] Ameille J, Choudat D, Pairon JC, Pauli G, Perdrix A, Vandenplas O. Quelles sont les interactions entre l’asthme allergique et l’environnement professionnel? Rev Mal Respir 2007;24:7S52–67. [7] Kirchner S. Les polluants de la maison: où en est la France? Rev Mal Respir 2007;24:236–7. [8] de Blay F, Carre P. Maladies respiratoires, allergies et environnement interieur. Rev Mal Respir 2007;24:235. [9] Palot A, Charpin-Kadouch C, Ercoli J, Charpin D. Composés organiques volatils intérieurs: concentrations, sources, facteurs de variabilité. Rev Mal Respir 2008;25:725–30. [10] Casset A, de Blay F. Effets sur la santé des composés organiques volatils de l’habitat. Rev Mal Respir 2008;25:475–85. [11] de Blay F, Barnig C, Ott M. House dust mite control measures for asthma. Allergy 2009;64:189.

F. de Blay Unité de pneumologie, d’allergologie et de pathologie respiratoire de l’environnement, pôle de pathologie thoracique, hôpitaux universitaires de Strasbourg, 1, place de l’hopital, BP 426, 67091 Strasbourg, France Adresse e-mail : [email protected].